"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 29 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (3)


Aller simple
Donc, là-bas [en France], je restaurais des meubles, mais il n'y avait toujours pas de réponse de Russie. Vladyka Gurii, représentant du Patriarcat de Moscou en France, était un homme qui avait une attitude soviétique à l'égard des choses, il essayait d'éviter les problèmes et les visiteurs. 
Sur son téléphone, j'ai toujours eu le répondeur me demandant de laisser mes coordonnées, et on me promettait de rappeler. Eh bien sûr, évidemment, s'ils pensaient que cela valait la peine d'être rappelé. À la fin, j'ai trouvé son appartement, j'ai profité de quelqu'un qui sortait du bâtiment et je suis entré. J'ai rencontré Vladyka et un hiérodiacre « en civil » montant l'escalier, avec un énorme téléviseur qu'ils avaient acheté quelque part en Italie. J'ai expliqué que je voulais devenir orthodoxe et que j'avais écrit au Patriarche. 
Vladyka Gurii m’a ri au nez: "Quoi, voulez-vous organiser une rencontre avec le Patriarche lui-même?" Et il m'a conseillé d'aller en Russie en tant que touriste avec un billet de retour. J'étais offensé: "Si j'achète un billet, ce ne sera un aller simple! Et je dois voir le Patriarche." 
Il a ri de nouveau, alors je lui ai demandé:" Et si cela venait de Dieu? "
Donc, j'ai acheté un billet aller simple et je suis parti pour la Russie.
Certaines personnes que je connaissais à Jérusalem m'avaient présenté au père Georges Kotchetkov. Ses gens m'ont rencontré à Cheremetievo, m'ont emmené dans une horrible pièce avec du vieux linoléum et des cafards, et m'ont installé sur un lit de camp. 
Je n'ai pas aimé l'atmosphère dans l'église du Père Georges, elle m'a semblé «charismatique», alors j'ai pensé: "Est-ce que je me suis retrouvé en un lieu, auquel j’ai vraiment essayé d'échapper?" En gros, je me sentais extrêmement mal à l'aise. J'ai appelé une amie, et elle m'a dit: "Père Basile, partez tout de suite !"
Elle était chef de chœur dans l'église de Saint-Nicolas à Pyjy, où le père Alexandre Choupunov officiait. Le père Alexandre parlait couramment le français, alors tout s'est bien passé.
Cependant, tout le monde, le Père Jean Krestiankin, le Père Nicolas de l'île de Zalita et le Bienheureux Loubochka (je les ai tous rencontrés pendant mes premiers mois en Russie) m'ont dit de voir le Patriarche lui-même. 
Lorsque le Père Jean Krestiankin m'a donné sa bénédiction, il a réellement dit à l'élève qui était avec moi, allez voir le Patriarche le jour de son intronisation et dites que vous lui avez apporté un cadeau. Nous étions en route pour ce service et je répétais à l'élève: "N'oubliez pas de lui parler du cadeau"
Tout s'est bien passé. Sa Sainteté a lu attentivement la lettre et a pris des dispositions pour mon transfert. Bientôt, j'ai vu Vladyka Gurii lors d’un service à l'église de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan sur la Place Rouge, et je lui a dit que ce n'était pas la première fois que je servais avec le Patriarche lui-même.
Comment vous êtes-vous retrouvé en Tchouvachie?
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Au début, j'étais sous l'obédience monastique dans le monastère des Cavernes de Pskov et j'attendais le père Jérôme. Alors, un jour, il m'a dit: "Je vais t’emmener avec moi..." 
Il est venu me chercher, et nous sommes allés voir Sa Sainteté pour demander mon transfert en Tchouvachie, parce que nous avions tous deux bien connu Vladyka Barnabé durant notre séjour en Terre Sainte. Sa Sainteté a approuvé le transfert du Père Jérôme et m'a ensuite demandé: "Et vous?" Et la seule chose que je savais dire en russe était "Comme lui !"
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Père Basile Pasquier, "le curé des steppes"

vendredi 28 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (2)



Comment votre famille a-t-elle réagi à tout cela?

Mon père était très critique. Il considérait que c'était un pari, il était certain que je ne serais pas capable de le supporter, et il n’est pas venu à ma tonsure. Mais ma soeur, qui nous a élevés après le décès de ma mère, est venue, elle m'a soutenu.

Le prêtre de notre communauté était catholique, mais il avait étudié à l'université de Thessalonique, alors nous faisions les offices avec le rite oriental... Et lorsque nous avons fondé notre monastère, nous avons trouvé notre refuge canonique avec les catholiques grecs. Ils sont différents des Uniates ukrainiens, ce sont des catholiques grecs de Jérusalem, l'Eglise Melkite. Nous avons été acceptés en tant que communauté française et nous avons été partiellement libérés de la juridiction romaine. Nous ne voulions pas être sous sa férule.

En raison de la nature de l'administration?
Je dirais également pour des raisons théologiques. Donc, j'étais là, catholique de rite oriental, vivant à Jérusalem, en Terre Sainte, en lisant des livres orthodoxes, écrit principalement par des membres de l'intelligentsia russe qui étaient partis pour l'Ouest : Evdokimov, Lossky, Berdiaev. Et en les lisant, je suis arrivé à la conclusion que la vraie foi était là, dans l’Orthodoxie.

Les Russes arrivent
Et puis, dans les années 90, il y a eu un énorme afflux d'émigrés de Russie à Jérusalem, plus d'un demi-million de personnes en six mois. Les gens ont commencé à parler russe partout, dans les magasins où les étiquettes de prix étaient en russe, des journaux russes ont été publiés. 

Chaque sabbat, beaucoup de «Russes» ont commencé à visiter notre monastère, ceux qui ne s'étaient pas adaptés aux règles orthodoxes juives mais qui voulaient comprendre leur nouveau pays. Notre monastère (selon la tradition, saint Jean-Baptiste et sa mère s'y cachèrent des persécutions) se trouve dans une oasis unique, il y a de l'eau, une piscine, des oiseaux. Les "Russes"  aimaient ce lieu. Et, en dépit de l'avoir quitté eux-mêmes, tous d'un commun accord répétaient: "Père Basile, vous devez aller en Russie. Vous y serez bien à votre place. "

Les émigrés curieux ont été remplacés par des pèlerins venus de Russie. Des kloubouks blancs d’évêques ont commencé à apparaître. C'est là que j'ai rencontré le futur Patriarche Alexis II, à l'époque encore métropolite de Leningrad. Et en 1992, j'ai rencontré le père Jérôme [Archimandrite Ieronim (Chourygin) (1952-2013), higoumène du monastère de la Sainte-Trinité dans la ville d'Alatyr, hiéromoine, staretz spirituel et expérimenté, qui guidait beaucoup de fidèles qui venaient vers lui avec leurs afflictions, y compris l'auteur de cette interview. Note de l'éditeur]. 

Il est arrivé en pèlerin dans le cadre d'une délégation monastique du Mont d'Athos. Les catholiques avaient déjà célébré Pâques, et c'était la Semaine Sainte pour les Orthodoxes. Donc, en tant qu'administrateur, je lui ai servi de délicieuses spécialités orientales, des fruits et du thé. Le père Jérôme, jeune, maigre, au nez retroussé, essayait de me parler français, l'ayant étudié à l'école... Le seul élément dont je me souvienne est "chtche-chche-shtche". Il y avait quelque chose d'inhabituel dans son apparence. Et j'ai trouvé quelque chose d'inhabituel le concernant. Quelque chose d'intéressant.

Et puis je me suis retrouvé au service pascal orthodoxe à l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Et c'est ainsi que j'ai commencé à mener une double vie: l'une était physique, car je vivais dans un monastère grec-catholique, tandis que l'autre était la vie du cœur et de l'esprit dans l'Orthodoxie. J'ai toujours assisté aux offices orthodoxes. Mes supérieurs me le permettaient à condition d'avoir assisté à notre propre service à cinq heures du matin. Alors, le samedi soir, après huit heures, lorsque le sabbat se termine et que les autobus commencent à fonctionner, j'allais à Jérusalem, j’attendais jusqu'à ce qu'ils aient ouvert l'église du Saint-Sépulcre à minuit, je restais là jusqu'à ce que le service soit fini à trois heures, puis je m'en retournais. Parfois, je devais marcher quinze kilomètres à pied. Les moniales du couvent russe à Ein Kerem, qui me connaissaient déjà bien et qui m'aimaient, me prenaient en stop quand elles avaient une place dans leur voiture...

En outre, je suis devenu une sorte de missionnaire pour les Israélites «russes» qui nous rendaient visite. Un jour, une très jeune famille est arrivée. Le mari était de Perm, un juif très intelligent, alors que la femme était du sud, de Kouban. Et il me dit que sa femme est orthodoxe et qu’elle a été baptisée, mais qu’elle ne va pas à l'église. Et alors, je me suis dit: "Merci pour cette information, je vais commencer à travailler avec elle maintenant." 

"Natacha," lui ai-je dit, "viens, je vais t’amener avec moi à l’office orthodoxe de Pâques..."
 Alors, je l’ai emmenée avec moi. Puis, pendant le service, je lui ai dit, va vers un prêtre et fais ta confession. Le prêtre l’a confessée et, bien qu'elle n'ait pas jeûné, il lui a permis de communier, car cela est permis dans des circonstances particulières. Elle est revenue après avoir reçu la communion et il y avait cette aura autour d'elle. Son mari ne dormit pas du tout cette nuit-là. Il savait que nous étions à l'église, mais il ne s'attendait pas à ce que le service soit aussi long. 

J’ai marché avec elle, car notre monastère était à proximité... Natacha était si heureuse, si joyeuse! Son mari talentueux ne se trouvait pas bien en Israël, alors ils déménagèrent en Italie, puis aux Etats-Unis suite à un de ses rêves. C'était un grand fan du jeune Clinton, chose que j'ai trouvée très amusante. Ils se sont installés plus ou moins là-bas, alors Natacha a donné naissance à un fils et elle est morte. Cela s'est produit récemment.

Y avait-il un conflit qui se préparait dans la communauté?
Lorsque nos frères et l'abbé ont commencé à sentir qu'ils me perdaient, ils m'ont empêché d'aller à Jérusalem et de communiquer avec les orthodoxes. Alors, je suis allé chez le père Jérôme, et il m'a dit qu'il ne pouvait rien faire pour moi, mais l'année suivante il retournait en Russie et il m’emmènerait avec lui.

Que puis-je faire, me suis-je dit, je vais devoir attendre. Mais cette double vie devenait de plus en plus insupportable. A ce moment, la communauté traversait une crise, parce que l'abbé avait beaucoup de pression de Rome pour renoncer au rite oriental. J'ai dit: "Pas question!" 

Et un jour, quand ça a été vraiment mauvais, j'ai réalisé que je ne pouvais plus supporter cela. Je suis allé à Ein Kerem, où le père Jérôme officiait. Il a dit, eh bien, si tu as pris une décision, nous allons voir le Patriarche demain. Le patriarche Diodore [de Jérusalem] a approuvé mon choix. Mais, afin d'éviter les conflits avec d'autres confessions, car après tout, Jérusalem est une petite ville, il a dit, il vaut mieux aller directement vers l'Orthodoxie russe.

Le secrétaire de la mission de l'Église orthodoxe russe à Jérusalem le hiéromoine Marc (qui est maintenant l'archevêque d'Egorievsk) a personnellement traduit et transmis ma demande d'être transféré à l’Eglise orthodoxe russe à Moscou. 

À l'époque, le Père Jérôme et moi étions occupés à nettoyer l'égout et à réparer le toit pour Mère Géorgia à Ein Kerem, en faisant essentiellement tout ce que les femmes ne pouvaient pas faire. Je n'ai jamais eu de problème avec le travail dur ou salissant, et le Père Jérôme non plus.

La réponse de Moscou est venue, mais en apprenant que la demande avait été transmise à son insu, le chef de la mission, le métropolite Théodose, s'est énervé et l'a mis en suspens. Tout est resté en suspens.

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Que pouvais-je faire? Je n'avais pas assez d'argent pour acheter un billet pour Moscou. Alors, je suis parti en France pour chercher un emploi. Mon frère, qui restaure de vieux meubles, m'a pris avec lui, car il avait beaucoup de commandes avant Noël. 

Mon père a dit: "Je le savais!" Alors, je lui ai dit: "Papa, je ne reviens pas dans le monde, mais je vais partir en Russie." "QUOI?!" "Je vais me convertir à l'Orthodoxie. "Rappelez-vous, c'était en octobre 1993, il y avait des rapports sur l’anarchie qui régnait en Russie à la télévision.


Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

jeudi 27 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (1)

Père Basile

Le Père Basile Pasquier, français, est russe et tchouvache depuis déjà 22 ans.

Combien de tasses de café dois-je apporter, demanda la moniale.
Dix ! répondit Père Basile
"Il y a six personnes présentes, plus leurs anges gardiens..." Il mélange toujours un peu d'humour avec des vérités supérieures, donc on ne sait jamais, quand il plaisante, et quand il est visionnaire. Le père Basile Pasquier, higoumène du monastère masculin de la Sainte Trinité dans la ville de Tcheboksary, est un Français russe et chouvache qui  vit en Russie depuis vingt-deux ans.
*
Marcher pieds nus vers Dieu

Comment se fait-il que vous ayez fini en Russie en premier lieu? Après tout, les Européens ont tendance à considérer la Russie comme un lieu vieillot, arriéré et sous développé...

Père Basile Pasquier: Quoi, la Russie est-elle un pays sauvage maintenant? Allons! La Russie est un grand pays. C’est plutôt, l'Occident qui est sauvage, ils ne l'appellent pas "l'Occident sauvage" pour rien, surtout maintenant, quand les gens commencent à oublier leurs racines chrétiennes. Cet oubli produira une désintégration. Quant à la Russie... Ils pensaient que sa fin était venue dans les années nonante, mais comme on dit, l'herbe qui a été arrachée a développé de profondes racines...

Cela signifie-t-il que vous n'avez pas eu de mal à choisir?

C'est juste que le Seigneur m'a soudainement poussé en Russie. La foi orthodoxe m'a amené ici.

Et quand avez-vous réalisé que vous iriez vers l'Orthodoxie?

J'ai grandi dans une famille catholique. Quand j'avais quinze ans, j'ai traversé une crise - cela ne pouvait pas être évité - j'étais intéressé à jouer au football, pas à l'Eglise. Maintenant, imaginez un village français en Vendée et, en son centre, une église avec de très beaux et très hauts clochers. Toutes les quinze minutes, les cloches sonnent. Il y avait une sonnerie de cloche spéciale pour le service au début, une autre sonnerie de cloche pour le service ultérieur, il y avait différentes sonneries de cloche pour les mariages et les baptêmes. Devant l'église, il y a un endroit où les hommes se rassemblent avant le service, car, à l'époque, tout le monde assistait aux offices... Après le service, tout le monde allait au bistrot pour parler, y compris le prêtre. En passant, parler aux gens après l’office n'est pas du tout une mauvaise façon de servir pour un prêtre. Il y avait, évidemment, ceux qui se dirigeaient directement vers le bistrot - les joueurs de football, les parieurs qui jouaient aux courses. Et je me souviens d'être debout dans cet endroit à quinze ans me demandant, où devrais-je aller? Et à un moment donné, j'ai tourné "à gauche", je pensais que j'avais choisi le football. Pourtant, ce jour-là, je suis encore allé à l'église. Et, savez-vous quoi, cela s'est avéré être un TEL jour! Pâques des vitraux brillaient au soleil, des lumières vives, des hymnes pascales... Après cela, c'était tout, je suis resté à l'église. J'ai commencé à assister à des offices même lorsque personne d'autre n'y participait. En semaine après l'école. Ces services, bien sûr, étaient différents de nos services orthodoxes, ils étaient très «secs», une demi-heure et c'était fini. Cela devenait un peu ennuyeux, il n’y avait que moi et une vieille dame. Ensuite, j'ai commencé à lire vos livres russes sur la théologie. Et à marcher sur pieds nus. Même en hiver.


Le monastère masculin de la Sainte Trinité dans la ville de Tcheboksary 

Essayiez-vous d'être un ascète?

Eh bien, je ne sais pas, un jeune homme estime qu'il est important de se démarquer de la foule. C'est ainsi que je me suis distingué. Je suis allé dans une école catholique, bien sûr, dirigé par des religieuses, l'éducation morale a été prise en charge. Mais il y avait encore une soif de théologie. Après l'obtention du diplôme, j'ai travaillé un peu, acheté un sac à dos et une tente avec mes premiers gains, j'ai dit au revoir à la famille et suis allé au sud. J'y ai fini dans mon futur monastère qui, à l'époque, était encore une communauté chrétienne. Nous vivions ensemble comme une famille, en partageant nos gains.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

mercredi 26 avril 2017

PRIERE AU MOMENT DE LA COMMUNION de Saint Dimitri de Rostov


Святитель Димитрий Ростовский

Ouvrez-vous portes et verrous de mon cœur,

Afin que puisse entrer le Christ, 
Le Roi de Gloire!

Entre,
Ô ma Lumière,
Et illumine mes ténèbres;

Entre,
Ô ma Vie,
Et ressuscite-moi, moi qui suis mort;

Entre,
Ô mon Médecin,
Et guéris mes blessures;

Entre,
Ô Feu Divin,
Et brûle les épines de mes péchés;
Enflamme mon cœur
Avec la flamme de Ton Amour;

Entre,
Ô mon Roi,
Et détruis en moi le royaume du péché;
Siège dans mon cœur
Comme sur un trône,
Et règne seul en moi,
Toi Qui es mon Roi et mon Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 



(Le staretz Nazaire recommandait d'apprendre cette prière de Dimitri de Rostov par cœur, et de la réciter au moment d'approcher de la Sainte Communion au Corps et au Sang du Christ.)

Livre sur José Muñoz, Gardien de la Portaïtissa

Du Mont-Athos à Optino, José Muñoz, Pèlerin de la Portaïtissa et Martyr (Claude Lopez-Ginisty)
Publié le 18 avril 2017 par editionsdudesert



Photo du néomartyr José Muñoz portant l’îcône de la Portaïtissa

José Muñoz, devenu moine orthodoxe Ambroise du Mont-Athos, humble gardien de l’Icône de la Portaïtissa, est mort martyrisé en 1997. L’auteur de ce livre, témoin direct et ami de José, eut la grâce de le rencontrer souvent et de l’accueillir chez lui avec l’Icône. À notre demande, il accepta avec humilité d’écrire l’histoire de sa vie. Mais ces pages bouleversantes, exigeantes de vérité, nous entraînent bien au-delà d’une biographie. Tel une icône, ce livre ouvre la porte de l’Invisible illuminant le chemin du Royaume, celui qu’a emprunté le pèlerin José, effacé derrière la Toute-Pure. Consumé d’amour pour Dieu, il livra jusqu’au bout le bon combat.

« Nous allons parler d’un martyr de notre temps, écrit Claude-Lopez-Ginisty dans son Avant-propos. Il vivait en esprit avec les martyrs de tous les temps et de tous les lieux (…). Il fut sur notre terre des vivants un homme simple marchant pieusement vers le Ciel où il demeure à présent. Il obtint du Christ par sa prière fervente le don précieux d’une icône miraculeuse qu’il accompagna dans le monde et donna sa vie pour que ses frères l’aient en abondance de guérisons et de grâces. 

Il devint moine secrètement au Mont-Athos. Il fut torturé à mort à Athènes où il reçut la couronne du martyre. Du Mont-Athos en Grèce, à Optino en Russie, où on le vénère à présent, son itinéraire spirituel est constellée de bénédictions insignes. » 

« (…) En rassemblant tous les témoignages de ceux qui l’ont connu, on s’aperçoit qu’il n’est pas réellement possible d’écrire autre chose que l’histoire de l’Icône et de frère Joseph. Cela est voulu. C’est que sa vie réelle fut celle de gardien fidèle de l’Icône et que son autre vie, il y renonça totalement en choisissant de devenir moine. 

Il disparut quand disparut l’Icône, c’était là sa seule vie véritable, elle était cheminement lent, sûr et douloureux vers le Ciel. Y ayant atteint enfin, il nous laisse le soin de méditer sur ce que fut son errance mystique sur la terre des vivants. »

ISBN 978-2-914857-30-7

mardi 25 avril 2017

Sur le blog saint Materne



Je crois en l'Église Une... (A.S. Khomiakov 1/12)

Un des articles du Credo dit "je crois en l'Église Une"
Qu'est-ce que peut bien signifier cet article que diverses Églises locales divisées ou déchirées, récitent pourtant chacune de leur côté? Un célèbre poète et auteur théologique, co-fondateur du mouvement pan-Slave, en a donné un excellent résumé au 19ème siècle. Seuls quelques détails historiques gagneraient à être mis à jour par des remarques complémentaires, détails qui n'étaient pas encore d'application au temps de l'auteur, ceci expliquant cela.
Par ses échanges de correspondance théologique avec plusieurs éminents représentants de la High Church dans la Communion Anglicane, Alexis Stepanovich Khomiakov les a amenés à découvrir la plénitude de l'Église. Un exemple à suivre en ces temps d'indifférentisme, de relativisme, et autres maladies spirituelles profondément ancrées en Occident.

Texte anglais sur un site internet du Vicariat de Rite Orthodoxe Occidental du Patriarcat Grec-Orthodoxe d'Antioche:

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"L'Église est Une"
par Alexei Stepanovich Khomiakov (1804-1860)

avec une introduction par l'archiprêtre George Grabbe
[Église Orthodoxe Russe Hors Frontières, futur évêque d'une autre branche russe, entré dans l'éternel repos le 7 Octobre 1995]
Note du transcripteur :
Rien n'a été modifié dans le livret; c'est la traduction intégrale du texte de Khomiakov, avec une introduction sur sa vie, et des notes marginales par l'évêque Gregory Grabbe, anciennement protopresbytre George Grabbe.
Ce livret a introduit nombre de gens dans l'Église Orthodoxe, et il est un des essais les plus courts et cependant les plus complets sur la Foi Chrétienne. Il a été rédigé par un laïc, et est trop limité sur certains sujets tels que la liturgie et les sources de la Tradition. Il est recommandé de complèter avec d'autres ouvrages par la suite.
La conversion de ce texte vers le format ASCII est dédiée à l'évêque Gregory Grabbe, anciennement protopresbytre George, qui rédigea l'introduction et traduisit "L'Église est Une". Il passa de cette vie vers sa bienheureuse récompense le 7 octobre 1995. Vechnya Pamyat! Mémoire éternelle!
Alexei Stepanovich Khomiakov est mort le 23 ou 25 septembre (Julien)/ 5 ou 7 Octobre (calendrier grégorien), presque la même date que l'évêque Gregory. L'évêque Gregory dit que Khomiakov est mort le 25 septembre, dans son introduction; d'autres sources, comme Lossky, disent 23 septembre.

[Note du traducteur en 2006 : En français, à ma connaissance, il n'y a que 4 ouvrages publiés sur Khomiakov. Ayant été publiés avant la seconde guerre mondiale, on ne les trouve qu'en bibliothèque. Un seul a été écrit par un auteur Orthodoxe, les autres sont soit préfacés soit écrits par des auteurs hétérodoxes. Ce sont d'excellents ouvrages, et par eux, j'ai découvert et appris à aimer Khomiakov.
1) "A.S. Khomiakov et le mouvement slavophile"
1a) "les hommes"
A. Gratieux
Unam Sanctam n° 5, 1939

1b) "les doctrines"
Unam Sanctam n° 6, 1939

3) "Préface aux oeuvres théologiques de A.S. Khomiakov"
G. Samarine
traduction G. Gratieux
collection Unam Sanctam n° 7, 1939

4) "Le mouvement Slavophile à la veille de la Révolution"
Présentation générale et une partie des écrits par A. Gratieux
Unam Sanctam n° 25, 1953
Le tout aux éditions du Cerf.]

Contenu :
A propos de l'auteur de cette Introduction 

Introduction: Les Khomiakov : Famille, accomplissements, vie spirituelle, oeuvres théologiques, mort

Note par l'évêque Gregory:
"Le livre 'L'Église est Une' a été divisé par l'auteur en 11 chapîtres ou paragraphes, sans titres. Dans cette édition, nous avons donné des titres à ces chapîtres, afin de faciliter l'usage du livre."

A propos de l'auteur de cette introduction:

Le révérend protopresbytre George Grabbe [futur évêque Gregory] a été requis de composer cette introduction afin de donner au lecteur Américain quelqu'information à propos de la vie d'Alexei Khomiakov. Le p. Grabbe était un petit-enfant en ligne directe de la fille de Khomiakov, Anna, qui avait épousé le Comte Michel Grabbe. Par sa grand-mère et ses autres parents, le p. Grabbe avait une connaissance de première main de l'esprit de la famille qui a produit ce grand théologien Russe.

Le p. Grabbe est né en Russie et a reçu sa formation théologique à Belgrade, Yougoslavie [Serbie]. Sa famille a toujours été active dans la vie de l'Église. Son père, le Comte Paul Grabbe, était un estimé membre du Concile Général de Russie en 1917 et fut le premier à lever le bras pour l'élection du patriarche.

Le p. Grabbe, lui-même, fut choisi par feu le métropolite Antoine de Kiev, un ami de sa famille, pour être chancellier du Synode des Évêques de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières. Il a occupé ce poste à partir de 1931. Avec le Synode, il se réinstalla dans ce pays en 1951. Depuis 1932, il a été l'éditeur du magazine du Synode, "Church Life", et a aussi participé à nombre d'autres revues théologiques russes. (ceci a été écrit en 1953)

Introduction

L'essai que nous présentons est un des traitements les plus inhabituels et provocatifs d'un sujet théologique jamais écrits. Il a été composé en 1844 ou 1845, mais n'a pas été imprimé avant 1863 – 3 ans après la mort prématurée de son auteur. C'est un document des plus surprenants parce qu'Alexei Stepanovich Khomiakov, qui l'a écrit, était un laïc sans la moindre responsabilité théologique officielle.

lundi 24 avril 2017

Une lettre sur Pâques d'un détenu inconnu d'un camp de concentration soviétique


Une personne peut vraiment pénétrer le mystère de la chute du premier homme, le sens mystérieux de la rédemption de toute la création et la grande victoire du Christ sur les puissances du mal, seulement lorsqu'elle est emprisonnées dans un camp de concentration soviétique pour ses croyances religieuses.
*
Ce n'est que lorsque nous souffrons pour les idéaux de l'Evangile que nous comprenons notre faiblesse pécheresse et notre indignité par rapport aux grands martyrs de l'Église chrétienne des premiers siècles. 

C'est seulement alors que nous percevons la nécessité absolue de la profonde humilité et de la soumission en l'absence de laquelle nous ne pouvons pas être sauvés; Seulement alors, commençons-nous à distinguer l'image passagère de ce qui est visible et de la vie éternelle de l'invisible.

Le jour de Pâques, tous ceux qui avaient été incarcérés pour leurs croyances religieuses étaient unis dans la seule joie du Christ. Exaltant le Dieu éternel, nous avons tous été remplis du même sentiment, du même triomphe spirituel. 

Il n'y avait pas de liturgie pascale triomphante avec sonnerie des cloches, il n'y avait aucune possibilité de se réunir pour l'office, de s'habiller différemment pour la fête, de préparer des plats pascaux. 

Au lieu de cela, il y avait encore plus de travail et même plus d'ingérence que d'habitude. Tous ceux qui ont été emprisonnés ici pour leurs croyances religieuses, pour différentes doctrines ont été entourés par encore plus d'espionnage, encore plus de danger de la part de la police secrète.

Néanmoins, il y avait Pâques, une grande, spirituelle et inoubliable Pâques. Elle a été sanctifiée par la présence parmi nous du Christ Lui-même, elle a été sanctifiée par les étoiles tranquilles de la Sibérie et par nos afflictions. 

Avec quelle joie notre cœur a battu en participant à la Grande Résurrection! 

La mort a été vaincue - il n'y a plus de peur - on nous a accordé une Pâques éternelle! 

Remplis de cette extraordinaire Pâques, nous vous envoyons des nouvelles triomphantes et joyeuses du camp de prisonniers, Christ est ressuscité!

Version française Claude Lopez.Ginisty
d'après
Version italienne:

Jean-Claude LARCHET: Recension: Cyrille d’Alexandrie, « Contre Julien », tome Il, livres III-V


Cyrille d’Alexandrie, Contre Julien, tome Il, livres III-V. Introduction et annotation par Marie-Odile Boulnois, texte grec établi par C. Riedweg (GCS NF 20), traduction par J. Bouffartigue (†), M.-O. Boulnois et P. Castan, « Sources chrétiennes » n° 582, Paris, Cerf, 2016, 663 p.
Ce volume présente la suite (livres III à V) du traité de saint Cyrille d’Alexandrie († 444) « Contre Julien », dont les deux premiers livres avaient été publiés dans la même collection en 1985 par P. Burguière et P. Évieux.
Dans cet ouvrage qui date d’environ 440, le patriarche d’Alexandrie réfute les critiques adressées aux chrétiens par l’empereur Julien dit « l’Apostat » intitulé Contre les Galiléens. Celui-ci avait été publié en 362-363, soit 80 ans plus tôt, mais à l’époque de Cyrille il était toujours perçu comme dangereux, bien que, considéré comme « démoniaque » par les chrétiens, il ait été massivement détruit au point que les citations contenus dans l’ouvrage de Cyrille en constituent aujourd’hui presque l’unique trace. Ce traité de Julien fait partie d’une lignée d’ouvrages anti-chrétiens rédigés par des philosophes païens, à laquelle appartiennent aussi le Discours véritable de Celse (178), qu’a longuement réfuté Origène dans son Contre Celse (248), ou le Contre les chrétiens (après 271) de Porphyre de Tyr, qui fut réfuté par Apollinaire de Laodicée en 370.
Julien adhère à la philosophie néo-platonicienne, mais possède néanmoins une bonne connaissance de la Bible. Il cherche a discréditer le contenu de celle-ci en tant que l’une des bases de la foi chrétienne, en montrant qu’elle est, soit assimilable à la mythologie (dans sa référence à un arbre de la connaissance du bien et du mal, dans son évocation d’un serpent qui parle, dans sa description de l’épisode de la tour de Babel…), soit réductrice (en concevant Dieu comme le dieu des Hébreux et donc comme un dieu national), soit blasphématoire (en faisant apparaître Dieu comme méchant, jaloux ou impuissant).
Pour le réfuter, saint Cyrille d’Alexandrie recourt non seulement à l’exégèse et à la théologie, mais aussi à la philosophie et à la littérature grecques qu’il cite abondamment.
La réfutation de Cyrille garde un caractère actuel, car les objections de Julien ont régulièrement été reprises sous diverses formes jusqu’à nos jours. L’assimilation de certains éléments bibliques à une mythologie a été fortement mise en avant dans les années 60 du siècle dernier dans la théologie protestante (R. Bultmann) et dans une partie de la théologie catholique qui préconisaient une « démythologisation » du christianisme. Le caractère fortement politique et nationaliste de certains épisodes de la Bible (bien qu’il soit plus valorisé par l’exégèse juive que par l’exégèse chrétienne), ou l’image d’un Dieu jaloux, vengeur, ou injuste donnée par d’autres épisodes posent problème à première lecture et appellent, pour être correctement compris, une exégèse adéquate dont cet ouvrage de saint Cyrille d’Alexandrie nous donne un bon exemple.
Un autre aspect intéressant de ce traité est qu’il oppose en de nombreux passages la Trinité chrétienne à la triade néo-platonicienne à laquelle adhère Julien, en montrant les déficiences de cette dernière conception de la divinité, dont le caractère hiérarchique s’inspire de l’hérésie arienne.
Jean-Claude Larchet

dimanche 23 avril 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

10/23 avril
  Dimanche de l’apôtre Thomas « Antipâques »

Saints Térence, Pompée, Africain, Maxime, Zenon, Alexandre, Théodore et leurs 33 compagnons, martyrs à Carthage (249-251) ; saints Jacques, prêtre, Azadan et Audice, diacres, martyrs en Perse (vers 380) ; saint Pallade, évêque d'Auxerre (vers 658) ; saint Grégoire V, Patriarche de Constantinople, néo-martyr grec (1821) ; saints néo-martyrs de Russie : Phlégonte (Ponguilsky), prêtre (1938) ; Démètre (Vdovine), martyr (1942).
Lectures : Actes V, 12 - 20 / Jn. XX, 19-31


AU SUJET DU DIMANCHE DE THOMAS

N
ous commémorons ce dimanche l’apparition du Seigneur aux apôtres, après Sa Résurrection, et le toucher de Ses plaies par l’apôtre Thomas. L’apparition du Seigneur ressuscité à l’apôtre Thomas et aux onze autres disciples est fixée le premier jour suivant la semaine pascale, parce que les circonstances de cette apparition constituent une preuve incontestable de la Résurrection du tombeau, « comme de la chambre nuptiale, avec Sa chair immaculée ». Le huitième jour après Pâques, comme achèvement des solennités de la Semaine Lumineuse, constituait depuis les temps anciens une solennité particulière. Le dimanche de Thomas est également appelé « antipâques », ce qui signifie « au lieu de Pâques », parce que l’Église a transféré à ce dimanche une partie des antiques matines pascales, qui furent remplacées par celles de St Jean Damascène que nous célébrons de nos jours. Depuis ce jour commence le cycle des dimanches et des semaines de toute l’année. Selon l’usage de l’Église Russe, on commémore les défunts le mardi suivant le dimanche de Thomas. La raison en est que le typicon autorise de nouveau, la commémoraison des défunts à partir du lundi de Thomas. C’est ainsi que les croyants se rendent sur la tombe de leurs proches pour annoncer la joyeuse nouvelle de la Résurrection du Christ. De là vient l’appellation de ce jour « radonitsa » en russe (radost’ = la joie). La commémoraison des défunts après Pâques remonte aux temps les plus anciens. St Ambroise de Milan, dans l’une de ses homélies dit : « Il est digne et juste, après les solennités pascales que nous avons célébrées, de partager notre joie avec les saints martyrs, et de leur annoncer la joie de la Résurrection du Christ, à eux en tant que participants aux souffrances du Seigneur ». Ces paroles de St Ambroise, bien que se rapportant aux martyrs, peuvent confirmer notre usage de commémorer les défunts après Pâques, eu égard au fait que, dans les temps anciens, on enterrait les défunts parmi les martyrs.

Tropaire, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie.

Tropaire du dimanche de Thomas, ton 7
Запеча́тану гбу, живо́тъ отъ гбa возсія́лъ ecи́ Xpисте́ Бо́же, и двépeмъ заключе́ннымъ, ученико́мъ предста́лъ ecи́, вcѣ́xъ вocкpecéнie : ду́хъ пра́вый тѣ́ми обновля́я на́мъ, по вели́цѣй Твое́й ми́лости.
Le sépulcre étant scellé, Toi qui es la Vie, ô Christ Dieu, Tu t’es levé du tombeau, et les portes étant fermées, Toi, la Résurrection de tous, Tu t’es présenté devant Tes disciples, par eux renouvelant en nous un esprit droit, dans Ta grande miséricorde.
Kondakion du dimanche de Thomas, ton 8
Любопы́тною десни́цею, жиз-нопода́тельная Tвоя́ péбра Фомá испыта́, Xpисте́ Бо́же : coзаключе́ннымъ бо двépeмъ я́ко вше́лъ ecи́, съ про́чими апо́столы вопiя́ше Тебѣ́ : Го́сподь еси́ и Бо́гъ мо́й.
Voulant s’assurer de Ta Résurrection, Thomas scruta de sa droite curieuse Ton côté vivifiant, ô Christ Dieu ; aussi, lorsque Tu entras, les portes étant fermées, il Te clama avec les autres apôtres : Tu es mon Seigneur et mon Dieu.
Au lieu de « il est digne en vérité » ton 1:
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.
L’Ange dit à la Pleine de grâce : Vierge pure, réjouis-toi, et je te dis à nouveau : réjouis-toi ! Car ton Fils est ressuscité du Tombeau le troisième jour et a relevé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, Nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur a brillé sur toi. Danse et crie de joie, Sion, et toi, Pure Mère de Dieu, réjouis-toi de la Résurrection de Ton Fils.

VIE DU hiÉromartyr GRÉGOIRE V, patriarche de CONSTANTINOPLE[1]  

Né en 1745 au sein d’une famille pauvre de Dimitsane, dans le Péloponnèse, saint Grégoire reçut sa première éducation de son oncle hiéromoine, puis alla s’installer avec lui à Smyrne. Devenu moine au monastère de l’île des Strophades, il compléta ses études théologiques à Patmos. De retour à Smyrne, le métropolite Procope, qui lui montrait une paternelle affection, le fit archidiacre puis l’ordonna prêtre, et lors de son élévation à la dignité patriarcale (1788), il fit sacrer Grégoire pour lui succéder. Pendant douze ans, le saint hiérarque gouverna avec sagesse et zèle apostolique la grande et riche cité de Smyrne, métropole de l’hellénisme en Asie Mineure. Il y fit reconstruire diverses églises, fonda des écoles et organisa un système de bienfaisance pour les déshérités. En 1797, il fut élu patriarche œcuménique et entreprit aussitôt de relever la dignité patriarcale en faisant reconstruire le palais du Phanar. Il fonda aussi une imprimerie dans laquelle on éditait des livres en langue vulgaire, qui contribuèrent grandement au réveil culturel et spirituel du peuple grec. Le saint hiérarque veillait à la stricte observance des canons ecclésiastiques et à la rigueur morale du clergé. En ces temps agités, où les Grecs, tenus depuis près de quatre siècles sous le joug ottoman, s’échauffaient et se préparaient au soulèvement général, le patriarche, conscient de ses responsabilités de pasteur, s’efforçait de tempérer les esprits téméraires, en consolidant toutefois en secret le sentiment national.

Après un an et demi seulement, il fut dénoncé au sultan par des évêques qu’il avait blâmés pour leur conduite et fut exilé à Chalcédoine, puis au monastère d’Iviron sur la Sainte Montagne. Pendant ce séjour forcé à l’Athos, le saint visita tous les monastères, prêcha la parole de Dieu et fut pour tous un modèle de vie monastique. Il donna alors sa bénédiction à saint Euthyme [22 mars] pour aller s’offrir au martyre et exprima sa joie et sa fierté à la nouvelle du martyre de saint Agathange [19 avr.], montrant ainsi qu’il considérait la mort par amour du Christ comme le but suprême et le couronnement de la vie chrétienne.

Rappelé au Patriarcat en 1806, il fut reçu avec enthousiasme par le peuple chrétien de Constantinople, et reprit courageusement son œuvre pastorale et de correction des mœurs ecclésiastiques. Mais, en 1808, un coup d’état ayant amené au pouvoir le sultan Mehmed II, on le contraignit à démissionner et à se retirer dans l’île de Prinkipo, puis de nouveau au Mont Athos où il reprit ses études patristiques et ses exercices ascétiques, tout en se tenant informé de la situation de l’Église et du peuple.

En 1818, il fut contacté par les membres de la Société Amicale, société secrète qui préparait la Révolution en essayant de réunir et de coordonner les forces dispersées. Grégoire montra avec enthousiasme son soutien pour la cause de la liberté ; mais, jugeant que le temps n’était pas encore mûr, il leur conseilla la patience. Peu de temps après, il fut rappelé pour la troisième fois sur le trône œcuménique et reprit son activité, encourageant en particulier la fondation des écoles où les enfants pouvaient recevoir une formation hellénique. Il organisa aussi une Caisse de la Miséricorde, qui recevait les fonds de Grecs fortunés pour l’assistance aux chrétiens en difficultés.
Lorsque commença, dans le plus grand manque d’organisation, l’insurrection des Grecs des principautés danubiennes (1er février 1821), il s’en suivit aussitôt de terribles et sanglantes répressions à Constantinople et dans tous les grands centres de l’empire ottoman. Tous les notables ayant des liens avec les principautés furent exécutés et quatre évêques furent arrêtés. Comme le gouvernement avait donné l’ordre de rassembler au Phanar toutes les familles des notables grecs de Constantinople, le patriarche, en vue d’éviter le massacre, se porta garant auprès de la Sublime Porte de leur fidélité. Non content de cette déclaration, le sultan contraignit saint Grégoire à signer l’excommunication du chef de l’insurrection, Alexandre Hypsilantès, et de ses compagnons.

Le 31 mars, on annonça le soulèvement général du Péloponnèse et, trois jours plus tard, le Grand Lundi, le Grand Interprète, représentant de la communauté grecque à la cour du sultan, fut exécuté avec d’autres notables. Prévoyant quel serait son sort et refusant les propositions de fuite, le patriarche disait : « Comment abandonnerais-je mon troupeau ? Si je suis patriarche, c’est pour sauver mon peuple, non pour le livrer aux glaives des janissaires. Ma mort sera plus utile que ma vie, car par elle les Grecs lutteront avec l’énergie du désespoir qui souvent procure la victoire. Non, je ne deviendrai pas la risée du monde en prenant la fuite, de sorte qu’on me montre du doigt en disant : “Voilà le patriarche assassin !” ».

Le jour de Pâques, 10 avril, saint Grégoire célébra, avec calme et grandeur, la Liturgie de la Résurrection, interrompu seulement par ses sanglots. À l’issue de la cérémonie, on lui confirma la nouvelle de la révolution dans le Péloponnèse. Il répondit alors : « Que maintenant comme toujours, la volonté du Seigneur soit faite ! » Quelques heures plus tard, on venait lui annoncer sa déposition et des janissaires le traînèrent sans ménagement en prison. Soumis à l’interrogatoire et à la torture, il gardait un majestueux silence qu’il ne rompait que lorsqu’on lui proposait de renoncer à sa foi, disant alors : « Le patriarche des chrétiens doit mourir en chrétien ! » Peu après, une fois son successeur élu par les membres du saint Synode, il fut pendu au portail d’entrée du Patriarcat, qui depuis reste fermé en commémoration de ce sinistre événement. Au dernier moment, saint Grégoire leva les mains vers le ciel, bénit les chrétiens présents et dit : « Seigneur Jésus-Christ, reçois mon esprit ! » Pendant que les Turcs et les Juifs lançaient des pierres sur le cadavre du patriarche, le magistrat qui avait été chargé de l’exécution se tenait assis devant lui en fumant.

On laissa le corps exposé pendant trois jours, avec, suspendu au cou, le document contenant son chef d’accusation. Finalement des Juifs l’achetèrent pour 800 piastres et le traînèrent par les rues, au milieu des quolibets et des cris de triomphe, puis ils le jetèrent à la mer. Malgré la lourde pierre qu’on y avait attachée, il surnagea et fut récupéré par un navire grec sous pavillon russe, qui le déposa à Odessa. Vénérée par la foule pendant plusieurs jours, la sainte relique ne montra aucun signe de corruption. En 1871, à l’occasion du cinquantenaire de la Révolution grecque, le corps du saint patriarche fut transféré à Athènes et déposé avec les plus grands honneurs dans la métropole.




[1]. Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.