"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 21 juillet 2018

Théodore RIGINIOTES, Théologien: Lettre d'un chrétien orthodoxe à nos frères indiens (R)


Tous les saints d'Amérique du Nord
Tous les saints d'Amérique du Nord 
avec au premier plan saint Pierre 
l'Indien Aléoutien.

Je vais être franc. Nous, chrétiens orthodoxes reconnaissons et honorons les bons esprits qui ont été créés par le Grand Esprit, nous construisons des églises en leur honneur et les prions. Nous les appelons les "anges" (messagers). Mais nous ne pensons pas que les esprits adorés par nos frères indiens sont bons. Nous savons que les bons esprits reconnaissent et adorent la Sainte Trinité, et reconnaissent et adorent le Grand Esprit qui S'est fait homme, Jésus-Christ. Nous avons de nombreux exemples où les bons esprits, les anges, reconnaissent Jésus-Christ comme le Grand Dieu et lui offrent un culte. Ils le font en permanence dans leur propre monde, où ils vivent. Ainsi, tout esprit qui ne reconnaît pas et n’adore pas la Sainte Trinité et Jésus-Christ ne peut pas être un bon esprit, même s’il semble être ainsi.
L '«esprit du monde», que nos frères indiens reconnaissent et respectent (certains d'entre eux L’appellent "Manitou", un nom qui est devenu connu des hommes blancs), semble être la grâce de l'Esprit Saint, du cœur du "Grand Esprit", qui a créé le monde, Il préserve et protège.

Les saints orthodoxes vivent dans l'amour pour tous les êtres du monde, beaucoup d'entre eux vivent dans les forêts avec les créatures de la nature, ils sont leurs amis et ils communiquent avec eux. Cependant, ils n'adorent pas les "esprits animaux", mais plutôt le Grand Esprit qui a créé tous les autres esprits. Avec leurs prières et leurs cérémonies sacrées, ils apportent la grâce (bénédiction) du Grand Esprit dans les montagnes, les forêts, les rivières, les villes et le monde entier.

Il n'est pas important pour nous, que quelqu'un acquière des "pouvoirs spéciaux" avec l'aide des esprits. Les saints guérissent les malades et prédisent l'avenir avec la grâce du Père, du Fils (Jésus-Christ), et du Saint-Esprit, en d'autres termes du Grand Esprit Lui-même, et non à l'aide d'autres esprits. Bien sûr, ils honorent les bons esprits des anges et les âmes des saints, ils parlent souvent avec eux, et font très attention à distinguer la communication des bons esprits, des pièges des méchants (en général, nous honorons tous les frères défunts et prions continuellement le Grand Esprit afin qu'ils se retrouvent tous finalement dans Sa Lumière).

Ainsi, j'exhorte et prie nos frères indiens d’en apprendre davantage sur l'orthodoxie, non seulement par la lecture de livres et d'articles sur l'Internet, mais aussi en visitant les lieux saints en Amérique, comme les églises et monastères orthodoxes dans tout le continent américain. Certains endroits, parmi beaucoup d'autres, sont le monastère grec orthodoxe Saint-Antoine d'Arizona et celui de la Fraternité de Saint-Germain d’Alaska à Platina, en Californie, il serait certainement utile de contacter le Père Peter Gilquist et ses collègues de la Mission évangélique de l'archidiocèse orthodoxe d'Antioche aux Etats-Unis (ceux qui sont venus à l'orthodoxie du protestantisme en 1987, après une recherche organisée et rigoureuse).

Nous, les chrétiens orthodoxes sommes comme tous les hommes, pleins de faiblesses et de défauts. Parmi nous, tous ne sont pas bons. Mais, aujourd'hui encore, nombreux sont ceux qui appliquent les enseignements du Christ dans toute leur mesure et arrivent à une union avec Lui. Il y a même des gens obscurs et  pauvres dans des quartiers de villes et de villages qui ont atteint un grande sainteté.

Ma patrie, la Grèce, est aujourd'hui très pauvre et contrôlée par les grandes entreprises multinationales, comme le reste du monde. Beaucoup d'entre nous avons presque oublié notre tradition et se sont adaptés à la culture des nations occidentales, qui a pris dans le monde entier (culture qui a été combattue par les Indiens). Heureusement, il y a encore beaucoup de gens de mon peuple qui résistent aussi, ainsi que certaines régions qui gardent le trésor précieux, la culture, la sagesse et la sainteté de la religion orthodoxe. Un tel endroit est la "Sainte Montagne", le Mont Athos (un exemple unique dans le monde), qui est situé en Grèce. Là-bas, beaucoup de gens de nombreuses nations du monde entier ont appris à connaître l'Orthodoxie et ont compris combien elle est importante pour eux et pour toute l'humanité.

Sur ce lien, vous pouvez voir l'histoire d'un chef indien qui vécut et mourut en chrétien orthodoxe, dans le même temps défendant la tradition de sa tribu. Il a même commencé à traduire les paroles de la cérémonie la plus sacrée de l'orthodoxie dans la propre langue de son peuple...
Sur ce lien, vous pouvez voir l'histoire d'un Afro-Américain qui découvrit l'Orthodoxie et devint prêtre orthodoxe, trouvant ainsi la vraie liberté et la façon de se battre pour elle, pour le bien de son peuple, de nos frères noirs..

Sur ce lien, vous pouvez voir [en anglais] l'histoire d'un prêtre américain blanc bouddhiste, que le Christ lui-même appela à l'orthodoxie, chose qu'il n'avait jamais imaginée possible...

Vous n'avez pas rien appris d'important à propos de l'Orthodoxie par cette lettre venant de moi. Ce n'était qu'une invitation humble, pleine d'amour, car c'est à vous d'en apprendre encore plus.

Je vous souhaite la paix et la grâce du Grand Esprit, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, dans vos cœurs. Que chaque désir juste de votre peuple, et de tous les peuples persécutés, soit accompli.
Avec beaucoup de respect pour votre histoire et votre culture,

De la lointaine Grèce,

Theodoros Riginiotis.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Theodoros RIGINIOTES, Théologien
A Letter from an Orthodox Christian 
to our Indian Brothers
in 
OODE

vendredi 20 juillet 2018

Géronda Aimilianos: "Remerciez Dieu pour tout ce qui arrive"



Par-dessus tout, 
priez sans cesse 
et 
remerciez Dieu 
pour tout ce qui vous arrive.

(Règle de saint Antoine le Grand) 

Antoine le Grand est un réaliste. Ses règles ou ses canons ne sont pas une formule qu'il a trouvée et qu'il nous a lancée. Chacun d'eux [canon de prière] a quelque chose d'unique concernant la vie du moine et, si l'on manque l'un d'eux, tout s'écroule. Il dit que nous devons prier sans cesse mais en même temps remercier Dieu pour tout ce qui nous arrive. Il utilise une conjonction de coordination parce que ces deux choses ne peuvent pas être séparées, elles vont ensemble. Nous remercions Dieu pour des choses agréables, mais encore plus pour autre chose : dans la vie, les choses ne se déroulent pas toujours comme nous le voudrions. Nous prions, par exemple, et il semble que Dieu n'écoute pas. Nous demandons notre santé, et notre maladie s'aggrave. Nous demandons à Dieu de nous accorder certaines choses et Il ne nous donne rien. Tout est à l'envers.

Les gens qui n'apprennent pas à remercier Dieu pour tout, surtout pour l'adversité, n'avanceront jamais d'un pouce au-delà de l'endroit où ils se trouvaient lorsque leur mère les a mis au monde. Ils ne feront aucun progrès. Et, bien sûr, quand leurs mères les portaient, ces gens étaient des bébés innocents, ils avaient une sainteté naturelle, alors que nous avons la cruauté, et la connaissance qui nous rend coupables. 

Nous devons donc apprendre à remercier Dieu. Quand nous avons de mauvaises pensées, quand notre frère dit quelque chose et que nous ressentons de la haine en nous, nous devons, à ce moment-là, remercier Dieu et sourire à notre frère. Si nous ne le faisons pas, il est impossible d'avancer d'un pas, parce que tout nous semblera pervers. Et puis, en particulier, les autres et nos circonstances nous feront avoir de mauvaises pensées, des tentations, des passions et des contrariétés.

La prière incessante et la gratitude envers Dieu pour tout ce qui nous arrive sont les conditions nécessaires à une vie naturelle. Si les gens ne remercient pas Dieu pour tout, ils ne peuvent même pas prier, ni vivre dans l'état monastique. 

Les gens doivent être reconnaissants pour tout ce qui leur arrive dans le monastère, que cela vienne de leur monde intérieur ou de la fraternité, des ennemis ou des démons. 

Par exemple, un moine a de mauvaises pensées qui le tourmentent. Il ne devrait pas s'inquiéter, mais devrait se réjouir et remercier Dieu. Il devrait dire au démon : "Arrière Satan!" et le chasser, ou, s'il refuse de partir, le moine devrait pouvoir dire : "Le lit est assez grand pour nous deux. Couche avec moi. Tourne-toi de l'autre côté pour que je n'aie pas à supporter ta mauvaise haleine". Le démon partira alors comme l'éclair.

La prière incessante et la gratitude pour tout sont directement liées à notre règle personnelle. En d'autres termes, n'importe qui peut accomplir sa règle quand il apprend à prier sans cesse. 

Et quiconque accomplit sa règle [de prière] peut avoir une prière incessante. S'il veut séparer sa règle de la prière incessante, toutes deux vont s'écrouler. C'est fondamental et nous devons nous en souvenir. Manquez votre règle pendant deux jours et vous verrez que vous oublierez de dire "Gloire à toi, notre Dieu" même une fois par jour. C'est une loi.

 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

jeudi 19 juillet 2018

Père Aimilianos: La connaissance de la méchanceté des autres...


La connaissance 
de la méchanceté des autres,
 c'est-à-dire du mal 
qu'ils font,
 grand ou petit,
 diminue nos pouvoirs,
 parce qu'elle n'est pas en phase  
avec Dieu.

*

Si je fais du bien
à ceux qui me font du mal, 
cela m'apporte la paix. 

Car à la fin, 
tout le monde 
a des pierres d'achoppement pour nous.

 Par une parole, un regard,
 leur manière de marcher,
 leur joie, leur chagrin, 
elles interfèrent avec notre propre progrès. 

C'est pourquoi il faut avoir peur
 et trembler 
pour ne pas réagir 
à ces pierres d'achoppement
 qui perturbent la paix 
de notre esprit et de notre cœur,
et
qui pourraient devenir
 la cause
de notre séparation d'avec Dieu.

*
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 18 juillet 2018

Père Johannes L. Jacobse: Un miracle de Père Païssios

Je n'ai pas parlé de ce miracle de Géronda Païssios publiquement jusqu'à ce que le miracle soit complet, ce qui est presque le cas. On m'a demandé d'écrire un récit du miracle à inclure dans les documents envoyés au Patriarcat œcuménique où une décision sera bientôt prise sur la glorification du staretz Païssios en tant que saint. Je l'offre ici pour la gloire de Dieu et l'édification du lecteur. 
Père Johannes
*
Saint Païssios l'Athonite

18 décembre 2013
Naples, Floride USA


Tôt le matin du 2 avril 2013, j'ai regardé mon téléphone et j'ai vu un texte de Patti, la mère de Jérémie, "Jérémie a eu un grave accident de voiture. Nous sommes en route pour l'hôpital." Jérémie avait 23 ans à l'époque. Elle venait de recevoir la nouvelle de la police qui s'était présentée à sa porte pour le lui dire.

Je me suis précipité à l'hôpital. Bientôt, le reste de la famille de Jérémie est arrivé et nous avons appris la nouvelle. Ça n'avait pas l'air bon. La voiture de Jérémie a heurté le trottoir, roulé trois fois, et les ambulanciers l'ont trouvé assis à l'extérieur de la voiture à peine conscient. Il avait de multiples fractures du crâne, avait glissé dans l'inconscience et était allongé sur la civière de la salle d'urgence.

J'ai dit à la famille que c'était une période désespérée, mais dans les périodes désespérées, nous priions et nous allions demander à Dieu de sauver Jérémie. Puis nous avons prié et j'ai oint Jérémie d'huile. Il y avait du brouillard ce matin-là, de sorte que l'hélicoptère ne pouvait pas transporter Jérémie au centre de traumatologie de Fort Myers, à proximité. Au lieu de cela, ils y sont allés en voiture.

Les trois jours suivants ont été avec des hauts et des bas. Nous ne savions pas si Jérémie allait vivre. Pendant ce temps, Dimitri, un ami de Jérémie en Grèce a entendu parler de l'accident et a parlé à Emily, la sœur de Jérémie, de Géronda Païssios, en particulier de la façon dont le staretz a aidé de nombreux jeunes qui avaient subi des lésions cérébrales dans des accidents de voiture en Grèce.

Dimitri a dit à Emily quoi faire. Prenez une photo de Géronda Païsssios (Dimitri en a envoyé une par courriel) et mettez-la dans sa chambre d'hôpital et demandez son intercession directe. J'ai épinglé la photo sur le lit près du côté de la tête de Jérémie qui avait été blessé. Nous avons commencé à demander à Dieu l'intercession du staretz pour Jérémie. Une semaine plus tard, l'huile d'onction arriva que Dimitri envoya du monastère où le staretz avait passé ses derniers jours en Grèce et nous en avons oint Jérémie. Par Dimitri, Géronda Païssios est venu à nous.

Des milliers de prières ont été dites pour Jérémie et nous y avons ajouté les nôtres. Je pourrais dire le jour où Géronda Païsssios s'est joint à nous, ou du moins quand j'ai appris qu'il était avec nous. C'était comme si le poids des prières s'élevait d'une manière ou d'une autre, ce que j'appelle "l'appel à la cavalerie" - un terme américain qui signifie que nous sommes rejoints par des combattants à cheval qui siègent plus haut et voient le champ de bataille plus clairement et rendent tangible la perspective de la victoire. C'est arrivé le troisième jour. Nous pouvions sentir la présence et la force du staretz avec nous. Certaines infirmières ont fait remarquer qu'elles pouvaient sentir un pouvoir dans la chambre de Jérémie.

Nous avons prié et oint Jérémie tous les jours. Ce fut une période particulièrement difficile pour sa famille, mais l'espoir n'a pas faibli, même s'il y eut des moments de doute et d'épuisement. Jérémie fut dans un coma induit pendant cinq semaines pour donner à son cerveau le temps de guérir et nous avons attendu avec beaucoup d'impatience son retour à la conscience afin de pouvoir avoir une idée de l'étendue de ses blessures et de sa guérison.


La première liturgie de Jérémie après l'accident.

Finalement, le moment est venu de le sevrer de ses médicaments. Il fallut trois jours pour que la sédation dégage son corps. Le troisième jour, la conscience de Jérémie revint. Un test de la fonction cérébrale d'une personne après une blessure grave est de savoir si elle peut répondre aux ordres. En entrant dans la pièce, j'ai demandé à Jérémie de me donner un "pouce levé". Il a levé son pouce. Puis je lui ai demandé de faire le signe de croix. Il l'a fait. Nous savions alors que nous pourrions être témoins d'un miracle.

Après quelques mois, Jérémie a été libéré de l'hôpital et s'est rendu au Shepherd Center d'Atlanta, en Géorgie (hôpital spécialisé dans les lésions cérébrales). Là, les médecins ont ouvertement dit que sa survie et l'étendue de sa guérison était un miracle. 

Le 15 août 2013, la partie de son crâne qui avait été enlevée quelques jours après son accident (pour permettre au cerveau de gonfler) a été rattachée de nouveau. Le chirurgien a dit à Jérémie que 95 % de ses patients qui avaient subi le genre de blessure qu'il a subie ne survivent pas. Les 5 % restants, selon un autre médecin, sont habituellement mis en institutions pour le reste de leur vie.


Aujourd'hui (18 décembre 2013) Jeremiah pêche au large du Golfe du Mexique avec ses amis. Sa guérison est presque complète. Nous nous attendons à un rétablissement plein et complet.

Nous sommes remplis de gratitude envers Dieu et Son serviteur le staretz Païssios pour la guérison de Jérémie. Nous sommes reconnaissants pour l'autorévélation de Dieu à la famille et aux amis de Jérémie - un événement qui dépasse notre compréhension pour le saisir entièrement, mais que nous voyons d'innombrables façons. Notre Seigneur a touché des centaines de vies et certaines ont été changées.

Gloire à Dieu en toutes choses!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 17 juillet 2018

Père George Elliot: L'orthodoxie et l'écologie (R)


Tandis que le mouvement humaniste continue de croître dans notre monde mourant, en mettant l'homme au centre de l'univers, indépendant de Dieu, c'est notre attitude qui est responsable du viol de la nature. C'est de notre exploitation de la Création.

Dans les Vies des Saints, nous voyons que toute la création n'est possible que par Dieu. Les Saints, dans leurs écrits et enseignements, sont conscients de leur position dans la Création et ils ont compassion et amour pour toute la création. Ils nous enseignent que les hommes et les femmes qui reconnaissent la suprématie de Dieu, peuvent avoir le même amour pour Sa Création.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
icône: 

Ceci est l'introduction d'un posdcast ( en anglais) de Père George Elliot, ceux qui désirent l'écouter, peuvent le faire sur le lien suivant:

lundi 16 juillet 2018

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Ancien Joseph de Vatopaidi, « Papa Ephrem de Katounakia »



Ancien Joseph de Vatopaidi, Papa Ephrem de Katounakia. Traduit du grec par les sœurs de Solan, préface de l’higoumène Éphrem de Vatopaidi, introduction de Jean-Claude Larchet, collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », L’Age d’Homme, Laudanne, 2018, 150 p.

Le Père Éphrem de Katounakia – que ses proches appelaient « Papa », nom couramment donné à tout prêtre (papas) en Grèce – fut l’une des figures les plus marquantes du Mont-Athos dans la seconde moitié du XXe siècle. La collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » lui avait consacré un premier volume, écrit par son premier disciple, le Père Joseph de Katounakia (L’Ancien Éphrem de Katounakia, 2012). Elle lui en dédie ici un second, qui n’est nullement une répétition du précédent, mais vient plutôt le compléter. Moins détaillé quant à la vie du grand spirituel, il est d’une certaine manière plus personnel, puisqu’il témoigne avant tout de l’amour fraternel qui l’a étroitement uni, pendant plusieurs décennies, avec l’auteur, le Père Joseph de Vatopaidi (1921-2009). Tous deux furent d’abord très liés au sein de la petite communauté de l’Ancien Joseph l’Hésychaste, dont le Père Éphrem fut le prêtre desservant avant que d’autres prêtres ne fussent ordonnés en son sein, tandis que le Père Joseph était un disciple de l’Ancien. Lorsque la communauté fut dispersée après la dormition de ce dernier, le Père Joseph, son disciple, fonda sa propre communauté à Néa-Skiti, avant qu’elle ne se transplante au monastère de Vatopaidi pour en assurer le renouveau sous la conduite de l’actuel higoumène l’archimandrite Éphrem, tandis que le Père Joseph, devenu « l’Ancien Joseph de Vatopaidi », en assurait la paternité spirituelle ; dans le même temps, le Père Éphrem de Katounakia vécut de longues années comme ermite dans le désert des Katounakia, avant d’accepter un, puis plusieurs disciples. Tous deux gardèrent cependant des relations suivies, se rendant visite et s’écrivant régulièrement.

Outre le témoignage d’une relation personnelle d’amitié et de fraternité spirituelles intenses, ce livre veut avant tout mettre en valeur les charismes de celui que tous appelaient familièrement « Papa Éphrem », et avant tout sa vertu qui en a été la source principale de ces charismes : l’obéissance (l’ouvrage est d’ailleurs sous titré « L’obéissant charismatique »).

Un deuxième point sur lequel insiste ce livre est la prière. De son vivant le Père Éphrem avait la réputation d’être, avec l’Ancien Charalampos, l’un des deux plus grands hésychastes du Mont-Athos. La Prière de Jésus, qu’il avait appris à pratiquer avec attention et vigilance sous la direction spirituelle de l’Ancien Joseph l’Hésychaste, était devenue pour lui « prière du cœur », spontanée et continue, si bien qu’il mettait parfaitement en pratique le conseil de l’Apôtre « Priez sans cesse » (1 Th 5, 17).

Il avait expérimenté l’un des fruits les plus élevés de la Prière : la connaissance surnaturelle des mystères divins, et c’est par une expérience identique à celle d’Évagre (qui affirmait : « est théologien celui qui prie vraiment ») qu’il pouvait dire et redire : « la prière engendre la théologie ».

On trouvera dans ces pages un résumé des riches enseignements du Père Éphrem sur la Prière de Jésus : ses conditions, ses moyens, son but, ses effets.

On trouvera aussi dans ce livre beaucoup de conseils utiles pour faire face aux épreuves et aux tribulations de la vie, en particulier aux maladies et aux souffrances, par lesquelles Papa Éphrem ne fut pas épargné, mais qu’il apprit à traverser et à surmonter dans l’esprit qui convient à un disciple du Christ.

De nombreux autres sujets encore sont abordés, à propos desquels l’Ancien Éphrem témoigne de son expérience et dispense ses recommandations : la façon, pour chacun, d’observer fidèlement son programme spirituel et de mener avec constance le combat spirituel intérieur ; la nécessité de surveiller ses pensées et de les soumettre à un examen de conscience régulier ;  l’importance de la confession et de la sainte communion, etc. De nombreux témoignages et anecdotes constituent autant d’apophtegmes riches d’enseignement.

On procurer ce livre sur le site Internet de L’Age d’Homme.
Jean-Claude Larchet

dimanche 15 juillet 2018

Archimandrite Aimilianos: Montrez le paradis par ce que vous dites et faites...

Archimandrite Aimilianos

En conclusion, je voudrais lire quelques lignes d'un discours de saint Basile le Grand : "Que les paroles de consolation arrivent avant le reste de votre discours, confirmant votre amour pour votre prochain."

St. Basile le Grand

Vous qui êtes dans le monastère, quand vous approchez votre frère ; vous qui êtes mariés, quand vous approchez votre conjoint ; vous qui êtes père ou mère, quand vous approchez votre enfant : "Que les mots de consolation arrivent avant le reste de votre discours." 

Quoi que vous disiez, quoi que vous pensiez dire, dites-le seulement après avoir dit un ou deux mots qui donneront aux autres de la joie, de la consolation, un souffle de vie. Faites-leur dire : "Je me sens soulagé, je ressens de la joie." 

Rendez les autres fiers de vous, vous aimer, danser de joie quand ils vous voient. Parce que chacun dans sa vie, dans sa maison, dans son corps et dans son âme, a des douleurs, des maladies, des difficultés, des tourments, et chacun les cache dans la bourse secrète de son cœur et de sa maison, afin que les autres ne le sachent pas. 

Je ne sais pas dans quelle sorte de douleur vous êtes, et vous ne savez pas dans quelle douleur je suis. Je peux rire, crier et paraître heureux, mais au fond de moi, je souffre et je ris pour cacher mon chagrin. Et donc avant toute chose, saluez l'autre personne avec le sourire.



Et Saint Basile ajoute ceci : "Que ton visage soit lumineux, afin de donner de la joie à celui qui parle avec toi." Une fois que vous avez fait sourire l'autre personne, n'arrêtez pas de sourire. C'est ce que signifie avoir un "visage radieux." Que votre visage soit un soleil radieux, afin que tout au long de la conversation, l'autre continue à ressentir le même bonheur. 

"Prenez plaisir à chaque réussite de votre prochain." En ce qui concerne les réussites de votre prochain, réjouissez-vous avec lui. "Car ses réussites sont les vôtres, et les vôtres sont les siennes." Que l'un partage la joie de l'autre.



De cette façon, il peut y avoir une rencontre, une vraie relation sociale, des moines et des personnes mariées, de tous les gens, des saints et des pécheurs, nous donnant à tous le droit et la capacité de prier. 

Et quand on dit : "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", tout le monde est inclus : mon époux, mon épouse, mes frères et sœurs, mes enfants, le monde entier. 



Quand Dieu voit un tel amour, quand Il voit le paradis dans mon cœur, que mon cœur a de la place pour tout le monde, alors il lui sera impossible de ne pas trouver de la place dans Son paradis pour moi et pour vous.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après