"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 16 janvier 2016

Entrevue de V. Poutine avec le journal allemand Bild


Dans une interview au quotidien allemand Bild, publiée le 11 janvier, Vladimir Poutine est revenu sur l’année éco, les tensions internationales, le rôle de l’OTAN et la phobie des chiens d’Angela Merkel. Le Courrier de Russie a sélectionné et traduit les passages les plus marquants.
Vladimir Poutine lors de l’interview avec les journalistes de Bild Nikolaus Blome et Kai Diekmann. Crédits : kremlin.ru

Sur les relations Russie-Occident

Depuis le début [la fin de la Guerre froide, ndlr], nous avons échoué à surmonter les divisions en Europe. Il y a 25 ans, le mur de Berlin s’effondrait, mais des murs invisibles se sont déplacés vers l’Est de l’Europe, et ont posé les prémices de futures crises et incompréhensions mutuelles.

Sur l’OTAN

À la chute du mur de Berlin, on a entendu dire que l’OTAN ne s’élargirait pas à l’Est. Si mes souvenirs sont bons, c’est ce qu’avait déclaré Manfred Wörner, alors secrétaire général de l’Alliance. Certains politiques allemands de l’époque, notamment Egon Bahr, avaient mis en garde contre un possible élargissement et proposé des solutions.
M. Bahr avait notamment déclaré, le 26 juin 1990, lors de sa rencontre avec les politiques allemands Hans-Dietrich Genscher et Helmut Kohl et les dirigeants soviétiques Mikhaïl Gorbatchev et Valentin Faline, alors directeur du département international du Comité central : « Si aucune mesure décisive n’est prise pour éviter la scission de l’Europe en blocs ennemis lors de la réunification de l’Allemagne, l’URSS risque d’être condamnée à l’isolement international. »
M. Bahr proposait des mesures concrètes. Il parlait de la nécessité de créer une nouvelle union, distincte de l’OTAN, au cœur de l’Europe. Toute l’Europe centrale, avec ou sans l’Allemagne de l’Est, devait former cette nouvelle union avec l’Union soviétique et les États-Unis. Voici ce qu’il disait : « En tant qu’organisation dotée de structures militaires, l’OTAN ne doit pas s’étendre en Europe centrale. »
C’était déjà un patriarche de la politique européenne, avec sa propre vision de l’avenir de l’Europe. Il disait à ses collègues soviétiques : « Si vous n’êtes pas d’accord et que vous approuvez l’élargissement de l’OTAN, si l’Union soviétique l’approuve, alors je ne viendrai plus à Moscou. » Il était très intelligent. Il voyait alors le sens profond des événements en cours, et était convaincu qu’il fallait changer totalement de format pour tourner la page de la Guerre froide. Ce que nous n’avons pas fait.
Egon Bahr était un homme politique allemand membre du parti social-démocrate. Crédits :
German Federal Archives
Et que s’est-il passé ? Précisément ce qu’avait prédit M. Bahr, qui affirmait qu’il ne fallait pas développer la structure militaire du bloc nord-atlantique à l’Est mais créer une union qui comprendrait l’ensemble de l’Europe. Il n’en a rien été. C’est même exactement l’inverse qui s’est produit, ce contre quoi il avait mis en garde : l’OTAN a commencé à se développer et à s’élargir à l’Est.
Nous avons entendu mille fois ce mantra, répété par les politiques américains et européens : les pays ont le droit de choisir seuls la façon dont ils garantissent leur sécurité. Nous le savons, c’est vrai. Mais il est aussi vrai que les autres pays ont le droit de décider d’élargir ou non leur propre organisation, d’agir dans ce qu’ils estiment être l’intérêt de la sécurité internationale. Les principaux membres de l’OTAN pourraient dire : « Nous sommes ravis que vous souhaitiez vous joindre à nous, mais non – nous n’avons pas l’intention d’élargir notre organisation, nous voyons un autre avenir pour l’Europe. »
La charte de l’OTAN stipule-t-elle que l’organisation doit accueillir tous ceux qui souhaitent y entrer ? Non. Il y a des critères, des conditions. S’il y avait eu une volonté politique, ils auraient pu tout faire. Mais ils ne le voulaient pas, tout simplement. Ils voulaient régner, dominer. Ils voulaient s’asseoir sur le trône. Et ensuite ? Aujourd’hui, nous discutons de situations de crise.

Sur le bouclier antimissile

En matière de sécurité, outre l’élargissement de l’OTAN à l’Est, nous avons vu apparaître le système de défense antimissile, qui se développe en Europe sous prétexte de contrer la menace nucléaire iranienne. En 2009, le président américain Barack Obama avait déclaré que si cette menace disparaissait, il n’y aurait plus aucune raison de créer ce système de défense antimissile.
Un accord a été signé avec l’Iran, on examine aujourd’hui la question de la levée des sanctions, tout cela sous le contrôle de l’AIEA, et un premier chargement d’uranium a déjà été transféré à la Russie. Or, le bouclier antimissile continue d’être développé. Des accords bilatéraux ont été signés avec la Turquie, la Roumanie, la Pologne et l’Espagne. En Espagne, des forces navales sont déployées pour la défense antimissile. Une zone de déploiement de missiles a déjà été créée en Roumanie, une autre doit apparaître en Pologne vers 2018, et un radar est installé en Turquie.

Sur son "changement de rhétorique " 

Vladimir Poutine 2000 – 2015. Crédits : productionmyarts.com
Je n’ai jamais changé. Encore aujourd’hui, je me sens jeune. J’étais et je reste l’ami de Schröder. Rien n’a changé. Les relations entre États se construisent quelque peu différemment de celles entre personnes. Je ne suis pas un ami, ni une fiancée, ni un fiancé, je suis le président de la Fédération de Russie. Soit d’un pays de 146 millions d’habitants, avec leurs propres intérêts, que je me dois de défendre. Nous sommes prêts à le faire non de façon conflictuelle mais en cherchant des compromis, sur la base, bien entendu, du droit international, compréhensible pour tous de façon univoque.
Nous sommes confrontés à des menaces communes et nous continuons d’aspirer à ce que tous les États, en Europe et dans le reste du monde, unissent leurs efforts pour lutter contre ces menaces. Il s’agit évidemment du terrorisme, mais aussi de la criminalité, de la traite des êtres humains, de la lutte pour l’environnement – tous ces phénomènes demeurent des problèmes communs. Mais cela ne signifie pas que nous devions à chaque fois être tous d’accord sur ces questions ou sur d’autres.
Si notre position ne plaît pas à certains, nous qualifier systématiquement d’ennemis n’est pas la meilleure solution. Ne vaudrait-il pas mieux, parfois, écouter, réfléchir de façon critique, concéder certains points et chercher des solutions communes ? C’est précisément ce dont j’ai parlé à New York, lors de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU.
Nous étions vivement opposés à ce qui s’est passé en Irak, en Libye et dans plusieurs autres pays. Nous avons dit : il ne faut pas faire cela, il ne faut pas intervenir là-bas, il ne faut pas commettre cette erreur. Personne ne nous a écoutés ! Au contraire, notre position a été jugée « anti-occidentale ». Mais aujourd’hui, alors que vous avez des centaines de milliers, voire déjà un million de réfugiés, qu’en dites-vous ? Notre position était-elle vraiment « anti-occidentale » ?

Sur la Crimée

Vladimir Poutine : Qu’entendez-vous en parlant de « Crimée » ?
Bild : Le changement des frontières.
V.P. : Eh bien, pour moi, « la Crimée », cela signifie 2,5 millions de personnes qui craignaient un coup d’État, n’ayons pas peur des mots, en Ukraine. Et après le coup d’État à Kiev – car il s’agit bien d’un coup d’État, quels que soient les termes que certains utilisent pour enjoliver cette réalité –, des forces ultranationalistes sont arrivées au pouvoir et se sont tout bonnement mises à menacer la population : les Russes et les russophones qui vivent en Ukraine, de manière générale, et en Crimée, en particulier, où ils sont plus nombreux que partout ailleurs en Ukraine.
Qu’avons-nous fait ? Nous n’avons combattu personne, ni occupé quoi que ce soit, nous n’avons tiré sur personne, et personne n’a péri dans les événements survenus en Crimée. Personne ! Nous n’avons eu recours aux forces armées que pour empêcher la vingtaine de milliers de soldats ukrainiens qui se trouvaient sur ce territoire d’interférer avec l’expression de la volonté des habitants. Ces derniers ont participé à un référendum et ont voté. Ils voulaient faire partie de la Russie. La démocratie est la manifestation de la volonté du peuple, les gens voulaient vivre comme ils l’avaient voté. Ce qui m’importe, ce n’est ni le territoire, ni les frontières, mais bien le sort de la population.
Le droit international n’a pas été violé en Crimée. En vertu de la charte de l’ONU, chaque peuple a droit à l’autodétermination. Dans le cas du Kosovo, la Cour internationale de justice a décidé que l’opinion des autorités centrales pouvait ne pas être prise en compte en matière de souveraineté. Le Kosovo a proclamé son indépendance et le monde entier l’a acceptée. Et savez-vous comment il l’a fait ? Par une décision du parlement. Ils n’ont même pas organisé de référendum.
Maintenant, je vous le demande : si les Kosovars ont droit à l’autodétermination, pourquoi pas les Criméens ? Si l’on veut maintenir entre la Russie et nos amis et voisins en Europe et dans le monde des relations positives et constructives, la condition sine qua non est de toujours se respecter les uns les autres, de respecter les intérêts de chacun et de s’en tenir à des règles identiques, sans les changer à chaque fois au gré des intérêts particuliers.

Sur la crise ukrainienne

Les présidents biélorusse, russe, français, ukrainien, et la chancelière allemande réunis à Minsk le 11 février 2015. Crédits : flickr.com, Karl-Ludwig Poggemann
Tout le monde assure qu’il faut absolument réaliser les accords de Minsk, et qu’ensuite seulement, on pourra réexaminer la question des sanctions. Mais croyez-moi, on en arrive à un théâtre de l’absurde, parce que la réalisation des principaux points ne dépend que des autorités ukrainiennes actuelles. Il ne faut pas exiger de Moscou ce qui incombe à Kiev.
Par exemple, la question la plus importante dans tout le processus de résolution de cette crise a un caractère politique, avec, en son centre, la réforme de la Constitution. C’est le onzième point des accords de Minsk, qui stipule clairement qu’une réforme constitutionnelle doit être menée en Ukraine et que les décisions à ce sujet ne doivent pas être prises par Moscou ! Prenez le texte, c’est écrit noir sur blanc : « Point 11 : Organisation d’une réforme constitutionnelle en Ukraine avec entrée en vigueur avant la fin 2015. » L’année 2015 est finie. Nos partenaires européens – aussi bien la chancelière allemande que le président français – devraient se pencher davantage sur ce problème, me semble-t-il.
Il est aussi écrit que les changements apportés à la Constitution doivent être permanents. Le gouvernement ukrainien a introduit dans la Constitution une loi conférant un statut particulier à ces territoires [Donetsk et Louganskndlr]. Mais cette loi n’est valable que trois ans. Et deux ans sont déjà passés. Lors de notre rencontre à Paris, la chancelière allemande et le président français ont approuvé l’idée que cette loi devait être permanente. Pourtant, la Constitution n’a pas été votée même sous sa forme actuelle, et cette loi n’a toujours pas de statut permanent. Pourquoi exige-t-on de Moscou ce que doivent faire nos collègues de Kiev ?

Sur les sanctions

Vous savez, la population russe comprend parfaitement – avec le cœur et avec la raison – ce qui se passe. Napoléon disait que la justice était l’incarnation de Dieu sur Terre. Le rattachement de la Crimée à la Russie est une décision juste.
Concernant la réaction de nos partenaires occidentaux, il me semble qu’elle était erronée, et qu’elle visait non à soutenir l’Ukraine mais à gêner la croissance de la Russie. Ce n’est pas ainsi qu’il faut agir, c’est une grossière erreur. Il faut au contraire utiliser les capacités des uns et des autres pour encourager la croissance mutuelle, pour trouver des solutions communes aux problèmes auxquels nous sommes tous confrontés.
Vous avez parlé des sanctions. Je pense qu’il s’agit d’une mesure stupide et nocive. Nos échanges commerciaux avec l’Allemagne s’élèvent à 83-85 milliards de dollars et ont créé des milliers d’emplois en Allemagne. Quelles sont les restrictions pour nous ? Ce n’est pas l’épreuve la plus difficile que nous ayons connue, mais la limitation de l’accès aux marchés financiers étrangers est aussi nocive pour notre économie.

Sur Angela Merkel

Je suis persuadé que c’est quelqu’un de très honnête. Son travail est soumis à certaines limites, mais elle aspire sincèrement, j’en suis certain, à trouver des solutions pour résoudre, entre autres, la crise dans le Sud-Est ukrainien.

Sur la peur des chiens de la chancelière allemande

En janvier 2007, lors d’une rencontre à Sotchi, Vladimir Poutine a appelé son labrador, qui est venu renifler Angela Merkel. L’Allemande, mordue par un chien 12 ans plus tôt, n’était pas très à l’aise. Crédits : cicero.de
Je ne savais pas [qu’elle avait peur des chiens, ndlr]. Au contraire, je voulais lui faire une bonne surprise en lui montrant mon chien. [En 2007, Poutine avait amené son labrador, Koni, lors d’une rencontre bilatérale avec Mme Merkel,ndlr]. Je me suis expliqué avec elle ensuite et lui ai présenté mes excuses.

Sur la Russie

Nous ne prétendons pas au rôle de superpuissance. Cela coûte très cher et ne mène à rien. Notre économie est la cinquième ou sixième mondiale. Elle est peut-être un peu plus faible aujourd’hui, mais nous savons très bien que nous avons d’excellentes perspectives et un très fort potentiel de développement. En termes de parité de pouvoir d’achat, nous occupons plus ou moins la sixième place mondiale.

Sur le G8

Nous prévoyions d’accueillir le G8 en 2014 [la Russie a été exclue du G8 à cause de la situation en Ukraine, ndlr]. La Russie n’est pas devenue membre à part entière du G8 parce qu’il y a toujours eu des discussions entre les ministres des affaires étrangères des sept autres pays. Je ne peux pas dire que c’est un instrument inutile. Il est toujours utile de se rencontrer, de débattre et de chercher des solutions communes.
Il me semble que la présence de la Russie était tout de même nécessaire, parce que nous exprimions une opinion alternative sur différentes questions. Nous discutons des mêmes choses dans le cadre du G20, de l’APEC et des BRICS. Nous étions prêts à accueillir le G8 en 2014. Ce n’est pas nous qui avons refusé de nous rendre quelque part, c’est eux qui ne sont pas venus chez nous. Si nos collègues décident de venir, de grâce, qu’ils le fassent !, nous les accueillerons avec plaisir, mais nous-mêmes n’avons pas encore acheté de billets pour où que ce soit.
Nous sommes prêts à travailler avec tout le monde s’il y a matière à discuter ensemble. Nous pensons que c’est le cas, mais l’amour, pour être heureux, doit être réciproque. Si l’on ne veut pas travailler avec nous, c’est qu’il ne faut pas le faire.

Sur la situation avec la Turquie

La Turquie est membre de l’OTAN. Mais les problèmes survenus ne sont pas liés à ce statut : personne n’a attaqué la Turquie. Plutôt que de s’expliquer avec la Russie sur le crime commis en abattant notre bombardier alors que celui-ci frappait les terroristes, les dirigeants turcs ont couru se réfugier auprès de l’OTAN. C’est très étrange et, selon moi, humiliant pour la Turquie.
Je le répète encore une fois : certes, l’OTAN doit défendre ses membres contre les attaques dont ils sont l’objet, mais personne n’a attaqué la Turquie. Si la Turquie a des intérêts quelque part dans le monde, dans des États voisins, cela signifie-t-il pour autant que l’OTAN doive défendre tous ces intérêts ? Qu’un membre de l’OTAN comme l’Allemagne doive aider la Turquie à assimiler ces territoires voisins ?
J’espère que ces incidents n’entraîneront pas de confrontation de grande ampleur. Mais évidemment, chacun comprend que la Russie se défendrait par tous les moyens à sa disposition si elle devenait la cible de menaces.

Sur la Syrie

Soldats russes à l’aérodrome de Lattaquié, en Syrie. Crédits : ministère de la défense
Ils mentent tous [en disant que les forces armées russes en Syrie frappent les rebelles qui se battent contre Bachar el-Assad et non l’État islamique, ndlr]. Les vidéos qui étayent cette thèse sont apparues avant même que nos pilotes ne commencent à frapper les positions des terroristes ! On en a la confirmation. Mais nos détracteurs font mine de rien.
Je crois que les pilotes américains ont – par erreur bien sûr ! – bombardé un hôpital de Médecins sans frontières à Koundouz, en Afghanistan, faisant des blessés et des morts, y compris parmi les médecins. La presse occidentale essaye de passer cette erreur sous silence pour que tout soit rapidement oublié. Elle n’en a parlé que deux fois, et uniquement parce que des étrangers travaillant pour Médecins sans frontières étaient présents sur les lieux, avant de clore le sujet.
Qui se souvient aujourd’hui du mariage bombardé [au Yémen, ndlr] ? De la centaine de personnes tuées en une seule frappe ? Les fausses informations selon lesquelles nos pilotes bombardent des sites civils ne cessent d’être publiées. Si l’on considère les « oléoducs vivants », composés de milliers de camions-citernes, comme des sites civils, alors oui, c’est vrai que nos pilotes frappent ces sites. Mais les autres le font aussi : Américains, Français, etc.
Par ailleurs, nous nous entendons avec eux sur des actions communes, et nos frappes aériennes soutiennent leurs attaques sur différentes zones de front. Des centaines, voire des milliers de soldats combattent l’EI. Nous soutenons aussi bien l’armée d’Assad que l’opposition armée. Certains en ont déjà fait part publiquement, d’autres préfèrent se taire, mais ce travail a lieu.

Sur Bachar el-Assad

Je pense que le président Bachar el-Assad a commis beaucoup d’erreurs lors du conflit en Syrie. Mais ce conflit aurait-il atteint une telle ampleur s’il n’avait pas été initialement soutenu de l’extérieur grâce à d’énormes quantités d’argent, d’armes et de soldats ? Malheureusement, dans ce genre de conflits, ce sont les civils qui souffrent. Mais à qui en incombe la responsabilité ? Au gouvernement, qui aspire à préserver sa souveraineté et lutte contre ces actes anticonstitutionnels, ou bien à ceux qui organisent cette lutte armée contre le gouvernement ?
Bachar el-Assad ne cherche pas à éliminer sa propre population. Il se bat contre ceux qui sont venus chez lui les armes à la main. Et si la population civile souffre, je pense que c’est avant tout de la responsabilité de ceux qui le combattent avec des armes, et de ceux qui aident ces derniers.
Petite fille dans les rues de Damas en 2011. Crédits : ktrk.kg/wikimedia
Nous ne voulons pas qu’il se passe en Syrie la même chose qu’en Libye ou en Irak. J’en ai déjà parlé au président égyptien al-Sissi : s’il n’avait pas pris ses responsabilités, s’il n’avait pas eu le courage de reprendre en main le contrôle du pays, l’Égypte aurait pu connaître le même sort que la Libye.
Pour moi, il faut diriger tous les efforts vers la consolidation du pouvoir légitime dans les pays de la région, y compris en Syrie. Il faut rétablir et consolider les structures du pouvoir en Irak et en Libye. Atteindre la stabilisation en Somalie et dans d’autres pays. Renforcer le pouvoir en Afghanistan. Mais cela ne signifie pas qu’il faille tout laisser en l’état. Cette stabilisation doit bien sûr servir de base à des réformes politiques.
Concernant la Syrie, j’estime qu’il faut avancer vers une réforme constitutionnelle – un processus difficile, bien sûr. Et ensuite, sur la base de cette nouvelle Constitution, il faudra organiser des élections législatives et présidentielle. Il revient au peuple syrien, et à lui seul, de décider qui gouvernera le pays et comment. Ce n’est que de cette façon que l’on atteindra la stabilité et la sécurité, que l’on créera les conditions propices à la croissance de l’économie et au bien-être des habitants, afin qu’ils ne s’enfuient pas en Europe mais vivent dans leurs maisons, dans leur pays.

Sur le conflit Iran-Arabie saoudite

Ce conflit complique notre travail sur la résolution du problème syrien et la crise des migrants en Europe ainsi que la lutte contre le terrorisme. C’est évident. Je ne sais pas s’il en résultera un conflit régional de grande ampleur. Je ne veux pas en parler ni même y penser. Nous avons de très bonnes relations avec l’Iran et nous sommes en train d’établir un partenariat durable avec l’Arabie saoudite.
Nous regrettons ce qui s’est produit, d’autant que ce prédicateur [saoudien chiite, Nimr Baqr al-Nimr, ndlr] ne se battait pas contre l’Arabie saoudite avec des armes. Toutefois, l’attaque contre l’ambassade [saoudienne à Téhéran, le 2 janvier 2016ndlr] est absolument inadmissible dans le monde actuel. Si notre participation est demandée, nous serons prêts à tout faire pour que le conflit s’apaise le plus tôt possible.

Sur la démocratie en Russie

Plus de 100 000 personnes, selon les autorités russes, se sont réunies sur la place Rouge pour célébrer le 1er anniversaire du rattachement de la Crimée à la Russie, le 18 mars 2015. Crédits : Thomas Gras/LCDR
Généralement, la classe dirigeante parle de liberté pour laver le cerveau de ceux qu’elle gouverne. Il n’y a rien de nouveau concernant la démocratie en Russie. Comme nous l’avons déjà établi, la démocratie est le pouvoir du peuple et l’influence du peuple sur les autorités. Nous avons été vaccinés contre l’autocratie émanant d’une force politique unique – le parti communiste. C’est pourquoi nous avons fait il y a longtemps le choix de développer des institutions démocratiques dans le pays. En Russie, 77 partis peuvent participer aux élections législatives. Nous sommes également revenus à un système d’élection directe des gouverneurs.
Nous continuerons à développer les instruments de démocratie directe, soit les organisations civiles les plus diverses. Mais la démocratie n’est pas la même aux États-Unis, en Europe, en Allemagne, en Russie ou en Inde. Vous savez qu’il y a deux cas, dans l’histoire américaine, où le collège électoral n’a pas élu le candidat présidentiel ayant recueilli la majorité des suffrages populaires ? S’agit-il d’une absence de démocratie ? Non, bien sûr. Mais ce n’est pas le seul ni le principal problème. Comme me l’a dit un dirigeant européen : aux États-Unis, il est impossible de se présenter à l’élection présidentielle si l’on ne dispose pas de plusieurs milliards de dollars.
On me dit tout le temps : jusque quand serez-vous président ? Pourtant, dans le système parlementaire, la figure la plus importante – le chef du gouvernement – peut diriger le gouvernement un nombre illimité de fois.
Bien entendu, nous avons encore énormément à faire pour que la population sente qu’elle influe réellement sur les autorités et que ces dernières réagissent à ses exigences. Nous travaillerons au perfectionnement de nos instruments démocratiques. Par ailleurs, utiliser le sport à des fins politiques est à mes yeux une grossière erreur. Il faut être idiot pour faire ça. Si des problèmes apparaissent, en particulier au niveau international, le sport, l’art, la musique, le ballet et l’opéra sont censés rapprocher les gens et non les éloigner. Il faut promouvoir ce rôle de l’art et du sport plutôt que le dénigrer et le détruire.

Cathédrale St.John the Baptist/ Washington D.C. (ROCOR): Dimanche des Saints Pères

vendredi 15 janvier 2016

Pourquoi un photographe britannique sauve les églises de l'extrême nord de la Russie


Lorsque le rideau de fer est descendu et que les russes ont ouvert ses portes à l'Ouest, Richard Davies prit le premier avion depuis Londres.

Le photographe britannique n'était pas étranger à la Russie; à la fin des années 1970 et début des années 1980, il avait rejoint les groupes Intourist pour des visites à Moscou et Saint-Pétersbourg - à l'époque connue sous le nom de Leningrad.

La chance offerte par l'ouverture de la Russie après 1991, était un cadeau à un homme déjà quelque peu russophile.

Davies s'était découvert un amour pour la Russie pendant l'enfance. À un âge précoce, l'écoute du deuxième concerto pour violon de Prokofiev - "la chose la plus excitante" dont il avait jamais entendu parler, Davies s'est lui-même mis à "secouer la tête en cadence en écoutant Prokofiev alors que [ses] amis faisaient de même avec les Rolling Stones." Plus tard, un dentiste local ouvertement communiste a ouvert son esprit à la politique de l'Union soviétique. "La salle d'attente", se rappelle Davies, "était jonchée de copies de magazines soviétiques et on laissait les patients tremper tranquillement dans cette propagande."

La terre de Tolstoï



Mais ses premiers voyages vers l'Union soviétique furent décevants, le laissant avec un désir plus profond de connaître le pays, sa culture et ses gens. Les visites organisées, auxquelles il s'était joint étaient, trouvait-il, dépourvues de véritable échange culturel. Bien que "les guides Intourist aient été étonnamment ouverts, […] obtenir un sourire de quelqu'un dans la rue, au restaurant ou dans un musée était un véritable défi." Plus important encore, Davies avait espéré voir la campagne de Tourgueniev et de Tolstoï, une beauté pastorale qu'il allait enfin expérimenter après un peu d'inspiration inattendue.

En 2001, Davies découvrit une série d'images d'églises en bois dans le Nord de la Russie, produites un siècle auparavant par l'artiste Ivan Bilibine. "Innocent à l'étranger", Davies partit faire son propre voyage l'année suivante. "Je ne savais pas ce que je pourrais trouver qui je pourrais rencontrer ou même ce qui pourrait résulter de mes voyages", fait-il remarquer.

Les églises en bois - le livre qui a émergé de ces voyages - a commencé comme une exploration de la campagne russe, mais s'est rapidement développé en quelque chose de plus grand. Au fil du temps, d'un voyage en Russie chaque année, il est passé à deux ou trois. Comme Davies a parcouru le Nord, pour photographier les merveilleuses églises en bois qui sont restées debout, il est devenu familier non seulement de l'histoire de la Russie pendant les temps des difficultés, mais aussi de l'âme russe elle-même et, selon ses mots, de "la vie des personnes résilientes qui ont vécu des temps extrêmes dans des endroits extrêmes. "

Extremes russes

Les églises reflètent nombre des extrêmes historiques de la Russie. Laissées à pourrir après que l'Eglise orthodoxe ait commencé à remplacer les bâtiments en bois par ceux  de pierre, les structures historiques du Nord en sont venues à être considérées comme un signe de pauvreté abjecte et d'arriération. Comme un voyageur allemand l'a noté dans les années 1830, quelqu'un d'un village avec une église en pierre ne se marierait jamais avec quelqu'un d'un village avec une église en bois.


Pendant la Seconde Guerre mondiale la plupart des structures historiques ont été détruites par les envahisseurs allemands, renouvelant l'intérêt de l'État pour les maintenir comme symbole de la persévérance russe. Cependant, alors que les avis de l'ère soviétique, indiquant "sous protection de l'État", restent accrochés aux portes des églises en décomposition, le Kremlin est aujourd'hui "plus intéressé par la construction de son arsenal nucléaire que par la préservation des églises historiques dans le Grand Nord", explique Davies. Pire encore, l'Eglise, aussi, semble préférer la construction de nouvelles églises "flashy" que de restaurer "de vieilles églises historiques en bois qui s'écroulent."


Ses voyages le laissent gravement préoccupé par l'avenir des structures en bois. Pour tandis que certaines communautés ont choisi de consacrer du temps et des ressources à la restauration et à la préservation de leurs églises en bois locales, comme Verkhnaya Uftyuga et le groupe de bénévoles 'Obscheye Delo", dans d'autres établissements, le temps a pris son dû sur les magnifiques bâtiments.

Davies se rappelle avoir entendu des histoires terribles: des tracteurs reculant accidentellement dans des églises, des jeunes de la région y faisant la fête. "Les églises en bois sont spéciales et méritent la même reconnaissance que les artisans de talent qui les ont créées", insiste Davies, mais malheureusement, il y a peu de financement du gouvernement et seulement quelques restaurateurs, responsables qualifiés. "Il y a de grandes compétences en Russie qui pourraient être exploitées pour restaurer ces bâtiments extraordinaires", insiste le photographe. "C'est une culture qui mérite d'être défendue."

Présence Spirituelle

Depuis 2002, l'objectif de Davies en tant que photographe a pris de l'ampleur; aujourd'hui, il cherche à générer et renouveler l'intérêt dans la restauration et la préservation de ces structures extraordinaires, qui possèdent "une présence spirituelle qui impose le respect". L'ironie qui fait qu'un étranger s'efforce de préserver les églises historiques de la Russie plus que le gouvernement russe lui-même,n'échappe pas Davies, à qui un attaché culturel de Russie au Royaume-Uni a une fois remarqué: "vous semblez faire ce que nous devrions faire."

Quelque concerné que soit Davies sur l'avenir des églises en bois, sa photographie célèbre néanmoins la Russie. Son œuvre la plus récente, Types et scènes russes, tente de capturer les gens et les lieux rencontrés lors de la réalisation des églises en bois. Il y a beaucoup de "choses extraordinaires de tous les jours" à décrire dans une chronique, depuis l'atterrissage dans les champs à côté des terminaux de l'aéroport de bois, jusques à l'interrogatoire par les autorités dans les villes avec des sites de missiles balistiques intercontinentaux. De même, des portraits de Russes en provenance du Nord, accompagnés par des citations de contes russes, donnent un aperçu de la complexité du caractère russe.


"Je sais que les gens du Nord de Russie sont gentils et généreux", observe Davies. "Ils sont indépendants et robustes et ont appris à survivre par leurs propres efforts dans leur terre incroyablement belle."

Son amour pour les Russes transparaît dans sa préface à Types et scènes - un passage du politicien travailliste Charles Buxton Dans un village russe: comme Buxton avant lui, Davies espère que son travail "peut aider les autres à penser à la Russie, non pas comme une abstraction, pas comme une unité, mais aussi comme un très grand nombre d'êtres humains très intéressants, la plupart aimables. "

À une époque de désaccord politique extrême, l'ouverture et la curiosité de ceux qui sont comme Davies, doivent être célébrées: un dialogue et un échange d'idées par le biais du voyage et de l'expression artistique interculturelle.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
citant

jeudi 14 janvier 2016

L'Église russe remplace Rome comme centre de la chrétienté?

The broken window of Saidnaya Monstery. 2012.

La fenêtre brisée du Monastère de Saïdnaya [Syrie] 2012.
    
À aucun moment dans l'histoire, la persécution des chrétiens n'a été aussi intense et généralisée comme elle l'est maintenant.

Les chrétiens du Moyen-Orient ont grand besoin besoin d'un défenseur, qui, dans le monde d'aujourd'hui ne peut être qu'une grande puissance, et c'est la Russie qui a pris cette responsabilité.

Avec son idéologie laïque, l'Occident ne peut plus protéger les intérêts des chrétiens dans le monde comme il l'a fait pendant des siècles. Bien que les Etats-Unis aient un pourcentage plus élevé de gens qui fréquentent l'Eglise que les autres pays occidentaux, ils sous-estiment l'importance de la religion dans les pays qu'ils considèrent pour un changement de régime. Fermant les yeux sur les décapitations, les viols d'enfants et autres atrocités, ils ont créé un enfer sur terre pour les chrétiens partout au Moyen-Orient. Et avec le printemps arabe, les choses sont allées de mal en pis, car le succès d'ISIS [Etat islamique] en Irak a inspiré des groupes similaires. Les Frères musulmans en Egypte, Boko Haram au Nigeria et Al-Shabaab en Somalie commettent tous  des atrocités contre les chrétiens.



Obsédé par leur Constitution, les Etats-Unis supposent qu'il peuvent imposer la séparation de l'Église et de l'État dans un monde où les traditions culturelles et religieuses sont profondes. Leur incapacité à se rendre compte que ces traditions contribuent à un rejet de la démocratie de style occidental, et de même, constater la dimension spirituelle de la politique étrangère de Vladimir Poutine, y compris sa position parmi les chrétiens persécutés, donnent à la Russie un avantage décisif.

Vladimir Poutine sait que la séparation moderne de la politique de la religion inspire à beaucoup de gens à travers le monde de revenir à leurs racines religieuses. En Février 2012, il a fait le vœu solennel à l'Eglise orthodoxe russe de protéger les chrétiens persécutés dans le monde entier, engagement qui a même attiré l'attention des puissants chrétiens évangéliques d'Amérique.

Writing on the streets of Damascus: “Thank you Russia.”

Ecrit dans les rues de Damas: "Merci à la Russie."
    
Les chrétiens syriens sont ravis et reconnaissants de la réponse décisive de la Russie au massacre qu'ils ont enduré pendant plus de quatre ans. Mais pour comprendre la véritable signification de cette initiative, vous devez savoir que mis à part la Russie, la Géorgie et l'Arménie, il y a des communautés orthodoxes dans quinze pays européens et proches orientaux pour lesquels Poutine ressemble de plus en plus à un Constantin du XXIème siècle.

Cet empereur romain du IVème siècle converti au christianisme, a mis fin aux persécutions dont les chrétiens avaient souffert sous ses prédécesseurs. et a accordé les privilèges de l'Église qui lui ont permis de devenir une puissance dans le monde entier. Malgré la présence "électrisante" du pape François, à l'avenir, nous pourrions voir l'Eglise d'Orient remplacer Rome comme centre de la chrétienté.

Ce sera le cas sans l'aide des médias. Incapables d'imaginer le développement spirituel qui a eu lieu en Russie depuis la chute du communisme, ils dépeignent les déclarations de foi de M. Poutine comme un opportunisme géopolitique. Pourtant, dans son autobiographie publiée en 2000, le président russe a déclaré que la première ligne de chaque loi russe doit se référer à des valeurs morales. Il veut que la Russie soit aussi consciente de son héritage spirituel comme elle l'est de sa position géographique et politique.

Le président Poutine est convaincu que la spiritualité a un effet profond sur la façon dont une culture se développe, fournissant une boussole morale indispensable qui va plus loin que l'opportunisme politique éphémère et la "liberté" séculière.

Comme un nombre croissant de chrétiens se tourne vers la Russie, son influence mondiale ne peut que croître.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Abdel Fattah al-Sisi présente les excuses de l’Égypte aux coptes




Le président Abdel Fattah al-Sisi a présenté les excuses de l’Égypte aux coptes lors de la célébration de Noël, le 6 janvier 2016, à la cathédrale Saint-Marc orthodoxe d’Abbassia.

Durant la période des Frères musulmans, une douzaine d’églises coptes avaient été brûlées. Le président s’est engagé à les reconstruire et à effacer les souvenirs de la dictature de Mohamed Morsi.

S’adressant au patriarche de toute l’Afrique et du siège de saint Marc, le pape Théodore II d’Alexandrie, il a déclaré : « En cette occasion, je tiens à vous exhorter tous, que personne ne nous sépare. Rien ne peut nous nuire, que ce soit au plan économique ou politique. Sauf si nous nous séparons, nous pouvons surmonter n’importe quoi (…) Dieu nous a créés différents, en matière de religion, de mœurs, de couleur, de langue, d’habitude, de tradition, et personne ne peut nous conformer à un modèle (…) Nous avons pris trop de temps pour réparer et rénover les églises qui ont été brûlées. Cette année tout sera fini. S’il vous plaît, acceptez nos excuses pour ce qui est arrivé. Si Dieu le veut, l’année prochaine, il n’y aura pas une seule église ou une maison qui ne soit pas reconstruite (…) Nous ne pourrons jamais oublier la position que vous et le Pape [orthodoxe] avaient pris pendant cette période. Merci à tous. Joyeux Noël. »

Élu malgré 53 % d’abstention et une fraude massive, le 17 juin 2012, Mohamed Morsi, un double national états-uno-égyptien, s’était engagé à organiser un gouvernement ouvert. Cependant, il imposa rapidement une dictature au profit des seuls Frères musulmans. Les chrétiens furent alors persécutés, tandis que la charia devenait la référence de nombreux tribunaux. En définitive, tous les partis politiques, y compris les salafistes, mais à l’exception des Frères, appelèrent l’armée à le renverser, ce qui fut fait dans la nuit du 3 au 4 juillet 2013. Depuis cette date, l’armée a livré une bataille féroce contre la Confrérie et en faveur de la neutralité de l’État.


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Les bisounours et les autruches: nous étions au bord de l'abîme, mais nous allons faire un grand pas en avant!

Il serait temps que les autruches européennes réapprennent à lire leur propre histoire….


Autruche

Une analyse intéressante de l'aveuglement (?) de ceux qui nous gouvernent!

mercredi 13 janvier 2016

Chrétiens harcelés dans les camps de réfugiés allemands!



Les réfugiés chrétiens sont exposés au harcèlement dans les camps de réfugiés en Allemagne, dit l'higoumène Daniel (Irbits) père supérieur du monastère Saint-Georges le Victorieux à Gotschendorf, membre de la commission pour l'intégration à la Chancellerie fédérale allemande.

"Les réfugiés chrétiens de Syrie, d'Erythrée et d'autres pays sont exposés à l'humiliation, à la chasse à l'homme et au harcèlement brutal dans les camps de réfugiés par des voisins musulmans. Cela concerne également la minorité religieuse des Yézidis. Les cas où l'humiliation en vient à des blessures et des menaces de mort sont fréquents," a déclaré le prêtre dans une lettre au ministre fédéral des Affaires spéciales et au chef de la Chancellerie fédérale allemande Peter Altmaier, lettre dont une copie est affichée sur la page de l'higoumène Daniel dans le réseau social.

D'anciens musulmans convertis au christianisme sont exposés à des risques particuliers, dit le prêtre.

"Selon la tradition islamique, ils devraient être punis, parce qu'ils ont quitté l'Islam. Ils sont exposés à une pression difficile et devraient craindre pour leur vie, parce que les "renégats" [apostats] perdent tout droit à la vie pour les musulmans radicaux," rapporte la lettre.

Craignant pour leur vie, de nombreux réfugiés doivent passer des nuits à l'extérieur des camps, par exemple, à l'Église évangélique luthérienne de la Sainte Trinité dans le quartier Steglitz de Berlin.

"Beaucoup de chrétiens venus du Moyen-Orient souffrent d'un tel violent harcèlement qu'ils veulent retourner chez eux, parce que leur situation leur semblerait un moindre mal par rapport à la situation dans les centres d'hébergement de réfugiés allemands," dit le prêtre.

La police interfère rarement ou pas du tout dans le règlement des conflits religieux, a-t-il dit.

"Nous vous demandons d'exercer la pression nécessaire pour assurer l'observation de la législation allemande dans les centres allemands pour les demandeurs d'asile, et ce, tant qu'il est impossible de mettre en œuvre pleinement et d'accepter les propositions du clergé des différentes confessions chrétiennes d'Allemagne et de faire en sorte que les chrétiens soient logés séparément des musulmans ", dit la lettre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après