"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 8 décembre 2018

Père Aimilianos: Les saints vivent à présent parmi nous!



L'archimandrite Aimilianos de Simonopetra (né en 1934) a été l'higoumène du monastère de Simonopetra de 1974 à 2000, date de sa retraite. Le Père Aimilianos a contribué de manière significative à la renaissance de la vie spirituelle sur le Mont Athos, avec le Père Ephraim de Philotheou et le Père Basile de Stavronikita.
[Dans ce texte] il parle des saints et de la façon dont ils vivent maintenant parmi nous.

Père Aimilianos :

"Apprenons aussi des saints d'aujourd'hui, de ceux qui sont encore vivants. Dieu a béni notre terre avec de grands saints. Nous n'avons pas besoin d'aller aux confins de la terre pour trouver une personne sainte. Le Seigneur a fait en sorte que nous ayons encore aujourd'hui tant de saints qui sont encore en vie et certains qui sont récemment partis. 

Regardez ! Saint Silouane [l'Athonite], quand a-t-il vécu ? Combien d'années se sont écoulées depuis ? Et il est devenu un saint ! Mentionnons aussi Saint Nectaire[d'Égine] ! Combien d'années se sont écoulées ? Tant de gens se souviennent encore de sa présence ! Amphilochios [Makris]nde Patmos : un saint ! Non seulement ses reliques dégagent un parfum odoriférant, mais elles font aussi des miracles. Mais nous avons vécu avec lui et nous savons que c'est un saint. C'était déjà un saint ! Il n'est pas seulement devenu un saint maintenant. S'il n'avait pas été un saint de sa vie, il ne l'aurait pas été maintenant. 

Cela signifie que ceux qui demain deviendront saints, ce sont maintenant des saints qui vivent parmi nous. Donnons un autre exemple : Philothée [Zervakos] de Paros. Un saint homme, un géant qui a réchauffé et étreint dans son amour des milliards de personnes. 

Savez-vous combien de saints existent ? Combien d'ascètes, pauvres, humbles, connus, inconnus, pécheurs repentants, combien de personnes [sont] saintes depuis leur enfance ? 

Donc, partout il y a des saints vivants ! Peut-être ne les connaissons-nous pas, mais si nous avons l'humilité, nous trouverons des gens sur nos terres ou ailleurs... nous pouvons rencontrer ces gens, les écouter, leur demander conseil, afin que nous puissions aussi recevoir un peu de leur sainteté."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Le patriarche Bartholomée convoque le « Concile de réunification » et publie sa lettre au métropolite de Kiev Onuphre, tandis que le « patriarche de Kiev » Philarète conteste certaines modalités de la future assemblée


Le patriarche Bartholomée a convoqué le « concile de réunification » de l’Église orthodoxe d’Ukraine par une lettre datée du 1er décembre 2018, suite à sa « lettre patriarcale N°1001 du 12 octobre de cette année à S.E. le métropolite de Kiev Onuphre, dont copie ci-jointe». La convocation précise que chaque évêque participe « avec un clerc, un moine ou un laïc ayant le droit de vote (…) en vue de l’élaboration de la charte constitutive et de la désignation, par votes canoniques, du primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, qu’il a été décidé de proclamer autocéphale ». Le Concile sera présidé « par notre exarque désigné spécialement pour cela, le métropolite de France Emmanuel, qui sera chargé du bon déroulement du processus du Concile susmentionné, étant assisté de nos exarques en Ukraine, en la présence honorifique de l’excentellisime président de votre pays M. Petro Porochenko ». La lettre au métropolite de Kiev Onuphre du 12 octobre 2018, mentionnée ci-dessus, vient d’être publiée par l’Agence grecque Romfea.gr, qui en donne le résumé suivant : Dès les premières lignes, le patriarche affirme que « la sainte métropole de Kiev a de tout temps appartenu à la juridiction de l’Église Mère de Constantinople, fondée par celle-ci comme métropole séparée, occupant la 60ème place dans les diocèses du Trône œcuménique ». Le patriarche mentionne ensuite des éléments historiques concernant la métropole de Kiev, soulignant « que la métropole historique de Kiev et les diocèses ecclésiastiques situés dans les frontières de l’Ukraine ( …) se trouvaient en pleine dépendance de notre très saint Trône œcuménique, apostolique et patriarcal ». « Ces décisions susdites [de la séance du Saint-Synode du 11 octobre 2018, ndt], nous voulions les porter à la connaissance de Votre Éminence, par les exarques désignés par nous à Kiev, mais malheureusement, vous avez refusé de communiquer avec eux ». Enfin, le patriarche informe le métropolite Onuphre que « dès l’élection du primat de l’Église ukrainienne par l’assemblée clérico-laïque, vous ne pourrez plus, ecclésiologiquement et canoniquement, porter ce titre de Kiev, que, d’une façon ou d’une autre, vous possédez aujourd’hui, en violation des textes officiels de 1686 ». Après avoir mentionné que le métropolite Onuphre pourrait participer au « concile d’union » et présenter sa candidature au poste de primat de la nouvelle Église, le patriarche Bartholomée écrit : « De même, nous vous exhortons ainsi que ceux qui sont autour de vous [i.e. les évêques de l’Église canonique, ndt] à vous trouver en communion avec l’ancien métropolite de Kiev Philarète et l’ancien [évêque, ndt] de Lviv Macaire et ceux qui sont avec eux, comme rétablis régulièrement par nous dans leur épiscopat, mais non dans leur dignité [i.e. avec leur titre actuel] par notre jugement bienveillant relatif au recours en appel [ekklitos] soumis maintes fois à nous, comme le prescrivent clairement et sagement les divins et saints 9ème et 17ème canons des saints Pères réunis à Chalcédoine. Il est superflu de dire que l’examen sur la base du recours en appel [ekklitos] n’est pas une ‘légalisation du schisme’ mais une occasion d’y remédier ». Selon les informations de Romfea.gr, le métropolite Onuphre a retourné la lettre au Phanar sans aucun commentaire.
De son côté, lors de sa session du 6 décembre 2018, le Synode « du Patriarcat de Kiev » a publié un communiqué dans lequel, entre autres, il précise que « seuls doivent avoir le droit de vote les hiérarques ukrainiens, membres du Concile. La présence du clergé, de moines et de laïcs, n’est possible que sans voix décisionnelle ». La raison invoquée est que la « procédure serait alors compliquée, particulièrement dans le délai imparti ». En outre « considérant que ce sera un Concile de réunification du Patriarcat de Kiev, de l’Église autocéphale d’Ukraine et des hiérarques du Patriarcat de Moscou en Ukraine, le présidium du Concile qui mènera ses travaux, doit inclure les représentants de ces Églises, dont en particulier le Patriarche de Kiev et de toute la Rus’-Ukraine Philarète, comme primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine – Patriarcat de Kiev (…) En ce qui concerne le statut de patriarcat pour l’Église ukrainienne, nous considérons un tel statut pour notre Église absolument juste, fondé historiquement et justifié pastoralement. C’est effectivement l’une des Églises orthodoxes les plus grandes, par son nombre de fidèles, clercs et évêques, ayant des racines dans l’histoire par la prédication de l’apôtre André le Premier Appelé (…). Cependant, prenant en compte toutes les circonstances, notre Église est prête, si cela est nécessaire, de reporter temporairement sa demande de reconnaissance de dignité patriarcale, en gardant cette appellation dans ses propres frontières et à usage interne ». Pour finir, la décision synodale du « Patriarcat de Kiev » apporte « son soutien à la position du patriarche de Kiev et de toute la Rus-Ukraine Philarète, exprimée par lui dans sa déclaration officielle du 19 novembre 2018 ». Le « patriarche » Philarète avait dit alors: « Il n’est pas permis par les canons de présenter soi-même sa candidature au rang patriarcal de l’Église. Il avait été précédemment annoncé que l’épiscopat du Patriarcat de Kiev proposait ma candidature à l’élection du primat. Quelle sera ma réponse à cette proposition d’élection de ma personne, si elle est annoncée officiellement au Concile ? je la communiquerai officiellement au Concile, en justifiant devant lui ma vision et ma décision, et attendant de celui-ci le soutien à ma position. Le fondement de ma réponse sera exclusivement le concept du bien de l’Église et la responsabilité devant le Seigneur pour le bon accomplissement du ministère qu’Il ma confié sur le trône de Kiev dont je suis chargé, par la miséricorde divine, depuis 52 ans déjà ».

Sources : 123 et 4

vendredi 7 décembre 2018

Prêtre Gheorghe Calciu-Dumitreasa - Église orthodoxe roumaine "Sainte Croix" Alexandrie VA, USA

(Cette déclaration a été faite en un temps où la Roumanie était encore sous le joug communiste, et où nos gouvernants et nos intellectuels nous vantaient la position de ce pays dans le blog de l'Est)
*
C'est par la volonté de Dieu que je me tiens devant vous aujourd'hui. Il y a trois mois, j'étais prisonnier du régime communiste en Roumanie, persécuté et surveillé avec ma famille par des agents de la police secrète, bien que je n'aie rien fait d'autre que de prêcher Jésus Christ dans l'église où je servais. Il y a deux ans, j'étais dans les prisons roumaines et les mêmes agents essayèrent de me détruire. Ils étaient nombreux ; j'étais seul et sans défense. Il n'y avait pas de loi pour les empêcher de commettre un tel crime ; il n'y avait pas de principes moraux pour les arrêter. J'avais la foi, ils avaient la force ; mais encore une fois, ils n'avaient rien parce qu'ils n'avaient pas Dieu. J'avais l'amour et l'aide spirituelle de mes semblables, priant pour moi partout dans le monde ; ils n'avaient que leur haine. Et parce que ce conflit était d'ordre spirituel, ils furent vaincus, malgré toute la puissance matérielle de leur côté. 

Trois mois se sont écoulés depuis que j'ai été forcé de quitter mon pays. J'ai laissé derrière moi une vie de 60 ans avec tout ce que cela comporte : de bonnes actions et des erreurs, des moments de chute et de résurrection, des amis et des ennemis, et un énorme trésor de souffrance que j'apprécie avant tout parce que c'est une souffrance pour le Christ. 

Pour la jeunesse chrétienne en Roumanie, ainsi que pour les non-chrétiens, je suis devenu un symbole de souffrance pour Jésus Christ et un symbole de résistance non-violente contre l'idéologie communiste brutale qui viole l'âme d'un jeune. Si j'y étais resté et si j'avais peut-être souffert le martyre, cela aurait peut-être eu plus d'impact, mais c'est la volonté de Dieu que je vienne ici pour accomplir pour moi Son plan qui se révèle progressivement. 

La mort exerce une certaine fascination. C'est comme un précipice profond qui vous attire et vous repousse à la fois. Elle vous effraie par la destruction physique, mais quand la mort devient intime avec vous, quand pendant des années la mort a été votre compagne, il est difficile de résister à son appel. Au printemps 1981, j'avais un profond désir pour la mort en martyre, mais Dieu ne me l'a pas accordée. Pendant mon enfermement, j'ai reçu la visite spirituelle du Christ, de nombreux saints de l'Église et de certains de mes parents décédés, ma mère en particulier. Ils m'ont parlé en esprit...me réconfortant dans mes souffrances et ma solitude. 

Mais lorsque, expérimentée avec chaque fibre de mon être, lorsque j'étais entourée uniquement par les murs et par la malice déprimante des gardiens - les seuls visages humains que je pouvais voir - la grâce de Dieu ne m'avait-elle pas entourée plus que jamais en liberté, j'aurais dû en venir à penser que le monde n'était fait que de bourreaux et de victimes. Tout était alors intensément "chaud" : la douleur et la foi. J'avais une sensibilité si vive que non seulement les coups et les insultes me causaient de la douleur, mais aussi les mauvaises pensées de mes tortionnaires. 

Quand Daniel le Prophète fut jeté dans la fosse aux lions, Dieu envoya Son ange et ferma la bouche des lions et ils ne lui firent pas de mal parce qu'il fut trouvé irréprochable devant eux (Daniel 6:22). Mais Dieu ne ferma pas la bouche de ses dénonciateurs. Quand je fus jeté dans la fosse aux lions - les prisons communistes - Dieu ne ferma pas la bouche des lions ni celle de mes dénonciateurs, mais Il me sortit de là et me préserva... 

Pendant plus de cent jours, l'administration de la prison d'Aïud tenta de me tuer par la faim, le froid et la terreur. Cela commença à une époque où Nicolae Ceausescu, le chef du parti communiste de Roumanie, voyageait dans toute l'Europe pour assister aux joyeux banquets que lui offraient les présidents, rois et reines d'Europe. Mais rien de ces banquets ne parvint à ce pauvre Lazare. 

L'accueil triomphal de leur président a convaincu les gardes que Ceausescu était estimé dans le monde libre et précieux pour la Roumanie, et donc, quiconque n'acceptait pas ses décisions devait être tué. Et j'étais l'une de ces personnes. Leur extermination commença le 20 juillet et se termina après le 1er novembre 1980. Pendant dix jours, je fus isolé dans une cellule sans fenêtre, sans air, avec une veste et un pantalon déchirés, sans boutons, sans ceinture et avec de la nourriture une seule fois par jour. Le soir, une planche de bois était abaissée du mur et je pouvais me reposer pendant six heures. Les 18 heures, il me restait à les passer sur le sol en béton de la cellule. Au bout de dix jours, ils me remirent dans ma cellule habituelle pendant deux jours, puis ils m'isolèrent de nouveau pendant dix autres jours. Ce jeu de la mort dura plus de cent jours. 

Le garde qui m'avait été assigné était le secrétaire du parti de la prison. Empoisonné par l'endoctrinement communiste, il m'insultait avec des mots si sales et humiliants que je préférais être battu plutôt que d'écouter ses insultes. Rien n'était saint pour lui, personne n'était épargné par ses insultes, ni moi ni mes parents, ni ma femme, ni mon fils, ni mon sacerdoce, ni même Dieu. 

Deux fois par jour, je me rendais aux toilettes à pied pour vider la "tineta" (un bol en bois ou en argile qui servait de seau à latrines  / tinette). Ces marches furent les pires tortures que j'ai subies. Je fus insulté, frappé et parfois poussé ; il est arrivé que le contenu de la "tineta" se répande sur le béton et je fus contraint de le nettoyer à mains nues. 

Pendant mon internement, j'ai servi la Sainte Liturgie tous les dimanches et jours fériés de l'Église. Au début, les gardes m'insultaient et me battaient pour me forcer à abandonner. J'ai tenu bon et ils m'ont enfin laissé faire. Pour eux, j'étais fou, mais ma folie était celle dont parlait saint Paul : "Car la prédication de la croix, c'est à ceux qui périssent la folie ; mais pour nous qui sommes sauvés, c'est la puissance de Dieu. Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et je réduirai à néant l'intelligence des prudents" (l Corinthiens 1:18-19). 

C'était dimanche et j'étais isolé. C'était un des jours sans nourriture et je ne pouvais pas servir la Divine Liturgie parce que je n'avais pas de pain. La Liturgie orthodoxe est célébrée avec du pain et du vin, et le moment central est celui où l'Esprit Saint descend et transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ d'une manière réelle mais invisible - à partir de ce moment notre attitude envers le Saint Calice est humble, aimante et craintive, comme inspirée par la Présence du Sauveur. En prison, nous n'avions pas de vin, mais nous avions du pain et par nécessité admis par ces circonstances extrêmes, mon service était complet. 

Ce dimanche-là, j'ai demandé au Seigneur de m'aider à oublier ma tristesse devant l'impossibilité de servir la Sainte Liturgie par manque de pain. Néanmoins, une pensée me vint à l'esprit : demander du pain au gardien. 

Le garde maléfique était de service et je savais que ma demande le mettrait en colère ; il m'insulterait et il ruinerait la paix que j'avais dans mon âme pour ce jour saint. Mais la pensée persista et devint si forte que je frappai à la porte en fer de la cellule. Quelques minutes plus tard, la porte fut violemment ouverte et le garde furieux me demanda ce qui se passait. Je lui demandai un morceau de pain, pas plus d'une once, pour servir la Sainte Liturgie. 

Ma demande lui parut absurde ; elle était si inattendue que sa bouche s'ouvrit avec étonnement. Il partit en claquant la porte aussi violemment qu'il l'avait ouverte. Beaucoup d'autres prisonniers affamés lui demandèrent du pain, mais je fus le premier à demander du pain pour servir la Divine Liturgie. 

J'ai regretté mon impulsion. 

Vingt minutes plus tard, la porte de ma cellule s'ouvrit à moitié et le gardien me donna tranquillement la ration pour une journée entière : quatre onces de pain. Il ferma la porte aussi silencieusement qu'il l'avait ouverte - et si je n'avais pas tenu le pain, j'aurais pensé que tout cela n'était qu'illusion. 

Ce fut le Saint Sacrement le plus profond et le plus sublime que j'aie jamais vécu. Le service dura deux heures et le gardien ne me dérangea ou ne m'insulta pas comme à d'autres moments ; toute la durée, la section d'isolement fut paisible. 

Plus tard, après que j'eus terminé la liturgie et que le parfum de la prière était encore dans ma cellule, la porte s'ouvrit tranquillement et le gardien murmura : 

"Père, ne dis à personne que je t'ai donné du pain, ou tu vas causer ma perte." 

"Comment pourrais-je dire ça à quelqu'un, monsieur le sergent-chef ? Tu as agi comme un ange de Dieu - parce que le pain que tu m'as donné est devenu le Corps du Christ. Ce faisant, tu as servi à mes côtés, et ton acte est maintenant consigné pour l'éternité. ' 

Sans répondre, il ferma tranquillement la porte en me regardant jusqu'au dernier moment. Après cela, il ne m'insulta jamais plus et pendant ses huit heures de service, je passais un moment d'isolement des plus paisibles. 

J'ai raconté ce double aspect de mon enfermement - la souffrance et la consolation divine - pour vous faire comprendre que Dieu équilibre secrètement nos vies. Si nous avons Dieu, nous ne nous effondrerons jamais à cause de la douleur de ce monde. Au cours de nos souffrances les plus atroces, nous découvrons soudain des oasis de lumière et de joie sacrée. 

Dans son journal, l'écrivain russe F.M. Dostoïevski a écrit prophétiquement ce qui se passerait au cours de ce siècle : "Mon peuple descendra à des profondeurs telles qu'ils profaneront les saints autels avec leurs bottes ensanglantées, avec leurs mains blasphématoires ils prendront le Saint Calice avec le Sang de Dieu en lui et cracheront dedans pendant qu'ils tueront le prêtre devant la Sainte Table et, insatisfait même de cela, ils écraseront le calice sur le sol et feront des tirs dans le Saint Sang mais alors la Croix triomphera et mon peuple retournera à Dieu ". 

Si la première partie de cette prophétie a été accomplie, pourquoi la deuxième partie ne serait-elle pas accomplie ? Les gens qui ont tourné leur veste sous la terreur communiste reviennent à la foi, les jeunes tournent leurs yeux vers le Christ. 

Si le monde nous opprime, alors Jésus nous réconforte ; si les puissances terrestres nous tuent, Jésus nous donne la couronne de martyr ; si les rois nous jettent dans la fosse aux lions, le Fils de Dieu ferme la bouche des animaux ; si nous sommes tristes, notre joie est Jésus. Nous ne sommes pas seuls et nous ne sommes pas abandonnés... 

La souffrance a plusieurs visages et il est très difficile de les décrire tous ici. Je connais un prêtre orthodoxe, le P. Gavrila Stefan, dont la vie est consacrée au Golgotha. Il a été défroqué en 1971. Depuis lors, il vit dans la pauvreté et la terreur avec sa femme et ses huit enfants, dont l'aîné a 16 ans. Il a été arrêté et relâché plusieurs fois et son seul espoir est la Pitié Divine. Pendant que j'étais en prison, il a rendu visite à ma famille à plusieurs reprises, et après chaque visite, la police secrète l'a arrêté parce qu'il lui était interdit d'entrer à Bucarest. Lors de sa dernière visite, peu avant ma libération de prison, il a dit à ma femme une chose terrible : "Madame, il y a trois jours j'ai tué nos derniers moutons. C'était à l'été 1984, alors que sa femme était au huitième mois de grossesse. Comment vivent-ils maintenant ? Que mange leur nouveau-né ? 

Là où la douleur est grande, grande est aussi la miséricorde de Dieu, parce que Dieu ne donne jamais à un homme plus qu'il ne peut supporter. 

En 1978, avant la fête de Pâques, j'ai prêché aux jeunes dans l'église. J'ai prononcé une série de sermons intitulée "Sept paroles aux jeunes". En conséquence, mes hiérarchies, sur ordre de l'autorité suprême communiste - Nicolae Ceausescu - m'ont exclu de l'Eglise et m'ont remis entre les mains de la police secrète. J'étais découragé et terrifié à l'idée même d'être emprisonné et peut-être même de mourir en prison. Je suis allée voir ma sœur aînée qui avait alors environ 70 ans, une femme simple qui a toujours été en contact avec la sagesse de l'âme roumaine. Quand j'ai fini de me plaindre, elle m'a dit : 

"Mon cher, je vais te raconter une histoire d'ici, de la campagne. Tu es instruit et tu en comprendras le sens. 

"Quand Dieu créa le monde, Il créa aussi la tristesse, la souffrance et la détresse ; et Il les déposa sur une grande pierre et la pierre se brisa ; Il les déposa sur un grand arbre et l'arbre se dessécha ; et finalement Il les déposa sur l'homme et l'homme les porta. Et toi aussi, mon frère, tu porteras tes souffrances." 

Et c'est ce que j'ai fait. La preuve, c'est que je suis ici devant vous et que je vous ai raconté ce sage conte de fées roumain. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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jeudi 6 décembre 2018

Le staretz Jean de Valaam vient d'être glorifié comme saint!



"Le Seigneur nous préserve dans la vertu, 
non en réponse à nos œuvres, 
mais pour notre humilité."

Higoumène du grand habit Jean
(1873-1958)
5 juin

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Moine obéissant de Valaam, il fut envoyé au Nord, dans la région de Pétchenga, comme higoumène du monastère de saint Triphon, et douze ans plus tard, il revint pour devenir ascète du grand habit dans la skite la plus austère de Valaam, celle de saint Jean Baptiste.

Il finit sa vie comme père confesseur principal du monastère, mais à l'époque, à Valamo en Finlande. Ne prétendant nullement "théologiser", il recherchait avant tout la vertu de sobriété (nepsis) dont il pensait que les chrétiens orthodoxes du monde d'aujourd'hui la perdait rapidement.

Gardant ceci à l'esprit, il n'hésita pas à écrire des lettres qui furent publiées après sa mort et récemment traduite dans un volume intitulé Christ Is In Our Midst ( Le Christ est parmi nous), qui existe en de nombreuses langues. Pour des raisons de convenances, il succomba au nouveau calendrier, chose qu'il déplora toujours, mais au temps où il s'endormit, Valaam était déjà retourné à l'ancien calendrier de l'Eglise.

A propos de l'humilité, il écrivit: " O bienheureuse humilité, Tu es divine, car Tu as abaissé les Cieux et Tu T'es revêtue de l'humanité, Tu as cloué tous les péchés à la Croix. Mon âme tremble: comment puis-je parler de Ta grandeur?"


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
VALAAM PATERICON
Book of Days
Valaam Society of America
New Valaam Monastery
Alaska
1999


"Il est triste d’entendre que des prêtres enseignent à leurs enfants spirituels de se faire des images mentales du Sauveur, de la Mère de Dieu et des saints quand ils prient. Cette manière de prier est incorrecte et même dangereuse. Je vais te dire brièvement comment prier d’après les saints pères. L’intellect devrait être enfermé dans les paroles de la prière et l’attention portée sur la partie supérieure de la poitrine, car l’attention est l’âme de la prière. L’attention ne doit pas être « pressée » sur le cœur. Si l’attention se porte sur la poitrine, le cœur s’y joindra par « sympathie ». Quand un sentiment de tendresse et une sensation de chaleur apparaissent, ne crois pas avoir reçu quelque chose de grand. C’est le résultat naturel de la concentration et non une illusion du malin. Le Seigneur par Sa Grâce, donne la consolation à celui qui prie."

Staretz Jean de Valaam ( Dieu est parmi nous!)

Choix de Lettres publiées sur ce blog:
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PRIERE AU CIMETIERE

Aujourd'hui je suis allé au cimetière. Il faisait beau et la route était sèche. J'ai fait le tour de toutes les tombes et lu les inscriptions qui y étaient gravées: qui était mort, quand, combien d'années chacun avait passé au monastère et à quel âge chacun était mort.

Il y a maintenant 154 moines qui reposent au cimetière du Nouveau Valaam. Je les connaissais tous. A présent leurs corps reposent dans ces tombes car la loi de la mort est une loi inexorable. Nous savons où et quand nous sommes nés, mais où et quand nous mourons, il ne nous appartient pas de le savoir. L'homme vient de la terre et il y doit retourner. Mais son esprit vient de Dieu et il retournera auprès de Dieu.

Où êtes-vous maintenant nobles Pères? 

Quelle sorte de vie menez-vous? 

Je crois fermement que vous n'êtes pas morts. Vous êtes seulement partis pour un autre monde invisible. Mais les morts restent sourds à mes parole! Où ils sont et quelle vie ils mènent est un grand mystère. Le saint apôtre Paul dit que "nous marchons par la foi et non par la vue"

Notre fraternité a décliné vers la vieillesse. La plupart d'entre nous marchent avec un bâton. Quelques tombes sont déjà creusées et il y des cercueils en réserve.

Bientôt, très bientôt, mon corps terrestre sera étendu dans un de ces cercueils, descendu dans le froid tombeau et recouvert de sable. Ils feront un petit tas au sommet de la tombe et y mettront une croix. Peut-être y aura-t-il quelque bonne personne qui écrira mon nom sur une plaque et la fixera à la croix.

Nobles Pères qui demeurez, je vous en supplie, lorsque vous viendrez à ma tombe, priez pour mon âme pécheresse.

Schéma-Higoumène Jean
Mes pensées, 1956
in A Star in The Heavens 
by Archimandrite Panteilemon, 
Valamo Monastery 1991
Version française Claude Lopez-Ginisty
Photo:

mercredi 5 décembre 2018

La journaliste italienne Daniela Sala du bimensuel catholique Il Regno a interviewé le 15 novembre dernier le père Jivko Panev.



Père Jivko PANEV

L’entretien est disponible en ligne sous le titre Ukraine – Orthodoxie : La guerre des patriarches. Lien ci-dessous

https://orthodoxie.com/wp-content/uploads/2018/12/Il_Regno__JPANEV.pdf

Staretz Arsène et les animaux



"Je ne pense pas que j'ai omis de demander à quiconque en confession s'il ou si elle avait torturé ou tué des animaux" racontait-il.

Un jour, il pleuvait et un chat avec quatre chatons vint près de ma cellule. N'ayant nul endroit où s'abriter, le chat vint auu puits près de ma cellule, et resta là à miauler sous la pluie. 

Durant la nuit, je réfléchis." comment se fait-il que je demande à tous en confession s'ils ont torturé des animaux, et je vais laisser ce chat sous la pluie?!" 

Et je suis allé,  dans l'obscurité, et  sous la pluie, et j'ai trouvé le chat, mais seulement trois chatons, le quatrième manquait. Pouvez-vous imaginer cela?... Le jour suivant, je me suis retrouvé avec le chat dans le sanctuaire: il était venu me remercier!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St Herman of Alaska's 
Eternity in the Moment
reprenant
Între timp și  veșnicie: Viata Părintelui Arsenie Papacioc
Bucharest 2015


Père Barnabas Powell: LES TEMPS CHANGENT : [il faut] VERROUILLER LA PORTE DE L'ÉGLISE


    
Je viens de terminer une annonce pour mon bulletin paroissial que je n'ai jamais voulu écrire. Cela explique que je ne laisse plus les portes de l'église ouvertes quand je suis présent pour mes heures de bureau.

Au lieu de cela, les gens doivent prendre des rendez-vous ou me prévenir lorsqu'ils viennent pour nettoyer ou allumer une bougie. C'est tellement mal, tellement contraire à ce que l'église devrait être. Comment en sommes-nous arrivés là ?

La trajectoire a commencé il y a quelques années, lorsqu'un ancien paroissien ayant des antécédents de maladie mentale a commencé à consommer de la méthamphétamine et à m'envoyer des textes bizarres et menaçants.

Un jour, il s'est faufilé dans mon bureau et a laissé une lettre sur la table de l'autel disant que Dieu l'avait oint pour me dénoncer. Il a affirmé sa capacité de guérir le VIH par son toucher et a conclu en me parlant de m'amener à un moment de vérité.

D'autres menaces ont suivi pendant la Semaine Sainte, et je suis reconnaissant à certains hommes de la paroisse qui étaient au courant de la situation et qui ont pris l'initiative de patrouiller sur le parking pendant notre procession pascale, au cas où il y aurait une tentative pour me perturber ou m'attaquer.

Depuis lors, quand je travaille seul dans mon bureau, mes oreilles se redressent quand les voitures arrivent, quand les pas montent les escaliers, quand la porte s'ouvre. C'est généralement un visage amical ou un livreur. Mais tant que je ne le vois pas de mes propres yeux, ça pourrait tout aussi bien être un maniaque avec un arsenal et une grande soif de notoriété.

Je me dis que j'exagère à cause d'une peur impie. Mais la semaine dernière, un entretien au NPR m'a forcé la main. Le pasteur d'une église du Kentucky parlait de la tragédie d'octobre dans sa ville, où un suprémaciste blanc fou a tué au hasard deux Afro-Américains dans une épicerie.

Tout d'abord, l'assaillant a essayé d'entrer dans l'église de ce pasteur, alors que personne d'autre que lui-même et quelques membres du personnel n'étaient présents. Heureusement, les portes étaient verrouillées. Sinon, ils auraient tous pu être tués. Le pasteur était hanté par le fait qu'il avait failli voir le sang de ses ouailles couler dans leur sanctuaire.

J'adorerais garder nos portes ouvertes. Pour que les gens affluent pour prier, allumer un cierge, ou faire l'expérience d'une petite rencontre avec la sainteté de ce lieu, au milieu de la semaine. Mais maintenant, il vous faut un rendez-vous pour cela.

Parce qu'à notre époque d'hommes armés mentalement malades - surtout ceux dont la paranoïa est alimentée par des idéologies de haine diaboliques - je détesterais voir le dôme en oignon et la croix à trois barres sur notre panneau, ou le "orthodoxe" au son étranger de notre nom, mener à la violation de ce lieu saint.

J'ai peut-être le cœur fragile ou je fuis le martyre. Mais les Pères mettent en garde contre le martyre par bravade. Et dès la toute première Pâques, même les disciples gardèrent les portes fermées par crainte.

Les premiers chrétiens se rencontraient en secret. Et je ne suis certainement pas plus sage, plus courageux ou plus perspicace qu'eux. Pourtant, j'ai détesté faire cette annonce.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHOCHRISTIAN

Staretz Arsène [Papacioc]: Le combat spirituel


Peu importe votre stature (spirituelle), 
peu importe combien vous êtes las, 
vous ne devez pas abandonner. 

Car, je le répète, 
aucun malheur 
ne signifie quoi que ce soit. 

Rien n'est perdu 
pour autant que la foi soit établie, 
l'âme ne se rend pas, 
et vous relevez à nouveau votre tête!


mardi 4 décembre 2018

Saint André Saguna, Métropolite de Transylvanie (+1873)


Saint André  était d'origine aroumaine, ou ce que les Grecs appelaient un Valaque, et ses parents Naoum et Anastasie étaient de Grabova en Albanie. En raison d'intérêts commerciaux, ils s'installèrent à Miskolc, en Hongrie. Saint André y naquit, le 20 décembre 1808, le plus jeune de trois enfants, et fut baptisé du nom d'Anastasios.

Sous la direction des Jésuites locaux, Naoum avait opté pour la conversion de la famille au catholicisme romain, cherchant à obtenir un meilleur statut que celui de seconde classe réservé à la plupart des sujets orthodoxes orientaux des Habsbourgs. Cependant, les Saguna, à l'instigation d'Anastasie, continuèrent à être orthodoxes en secret - le futur métropolite et ses deux frères et sœurs ne furent probablement jamais des catholiques pratiquants.

Pendant ses études à Pest, où il étudia la philosophie et le droit à l'Université de Pest, il fut logé par son oncle Athanase, où des universitaires influents exprimèrent leur inquiétude face à la disparition d'alors de la nation orthodoxe roumaine du fait des dirigeants autrichiens, catholiques, luthériens et calvinistes. Déterminé à lutter pour l'Orthodoxie, il répondit à l'invitation de l'évêque serbe Maxime Manuilovici (1829-1834) d'aller étudier la théologie à Vršac, en Serbie. Il put se distinguer par ses connaissances et sa vertu, ce qui conduisit le Métropolite serbe de Karlowitz, Stefan Stratimirovici (1790-1836), à le nommer professeur à la faculté de théologie et secrétaire personnel.

Le 1er novembre 1833, à l'âge de vingt-cinq ans, Anastase devint moine au monastère serbe de Hopovo et reçut le nom d'André. Le Métropolite Stefan Stratimirovici l'ordonna diacre le 2 février 1834 et prêtre le 29 juin 1837. En raison de sa formation et de sa vertu, il fut également nommé chancelier et higoumène des monastères de Jazak, Besenovo, Hopovo et Kovilje.

En 1846, après le décès de l'évêque roumain Basile Moga à Sibiu, le Métropolite orthodoxe serbe de Karlowitz, Joseph Rajacic, nomma l'archimandrite André Șaguna vicaire du diocèse vacant de Sibiu. Il fut ordonné évêque dans la cathédrale orthodoxe de Karlowitz, son rôle étant alors de rapprocher tous les Roumains de Transylvanie de tout ce qui est bon et édifiant.

André Șaguna fut complètement impliqué dans le mouvement révolutionnaire des Roumains en Transylvanie. Il coprésida l'Assemblée nationale roumaine à Blaj, les 3 et 15 mai, où un programme, contenant 16 revendications politiques nationales, fut rédigé. Ensuite, l'Assemblée le nomma à la tête d'un groupe d'intellectuels roumains qui se rendirent à Vienne pour soumettre le document à la Cour impériale. Șaguna lui-même présenta le programme à l'Empereur, qui le rassura sur le fait que les demandes seraient examinées. Un autre projet important à l'ordre du jour de la Hiérarchie transylvanienne était l'organisation de l'éducation orthodoxe roumaine en Transylvanie à tous les niveaux.

Le Métropolite Șaguna fournit des conseils à l'ensemble du système éducatif roumain, en demandant aux enseignants d'écrire des manuels scolaires. Sous sa direction, près de 800 écoles furent fondées dans l'archidiocèse de Sibiu, réalisation extraordinaire si l'on considère que, à l'époque, il n'y avait que 900 paroisses. Ces écoles n'étaient pas coordonnées par les autorités hongroises, mais par l'Église orthodoxe orientale. Une preuve de son implication exceptionnelle dans le développement du système éducatif se trouve dans ses lettres pastorales, dans lesquelles il insiste sur l'importance d'ériger des bâtiments qui devaient servir d'écoles confessionnelles.

De plus, il créa plusieurs fondations sous l'égide du siège Métropolitain, par l'intermédiaire desquelles des étudiants qui travaillaient dur reçurent des bourses. Suivant ses conseils, un avocat macédono-roumain de Budapest, Emanoil Gojdu, créa une fondation par l'intermédiaire de laquelle les étudiants et les travailleurs recevraient des bourses. Plus de 5000 bourses furent accordées avant la Grande Union en 1918.

Il fonda une typographie diocésaine où il imprima plus de 200 livres, ainsi que le "Télégraphe roumain" ("Telegraful Român"), journal qui est encore publié aujourd'hui, ainsi que le Guide ecclésiastique, un calendrier sous forme de livre.

Bien que ses activités administratives occupaient la majeure partie de son temps, il obéit toujours aux règles de la vie monastique, selon les témoignages de ses contemporains.

Il assistait aux offices tout au long de la journée, non seulement à la Liturgie, mais aussi aux Matines et aux Vêpres. Il avait l'habitude de corriger les erreurs que les étudiants faisaient pendant le service afin de les éduquer et de les empêcher de refaire la même erreur.

Dans une interview, Son Eminence Laurenţiu, Métropolite de Transylvanie, parla de l'approche rigoureuse de saint André Șaguna à la prière. Il priait tous les matins de 5 à 7 heures et personne n'avait le droit de le déranger. Il menait une vie simple et c'est ainsi qu'il voulait quitter ce monde. Il souhaitait être enterré dans le cimetière de l'église de Rășinari, où il avait célébré tant de fois la Divine Liturgie, "sans grandeur, sans musique et sans sermon", par un seul prêtre, à savoir le hiéromoine Germain Bogdan, son confesseur. Son souhait fut exaucé. Le Métropolite mourut le 28 juin 1873, faisant don de ses biens à l'archidiocèse de Sibiu. Cependant, des Roumains de toute la Transylvanie vinrent à l'enterrement pour dire adieu à celui qui avait pris soin de ses enfants spirituels comme un vrai père.


Le Métropolite André Șaguna était très reconnaissant à sa mère pour ce qu'elle lui avait donné : "Je dois à ma mère tout mon amour pour Dieu et ma foi orthodoxe, le chemin que j'ai pris dans ma vie (sacerdoce) et mon esprit de sacrifice qui a toujours été mon guide dans tout ce que j'ai fait jusqu'ici.

Selon l'écrivain Ioan Slavici, peu de temps après sa mort, les paysans de Transylvanie commencèrent à vénérer le Métropolite André Șaguna comme un saint,  son portrait étant accroché près des icônes dans leurs maisons. Pour être un modèle à suivre, pour toute son activité, le Saint Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine a décidé, lors de la rencontre du 20 juillet 2012, de canoniser le Métropolite Andrew Șaguna et d'ajouter ainsi son nom à la longue liste des saints de l'Eglise Orthodoxe. La proclamation officielle de la canonisation du Métropolite André Șaguna eut lieu le 28 octobre 2011 à Sibiu, et il fut décidé de le commémorer le 30 novembre, avec l'apôtre saint André, celui qui apporta la foi chrétienne en Roumanie.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

"LES MÉTHODES COMMUNISTES DE LUTTE CONTRE L'ÉGLISE ORTHODOXE" Réponse des Frères de la Laure de Pochaev à l'annulation par le Ministère de la Justice de leurs droits sur plusieurs églises et bâtiments


Depuis des années, des tentatives sont en cours pour arracher plusieurs bâtiments à la Laure de la Dormition de Pochaev, l'un des sites les plus sacrés de toute l'orthodoxie ukrainienne, et la Laure est constamment attaquée par les médias, qui l'ont beaucoup calomniée. Comme OrthoChristian l'a rapporté le 20 novembre, les frères de la Laure ont publié un message en réponse aux dernières attaques médiatiques et au dernier appel du ministère ukrainien de la Culture pour que l'enregistrement de plusieurs bâtiments au monastère jusqu'au 1er janvier 2052 soit retiré.

Puis, le 23 novembre, le ministère ukrainien de la Justice a répondu à la demande du ministère de la Culture et a annulé l'enregistrement de plusieurs bâtiments auprès du saint monastère, comme l'a rapporté l'Union des journalistes orthodoxes en se référant au site Web du ministère de la Justice.

Ainsi, les frères de la Laure ont publié une autre déclaration, notant les méthodes communistes des autorités actuelles visant à détruire le monachisme orthodoxe en Ukraine occidentale.

La déclaration dit intégralement ce qui suit:

***

Chers frères et sœurs !

C'est avec tristesse dans nos cœurs que nous vous demandons de renforcer votre vigile de prière pour la paix et l'unité des fidèles au sein de l'Église canonique.

Nous sommes obligés d'affirmer qu'à l'heure actuelle, les autorités ukrainiennes utilisent des méthodes communistes pour lutter contre l'Église orthodoxe.

Par exemple, il y a environ 100 ans, les dirigeants bolchéviques, en particulier L. D. Trotsky, et ceux qui l'accompagnaient, se sont donné pour tâche de créer une organisation de l'Église orthodoxe sous le contrôle des autorités soviétiques. C'est ainsi qu'est apparu le mouvement rénovationniste ou "Église vivante". Une des idées principales de cette organisation était l'abolition du monachisme.

Après la création de l'organisation rénovationniste, les bolcheviks commencèrent une bataille active avec l'Eglise orthodoxe qui devint illégale. Sous le slogan de la "complicité dans la contre-révolution", des églises et des objets de valeur de l'Eglise furent saisis et des répressions sévères furent utilisées contre le clergé. Il est à noter que les schismatiques-rénovateurs étaient soutenus par le Patriarcat de Constantinople.

Cette "Église vivante" n'a même pas duré trente ans, mais l'Église canonique est inébranlable jusqu'à ce jour.

Malheureusement, les nouveaux chefs de parti ne se souviennent pas des leçons de l'histoire.

La rhétorique des autorités n'a pas changé depuis 100 ans : Les habitants de la Laure restent pour eux des "collaborateurs de la contre-révolution". En utilisant les médias contrôlés, le gouvernement actuel plante chaque jour de plus en plus ce point de vue dans notre peuple ukrainien .

En même temps, le conseil municipal de Pochaev a refusé de se conformer à la décision légale du tribunal l'obligeant à transférer des parcelles de terrain à la Laure de la Sainte Dormition de Pochaev pour les utiliser comme bâtiments résidentiels des frères.

Actuellement, la Commission du Ministère ukrainien de la justice a annulé l'enregistrement de l'accord sur le droit d'usage de la cathédrale de la Dormition, de la cathédrale de la Sainte Trinité, des cellules monastiques, du clocher, de la résidence épiscopale et des portes saintes en réponse à une plainte du Ministère ukrainien de la culture. Il est à noter qu'il s'agit déjà de la troisième tentative de transformer le lieu saint en musée depuis 2000.

Nous pensons que le Bureau du Procureur s'efforce également d'atteindre un objectif similaire, ayant ouvert plusieurs affaires criminelles sans fondement en peu de temps.

Dans le cadre de la suppression du droit d'usage, il s'agit du lieu de résidence de 200 moines et 50 novices - des personnes qui ont renoncé au monde et consacré leur vie entière au service de Dieu.

Nous devons dire qu'à l'heure actuelle, les autorités ukrainiennes actuelles ont pris des mesures pour confisquer les biens de la Laure de la Sainte Dormition de Pochaev et les transférer à l'organisation ecclésiastique nouvellement créée, et donc pour détruire le monachisme en Ukraine occidentale.

Les Frères de la Laure

Laure de Pochaev

11/25/2018

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
ORTHOCHRISTIAN