"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 4 octobre 2008

Acathiste à Sainte Valérie de Limoges




Credit photo: http://site.voila.fr/confrerie.st.martial/valeriecpe.htm


Acathiste à Sainte Valérie de Limoges
Protomartyre des Gaules

Kondakion 1
Invincible martyre du Christ Valérie à toi nos chants de reconnaissance* Par ton sang virginal tu arrosas la terre des Gaules* Afin qu'elle porte les moissons futures de l'Evangile* Ainsi par le sacrifice de ta vie tu témoignas du Royaume éternel sur notre sol* Et tu annonças la multitude des saints à venir* C'est pourquoi nous te clamons:
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Ikos 1
Avec Saint Alpinien et Saint Austriclinien* Saint Martial fut envoyé de Terre Sainte jusques en Gaule* Où il reçut la région du Limousin comme centre de son apostolat* Près du château où tu vivais il guérit un possédé* Ayant vu le miracle opéré par le signe de la Croix* Avec ta mère Suzanne tu voulus connaître aussitôt les mystères de la foi et nous te disons:
Réjouis-toi, qu'une saine curiosité amena vers Dieu;
Réjouis-toi, qui fus digne de connaître l'apôtre Martial.
Réjouis-toi, qui vit le Christ à travers lui;
Réjouis-toi, qui te joignis aussitôt à sa sainte milice. 
Réjouis-toi, qui par le signe de la Croix fut transfigurée; 
Réjouis-toi, qui fus convertie par un seul miracle.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 2
Toi qui avais perdu ton père terrestre Léocadius* Tu entendis parler du Père Céleste que par ses paroles extraordinaires à ton âme* Saint Martial décrivait et louait sans cesse disant vers Lui: Alléluia!

Ikos 2
L'incompréhensible par la grâce de la prédication de l'apôtre te fut intelligible* Tu ouvris grand ton cœur aux mystères de la foi* Et ton âme assoiffée but à la source les préceptes évangéliques* Avec crainte tu répondis à l'appel du Seigneur et nous te disons:
Réjouis-toi, Disciple prompte à l'écoute de la Parole;
Réjouis-toi, Amante immédiate du Royaume éternel.
Réjouis-toi, Vierge diligente à l'écoute des mystères;
Réjouis-toi, Auditrice vive des préceptes angéliques.
Réjouis-toi, Acceptation preste de L'Evangile de vie;
Réjouis-toi, Conversion instantanée au monde nouveau.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 3
La puissance du Très-Haut te fut alors conférée par le divin baptême* Par une sainte émulation ta mère et tes serviteurs reçurent aussi l'illumination sacrée* Faisant de ta maison un champ fertile pour la moisson salvifique du Dieu vivant à qui nous chantons: Alléluia!

Ikos 3
Portant la Parole du Christ en toi Sainte Valérie* Tu suivis les saintes empreintes de l'Apôtre Martial* Ayant perdu ta mère tu te consacras pleinement à faciliter la mission du saint sur la terre limousine* Tu progressas rapidement dans la vertu et l'ascèse et nous te clamons:
Réjouis-toi, qui eus pour Gamaliel le saint apôtre Martial;
Réjouis-toi, qui fus sans conflit Marthe et Marie.
Réjouis-toi, qui marchas sur les traces des disciples;
Réjouis-toi, qui aidas leur prédication dans le monde. 
Réjouis-toi, qui fixas ton regard sur les seules réalités divines;
Réjouis-toi, qui devins une pierre de l'Eglise naissante.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 4
Par l'Esprit Saint tu conçus le projet d'une vie plus ancrée en Dieu* Tu renonças alors au monde et te tournas vers l'Autre Soleil* Désirant ne voir que Sa Lumière et sans cesse psalmodier vers Lui: Alléluia!

Ikos 4
Tu accourus vers Saint Martial comme vers le Bon Pasteur* Te jetant à ses pieds tu lui ouvris ton cœur et ton âme* Et le prenant comme témoin du Très-Haut tu fis vœu de t'unir à jamais à l'Epoux Céleste avec Qui nous nous écrions vers toi:
Réjouis-toi, Holocauste agréable aux yeux du Seigneur;
Réjouis-toi, Juste propitiation pour la terre païenne de nos ancêtres.
Réjouis-toi, Sacrifice de vertu offert pour les multitudes à venir;
Réjouis-toi, Prodrome frêle des saintes héroïnes de notre pays.
Réjouis-toi, Gloire immortelle de nos aïeux et des générations futures;
Réjouis-toi, Borne première du céleste chemin sur notre terre.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 5
Comme un flambeau tu brillas sur le chemin de la foi naissante de notre terre* Tu fus comme l'étoile divinement dirigée* Par ta conduite irréprochable tu guidas les prémisses du troupeau vers le Royaume* Et comme un flambeau tu brillas sur le chemin de la foi naissante de notre terre qui clame vers Dieu: Alléluia!

Ikos 5
Reconnaissant en toi la noble châtelaine dans celle qui prit la forme d'une esclave du Maître* Le peuple respecta plus encore ta dignité et ta pureté* Tu fus un modèle de rectitude car tu te dépouillas de tous tes biens pour accéder à la sainte pauvreté* Aussi avec ceux que ton exemple illumina nous te disons:
Réjouis-toi, qui sus quitter la gloire du monde vain;
Réjouis-toi, qui voulus renoncer aux privilèges illusoires de la naissance.
Réjouis-toi, qui compris que la seule naissance est celle du ciel;
Réjouis-toi, qui cultivas l'humilité comme un lys au jardin du Seigneur.
Réjouis-toi, qui prêchas par l'exemple de ton existence immaculée;
Réjouis-toi, qui fis montre par ta vie de la douceur du Royaume.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 6
Revenu à Limoges celui que le monde déchu te destinait comme époux* Le proconsul Julianus sachant ta conversion au christianisme* Te fit mander auprès de lui et feignit de te croire infidèle* Toi qui n'étais fidèle qu'au Dieu de miséricorde vers Qui nous répétons sans discontinuer: Alléluia!

Ikos 6
Voulant dissiper les ténèbres de l'erreur et de son incroyance* Tu manifestas ton amour pour le Très-Haut* Et te disculpas de l'accusation d'infidélité terrestre dans laquelle t'enfermait ton fiancé* Mais son esprit resta fermé à la voix de Dieu qui parlait par tes lèvres* Admirant ton indicible patience nous t'acclamons:
Réjouis-toi, Fiancée pure du seul Ami des Hommes;
Réjouis-toi, Epouse mystique du Roi de toute gloire.
Réjouis-toi, Compagne claire des Anges et des Saints;
Réjouis-toi, Infante chaste du Père éternel.
Réjouis-toi, Souveraine amante du seul Paraclet;
Réjouis-toi, Sœur mystique des initiés de la grâce.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 7
Tu discourus avec douceur et joie du Royaume à venir* Démontrant la vanité du siècle trompeur* Et voulant faire connaître le Dieu venu humblement comme enfant dans notre monde* Tu ne cessas par tes paroles de psalmodier vers Dieu: Alléluia!

Ikos 7
Tu parlas de la nouvelle création de Dieu* Du miracle de la foi et de la douce respiration de la prière* Qui unit notre souffle au souffle divin de l'Esprit* Tu proposas à Julianus de devenir ton frère par le baptême et la consécration à Dieu* Mais il refusa d'unir sa voix à la tienne pour louer Dieu et nous te rendons hommage disant: 
Réjouis-toi, qui clamas la Vérité d'une voix ferme;
Réjouis-toi, qui annonças le Message sans compromis.
Réjouis-toi, qui voulus mener à la Vie celui qui te vouait à la mort;
Réjouis-toi, qui essayas par tes paroles de lui faire entendre le Verbe.
Réjouis-toi, qui tentas par tes prières de convertir ton juge inique.
Réjouis-toi, qui entrepris de gagner au Christ celui qui croyait te perdre. 
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 8
Détournant son regard du Royaume que façonnaient tes paroles* Il se voulut étranger à ce Dieu humble qu'exaltaient tes vertus* Il ferma son esprit et son cœur au message d'amour et décida de ta mort* Tu reçus la sentence en clamant à Dieu: Alléluia!

Ikos 8
L'esprit ancré en Dieu et devenue absente au monde* Tu marchas vers ton supplice sans détourner ton regard de la céleste patrie* Tu manifestas ta joie en clamant à celui qui te conduisait au supplice* Insensé tu me conduis à la mort et je cours à la Vie* Emerveillés par ton insigne courage nous te célébrons ainsi:
Réjouis-toi, Vaillance incommensurable des martyrs du Christ;
Réjouis-toi, Fermeté admirable des soldats de la foi.
Réjouis-toi, Bravoure inouïe de ceux qui contemplent l'autre rive;
Réjouis-toi, Héroïsme tranquille des justes devant l'épreuve.
Réjouis-toi, Courage indomptable des élus dans l'adversité;
Réjouis-toi, Témérité sans faille des amis de l'Epoux.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 9
T'adressant alors à Dieu tu Le louas de t'avoir amené à la con¬naissance* Du salut éternel préparé pour ceux qui suivent Son fils Bien-Aimé* Tu demandas qu'Il envoie pour te soutenir aux ultimes instants Ses anges du ciel* Qui sans cesse psalmodient: Alléluia!

Ikos 9 
Les orateurs subtils sont muets devant ta fermeté ô Sainte Martyre Valérie* A tes prières répondit une voix du Ciel* Qui t'assurait du secours des célestes milices* Ton visage s'illuminant soudain* Fut comme le reflet de la splendeur divine* Ainsi que le Fils autrefois tu remis alors ton esprit entre les mains du Père* Et avec les saintes assemblées nous nous exclamons:
Réjouis-toi, qui vécus le martyre comme des épousailles saintes;
Réjouis-toi, qui fus fidèle au Seigneur jusqu'en la mort.
Réjouis-toi, qui quittas ce monde illuminée par la grâce du Maître;
Réjouis-toi, qui donnas ton sang et reçus la Vie en héritage.
Réjouis-toi, qui montras par ton trépas la gloire des élus;
Réjouis-toi, qui suivis le Christ en Croix jusques au Père.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 


Kondakion 10
Comme une brebis fidèle imitant l'Agneau Céleste venu parmi nous* Tu fus livrée aux mains du bourreau sans crainte ni pleurs* Et ton chef fut tranché comme un épi mûr aux temps des moissons* Les chrétiens qui étaient là furent éblouis par ton sacrifice et chantèrent à Dieu: Alléluia!

Ikos 10
Rempart des vierges et de ceux qui recourent à ton intercession* Ton âme plus brillante que le soleil sortit de ton corps précieux* Et quittant cette gangue terrestre il s'éleva jusques aux cieux* Où l'assemblée des justes t'accueillit au Trône de l'Agneau en disant:
Réjouis-toi, Frontière humaine entre les ténèbres et notre salut; 
Réjouis-toi, Crépuscule du paganisme sur notre terre.
Réjouis-toi, Aube du christianisme des Gaules;
Réjouis-toi, Page sacrée de l'histoire de notre nation.
Réjouis-toi, Chapitre saint du Livre de Vie;
Réjouis-toi, Héroïne première et sainte de notre peuple.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules!

Kondakion 11
Toute hymne se révèle impuissante à chanter la louange de ton saint martyre* O Sainte Valérie prodrome des martyrs de la terre de France* Jamais nous ne parviendrons par nos paroles à la perfection de ton sacrifice pour Dieu vers Qui nous clamons: Alléluia!

Ikos 11
Sainte Valérie vierge pure de la terre de Gaule* Tu allumas sur le sol de nos ancêtres le feu immatériel de la foi* Afin que tout être puisse parvenir à la connaissance de la vérité* Tu fis don de ta vie afin de manifester que la vie véritable était en Dieu seul* Vénérant ta mémoire sacrée nous nous écrions vers toi:
Réjouis-toi, qui abandonnas tout pour fonder notre Eglise;
Réjouis-toi, qui jamais ne faillis à la promesse de ton baptême.
Réjouis-toi, qui sus faire fructifier au centuple tes talents;
Réjouis-toi, qui scellas par ton sang notre alliance avec le Christ.
Réjouis-toi, qui fus l'initiatrice de la connaissance divine;
Réjouis-toi, qui ouvris le chemin de la Vie véritable.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules!

Kondakion 12
Voulant rendre hommage à celui qui t'enfanta au Christ* Te relevant tu pris ton chef précieux dans tes mains* Tu cheminas vers l'église où Saint Martial officiait* Tu déposas comme une offrande ta tête à ses pieds et tu reposas pour l'éternité* Admirant ce prodige de la foi nous louons Dieu disant: Alléluia!

Ikos 12
Sainte de notre peuple nous chantons ta naissance au ciel avec des hymnes de joie* Nous te glorifions comme la pierre d'angle et le fondement de notre Eglise* Par ton sacrifice d'agréable odeur à l'Eternel tu ouvris la Voie Royale de l'Evangile à ceux qui te disent à présent:
Réjouis-toi, Emule d'Etienne par ton martyre;
Réjouis-toi, Nouvelle Thècle de notre patrie
Réjouis-toi, Annonciatrice de Martin de Tours.
Réjouis-toi, Inspiratrice de Geneviève de Lutèce;
Réjouis-toi, Lumière subtile de Radegonde.
Réjouis-toi, Prodrome de la douce Clotilde;
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Kondakion 13
Sainte Martyre Valérie digne de toutes louanges* Toi qui guidas l'assemblée de tous les saints de la terre de France vers les célestes demeures* Avec les justes qui ont suivi tes pas et sont parvenus jusques au Royaume* Prie le Seigneur Dieu de sauver les âmes de ceux qui fidèlement honorent ta mémoire sacrée disant: 
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 

Ikos 1
Avec Saint Alpinien et Saint Austriclinien* Saint Martial fut envoyé de Terre Sainte jusques en Gaule* Où il reçut la région du Limousin comme centre de son apostolat* Près du château où tu vivais il guérit un possédé* Ayant vu le miracle opéré par le signe de la Croix* Avec ta mère Suzanne tu voulus connaître aussitôt les mystères de la foi et nous te disons:
Réjouis-toi, qu'une saine curiosité amena vers Dieu;
Réjouis-toi, qui fus digne de con¬naître l'apôtre Martial.
Réjouis-toi, qui vit le Christ à travers lui;
Réjouis-toi, qui te joignis aussitôt à sa sainte milice. 
Réjouis-toi, qui par le signe de la Croix fut transfigurée; 
Réjouis-toi, qui fus convertie par un seul miracle.
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules!

Kondakion 1
Invincible martyre du Christ Valérie à toi nos chants de reconnaissance* Par ton sang virginal tu arrosas la terre des Gaules* Afin qu'elle porte les moissons futures de l'Evangile* Ainsi par le sacrifice de ta vie tu témoignas du Royaume éternel sur notre sol* Et tu annonças la multitude des saints à venir* C'est pourquoi nous te clamons:
Réjouis-toi, Sainte Valérie de Limoges Protomartyre des Gaules! 
*
Prière 
à 
Sainte Valérie de Limoges 
Protomartyre des Gaules 

Sainte Martyre Valérie de Limoges prémisse des moissons du Christ sur la terre de France* Lorsque tu connus le Divin Maître tu abandonnas tes richesses et cheminas vers Lui* Par ta sainte vie tu permis à la foi de prendre racine sur notre terre* Par ton exemple insigne tu posas les fondements sacrés de l'Evangile dans le cœur des fidèles* Et lorsque le temps fut venu tu pris ta croix et tu suivis le Maître au Golgotha* Par ton sang précieux tu établis le témoignage de la foi apostolique dans la patrie de nos ancêtres* Tu es maintenant à la tête des initiés de la gloire de notre terre* Dans la compagnie des martyrs des pontifes et des confesseurs qui te suivirent * Aussi nous te deman¬dons d'intercéder auprès du Dieu de miséricorde* Afin qu'il sauve les âmes de tous ceux qui célèbrent ta mémoire sacrée*Amen!

Acathiste composé pour la gloire de Dieu
En l'honneur de la sainte Martyre
Valérie de Limoges 
par Claude Lopez-Ginisty

Fin & Gloire à Dieu!

Miracles Orthodoxes:Video II

vendredi 3 octobre 2008

Roi Céleste




Viens, ô Saint-Esprit!

Sur nos corps déformés, lents et lourds de péchés,
sur nos fronts ridés des vagues de nos âmes,
sur l’écho aberrant de nos actes passés, 
sur nos yeux pleins de haine où naissent parfois les larmes,
dans le doute et l’espoir,
dans nos iniquités,
dans l’orgueil et l’erreur qui toujours nous enchaînent,
dans le mal que nous faisons et le bien dont nous sommes lésés,
dans les mots et les maux qui souvent nous condamnent,
au cœur de nos prières, 
aux lèvres du silence,
au sein de nos jours, 
au ciel de notre nuit,
avec le visage lisse d’une étrange espérance,
en nos pleurs vrais ou faux, 
en nos deux mains ouvertes, 
en nos rêves très purs 
et en souvenir de la foi ardente de nos jeunes âmes, 
viens ô Esprit Saint, 
et montre-nous le visage du Père, du Fils 
et de la Vierge Toute Pure et Bénie à jamais.

Claude Lopez-Ginisty

Miracles orthodoxes:Video I

Père Païsios l'Athonite: Enseignements ( Video/ Anglais)

mercredi 1 octobre 2008

Sagesse du Mont Athos



Simonos-Petras Monastery (2)

Un staretz disait: "Construisons une usine de bonnes pensées. Si une usine produit des balles et que nous l'alimentons avec du fer, elle fera des balles de fer. Si l'usine fabrique des calices et que nous l'alimentons avec de l'or, elle produira des calices d'or. Si nous l'alimentons avec du fer, elle fera des calices de fer. Nous n'obtiendrons que ce que produiront les pensées que nous mettrons dans nos esprits."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Archimandrite Ioannikios
An Athonite Gerontikon
Ed. Kouphalia- Thessaloniki/ Hellade 1991
Photo: 
http://www.orthodoxphotos.com/Monasteries_and_Churches/Mount_Athos/8.shtml

Kyrie eleison




Dans le jour qui se lève
Et qui déjà nous courbe
Vers l’ombre qui nous traîne
Kyrie eleison

Dans les heures qui passent
A épuiser dans le monde
Nos raisons d’espérer
Kyrie eleison

Dans la nuit qui s’avance
Et qui entre dans nos os
La fatigue des ans
Kyrie eleison

Kyrie eleison
Apporte Seigneur à ce jour
Non la clarté que nous méritons
Mais la Lumière de Ta joie

Kyrie eleison
Donne au temps qui nous presse
Le nom de Prime, Tierce et Sexte
Afin que nous devenions prière

Kyrie eleison
Ouvre nos yeux dans nos ténèbres
Et fais que Ton joug soit sur nous
Léger comme un alléluia

Kyrie eleison
Nous ne savons plus vivre
Nous ne savons plus prier
Nous ne savons plus voir
Le chemin frêle du Royaume
Et l’étroite porte qui mène à Toi

Kyrie eleison
Nous avons oublié il y a longtemps
Le mystère très simple de l’enfance
Nous avons oublié les mains qui se joignent
Et qui égrènent lentement les secondes
Comme des ailes pour monter vers le Ciel



Kyrie eleison
Nous allons à tâtons dans l’espace et le temps
Nous prenons des sentiers buissonniers
Qui ne conduisent qu’à notre perte
Et qui nous laissent hors du souffle de l’Esprit
Dans le désert bruyant de la foule perdue

Remets le Ciel dans nos yeux Seigneur
Anime notre cœur de Ton Nom
Que tout regard nous devienne amical
Et toute parole de bénédiction
Par Ta bienveillance naturelle
Kyrie eleison

Donne l’élan qui manque à nos âmes
Pour nous immerger lentement
Dans l’océan de Ton Amour ineffable
Où notre être véritable recouvrera soudain
La pureté des fonts baptismaux
Kyrie eleison

Ne regarde pas notre faiblesse à Te confesser
Notre lâcheté à Te défendre dans le monde
Notre légèreté quelquefois à Ta rencontre
Mais accepte de nous notre liberté
Pour nous conduire à la Vie véritable
Kyrie eleison

Kyrie eleison
Sois notre respiration Seigneur

Kyrie eleison
Sois notre regard Seigneur

Kyrie eleison
Sois notre vie Seigneur.

Claude Lopez-Ginisty

Reliques des saints orthodoxes

mardi 30 septembre 2008

Saint Eucher de Lyon: Eloge de la solitude




Éloge de la Solitude

Lettre Au saint seigneur Hilaire, prêtre de Lérins, à la fois bienheureux par le mérite et très glorieux dans le Christ.

Le beau geste d'Hilaire
Après avoir dit adieu, naguère, avec un grand courage, à ta maison et à tes proches, tu as pénétré déjà dans les retraites profondes de la mer immense. 

Mais tu as eu plus de vertu encore pour regagner la solitude que pour y venir la première fois ! En y sollicitant une place comme étranger d'abord, tu avais un maître et comme un guide de ta route. Tu retrouvais, en le suivant, un père pour remplacer les parents que tu avais quittés. Mais maintenant qu'il a été appelé à la dignité pontificale, tu as cru que tu devais l'accompagner, et ensuite ton amour du désert t’a ramené à la solitude amie. Tu nous donnes donc un exemple plus noble et plus grand. En venant au désert, tu paraissais te rendre auprès d'un frère. En y revenant, c'est ce frère même que tu abandonnes et quel frère ! Et de quelle dignité ! Et entouré par toi de quelle dilection ! Et attaché à toi-même par quelle tendresse singulière ! A l'amour d'un tel homme, tu ne pouvais rien préférer, si ce n'est peut-être l'amour du désert. Et certes, par cette préférence, tu n'as pas attesté que tu l'aimais peu, mais que tu aimais le désert un peu plus. Tu as donné la preuve de la grandeur de ton amour de la solitude en triomphant pour elle d'un très grand amour. Mais qu'est-ce donc en toi, que cet amour de la solitude, si on ne l'appelle l'amour de Dieu ? 

Tu as donc observé l'ordre de la charité prescrit par la Loi , en aimant Dieu avant tout et ton prochain ensuite. Quant à lui, comme je le conçois en ma pensée, plus attentif à la seule considération de ton progrès spirituel, je pense qu'il ne fut opposé ni à ton dessein ni à ton départ. Et malgré ce qu'il y avait d'inusité en tout cela pour les personnes qui lui sont attachées, il ne voulut pas moins, j'imagine, te renvoyer que tu ne voulais partir. Il t’ aime en effet et tu l'aimes à ton tour, mais en son amour il cherche ton bien, et si démonstrative et haute que soit sa charité à ton égard, sa cime s'étend jusqu'à ton profit. 

Tu avais déjà distribué aux pauvres toute ta fortune, pour n'être riche que dans le Christ. 

Tu possèdes la vertu d'un vieillard avec la jeunesse des années. On admire en toi l'esprit, l'éloquence. Mais plus que tout cela, ce que je place et ce que j'aime en toi en première ligne, c'est ce beau désir de la solitude. Aussi, comme tu me demandes souvent de répondre plus abondamment à tes lettres si étendues et si éloquentes, il faudra bien que toi, qui es si sage, tu supportes un instant ma sottise, pendant que j'essaierai de rappeler la vérité des grâces accordées par le Seigneur à cette solitude même que tu aimes tant . 




Le désert, temple de Dieu



J'appellerais volontiers le désert le temple sans limite de notre Dieu, car Celui que nous savons, avec certitude, habiter dans le silence, nous devons croire qu'Il se réjouit de la solitude. C'est là qu'Il S'est montré, le plus souvent, à Ses saints et, le lieu s'y prêtant, Il n'a pas dédaigné d'y rencontrer l'homme. C'est au désert que Moïse, son visage étant illuminé de gloire, voit Dieu; au désert qu'Élie tremblant voile sa face pour ne pas voir Dieu, et bien qu'Il parcoure tous les lieux comme son domaine et qu'Il ne soit absent nulle part, il est permis toutefois de penser qu'Il daigne visiter plus spécialement la solitude du désert et du ciel. Comme on demandait à quelqu'un, dit-on, en quel lieu il estimait que Dieu se trouvât, ce dernier répondit à son interlocuteur de le suivre hardiment où il le conduirait. Il vint alors, accompagné de l'autre, dans les solitudes d'un immense désert, et lui montrant ces vastes étendues, il lui dit : "Voici où est Dieu, car on peut bien dire qu'Il est plus particulièrement aux lieux où on Le trouve plus aisément." 

A l'origine des choses, quand Dieu faisait tout avec sagesse et distribuait les aptitudes utiles aux usages futurs, Il ne laissa sûrement pas cette partie de la terre dans l'inutilité et le déshonneur, mais en créant tout avec magnificence dans le présent, mais tout autant avec prévoyance pour l'avenir, Il prépara le désert pour les saints. Je crois qu'Il voulut ici l'abondance des fruits et là, en l'absence d'une nature plus indulgente, la fécondité de la sainteté, en sorte que les déserts en fussent fertilisés, et alors qu'Il "arrosait du haut des cieux les montagnes" (cf. Ps 103), Il décréta que les vallées abonderaient en récoltes et que les désavantages des lieux seraient compensés en ce que l'habitant enrichirait l'habitation restée stérile. 




Le paradis et le désert



Ce possesseur du paradis, qui fut aussi le transgresseur du précepte divin, alors qu'il habitait un lieu plein de charmes, se montra incapable d'observer la loi que Dieu lui avait fixée (Il s'agit d'Adam). Plus son séjour était agréable, plus il fut enclin à la chute. C'est pourquoi non seulement la mort le soumit à son empire, mais elle étendit jusqu'à nous son aiguillon. En sens inverse, qu'il aille au désert celui qui aime la vie, puisque l'habitant du paradis a rencontré la mort. Mais venons-en aux exemples ultérieurs qui prouvent la Faveur constante de Dieu pour le désert. 




Exemples de la Faveur de Dieu pour le désert



Moïse conduit son troupeau au désert. C'est alors qu'il voit de loin Dieu en un buisson embrasé par un feu qui ne consume pas. Non seulement il le voit, mais il l'entend. Le Seigneur lui commande d'ôter ses sandales, il déclare sacré le sol du désert : "Le lieu où tu es, lui dit-Il, est une terre sainte !" (Ex 3,1-6). Il révèle donc clairement la Gloire cachée de ce lieu. La sainteté de ce sol est confirmée par la sainteté du Témoignage divin. Et, à mon sens, il suggère secrètement et pareillement par ses paroles qu'en entrant au désert, il faut se délier des anciennes attaches et des soucis de la vie, pour avancer, affranchi des chaînes antérieures, en évitant de souiller ce lieu. 

C'est là que, pour la première fois, Moïse devient l'interprète des Conversations familières de Dieu, il entend ses Paroles et il Lui répond, il s'informe de ce qu'il devra dire et faire et il en est instruit, il s'entretient, par un échange mutuel et comme usuel de discours, avec le Seigneur du Ciel ! 

C'est là qu'il reprend sa verge, désormais douée du pouvoir des miracles. Il était entré au désert en pasteur de brebis, il en sort pasteur de peuples ! 

Mais voici que le peuple de Dieu doit être libéré d'Égypte et arraché aux oeuvres terrestres, que va-t-il arriver ? Ce peuple n'ira-t-il pas chercher Dieu dans les déserts et la solitude, afin de se rapprocher de Celui qui le délivrait de la servitude ? Il se portait donc au désert, rendu terrible au loin par son immensité, sous la conduite de Moïse : "Qu'elle est grande la multitude de ta douceur, ô Seigneur !" (Ps 30,20) Moïse était entré au désert et il y avait vu Dieu. Il y revient pour Le voir encore. C'était Dieu en effet qui choisissait la route de son peuple, et Il le conduisait au désert, en offrant aux voyageurs une colonne pour le jour et la nuit, tantôt rouge comme une flamme, tantôt blanche comme un nuage ! Il donnait ainsi à Ses serviteurs un signe, cette sorte de masse lactée qu'Il illuminait de feux alternés. Israël, à cette lumière, suivait les rayons rutilants de loin, en sorte que le Seigneur, conduisant son peuple dans la solitude désertique, lui montrait très justement la route en Lui fournissant sa clarté ! Et ne voilà-t-Il pas que, sur le chemin des déserts, les gouffres redoutables de la mer infranchissable s'ouvrent devant ce peuple ? 

Entre les flots redressés, les bataillons poussiéreux trouvent une route, sur les rivages rougissants, et contemplant les montagnes menaçantes des eaux suspendues, du fond de la vallée, le gardien du peuple traverse les étendues de la mer ! Et là ne s'arrête pas la puissance de l'oeuvre divine. Les eaux refluent en effet. Elles recouvrent le chemin qu'elles avaient ouvert et détruisent l'ennemi. La mer reprend toute sa place, afin de s'opposer, me semble-t-il, à tout retour d'Israël hors du désert. Dieu avait tracé la route parmi les flots, puis Il l'avait cachée dans la confusion des ondes, afin d'ouvrir un chemin dans la direction du désert et de le fermer en sens opposé. Tel fut le miracle de grâce accordé à ce peuple, en sa marche au désert. Mais il en obtint bien davantage, quand il y fut entré. Là, en effet, le Seigneur le restaura par un prodige inespéré, en fournissant à sa soif des eaux abondantes sorties d'un rocher et en tirant de masses pierreuses arides les ruisseaux d'une source, comme s'Il imposait, d'une main cachée, une nouvelle nature à des canaux cachés. Et il ne Lui suffit pas d'inonder la roche desséchée d'un fleuve nouveau, mais Il confère une douceur surnaturelle aux amertumes des eaux désagréables (cf. Ex 17,6). Il avait fait couler les unes, Il transforme les autres, Il ne fait pas un plus grand miracle en arrachant des eaux de la roche qu'en changeant les eaux en d'autres eaux ! Le peuple entier s'étonne de ressentir le Secours céleste aussi bien dans ces eaux qui existaient déjà qu'en celles qui n'existaient pas encore ! 

Là encore, ce peuple recueille sur le sol blanchissant un aliment venu du ciel (cf. Ex 16,14), et le Seigneur fait tomber des nuages, un pain qui ressemble à une pluie sèche ! Sur les tentes et dans les espaces qui les séparent dans le camp, la manne s'étend comme une neige et "l'homme peut manger le pain des anges" (cf. Ps 77,14). Mais comme "à chaque jour suffit sa peine" (cf. Mt 6,34), l'Indulgence divine ne fournit que la nourriture quotidienne et impose la loi de ne point penser au lendemain. C'est ainsi que jadis, quand les habitants du désert ne pouvaient trouver leur nourriture, le ciel la leur apportait ! 

Mais n'est-ce pas aussi au désert que les Hébreux reçurent la Loi et les Préceptes divins, quand ils eurent le bonheur de voir de près les signes inscrits par le Doigt de Dieu sur les Tables saintes ? Sortant de leur camp, ils vinrent au-devant du Seigneur, au pied de la montagne. Frappés de terreur, ils contemplèrent ce sommet du Sinaï qu'entourait de son effroi une majesté visible. Ils virent la montagne fumante d'une flamme formant barrière, puis recouverte en entier par la nuée la plus épaisse. Ils s'épouvantèrent des fulgurations éclatantes de la foudre et des roulements répétés du tonnerre mêlés aux bruits éclatants des trompettes. C'est alors que les fils d'Israël, habitant au désert, eurent l'honneur de voir le Trône de Dieu, d'entendre sa Voix. Ce fut par de tels miracles ou d'autres du même genre que cette nation fut maintenue, alors qu'elle se trouvait au désert : aliments inusités, breuvages inattendus, vêtements inusables, alors que, autour d'eux, tout demeurait dans son état habituel. Tout ce que la nature des lieux n'accordait pas à leurs besoins, la Magnificence éclatante de Dieu le leur fournissait. Il n'a rien exagéré celui de leurs saints qui a célébré tant de faveurs célestes en s'écriant : "Ce n'est pas à toute nation que le Seigneur en a fait autant." (Ps 148,20). 

Faveurs spéciales, dons inouïs, c'est par ces Grâces divines que ce peuple a été restauré au désert. En vérité tout cela nous est rapporté en figure de ce qui nous arrive. Les apparences de tous ces faits sont pleines de mystères cachés. Tous nous avons été en Moïse baptisés dans la nuée et la mer, tous nous avons mangé de la nourriture spirituelle et bu de la boisson spirituelle. Mais cela n'empêche pas que ces récits, en nous offrant la foi de l'avenir, conservent la vérité du réel. Toutefois, la gloire du désert ne serait pas amoindrie même si tous ces faits devaient être élevés au rang des signes sacrés. Ce ne serait pas une moindre grâce si le prodige des vêtements corporels soustraits à l'usure n'avait d'autre sens que d'annoncer la vie future; ce serait, en effet, une haute dignité du lieu, si la félicité du siècle à venir s'y trouvait préformée dans celle des habitants du désert . 

Et pourquoi les fils d'Israël ne sont-ils parvenus à la Terre promise qu'en passant par le séjour au désert ? Pourquoi, avant de posséder cette terre où coulaient le lait et le miel, ont-ils dû occuper ces étendues arides et incultes ? C'est une loi générale que le chemin vers la véritable patrie s'ouvre dans les demeures désertiques. Il faut qu'il habite une terre inhabitable, celui qui "veut voir les Biens du Seigneur dans la région des vivants" (Ps 26,13), il faut qu'il soit l'hôte de la première pour devenir le citoyen de la seconde (cf. Eph 2,19). 




Autres exemples, dans l'Ancien Testament



Mais laissons ces exemples : David, lui-même, ne put échapper aux embûches d'un roi hostile que par la fuite au désert (cf. I R 23). Devenu l'habitant des étendues arides de l'Idumée, il avait soif de Dieu, de tout coeur; il se montrait à Dieu comme "assoiffé au désert sans eau et sans route" (Ps 67,3 ) et méritait ainsi de contempler, comme un saint, et la Vertu et la Gloire de Dieu. 

Élie, à son tour, le plus grand des hommes du désert, ferma le ciel à la pluie, l'ouvrit aux flammes dévorantes, reçut sa nourriture par le ministère d'un oiseau, triompha des lois immuables de la mort, traversa le Jourdain entrouvert pour lui, monta emporté au ciel par un char de feu. (cf. 3 R 17-18 et 4 R 2). 

Et que dire ensuite d'Élisée, disciple de cette vie et héritier de cette puissance ? N'est-ce pas lui qui a brillé par l'éclat du miracle, quand il a fendu le torrent, fait nager le fer, ressuscité un mort, multiplié les vases d'huile, et qui, enfin, a bien montré qu'il possédait deux fois la puissance de son maître, puisque celui-ci avait, de son vivant, ressuscité un défunt, tandis qu'Élisée, déjà mort, a fait de même (cf. 4 R 2,6-4,3). 

Et voici encore les fils des prophètes : ils délaissaient les villes, gagnaient le Jourdain jailli d'une double source, élevaient leurs tentes dans les lieux secrets, groupées au bord du torrent (cf. 4 R 1-7). 

Toute la cohorte sainte veillait sur les rives du fleuve désert, elle était éparse sous des tentes et des habitations adaptées, et d'une vertu choisie, conservait l'esprit paternel. 




Exemples tirés du Nouveau Testament



Mais voici celui dont nul des fils de la femme n'a surpassé la grandeur ( Le Saint Prodrome et Baptiste Jean). N'est-ce pas dans le désert et clamant dans le désert qu'il a vécu ? 

C'est au désert qu'on nous le montre donnant le baptême, au désert qu'il prêche la pénitence, au désert qu'il fait la première mention du royaume des cieux. Il a, le premier, annoncé à ses auditeurs ces choses, au lieu même où il serait le plus facile pour chacun de les obtenir. Et il serait bien juste que cet habitant intrépide du désert fût envoyé comme un ange devant la Face du Seigneur, ouvrît la porte du royaume céleste, et en qualité de précurseur et de témoin, fût digne d'entendre la Voix du Père parlant du ciel, de toucher le Fils en Le baptisant, et de voir descendre le Saint Esprit. 

Et enfin le Seigneur Lui-même, notre Sauveur, à peine baptisé, comme le dit l'Écriture (cf. Mt 4,1), est conduit au désert par l'Esprit ! Et quel est donc cet Esprit ? Aucun doute que ce ne soit le Saint Esprit. Mais justement, que le Saint Esprit L'entraîne au désert, par là même Il le dicte, Il l'inspire en secret, et le désert devient une digne suggestion de l' Esprit Saint. A peine baigné dans le fleuve mystique, Jésus ne croit rien avoir de plus pressé que de se rendre au désert. Et cependant, Lui, Il avait sanctifié les eaux sanctifiantes elles-mêmes et Il n'avait eu à purifier aucun péché de l'homme, car Il n'avait pas commis le péché et ne craignait pas le péché. Et malgré cela, Il brûlait du désir du désert, et, voulant être en tout un exemple salutaire, Il désirait pour nous ce qui n'était pas digne de Lui ! Or, si le désert était agréable à Dieu en Celui qui était affranchi de nos erreurs, combien est-il plus nécessaire à l'homme soumis à tant d'égarements ! Si l'innocence le recherchait, combien plus le pécheur doit-il le désirer ! 

Et c'est là aussi, loin du vacarme des foules, que le Seigneur reçoit les ministères de la Puissance divine, c'est au désert, comme s'il était déjà remonté au ciel, que les anges lui apportent leur office ! (cf. Mt 4,11). 

C'est là qu'Il a repoussé les tentations insidieuses de l'ennemi antique. Là que le nouvel Adam a repoussé celui qui avait triomphé du premier Adam. Ô gloire magnifique du désert : le démon, vainqueur au paradis, est vaincu au désert ! 

C'est encore au désert que notre Sauveur, à l'aide de cinq pains et de deux poissons seulement, nourrit, rassasia, assouvit cinq mille hommes ! (cf. Mt 14). 

C'est toujours au désert que Jésus nourrit les siens. Jadis la manne fut le signe de la Bonté divine. Mais cette fois, on remporte des fragments. Ce fut un même miracle de faire tomber la nourriture sur des affamés et de la multiplier pour des convives. Grâce à ses Dons, les aliments l'emportèrent sur les besoins du banquet. Au désert, dis-je, au désert il faut que nous accordions le mérite de tant de miracles : la vertu aurait-elle dévoilé sa puissance, si le lieu avait eu l'abondance ? 

Et voici que Jésus, notre Seigneur, monte jusqu'aux sommets les plus reculés d'une montagne. Il n'emmène que trois témoins choisis avec lui. Et son visage se met à briller d'un éclat inaccoutumé ! Et c'est alors que le plus grand des apôtres, contemplant son Humanité publiquement transfigurée, crut pouvoir proclamer au désert sa Majesté, en s'écriant : "Il nous est bon d'être ici !" (Mc 9) Voulant signifier qu'il aimait la splendeur du prodige dans le mystère du désert ! 

Le même Jésus, notre Seigneur, comme il est écrit (Lc 5,16), se retirait en un lieu désert pour y prier. 

On doit donc désormais appeler le lieu de la prière celui qu'un Dieu, en priant Dieu, a déclaré et proclame destiné à cela et duquel, la prière se faisant humble pénètre mieux les cieux, à l'aide du cadre local, parce qu'il avait les honneurs du mystère. En y priant Lui-même, Jésus, en oraison, a montré où Il voulait que nous priions quand nous nous adressons à Lui. 




Exemples tirés de l'histoire récente de l'Église



Que dire maintenant de Jean et de Macaire et de beaucoup d'autres , dont la vie, écoulée dans les déserts, se déroulait dans les cieux, ceux-là ont approché le Seigneur autant qu'il était permis à l'homme. Ils ont été admis à l'accomplissement des œuvres divines autant qu'il était possible à des êtres de chair ! Leur esprit fixé vers les sommets pénétra dans les secrets célestes, et, avec l'aide de la grâce, ils furent élevés soit par des révélations cachées, soit par d'éclatants miracles, si haut qu'avec l'aide de la solitude ils parvinrent à ne plus toucher la terre que par le corps, alors que par l'esprit, ils possédaient déjà le ciel. 




Éloge du désert



Concluons donc que cette demeure du désert est, pour ainsi dire, le siège de la foi, l'arche de la vertu, le sanctuaire de la charité, le trésor de la piété, le tabernacle de la justice. Car de même que dans une grande maison, tous les objets précieux sont enfermés en des cachettes bien closes, ainsi cette richesse des saints cachés au désert, bien enfermée derrière ses barrières propres, est mise en dépôt, pour ainsi dire, dans l'arsenal fermé de la solitude, de crainte que le contact des fréquentations humaines ne la détériore. Et c'est bien à propos que le Seigneur a non seulement caché tous ces trésors en cette partie de la demeure humaine, mais sut également, quand il le fallait, les retirer de cette cachette ! 

Jadis, la divine Providence témoigna, à l'égard du désert, d'une souveraine et supérieure sollicitude. Mais de nos jours encore, elle n'est pas petite. Lorsqu'en effet les habitants de la solitude reçoivent de Dieu, avec une abondance inespérée, leur nourriture, n'est-ce pas comme si elle tombait du ciel ? A eux aussi la Munificence divine accorde la manne et le Seigneur ne déploie pas moins la force de son Bras pour leur fournir, par des voies cachées, leurs aliments ! Et lorsque les rochers transpercés, par la Grâce de Dieu, font couler les eaux du milieu des pierres, n'est-ce pas exactement ce que Moïse avait fait, en frappant le rocher pour en faire jaillir les eaux ? De même, pour les vêtements, voici qu'ils ne connaissent pas l'usure, chez les habitants du vaste désert, puisque la Providence divine les remplace gratuitement, quand il le faut, en sorte qu'ils demeurent intacts, en se succédant ! Le Seigneur a nourri les siens, autrefois, au désert, et Il le fait encore maintenant ; ceux-là, durant quarante ans, et ceux-ci, aussi longtemps qu'il y aura des années ! 

C'est donc avec raison que le saint, enflammé du Feu divin, quitte sa demeure pour celle du désert; qu'il le préfère à ses enfants, à ses proches, à ses parents, à la société de tous les siens. C'est avec raison qu'il dit adieu à une patrie aimée, pour donner le nom de patrie temporaire à celle-ci, d'où ne l'arracheront ni la crainte, ni le regret, ni la joie, ni la peine. C'est avec raison, pour tout dire, qu'elle remplace par lui toutes les affections. 




Les bienfaits du désert



Qui pourra dignement énumérer les bienfaits de la solitude et les avantages de la vertu de ses habitants ? Placés dans le monde, ils ne sont pour ainsi dire plus du monde ! Selon le mot de l'apôtre Paul, "errants dans les déserts, sur les montagnes, dans les cavernes et les grottes de la terre", c'est bien justement que le même apôtre déclare que le monde n'est pas digne d'eux (cf. Heb 11,38). 

Ils sont, en effet, étrangers au tumulte de la république humaine, séparés, tranquilles, silencieux, moins soustraits à la volonté qu'à la faculté même de pécher ! 

Chez les anciens, des hommes illustres de ce monde, fatigués du poids des affaires, se sont parfois réfugiés dans la philosophie comme dans leur demeure propre. Comme il est plus beau encore de se tourner vers les études de cette sagesse éclatante et plus magnifique de se plonger dans la liberté des solitudes et les secrets du désert, pour ne plus s'adonner qu'à cette philosophie, en s'y exerçant dans les déambulatoires du désert comme dans leurs gymnases particuliers ! Où donc, je le demande, la Pâque est-elle mieux observée que dans la demeure érémitique ? Mais observée surtout par les vertus, et spécialement par la continence - la continence, dis-je, qui est comme un désert du coeur. C'est au désert que Moïse a donné au jeûne quarante jours continus, et après lui, Élie, reculant l'un et l'autre les limites des forces humaines. Puis, le Seigneur voulut, à son tour, consacrer le même temps à l'abstinence, mais au désert ! Et nous ne trouvons pas que l'on ait pu remplir par le jeûne ces mêmes espaces de temps en d'autres lieux. On en vient à croire que le Seigneur a conféré à ces lieux mêmes une telle vigueur ! 

Où donc, je vous prie, est-il possible d'avoir plus de loisir pour goûter combien le Seigneur est suave ? Où donc une voie plus commode est-elle ouverte à qui tend à la perfection ? Où trouver un champ plus vaste pour les vertus ? Où le recueillement de l'esprit est-il plus facile pour qu'il puisse regarder autour de lui ? Où le coeur sera-t-il plus dégagé, dans ses intentions, pour s'efforcer d'adhérer à Dieu, que dans ces lieux écartés où non seulement il est aisé de trouver Dieu, mais encore de Le garder. 

Quoique, souvent, au désert, on rencontre des étendues de sable fin, nulle part cependant l'on ne saurait jeter plus solidement les fondements de notre maison évangélique ! Si l'on y réside dans le sable, ce n'est pas sur le sable qu'on y construit sa demeure. Nulle part mieux que là, cet édifice n'est puissamment établi sur le roc, pour durer, en sa masse indestructible, par une stabilité immuable, en sorte que ni les vents des tempêtes, par leurs assauts, ni les flots, par leurs attaques, ne puissent le renverser ! C'est que les habitants du désert se bâtissent de tels édifices, mais dans leurs coeurs ! Ils recherchent les sommets par les bas-fonds, les hauteurs par l'humilité. Ils dédaignent et oublient les choses terrestres pour l'espoir et le désir des célestes ! Ils repoussent, préférant être pauvres, les richesses, et veulent être pauvres, afin de devenir riches. Jour et nuit, dans le travail et les veilles, ils luttent, afin d'embrasser le principe de cette vie qui ne doit pas avoir de fin. Ainsi, le désert, en son sein maternel, abrite ces véritables avares d'éternité, très prodigues de ce qui passe, indifférents au présent, mais assurés de l'avenir. Et grâce à eux, ceux en qui les siècles passés trouvent leur fin, parviennent aux siècles sans fin. En ce lieu, brûlent les saintes lois de l'homme intérieur et les règles du siècle éternel, plus subtilement qu'ailleurs. Les sentences qui frappent les crimes et les forfaits humains perdent ici leur force. Il n'y est plus question de châtier les fautes capitales. Si le coeur n'est très pur, les lois indignes le rendent coupable. Le mouvement intérieur de l'âme met toute son étude à s'enfermer dans les limites de la justice. Le coeur, se jugeant lui-même, frappe jusqu'au principe des plus léger les pensées. Que pour d'autres, il soit mal d'avoir fait le mal, pour eux il est mal de n'avoir pas fait le bien ! Mais comment pourrais-je vénérer, par un hommage juste, toutes les institutions intimes du désert ? Il y a toutefois ceci que je ne puis passer sous silence, que la force de vertu qui se trouve en ses habitants est presque aussi connue qu'elle est cachée ! A mesure qu'ils se retirent plus loin du monde et de la société des humains, dans le désir d'être inconnus, il leur est impossible de dérober leur mérite ! Plus leur vie se tourne vers le dedans, plus leur gloire éclate au dehors, par une disposition spéciale de Dieu, à mon sens, car Il veut que l'habitant de sa solitude soit caché au siècle mais ne soit pas caché comme exemple ! Telle est la lumière qui resplendit à travers l'univers entier, placée sur le candélabre du désert, et répandant de là sa clarté la plus éclatante sur les membres enténébrés du monde ! Telle est la cité qui ne peut être cachée, parce qu'elle est bâtie sur la montagne du désert et qu'elle est l'image sur terre de la céleste Jérusalem ! Si donc on est dans les ténèbres, on doit s'approcher de cette lumière, afin d'y voir clair; si l'on est en péril, il faut se diriger vers cette cité, pour être à l'abri ! 




Hautes faveurs mystiques au désert



O combien douces, pour ceux qui ont soif de Dieu, ces solitudes écartées ! Qu'elles sont agréables à ceux qui cherchent le Christ, ces vastes étendues, où tout se tait ! Alors l'âme joyeuse est excitée par les stimulants du silence à monter vers son Dieu; alors elle se nourrit d'ineffables extases . Nul bruit n'intervient,nulle voix ne se fait entendre, si ce n'est celle qui parle avec son Dieu ! Et lorsque le son exquis de cette voix brise le silence de la solitude et tombe sur cette âme, un frémissement plus doux que le repos même et le saint tumulte de la plus délicate conversation vient rompre cet état de quiétude paisible. Alors les choeurs fervents vont frapper le ciel de leurs hymnes suaves et l'on parvient jusqu'aux cieux à la fois par les voix et par les prières ! 

C'est en vain que frémit, en tournant autour de ce bercail, l'adversaire, comme un loup autour des brebis enfermées dans la bergerie ! Le loup est arrêté par les murailles. De même les ennemis sont repoussés par l'étendue du désert. "Ce n'est pas en vain que veillent ceux qui gardent la cité !" (Ps 126,1). 

On est gardé là par le Christ combattant avec nous. Le peuple adoptif de Dieu est tout ensemble exposé dans l'immensité des espaces du désert et cependant clos à tous ses ennemis ! 

Les beaux espaces du désert sont visités par les choeurs des anges, dans la joie, et ils illuminent par de fréquentes visites les habitants de la solitude, comme par l'échelle de Jacob ! 

C'est là aussi que "l'Époux repose au milieu du jour." (Can 1,6). Les habitants du désert, blessés d'amour, Le contemplent en s'écriant : "Nous avons trouvé celui que notre coeur aime et nous ne le laisserons plus s'éloigner !" (Can 3,4) 

Et il ne faut pas croire, comme on le fait, qu'il est stérile et infructueux, le sol du désert, et que les rochers de la solitude brûlée soient privés de fécondité ! Là les germes se multiplient, et produisent au laboureur cent pour un. Il n'y arrive pas aisément que la semence tombe le long du chemin et soit enlevée par les oiseaux, ni qu'elle s'égare parmi les pierres, où ne trouvant pas de racines, elle sèche au lever du soleil, ni qu'elle s'échappe au milieu des épines et soit étouffée par les ronces quand elles poussent ! Le cultivateur recueillera ici une moisson abondante. Ces pierres produiront une récolte apte à engraisser les os eux-mêmes ! On y trouve le pain vivant qui est descendu du ciel. De ces rochers jaillissent des fontaines abondantes et des eaux vives qui suffisent non seulement à rassasier, mais encore à sauver. C'est là que se trouve le pré et le plaisir de l'homme intérieur. Ce désert inculte offre des agréments merveilleux, il est à la fois désert pour le corps et paradis pour l'âme ! 

En résumé, nulle terre ne peut se glorifier de sa fertilité, en comparaison du désert ! 

Est-il une terre riche en fruits ? En celle-ci, croît le froment qui "rassasie de sa graisse ceux qui en mangent" (Ps 148,14). En est-il une autre qui se réjouit de vignes chargées de raisins ? En celle-ci, se récolte surtout "le vin qui donne la vraie joie au coeur de l'homme " (Ps 103,15). Cette troisième l'emporte-t-elle par l'élevage des troupeaux ? C'est en celle-ci que paissent les plus saintes des brebis, celles dont il est dit : "Paix mes brebis !" (Jn 21,17). Cette autre se décore-t-elle de fleurs au printemps ? C'est surtout en celle-ci que brille "la fleur des champs et le lis des vallées" (Can 2,1). 

Enfin, en est-il une dernière qui soit exaltée pour ses métaux précieux et charmants, ou toute rutilante de son or ? En celle-ci, les divers éclats des pierres précieuses font rayonner leurs couleurs sous une vibrante lumière. Ainsi, sur tous les points, cette terre est supérieure à toutes les autres et dans tous les biens. C'est donc à juste titre, ô terre vénérable que tu as été ou habitée ou désirée par les saints. Tu as été fertile à leur profit, puisque tu remplaçais pour eux toutes les richesses. Tu exiges un cultivateur qui cultive sa terre et non la tienne. Tu es stérile pour les vices, à tes habitants, et féconde en vertus. Quiconque a recherché tes demeures y a trouvé Dieu. Quiconque t'a cultivée a rencontré le Christ. Celui qui t'habite jouit de son Seigneur habitant en son coeur ! C'est la même chose de te posséder et d'être possédé par Dieu. Celui qui ne se refuse pas à tes espaces devient le temple de Dieu. 




A la gloire de Lérins



Je dois, certes, mon respect à tous les lieux du désert que la retraite des justes a illuminés, mais j'aime et honore entre tous ma chère Lérins, qui reçoit dans son sein plein de miséricorde ceux qui lui viennent, au sortir des naufrages de ce monde orageux. Elle introduit affectueusement sous ses ombrages tous ceux qu'a dévorés l'ardente chaleur du siècle, pour qu'ils puissent reprendre haleine, en cet abri intime. Elle abonde en eaux vives, en ombrages verdoyants, en fleurs parfumées. Agréable aux yeux comme aux narines, elle s'offre à ceux qui l'habitent comme un vrai paradis. 

Elle était digne d'être établie dans les célestes disciplines, sous l'autorité d'Honorat. Elle méritait d'avoir un père si grand, pour de si grandes institutions, tout rayonnant de la vigueur et de l'aspect de l'esprit apostolique. Elle méritait, en le recevant, de briller d'un tel éclat. Elle est digne de nourrir les moines les plus éminents et de produire des prêtres que l'on envie. Maintenant, elle possède son successeur, qui se nomme Maxime, illustre par cela même qu'il a mérité d'être mis à sa place. Elle a eu Loup, au nom révéré, qui nous a rappelé ce loup de la tribu de Judas. Elle a possédé son frère, Vincent, une pierre précieuse, éclatante par son éclat intérieur. Elle possède encore le vénérable Caprais que sa gravité égale aux saints d'autrefois. Elle possède enfin ces pieux vieillards qui, en leurs cellules séparées, ont introduit dans nos Gaules les pères d'Égypte. 

Quels groupes de saints, ô bon Jésus, quelles assemblées ai-je vues en ces lieux ! Là, de précieux vases d'albâtre répandaient les parfums les plus suaves. Partout, soufflait l'odeur de la vraie vie ! Leur seul aspect extérieur révélait l'état intérieur des âmes ! Ils étaient étroitement serrés dans la charité, abaissés dans l'humilité, adoucis dans la piété, affermis dans l'espérance, modestes dans leur démarche, prompts à l'obéissance, silencieux en leur rencontre, sereins dans leurs visages ! A les voir, on dirait, dès l'abord, une troupe d'anges de la paix ! Ils ne désirent rien, ne regrettent rien, si ce n'est Celui qu'ils désirent encore en Le regrettant. Au temps même où ils recherchent la vie bienheureuse, ils en jouissent, et pendant qu'ils Le poursuivent, ils L'obtiennent ! Ainsi, veulent-ils être séparés des pécheurs ? 

Ils le sont. Mener une vie chaste ? Ils la mènent ! Consacrer toute leur vie à louer Dieu ? Ils l'y consacrent ! Se réjouir dans les assemblées des saints ? Ils s'y réjouissent ! Posséder le Christ ? Ils le possèdent ! Vivre de la vie du désert ? Ils en vivent manifestement ! De la sorte, par une Grâce très riche du Christ, un grand nombre des biens qu'ils désirent pour l'avenir leur sont accordés dans le présent. Ils ont déjà la réalité, alors qu'ils poursuivent l'espérance. Ils trouvent dans le travail même une magnifique récompense du travail parce qu'ils découvrent, en s'y livrant, presque tout ce qui doit en être le prix. Ton retour en leur société, très cher Hilaire, t’a apporté à toi, mais à eux aussi, le plus grand profit, puisqu'ils se réjouissent allégrement de ce retour même. 

Je te supplie, avec eux, de ne pas oublier de prier pour mes péchés; avec eux, dis-je, dont je ne sais si tu leur as apporté plus de joie qu'ils t’en donnent. Tu es maintenant le véritable Israël, tu contemples Dieu en ton coeur, délivré que tu es de l'Égypte, c'est-à-dire des ténèbres du siècle, ayant passé les eaux salutaires qui ont englouti tes ennemis, suivi au désert la colonne de feu, et tu expérimentes la douceur des breuvages amers d'autrefois transformés par la croix du Christ, cette eau qui jaillit vers la vie éternelle, tu la reçois du Christ. 

Tu nourris ton homme intérieur d'un pain venu d'en haut. Tu entends la Voix divine, qui t’annonce ton trône. Parce que tu es enfermé au désert avec Israël, tu entreras avec Jésus dans la Terre promise ! Adieu, dans le Christ, Jésus, notre Seigneur!

Saint Eucher, évêque de Lyon
(451-491)