2. Saint Martin de Tours et la floraison du monachisme occidental.
Le monachisme prit originellement racine en Orient, mais relativement tôt, l'Occident reçut un modèle de ce type de vie dans l'exemple personnel et les écrits de saint Athanase d'Alexandrie qui vécut en exil à Trêves, en Gaule en 335. Comme Athanase connaissait saint Antoine le Grand et avait trouvé refuge parmi les moines de la haute Egypte lors d'une période de grand danger, on peut en déduire que les Gaules entendirent parler du bienheureux Antoine et des expèloits ascétiques des moines égyptiens lors de l'exil de saint Athanase.
Au IVè siècle, le feu du christianisme commença à embraser avec intensité la Gaule chrétienne. Ceci était dû peincipalement à l'exemple et à l'inspiration venus du mouvement monastique grandissant partout dans le monde chrétien.
Deux des plus grands saints de ce temps en Gaule étaient saint Hilaire de Poitiers et saint Martin de Tours. Saint Hilaire, connu sous le nom de "l'Athanase d'Occident", fut le père spirituel de saint Martin. Saint Martin est considéré comme le premier grand saint de Gaule issu du monachisme. Son exemple de "martyr non-sanglant" par l'ascèse fut adopté par beaucoup d'autres chrétiens.
On peut décrire trois éléments importants qui contribuèrent parmi les peuples gaulois à l'expansion de l'idéal ascétique monastique:
a9 Le premier monastère véritable fut Marmoutier [ moutier/monastère de Martin!] fondé par saint Martin. Les moines de Marmoutiers, au nombre de quatre-vints, vivaient tous dans de minuscules cellules de bois construites à moitié dans les grottes naturelles sur le flanc d'une immense falaise le long des rives de la Loire. On peut encore voir ces grottes de nos jours près de Tours. Le monastère de Marmoutier eut une grande influence car de nombreux évêques furent choisis parmi ses moines. Saint Sulpice Sévère parle ainsi du monachisme dans sa vie de saint Martin:
"Personne ne possédait quoi que ce soit en propre. Il était interdit d'acheter ou de vendre quoi que ce soit...
Aucun atisanat n'y était pratiqué, sauf celui des copistes et même celui-ci était assigné aux frères dans leurs jeunes années, tandis que les frères plus âgés passaient leur temps à la prière. Il était rare que l'un d'eux s'éloigne de sa cellule. Ils mangeaient tous ensemble.
La plupart d'entre eux étaient vêtus de vêtements en poil de chameau. Ceci devait être la chose la plus remarquable, car beaucoup parmi eux venaient de la noblesse...et avaient été éduqués différemment." ( Chapitre 10 de la Vie de Saint Martin) L'expression particulière de la vie monastique de saint Martin à Marmoutier était naturellement en harmonie avec l'âme des Gaules et elle servit de catalyseur à l'expansion du chriustianisme parmi le peuple.
b) Un des fruits immédiats de cet exemple de saint Martin, fut le monastère de Lérins. La fondation de ce monastère sur l'île de Lérins en 410 fut l'œuvre de saint Honorat, futur évêque d'Arles. Le monastère servit d'école spirituelle pour les évêques et les écrivains ecclésiastiques comme saint Faust de Riez, saint Eucher de Lyon, saint Vincent de Lérins, saint Hilaire et saint Césaire d'Arles et saint Patrick d'Irlande. Ce que nous savons de la vie du monastère de Lérins peut être trouvé principalement dans la vie de son fondateur., saint Honorat et le texte de saint Eucher de Lyon La Louange du Désert. Par ces sources, nous voyons que la plupart des moines vivaient en communauté, tandis que les plus expérimentés luttaient dans la vie érémitique ou semi-érémitique. Le monachisme dans la tradition de Lérins ( qui considérait la vie des anachorètes du désert comme l'idéal le plus haut) se répandit dans toute la partie sud-est de la Gaule, et notamment dans les montagnes du Jura avec saint Romain et saint Lupicin, et dans le Valais suisse, où le monastère de Saint Maurice d'Agaune [actuel Saint Maurice dans le Valais suisse], resta un centre spirituel important pour les siècles futurs.
c) Enfin, il faut mentionner aussi les enseignements spirituels de saint Jean Cassien. En 416, saint Jean fonda le monastère de saint Victor de Marseille. Avant cette date, en 400, il avait été ordonné au diaconat par saint Jean Chrysostome. Saint Jean Cassien fut un grand défenseur des enseignements dogmatiques de l'Eglise et il exposa prudemment la synergie entre le libre arbitre de l'homme et la Grâce de Dieu. Son œuvre première, fut cependant de révéler aux moines gaulois la manière de vivre et la spiritualité des moines d'Orient. Ses Institutions et ses Conférences, qu'il écrivit pour les moines de Provence, sont une manifestation glorieuse des fruits spirituels qu'il avait acquis lors de son long séjour en Egypte parmi ces saints hommes célèbres. Beaucoup de communautés monastiques nouvellement fondées, qui désiraient mener la vie solitaire, utilisèrent ses écrits comme manuels et guides spirituels. Les règles monastiques décrites en détail dans sesInstitutions furent déterminantes pour la fondation des typica monastiques subséquent dans les siècles à venir, y compris pour la Règle de Saint Benoît.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Moine Nicodème
The Church of the Gauls
( PRAVOSLAVIE-RU)
( English Version)
Vie de Saint Martin: