"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Portrait Spirituel de Jordanville (13)
"Combien de temps cet hiver va-t-il encore durer?" me demanda un jour Levouchka. Désirant faire l'intéressant, je répliquai avec une certaine autosatisfaction: " Jusqu'à la fin du monde; et ensuite ce sera un éternel été!" ( Levouchka et Leva sont des diminutifs affectueux du nom Lev [Léon]) Leva y réfléchit pendant un moment, puis il dit lentement: " Il fera extrêmement chaud là. Je fus très choqué: il avait raison à ce propos, puisqu'il est vrai qu'il fera réellement chaud dans l'Hadès pour les gens qui ne surveillent pas leur langue comme moi. Tandis que j'étais en service à l'imprimerie, je me désolais souvent que nous ne traitions pas avec la révérence qui convient les images des saints et les icônes, et ainsi, elles finissaient souvent dans la corbeille à papier, avec le reste des papiers jetés de l'imprimerie. Et ainsi, un incident instructif arriva . Entrant dans l'atelier d'imprimerie, je trouvai Leva qui fouillait dans la corbeille à pepier. Il avait des ciseaux à la main et il coupait quelque chose sur des feuilles de papier sales et froissées. 
"Que fais-tu là? lui demandai-je. Je suis entrain de sauver Maximovitch et Popovitch, répondit Leva et il me montra les deux portraits du hiérarque Jean ( Maximovitch) et du vénérable père Justin ( Popovitch) qu'il avait découpés sur des feuilles de papier qui avaient été jetées.
Levouchka aimait passer son temps libre dans le réfectoire des ouvriers- c'est ainsi qu'on appelle la pièce entre la cuisine et le réfectoire des frères. Habituellement Leva est assis là et demande qux gens de lui verser du café ou du lait, ou de lui apporter une assiette de pommes de terre. D'ailleurs, quelqu'un a remarqué en plaisantant que bien qu'il soit un peu fou, Leva a certainement des habitudes d'aristocrate- il ne pourrait se passer de serviteurs. Il se peut qu'il y ait du vrai dans cette remarque, je ne sais pas. Pourtant, un jour, je remarquai que l'attitude de Leva avait changé: il ne s'asseyait pas un seul instant, tendant quelque chose à une personne assise dans le réfectoire, puis à une autre, apportant des assiettes propres, essuyant les tables pour qu'elles soient propres: en un mot, il se comportait comme s'il était le serviteur de tous. Je demandai à Leva pourquoi il se comportait ainsi. Et il répondit avec lenteur, sincèrement et joyeusement:" aujourd'hui c'est la commémoration de saint Léon, Pape." C'est alors que je saisis son idée: c'était sa fête onomastique et il n'avait pas d'endroit où il pouvait recevoir des invités. Et c'est pourquoi il traitait chacun dans le réfectoire des ouvriers, comme un invité à honorer.
*
L'anecdote suivante eut lieu durant la seconde moitié des années nonante.
Un des disciples de l'archimandrite Cyprien, le hiéromoine André ( Erastov), alors chargé à Jordanville de l'atelier de peinture d'icônes, décida d'emprunter un livre de spiritualité à la bibliothèque du monastère. Mais quel livre devait-il prendre? La bibliothèque du monastère a une grand variété de livres. En fouillant parmi les livres, pour une raison inconnue, il choisit les lettres de Georges, reclus de Zadonsk. Ces lettres firent une forte impression sur Père André. Elles le surprirent par leur profondeur spirituelle et leur évidente qualité.
Peu de temps après, l'higoumène du monastère, Vladika Laure, d'une manière tout à fait fortuite, lui donna un fragment des reliques du juste Georges qui lui avait été envoyées de Zadonsk où avait eu lieu la glorification de ce pieux zélote. Vladika dit à Père André de peindre une icône de ce saint et d'y insérer le fragment de ses reliques. Evidemment, Père André fut étonné par cette coïncidence. Il se trouvait que saint Georges avait l'avait averti et préparé à peindre son icône. Père André accomplit son obédience d'une manière digne. Et à présent l'icône de saint Georges le reclus, la première à avoir  été peinte en dehors de la Russie, est dans la chapelle des vénérables startsy d'Optina, sises au troisième étage du bâtiment des frères à Jordanville.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

vendredi 1 août 2008

Oraison psalmique


Icône du Christ Pantocrator XIIIe monastère Sainte Catherine du mont Sinaï
Nous ne Te demandons qu’une seule chose Seigneur; 
Nous requerrons une seule chose: 
Habiter en Ta maison 
Tous les jours de notre vie; 
Tu combleras le désir de nos cœurs,
 Si Tu accueilles notre vie dans Ta demeure.

Oraisons Psalmiques Espagnoles 
(VIIème siècle)

Eglises orthodoxes russes

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


De droite à gauche: P. Alipy (futur Archevêque de Chicago and Detroit),
P. Flor (plus tard archimandrite), archimandrite Cyprien (Pijov),
P. Laure (avant-dernier Métropolite de L'Eglise Russe A l'Etranger)
de bienheureuse mémoire!
Portrait spirituel de Jordanville ( 12)
La capacité de travail de Père Cyprien était étonnante. Il pouvait passer toute la journée à peindre l'église depuis le haut d'un échaffaudage sous la coupole, dans la chaleur étouffante de l'été, alors que ses jeunes assistants n'y pouvaient tenir une seule heure. Il faisait cela même lorsqu'il était déjà âgé de plus de huitante ans. Un jour, Père Cyprien a dit que lorsqu'il grimpait sur l'échaffaudage, tous ses maux et toutes ses douleurs disparaissaient et il en vint immédiatement à la conclusion suivante: "Cela signifie que ma mission devant Dieu est de peindre des églises." Et il en arriva à cette conclusion après avoir peint plus d'une dizaine d'églises de l'Eglise Russe à l'Etranger. Agé de huitante ans, Père Cyprien participait encore aux obédiences collectives comme la cueillette des pommes de terre ou le travail dans la cuisine les dimanche et jours de fête.. Il était souvent de service à la cuisine, et habituellement son menu comprenait de la "kacha gouriev" ( crême de sarrasin préparée avec une épaise crême, des noix moulues, des raisins de Corinthe et de la confiture.) et du chtchti ( soupe de chou traditionnelle) aigre. Il se mettait lui-même à ce service de la cuisine, car c'était lui qui établissait la liste des obédiences collectives, même quand il approchait déjà l'âge de nonante ans.
Il avait une attitude particulière vis-à-vis de la critique de son travail. Il acceptait la critique lorsqu'elle était fondée, mais lorsqu'elle venait d'un désir de briller, il n'avait aucune pitié. Une fois, je montrai une faute quelconque que Père Cyprien corrigea immédiatement. Inspiré par cela, je décidai de trouver d'autres corrections à effectuer et en réponse, j'entendis une des épigrammes d'Alexandre Pouchkine, dans l'artiste et le cordonnier: " Ami, ne songe pas à juger de choses plus hautes qu'une botte."
Les travaux des autres, il les critiquait d'une manière quelque peu directe, sans tourner autour du pot. Si des iconographes débutants n'acceptaient pas ses commentaires, il disait d'eux: " Ils ne grandiront pas. Quand un homme ne peut accepter la critique, cela signifie qu'il est un talent mort." Quand les gens lui montraient les peintures ornant les murs maisons des laïcs et lui demandaient son opinion, si le tableau était sans mérites, Père Cyprien répondait: " Le cxadre est beau!" Il ne faisait pas l'hypocrite.
Il restait toujours lui-même et disait la vérité sans prêter attention à la personne à laquelle il parlait. peu importait que ce fût le Métropolite Philarète ou Vitaly ou le célèbre violoncelliste Mtislav Rostropovitch- tous devaient entendre les paroles de Père Cyprien, sans aucune forme de censure. Si quelqu'un l'appelait "staretz", il répondait " Je ne suis un staretz, je suis un vieil homme ( jeu de mot sur la racine commune en russe à ces deux mots, que l'on pourrait rendre en français par Ancien et vieux!). Père cyprien détestait aussi les diminutifs affectueux. Un jour une dame vint vers lui pour une bénédiction et lui dit " Père Cyprien, puis avoir votre petite main?" " Ce sont seulement les portes qui ont de petites mains, des "poignées" fut la réponse d'un ton tranchant reçue de Père Cyprien. Une autre fois, "Père, aimeriez-vous un goûter?" Et la réponse fut: " Ce sont les enfants qui prennent un goûter, les adultes mangent." 
Père Cyprien était par-dessus tout respectueux de la langue russe. Au réfectoire, il s'asseyait près du lecteur. Combien de séminaristes et de moines  furent interrompus pendant lecture des "Vie des Saints", quand Père Cyprien corrigeait leur mauvaise prononciation de mots russes; combien d'entre eux grâce à lui eurent l'occasion d'améliorer leur russe pendant leur cinq années passées au séminaire.
Père Cyprien vénéra toujours profondément le hiérarque Jean ( Maximovitch9 et il fut proche de lui. Vladika John voulait que Père Cyprien devienne Evêque, mais ce dernier refusa toujours. Un jour, ils fixèrent même une date pour son ordination au synode, mais Père Cyprien ne vint pas au rendez-vous! Un jour, nous commençâmes à parler de Vladika Jean et de la manière avec laquelle il fut persécuté. " Oui, beaucoup de gens ne comprenaient pas Vladika Jean," dit Père Cyprien. Imaginez: J'arrive au Synode, il est assis profondément endormi, sa soutane légèrement entrouverte laissant voir ses ses pieds nus avec des bandages. Quel Prince de l'Eglise était-ce là pour ses ennemis?" Il faut dire que les bleus sur les jambes du hiérarque sont dues à son exploit ascétique constant de rester éveillé. Je me souviens d'un autre incident le concernant qui m'a été relaté par Père Cyprien. Un jour, alors qu'il était à New York, il alla avec Vladika rendre visite à un prêtre qui s'occupait beaucoup de teintures à base d'alcool. Il commença à leur montrer les différentes teintures expliquant avec ferveur quelle teinture était utilisée pour chaque maladie. Vladika l'écouta jusqu'au bout et puis il dit. " Je vois que vous avez des teintures pour toutes les maladies sauf une!" " Laquelle ?" demanda le prêtre avec intérêt. "L'alcoolisme," répondit Vladika.
Le saint hiérarque Jean resta proche de Père Cyprien même après sa mort. Père Cyprien avait pris l'habitude laïque de s'asseoir jambes croisées. Un matin, je m'arrêtai à sa cellule et il me dit: " J'ai rêvé de Vladika Jean aujourd'hui, c'était comme si nous étions assis ensemble sur un banc et que nous parlions. Soudain, il croisa ses jambes. Je sentis aussitôt combien cela était inapproprié pour qulequ'un de son rang, et il me regarda d'un air taquin et c'est alors que je compris qu'il me reprenait pour mon geste."
Père Cyprien était un cueilleur de champignons passionné; il avait commencé à ramasser des cahmpignons enfant dans son Bejetsk natal. Dès que commençait la saison des champignons, il prenait son panier et partait dans les bois. Il ramassait toutes sortes de champignons et, comme il n'y avait aucun champignon de cette région qui lui était familiers, à l'exception de deux, il leur donna lui-même des noms de son invention. Par exemple " cascade", était le nom d'un étrange champignon qui ressemblait à une cascade gelée. Quelquefois, il essyait de savoir si les champignons étaient comestibles en les goûtant. un jour, je passai près de sa cellule et je le vis allongé sur le lit et fixant le plafond. " Qu'est-ce qui ne va pas Père Cyprien, vous ne vous sentez pas bien?" " Eh bien j'ai mangé un champignon bizarre et maintenant j'attends les résultats..." me répondit-il. Une autre fois, il m'offrit une cuillère avec un morceau de champignon déjà cuit, m'assurant que c'était un régal!" Je le regardai, cétait un agaric tue-mouches bouilli. "Non," Dis-je" Père Cyprien, jamais de la vie, c'est un agaric tue-mouches!" " Ce n'est pas un agaric tue-mouches, c'est un régal, mange-le!" dit-il. "Non, Père, excuse-moi!" "Mange-le par obéissance!" Je dus le manger et il se trouva que ce n'était pas un agaric tue-mouches, mais un champignon très savoureux, même s'il était rose avec des points blancs.
 Père Cyprien gardait son sens de l'humour même dans les situations les plus tragiques. Un jour il tomba malade, si malade que Père André l'iconographe et moi-même, pensions aller appeler une ambulance. En derniers recours, cependant, nous décidâmes d'emprunter un livre de doagnostic et conseils médicaux  à Père Michel Pomazansky, pour déterminer ce qu'il avait d'après ses symptômes. Nous entrâmes avec le livre dans la cellule de Père Cyprien, l'air triste. Depuis son lit Père Cyprien leva les yeux sur nous et demanda: " Vous êtes déjà venus pour lire le psautier pour moi?" " Non, c'est un livre d'automédication; nous voulons seulement savoir ce qui ne va pas." Nous commençâmes à discuter à haute voix pour savoir par où nous commencerions. Et venant de son lit sa voix se fit entendre à nouveau: " Lisez simplement tout depuis le début jusqu'à la fin comme vous lisez le psautier."
Et le Père Benjamin termine ici ses réminiscences de Père Cyprien en disant: "La porte de sa cellule était toujours ouverte à quiconque voulait lui parler, qu'il soit évêque, ou seminariste de première année. Sa chaleureuse affection, exempte de toute sorte d'onctuosité, faisait toujours vibrer une corde  dans les âmes de nombreux visiteurs qui venaient vers lui."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville

jeudi 31 juillet 2008

Molitva Russkikh (The Prayer of the Russians)

Saint Nil le Myrrhoblyte: L'amour de l'argent


Нил Мироточивый

LA RACINE DU MAL EST L’AVARICE 
ou L’AMOUR DE L’ARGENT
L’avarice est annonciatrice de l’Antéchrist. Le Saint Esprit, par les Prophètes, a prophétisé l’économie de l’incarnation du Christ, les Prophètes annoncèrent la Vérité au monde. A l’opposé, l’avarice a apporté au monde la fausseté. L’absence de vérité conduira à l’incarnation de destruction quand la grande tribulation viendra sur le monde. Comme les paroles des Prophètes prévoyaient l’économie de l’incarnation du salut, de même l’augmentation des soins apportés à l’acquisition de propriétés et de revenu est prégnante de la proximité de l’incarnation du royaume de destruction du monde, de la naissance de l’Antéchrist qui sera un réceptacle diabolique achevé et la destruction incarnée.
De même que le Précurseur et Baptiste prêchait le baptême dans la Vérité, et convertissait alors le peuple à la Voie du Salut, ainsi au contraire, les nombreuses préoccupations de l’homme enténèbreront ses sentiments et le rendront insensible au salut. A cause de leur préoccupation des choses corporelles, les hommes ne se soucieront plus de leur salut, ils ne ressentiront ni le désir de la vie éternelle, ni la crainte du jugement dernier.
De cette manière les hommes perdront le sentiment (le sentiment intérieur, la vision spirituelle, la méthode par laquelle nous atteignons à une connaissance supérieure) et ils ne seront pas capables de percevoir Dieu. Ils s’adonneront à la boisson et à la gloutonnerie de mets fins et ils s’entoureront de beaux bâtiments à l’architecture magnifique. Dans ces plaisirs, ils s’abandonneront à leurs sens corporels, ne satisfaisant que la chair, comme pour la préparer à une éternelle orgie festive. Comme ils ne s’occuperont que de leurs sens charnels, ils ne rechercheront que les mets raffinés et s’efforceront de n’atteindre qu’à ce but. Par une telle attirance envers la souillure charnelle, les hommes deviendront abominables aux yeux de Dieu. Oui, Dieu les abhorrera, comme Il abhorra le peuple d’avant le déluge, mais du moins montra-t-Il envers lui de la miséricorde, ne serait-ce que par l’Arche de repentance. Dieu désirait que son peuple de toujours, voyant la construction de l’Arche se repente, mais ce peuple tourna ses regards vers la chair, devint insensible à Dieu et à l’Arche et ne put comprendre le sens de l’Arche. Cette insensibilité les conduisit dans les profondeurs des eaux [où ils périrent].
Saint Nil le Myrrhoblite du Mont Athos 
Version française Claude Lopez-Ginisty

mercredi 30 juillet 2008

La Prière du cœur pour les laïcs


Elder Joseph
LA PRIERE DU CŒUR 
POUR LES FIDELES 
QUI VIVENT DANS LE MONDE 
par 
Geronda Joseph l'hésychaste
( Mont Athos)
On me pose la question de savoir “s’il est possible à ceux qui vivent dans le monde de pratiquer la prière noétique”. La réponse est oui! Afin de rendre cette affirmation claire à ceux qui sont intéressés et d’informer ceux qui ne sont pas conscients de cette possibilité, nous allons brièvement expliquer afin que nul ne soit dans l’embarras à cause des diverses interprétations et définitions qui sont données de la prière noétique.
En général, la prière est la seule occupation et la seule vertu obligatoire et indispensable à tout être rationnel, qu’il soit doué de sensations et de pensée, qu’il soit humain ou angélique. C’est la raison pour laquelle [l’apôtre Paul] nous enjoint de prier sans cesse.
La prière n’est pas divisée dogmatiquement en types et méthodes mais, selon les Pères, tout type de prière et toute méthode de prière est bénéfique, pour autant qu’elle ne soit pas sous l’influence d’une illusion diabolique. Le but de cet exercice très vertueux et de diriger et de garder l’intellect de l’homme vers Dieu. Dans ce but, nos Pères ont mis au point des méthodes de prière plus accessibles et ont simplifié la prière, afin que l’intellect puisse plus facilement et de plus en plus fermement se tourner vers Dieu et demeurer en Lui. Avec les autres vertus, les autres parties du corps de l’homme interviennent ainsi que les sens tandis que le bienheureuse prière de l’intellect seul est pleinement active. Ainsi, beaucoup d’effort est nécessaire pour faire violence à l’intellect et pour le brider, afin que la prière devienne acceptable et produise des fruits. Nos très saints Pères, qui aimaient Dieu pleinement avaient pour but principal de leur étude, de s’unir à Dieu et de rester continuellement en Lui. Ils mirent de ce fait tous leurs efforts dans la prière pour parvenir à cette fin.
Il est d’autres formes de prière qui sont connues et communes à presque tous les chrétiens: nous n’allons pas en parler à présent. Nous nous limiterons à ce que l’on appelle la prière noétique, car c’est elle que l’on nous demande toujours d’expliquer. C’est un sujet qui concerne une multitude de fidèles puisque presque rien n’en est connu, qu’elle est souvent mal interprétée et décrite d’une manière assez invraissemblable. La manière précise de la mettre en pratique aussi bien que les résultats de sa vertu déifiante qui mène de la purification à la sanctification, nous laisserons les Pères en parler. Dans notre indigence, nous ne mentionnerons que ces choses qui sont nécessaires pour clarifier ce sujet et convaincre nos frères vivant dans le monde qu’ils doivent s’adonner à cette prière.
Les Pères l’appellent noétique parce qu’elle est faite avec l’intellect ( nous en grec), mais ils l’appellent aussi sobre vigilance ( nepsis) ce qui signifie presque la même chose. Les Pères nous décrivent l’intellect comme être libre et curieux qui ne supporte pas l’enfermement et n’est pas persuadé par ce qu’il ne peut concevoir de lui-même. C’est la raison pour laquelle, ils ont d’abord choisi quelques mots qui ont composé une seule prière très simple, “Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi”, afin que l’intellect ne doive pas fournir un gros effort comme pour une prière longue. Ensuite, ils tournèrent l’intellect vers l’intérieur, vers le centre de notre raison, où il doit se tenir immobile dans l’invocation du très doux Nom de notre Seigneur Jésus, afin de ressentir la divine consolation aussi vite que possible. Il est impossible selon les Pères, que notre bon Maître, ainsi appelé continuellement, ne nous entende pas, Lui Qui désire si ardemment le salut des hommes.
De même qu’une vertu à laquelle on aspire ne peut être obtenue que par des moyens favorables, ainsi, cette œuvre sainte demande quelques rudiments indispensables: un certain degré de calme, être libre de tout souci, éviter de vouloir comprendre et de répandre la nouvelle de ce qui arrive alors, “donner et prendre” comme le disent les Pères, une discipline personnelle en toute chose, et le silence absolu qui résulte de ces choses. De plus, je ne pense pas que cette persévérance et cette habitude soient hors d’atteinte des êtres pieux qui s’intéressent à cette sainte activité. La bonne habitude de prier à heures régulières, le matin et le soir aux mêmes heures, serait un bon début.
Nous avons là certainement mis l’accent sur l’élément le plus indispensable dans la prière. Ceci est justement mis en relief par Saint Paul, “soyez persévérants dans la prière.” ( Col.4:2) A la différence des autres vertus, la prière nécessite un effort de notre vie entière et, pour cette raison, je répète à ceux qui tentent de faire cet effort, de ne pas se sentir entravés, ni de considérer la nécessité de faire preuve d’endurance requise par cette prière, comme un défaut qui entacherait cette œuvre de sobriété.
Au début, il est nécessaire de dire la prière dans un murmure, ou plus fort quand on est confronté à la contrainte ou à la résistance intérieure. Quand cette bonne habitude est prise, au point que la prière est soutenue et peut être dite aisément, alors, on peut se tourner vers l’intérieur dans un silence absolu et total. Dans la première partie du livre des Récits du Pélerin, nous est donné un bon exemple d’initiation à cette prière. Une grande persévérance, un grand effort, avec les mêmes paroles inaltérées de la prière engendreront une bonne habitude de cette prière. Cela amènera le contrôle de l’intellect, et, à ce moment-là, la présence de la Grâce sera manifestée.
De même que chaque vertu a un résultat qui lui correspond, la prière engendrera la purification de l’intellect et son illumination, jusques au bien le plus haut et parfait, l’union avec Dieu, c’est-à-dire en réalité la divinisation (théosis). Cependant les Pères nous préviennent ainsi: il appartient à l’homme de s’efforcer d’entrer dans la voie qui conduit à la Cité, et si, par hasard, il n’arrivait pas au terme du parcours, Dieu le mettrait au nombre de ceux qui sont parvenus au but. Pour être plus clair, surtout sur ce sujet de la prière, je veux expliquer comment nous tous, chrétiens devont combattre dans la prière, particulièrement celle dite monologique ou noétique. Si l’on parvient à une telle prière, on en retirera grand profit.
Version française Claude Lopez-Ginisty

mardi 29 juillet 2008

Première prière à sainte Barbara écrite en français

Prière à Sainte BARBARA 
( publiée à Anvers en l’An de Grâce 1505)



Великомученица Варвара


Cette prière est une des première prières 
à la Sainte Mégalomartyre Barbara 
écrite en français.

Oraison à Saincte Barbara

O saincte et noble vierge, saincte Barbara, 
martyre très digne, 
très belle rose du paradis, 
lis de pureté, thresor de vertus,
 belle comme la pleine lune,
 perle reluisante en la couronne de Jésus;
 quand par ton païen père Dioscore
 tu fus maçonnée dedans une tour,
 lors tu fus par Jésus-Christ 
merveilleusement illuminée en la foi,
 baptisée et à Lui donnée comme épouse eslente .
Très bien sçavois exposer à ton père
 les trois fenestres de la tour, 
quant aux trois personnes de la saincte Trinité, 
dont lui mesme par tes cheveux t’a mené 
et tiré au juge et faict miserablement flageller: 
voire en la parfin
 il t’a de ses propres mains décollée : 
Je te prie veuille moy impetrer à Dieu 
qu’en ma dernière fin 
je puisse heureusement estre gardé(e) 
et muni du sacrement
 du très saint Corps et Sang de Jésus-Christ 
et de la sainte huyle contre toutes tentations,
 et au royaume des cieux puisse parvenir.
 Amen!

lundi 28 juillet 2008

Saint Côme d'Etolie




VIE 
DE NOTRE PERE PARMI LES SAINTS 
COME D'ETOLIE 
(1714-1779).

Saint Côme naquit à Mega Dendron en Etolie, il alla étudier à l'école de Vatopédi au Mont Athos et déja laïc pratiquait l'ascèse monastique. Il fut tonsuré à Philothéou et cédant aux injonctions et aux prières de ses frères, accepta le sacerdoce. Dans son coeur il gardait le désir d'enseigner à ses frères restés au pays sous le joug des Turcs et vint le jour où, après une révélation du Ciel et muni de la bénédiction des Anciens, il partit tout d'abord afin de voir son frère qui enseignait à Constantinople, y apprit de lui la rhétorique et puis il commença à prêcher le Royaume de Dieu dans tous les villages près de la Ville. Il alla ensuite partout, dans le Dodécanèse, à Corfou, à Zanthe, à Thessalonique, il lui arriva même de retourner prêcher à la Sainte Montagne!
Partout les foules se pressaient pour l'entendre, son langage était simple et direct comme celui des apôtres du Christ et ses paroles étaient confirmées par des miracles: les malades étaient guéris, les ennemis réconciliés, le Christ retrouvait sa place dans le coeur des hommes...Partout il établit des écoles gratuites pour l'enseignement de la langue et de la culture grecque afin que par l'éradication de l'ignorance, la piété refleurisse.
Les églises étant trop exigues, il prêchait dehors, près d'une croix qu'il plantait devant un tabouret sur lequel il dominait la foule. Ces croix elles-mêmes accomplirent des miracles après son passage, (à Argostoli, une source miraculeuse en jaillit). Il persuadait les riches de lui donner de l'argent qu'il redistribuait ensuite sous formes de livres, de chapelets, de peignes - il exhortait les hommes à porter la barbe- ou de croix. Il convertissait les coeurs et les âmes d'une manière définitive tellement grande et sainte était l'impression qu'il laissait à ses auditeurs. De quarante à cinquante prêtres le suivaient (!); avant qu'il ne prêche, les gens se confessaient, jeûnaient, célébraient des vigiles...et les miracles s'ajoutaient aux miracles. Même les Turcs le vénéraient en certains lieux!
La jalousie et la colère des marchands juifs et chrétiens impies et l'hostilité de certains Turcs - le saint s'opposait au travail le dimanche dans les bazars- causèrent la mort du saint. Il fut accusé d'être un agent des Russes prêt à fomenter des troubles contre les Ottomans. Un premier complot échoua, un second appuyé par l'argent réussit et le saint fut secrètement arrêté, pendu puis jeté dans une rivière près du village de Kolikontasi ( 20 Août 1779 ). Il y fut retrouvé par le prêtre Marc qui l'enterra derrière le sanctuaire de son église. 
Il convient de noter que la première église dédiée à St Côme fut construite par le Gouverneur musulman d'Albanie, Ali Pacha qui estimait beaucoup le saint. Ce fut aussi ce même Pacha Ali qui fit faire sur ses propres deniers un reliquaire d'argent pour conserver le précieux chef du saint et qui veilla à ce qu'un office soit composé en son honneur!
Saint Côme d'Etolie égal aux apôtres, fut glorifié le 20 Avril 1961.

TROPAIRE ton 3
En enseignant la divine foi, tu as richement orné l'Eglise* Et tu es devenu l'émule zélé des Apôtres* Car sur les ailes de l'Amour Divin* Tu as proclamé haut et fort le message de l'Evangile* O glorieux Côme, supplie Dieu qu'il nous accorde Sa grande miséricorde. 

Saint Côme a laissé de nombreux textes: lettres, sermons, enseignements, et un certain nombres de prophéties ( il avait prévu l'invention du téléphone, de l'avion, de la télévision - un diable dont les cornes serait sur le toit des maisons! ) dont certaines furent vérifiées lors de la guerre de libération.
Version française C. L.-G. d'après diverses sources 

dimanche 27 juillet 2008

Saint Archevêque Luc ( Voino-Yasenetsky)de Simféropol


Saint Luc de Simferopol

Saint Archevêque Luc ( Voino-Yasenetsky)
Un jour d’Avril 1957, un vieil homme monta en chaire et prêcha le sermon qui suit... Ses ouailles burent ses paroles. Ce n’était pas un clerc ordinaire, c’était le grand archevêque Luc Voino-Yasenetsky, moine, savant célèbre et chirurgien renommé, et il était dans sa huitantième année.
L’idée-même qu’un scientifique et un érudit puisse avoir la foi apparaissait totalement ridicule à la plupart des gens de l’URSS, pourtant pendant plus de quarante ans sous le régime soviétique, l’archevêque Luc fit vigoureusement état de sa foi.
Ce fut au tournant du siècle qu’il décida de devenir médecin de campagne. Pendant quinze ans, il se dévoua à sa tâche pratiquant quelquefois près de mille opérations par an.
Puis vint la révolution. En 1917 alors qu’il était chirurgien en chef à Tachkent, il fut emmené pour être fusillé avec d’autres membres de la “ bourgeoisie”. Il échappa à la mort seulement parce que ses bourreaux se trouvèrent être d’anciens patients qu’il avait guéris et qui se souvenaient de sa compassion. Sa jeune épouse contracta la tuberculose et mourut de froid et de faim. Le cœur brisé, le jeune veuf se mit à travailler sans cesse pour faire face à cette séparation cruelle. Il fit des conférences, écrivit, et opéra sans discontinuer. Il ne prenait nul repos et souvent ne mangeait pas car il n’acceptait nul rétribution de ses patients miséreux.
Après être devenu prêtre en 1921, il portait deux chapeaux: il donna des conférences sur la pathologie, mais il portait toujours sa soutane et une grande croix pectorale- pratique qui devait irriter les autorités.
Il devint évêque, fut arrêté et exilé deux fois en Sibérie orientale et une fois aux rives de l’Océan Arctique. Mais partout où il se trouvait, il commençait à soigner les malades et à prêcher. Si les églises étaient fermées, il les ouvrait illégalement! Il opérait aussi des patients atteints du cancer, redonnait la vue et il sauva un jour un patient atteint de défaillance rénale en lui greffant un rein de veau.
Les soldats, ses compagnons de captivité, les professeurs, les paysans, les pêcheurs, les évêques, tous avaient quelque histoire édifiante à raconter sur lui.
En tous temps il enjoignit à ses fidèles d’être sans crainte face à la propagande religieuse et à la persécution. Il poursuivit son combat jusqu’à sa mort en 1961... Il a été glorifié par le Patriarcat de Moscou.

"J’espère que ce que je vais vous dire ne vous semblera pas être un discours d’autosatisfaction. Je dois vous dire que je ne cherche pas ma propre gloire, mais celle de Celui qui m’a envoyé... Je sais que de nombreuses personnes ne comprennent pas comment, ayant obtenu une certaine reconnaissance comme scientifique et quelque renom comme chirurgien, j’ai pu abandonner la chirurgie et la science pour prêcher l’évangile du Christ.
Ces gens qui pensent que la science et la religion sont incompatibles, se trompent lourdement. Ce n’est pas vrai, nous savons en effet par nos livres d’histoire que beaucoup de grands savants comme Newton, Pasteur et notre grand physiologiste Pavlov étaient des hommes profondément religieux. Il y a parmi nos propres savants modernes de nombreux savants qui m’ont demandé de les bénir.
...Mais je dois vous dire que je trouve l’œuvre de Dieu en moi merveilleuse au-delà de toute logique. Je vois maintenant clairement que depuis mes jeunes années le Seigneur me conduisait à la prêtrise.
Bien sûr, je n’en étais pas conscient. Je ne pensais jamais que j’allais devenir prêtre. Ce qui me plaisait surtout, c’était la chirurgie. Je m’y consacrais totalement. Elle remplissait ce besoin que j’avais de servir les pauvres et les malades et de parer à leurs difficultés pas tous les moyens en mon pouvoir.
Je me souviens avec étonnement de quelque chose qui advint il y a soixante ans. J’avais fini mes études secondaires et reçu un certificat d’études secondaires. Mon proviseur me tendit le certificat à la cérémonie de remise des diplômes: il était inséré dans un Nouveau Testament.
J’avais déjà lu le Nouveau Testament, mais alors je le lus à nouveau, du début à la fin cette fois. Et je notais tout ce qui m’y avait frappé.
Rien ne me fit plus grande impression que ce que Jésus disait à ses apôtres à la vue d’un champ de blé mûr: “La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson...”
Je fus terriblement ébranlé par ces paroles. En moi-même je m’écriais: “ Seigneur, pourquoi as-Tu si peu d’ouvriers pour Ta moisson?”
Je me souvins de ces paroles toute ma vie.
...Plusieurs années passèrent. Je reçus le diplôme de Docteur en médecine pour ma dissertation sur l’anesthésie locale. Je devins ensuite médecin de province, traitant les malades et les ouvriers, travail qui me donna entière satisfaction.
Le temps passa et je décidais d’écrire un livre sur la chirurgie septique. Ce fut alors que j’en écrivais l’introduction que cette étrange pensée me vint à l’esprit: Quand ce livre sera terminé, il portera le nom d’un évêque sur sa première page.” Cette pensée ne me quittait pas. Mais d’où venait cette idée? Que signifiait-elle? De quel évêque était-il question?
Je n’avais jamais pensé à devenir prêtre, alors évêque? Pourtant, quelques années plus tard cette pensée était devenue réalité. Quand je finis le livre, j’étais évêque. Sur la page de titre, j’écrivis : Evêque Luc, Essais de Chirurgie Septique.
Tout ceci arriva tout à fait sans que je m’y attende. Néanmoins, cela arriva en réponse à un appel très clair de Dieu.
J’étais médecin en chef à l’hôpital de Tachkent, à cette époque. Le conseil diocésain se réunit à la Cathédrale et j’y assistais. J’y fis une intervention longue et enflammée sur un sujet d’importance. A la fin de la réunion, l’évêque Innocent prit mon bras et me conduisit à l’extérieur. Il parla de la profonde impression que mon discours avait fait sur lui et soudain, s’arrêtant, il me dit:” Docteur, vous devriez devenir prêtre...”
Je pris cet appel à la prêtrise de l’Archevêque comme un appel de Dieu, et sans plus réfléchir je répondis: “ D’accord, Monseigneur, j’accepte.”
Le dimanche suivant je fus ordonné diacre et une semaine plus tard prêtre. Je développai une grande vocation pour prêcher et j’organisai des discussions en dehors des temps de services à l’église. Quand les athées argumentaient, j’étais impitoyable dans mes réponses.
Deux ans plus tard , je devins évêque. Ce fut alors que le Seigneur me conduisit à la ville lointaine de Yeniseisk.
Tous les prêtres de cette ville, ainsi que ceux de la capitale régionale étaient membres d’un mouvement qui soutenait le pouvoir soviétique: je célébrais donc les offices dans mon appartement avec les trois prêtres qui m’accompagnaient.
Un jour, alors que j’allais commencer un office, je vis un vieux moine qui se tenait à la porte d’entrée. Il me regarda fixement, comme si était frappé de stupeur, oubliant même de s’incliner devant moi.
Il finit par me dire la raison de sa surprise. Apparemment les croyants orthodoxes de sa région, ne voulant pas prier avec leurs prêtres infidèles, l’avaient choisi et envoyé vers le sud afin qu’il soit ordonné prêtre par un évêque orthodoxe. Cependant, une force inexplicable le força à venir vers le nord, à Yeniseisk où je vivais.
Je compris aussi pourquoi il avait été stupéfait de me voir. Dix ans plus tôt, je vivais alors en Russie centrale, il avait eu un rêve. Il rêva qu’un évêque inconnu l’ordonnait. Me voyant, il avait reconnu l’évêque de son rêve.
Il semble que dix ans auparavant, alors que j’étais chirurgien dans mon hôpital, j’étais déjà considéré comme évêque aux yeux de Dieu!
Vous voyez comment pendant ces dix ans, le Seigneur Dieu m’a conduit pour le servir comme archevêque en un temps difficile pour l’Eglise.
...Je pourrais vous raconter encore beaucoup de choses sur la manière miraculeuse que la main de Dieu utilisa pour guider ma vie, mais je pense en avoir assez dit pour vous demander de dire avec moi:” Gloire à notre Dieu, maintenant et à jamais! Amen”

D'après Light Beyond the Iron Curtain
Version française Claude Lopez-Ginisty

Prière du cœur selon Joseph l'Hésychaste

LA PRIÈRE DU CŒUR 
selon 
le saint moine
Joseph l’Hésychaste du Mont Athos




Pour commencer à maîtriser la prière de Jésus, tu dois te forcer à dire la prière sans discontinuer…

Dis la prière rapidement au début: l’intellect ne doit pas avoir le temps de former des pensées qui vont te distraire.

Prête attention seulement aux paroles de la prière :« Seigneur Jésus-Christ, Aie pitié de moi ! »

Quand la prière est dite oralement pendant une longue période de temps, l’intellect s’y habitue et se met finalement à la dire de lui-même.

Alors elle devient aussi douce que du miel dans la bouche et l’on désire continuer à la dire tout le temps.

Si on arrête de dire la prière, on ressent alors une grande détresse. Quand l’intellect s’y habitue, et s’en est rassasié, alors il l’envoie vers le cœur.

Comme l’intellect fournit de la nourriture à l’âme, la tâche de l’intellect est d’envoyer tout ce qu’il voit ou entend, bien ou mal, au cœur.

Le cœur est le centre des pouvoirs spirituels et physiques, le trône de l’intellect.

Ainsi quand on dit la prière, en se gardant d’imaginer quoi que ce soit avec son intellect, et ne se concentrant que sur les paroles de la prière, alors, respirant doucement avec une certaine contrainte, de sa propre volonté, on fait descendre l’intellect dans son cœur.

On garde alors l’intellect dans son cœur, comme dans une geôle, en disant rythmiquement la prière:« Seigneur Jésus-Christ, Aie pitié de moi ! »

Au début, on dit la prière un certain nombre de fois et l’on reprend une inspiration.

Plus tard, quand l’intellect est habitué à rester dans le cœur, on dit une prière sur sa respiration : en inspirant : « Seigneur Jésus-Christ, » et en expirant : Aie pitié de moi ! »

Ceci se poursuit jusqu’à ce que la Grâce recouvre ton âme et commence à y agir… Au-delà est la théorie.

La prière est dite partout : assis, debout, au lit, et en marchant.

« Priez sans cesse, dit l’apôtre, en toute chose rendez grâces ». Cependant, il ne suffit pas de prier avant de dormir…

La prière est un combat : on commence à prier debout. Quand on est fatigué, on s’assied.

Quand tu es fatigué, assied-toi ! Puis lève-toi si tu sens que tu vas t’endormir.

C’est ce que l’on nomme Praxis : on montre à Dieu ses bonnes intentions, mais tout dépend de Lui : Il donne ou ne donne pas !

Dieu est le commencement et la fin. Sa grâce est la force directrice qui agit en toute chose.

Quant à savoir comment l’amour commence à agir, tu le comprendras quand tu garderas les commandements.

Quand tu te lèves la nuit et que tu pries, quand tu vois quelqu’un qui est malade  et que tu le prends en compassion, quand tu vois une veuve, des orphelins, des vieillards  et que tu es charitable envers eux, alors Dieu t’aime ! Et toi tu l’aimes aussi.

Dieu aime premier et fait descendre Sa Grâce, et nous lui donnons ce qui est à Lui : « Ce qui est à toi, nous Te l’offrons ! »

Si tu cherches à trouver Dieu dans la prière, ne respire pas une seule fois sans prier !

Veille seulement à n’accepter aucune imagination dans ta prière.

Car le Divin ne peut être contenu dans une forme, dans une imagination  ou dans une couleur. Il est suprêmement parfait,

Il n’est pas sujet aux syllogismes. Il agit comme une brise subtile dans nos esprits.

La componction vient lorsque tu considères combien tu as affligé Dieu Qui est si bon, si doux, si aimable, Qui est tout Amour ;  Qui a été crucifié et a souffert pour nous. Médite sur ces sujets, ils t’apportent la componction.

Ainsi, si tu es capable de dire la prière sans discontinuer pendant deux ou trois mois, tu pourras t’y habituer.

Alors la Grâce viendra sur toi et te rafraîchira !

Dis la prière à haute voix, sans t’arrêter : quand l’intellect prendra le relais pour dire la prière, cesse de la dire oralement.

Il faut la force de la langue au début jusqu’à ce que tu t’y habitues.

Après, Pendant toutes les années de ta vie, ton intellect dira la prière sans effort.

Je suis sûr que tu trouveras la prière. N’en doute point !

Frappe directement à la porte de la miséricorde divine, et le Christ viendra certainement t’ouvrir. Il est impossible qu’Il ne t’ouvre point.

Plus tu l’aimeras et plus tu recevras de dons. L’importance de Son don, grand ou petit, dépend de ton amour, grand ou petit !

Version Française Claude Lopez-Ginisty
D’après les paroles 
Du Saint Staretz Joseph L’Hésychaste
De La Sainte Montagne De L’Athos.