"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 19 mars 2011

ENFIN! Déclaration concernant Vassoula Ryden par le Patriarcat Œcuménique

Depuis longtemps ( quelques décennies!), les fidèles orthodoxes demandaient une telle décision pour éviter que certaines âmes pieuses mais simples se fourvoient dans cette aberration spirituelle malsaine et dévoyée. Mieux vaut tard que jamais! 


L'Eglise orthodoxe, suivant strictement l'exemple et l'enseignement éclatants des Saints Apôtres, l'enseignement des Pères de l'Église qui leur ont succédés, et les décisions d'inspiration divine des Conciles œcuméniques, garde comme une perle de grand prix la foi de l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique que le plérôme des chrétiens connaît à travers sa participation aux Sacrements et à la vie spirituelle de l'ensemble divinement fondé du corps ecclésiastique.

Ainsi, quel que soit le mouvement et la tension improvisée, personnelle ou collective, au mépris ou en violation des dogmes de la foi chrétienne orthodoxe, et la vie en Christ dans l'Eglise comme unique voie pour le salut de nos âmes, la personnalité auto-proclamée "soi-disant charismatique", est toujours d'autant plus rejetée comme innovation inacceptable.

Dans cet esprit, et pour la protection bénéfique de notre pieux plérôme orthodoxe, de la confusion spirituelle dangereuse, qui ne connaît pas bien les questions sous-jacentes au risque de l'illusion [spirituelle], rejette de la Mère Église Vasiliki Pentaki Paraskevis - Ryden, largement connue sous le nom de "Vassoula", et son organisation fondée sous le titre de "La Vraie Vie en Dieu" qui témérairement et frivolement propose un enseignement basé sur un prétendu "dialogue direct entre elle et le fondateur de l'Église, le Christ Jésus notre Seigneur", et ceux conquis par elle et les partisans de "La Vraie Vie en Dieu ", qui s'écartent de façon arbitraire de l'enseignement donné par Dieu de l'Eglise, mais qui scandalisent aussi l'esprit orthodoxe des pieux croyants.

Par conséquent, nous appelons les promoteurs de ces innovations inacceptables et les partisans qui les entretiennent, qui désormais ne sont pas admis à la communion ecclésiastique, non seulement de ne pas être impliqués dans le travail pastoral de la section locale de la Sainte Métropole, mais aussi de ne pas prêcher leur nouvel enseignement, pour éviter les sanctions appropriées en vertu des saints canons.

Nous exprimons enfin, la profonde tristesse du Patriarcat œcuménique pour les actes de neuf (ils sont - heureusement- peu nombreux) membres du clergé de l'Eglise Orthodoxe qui se trouvent à des causeries de ladite "Vassoula" et lui donnent un "certificat d'Orthodoxie."

Au Patriarcat, le 16 Mars 2011
Du Secrétariat général du Saint et Sacré Synode

Version française d'après
http://www.johnsanidopoulos.com/2011/03/announcement-on-vassula-ryden-by.html
sur l'excellent blog de John Sanidopoulos


Version grecque:


ΟΙΚΟΥΜΕΝΙΚΟΝ ΠΑΤΡΙΑΡΧΕΙΟΝ
Ἀνακοινωθέν περί τῆς Βασιλικῆς Παρασκευῆς Πεντάκη - Ρύντεν(Βασούλας)

Ἡ Ὀρθόδοξος Ἐκκλησία, ἀκολουθοῦσα ἀπαρεγκλίτως τό λαμπρόν ὑπόδειγμα καί τήν διδαχήν τῶν Ἁγίων Ἀποστόλων, τήν διδασκαλίαν τῶν ἐχόντων τήν ἐξ αὐτῶν Διαδοχήν Πατέρων τῆς Ἐκκλησίας καί τάς θεοπνεύστους Ἀποφάσεις τῶν Οἰκουμενικῶν Συνόδων, διαφυλάττει ὡς πολύτιμον μαργαρίτην τήν πίστιν τῆς Μιᾶς, Ἁγίας, Καθολικῆς καί Ἀποστολικῆς Ἐκκλησίας, τήν ὁποίαν βιώνει τό χριστεπώνυμον πλήρωμα αὐτῆς διά μέσου τῆς συμμετοχῆς εἰς τήν μυστηριακήν καί τήν καθόλου πνευματικήν ζωήν τοῦ θεοϊδρύτου ἐκκλησιαστικοῦ σώματος. Οὕτως, ἡ οἱαδήποτε τάσις αὐτοσχεδιασμοῦ καί κίνησις, προσωπική ἤ συλλογική, περιφρονήσεως ἤ ἀθετήσεως τῶν δογμάτων τῆς πίστεως τῶν Ὀρθοδόξων χριστιανῶν καί τῆς ἐν Χριστῷ ζωῆς ἐντός τῆς Ἐκκλησίας ὡς μόνης ὁδοῦ διά τήν σωτηρίαν τῶν ψυχῶν ἡμῶν, πολλῷ δέ μᾶλλον τῆς αὐτοανακηρύξεως προσώπων ὡς «δῆθεν χαρισματικῶν», ἀπεδοκιμάσθη πάντοτε ὡς ἀπαράδεκτος καινοτομία.

Ὑπό τό πνεῦμα τοῦτο, καί διά τήν ὀφειλετικήν προστασίαν τοῦ μέν εὐσεβοῦς ὀρθοδόξου πληρώματος ἐξ ἐπικινδύνων πνευματικῶν συγχύσεων, τῶν δέ μή γνωριζόντων καλῶς τά πράγματα ἐκ τοῦ ἐλλοχεύοντος κινδύνου τῆς πλάνης, ἀποδοκιμάζονται ὑπό τῆς Μητρός Ἐκκλησίας αἱ ὑπό τῆς Βασιλικῆς Παρασκευῆς Πεντάκη - Ρύντεν, εὐρύτερον γνωστῆς ὡς «Βασούλας», καί τῆς ὑπ᾿ αὐτῆς ἱδρυθείσης ὀργανώσεως ὑπό τόν τίτλον «Ἀληθινή ἐν Θεῷ ζωή» ἀκρίτως καί ἐπιπολαίως εἰσαγόμεναι διδασκαλίαι περί τῶν δῆθεν «ἀπ᾿ εὐθείας διαλόγων της μετά τοῦ Ἱδρυτοῦ τῆς Ἐκκλησίας Κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ» καί τῆς κατακτήσεως ὑπ᾿ αὐτῆς τε καί τῶν ὀπαδῶν της τῆς «ἀληθινῆς ἐν Θεῷ ζωῆς», αἱ ὁποῖαι παρεκκλίνουν αὐθαιρέτως τῆς θεοσδότου διδασκαλίας τῆς Ἐκκλησίας, ἀλλά καί σκανδαλίζουν τό ὀρθόδοξον φρόνημα τῶν εὐλαβῶν πιστῶν.

Ὅθεν, καλοῦμεν τούς εἰσηγητάς τῶν ἀπαραδέκτων αὐτῶν καινοτομιῶν καί τούς ἐμμένοντας εἰς αὐτάς ὑποστηρικτάς των, οἱ ὁποῖοι τούτου ἕνεκα δέν γίνονται δεκτοί εἰς ἐκκλησιαστικήν κοινωνίαν, ὄχι μόνον νά μή παρεμβαίνουν εἰς τό ποιμαντικόν ἔργον τῶν κατά τόπους Ἱερῶν Μητροπόλεων, ἀλλά καί νά ἀποκηρύξουν τάς καινοφανεῖς διδασκαλίας των, ὥστε νά προληφθοῦν αἱ ὑπό τῶν Ἱερῶν Κανόνων προβλεπόμεναι κυρώσεις.
Ἐκφράζομεν, τέλος, τήν βαθεῖαν λύπην τοῦ Οἰκουμενικοῦ Πατριαρχείου ἐκ τῆς ἐνεργείας ἐνίων -ἐλαχίστων, εὐτυχῶς- κληρικῶν τῆς Ὀρθοδόξου Ἐκκλησίας νά παρευρίσκωνται εἰς ὁμιλίας τῆς εἰρημένης «Βασούλας» καί νά παρέχουν εἰς αὐτήν «πιστοποιητικά Ὀρθοδοξίας».

Ἐν τοῖς Πατριαρχείοις, τῇ 16ῃ Μαρτίου 2011
Ἐκ τῆς Ἀρχιγραμματείας τῆς Ἁγίας καί Ἱερᾶς Συνόδου

L'Ermitage du cœur (86)


La clé du Royaume 
C'est l'accord de ton âme
Et de la grâce de Dieu
Quand tu entres dans la prière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 18 mars 2011

Nouvelles du Japon (suite)


Yamada et emplacement de L'église orthodoxe/ Japon avec Yamada en rouge

J'ai reçu récemment des informations non confirmées (d'un ami sur Facebook au Japon), que l'Eglise de l'Annonciation à Yamada, dans la préfecture d'Iwate, au Japon, a été détruite lors des événements qui ont suivi le tremblement de terre d'une magnitude de 8,9 le 11 Mars 2011. On ne sait pas encore si l'église a été détruite par le tremblement de terre, le tsunami qui suivit, ou les incendies causés par le tremblement de terre qui peut être vu dans les images de la ville de Yamada ci-dessous. Selon un rapport journalistique, presque toute la ville de Yamada a été submergée après avoir été frappée par le tsunami.

Ce n'est pas la première fois que l'Eglise de l'Annonciation de Yamada, fondée en 1877, est détruite par un tsunami. La dernière fois, c'était en 1896, quand elle a brûlé lors d'un incendie qui suivit le tsunami. J'ai pu trouver deux photos, une de l'intérieur et un de l'extérieur de la petite église.
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J'ai ajouté quelques autres photos de Yamada ci-dessous. Celles prises la nuit montrent la ville en feu après le tsunami. La dernière est du matin suivant. La video est, je pense celle des eaux du tsunami déferlant dans Yamada.









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Père Basile ( Vassilii) Tagoutchi et son épouse Matouchka Maria, ont été retrouvés vivants. Père Basile est un prêtre âgé de l'Eglise du Japon, et il a servi comme doyen de la paroisse d'Ishinomaki, et il vit dans une maison près de l'océan. Alors que les autres clercs avaient été retrouvés, Père Basile était introuvable jusques à ce jour.
De plus, l'église de Saint Jean a été inondée au premier étage, mais elle n'a pas souffert de grands dommages. On a retrouvé plusieurs membres de l'Eglise Orthodoxe de la région. Il n'y a pas encore eu de morts signalées.


Pour aider L'Eglise Orthodoxe du Japon par Paypal, carte de crédit ou transfer en $ ou Euros, cliquez sur ce lien:

http://stjuvenaly.org/japan/

The chancery of the Orthodox Church of Japan has created the Emergency Bank Account for Earthquake Relief. All funds will go to directly aid the Orthodox Church of Japan.
Donations can be made between March 15th to May 31th.
Currency: USD
Intermediary Bank: Deutsche Bank Trust Company Americas NY
Intermediary Bank BIC(SWIFT Code): BKTRUS33
Currency: EUR
Intermediary Bank: Deutsche Bank AG Frankfurt
Intermediary Bank BIC(SWIFT Code): DEUTDEFF
Beneficiary Bank: Japan Post Bank
Branch: Head Office
Beneficiary Bank Address: 3-2, Kasumigaseki 1-chome, Chiyoda-Ku, Tokyo 100-8798, Japan
Beneficiary Bank BIC (SWIFT Code): JPPSJPJ1
Beneficiary Bank CHIPS UID: 427593
Payee Account Number: 00150 – 0 – 47756
Payee Name: NIHON HARISUTOSU SEIKYOUKAI
Payee Address: 4-1, Kanda Surugadai, Chiyoda-ku, Tokyo. 101-0062, JAPAN
Payee Telephone Number: 03-3291-1885http://www.jp-bank.japanpost.jp/en/djp/en_djp_index.html
*
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
*

Saint Nicolas, Apôtre du Japon,
prie
pour le pays
que tu as illuminé
par la foi
orthodoxe!
*

L'Ermitage du cœur (85)



Si ta prière
Est silence et amour
Ta parole
Ne sera jamais vaine

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 17 mars 2011

Nouvelles du Japon


(Des orthodoxes serbes on pu contacter nos frères orthodoxes japonais. Voici la réponse qu'ils ont reçue…)

Bien-aimés en Christ frères orthodoxes serbes,

Au nom de la Très Sainte Trinité, que la paix de Dieu notre Seigneur soit avec vous.

La Sainte Eglise orthodoxe autonome du Japon, et le Conseil métropolitain apprécient                                   de tout cœur vos prières et votre soutien spirituel. Le plus grand dans tremblement de terre de l'histoire récente de la nation a heurté l'ensemble du diocèse oriental du Japon et les catastrophes qui ont suivi avec le tsunami ont dévasté les régions côtières à l'ouest d'Iwate, Miyagi, Fukushima et les préfectures d'Ibaragi, et ont endommagé en partie la ville de Sendai, où se trouve le trône épiscopal du diocèse, et presque toutes les communautés régionales orthodoxes qui existent le long de la côte du Pacifique.

La Sainte Eglise orthodoxe autonome au Japon, acceptant les condoléances et le partage de cette affliction et de cette douleur avec les frères et sœurs des Eglises orthodoxes du monde entier, elle pleure pour toutes les victimes de cette catastrophe et prie pour que la miséricorde et du Dieu-Homme miséricordieux et Ami des hommes puisse sauver la vie de toutes les personnes disparues, et guérir les blessures de toutes les personnes blessées, et apporter la consolation à tous ceux qui ont perdu maisons et biens, et sont restés sans-abri et sans défense, et pour le repos des âmes de tous ceux qui ont péri en paix dans la catastrophe terrible, et qu'Il accorde le courage et la force aux autorités nationales qui font de grands efforts pour sauver la vie des survivants.

Cependant, la nation tout entière se trouve encore  en danger et dans l'incertitude; la réplique du tremblement de terre se poursuit, et la perspective d'une reprise du trafic, des communication et des lignes n'est pas du tout certaine.

La Sainte Eglise orthodoxe autonome du Japon, et le Conseil métropolitain ont réaffirmé que l'évêque Séraphim, du diocèse du Japon oriental et quatre prêtres et leurs familles sont tous sains et saufs. Selon l'évêque Séraphim, la construction de la cathédrale épiscopale de Sendai est totalement sauvée, mais au moins cinq communautés-paroisses orthodoxes et des églises le long de la côte du Pacifique sont gravement endommagées et un prêtre est porté disparu.

Il y a 8 paroisses le long de la côte du Pacifique. Nous n'avons aucune information précise quant à la sécurité de tous les paroissiens. L'ensemble de la situation de cette vaste catastrophe n'a pas été révélée tout à fait clairement encore, pour obtenir plus d'informations en provenance des régions dévastées. Nous devons prier plus humblement que la sécurité de tous ces paroissiens puisse être confirmée par la grâce de Dieu au cours de cette période de Carême.

S'il vous plaît souvenez-vous des chrétiens orthodox japonais dans vos ferventes prières.

Dans l'amour en Christ,

Le Conseil Métropolitain de la Sainte Église Orthodoxe autonome du Japon

Version française Claude Lopez-ginisty
d'après
Informations en anglais sur le diocèse oriental du Japon:
http://www.orthodox-jp.com/westjapan/earthquake/201103earthquake_en.html
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Evêque Séraphim de Sendai
dans sa Cathédrale avec quelques prêtres.
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Saint Nicolas, apôtre du Japon, prie pour nos frères japonais!

*

Père Daniel Syssoev: Les entretiens Serbes (II) Quatrième et dernière partie


861


La question suivante concerne les tentations modernes qu’on rencontre chez nous. En Serbie on a introduit le passeport biométrique. Il existe une tentation parmi certaines personnes dans l’Eglise qui pensent que s’ils acceptent ce nouveau passeport ils renient le Christ et reçoivent le sceau de l’Antéchrist.
Youri Maximov : C’est une tentation diabolique, et un des pièges classiques du Malin. On peut facilement voir cela dans l’histoire russe. Il n’y a pas longtemps chez nous, quand on a remplacé le passeport soviétique par le passeport russe, des gens disaient que si quelqu’un acceptait le nouveau passeport, il n’était plus chrétien et rien ne pouvait le sauver. Ils disaient qu’il ne faut pas accepter le nouveau passeport, que celui-ci vient de l’Antéchrist et il faut garder les anciens, « bons » passeports soviétiques. Et pourtant, quarante ans auparavant, quand ces « bons » passeports soviétiques avaient été introduits dans l’ensemble du pays, des gens disaient exactement la même chose, que ces passeports venaient de l’antéchrist et qu’il ne fallait pas les accepter. Pire que cela, déjà avant la révolution, à l’époque du tsar, on disait qu’il ne fallait pas accepter le passeport impérial parce qu’il venait de l’Antéchrist.
Le père Daniel : Saint Dimitri de Rostov écrivit qu’au XVIII siècle, quand les premiers passeports et le premier papier-monnaie apparurent, il y avait des gens qui affirmaient que cela était le sceau de l’Antéchrist.
Youri Maximov : Quel est le sens de cette ruse ? Son but est de détourner la personne de regarder le Christ, et de fixer son regard sur les choses extérieures : le passeport, la carte de rationnement, le code barre, etc. Or, une personne ne peut pas servir deux maîtres. Voilà en fin de compte, au lieu de penser, sommes-nous avec le Christ, ou ne sommes-nous pas avec lui, accomplissons-nous Ses commandements ou ne les accomplissons-nous pas, adhérons-nous forcement à la foi chrétienne ou n’y tenons-nous pas, au lieu de cela nous pensons, accepter ou non le passeport, y a-t-il un code barre sur le paquet ou non. C’est dire que les gens ne regardent plus l’essentiel, mais s’en laissent distraire.
Les gens qui partagent ce point de vue sur les nouveaux passeports et autres sujets étrangers à la foi citent le père Païssios l’Athonite et quelques autres Pères, dont je connais très peu de choses, uniquement ce que j’ai lu sur l’internet. Comment devrait-on réagir à cela ?
Le père Daniel : Nous savons que même les Pères de l’Eglise faisaient des fautes quand ils enseignaient, ils s’écartaient de la Tradition Sacrée. Saint Vincent de Lérins a dit que la Tradition Sacrée est ce qui a été cru partout, toujours et par tous. Cependant, l’enseignement du sceau comme une sorte de moyen d’identification extérieur, ou un « avant-sceau » (en Russie on a inventé ce terme) est un nouvel enseignement. Avant il n’y avait pas cet enseignement. En fait, cette opinion sur le sceau est fausse de point de vue théologique. Monsieur Maximov a parlé de la signification spirituelle de cette question, je vais parler de la signification théologique. Le fait est que pour nous, ce qui compte c’est l’Alliance avec le Christ. Nous avons un accord avec Dieu, et Dieu est avec nous. Et comme le Seigneur le dit, personne ne peut nous enlever des mains du Père Céleste. Car, notre Père est plus grand que tous. Le Seigneur dit : « Nul ne les arrachera de ma main. » Selon les Pères de l’Eglise - Hippolyte de Rome, André de Césarée et Irénée de Lion, le sceau de l’Antéchrist, décrit dans le treizième chapitre de l’Apocalypse, dépend précisément d’un accord personnel avec l’Antéchrist. Cela est aussi une alliance, mais d’un autre genre. Non sans raison saint André de Césarée dit que de même que nous recevons le sceau du Saint-Esprit par la Confirmation, l’Antéchrist lui aussi donnera le sceau du Malin. Il n’est même pas une question de moyen technique, c’est une pensée erronée. On pourrait mettre le sceau avec un simple stylo, on pourrait le mettre n’importe comment. Car, le sens de ce sceau n’est pas lié à des matériaux techniques, il est dans la volonté de la personne qui passe du côté du Diable. Cela est tellement important !
Beaucoup de gens pensent que l’Antéchrist ne pourra pas nous reconnaitre sans le sceau. Or, comme on lit dans les Epitres aux Thessaloniciens, Satan vivra en l’antéchrist, il agira par l’action du Satan à qui sont soumis tous les esprits du mal. Les esprits du mal nous suivent constamment, ils possèdent déjà assez de matériaux compromettants contre nous. Comme il est décrit dans les épreuves de sainte Théodora, les démons notent tous nos péchés. Croyez-vous que l’Antéchrist aura de la difficulté à demander à ses démons où nous nous trouvons ? Evidement, ce sera facile pour lui. Pour cela il n’a pas besoin de nous suivre. Pour l’Antéchrist il ne sera pas important de savoir où se trouve la personne, de quoi elle s’occupe, ce qu’elle vend. Pour l’Antéchrist l’essentiel sera de savoir que la personne a fait un accord avec lui, qu’elle est entrée en union avec lui. Il utilisera la faim pour faire du chantage. Alors l’interdiction sur le commerce et le principe du commerce sera simple : soit tu te prosternes devant moi, soit tu meurs de la faim.
Chez nous une substitution a eu lieu, pourtant cette substitution a été faite par des sectes religieuses. L’idée que le numéro d’identification fiscal, le passeport biométrique et le passeport lui-même sont le sceau de l’Antéchrist vient du milieu schismatique. Divers groupes schismatiques ont inventé cette histoire du passeport. D’abord cela a été fait par des vieux-croyants russes et ensuite par les « begounes », la secte dont a parlé Monsieur Maximov. En ce qui concerne le numéro d’identification fiscale, cela nous est venu des Adventistes du Septième Jour. Dans les années 1970, une des prophétesses adventistes a eu une vision, révélée par un certain esprit, que le numéro d’identification fiscale était en vérité le sceau de l’Antéchrist. Comprenez-vous de quelle source obscure nous vient tout cela ?
Et pourquoi Satan diffuse-t-il tout cela ? Il le fait pour que tous ces gens qui ont peur du sceau acceptent tranquillement le vrai sceau de l’Antéchrist. Parce qu’ils ne chercheront pas le sceau là où il se trouve en réalité. Ils le chercheront dans des matériaux techniques dont l’Antéchrist n’a pas besoin. Le diable veut accoutumer les gens à ne pas se méfier du véritable ennemi. Voilà ce qu’a dit Saint Hippolyte: «Que dira l’homme quand il accepte le sceau de l’Antéchrist ? Il dira : « Je renie Dieu le Créateur du ciel et de la terre, Son Fils Unique Jésus Christ, le Saint-Esprit et la Sainte Eglise et je me livre à toi. » Vous voyez que saint Hippolyte avait raison. Maintenant l’Antéchrist contrôle des gens par leur renoncement à la création de l’univers. La théorie de l’évolution n’est-elle pas une préparation à la venue de l’Antéchrist ? Bien sûr que cette théorie est une préparation, surtout l’évolution théiste qui affirme que Dieu a créé le monde avec l’aide du mal et de la mort. Cela amène à l’Antéchrist. L’affirmation que le Christ n’est pas le seul chemin vers Dieu, c’est une affirmation qui amène à l’Antéchrist. L’affirmation que nous pouvons être sauvés en dehors de l’Eglise, elle aussi amène à l’Antéchrist. L’affirmation que nous devons bien nous installer dans ce monde, c’est aussi une affirmation qui amène à l’Antéchrist ; et quand nous dirons que nous vivons dans la paix et la sécurité, la ruine arrivera, comme l’apôtre Paul l’a dit. Le chemin de l’Antéchrist est dans l’idéologie et non dans la technologie. Voilà en réalité la substitution diabolique qui est devant nous, la substitution d’une véritable question d’accord personnel par une question d’appareils techniques. A mon avis, spirituellement beaucoup de gens partagent déjà des idées de l’Antéchrist. L’idée qu’il y a un seul Dieu, mais plusieurs chemins envers Lui, ceci est une idée de l’Antéchrist. Mais personne ne s’oppose à cette idée, personne ne lutte contre elle. On lutte contre des choses qui ne sont plus du tout actuelles. On disait qu’il y avait un ordinateur, nommé « la bête » à Bruxelles, en avez-vous entendu parler ? Mais je vous en prie, l’ordinateur « la bête » fabriqué en l’année 1976 est moins puissant que le mien qui est ici. Même cet appareil d’enregistrement que vous tenez dans votre main est plus puissant que l’ordinateur qui devait s’emparer de toute l’humanité. Mais cette vieillerie fait quand même peur à certaines gens. Tout cela témoigne simplement du dérèglement d’esprit dans lequel des gens sont tombés. Il y a un symptôme clair à remarquer : plus on s’occupe de la lutte contre le passeport biométrique et le numéro d’identification fiscale, plus on devient nerveux, anxieux, méchant et agressif. Cela pourrait-il venir du Saint-Esprit ? Est-ce que le Saint-Esprit peut être le « Dieu de désordre ». Comme l’apôtre Paul l’a dit, Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Mais je n’ai pas encore vu un seul homme tranquille et calme s’engager dans la lutte contre le numéro d’identification fiscale. Ce sont tous des hystériques. Chez nous il y avait un archimandrite respecté dans un monastère important, je ne cite pas son nom pour ne pas lui faire honte, qui était actif dans la lutte contre le numéro d’identification fiscale et pour finir il est devenu fou. Il est devenu littéralement fou, il courait nu autour du monastère et criait des bêtises. Il fut finalement interné dans une maison de fous. Voilà l’obscurcissement spirituel qui a complètement ruiné un homme. Chez nous des gens ont commencé de s’enfuir dans des grottes. Vous connaissez l’histoire de Penza ? Ce sont là tous les résultats de la même illusion. Un tel aveuglement peut-il venir de Dieu ? Non, cela vient de Satan. Et cela vient de Satan parce que le Diable veut nous tromper. Il nous trompe de manière que nous oubliions le Christ et pensions uniquement au Diable. Quand vous avez parlé du père Païssios, je me suis souvenu d’une histoire que j’ai apprise d’un témoin. Dans les années 1980 des pèlerins sont venus chez le père Païssios et lui demandèrent, quand est-ce que l’Antéchrist arrivera. Père Païssios leur demanda, « Pourquoi, vous voulez absolument le voir? »
Encore une question sur la vie spirituelle. Que faut-il d’essentiel pour affronter les tentations modernes ? Quelle vertu en particulier sera la plus importante ?
Le père Daniel : La confiance en Dieu est la chose principale et essentielle. Si nous n’avons pas la confiance en Dieu, notre prière devient une pratique pénible, notre père spirituel se transforme en psychanalyste. Toutes nos œuvres deviendront de simples travaux de compte. Il faut avoir une confiance personnelle en Dieu. Il faut se rappeler que nous marchons sous le regard de Dieu et que Dieu est avec nous. Dieu nous tient vraiment dans Ses mains et personne ne peut nous arracher de Ses mains. Comme l’apôtre Paul le dit, qui nous séparera de l’amour du Christ ? En effet, si nous sommes avec Dieu, toutes les autres vertus se mettent en place. La prière devient la communication avec Dieu, Qui est avec nous. L’obéissance devient la capacité d’entendre Sa Parole Sainte, de L’entendre à travers le bruit du monde. L’obéissance au père spirituel devient l’habilité à voir en lui l’image vivante du Christ et à contempler le Seigneur à travers lui. Le père spirituel est celui qui nous amène à Dieu et non celui qui se met sur le chemin pour nous humilier. Il en va de même pour l’humilité. Pas l’humilité qui dit, je suis mauvais, je suis bête, je ne comprends rien, mais l’humilité qui dit que sans Dieu je ne peux rien faire, et avec Dieu je peux faire beaucoup. En fait, l’humilité a un autre côté : l’audace. Elle est en nous quand nous nous rendons compte des talents que le Seigneur nous a accordés et pour lesquels il faudra Lui rendre compte. La douceur dans ce cas est liée avec le courage, car la douceur sans Dieu c’est la couardise, et la douceur avec Dieu c’est le courage. C’est comme cela pour tout. C’est pourquoi il faut marcher avec Dieu. De tout temps, dans les temps modernes et anciens, toujours.
Quels sentiments ont les orthodoxes russes pour des saints serbes comme saint Nicolas (Vélimirovitch) et saint Justin (Popovitch) ?
Youri Maximov : Saint Nicholas de Serbie et saint Justin Popovitch sont les saints serbes les plus aimés et les plus connus en Russie, ils sont aussi les orthodoxes serbes du vingtième siècle les plus connus en Russie. Le peuple orthodoxe russe a fait leur connaissance grâce à quelques petites traductions. Les paroles du Saint-Esprit, qui étaient dans les œuvres de ces deux ascètes serbes, ont trouvé une si forte résonnance dans les cœurs des russes, que les éditeurs, ayant vu cet intérêt, ont tout de suite commencé à publier et à traduire de plus en plus leurs livres. Actuellement, si vous entrez dans une librairie russe, vous verrez beaucoup de livres de saint Nicolas et de saint Justin. De plus, si vous regardez un ouvrage contemporain, vous verrez des citations des saints Nicolas et Justin. C’est l’offrande de l’Eglise Orthodoxe Serbe qui a été acceptée avec amour et gratitude par l’Eglise Orthodoxe Russe jusqu’au présent. Ces deux saints ont une très grande autorité en Russie. Je pense que c’est grâce au talent particulier de saint Nicolas, qui savait expliquer des choses compliquées d’une façon simple, il savait aussi comment les communiquer aux cœurs des lecteurs contemporains. Pourtant il n’écrivait pas de versions simplifiés et raccourcies ou des choses élémentaires, il expliquait les choses les plus profondes de notre foi. Pour cela, bien sûr, l’amour pour lui, ainsi que son autorité, est si grande. Et il le mérite. Grâce à cette vague d’intérêt pour l’héritage ascétique serbe on a traduit, et on traduit encore d’autres livres serbes en langue russe, d’autres livres d’auteurs religieux, parmi lesquels des théologiens serbes contemporains qui sont encore vivants. Mais à ma connaissance aucun de ces écrivains ne possède la même popularité parmi des lecteurs russes que ces deux colonnes de la pensée religieuse. Car, en lisant les textes de Nicolas de Serbie, nous sentons qu’il va droit au cœur.
Le père Daniel : J’aimerais ajouter quelque chose. Le fait est que ces premières traductions de saint Justin ont apparu dans les années 1970 sous la forme de « samizdat ». Ces versions samizdats, qui ont été traduites aux environs de 1982-1983, ont réussi à faire quelque chose de très important. D’abord il faut comprendre qu’à l’époque soviétique, l’œcuménisme était courant. Nous savons que toutes les églises, y compris des hiérarques, participaient à ce mouvement. Elles espéraient qu’avec un ennemi commun – l’idole du matérialisme – elles pourraient surmonter les divergences qui existaient entre orthodoxes, catholiques et autres. Cela, bien sûr, était une erreur. Et justement l’œuvre de saint Justin, « L’Eglise Orthodoxe et l’œcuménisme » a fait beaucoup pour changer les points de vue d’un grand nombre des gens qui maintenant effectivement définissent la vie de l’Eglise russe. Cela n’a pas concerné uniquement des théologiens et hiérarques, vraiment ce livre a eu l’effet d’une bombe. En ce qui concerne Nicolas de Serbie, d’après mon expérience, il est beaucoup apprécié par les gens de tous les jours. Alors que saint Justin a beaucoup aidé les gens versés dans la théologie à changer leur conception du monde. Je le dirais comme ça. Avec son livre contre l’œcuménisme, saint Justin a largement donné l’élan pour réévaluer le phénomène de l’œcuménisme. Grâce à lui, très peu d’idées œcuméniques sont restées dans l’église russe, et l’œcuménisme est méprisé chez nous. Le plupart de gens, même ceux qui s’occupent de l’œcuménisme, se disculpent. Il n’y avait jamais eu cela auparavant. Dans les années 1970, l’œcuménisme était considéré comme quelque chose de complètement normal. Maintenant, il est considéré comme quelque chose de honteux, même par ceux qui l’étudient. Et en effet, c’est là le mérite de saint Justin. Après les œuvres de saint Justin, et encore plus tard, on a commencé à publier les œuvres de saint Hilarion Troïtski et d’autres auteurs. Mais c’est effectivement saint Justin qui a posé la première pierre.

Version française
Aviv SALIOU-DIALLO et Charles HABEL
que nous remercions


L'Ermitage du cœur (84)


Sache que pour ton âme
N'existe vraiment
Que ce que tu bâtis dans le ciel
Avec la prière et les actes

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 16 mars 2011

Père Daniel Syssoev: Les entretiens Serbes (II) Troisième partie


861

Mais il y des gens qui sont indifférents à la foi. J’ai lu chez le père Païssios l’Athonite que les gens indifférents sont les pires. On ne peut parler de Dieu à une telle personne, et elle répondra : « Cela ne m’intéresse pas. »
Le père Daniel : Si quelqu’un dit que Dieu ne l’intéresse pas, il fait son choix. Cela veut dire qu’il rejette Dieu. C’est la révolte contre Dieu. Le pas suivant de cette personne, qui, au début était indifférente, sera de te détester. Cela sera le mauvais choix.
Le devoir du missionnaire est d’être un témoin. Son devoir n’est pas de forcer des gens à devenir orthodoxes. Nous ne pouvons pas convertir tout le monde. Nous ne pourrons jamais faire cela. Le Seigneur lui-même ne l’a pas fait. Car la liberté que Dieu a accordée à Sa création suppose la possibilité d’un refus complet. Et évidement nous ne devons pas attendre ce que Dieu ne nous avait jamais promis. Dieu n’a jamais promis que nous convertirons tous les hommes. Dieu a promis que nous témoignerons devant tous. Je pense que, malheureusement, nous avons attendu trop longtemps pour faire cela. Nous n’avons toujours pas annoncé l’Evangile au monde entier. Or, maintenant cette possibilité existe. Chaque jour nous répétons, « Que ton règne vienne », mais notre inaction retarde l’arrivée du Christ. Si la mission avait été accomplie, le Christ serait déjà revenu, n’est-ce pas ? Comme il est dit, l’Evangile sera proclamé dans le monde entier et alors viendra la fin.
Certains citent saint Ignace (Briantchaninov) qui a dit que l’apostasie arrive par la volonté de Dieu et qu’il ne faut pas que l’homme essaie de l’arrêter avec sa main impuissante. Quelle relation existe entre les paroles du saint Ignace et l’activité missionnaire ?
Youri Maximov : Ici saint Ignace parle des personnes qui ont déjà fait leur choix, de ce fait, nous ne pouvons plus rien faire pour eux. Si quelqu’un ne veut pas entendre parler de Dieu maintenant, et que vous répétez et insistez, il ne deviendra pas orthodoxe grâce à cela, il va simplement vous détester. Et cela vous ne pourrez pas le changer. Or, si quelqu’un recherche la vérité, vous pourrez beaucoup changer. Vous savez, il y a une parabole intéressante. Un homme marchait au bord de la mer après une tempête. La mer avait rejeté beaucoup d’étoiles de mer sur la plage, jusqu’à un point tel que la plage en était couverte. Et puis cet homme qui passait a vu qu’un garçon était en train de ramasser les étoiles de mer et de les lancer dans la mer. L’homme dit au garçon, « Pourquoi fais-tu cela ? » Le garçon lui répond, « Si je ne les ramasse pas et que je ne les remets pas dans la mer, elles se dessécheront et mourront. » L’homme répliqua, « Regarde combien d’étoiles de mer sont sur cette plage, tu ne peux rien changer, tu n’arriveras jamais à les remettre toutes dans la mer. » Alors le garçon souleva une étoile de mer, la regarda, la jeta dans la mer et dit : « Peut-être que je ne peux pas changer quelque chose pour toutes les étoiles, mais pour cette étoile-ci, j’ai changé beaucoup. »
Le père Daniel : Je voudrais ajouter quelque chose qu’il est très important de rappeler aux missionnaires. Chez nous on dépense beaucoup d’énergie à contester l’apostasie, et très peu d’énergie à sauver les gens. En effet, il n’est pas possible d’arrêter l’apostasie. L’apostasie, la révolte contre Dieu, est incontestable. C’est la vérité. Mais, pensez aux chrétiens anciens. Ils ne luttaient pas avec les péchés des païens, avec la fornication païenne. Les chrétiens anciens ne luttaient même pas avec les jeux des gladiateurs. Ils sauvaient les païens, les assemblaient et leur disaient qu’il ne faut pas se prosterner devant les idoles, qu’il faut adorer le seul et véritable Dieu. Et voilà, quand les païens devenaient chrétiens, ils cessaient de forniquer, de participer aux jeux des gladiateurs, etc. Et quand ils furent nombreux, on interdit la débauche et les jeux de gladiateurs. Mais chez nous tout est renversé. Chez nous, on lutte contre ce que l’on ne peut pas vaincre, et en même temps on ignore ceux que l’on pourrait sauver. C’est une erreur. Saint Ignace a tout à fait raison quand il dit que nous ne devons pas nous occuper de l’apostasie. Or, nous sommes capables de sauver ceux qui souhaitent être sauvés. Ce point est très important actuellement. Parce que chez nous, en Russie, on dépense beaucoup d’énergie à lutter contre ces malheureux passeports biométriques et numéros d’identification fiscaux. Si l’on dépensait cette énergie à prêcher l’Orthodoxie aux musulmans, la Russie ne ressemblerait pas à ce qu’elle est aujourd’hui.
Youri Maximov : J’aimerais ajouter quelque chose que peut-être le lecteur serbe ne sait pas. Saint Ignace était l’archevêque de la région Caucasienne où vivaient beaucoup de musulmans, et il menait la mission dans son diocèse. Il avait à sa disposition, comme dans tous les grands diocèses de l’Eglise Orthodoxe Russe, des missionnaires diocésains qui devaient annoncer l’Evangile aux musulmans et aux autres non-croyants. Avant la révolution en Russie c’était une pratique habituelle. Dans les lettres de saint Ignace, ces missionnaires sont mentionnés, ainsi que les musulmans qui ont accepté, dans ces diocèses, d’être baptisés grâce aux miracles qui s’y produisaient. Il serait donc absurde de penser que saint Ignace aurait été un opposant à la mission.
Je voudrais vous poser une question sur l’état de l’Orthodoxie en Russie. Il y a des gens en Serbie qui disent que l’Orthodoxie en Russie se renouvelle, on y construit des églises, il y a des chaînes de télévision et de radio orthodoxes, etc. En même temps il y a aussi des gens en Serbie qui disent que la Russie ressemble plutôt au fromage suisse, ayant des immenses trous, c’est-à-dire, des graves problèmes sociaux : la toxicomanie, l’alcoolisme, etc. Quel est le véritable état de la Russie actuelle ?
Youri Maximov : Il faut dire que les deux camps ont raison. En effet, il y a des problèmes. En Russie, on a beaucoup de problèmes moraux, de problèmes religieux. Mais en même temps, à côté de ces problèmes, la sainteté est apparente en Russie. Il n’y a pas forcément contradiction entre les deux. Si nous regardons l’histoire de l’Eglise, nous verrons que la situation y a toujours été pareille. Cela est vrai pour l’histoire de l’Eglise universelle, de l’Eglise russe et serbe. Par exemple, j’ai lu les lettres de saint Pierre Tsetinsky. Il parlait du terrible état moral au Monténégro parmi les prêtres serbes et parmi le peuple. D’après la description qu’il fait, il y avait beaucoup de problèmes. Pourtant, il y avait beaucoup de sainteté, saint Pierre lui-même était un saint de son époque. Vous savez que parfois des gens veulent juger de l’état de l’Eglise par des résultats, des événements extérieurs particuliers. Selon eux, si tout va bien extérieurement, tout va bien spirituellement aussi. Pendant l’époque des hiérarques saint Jean Chrysostome, saint Basile le Grand et saint Grégoire le Théologien, comme nous le savons tous, il y avait l’hérésie de l’arianisme et d’autres terribles problèmes dans l’Eglise.
Le père Daniel : Quand on demandait à saint Basile le Grand, « comment va l’Eglise ? », il répondait, comme mon corps, tout fait mal et il n’y aucun espoir qu’il guérisse.
Youri Maximov : C’est la même chose en Russie maintenant. Comme l’a dit saint Nicolas de Serbie, l’âme russe ne connait pas de juste milieu, elle va soit aux hauteurs de la vertu, soit au fond de l’enfer. Récemment, concernant la Russie moderne, j’ai rencontré cette même pensée en lisant les observations d’un prêtre orthodoxe belge qui avait vécu quelques années en Russie. Il dit qu’en Russie d’un côté on rencontre des gens qui nous font vraiment peur, mais de l’autre côté, il y a une sainteté en Russie qu’on ne verra jamais en Europe.
Le père Daniel : J’ajouterai que cela ne concerne pas uniquement la Russie. C’est qu’il existe simplement deux cités : la cité céleste, qui voyage dans ce monde, et la cité terrestre, qui s’installe dans ce monde. En Russie, on voit cela nettement bien. Il y a deux Russies. Il y a la Sainte Eglise qui voyage dans ce monde. Ceux qui lui appartiennent se reconnaissent facilement. Chez nous on les appelle les « tserkovniks » (du mot tserkov qui veut dire église en russe/ ceux qui vont à l’Eglise). Mais je les appelle les « ouranoupolites », les citoyens du ciel. Ce sont ceux qui vivent ici sur terre pour les intérêts célestes. Ils ne sont pas très nombreux, mais parmi eux, il y a des gens magnifiques, qui véritablement, réalisent l’Evangile dans la vie. Je pense qu’il n’est pas si important qu’on ait des chaines de télévision et de radio orthodoxes. Ce qui est important, c’est le rayonnement intérieur de sainteté qui fait que l’Eglise soit l’Eglise en tant que telle. Et en même temps, il y a des gens qui se sont installés dans le monde, qui cherchent leur propre satisfaction, qui veulent profiter au maximum de la vie. Ces gens peuvent même porter une croix, visiter l’église, mais ils sont pour Dieu des étrangers. Je ne veux pas dire pour toujours. Il y a de l’espoir pour eux ; et Dieu les visite par des crises économiques et des grippes porcines. Dieu visite tous les hommes selon des modalités diverses. Et parmi eux, il y a ceux qui se repentent. Pourtant il est intéressant de noter que la limite entre ces deux types de personnes n’est pas du tout liée à leur situation financière. Il y a des riches qui sont justes et il y a des pauvres qui sont impies.
Saint Augustin a dit, « Les gens font partie de la cité de Dieu quand ils aiment Dieu jusqu’au mépris de la terre et d’eux-mêmes, ils font partie de la cité terrestre quand ils s’aiment eux-mêmes jusqu'à détester Dieu. » La limite est nette. Et en Russie, on la voit d’une façon très claire. En fait, je pense qu’il en est de même en Serbie.

Version française
Aviv SALIOU-DIALLO et Charles HABEL
que nous remercions


L'Ermitage du cœur






Passe dans les temps
Difficiles ou souriants
Avec la certitude claire
De l'Eternité promise


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)


mardi 15 mars 2011

Père Daniel Syssoev: Les entretiens Serbes (II) Deuxième partie


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Le père Daniel : J’aimerais ajouter une raison pour laquelle souvent les gens ne veulent pas mener la mission. C’est qu’en fait la Sainte Ecriture fait une différence nette entre le monde de la lumière et le monde des ténèbres. Il existe le domaine des élus, l’Eglise de Dieu : le domaine des sauvés, comme on le dit dans le canon. Et il existe le domaine où agit le Diable, où les gens vivent sous le pouvoir du prince des ténèbres, et après la mort finissent inévitablement en enfer. En fait dans notre esprit collectif cette frontière est floue. Chez nous, il y a ceux qui disent, « Oui, sans l’Eglise on ne peut pas être sauvé », et en même temps ajoutent, «Mais il y a des gens très bons qui sont hors de l’Eglise. » Voilà la raison pour laquelle les gens ne veulent pas annoncer l’Evangile. Ils croient qu’ils peuvent être sauvés par leurs propres bonnes œuvres, mais cela n’est pas possible, c’est l’hérésie de Pélage. S’il était possible d’être sauvé sans l’Eglise, le Christ serait mort en vain. Et c’est justement ce sentiment de pouvoir être sauvé sans le Christ qui ruine la mission. Je ne peux pas rester assis et me taire, quand je sais que qu’il est sûr que mon voisin hétérodoxe va en enfer, que les gens hors de l’Eglise sont des gens perdus. Ce sont des gens qui se glissent doucement en enfer et en sont conscients. Il n’y a personne qui le leur dit à côté, ils le sentent eux-mêmes. Ils sont déprimés, consumés par des passions, guettés par leur conscience et par la vie. Ils sont malheureux, ils hébergent de faux espoirs et récoltent un vrai chagrin. Ils cherchent une solution et nous leur disons, « Ce n’est pas grave, tu peux être mauvais et tout ira bien». C’est du mensonge. C’est justement ce mensonge, l’absence du sentiment d’être élu qui inspire le mépris pour la mission. Nous sommes des élus. Dieu ne nous a pas élus pour que nous nous pavanions et que nous nous vantions en disant : « Ô comme nous sommes bons ! », mais pour porter la Lumière du Christ, pour appeler, «Montez à bord de notre vaisseau. » Vous savez, il y a un tableau anti-œcuménique extraordinaire qui montre le Christ en train de conduire un navire, on tire sur lui de tous les côtés, c’est vraiment comme ça, mais en même temps Il doit aussi sauver tous les gens qui nagent dans la mer. Or, chez nous on ne veut même pas lancer des filets à ces gens. En plus, il y a des cas où on repousse des gens qui veulent monter à bord. Cela, bien sûr, va contre l’Evangile.
Je pense que si nous regardions bien dans l’Evangile, si nous nous souvenions des Béatitudes, nous verrions que beaucoup de Béatitudes font appel à la mission.
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ». Quelle est la plus grande miséricorde ? Ce n’est pas de donner de l’argent, mais de donner la vie éternelle. La personne à qui on donne de l’argent le dépensera en quelques jours, mais la vie éternelle sera toujours avec elle.
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » Que peut-il y avoir de plus élevé que de réconcilier les gens avec Dieu. Les gens sont devenus ennemis de Dieu, Dieu est en colère contre les gens. Et si tu es missionnaire, tu accomplis le service du Christ, tu es l’envoyé du Seigneur Jésus Christ Lui-même et tu recevras Sa récompense, la récompense du fils de Dieu, dit le Seigneur. N’est-ce pas ? Les gens disent, « Comment puis-je devenir missionnaire ? On va me persécuter». Oui, bien sûr, c’est pourquoi il est dit : « Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux». Notre récompense dans les cieux est énorme. Les gens ont oublié la récompense céleste, ils ont oublié que nous vivons ici pour gagner notre récompense là-bas. Nous sommes trop accrochés à la terre. Si on lit la presse orthodoxe, de quoi y parle-t-on? On parle de politique, de ce qui s’est bien arrangé, de qui a établi de bonnes relations ici ou là. Mais, excusez-moi, nous quitterons cette terre sans aucun doute. Peut-être même aujourd’hui. Nous marchons tous sous le regard de Dieu. La mort n’est jamais très loin. Les gens ont oublié cela, ils ne veulent pas penser qu’il faut se préparer à l’éternité.
De plus, certains disent, «Se préparer pour l’éternité, c’est de la cupidité». Mais que dit le Christ ? N’a-t-Il pas dit, «Ne vous amassez aucun trésor» ? Il nous prescrit d’amasser des trésors dans le ciel, là, où il n y a ni voleurs, ni vers, et ni mites qui consument. Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. Mais les gens ont oublié cela, ils amassent un trésor sur terre, ils vivent pour la terre. Et ils utilisent Dieu comme une sorte d’aide supplémentaire, comme le petit poisson d'or dans le conte de Pouchkine, le poisson d’or devait faire le trottin. De la même façon nous essayons de profiter de Dieu. Naturellement ce genre de personne n’annoncera pas l’Evangile, puisque cette personne utilise Dieu comme un moyen de satisfaire ses propres intérêts. Cela n’est pas honnête, et je doute que cette personne soit en réalité chrétienne.
La pitié pour les gens qui sont en train de périr, voilà qui est vrai. La peur d’être puni par Dieu pour avoir enfoui son talent dans la terre, le désir de gagner un trésor dans le ciel, c’est cela qui motive le missionnaire. Nous devons marcher avec Dieu, comme le Seigneur dit d’Enoch : « Enoch marcha avec Dieu, puis Dieu l’enleva. » Voila, marcher avec Dieu, c’est cela la racine de la mission. Dans ces conditions vous comprenez pourquoi la mission et la prière sont en effet une même chose. Avant de partir annoncer l’Evangile, j’embrasse ma croix pectorale de prêtre et je dis les mots suivants : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera Ta louange». Je sais que dès que je compte sur moi-même, la mission échoue. Et dès que je compte sur Dieu, la mission prend son essor. Car, je suis un serviteur du Christ. Chacun peut devenir serviteur du Christ, chacun peut gagner la récompense. De plus, le Concile de l’Eglise Orthodoxe Russe a développé la conception de la mission. Dans ce document, il y a une phrase très importante. Il est dit que la mission de l’Eglise est la continuation de la mission apostolique du Christ. Le Christ est le premier Apôtre. Et chez nous la parole du Christ continue. C’est le Fils de Dieu Lui-même Qui annonce l’Evangile en nous. Le Saint-Esprit Lui-même nous attire. Savez-vous que Dieu le Père fait un grand travail de recherche ? Comme le Seigneur le dit, « Les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. » Il recherche sur terre les gens qui sont prêts à L’adorer. Comment les recherche-t-il ? Par des missionnaires. Il envoie des missionnaires pour rechercher ces gens. Vous imaginez-vous ce que Dieu nous dira, si nous refusons cette mission ? Bien sûr, Dieu enverra d’autres missionnaires, mais qu’adviendra-t-il de nous ? Dieu dira, « Voilà un homme qui périssait, et tu l’as ignoré. Tu as refusé d’accomplir ma Parole. » Comment pourrons-nous paraître devant Lui ? Nous dirons, « Oui, Seigneur, mais nous T’avons tellement prié». Le Seigneur répondra, « Que veut dire, nous avons prié ? Un homme périssait. Pourquoi avez-vous ignoré ma Parole directe ? L’homme demandait du pain et vous lui avez donné une pierre. Vous lui avez tourné le dos. » Le rejet de la mission est aussi l’oubli du Jugement divin, du fait que nous devons répondre de tous nos actes. Nous oublions aussi que même dans la loi civile, il existe le principe de « l’abstention délictueuse » [non assistance], de n’avoir pas porté secours à quelqu’un en danger mortel. Et ce principe s’applique aussi à la loi spirituelle. Ne pas porter secours spirituel, n’est-ce pas aussi un crime ?
Grâce à mon expérience je peux te dire que lorsque tu prêches, tu te trouves sur un fil. Le Seigneur te rappelle que tu marches avec Lui, et si tu es menacé de tomber dans le péché, tu en es tout de suite empêché, le Seigneur ne te laisse pas tomber. Et même si tu tombes, le Seigneur te relève. Il ne te laisse pas t’endurcir dans le péché, parce qu’à travers Sa Parole que tu annonces aux autres Il te rappelle que tu devrais marcher avec Lui.
Qu’est-ce qu’un missionnaire doit faire en premier lieu ? Le Seigneur nous prescrit : « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre». Alors, notre mission est d’être des témoins du Christ, c’est-à-dire que nous devons annoncer uniquement le Saint Evangile. Nous ne devons pas annoncer notre ethnicité russe, serbe ou américaine ou n’importe quelle autre chose. Or, nous devons seulement annoncer le Seigneur Jésus Christ, pourtant crucifié. Parlant de cette manière, tu vas te juger toi-même. Vous voyez, si tu dis aux autres, « ne forniquez pas», mais que tu forniques, il y aura des problèmes. Tu énonces, « Ne jurez pas », mais toi-même tu jures, il y aura les mêmes problèmes. Tu jugeras tes propres actes par la Parole de Dieu que tu annonces. Comme saint Grégoire de Nysse l’a bien dit : « Si tu souhaites enduire quelqu’un de saint chrême, tu verses le chrême sur ta main, et ensuite tu le verses sur lui. Qui enduis-tu en premier ? Tu t’enduis toi-même. »
C’est pourquoi l’Evangile est un livre vivant pour le missionnaire. Ce n’est pas un texte dont on tire des citations pour des thèses théologiques. Le missionnaire doit parler toujours uniquement de ce livre, et le vivre aussi. Une très grande erreur des missionnaires c’est d’essayer de diluer l’Evangile. Dans la deuxième Epître aux Corinthiens, l’apôtre Paul dit les paroles suivantes : « Nous ne sommes pas, en effet, comme la plupart, qui frelatent la parole de Dieu. » Frelater, c’est-à-dire diluer, comme on le faisait dans les tavernes. On prenait du bon vin, on rajoutait de l’eau, et pour que les gens ne remarquent rien, on ajoutait encore un peu de couleur. En lui-même le vin est curatif, bon pour la santé, mais le vin frelaté perd sa force, et avec l’addition du poison, il devient nuisible. Les mauvais missionnaires font exactement la même chose. Ils disent, « Les gens d’aujourd’hui ne comprennent pas la Parole de Dieu telle qu’elle est. » Tout récemment on m’a dit, « Père Daniel, c’est en vain que tu prêches si directement, le Christ ne les intéresse pas. » Alors, nous allons ajouter quelque chose de nous-mêmes. Nous allons mettre à jour la parole de Dieu, la moderniser, la rendre plus compréhensible, plus tolérante. Or, à mon avis, en réalité c’est le Christ qui nous intéresse. La politique n’est pas intéressante, le sport n’est pas intéressant. Mais parler du Christ, c’est intéressant.
Youri Maximov : J’aimerais ajouter quelque chose. Il est très important de comprendre ce que le père Daniel disait. Certains, parlant de la mission d’un point de vue théorique, disent qu’il faut modifier l’Orthodoxie pour que la mission réussisse. C’est du mensonge. C’est précisément la prédication de l’Orthodoxie de l’Evangile et des Pères de l’Eglise, sans l’altération d’une Orthodoxie moderne, l’Orthodoxie traditionnelle et saine que nous avons reçue des apôtres par les Pères de l’Eglise, c’est celle-ci qui touche les gens. « L’orthodoxie » moderne n’est pas capable de toucher les gens, et les missionnaires modernes en principe ne réussissent pas. Car, en gros le modernisme dit, « Tu peux croire ce que tu veux et vivre comme tu veux, l’essentiel c’est d’être une bonne personne et tout ira bien». Mais ce sermon ne convaincra que ceux qui cherchent le confort, et non ceux qui recherchent la vérité. Quand la personne qui recherche la vérité entend ce sermon moderne, pseudo-orthodoxe, elle se dira, « Je suis déjà une personne sympathique, pourquoi dois-je devenir orthodoxe ? » Les modernistes ne peuvent pas donner une réponse adéquate à cette question. C’est donc pour cela que leur mission n’est pas fondée. Or, ils pensent que la mission n’a pas de fondement en elle-même, comme si les gens ne s’intéressaient pas à connaître la vérité de Dieu. Mais cela est faux. Les paroles pseudo-orthodoxes n’intéressent pas les gens, parce que ces paroles n’ont ni force ni vérité. Or, la Parole évangélique, la parole patristique de la théologie véritable sont intéressantes même pour les gens simples qui n’ont pas de connaissances théologiques.
Saint Théophane le Reclus parlait de ce phénomène, il a dit : « Les douze apôtres sont sortis et ont converti une multitude. Comment ont-ils pu faire cela ? Pourquoi ? Parce qu’ils n’énonçaient pas leur propre spéculation, ils énonçaient la vérité divine. La conscience vit dans l’âme de chacun, elle distingue la vérité du mensonge. » Et quand nous exposons à quelqu’un nos propres fantaisies, il écoute simplement, mais nos paroles ne résonnent pas dans son âme. Il pense, « Oui, la façon dont il imagine les choses est intéressante. Alors, j’ai écouté et maintenant ça suffit. » Or, quand nous lui exposons la Parole de Dieu, elle résonne dans son âme. Sa conscience lui répond et lui témoigne intérieurement que tu dis la vérité. Deux voies différentes s’ouvrent alors chez la personne qui écoute l’Evangile et sent l’action de sa conscience. Ceux qui choisissent la première voie se disent, « Je vais suivre la vérité. » Qu’est-ce que cela veut dire, suivre la vérité ? Cela veut dire renier intérieurement tout ce qui contredit la vérité. Ceux-ci disent, « Pour moi seul Dieu est important, le péché n’a aucune importance pour moi. J’arrache toute obscurité en moi, j’arrache tout ce qui m’empêche d’approcher Dieu et je m’en vais. » Ceux qui choisissent la deuxième voie se disent, « Non, je reste avec mes péchés, je reste avec mes opinions, avec ma philosophie. » A ce moment dans l’âme de celui-ci, la conscience, les remords commencent à le brûler comme le feu. A cause de cela personne ne peut être indifférent envers les orthodoxes. Soit on les aime, soit on les déteste. Car la conscience de chacun agit sur lui de cette façon. Nous voyons cela dans les vies des apôtres. Une multitude de gens se sont tournés vers les apôtres, parce que les paroles des apôtres résonnaient avec la vérité qui étaient déjà en eux. En même temps, les apôtres ont souffert de la main de ceux qui les détestaient.



Version française
Aviv SALIOU-DIALLO & Charles HABEL
que nous remercions

L'Ermitage du cœur


Par le Nom
Commence la prière
Qui va faire descendre le Ciel 
Dans ton cœur attentif

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Un très beau texte!

Sur l'excellent blog du moinillon
Moïse

à l'exemple de Moïse
Par ptit moine le lundi 14 mars 2011, 10:00 - spiritualité
Un récit édifiant emprunté au journal du jeune prêtre russe Antoine Skrynnikov.

« Il y a peu, il fallait vérifier la chaudière placée dans le sanctuaire, qui gère le chauffage. Je ne sais pas de quoi il s'agissait, mais nous avons fait appel à un paroissien plombier. C'est moi qui devais le conduire dans le sanctuaire et lui montrer la «zone à problème». Devant les portes du sanctuaire, il se mit à retirer ses chaussures. En dépit de mes exhortations à ne pas faire cela, parce que tout le monde entre dans le sanctuaire ainsi, il ne m'a pas écouté et m'a dit qu'il n'entrerait pas dans un endroit saint avec des chaussures. Ensuite il se prosterna longuement devant l'autel et pria. Finalement, il se mit à démonter la chaudière, et je sortis. Au bout de 10 minutes je suis entré dans le sanctuaire et ai entendu qu'il parlait avec quelqu'un. J'ai tendu l'oreille et ai entendu ces mots étonnants : «Seigneur, mon tout Proche (Родненький), aide-moi. Que ferais-je sans Toi avec mon cerveau ? sans Toi je n'arriverai à rien.»
C'était la conversation réelle d'un homme réel avec le Dieu réel. Il parlait avec Lui, sachant qu'Il était tout près de lui. C'était la conversation d'un fils aimant avec un père aimant.
Et il était effrayant de voir à quel point on s'habitue rapidement à la sainteté du sanctuaire, parfois on a même la paresse de faire les métanies en entrant. Seigneur, donne-nous une telle foi «d'enfant»...

P.-S. Les Coptes ont pour tradition d'enlever leurs chaussures en s'approchant de la Communion.

Idée de Nicolas.

lundi 14 mars 2011

Père Daniel Syssoev: Les entretiens Serbes (II) Première partie


Prêtre Daniel Syssoev et Youri Maximov
« Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange »

Stanoj Stankovitch : Première question – Qu’est-ce que vous pensez de la mission dans le monde entier : en Afrique, en Russie et dans les Balkans ?
Le père Daniel : Je pense que le Seigneur a créé une situation dans laquelle la planète entière est ouverte à la mission orthodoxe. En fait, une telle situation n’existait pas il y a même vingt ans. La globalisation que nous voyons aujourd’hui est en fait l’œuvre de Dieu, afin que l’Evangile soit diffusé jusqu’au bout du monde, pour que le message pur et non altéré des saints apôtres puisse atteindre tous les peuples de la planète. Et si nous, les chrétiens, ne saisissons pas cette occasion, le Seigneur nous châtiera sévèrement pour n’avoir pas converti des gens à la lumière orthodoxe. En ce qui concerne la mission aujourd’hui, elle commence à s’agrandir. On sait que l’église russe et l’église grecque ont des missions actives ; l’église d’Alexandrie mène aussi une mission active. Youri Maximov vous racontera tout cela en détail, et moi, je vais vous parler de la mission en Russie.
Il existe deux types de missions en Russie : il y a la mission interne, dirigée vers les orthodoxes titulaires, elle s’appelle plus précisément le catéchisme, et il y a aussi la mission externe. Malheureusement, la mission externe est moins active, mais elle commence à s’intensifier. Analysant l’expérience de nombreux missionnaires, Youri Maximov et moi avons conclu qu’il est nécessaire de créer le mouvement missionnaire du saint prophète Daniel. Nous l’avons créé et il existe ce plan suivant, qui est l’expérience généralisée de l’église russe : chez nous, on donne des cours préparatoires pour les missionnaires orthodoxes ; pendant une année ils apprennent à prêcher dans les rues, dans les sectes, et chez des gens d’autres religions, et aussi chez les orthodoxes titulaires.
Par quel moyen? Ils proposent aux gens de parler de Dieu, les invitent tous à visiter l’église, ceux qui n’y ont pas été depuis longtemps, et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Ils les invitent à la confession et à la Communion et proposent le baptême à ceux qui ne sont pas baptisés. En même temps, nos missionnaires distribuent des feuilles spéciales qui expliquent pourquoi il faut être baptisé, et pourquoi il faut se confesser et communier. En outre, ils donnent aux gens les coordonnées de l’église car c’est très important d’avoir un endroit où l’on peut inviter les gens.
Ensuite, il y a la deuxième étape, le catéchisme. Il existe plusieurs systèmes de catéchisme. Dans notre église, nous utilisons un système qui consiste en cinq entretiens : sur Dieu, sur la Création, sur le Christ, sur les Sacrements et sur la Loi de Dieu. Chaque entretien dure deux heures et demie et au cours de ces cinq entretiens la personne se prépare au baptême, ou si elle vient d’une secte religieuse, à l’entrée dans l’Eglise. Elle lit aussi les quatre Evangiles et les Actes des Apôtres, et enfin, après tout cela, la personne s’unit solennellement à l’Eglise ; d’habitude on baptise les gens pendant une Liturgie baptismale.
Après le baptême on commence l’étape finale : les gens entrent dans la vie de l’Eglise en étudiant la Sainte Ecriture. Pour cela chez nous, il y a des cours constants où on étudie la Bible. Chaque semaine dans notre paroisse et dans quelques autres paroisses de Moscou, on étudie la Parole de Dieu en détail. C’est aussi très important, car une des raisons pour lesquelles beaucoup de protestants ne veulent pas se joindre à l’Eglise, c’est que nous n’étudions pas assez la Sainte Ecriture. Je pense que nous, ayant une telle richesse en littérature patristique, nous devons absolument utiliser cette source.
Il est aussi très utile de mener la mission dans les hôpitaux. A Moscou, par exemple, des prêtres servent dans presque tous les hôpitaux, ils sont aidés par des sœurs de charité qui préparent les malades à la première confession. C’est une grande œuvre et nous devons l’intensifier. Cette pratique existe dans d’autres diocèses aussi. En ce qui concerne l’église russe dans son ensemble, il y a des régions où la mission est active et réussie, et puis il y a d’autres régions où c’est le contraire, les prêtres ont peur de prêcher l’Evangile, par exemple, à cause de l’Islam rampant. Alors la situation change en fonction de la région. Il est très important évidement que non seulement les prêtres, mais aussi les fidèles participent à la mission. L’expérience de l’église russe montre que la mission menée par des laïcs réussit très bien. Pour cela il faut, bien sûr, que les fidèles soient bien préparés, qu’ils agissent sous le contrôle des prêtres, mais qu’ils prêchent eux-mêmes.
Il est également très important que maintenant existent des programmes bien développés par des laïcs pour étudier le Saint Evangile. Sur la base de ces programmes, et sur l’enseignement des Pères de l’Eglise, les fidèles forment des cercles d’études et lisent l’Evangile en profondeur. Ces cercles d’études existent déjà. Après quelques échecs dans ce domaine, nous voyons actuellement de vraies réussites. J’ai vu un groupe des fidèles non loin d’Oulianovsk qui étudiaient les Evangiles, sur le fondement patristique, et tout marchait très bien, les jeunes s’entraidaient spirituellement, et mais pas seulement les jeunes. On parle souvent de la mission parmi les jeunes, mais il ne faut pas oublier que la mission devrait exister pour tous les âges et dans toutes les couches de la société. La mission existe pour les adultes, pour les personnes âgées et pour les enfants ; un témoignage évangélique doit exister pour tout le monde.
Justement, mon expérience personnelle au Kirghizstan montra qu’un des meilleurs programmes d’évangélisation consiste à inviter des protestants et des occultistes aux entretiens, et à ne pas commencer par critiquer leur foi, non, mais à commencer simplement à parler de notre foi orthodoxe telle qu’elle est, comme les Pères de l’Eglise l’enseignaient, comme le Christ l’enseignait par Ses apôtres. Et c’est à ce moment que les gens commencent à changer, parce que la Sainte Parole de Dieu elle-même change la personne. C’est très important. En ce qui concerne l’apostolat dans l’église russe, il est bon, assez bon. Nous voudrions qu’il soit encore meilleur. Mais au moins il y a quelque chose, au moins il y a une mission. A Moscou et dans la région centrale du pays, l’évangélisation est bien formée. Même si, évidement, il pourrait y avoir des progrès. L’évangélisation est bien organisée dans le diocèse de Kemerovo et en Sibérie où se trouve le père Igor Kroptchev et d’autres prêtres de la section missionnaire. Là-bas il y a une évangélisation active parmi les peuples indigènes, par exemple, parmi les Chors. Il y a des régions où on ne mène presque pas du tout la mission, c’est en Asie centrale. Au moins il y a des gens actifs au Kazakhstan, et j’espère que bientôt l’évangélisation se fera dans le pays entier. En ce qui concerne l’Extrême Orient, le patriarche Cyrille s’est très bien concentré sur la région, donc dans plusieurs diocèses, il y a une évangélisation active, en premier lieu dans le diocèse de Sakhalin et aussi dans les diocèses de Khabarovsk, de Kamtchatka et dans le Primorie, et maintenant une mission vient de s’organiser à Tchoukotka. La mission en Iakoutie est très active. La territoire de Iakoutie est énorme, il est aussi vaste que l’Europe, mais là-bas il y a très peu de prêtres.
Si on parle des territoires appartenant à l’église russe, mais qui sont en dehors de la Communauté des Etats indépendants, bien sûr il faut dire que l’évangélisation de la Chine est très difficile. Le père Dionisius Pozdniaev et quelques autres prêtres font de leur mieux, mais malheureusement, à cause des lois chinoises, et surtout à cause d’un manque des missionnaires laïcs qui pourraient annoncer l’Evangile aux chinois, la mission est en difficulté. On y fait quand même un grand travail, une énorme quantité de traductions en langue chinoise sont en train de se réaliser. Enfin, les gens font ce qu’ils peuvent à l’heure actuelle. Au Japon la mission s’agrandit grâce au travail actif du nouvel évêque Daniel. Si on parle de la mission en Ukraine on doit dire que là-bas ça va très mal. A cause du schisme et de la profusion de la mission uniate, la mission orthodoxe s’est pratiquement complètement arrêtée et les protestants sont en train de d’obtenir une grande réussite. Le maire de Kiev, par exemple, est protestant, il est pentecôtiste. Tandis qu’en Crimée l’influence islamique augmente. Malheureusement, à cause des schismes, beaucoup de gens en Ukraine ont quitté l’Eglise. Maintenant, on parle de la nécessité de renforcer la mission en Ukraine, mais malheureusement là-bas la mission se heurte souvent à une sorte de nationalisme au lieu de rappeler aux gens que nous sommes tous chrétiens. Et l’appartenance à l’Eglise du Christ prévaut sur la nationalité. En gros, la mission dans un climat nationaliste ne marche jamais. L’expérience nous le montre.
Oui, on peut donner du sens au patriotisme d’un point de vue orthodoxe et plusieurs s’y sont essayés. Nicolas de Serbie disait qu’un vrai Serbe, c’est celui qui imite les saints Serbes dans leur façon de plaire au Christ. Oui, on peut dire cela et ces paroles toucheront les cœurs des Serbes, mais elles ne toucheront pas les cœurs des Croates, des Hongrois et des Albanais etc. Chez nous, par exemple, un des plus grands problèmes pour l’évangélisation des Tatars, c’est qu’ils croient qu’en devenant orthodoxes, ils doivent rejeter leur nationalité tatare. Mais ce n’est pas le cas. Un vrai chrétien comprend qu’il ne change pas de nation, il s’élève au-dessus de la nation. Le meilleur de sa nation, il l’emporte avec lui. Par le baptême, il devient chrétien et non russe, serbe ou grec. C’est un point très important à saisir.
Encore une chose qui empêche la mission, c’est la lenteur avec laquelle on réagit aux attaques. Maintenant il y a plusieurs nouvelles attaques contre le christianisme : Le Da Vinci Code, l’Evangile selon Judas et beaucoup d’autres mensonges qui sont dirigés contre le Christ. Ce sont des mensonges qui sont diffusés à travers le monde entier, y compris en Serbie.
Nous pouvons réfuter ces mensonges en utilisant la littérature apologétique occidentale, orthodoxe et hétérodoxe, mais le plus important bien sûr, c’est de savoir répondre à ces attaques nous-mêmes, et de le faire vite. Il est très important de ne pas tarder. Par exemple, quand «Le Da Vinci Code » est sorti, il fallait avoir notre réponse déjà prête. D’ailleurs, il est important que nous ne répondions pas simplement avec un livre que nous nous contentons de publier ,et de mettre en vente. Il faut faire du bruit, il faut utiliser l’internet, des blogs et des sites sociaux. Il faut présenter la réponse orthodoxe comme un événement médiatique. Pour la culture moderne, qui est complètement dépendante de l’information, il est très important de donner des coups médiatisés. On ne peut pas appeler ces moyens la mission, mais cela peut mener à la mission. Pour les gens du monde, il est très important de savoir comment les intéresser, comment attirer leur attention. Après on peut déjà passer à une étude plus approfondie, constante et tranquille de l’Orthodoxie. Voilà mon point de vue sur la situation actuelle.
Youri Maximov : J’aimerais ajouter quelque chose aux remarques du père Daniel. En effet, même quand nous répondons à ces attaques, même si nos réponses sont bonnes, nous avons encore le problème de contacter le lecteur de tous les jours. Prenons le film « Le Da Vinci Code », là où il a été vu par mille personnes, notre réponse au film n’a été lue que par une seule personne. Nous avons des grandeurs incomparables. Le message du film reste la vérité de neuf cent quatre vingt dix-neuf personnes, qui n’ont pas entendu notre réponse. Il faut beaucoup travailler pour que notre voix soit entendue.
En Russie vous avez des chaines de télévision orthodoxes et des émissions de radio orthodoxes. En Serbie nous avons une ou deux émissions de radio orthodoxes dans lesquelles on parle souvent de choses qui n’ont rien à voir avec l’Orthodoxie.
Youri Maximov : Oui, nous avons le même problème chez nous. Je ne veux pas dire qu’il sera simple de réaliser tout ce dont nous sommes en train de discuter aujourd’hui. Ce n’est pas simple, mais nous devons le faire, il faut que nous réfléchissions encore beaucoup et que nous essayions de trouver une solution. Le Seigneur nous aidera. En ce qui concerne la mission, il convient de clarifier un malentendu. Il y a des gens qui pensent que la mission est une sorte de hobby. Quelqu’un collectionne des timbres, un autre cultive des fleurs rares, et un autre s’intéresse à la mission, comme s’il s’agissait d’un moyen de s’exprimer. Mais ce n’est pas le cas. La mission est une vertu, l’accomplissement du commandement du Christ. Le Seigneur a dit : « Allez donc et instruisez les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Voilà le commandement que nous devons accomplir, le commandement que malheureusement les orthodoxes ne veulent pas accomplir. Qu’est-ce qui nous arrive quand nous ignorons les commandements ? Rien de bon. Jusqu’au début du dernier siècle la vaste majorité des orthodoxes ne voulait partir nulle part en mission. Et qu’est-ce qui nous est arrivé au début du vingtième siècle ? De telles souffrances ont frappé toutes les églises orthodoxes, sans exception, que des Russes, des Serbes, des Grecs, des Roumains, des Bulgares, des Géorgiens et des Arabes orthodoxes ont tous été obligés de s’enfuir dans des pays étrangers. Et là-bas ils ont dû construire des églises, traduire la littérature orthodoxe dans les langues locales, etc. Voilà comment le vingtième siècle est devenu le siècle de la diffusion de l’Orthodoxie à travers la planète. Le Seigneur lui-même a chassé les orthodoxes qui ne voulaient pas partir pour annoncer l’Evangile dans les autres pays. Et ils étaient obligés, de gré ou de force, de faire au moins quelque chose pour que des peuples indigènes viennent à l’église et se convertissent à l’Orthodoxie. Ceux qui sont contre la mission devraient bien réfléchir aux malheurs qui les visiteront, eux et leurs enfants à cause de leur cruauté et de leur refus persistant d’accomplir la volonté de Dieu.
On entend de la bouche de ces gens des discours, affirmant qu’il n’est pas possible de convertir une autre personne à l’Orthodoxie, par exemple, sur l’impossibilité de convertir un musulman à l’Orthodoxie. Mais si on leur demande, « Avez-vous essayé de le faire? » Ils avouent, « Non ». Les gens qui disent que c’est impossible, sont ceux qui n’ont jamais essayé de le faire. En fait ils disent cela pour éviter d’essayer.
Comment faut-il aborder la mission ? Quelle en est la première exigence ? Certains disent qu’il faut prêcher dans les stades et dans les boites de nuit, tandis que d’autres insistent sur l’importance de la prière. Ils nous rappellent les paroles de saint Séraphim de Sarov : « Acquiers la paix intérieure et des âmes, par milliers, trouveront auprès de toi le salut. » Alors, que faut-il d’abord pour que la mission réussisse ? Peut-être chacun devrait-il lui-même devenir bon chrétien et après cela sa vie aurait valeur de témoignage ? J’ai lu un article dans lequel on dit qu’on peut conduire la mission de ces deux façons. Quelle est, selon vous, celle qui sera la plus efficace ?
Youri Maximov : Il me semble que la plupart des gens qui font de telles distinctions n’ont jamais mené la mission, ils connaissent la mission uniquement sur le plan théorique. C’est seulement sur le plan théorique qu’on peut penser, d’abord je deviendrai un bon chrétien et ensuite je partirai et parlerai aux autres. Pour devenir un bon chrétien il faut suivre les commandements du Seigneur, et parmi les commandements du Christ il y a : « Allez et instruisez ». Et donc comment peux-tu devenir un bon chrétien, si tu n’es pas missionnaire ? Si tu as accompli tous les commandements sauf un seul, comment peux-tu dire que tu es devenu un bon chrétien, puisque tu as méprisé ce commandement du Christ ? Le Seigneur n’a pas donné ce commandement pour que tu l’écrives, l’accroches au mur et l’oublies, il t’a donné ce commandement pour que tu l’accomplisses dans la vie. Une personne qui aime Dieu annonce l’Evangile. Peut-on penser que les Apôtres n’étaient pas des chrétiens parfaits ? Peut-on croire qu’ils n’ont pas acquis la paix intérieure ?
Pour répondre à votre première question, la chose la plus importante dans la mission c’est de se confier uniquement en Dieu, et de ne pas compter sur nos forces, sur nous-mêmes ni sur nos amis et sponsors, mais de dépendre uniquement de Dieu. La prière et l’amour pour le Christ et pour la personne à qui tu annonces l’Evangile, c’est cela le plus important pour un missionnaire. Il est aussi important de répudier fermement nos propres désirs. Qu’est-ce qui nous empêche d’annoncer l’Evangile à notre ami ? Il ne faut pas aller dans les boites de nuit et dans les stades, puisqu’à côté de nous il y a notre voisin ou notre collègue du travail. Il arrive qu’on a des voisins, on sait qu’ils sont catholiques ou protestants, on les connait depuis dix ans, on leur dit bonjour, on les félicite à l’occasion de grandes fêtes, mais malgré cela on ne leur demande jamais, « Mon ami, pourquoi n’es-tu pas encore orthodoxe ? Ne veux-tu pas que je te parle de l’Orthodoxie ? » On ne dit pas un mot sur la foi. Pourquoi ? Peut-être est-ce parce qu’on veut acquérir la paix intérieure ? Bien sûr que non, on a peur de faire confiance à Dieu. Nous pensons, «Et si je lui demandais, veux-tu parler de l’Orthodoxie ? Mon voisin ne va-t-il pas se vexer et dire « Non, je ne veux pas. Et je ne veux plus parler avec toi. » Voilà ce qui est à l’intérieur des opposants à la mission : le scepticisme et la peur.
Ces gens ne pensent pas à Dieu. Quelqu’un qui fait confiance à Dieu, Lui consacre toute sa vie. Il se dit, les gens peuvent m’écraser, ils peuvent me lapider, mais je n’arrêterai pas de glorifier le Christ et d’annoncer Son Evangile. Tels étaient les saints apôtres, ils ne ressemblaient pas à ceux qui ont peur de partir en mission et rationalisent leur peur par des arguments contre la mission : ceux-ci n’ont pas la joie du Saint-Esprit dans leur cœur. Or, quand quelqu’un a les dons de l’Esprit Saint, il est rempli d’une telle joie, qu’il a envie de partager sa joie avec tout le monde. Il est comme la lampe dont a parlé le Seigneur, la lampe qu’on ne couvre pas d’un vase, mais qu’on met sur le lampadaire, pour que ceux qui entrent voient la lumière. Il a envie de dire, « Mon ami, regarde comme je suis heureux. Je veux te parler de mon bonheur. » Voilà ce qui inspire le missionnaire. Or si quelqu’un n’a pas envie de partager cela, qu’est-ce qu’on pourrait dire de son état spirituel ?
Le Christ nous a donné le salut. Le salut ne vient pas de nous-mêmes, nous l’avons reçu gratuitement et sans le salut nous périssons. Dieu nous fit ce cadeau non seulement pour notre bien, mais aussi pour le bien de ceux qui nous entourent, pour que nous allions partager ce cadeau avec ceux qui sont en train de périr et qui désirent le salut. Et quand nous partageons le salut avec les autres, nous faisons preuve de notre amour pour eux, nous ressemblons à Dieu Qui est amour. Or où est notre amour, notre charité, si pendant dix ans nous disons bonjour à notre voisin, lui sourions, mais ne lui avons pas parlé de Dieu une seule fois. Et après nous entrons dans notre maison et, voyant nos icônes et nos livres sur l’Orthodoxie, nous croyons que nous sommes des chrétiens orthodoxes. Ce n’est pas l’Orthodoxie.
Et ce même Séraphim de Sarov prêchait aux vieux-croyants quand ils venaient chez lui, il leur disait ouvertement, « Je vous demande et vous prie d’entrer dans l’Eglise gréco-russe. Elle est dans toute la gloire et la force de Dieu ! Comme un bateau qui a beaucoup de cordages, de voiles et un grand gouvernail, Elle est dirigée par le Saint-Esprit. » Saint Séraphim les invitait à entrer dans l’Eglise orthodoxe. Il persuada aussi une autre femme, une vieille-ritualiste, de se convertir à l’Orthodoxie, d’amener toute sa famille à l’Eglise orthodoxe. Cela est bien la mission, n’est-ce pas ?
Récemment le père Daniel m’a raconté l’histoire extraordinaire d’un autre missionnaire: Saint Siméon le Stylite. Saint Siméon n’allait nulle part, il vivait au sommet d’une colonne. Par contre, il contenta Dieu à un tel point que le Seigneur le glorifia. Les païens venaient en grand nombre auprès de saint Siméon et lui demandait, « Prie Dieu, pour qu’Il nous guérisse. » Ils importunaient saint Siméon avec toute cette attention. Saint Siméon cherchait le silence et la solitude, mais il était entouré par les cris de la foule. Finalement il leur dit, « D’accord, vous pouvez venir, je vais prier pour vous, mais quand Dieu vous guérira, il faudra recevoir le baptême. » La foule accepta ces conditions. Et les baptisés furent si nombreux que l’Eglise a spécialement désigné un évêque qui devait vivre à côté de la colonne de saint Siméon et baptiser les gens. Le père Daniel vient de faire un voyage au cours duquel il a vu cette colonne et les ruines de l’église qui l’entourait.
Le père Daniel : Quand saint Siméon était encore vivant, il y avait une énorme église à côté de sa colonne. On y trouvait des fonts baptismaux pour enfants et pour adultes. On faisait vraiment des baptêmes « à la chaine » à l’époque.
Youri Maximov : On voit là que même un grand ermite pensait d’une façon purement missionnaire, et qu’il était prêt à modifier sa règle de vie pour accomplir le commandement de Dieu. L’exemple de ces saints, montre que l’opposition supposée entre la vie spirituelle et la mission est fausse. Si nous voulons sincèrement accomplir les commandements de Dieu, cette division n’existe pas pour nous. Car ils sont liés l’un à l’autre. La mission orthodoxe n’est pas possible sans une vie spirituelle riche. Et on n’aura pas une vie spirituelle riche sans la prédication de l’Evangile.

Version française
Aviv SALIOU-DIALLO et Charles HABEL
que nous remercions