"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 4 décembre 2018

Saint André Saguna, Métropolite de Transylvanie (+1873)


Saint André  était d'origine aroumaine, ou ce que les Grecs appelaient un Valaque, et ses parents Naoum et Anastasie étaient de Grabova en Albanie. En raison d'intérêts commerciaux, ils s'installèrent à Miskolc, en Hongrie. Saint André y naquit, le 20 décembre 1808, le plus jeune de trois enfants, et fut baptisé du nom d'Anastasios.

Sous la direction des Jésuites locaux, Naoum avait opté pour la conversion de la famille au catholicisme romain, cherchant à obtenir un meilleur statut que celui de seconde classe réservé à la plupart des sujets orthodoxes orientaux des Habsbourgs. Cependant, les Saguna, à l'instigation d'Anastasie, continuèrent à être orthodoxes en secret - le futur métropolite et ses deux frères et sœurs ne furent probablement jamais des catholiques pratiquants.

Pendant ses études à Pest, où il étudia la philosophie et le droit à l'Université de Pest, il fut logé par son oncle Athanase, où des universitaires influents exprimèrent leur inquiétude face à la disparition d'alors de la nation orthodoxe roumaine du fait des dirigeants autrichiens, catholiques, luthériens et calvinistes. Déterminé à lutter pour l'Orthodoxie, il répondit à l'invitation de l'évêque serbe Maxime Manuilovici (1829-1834) d'aller étudier la théologie à Vršac, en Serbie. Il put se distinguer par ses connaissances et sa vertu, ce qui conduisit le Métropolite serbe de Karlowitz, Stefan Stratimirovici (1790-1836), à le nommer professeur à la faculté de théologie et secrétaire personnel.

Le 1er novembre 1833, à l'âge de vingt-cinq ans, Anastase devint moine au monastère serbe de Hopovo et reçut le nom d'André. Le Métropolite Stefan Stratimirovici l'ordonna diacre le 2 février 1834 et prêtre le 29 juin 1837. En raison de sa formation et de sa vertu, il fut également nommé chancelier et higoumène des monastères de Jazak, Besenovo, Hopovo et Kovilje.

En 1846, après le décès de l'évêque roumain Basile Moga à Sibiu, le Métropolite orthodoxe serbe de Karlowitz, Joseph Rajacic, nomma l'archimandrite André Șaguna vicaire du diocèse vacant de Sibiu. Il fut ordonné évêque dans la cathédrale orthodoxe de Karlowitz, son rôle étant alors de rapprocher tous les Roumains de Transylvanie de tout ce qui est bon et édifiant.

André Șaguna fut complètement impliqué dans le mouvement révolutionnaire des Roumains en Transylvanie. Il coprésida l'Assemblée nationale roumaine à Blaj, les 3 et 15 mai, où un programme, contenant 16 revendications politiques nationales, fut rédigé. Ensuite, l'Assemblée le nomma à la tête d'un groupe d'intellectuels roumains qui se rendirent à Vienne pour soumettre le document à la Cour impériale. Șaguna lui-même présenta le programme à l'Empereur, qui le rassura sur le fait que les demandes seraient examinées. Un autre projet important à l'ordre du jour de la Hiérarchie transylvanienne était l'organisation de l'éducation orthodoxe roumaine en Transylvanie à tous les niveaux.

Le Métropolite Șaguna fournit des conseils à l'ensemble du système éducatif roumain, en demandant aux enseignants d'écrire des manuels scolaires. Sous sa direction, près de 800 écoles furent fondées dans l'archidiocèse de Sibiu, réalisation extraordinaire si l'on considère que, à l'époque, il n'y avait que 900 paroisses. Ces écoles n'étaient pas coordonnées par les autorités hongroises, mais par l'Église orthodoxe orientale. Une preuve de son implication exceptionnelle dans le développement du système éducatif se trouve dans ses lettres pastorales, dans lesquelles il insiste sur l'importance d'ériger des bâtiments qui devaient servir d'écoles confessionnelles.

De plus, il créa plusieurs fondations sous l'égide du siège Métropolitain, par l'intermédiaire desquelles des étudiants qui travaillaient dur reçurent des bourses. Suivant ses conseils, un avocat macédono-roumain de Budapest, Emanoil Gojdu, créa une fondation par l'intermédiaire de laquelle les étudiants et les travailleurs recevraient des bourses. Plus de 5000 bourses furent accordées avant la Grande Union en 1918.

Il fonda une typographie diocésaine où il imprima plus de 200 livres, ainsi que le "Télégraphe roumain" ("Telegraful Român"), journal qui est encore publié aujourd'hui, ainsi que le Guide ecclésiastique, un calendrier sous forme de livre.

Bien que ses activités administratives occupaient la majeure partie de son temps, il obéit toujours aux règles de la vie monastique, selon les témoignages de ses contemporains.

Il assistait aux offices tout au long de la journée, non seulement à la Liturgie, mais aussi aux Matines et aux Vêpres. Il avait l'habitude de corriger les erreurs que les étudiants faisaient pendant le service afin de les éduquer et de les empêcher de refaire la même erreur.

Dans une interview, Son Eminence Laurenţiu, Métropolite de Transylvanie, parla de l'approche rigoureuse de saint André Șaguna à la prière. Il priait tous les matins de 5 à 7 heures et personne n'avait le droit de le déranger. Il menait une vie simple et c'est ainsi qu'il voulait quitter ce monde. Il souhaitait être enterré dans le cimetière de l'église de Rășinari, où il avait célébré tant de fois la Divine Liturgie, "sans grandeur, sans musique et sans sermon", par un seul prêtre, à savoir le hiéromoine Germain Bogdan, son confesseur. Son souhait fut exaucé. Le Métropolite mourut le 28 juin 1873, faisant don de ses biens à l'archidiocèse de Sibiu. Cependant, des Roumains de toute la Transylvanie vinrent à l'enterrement pour dire adieu à celui qui avait pris soin de ses enfants spirituels comme un vrai père.


Le Métropolite André Șaguna était très reconnaissant à sa mère pour ce qu'elle lui avait donné : "Je dois à ma mère tout mon amour pour Dieu et ma foi orthodoxe, le chemin que j'ai pris dans ma vie (sacerdoce) et mon esprit de sacrifice qui a toujours été mon guide dans tout ce que j'ai fait jusqu'ici.

Selon l'écrivain Ioan Slavici, peu de temps après sa mort, les paysans de Transylvanie commencèrent à vénérer le Métropolite André Șaguna comme un saint,  son portrait étant accroché près des icônes dans leurs maisons. Pour être un modèle à suivre, pour toute son activité, le Saint Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine a décidé, lors de la rencontre du 20 juillet 2012, de canoniser le Métropolite Andrew Șaguna et d'ajouter ainsi son nom à la longue liste des saints de l'Eglise Orthodoxe. La proclamation officielle de la canonisation du Métropolite André Șaguna eut lieu le 28 octobre 2011 à Sibiu, et il fut décidé de le commémorer le 30 novembre, avec l'apôtre saint André, celui qui apporta la foi chrétienne en Roumanie.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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