"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 16 mars 2025

DEUXIÈME DIMANCHE DE GRAND CARÊME/Saint Grégoire Palamas

St. Polycarpe de Smyrne


Ce dimanche, le deuxième du Grand Carême, est dédié à saint Grégoire Palamas depuis 1368, mais auparavant, ce jour-là, on commémorait le hiérarque saint Polycarpe, évêque de Smyrne. Plusieurs thèmes sont liés : l'ascétisme, le repentir et la vocation du martyre. À Matines, il y a deux canons, dont le premier a pour thème le repentir du fils prodigue et le second est en l'honneur de saint Grégoire. 

Saint Grégoire Palamas

Grégoire est né à Constantinople. Son père, Constantin, travaillait à la cour de l'empereur Andronique II Palaiologue, mais il mourut alors que Grégoire était encore jeune. L'empereur s'intéressa personnellement à l'éducation du jeune garçon et espèrait qu'il suivrait son père dans l'administration civile. Grégoire avait d'autres idées et il choisit la vie monastique sur le Mont Athos. Il est associé au rétablissement de l'Athos. La présence monastique commença avec quelques ermites au IXe siècle, mais elle s'établit formellement au milieu du Xe siècle. L'Athos fut pillée par la tristement célèbre quatrième croisade en 1204 et attaquée à nouveau par les Catalans, un siècle plus tard, la laissant dans un état de quasi-désolation. Grâce aux efforts de saint Grégoire, la communauté monastique fut ranimée et placée directement sous l'omophore du Patriarche. En tant qu'archevêque de Thessalonique, Grégoire devint un administrateur efficace et un théologien éminent. Dans le monachisme, il fut un fervent défenseur de la tradition hésychaste  et, en tant que théologien, on se souvient de son enseignement concernant la lumière incréée de la Transfiguration et la distinction entre l'essence et les énergies de Dieu (c'est-à-dire la volonté divine, la grâce divine, etc.)  Le Prologue d'Ochrid rapporte ce qui suit : « La très sainte Mère de Dieu, saint Jean le Théologien, saint Dimitri saint Antoine le Grand, saint Jean Chrysostome et des anges de Dieu lui sont tous apparus à des moments différents... Ses reliques sont conservées à Thessalonique, où une belle église lui est dédiée ».

Nous pourrions ici ajouter une observation historique : nous pensons que nous vivons à une époque difficile et pleine de défis. Saint Grégoire Palamas vécut à une époque où l'empire dérivait vers une zone de crépuscule. En 1204, la ville de Constantinople était aux mains des chefs de la tristement célèbre quatrième croisade. L'empire se fragmenta et trois factions rivales, Nicée, Épire et Trébizonde, revendiquent le statut impérial. Même lorsque les forces de Nicée reprirent Constantinople en 1261, les divisions ne furent jamais vraiment guéries. L'empire devint de moins en moins capable de résister à l'hostilité permanente des Turcs, jusqu'à la défaite finale et ignominieuse de 1453. C'est dans ce contexte de gloire déclinante que saint Grégoire vécut sa vie. 



De nos jours, nous avons tendance à considérer les moyens de communication modernes comme allant de soi. Il y a deux mille ans, les choses étaient très différentes. Même l'imprimerie n'existait pas et l'alphabétisation était limitée à ceux qui avaient bénéficié d'une éducation. Le principal moyen de diffusion de la foi était le bouche à oreille. C'est ainsi que les foules se rassemblaient si souvent lorsque l'on apprenait que le Seigneur était dans les parages. Mais nous savons bien qu'aujourd'hui encore, rien n'égale le contact personnel. C'est ainsi que les gens venaient, non seulement pour entendre les paroles du Seigneur, mais aussi pour Le voir, dans l'espoir d'être témoins d'un miracle. La lecture de l'Évangile de ce dimanche (Marc 2, 1-12) nous apprend que le Christ ne se trouvait pas dans un espace ouvert, mais dans les limites modestes d'une maison. Il est donc facile d'imaginer que la foule était si dense, chacun s'efforçant de voir le Christ et d'entendre Ses paroles, que le paralytique, qui devait être porté, ne put même pas s'approcher de la porte. Les quatre hommes qui portaient son lit ne se sont pas découragés. Leur foi était si grande qu'ils trouvèrent un autre moyen d'entrer dans la maison. Cette guérison est également rapportée par saint Matthieu (Mt 9, 1-8, lu lors de la liturgie du 6e dimanche après la Pentecôte). 

Guérison du paralytique

Ici, l'implication est qu'il y a un lien entre le péché et la maladie. Ainsi, voyant la foi de l'homme et de ses compagnons, le Seigneur dit : Mon fils, tes péchés te sont pardonnés. Nous voyons également que les fidèles n'étaient pas les seuls à suivre le Christ, désireux d'entendre Ses paroles. Ses détracteurs voulaient aussi L'entendre, cherchant des preuves qu'ils pourraient utiliser pour condamner le Seigneur pour blasphème. En tant que Dieu, Il pouvait regarder dans leurs âmes et connaître leurs pensées. Les Écritures disent de Dieu : "Toi seul connais les cœurs des hommes : Toi seul connais le cœur des fils de l'homme." Même cela, et le fait que le Christ ait guéri le malade, ne convainc pas les pharisiens et leurs semblables. Le commentaire suggère un symbolisme dans cet événement. Le malade n'a pas seulement été guéri, mais il a reçu de la force : « Lève-toi, prends ton lit et marche. Nous sommes paralysés par nos péchés, mais le Seigneur peut nous donner la force d'accomplir Ses commandements. Le Christ était à Capharnaüm, « la maison du réconfort et de la consolation », c'est-à-dire l'Église. Le toit peut-il s'ouvrir pour nous ? Qu'est-ce que le toit ? C'est l'esprit. Tout comme un toit est couvert par le poids des tuiles de terre, l'esprit porte le poids des préoccupations terrestres. Ces choses peuvent être retirées, ce qui nous libère, mais pas pour nous engager dans l'orgueil, bien au contraire. Nous devons réagir avec humilité, en prenant notre lit, c'est-à-dire notre corps, et en l'utilisant selon les directives du Christ.

Le Bon Pasteur

La lecture liturgique de l'Évangile pour saint Grégoire (Jean 10, 9-16) concerne le Bon Pasteur. Plus tôt dans l'Évangile de saint Jean, nous trouvons les paroles du Christ : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : nul ne vient au Père que par Moi ». Ce message est maintenant renforcé par le Seigneur qui dit : « Je suis la porte ». La métaphore des brebis et des bergers est également familière. Nous pouvons tous nous approcher de Dieu le Père, mais seulement par ce moyen. Ainsi, le fait de dire que nous trouverons des pâturages nous indique que le Christ est le seul moyen d'accéder à la nourriture spirituelle. Le Seigneur poursuit en annonçant Sa crucifixion en disant qu'Il donnera, c'est-à-dire qu'il exposera, sa vie pour les brebis. Il ne dit pas « ma vie me sera enlevée », mais indique qu'il s'agit d'un acte volontaire. Le prédateur, le loup, est le Diable, pour lequel de nombreux euphémismes sont employés dans les Ecritures, tels que lion, scorpion ou serpent. Pour conclure, le Christ dit qu'il en a d'autres qui ne sont pas de cette bergerie. La bergerie implique la protection et la guidance de la loi. Les Juifs, au moins, avaient la Loi, bien qu'ils l'aient mal interprétée ou ignorée, mais les autres brebis, les païens, n'avaient rien. Malgré cela, ils sont toutes créés par Dieu et le Christ est venu sauver chaque âme.

C'est aujourd'hui le 17e anniversaire du repos du Métropolite Laure (Lavr) Chkurla de pieuse mémoire. Il est né le 1er janvier 1928 à Ladomirova, qui se trouvait alors en Tchécoslovaquie, mais qui, depuis la séparation des Tchèques et des Slovaques, se trouve désormais en Slovaquie. Il fut baptisé par l'archimandrite Vitaly Maximenko et reçut le nom de Basile. Bien que la région ait été dominée par les catholiques romains, qui formaient la majorité de la population, il existait dans la ville un monastère orthodoxe dédié à Saint Job de Pochaev, où le jeune Basile devient servant d'autel. À l'âge de onze ans, avec la permission de son grand-père, il chercha à devenir novice et ne fut autorisé qu'à vivre qu'au monastère. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944, à l'approche de l'Armée rouge, la confrérie monastique fut évacuée d'abord à Bratislava, puis en Suisse. À Genève, Bsile, âgé de seize ans, reçut le titre de novice et, en 1946, toute la communauté émigra à Jordanville, dans le nord de l'État de New York. En 1948, Basile fut tonsuré comme moine rasophore et a reçu le nom de Laure. Il fut ordonné diacre en 1949, puis prêtre en 1954, et élevé au rang d'archimandrite en 1966. Un an plus tard, il est élu à l'épiscopat et nommé évêque de Manhattan et secrétaire du synode des évêques de l'Église orthodoxe russe hors de Russie. En 1976, Mgr Laurus a été élu abbé du monastère de la Sainte-Trinité, à Jordanville, et nommé évêque de Syracuse et Troitsky. Il a été élevé au rang d'archevêque en 1981.

Métropolite Laure

Vladika Laure a beaucoup voyagé, faisant des pèlerinages en Terre Sainte, au Mont Athos et dans de nombreux monastères. Grâce à la chaleur de sa personnalité et à sa piété tranquille et douce, il était aimé et respecté partout. Nous avons en effet des raisons d'être reconnaissants de son amour et de sa compréhension paternelle, car il nous donna la permission de réimprimer la version de 1960 du livre de prières, dans la traduction de l'archimandrite Lazare. 

C'est en 2001 que Vladika Laure fut élu Métropolite et premier hiérarque du Synode de l'Eglise russe hors frontières. Il était pleinement conscient de la nécessité canonique de rétablir les relations avec le Patriarcat, puisque la bénédiction du saint Patriarche Tikhon au Synode à l'étranger était temporaire, jusqu'à ce que les circonstances changent. Les circonstances changèrent effectivement lorsque l'Union soviétique s'effondra, et c'est ainsi que la communion avec le Patriarche fut rétablie le  17 mai 2007 jour de l'Ascension, lorsque le Patriarche Alexis II et le Métropolite Laure concélébrèrent dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.A la date de ce jour, l'année suivante, notre bien-aimé Métropolite Laure a rejoint sa récompense céleste. 

Mémoire éternelle.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

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