"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 20 mai 2023

Dr. Nikolaos Koios: L'attitude de la théologie orthodoxe envers les animaux




La théologie orthodoxe maintient une attitude de respect envers les animaux, comme elle le fait envers l'ensemble de la création, reconnaissant en elle les paroles de Dieu Lui-même qu'Il a prononcées en la formant. Comme l'a enseigné saint Silouane l'Athonite, les gens dont le cœur a ardemment aimé le Créateur ne peuvent s'empêcher de brûler de compassion pour tout ce qui a été créé.


Nous voyons une perception similaire dans les enseignements et aussi dans le comportement personnel de nombreux Pères et Saints de l'Église. Cependant, cette approche ne conduit pas à des positions dogmatiques ou idolâtres à l'égard de la création, animée ou inanimée, végétale ou animale. L'Église considère la création avec respect. Les hommes doivent "sauvegarder" la création, mais, en même temps, ils doivent vivre en elle et à partir d'elle.

Les plantes et les animaux servent de sources de nourriture, d'aides dans notre travail, et tous méritent d'être respectés. Ainsi, les saints et les Pères eux-mêmes, tout en exprimant leur amour et leur respect pour la nature, ne condamnent ni n'interdisent la consommation de viande, de poisson ou de tout autre comestible, ni l'utilisation d'animaux au travail. Bien que nous voyions de nombreux cas dans la vie des saints où ils ont cultivé une interaction spéciale, souvent merveilleuse, avec les animaux, ils ne reconnaissent jamais que ces derniers ont des droits souverains, ce qui les mettrait sur un égalité avec les êtres humains. En général, il n'y a pas de tradition biblique ou patristique pour soutenir les points de vue extrêmes proposés par certaines organisations de bien-être animal ou écologiques.

Naturellement, le fait que la création soit inégale ne signifie pas que la théologie morale, en termes orthodoxes, peut accepter les mauvais traitements infligés aux animaux ou la cruauté à leur égard. L'abandon des animaux dans les rues, qui se traduit par un grand nombre d'animaux errants, les mauvais traitements cruels et provocateurs allant jusqu'à leur mise à mort, les conditions de vie misérables des animaux destinés à l'alimentation, la manière dont ils sont élevés et abattus, tout cela témoigne d'une irresponsabilité et ne reflète en rien l'éthique orthodoxe à l'égard de la création.

Mais les mouvements qui soutiennent les droits des animaux vont à l'autre extrême. Ils veulent non seulement mettre les animaux sur un pied d'égalité avec les humains, mais ils veulent souvent déplacer ces derniers afin de garantir les droits des premiers. En d'autres termes, en général, il y a un intérêt pour les animaux qui frise l'excès. En effet, il existe des comportements des défenseurs des animaux qui s'approchent des limites de la perversité. Selon les animalistes extrémistes, les ressources qui pourraient être utilisées pour les personnes qui luttent pour leur survie, en particulier en temps de crise, appartiennent de droit aux animaux errants, position qu'ils justifient en affirmant que les humains sont responsables de leur abandon en premier lieu. Il convient également de noter qu'en raison des interventions des mouvements des défenseurs des animaux, la législation de nombreux pays est devenue très stricte à l'égard des personnes et excessivement favorable aux animaux et à leurs droits.

Nous pourrions dire qu'un signe des temps est la nouvelle loi en Grèce qui impose une stérilisation obligatoire générale à tous les animaux de compagnie contrôlés, comme moyen de faire face au problème chronique des animaux errants. Cela implique la mutilation cruelle des animaux sans aucune nécessité médicale. L'Association panhellénique des vétérinaires a réagi à cela par une déclaration. Mais au-delà des problèmes médicaux et juridiques et constitutionnels qui existent clairement, des questions d'ordre moral, théologique et anthropologique se posent également. Au lieu de piétiner la racine de la méchanceté au sein des gens - la cupidité et la vanité qui conduisent à des formes de comportement irresponsables - la société a fini par abuser de la création, sous prétexte du bien-être animal. Elle sacrifie maintenant l'intégrité corporelle des animaux avec des pratiques qui rappellent l'époque du totalitarisme. Il n'y a pas de respect pour leur fonction naturelle, qui est une expression des pulsions créatives que le créateur Lui-même leur a inculqué.

Dans les sociétés occidentales en particulier, les gens traversent une période d'individualisme et d'isolement. Le nombre de personnes qui mettent fin à leur vie de leur propre chef augmente rapidement. Utiliser la compagnie d'un animal pour combler le vide de la vie avec une autre personne, qu'il s'agisse d'un partenaire ou d'un ami, est une pratique qui dure depuis des décennies dans le monde occidental. Il a été démontré que les animaux sont des agents de sociabilité à tel point que la recherche scientifique s'est impliquée dans la question à de nombreux niveaux. Le phénomène n'a certainement pas que des causes profondes qui peuvent être des sujets d'étude pour les sciences de la psychologie et de la sociologie.

Naturellement, il y a aussi des animaux domestiques qui travaillent et qui aident les gens dans une variété d'activités de leur vie (garder des espaces ou des élevages, des chiens-guides pour les aveugles, la chasse, et ainsi de suite), relation qui existe presque depuis l'apparition de l'humanité sur terre. La coopération entre les humains et les animaux est une image de la relation organique que nous avons avec la création, plutôt que l'exposition idéalisée qui, hélas, a tendance à se généraliser de nos jours.

L'attitude chrétienne envers les animaux, ainsi que notre relation avec eux, découle de l'attitude des chrétiens envers l'ensemble de la création. Le respect et la considération pour la création ont une profonde signification théologique et sociale pour l'Église. Ils sont indissolublement liés au culte et à la valorisation du « Créateur de toutes choses » et à une relation amoureuse avec notre prochain, et ont une dimension verticale aussi bien qu'horizontale. Il n'y a aucune justification pour donner la priorité à la création muette* par rapport aux êtres humains, qui sont faits à l'image de Dieu. La véritable relation entre les gens et Dieu, ainsi qu'avec leur prochain, constitue cependant la base d'une relation saine entre les humains et le reste de la création.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

PEMPTOUSIA

NOTE:

* Dans les deux sens : « incapable de parler » ; et « incapable de raisonner ».

Nikolaos Koios est professeur agrégé d'éthique chrétienne et de bioéthique et directeur du programme d'études sacerdotales à l'Académie ecclésiastique universitaire de Thessalonique.

L'ascèse orthodoxe, entre hier et aujourd'hui

Atmosphère


Un jour, on demanda à un staretz : "Comment reconnaît-on un homme bon ?". 

Il répondit : "Ce n'est pas ce qu'il dit ou ce qu'il semble être, mais l'atmosphère qui se crée en sa présence. C'est cela qui constitue le témoignage. Car personne n'est capable de créer une atmosphère qui n'appartienne pas à son âme."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

 







vendredi 19 mai 2023

Hiéromoine Savatie [Baştovoi]: Aimer nos ennemis commence par le fait de ne pas être heureux de leurs chutes

Que ressentez-vous lorsque vous entendez dire que quelqu'un de vos ennemis ou de personnes que vous n'aimez pas souffre de quelque chose de mal, est tombémalade, a fait faillite ou a chu par un acte honteux ? Si vous en êtes heureux, vous êtes loin du commandement d'aimer vos ennemis.

Aimer nos ennemis commence par ne pas être heureux de leurs chutes, bien que cette joie pécheresse se cache dans toute âme envieuse de sorte qu'elle n'est pas seulement heureuse de la chute de son ennemi reconnu, mais aussi de la chute de tout homme vertueux comme si cela avait été un accomplissement de la sienne.

Que ceux qui sont à tort mes ennemis ne se réjouissent pas à mon sujet, Que ceux qui me haïssent sans cause ne m'insultent pas du regard! . (Ps. 34: 19).

Comme nous sommes heureux et comment nous faisons un clin d'œil à nos amis bavards lorsque nos jugements malveillants se réalisent ou que nous avons cette impression. Le prophète David parle de ce genre de clin d'œil en disant que de telles personnes détestent injustement.

Le Christ quand il dit « aimez vos ennemis » (Luc 6: 35), se réfère aussi aux ennemis imaginaires que l'esprit d'envie inspire à notre esprit et à notre cœur, mais si nous essayons de les considérerer avec l'esprit d'amour, ils ne nous apparaîtront plus comme des ennemis.

Si nous ne pouvons pas aimer ceux qui nous persécutent, nous battent et nous volent, nous devrions au moins veiller à ne pas nous réjouir des chutes des serviteurs de Dieu qui ne nous ont pas du tout fait de mal. (Romains 14, 4).

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

jeudi 18 mai 2023

POUR LE 100E ANNIVERSAIRE DE LA FUSILLADE DES MARTYRS DE RADONEGE: VÉNÉRABLE MARTYR MAKARY (TELEGINE), HIEROMARTYRS ALEXANDER [ZAOZERSKY], CHRISTOPHER [NADEJDINE], ET VASILY [SOKOLOV], ET MARTYR La!IC SERGEI [TIKHOMIROV]

Vénérable martyr Makary (Telegin), les hiéromartyrs Alexander Zaozersky, Christopher Nadezhdin et Vasily Sokolov, et le martyr Sergei Tikhomirov

Vénérable martyr Makary (Telegine), hiéromartyrs Alexander (Zaozersky), Christopher (Nadejdine) et Vasily (Sokolov), et le martyr Sergei (Tikhomirov)   

L'une des étapes de la persécution de l'Église orthodoxe dans la première moitié du XXe siècle a été la campagne pour s'emparer des objets de valeur de l'Église, organisée sous prétexte de collecter des fonds pour aider les affamés. Et la Laure de la Sainte Trinité-Saint Serge fut également prise dans ce triste destin. Le 3 avril 1922, une commission arriva à l'église Saint Serge de la dépendance de la Laure de la Sainte Trinité  à Moscou, se comportant délibérément grossièrement et d'une manière blasphématoire. L'un des moines de la dépendancele hiéromoine Makary (Telegine), les qualifia de voleurs et d'agresseurs directement en face. Son arrestation et son emprisonnement suivirent immédiatement. Plus tard, lors de l'interrogatoire, il témoigna que les membres de la commission avaient même mis les pieds sur l'autel tout en enlevant les précieuses parures de la Place du Haut derrière la table de l'autel, qu'il dut relever.

Vénérable Martyr Makary (Telegin)Vénérable Martyr Makary (Telegine)     

Hieromoine Makary (Makary Nikolaevich Telegine dans le monde) naquit dans une famille paysanne en 1876 dans le village de Peremenikha, comté de Buzuluk, gouvernorat de Samara. Il eut une expérience miraculeuse dans la petite enfance, après quoi il décida de se consacrer à Dieu dans le monachisme. Adolescent, il se retirait souvent dans une grotte isolée pour prier. Lors de sa visite à la grotte de Kiev à l'âge de dix-sept ans, il confirma de manière décisive sa décision de prendre la tonsure monastique, mais il dut retarder la réalisation de cette intention, car le 1er janvier 1898, il fut appelé dans l'armée, servant jusqu'au 29 novembre 1902.

En 1905, Makary entra au monastère de Tchoudov à Moscou et y accomplit diverses obédiences pendant cinq ans. Il fut officiellement inscrit en tant que novice le 8 octobre 1910. Le 22 janvier 1911, il fut tonsuré moine, le 1er février de la même année, il fut ordonné hiérodiacre et le 6 septembre 1913, hiéromoine. Avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Père Makary fut rappelé au service actif de l'armée pour servir comme prêtre pour le 400e hôpital mobile. Il retourna au monastère de Tchoudov le 12 octobre 1915, et en 1919, après la fermeture du monastère, il commença à servir à l'église de saint Serge à la dépendance de la Laude de la Sainte Trinité. Lors de son interrogatoire, Père Makary déclara clairement  qu'il était « un monarchiste par conviction », et déclara également  : « Je suis un serviteur de l'autel, et c'est très difficile pour moi quand des objets sacrés sont saisis. » Son compagnon de cellule prêtre dit que Père Makary était joyeux et disait : « J'ai hâte de rencontrer mon Seigneur le Christ. »

Le hiéromoine Makary était l'une des cinquante-quatre personnes qui furent arrêtées dans "l'affaire de la saisie d'objets de valeur de l'Église", ou au soi-disant "procès de Moscou de 1922". Les archiprêtres Alexander Zaozersky, Christopher Nadezhdine et Vasily Sokolov, ainsi que le laïc Sergei Tikhomirov ont vécu ce procès avec lui.

Archiprêt Alexander ZaozerskyArchiprêt Alexander Zaozersky     

L'archiprêtre Alexander (Zaozersky) naquit à Moscou le 20 juillet 1879, dans la famille du prêtre Nikolai Zaozersky, qui servit dans l'église des saints Pierre et Paul de l'hôpital Mariinsky. Père Alexandre était le recteur de l'église de sainte Parascève à Okhotny Ryad à Moscou. Au cours de son interrogatoire, il n'avoua aucune culpabilité, mais dit seulement qu'il avait lu l'épître de Sa Sainteté le patriarche Tikhon à l'église. Mais il refusa de révéler où il avait obtenu le texte de l'épître et le texte de la manifestation au Comité exécutif central panrusse, qui avait été signé par des centaines de croyants. Il fut extrêmement courageux lors de son procès. Lorsque les juges essayèrent de le tenter de témoigner contre d'autres personnes en échange d'une peine moindre, il refusa de donner des noms. Les juges furieux le traitèrent  d'idéologue du clergé qui avait fait preuve de la plus grande intransigeance. Quand ils emmenèrent Batiouchka sur la place Lyubanka à Moscou après le procès, il traça une énorme croix sur la foule de gens qui le saluaient.

L'archiprêtre Christopher Nadejdinj naquit dans une famille sacerdotale le 21 février 1869, dans le village de Nizhny-Beloomutsk, comté de Zaraisk, gouvernorat de Ryazan. Il fut diplômé de l'école théologique de Zaraisk, du séminaire de Ryazan et, en 1897, de l'Académie théologique de Moscou. Il commença à servir à Moscou en 1901 en tant que recteur de l'église de Saint Jean le Guerrier sur la rue Yakimanka. Il fut arrêté dans "l'affaire de la saisie d'objets de valeur de l'Église », mais n'admit aucune culpabilité, et refusa également  de révéler où il avait obtenu l'épître de Sa Sainteté le patriarche Tikhon.

Hiéromartyr Vasily Sokolov

Hiéromartyr Vasily Sokolov


Père Vasily Alexandrovich (Sokolov) naquit en 1868, dans le village de Staraya Sloboda, comté d'Alexandrov, gouvernorat de Vladimir. Il fut diplômé du séminaire de Béthanie et, en 1888, il commença à servir dans le village de Pustoe, dans le gouvernorat de Vladimir. Après la mort de son épouse, il commença à étudier à l'Académie théologique de Moscou, où il obtint son diplôme en 1910. Le 26 décembre 1910, il commença à servir à l'église de Saint Nicholas sur la rue Arbat. Au cours de son interrogatoire, il n'admit également aucune culpabilité dans l'accusation d'agitation contre la saisie des objets de valeur de l'Église.

Sergei Fedorovich Tikhomirov naquit en 1866 ou 1867 dans la famille d'un marchand moscovite de la Deuxième Guilde, qui faisait du commerce à Okhotny Ryad depuis 1867. À partir de 1895, Sergei fut enregistré comme propriétaire indépendant d'une boucherie sur la rue Arbat. Il ouvrit un deuxième magasin en 1902 à Dorogomilov, où il  déménagea en 1910. Son magasin était situé juste en face d'une église. Il fut l'un des premiers à connaître le pillage de l'église et il se précipita pour protéger les objets sacrés. Il fit également preuve d'un grand courage lors de son procès, ne demandant aucune pitié et refusant l'occasion de dire une dernière parole. Le 8 mai 1922, Sergei et dix clercs avec lui furent jugés dans le « cas de la saisie des objets de valeur de l'Église » et furent condamnés à mort.

Comme indiqué dans le protocole d'enquête, les détenus furent accusés de

transférer le blâme à la hiérarchie, en se référant à la discipline qui existait entre eux, cachant en partie leurs objectifs politiques, comme les "Scribes et les pharisiens", justifiant leur résistance "avec des mensonges sur Dieu et les lois prétendument établies par Lui qui interdisent de donner des objets de l'Église non seulement pour des œuvres de  charité, mais pas même pour sauver les vies de ceux qui mouraient de faim, malgré le fait que l'expertise juridique invitée au tribunal par un groupe de chrétiens fidèles ait catégoriquement reconnu une telle mesure comme tout à fait conforme à l'enseignement chrétien...".

Après que la suspension de la peine de mort ait été connue, les prisonniers ont déposé une pétition, avec la permission du directeur de prison, pour l'atténuation des conditions de leur détention, mais elle fut refusée. Le même jour, Staline envoya une note aux membres du Politburo :

« Le tribunal de Moscou a condamné onze personnes à mort, pour la plupart des prêtres... Kamenev suggère de se limiter à tirer sur seulement deux prêtres. Je vous demande de voter pour ou contre cette proposition... de Kamenev. Je vote personnellement contre l'annulation de la décision du tribunal. »

Un vote a eu lieu : Lénine, Trotsky, Staline et Zinoviev votèrent pour la condamnation à mort. Ainsi, le 18 mai 1922, le Politburo prit la décision finale d'exécution, bien que seulement pour cinq des onze condamnés. Ils rasèrent toutes les têtes et la barbe afin de ne pas pouvoir être reconnus comme des personnes de rang spirituel. Le 26 mai 1922, le hiérommoine Makary (Telegine), les archiprêtres Alexander Zaozersky, Christopher Nadezdhine et Vasily Sokolov, et le laïc Sergei Tikhomirov trouvèrent une fin martyre dans la salle d'archives d'une ancienne compagnie d'assurance, où ils furent abattus au sous-sol, Les corps des Nouveaux Martyrs furent transportés au cimetière de Kalitnikovskoe et enterrés dans une tombe non marquée. En août 2000, ces guerriers spirituels furent canonisés pour la vénération à l'échelle de l'Église parmi les nouveaux martyrs et confesseurs russes lors du Conseil épiscopal du jubilé de l'Église orthodoxe russe.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

mercredi 17 mai 2023

L'ÉTAT JETTE DES PIERRES AU VISAGE DE LA MÈRE DE DIEU - LUC MÉTROPOLITE DE ZAPOROJYE DE L'EGLISE IRTHODOXE UKRAINIENNE CANONIQUE

Photo : tatmitropolia.ru


Kiev, le 16 mai 2023  

Aujourd'hui est une double fête pour la Laude de la Sainte Dormition des Cavernes de Kiev, avec la célébration de saint Théodose, l'un des fondateurs de l'ancien monastère, et le transfert de l'icône thaumaturge de la Dormition thaumaturge de Constantinople à Kiev au moment de la fondation du monastère.

Sa Béatitude le Métropolite Onuphre de Kiev et toute l'Ukraine a dirigé les célébrations hier soir et aujourd'hui dans l'église de saint Agapit de la Laure des Avernes de Kiev. Des milliers de fidèles orthodoxes ont assisté à la Liturgie ce matin.

Photo : news.church.ua     

Et en l'honneur de l'icône de la Dormition, Son Eminence ée Métropolite Luc de Zaporojye a publié un texte sur l'essence de ce qui se passe en Ukraine et autour des grottes de Kiev aujourd'hui.

« La Mère de Dieu est avec ceux qui restent fidèles à l'Église du Christ. Nous sommes reconnaissants au Seigneur qu'il nous ait accordés de vivre à une époque où la foi en Dieu et la confiance en Sa providence sont mises à l'épreuve », écrit Son Éminence.

Son message dans son intégralité dit ce qui suit:

Aujourd'hui, lorsque notre Église célèbre la venue de l'icône de la Dormition de la Mère de Dieu des Cavernes de Kiev, je voudrais partager mes pensées avec ceux qui ne comprennent pas l'essence des événements qui se déroulent autour de la Laure des Cavernes de Kiev, à qui appartient réellement la Laure et sa cathédrale de la Dormition, et rappeler par qui et pourquoi elles furent construites.

La Lavra et l'église de la Dormition ont été fondées par la Reine du Ciel elle-même et ont été construites non pas pour les besoins de l'État, mais pour la prière et le labeur monastique. 

La Mère de Dieu a personnellement financé cette construction et a montré aux architectes les dimensions exactes de la future église. « Je veux me construire une église en Rus', à Kiev, et je vous dis donc de le faire. Prenez cet or », a dit la Mère de Dieu aux architectes. 

Elle leur a également donné les reliques des martyrs qui ont été posées dans la fondation de l'église, et leur a également confié son icône merveilleuse de la Dormition, qui a plus d'une fois sauvé Kiev de l'invasion des ennemis. 

La Reine du Ciel a fondé ce lieu pour le culte, pas pour [en faire] un musée, des programmes de concerts, des festivals d'art populaire et d'autres folklores. Transformer les reliques des saints en « expositions », la Laure en un « panthéon ukrainien » (littéralement polythéiste), tuer la vie spirituelle en prière du plus ancien monastère - cela équivaut à jeter des pierres sur le visage de la Mère de Dieu et de ces saints dont les reliques reposent dans les Cavernes. Vous n'avez pas besoin d'être prophète ou visionnaire pour comprendre quelles conséquences une telle audace aura pour les fous qui font cela.

Mais maintenant, nous voyons et ressentons dans nos cœurs que Dieu est avec nous. 

La Mère de Dieu est avec ceux qui restent fidèles à l'Église du Christ. Nous sommes reconnaissants au Seigneur qu'il nous ait accordés de vivre à un moment où la foi en Dieu et la confiance en Sa providence sont mises à l'épreuve. Après tout, pour nous, la question est très différente de la façon dont elle est couverte par les médias politiquement engagés. 

Ce n'est pas une question de loyauté envers une juridiction ou une autre, mais de savoir si nous resterons fidèles au Christ et à l'Évangile, si nous servirons César ou Dieu, si nous professerons des valeurs antichrétiennes et une morale qui lutte contre Dieu ou si nous resterons fidèles aux commandements de Dieu. C'est le choix que chacun de nous fait aujourd'hui.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

ORTHOCHRISTIAN

Paroles et anecdotes de Père Païssios

 

Le moine ne devrait pas se justifier, même quand il a raison, parce que la justification fait un abri pour les démons de l'âme humaine.

*

Les anciens du passé ont vécu une vie très austère et le grand Carême n'était pas facile. C'est pourquoi saint ThéodoreStudite dit : lorsque le Carême est réduit de moitié, rassemblons un peu de courage pour l'autre moitié.

*

Le Diable quand il y a un dialogue entre lui et l'âme, il comprend les pensées, les réponses de l'âme. C'est pourquoi il semble qu'il répond parfois le contraire. Mais il ne peut pas comprendre nos bonnes pensées.

*

Le staretz a dit à quelqu'un qui lui a rendu visite à Stomio que lorsqu'il voulait lire la Paraclèse de la Mère de Dieu, il lisait d'abord quelques tropaires du Grand canon qu'il avait copié dans un cahier. Et cela parce qu'il se sentait indigne de prier la Mère de Dieu.

*

Quand un serpent vous rencontre, il vous regarde d'abord, vous étudie et s'il voit que vous avez la grâce du Saint-Esprit, s'approche de vous, vous reconnaît comme maître, vous lèche et vous adore parce qu'il ressent la grâce du Saint-Esprit. Tous les animaux ressentent cela. Mais si vous n'avez pas la grâce, il a peur de vous, est dégoûté par vous et s'enfuit.

*

La montagne sainte s'épanouira. Il y aura des ermites qui atteindront des niveaux spirituels élevés. Il y aura de bons moines, les monastères seront pleins. Les choses humaines d'aujourd'hui sont très bonnes. Et la génération à venir fera de bonnes choses. Alors il y en aura d'autres qui seront blessés par le monde. Et parce qu'ils feront l'expérience de tout et qu'ils ne trouveront la paix nulle part, ils ne voudront pas devenir moines. Mais même eux pourraient s'améliorer s'ils le voulaient. (ceci fut dit en 1978)

*

L'abstention des passions charnelles rend l'homme plus fort. Et s'il a une vie spirituelle, il devient spirituellement fort.

*

La vigile que nous, les moines, faisons est un réfectoire plein de plats spirituels.

*

Nous ne devrions que dire la prière de Jésus et laisser le chien aboyer (en se référant au Diable qui nous apporte des pensées). Il nous laissera tranquilles parce qu'il dira : je ne vais pas faire un saint de celui-ci aussi !

*

Le moine devrait apprendre la théologie pratique, pas la théologie académique.

*

Quelqu'un prie Dieu d'ouvrir les yeux pour voir spirituellement et immédiatement après avoir ouvert un œil, il commence à torturer les autres qui ne voient pas. Même Dieu ne sait pas quoi faire. S'il ne voit pas, il ne supporte pas. S'il voit un peu, il torture les autres.

*

Il y a quelque temps, un jeune homme est venu d'Athènes pour devenir moine. L'amour de ses proches ne lui a pas permis de trouver la paix. C'est pourquoi il est retourné chez lui. Mais la nostalgie de la vie monacale l'a ramené à la Sainte Montagne. Cela s'est répété de nombreuses fois. En fin de compte, il a décidé que si sa pensée lui disait d'aller dans le monde, d'y aller à pied. Et en effet, il est allé à pied à Athènes. Et quand il a voulu revenir à la Sainte Montagne , il est venu de la même manière. Le bon Dieu voyant son labeur l'a aidé. Il est resté à l'Athos, est devenu moine et a évolué.

*

Avant le mal était peu. Un moine était meilleur que l'autre. Peu étaient téméraires. Et s'il y en avait un téméraire, les autres l'aidaient. Maintenant, ils ne peuvent pas comprendre ce qui est chose mondaine et ce qui est est monacal. Avant  le bien était bien, puis l'atmosphère générale a aidé cela. De nos jours, il faut un grand discernement.

*

Il y a peu de situations où quelque chose arrive à glorifier le Nom de Dieu, comme c'était le cas avec les aveugles dès la naissance. Dans les autres situations, les lois spirituelles fonctionnent. L'homme tire la grâce de Dieu. Par exemple, il se tient en l'air la bouche ouverte. Puis il prie pour être guéri. Mais quand quelqu'un se tient en l'air et qu'il n'en est pas conscient, Dieu l'aide.

*

Quand quelqu'un chante des psaumes même s'il ne connaît pas les notes, l'autre qui l'entend comprend s'il chante pour Dieu ou pour le monde.

*

Rien ne se passe si Dieu ne le permet pas. Même le Diable a demandé la permission d'aller dans les porcs. Le Diable n'a aucun pouvoir quand l'homme ne lui donne pas de droits. Le Diable a peur d'un homme comme celui-ci et si un diabolique en voit un comme celui-ci, il ressent de l'anxiété. Il faut de l'humilité.

*

Quand quelqu'un a de l'humilité, il n'irrite pas même les orgueilleux. L'égoïste se sent dérangé par l'égoïste. Mais il se prévaut de l'humble parce qu'il a de la grâce.

*

L'humble est trahi par la Grâce de Dieu et il devient aimé de tous. Pour recevoir la grâce, il faut quitter l'égoïsme, l'orgueil, l'envie, la vanité. Nous devons nous humilier pour nous en débarrasser. Pour nous humilier, nous devons avoir l'obéissance pour couper notre propre volonté.

*

Il n'est pas nécessaire de donner des explications. Peu importe si nous faisons des erreurs ou non, nous devrions nous excuser. De cette façon, nous nous humilions et recevons la grâce. Si nous sommes calomniés injustement, nous devrions endurer l'injustice volontiers pour expier un péché ou un autre. Quand nous étions dans le monde, n'avons-nous pas contrarié nos parents, nos frères et d'autres personnes ? Comment ces péchés seront-ils expiés ? Seulement avec la confession et la prière pour l'absolution ?

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

Extrait du livre

 FROM THE ASCETIC AND HESYCHAST TRADITION OF THE HOLY MOUNTAIN` - Evanghelismos Publishing, 2016.

mardi 16 mai 2023

La confession d'un saint staretz

Saint staretz Philothée [Zervakos]

La confession d'un saint staretz, Père Philothée [Zervakos] - trouvée après sa mort, parmi ses notes :

-Je n'aime pas Dieu de tout mon cœur et de tout mon esprit.

-Je ne suis pas les commandements de Dieu.

– Je ne prie pas et je n'étudie attentivement.

- Aux saints offices et vigiles, même pendant la sainte Liturgie, je me tiens dans l'église sans crainte, attention et piété.

-Beaucoup de fois, j'ai des pensées éhontées, sales et blasphématoires.

-Je n'ai pas de vrai repentir, de tristesse ou de larmes.

-Je ne me confesse pas sincèrement et avec le cœur broyé ; je n'ai pas la conscience que ma confession est faite devant le Dieu omniscient, Qui est partout.

-Je n'aime pas mon frère comme je m'aime moi-même.

- Je suis fier, répréhensible, j'aime la vaine gloire, je m'aime, je parle, je cherche à être admiré par les gens, je parle de choses vaines, je parle en excès, je plaisante et je ris de choses stupides, je calomnie, je juge, je condamne, je mens, je me mets en colère.

-Je n'ai pas de retenue, de patience, de douceur, d'humilité.

-Je suis l'esclave de mon estomac, gourmand, je mange en secret, je suis capricieux et inconstant.

-Je pèche par mes paroles et mes actes, volontairement et involontairement, consciemment et inconsciemment ; je suis oisif et paresseux et pour cette raison, j'ai souvent de mauvais désirs  et des pensées honteuses, sales et orgueilleuses.

Pour ces péchés, que j'ai confessés devant Dieu et devant toi, Père et pour beaucoup d'innombrables autres, que j'ai oublié de confesser, à cause de mon oubli ou de mon ignorance, je demande pardon à Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

lundi 15 mai 2023

"LES VANDALES ONT BU LE VIN DE LA COUPE DE LA COMMUNION..."



L'archiprêtre Victor Potapov sur la profanation d'une chapelle à Washington

Le week-end dernier, un incident inédit s'est produit à Washington. Des vandales ont saccagé une chapelle orthodoxe dans la section russe du cimetière de Rock Creek. L'archiprêtre Viktor Potapov, recteur de la paroisse Saint-Jean-Baptiste, propriétaire de la parcelle, s'est exprimé sur l'incident.
- Père Victor, dites-nous ce qui est arrivé à la chapelle.

- Le cimetière de Rock Creek est le plus ancien de Washington, il a été fondé au XVIIIe siècle. Notre paroisse Saint-Jean-Baptiste possède une grande parcelle où des centaines de nos paroissiens sont enterrés.

En 1988, lorsque le millénaire du baptême de Russie a été célébré, nous y avons construit une chapelle, qui a été consacrée au nom de l'icône de la Mère de Dieu d'Iveron de Montréal  qui sécrète du myrrhon

Habituellement, 3-4 offices y sont organisés par an, les jours de commémoration des défunts.

À l'extérieur, la chapelle est décorée de deux mosaïques : l'icône d'Iveron devant et l'image du Sauveur derrière. À l'intérieur, il y a des fresques de Saint-Jean de Changhai et de San Francisco, qui ont fondé notre paroisse en 1949, et du frère Joseph Muñoz-Cortez, gardien de l'icône de Montréal. Comme le frère Joseph n'est pas canonisé, il est représenté sans auréole autour de sa tête.

Une de nos paroissiennes, dont le fils est enterré dans le cimetière, vient à sa tombe le dimanche après la liturgie dans l'église. Cette fois-ci, elle m'a informé que la fenêtre de la chapelle était cassée et que la porte était ouverte. Cela laisse supposer que des vandales (ou qui que ce soit) ont pénétré à l'intérieur par une fenêtre cassée.

En arrivant au cimetière, j'ai demandé à un agent de sécurité de venir avec moi. En entrant dans la chapelle, nous avons vu que le casier où étaient stockées les objets liturgiques était ouvert et que tout était éparpillé sur le sol. Dans la coupe dans laquelle nous recevons les Saints Dons, il y avait du vin - quelqu'un avait ouvert la bouteille. Il y avait aussi une photo d'un homme allongé dans la coupe.

Mais le pire, c'est que quelqu'un a badigeonné l'icône de saint Jean de Changhai avec de la peinture dorée. Son visage est barbouillé, et certaines lettres sont écrites à côté de lui - latines ou grecques. Il y avait aussi de la peinture sur d'autres parties du mur.

- Est-ce que quelque chose comme ça s'est déjà produit ?

- Notre chapelle est dans le cimetière depuis 1988, c'est-à-dire depuis 35 ans. Et pendant tout ce temps, aucun incident ne s'est produit. Aucune tombe n'a été profanée, personne n'a attaqué la chapelle. Bien sûr, nous sommes très préoccupés et alarmés par ce qui s'est passé.

- Qu'allez-vous faire ?

- Je vais rencontrer l'administration du cimetière, déposer un rapport auprès de la police. J'espère qu'ils comprendront quelque chose dans les lettres qui ont été écrites sur les murs. Peut-être qu'elles ont un sens.

- Avez-vous des théories sur ce que cela pourrait être ?

- Absolument aucune. Bien sûr, il y a des théories selon lesquelles il s'agit d'un crime de haine en relation avec la guerre en Ukraine et que nous sommes Russes. Vous savez, les gens regardent et lisent les principaux médias américains, qui sont très anti-russes, et peut-être que nous venons de devenir une cible. Il peut également s'agir d'un acte de vandalisme ou d'une action anti-chrétienne. Dans tous les cas, la ou les personnes qui l'ont fait n'ont ni compréhension ni respect pour la religion chrétienne. On a l'impression que l'époque bolchevik est revenue.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Une main tendue aux orthodoxes ukrainiens par le Conseil œcuménique des Églises




Le Conseil œcuménique des Églises (COE) a pris à cœur la souffrance de l'Église orthodoxe ukrainienne [canonique]en envoyant à Kiev une délégation de haut niveau pour soutenir les orthodoxes contre ce qui est désormais considéré comme des violations systématiques de l'État ukrainien.

La délégation de la COE comprend le pasteur presbitérien Jerry Pillay, secrétaire général du Conseil, l'évêque luthérien Heinrich Bedford-Strohm, l'archevêque arménien Vicken Aykazian, l'expert en pacification internationale Peter Prove et le directeur des relations œcuméniques Vasile-Octavian Mihoc.

Le 11 mai 2023, la délégation, arrivée à Kiev depuis la Suisse, a participé à la veillée de prière présidée par le métropolite Varsanuphe de Vinnitsa à la Laure des Cavernes de Kiev, .

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

dimanche 14 mai 2023

DIMANCHE DE LA SAMARITAINE


En ce cinquième dimanche de Pâques, nous lisons le récit évangélique de la rencontre du Seigneur avec la Samaritaine au puits de Jacob, c'est pourquoi ce jour est désigné comme le dimanche de la Samaritaine. En outre, le calendrier des saints nous donne aujourd'hui une foule de noms, dont ceux de saint Asaph et sainte Tamara.

Saint Asaph

La ville de saint Asaph, au Pays de Galles, est nommée en l'honneur de ce saint. Malheureusement, il n'existe pas de vie écrite complète de ce saint, mais nous le rencontrons dans la vie de saint Kentigern Mungo, fondateur du diocèse de Glasgow, écrite par Jocelyn de Furness. Au milieu du VIe siècle, saint Kentigern fut temporairement exilé. Il se rendit alors au Pays de Galles où il fonda un monastère celtique à Llanelwy (l'église sur la rivière Elwy), aujourd'hui connu sous le nom de Saint Asaph. La tradition veut que ce monastère ait attiré plus de 900 moines, dont Asaph. saint Kentigern priait souvent debout dans les eaux glacées de la rivière, ce qui était une coutume celtique courante. Un jour, Kentigern souffrit tellement du froid qu'il envoya le jeune Asaph chercher du bois pour faire du feu. Asaph lui apporta des charbons ardents qu'il portait dans son tablier. Ce miracle convainquit Kentigern de la sainteté de son disciple. Lorsque Kentigern retourna à Strathclyde, Asaph fut consacré évêque pour lui succéder, devenant ainsi le premier évêque gallois du diocèse. Saint Asaph est mort à la toute fin du VIe siècle, probablement vers l'an 596.

Sainte Tamara

Née en 1160, Tamara est la fille du roi Georges III de Géorgie et de son épouse Burdukhan, fille du roi d'Alania. En 1178, Tamara fut proclamée co-souveraine par son père et devient reine régnante à la mort de celui-ci en 1184. L'année suivante, un mariage fut arrangé avec le prince Yuri de Vladimir-Suzdal, qui était un commandant militaire compétent. Cependant, sa moralité était loin d'être admirable. Il divorça et fut exilé de Géorgie en 1187. En 1191, Tamara épousa un prince albanais, David Soslan, dont elle eut deux enfants, George et sa sœur Rusudan. La Géorgie était en butte à l'hostilité de ses voisins musulmans, en particulier Abu Bakr de l'Azerbaïdjan perse, qui fut vaincu par le prince David à la bataille de Shamkor en 1195. La Géorgie devint une force puissante dans la région et remporta plusieurs succès militaires contre les agressions musulmanes, notamment la défaite du sultan Rukn al-Din à Basiani en 1203. Tamara attribuait toujours ses victoires à la miséricorde de Dieu et exhortait son peuple à persévérer dans la foi, la prière et le jeûne. Lorsque la tristement célèbre quatrième croisade attaqua et s'empara de Constantinople en 1204, l'empire se fragmenta en trois parties : l'Empire de Nicée, le Despotat d'Épire et l'Empire de Trébizonde. Ce dernier est créé par Alexis Comnene et son frère David, avec le soutien militaire de la Géorgie. Les deux princes byzantins étaient apparentés à Tamara et avaient été élevés à la cour géorgienne. Les succès militaires renforcèrent la foi de Tamara. Le jour, elle se consacrait aux affaires de l'État et la nuit, elle passait des heures à prier le Seigneur pour qu'il renforce la foi du peuple et son amour de l'Église géorgienne. Elle fonda des églises et des monastères, non seulement en Géorgie, mais aussi en Palestine et dans de nombreux autres endroits. En outre, elle abolit la peine de mort et toutes les formes de torture. Le régime personnel strict de Tamara eut des répercussions sur sa santé et elle en souffrit beaucoup . Elle garda longtemps le secret jusqu'à ce qu'elle doive enfin demander l'aide de médecins, mais en vain. La sainte et pieuse reine reposa auprès du Seigneur en 1213.

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Dans la lecture d'aujourd'hui des Actes des Apôtres (Actes 11, 19-26, 29-30), saint Luc poursuit son récit de la formation initiale de l'Église. Au départ, l'Église avait tendance à se replier sur elle-même, mais deux événements provoquèrent un changement. Le chapitre 10 relate l'histoire de la conversion de Corneille le centurion, un païen, ce qui suscita une certaine controverse à l'époque. Selon la tradition, il devint évêque et a termina sa vie en martyr. Le deuxième facteur est la persécution des disciples du Christ, qui, comme l'observe saint Jean Chrysostome, "s'est avérée très bénéfique" pour la prédication de l'Évangile. Les apôtres et leurs disciples étaient dispersés dans toute la Méditerranée orientale grecque, ce qui les mettait en contact quotidien avec les païens de Chypre, d'Antioche et de nombreux autres endroits. Ces contacts aboutirent à la conversion de nombreux païens à la foi en Christ. En effet, la grande ville d'Antioche devint un centre important de la foi. À tel point que, comme le dit saint Luc au verset 26, c'est d'abord à Antioche que les disciples furent appelés chrétiens. Ensuite, lorsque les fidèles de Judée étaient dans le besoin, les chrétiens d'Antioche leur envoyaient de l'aide matérielle.

Le Christ et la Samaritaine

La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui (Jean 4, 5-42) est le récit long et complexe de la rencontre du Christ avec la Samaritaine, au puits de Jacob. La tradition grecque se souvient d'elle sous le nom de Photina. Le nom actuel de l'endroit où se trouve le puits de Jacob est Naplouse (bien qu'à l'époque il soit connu sous le nom de Sychar) et il peut encore être visité par des pèlerins.

La femme fut surprise par sa rencontre avec le Christ car, comme elle l'a dit, les Juifs n'avaient pas de relations avec les Samaritains. Ce facteur est essentiel pour comprendre le sens de l'histoire. La région où vivaient les Samaritains était à l'origine une colonie juive. Cependant, Dieu permit que ce peuple soit attaqué par les Assyriens et emmené en captivité. Les souverains assyriens réinstallèrent dans la région d'autres personnes, avec  des sujets de leur empire qui étaient païens et non juifs. À l'époque, on croyait à tort qu'il existait des dieux locaux exclusivement attachés à divers lieux. Les choses n'allaient pas bien pour les colons et ils demandèrent au roi assyrien de leur envoyer un prêtre juif pour les instruire dans la religion, telle qu'ils la concevaient, du dieu local. Ils n'acceptèrent que le contenu des cinq livres de Moïse, à savoir la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Telle était la base de la religion samaritaine. Du point de vue du Temple de Jérusalem, c'était insuffisant et inacceptable. Les Juifs refusèrent donc  d'accepter les Samaritains pour des raisons doctrinales et ethniques.

Cependant, le lieu de cette histoire est le puits de Jacob. Les Samaritains se considéraient comme les descendants d'Abraham et de Jacob parce qu'ils partageaient les mêmes origines géographiques. Rappelons qu'Abraham était originaire de la ville chaldéenne d'Ur.

Lors de la conversation entre le Christ et la femme, celle-ci a clairement indiqué qu'elle connaissait les prophéties concernant la venue du Messie. Le Christ oriente doucement la conversation de manière à pouvoir révéler Sa véritable identité. Il ne l'a pas alarmée en le lui disant trop vite. Pour commencer, il lui demande simplement de l'eau à boire. Ensuite, il a utilisé une métaphore pour le Saint-Esprit en parlant d'eau vive. Au début, elle comprit mal la référence et pensa que le Christ parlait d'une sorte d'eau magique qui lui épargnerait le travail quotidien de puiser de l'eau dans ce puits très profond. Malgré cela, elle fut impressionnée et demanda si le Christ était plus grand que le très vénéré Jacob qui leur avait donné le puits. Lorsque le Christ regarda dans son cœur et dans son âme, lui disant qu'il connaissait l'histoire de sa vie, la femme réalisa qu'elle était en présence de quelqu'un d'extrêmement exceptionnel.

La Samaritaine apprit et comprit vite . Ainsi, le Christ ne parle plus par métaphores, mais avec précision. Les Samaritains étaient obsédés par leur "montagne sacrée", qu'ils considéraient comme le seul véritable lieu d'adoration de Dieu. Or, les Juifs n'étaient pas meilleurs puisqu'ils pensaient de la même manière au Temple, à Jérusalem. Ainsi, le Christ explique que la vraie foi ne dépend ni de l'identité ethnique ni d'un lieu particulier et que, par conséquent, les Juifs et les Samaritains se trompent à cet égard. La vraie foi est dans nos cœurs, de sorte que Dieu est véritablement honoré et adoré en esprit et en vérité. Enfin, le Christ permit à la femme d'aller dans la ville, en tant que missionnaire, pour répandre la bonne nouvelle. Ce faisant, elle amena de nombreuses âmes au Christ.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND