"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 26 octobre 2025

20e DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE et commémoration des Pères du 7e Concile œcuménique


La lecture de l'Évangile pour ce dimanche est tirée de Luc 8, 5-15 et correspond à la parabole du semeur. Habituellement, nous nous référons au commentaire biblique pour en comprendre le sens et le symbolisme, mais dans ce cas précis, cela n'est pas nécessaire, car les disciples ont demandé une explication au Christ. Le saint évangéliste Luc rapporte en détail la réponse du Seigneur. Il serait présomptueux d'y ajouter quoi que ce soit.



Le 7e Concile œcuménique s'est tenu en 787 et a établi l'enseignement de l'Église sur le sujet de la vénération des icônes. Un aperçu de la controverse iconoclaste est joint aux notes de cette semaine. Bien qu'il ait déjà été publié, les nouveaux lecteurs ne l'auront pas vu. Pour tous les autres, cela permettra de rafraîchir la mémoire sur cet épisode malheureux.

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Aujourd'hui marque le 60e anniversaire du retour en Palestine des reliques de saint Savva (parfois appelé Sabbas) le Sanctifié. Il fut l'un des premiers chrétiens à embrasser la vie monastique, et pour comprendre son importance, il faut se pencher sur sa vie.



Ses parents étaient Jean, commandant militaire, et Sophie. Il naquit à Moutalaske, près de Césarée, en Cappadoce, en l'an 439, et passa la majeure partie de sa vie comme moine et prêtre en Palestine. À l'âge de cinq ans, son père a fut affecté à Alexandrie pour des raisons militaires. Il fut confié à la garde de son oncle. À l'âge de huit ans, il alla vivre au monastère de l'évêque Flavien d'Antioche, où il reçut son éducation. Il  étudia les Saintes Écritures et, l'âme enflammée par l'amour de Dieu, il fut tonsuré moine à l'âge de dix-sept ans. Malgré le désir de ses parents de le voir revenir dans le monde et se marier, il passa les dix années suivantes au monastère de l'évêque Flavien.

Saint Euthyme le Grand

Sabbas reçut la bénédiction de faire un pèlerinage à Jérusalem. En Terre Sainte, il se rendit d'abord au monastère de saint Euthyme le Grand, mais Euthyme l'envoya chez Abba Theoctistus, dont le monastère suivait une règle cénobitique stricte. Sabbas y resta dans l'obéissance jusqu'à l'âge de trente ans. À la mort de l'higoumène, son successeur bénit Sabbas pour qu'il se retire dans la solitude d'une grotte. Il ne quittait son ermitage que le week-end pour prier et manger avec ses frères de la communauté monastique. Finalement, il reçut la bénédiction de rester dans son ermitage en permanence, et vécut ainsi dans la solitude pendant cinq ans. Cependant,Il resta sous la surveillance attentive d'Abba Euthymius, qui encourageait l'ancienne coutume monastique consistant à se retirer dans la solitude du désert pendant le Grand Carême et à revenir pour le dimanche des Rameaux. À la mort d'Euthyme en 473, Sabbas s'installa dans une grotte près du monastère de Saint-Gérasime du Jourdain. Au bout d'un certain temps, d'autres personnes en quête d'une vie monastique commencèrent à être attirées par le saint, et cela finit par donner naissance à la communauté aujourd'hui connue sous le nom de Mar Saba. La date traditionnelle de la fondation de ce grand monastère dans la vallée du Cédron, au sud de Jérusalem, est 484. À cette époque, certains moines estimaient qu'ils avaient besoin d'un prêtre comme higoumène, et Sabbas se retira donc à la Nouvelle Laure qu'il avait fondée près de Tekoa. Il inspira la création de plusieurs autres monastères, et des miracles furent attribués au pouvoir de ses prières. 

Sabbas était un opposant notoire des monophysites, qui firent pression contre lui à Constantinople à deux reprises : d'abord auprès de l'empereur Anastase Ier en 511, puis auprès de l'empereur Justinien Ier en 531. Le patriarche Saluste de Jérusalem ordonna Sabbas prêtre en 491 et le nomma archimandrite, lui confiant la supervision de tous les monastères de Palestine Prima en 494. Saint Sabbas composa la première règle monastique pour les  offices religieux, connue sous le nom de Typikon de Jérusalem, afin de guider tous les monastères byzantins. Il mourut le 5 décembre 532.

Monastère de Mar Saba

Sa dépouille mortelle fut inhumée au monastère de Mar Saba. Plus tard, toute la Palestine tomba aux mains des musulmans. Puis, au XIIe siècle, cette région fut intégrée au royaume latin de Jérusalem, contrôlé par les croisés venus d'Occident. Ils emportèrent les reliques du saint à Venise, où elles restèrent jusqu'en 1965, date à laquelle le Vatican autorisa le retour des restes sacrés de saint Savva au monastère de Mar Saba.

Une anecdote locale : l'archimandrite Vitaly (qui devint plus tard Métropolite de l'Eglise Russe Hors Frontières) était prêtre à Londres au début des années 1950. À cette époque, dans la chapelle du Podvorie (maison du clergé), se trouvait une vieille icône très sombre. Il était très difficile d'en distinguer les détails ou d'en lire les titres. On pensait que cette icône représentait saint Savva de Serbie. Par miracle, cette icône devint lumineuse et l'on se rendit alors compte que le saint n'était pas Savva de Serbie, mais Savva (Sabbas) le Sanctifié. Il existe une photographie, prise dans la chapelle, du père Vitaly tenant l'icône. 

APERÇU DE LA CONTROVERSE ICONOCLASTE

Aujourd'hui, nous commémorons les hiérarques qui se sont réunis à Nicée. Il est tentant de penser que le 7e Concile œcuménique a mis fin à l'iconoclasme et vaincu les ennemis de l'Orthodoxie. Si le Concile a établi et promulgué la Vérité, cela n'a pas mis fin à l'affaire. Cela nous rappelle qu'il ne faut pas se reposer sur nos lauriers, car l'Ennemi ne dort jamais. En deux vagues, l'iconoclasme troubla l'Église pendant plus d'un siècle. Les paragraphes suivants donnent un bref aperçu de l'ensemble de la controverse.

Le 7e Concile œcuménique se tint en 787 après J.-C. Il avait pour sujet la restauration des icônes à la suite de la controverse iconoclaste.

Au cours de la deuxième décennie du VIIIe siècle, le patriarche Germanos de Constantinople fut contraint de défendre la vénération des icônes dans les églises contre les critiques de quelques évêques provinciaux. Comme il n'appartient pas aux autorités civiles de déterminer les doctrines et les coutumes de l'Église, le patriarche fut surpris lorsque, en 730, l'empereur byzantin Léon III publia un décret en faveur de l'iconoclasme.

Les événements se succédèrent rapidement et Germanos fut contraint de quitter ses fonctions, pour être remplacé par Anastasios, plus docile. Lorsque le fils de Léon, Constantin, devint empereur, il se montra encore plus vigoureux dans la promotion de l'iconoclasme et, en 765, il convoqua un « concile » au cours duquel les icônes furent condamnées. Après avoir réussi à intimider les évêques qui y assistèrent, Constantin se mit à utiliser l'autorité fallacieuse de son propre faux concile pour imposer l'iconoclasme par des moyens violents.




Après la mort de l'empereur Léon IV en 780, sa veuve, l'impératrice orthodoxe Irène, agissant en tant que régente pour son jeune fils, l'empereur Constantin VI, décida de mettre fin à l'iconoclasme. Le succès ne fut assuré qu'en 787, lorsque le 7e concile œcuménique, qui se tint à Nicée sous la direction du patriarche saint Tarasios, condamna l'iconoclasme et ordonna la restauration et la vénération des icônes dans toutes les églises. Malheureusement, à la mort d'Irène en 802, les ennemis de l'Église réapparurent. En 815, ils trouvèrent un nouveau champion en la personne de l'empereur Léon V, l'Arménien, qui lança une nouvelle attaque contre les icônes. Les empereurs successifs poursuivirent leur persécution iconoclaste.

Sainte Théodora


Le dernier empereur iconoclaste, Théophilos, fut le pire de tous. Sa campagne s'intensifia après 834. Cependant, la victoire de l'Orthodoxie vint grâce aux actions d'une autre femme. À la mort de Théophilos, sa veuve, l'impératrice Sainte Théodora (commémorée dans le calendrier liturgique le 11 février), ordonna immédiatement la fin de la persécution. Un nouveau patriarche, Méthode, qui avait auparavant souffert pour l'Orthodoxie aux mains des hérétiques, fut intronisé. La restauration des icônes fut proclamée le premier dimanche du Grand Carême 843 dans la grande cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople.

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 
ENGLAND



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