"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 19 avril 2014

Mise au Tombeau du Christ

SAINT NOTKER-LE-BÈGUE ( 6/19 avril)




Saint Notker, moine de Saint-Gall, surnommé le Bègue (Balbulus), parce qu'il était bègue, naquit d'une famille distinguée, vers le milieu du 9ème siècle, à Heiligenau, en Thurgovie, et il fut élevé dans l'abbaye de Saint-Gall, où il prit ensuite l'habit monastique. 

Il fit de grands progrès dans la musique pour laquelle il avait un goût certain. A Saint-Gall, deux écoles de musique existaient, l'une dans le monastère, l'autre au dehors: Notker fut chargé du soin de la première. 

Dans ses moments de loisir, il composa divers ouvrages et transcrivit des manuscrits. Ses talents et sa sainteté lui acquirent bientôt une réputation telle que l'empereur Charles le Gros requerrait  souvent son avis dans les affaires difficiles de son royaume. Un officier vint un jour de sa part, pour avoir son avis sur une chose importante. Notker était alors occupé dans le jardin à arracher de mauvaises herbes auxquelles il substituait de bonnes plantes. 
L'envoyé du roi lui ayant fait part de sa commission, Notker,  répondit simplement: "Tu vois ce que je fais, va dire à l'empereur qu'il en fasse autant." 

Une autre fois, l'empereur s'étant rendu à Saint-Gall en personne, pour consulter le pieux moine, qu'il considérait comme son ami et son conseiller spirituel, le chapelain du prince, homme savant mais orgueilleux, voyant avec jalousie son maître mettre toute sa confiance dans un simple moine, qu'il jugeait ignorant, dit à part soi, en voyant arriver près de lui l'humble père Notker: "Je vais lui poser une question qui montrera son ignorance" et il lui demanda: "Dis-moi donc, toi qui es si savant, ce que Dieu fait actuellement dans le Ciel?" "Il élève les humbles et abaisse les superbes" répondit simplement le saint moine. Le chapelain, outré par cette réponse qui le ridiculisait, partit immédiatement du monastère; mais son cheval s'étant cabré, il fit une chute qui lui meurtrit le visage et lui cassa un pied. Les moines coururent lui porter secours, et le ramenèrent au monastère pour le soigner.

Mais le mal, loin de s'apaiser, empirait grandement, et on conseilla au blessé de demander les pieuses  prières de Notker. Dans son orgueil incommensurable, et encore rancunier pour la réponse que Notker avait faite à sa question impie, il refusa. Mais le mal progressant et la douleur devenant plus vive,  il se rendit enfin à la raison: " Faites venir le serviteur de Dieu, afin qu'il me pardonne et me bénisse, quelque indigne que j'en sois." 
Notker vint auprès de lui,  pria avec ferveur, et le chapelain se sentit immédiatement soulagé. 

Saint Notker naquit au Ciel le 6/19 avril 912, et son corps fut enterré dans la chapelle de Saint-Pierre. Plusieurs miracles furent opérés à son tombeau lui ont fait rendre un culte public, et sa fête se célébrait, à Saint-Gall, le troisième dimanche après Pâques. 

Le bienheureux Notker est auteur d'un martyrologe tiré en partie de ceux d'Adon et de Raban-Maur, et longtemps utilisé dans la plupart des églises d'Allemagne. Outre le martyrologe, il nous reste du saint moine Notker: 

- Un Traité sur les interprètes de l'Ecriture, dans lequel il indique ceux des Pères qui ont le mieux commenté, dans les divers sens, tel ou tel livre de la Bible. Il y donne aussi un catalogue des Actes des Martyrs qui lui paraissent sincères (id est authentiques). 

-Le livre des Séquences au nombre de trente-huit : il entreprit ces compositions pour abréger et donner plus de précision aux cantiques de l'Eglise qui étaient alors très longs. (Il n'était pas l'auteur des séquences, car il déclara, dans ses ouvrages, qu'il avait fait les siennes sur le modèle de celles qu'il avait trouvées dans l'antiphonaire de l'abbaye de Jumièges, en Neustrie). 

- On lui doit  ce chant (en latin, dont nous donnons la traduction) qui remplissait les fidèles d'allégresse, aux fêtes pascales. 

À la Victime pascale, les chrétiens offrent un sacrifice de louanges. 

L'Agneau a racheté les brebis; 
Le Christ innocent a réconcilié les pécheurs avec le Père.

 La mort et la vie se sont affrontées en un duel admirable:
 Le guide de la Vie, bien que mort, règne vivant.
 
Dis-nous, Marie, ce que tu as vu en chemin.
 
J'ai vu le tombeau du Christ vivant
 Et la gloire de Sa résurrection, 

Les anges témoins, le suaire et les vêtements.
 
Le Christ, notre espérance, est ressuscité, 
Il précèdera les siens en Galilée.
 
Nous savons que le Christ est vraiment ressuscité des morts.
 
Toi, Roi vainqueur, aie pitié de nous.
 Amen! 

On lui attribue aussi un chant guerrier qu'entonnaient les armées chrétiennes au Moyen-Age avant de livrer bataille. Le voici : 

Vivants, nous sommes sans cesse menacés par la mort. 
Qui nous assistera, si ce n'est Toi, Seigneur, 
Toi Qui es justement irrité contre nous 
à cause de nos péchés ? 
Nos pères ont espéré en Toi, ô Dieu saint! 
Et Tu les as sauvés. 
Tu les as sauvés. 
Nos pères T’ont invoqué, ils T’ont Invoqué, 
et Ils n'ont pas été confondus.
 Dieu saint et fort! 
Quand l'âge aura blanchi notre chevelure; 
 quand les années auront brisé nos forces, 
ne nous abandonne pas. 
Dieu saint et miséricordieux, 
ne nous abandonne pas aux amertumes de la mort 

L'origine de ce chant, est singulière: saint Notker, regardant des ouvriers qui construisaient un pont au-dessus d'un abime, fut  frappé des dangers imminents qu'ils couraient, qu'aussitôt il alla composer pour eux cette belle prière. 

- Divers Hymnes. Quatre sont en l'honneur de saint Etienne, martyr et patron de la cathédrale de Metz. Il étaient adressés à Ruodbert, évêque de cette ville, qui avait été moine de Saint-Gall. 

- Des Ecrits sur la Musique. Ce qu'il en reste se trouve dans la Patrologie latine, Lxxxi, col. ~69-1178. 

- Une Vie de saint Gall en vers. 

- Un Traité sur les fractions des Nombres dont il ne reste qu'un fragment, car il s'intéressait aussi aux mathématiques.

-Le Psautier, en langue tudesque, qu'on lui attribue, est plus probablement de Notker surnommé Labeo (+ 1012)

Compilation d'après diverses sources 
dont celle de St. Materne

Haïjin Pravoslave (CCCXXXIX)


Signe d'addition
La Croix veut t'incorporer 
A tous les élus

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 18 avril 2014

Staretz Germain de Stavrovouni: De l'Etude (R)



Elder Germanos of Stavrovouni

Les Vies des Saints ont été écrites pour cette raison: pour que nous les étudiions, et pour qu'elles nous inspirent... Pour que nous sachions comment les saints vivaient, ce qu'ils nous conseillent, et nous devrions agir comme eux.

Parce que très souvent les exemples vivants manquent  près de nous, il nous faut étudier les Vies des saints, afin d'être éclairés. 

Avec l'étude de l'Écriture Sainte, les Vies des Saints, et, en général, Le Pré Spirituel et les livres patristiques, nous pouvons purifier notre intellect de la pensée du péché. 

Ces livres spirituels, apportent à notre âme la contrition, la foi et le calme. Ils nous aident et nous inspirent dans le combat [spirituel] de la vie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (CCCXXXVIII)


Si tu veux connaître
Sûrement ton avenir
Vois le cimetière

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 17 avril 2014

Saint Païssi Velitchkovsky: La Providence de Dieu


Преподобный Паисий Величковский


Et quand n'importe quel type de chagrin, des démons ou des hommes, vient sur nous, que ce soit une affliction ou un malheur, prions alors Dieu avec diligence. 
Demandons avec larmes, sans anxiété et souci, comment nous pourrions être délivrés de cette épreuve, car il n'est nulle affliction qui ne vienne sur nous sans la Providence de Dieu.
Aimons alors la voie étroite et difficile de la vie d'afflictions, car cette voie étroite et pénible conduit au Royaume des Cieux.
Donc, ne fuyons pas les dangers, les malheurs, les nécessités et les afflictions, mais endurons tout ce qui est pénible, difficile et déplaisant virilement, jusques au moment où nous recevrons l'aide divine. 
Il sied à un ascète, à un saint de Dieu d'être fort dans toute affliction, de placer son cœur comme sur une terre ferme, et de ne pas être faible comme l'eau. 
La vie qui tourne comme une roue est inconstante et désordonnée. Quelquefois il y a pour l'homme la prospérité, quelque honneur aussi, mais n'attache pas ton cœur à cela. Quelquefois il y a la persécution des hommes, ne sois pas affligé alors. Quelquefois les démons attaquent par les afflictions et les passions, n'en sois pas triste non plus.
Tout ceci nous arrive et cela est permis par Dieu pour notre salut. Et cela disparaît à nouveau, comme Sa grâce l'ordonne, afin et de nous châtier, et de nous faire miséricorde. A Lui est la gloire, maintenant et toujours et aux siècles des siècles. 
Amen!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Saint Païssi Velitchkovsky
in 
Little Russian Philokalia
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, USA
1994

Salon du livre orthodoxe sur orthodoxie.com



Le patriarche Paul de Serbie
Le Salon du livre orthodoxe verra le lancement de deux livres : Le patriarche Paul de Serbie. Un saint de notre temps (couverture ci-contre, éditions L'Age d'Homme), son auteur, Jean-Claude Larchet, le dédicacera en salle Port-Royal le vendredi 25 avril de 17h00 à 17h50, et le samedi 26 avril, dans la même salle, de 15h15 à 16 heures. Samedi 26 avril, en salle "exposants", de 15h20 à 15h45, sera présenté le livre de mère Silouana (Vlad), aux éditions Apostolia, intitulé Ma première véritable rencontre avec le Christ…au cœur de mon enfer (première et quatrième de couverture ci-dessous). Mère Silouana participera à cette présentation et dédicacera son livre ensuite. Le stand de la Métropole roumaine présentera aussi deux autres nouveautés pour le Salon: un ouvrage de Mgr Justinien de Maramouresh, Les paroles d'un père spirituel – Un guide de la beauté intérieure (éditions Apostolia) et un nouveau livre de prières également aux éditions Apostolia.
Mere_Silouana

Haïjin Pravoslave (CCCXXXVII)


Ne regarde pas
Les succès mondains mais vois
La gloire des saints

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 16 avril 2014

Staretz Elpidios de Néa Skiti sur la Sainte Montagne de l'Athos

Le staretz à jamais mémorable Elpidios, était le frère jumeau du saint martyr Philouménos [du Puits de Jacob en Terre Sainte], qui fut assassiné en Palestine par un israélien fanatique. Ses restes sacrés sont conservés incorruptibles à Jérusalem, présentant des signes évidents de piété: un parfum surnaturel et l'accomplissement de miracles.

Père Elpidios



La bienheureuse passion divine ardait dans les cœurs des pieux jumeaux à un âge précoce. Ils préféraient lire des livres patristiques plutôt qu'autre chose. A quatorze ans, ils ont lu la biographie de Père Jean le Cavsokalyvite. Sa vie héroïque les attirait tellement, qu'ils partirent immédiatement en secret pour le monastère de Stavrovouni.

A l'époque, le monastère était prospère spirituellement comme cœnobium en ligne avec la tradition de la Sainte Montagne. Père Cyprien [Kyprianos] s'élevait, entre autres grandes figures spirituelles qui ornaient et illuminaient l'horizon spirituel de l'Eglise de Chypre. La voie authentique des saints Pères les émouva et laissa une empreinte de tradition patristique sur les âmes des jeunes jumeaux, qui est difficile à effacer.

Ils luttèrent  pendant six ans dans cette arène sainte, puis partirent pour la Palestine car leur santé avait souffert en raison des conditions difficiles dans le monastère. Ainsi, ils furent incorporés aux frères au Saint-Sépulcre. Père Elpidios fut ordonné diacre en 1937 et prêtre trois ans plus tard. Il eut également l'occasion de terminer l'école secondaire. De là, il servit à plusieurs postes au Patriarcat. Il fut ordonné higoumène du monastère du Précurseur, puis envoyé à Tibériade et devint exarque du Patriarcat à Nazareth.

Personnellement, nous l'avons rencontré en Palestine en 1946 alors qu'il avait déjà atteint le bureau du Métropolite. Nous n'oublierons jamais son amabilité et l'affection dont il nous comblé tandis qu'il nous faisait visiter. Sur le mont Tabor il chantait différents tropaires de sa voix mélodieuse. Notre émotion fut approfondie quand il commença à chanter: "Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré, comme cela est écrit à Son sujet…" (passage du Carême Triode du Grande et Saint Lundi) .

En 1947, il fut employé par le Patriarcat d'Alexandrie et envoyé en mission au Mozambique. Il y resta jusqu'en 1952. Ensuite, il vint à Athènes et fréquenta l'école de théologie de l'Université d'Athènes. Un an après avoir obtenu son diplôme en 1956, il fut envoyé à Londres où il servit à l'église de Tous les Saints. Dans le même temps, il assistait à des cours sur l'explication de l'Écriture Sainte et l'Histoire ecclésiastique au Royal College. En 1959, il fut affecté au poste d'exarque à Odyssos en Russie et plus tard en Grèce. Ensuite, il fut invité à prendre le poste de prédicateur à Paphos à Chypre et fut ordonné higoumène du monastère de Machairas.

Après ces missions ardues, il retourna en Grèce et commença à servir à l'hôpital de la Croix-Rouge. Il servit pendant six ans avec un zèle divin et  infatigable les patients, le personnel ainsi que les visiteurs. on s'en souvient encore avec grâce jusques à ce jour. Ensuite, il fut transféré à l'église de la Sainte Trinité d'Ampelokipoi où il continua son service précieux. Ce fut son dernier message. Par la suite, il set retira du service actif et fut à la recherche d'un endroit retiré de vivre pour le reste de sa vie. Je me souviens quand je l'ai rencontré à Nazareth en 1946: il avait avoué qu'il était désireux de vivre comme simple moine dans un endroit calme, sans préoccupations mondaines! Même plus tard , quand il était dans notre pays, il vola du temps pour visiter son bien aimé Mont Athos, à la recherche d' un endroit approprié pour sa future retraite. Il était resté à l'extérieur pour servir l'Eglise et non pas parce qu'il était à la recherche de l'honneur comme les autres; Il dut assumer des responsabilités de famille non désirées, auxquelles il avait été aux prises avant de se retirer à la Sainte Montagne.

Un jour, quand il vint me voir à Nea Skiti à la cellule de Saint Anrgyron, il demanda à être officiellement enregistré par le monastère à ma fraternité, de sorte qu'il aurait une place assurée à sa retraite en tant que moine dès la fin de l'exercice de ses fonctions dans le monde. Je lui avais assuré que je ne lui refuserais pas une place, le moment venu. Finalement, il s'est joint à la fraternité dans des circonstances différentes et à une autre cellule, que nous avions construit presque à partir de rien.

Les tâches honorifiques et les valeurs de ce monde ne furent pas en mesure de freiner le zèle initial et le désir que la grâce divine avait planté dans les âmes innocentes des deux frères, qui non seulement semblaient identiques mais qui avaient également des personnalités, des pensées et des intentions semblables. Nos saints Pères ont raison de dire que la couleur rouge initiale ne se fane pas. La "couleur" initiale de la volonté monastique, qui a été semée l'amour et le zèle divin et dans leurs jeunes âmes au monastère cypriote, produisit "trente, soixante et cent fois plus", selon les paroles de notre Seigneur. Aucun facteur ou excuse sur cette terre ne fut en mesure de les détourner de leur objectif initial. C'est la raison pour laquelle nous insistons pour que les gens soient éduqués dans la piété et la vertu à un âge précoce, afin d'établir des bases solides pour leur vie d'adulte. Permettez- moi de vous donner ici un exemple de plus en faveur de cette réalité.

Quand ils étaient à l'école secondaire, ils n'abandonnèrent pas leurs fonctions monastiques. Même quand ils rencontraient pour cela de l'opposition, ils s'isolaient dans leur chambre pour étudier ou lire [des extraits] de la Liturgie quotidienne, comme ils le faisaient au monastère. Lorsque les moines plus jeunes ou même leurs camarades de classe venaient pour les déranger, ce qui étaient inhabituel pour ces jeunes gens, ils prétendaient qu'ils devaient lire la neuvième heure ou les vêpres et ils commençaient à prier. Les visiteurs indésirables comprenaient l'allusion et ainsi les chercheurs et prudents du progrès et du salut, échappaient aux réunions futiles et inutiles. Les deux frères jamais n'abandonnèrent jamais leur régime, même dans leur vieillesse. Nous avons pu vérifier cela de notre connaissance d'eux et de ce que nous avons entendu d'autres.

Père Elpidios étudia également le droit. Ainsi en dehors de ses responsabilités en tant que pasteur, il eut également à étudier. Parfois, cela rendrait difficile pour lui de s'acquitter de ses fonctions en tant que moine, mais il ne les a abandonna jamais. En toute simplicité, il demanderait soit à sa sœur ou à ses neveux de lire une petite partie de la Liturgie, un petit passage du livre des Psaumes ou le canon Paraclitique; ou à ses enfants spirituels, en particulier aux infirmières, pour faire un peu de ses propres métanies (μετάνοιες/ prosternations) pour remplir ses devoirs monastiques.

Il n'était jamais sans assumer tous ses devoirs à la Sainte Montagne non plus. Au contraire, il faisait un travail supplémentaire en lisant la Paraclèse pour le monde entier, ou les exorcismes ou les supplications en faveur des moines de la skite ou de toute la Sainte Montagne. S'il se rendait à Daphné [capitale du Mont Athos] et apprenait qu'un autre moine allait se joindre à lui, il était peiné. Lorsqu'on lui a demandé 'pourquoi?' il répondait: "Cet homme béni qui veut me rejoindre pendant ce voyage et ne va pas fermer la bouche pour me laisser dire même une seule prière." Ce vieil homme pieux, essayait toujours d'être exempt de responsabilités externes afin de vivre dans la quiétude comme un véritable moine, comme c'était son choix initial.

Il était également préoccupé par le consentement de Dieu dans le choix d'un endroit pour se retirer. La Montagne sacrée était bien sûr son premier choix et le lieu dont il avait la nostalgie, mais il souhaitait également recevoir l'assentiment de la Grâce. Par conséquent, il priait la Vierge, Mère de Dieu, qu'il adorait en particulier, pour le guider. Un jour, il était malade et il fut emmené à l'hôpital. Tout en étant soucieux de son état, il a vu la Vierge dans un rêve et elle lui a dit: "N'aie pas peur. Tu guériras et ainsi tu viendras dans mon jardin." Plus tard, quand il était encore préoccupé par la façon dont cette question allait être réglée, il a dit aux Pères que la grâce de Dieu lui montra un rayon lumineux, comme un arc en ciel, descendant du sommet de la Montagne Sainte jusques en haut de la cellule de l'Annonciation, qui était derrière la tour de notre Skite. C'est là qu'il finit par s'installer.

Après son repos en Christ, ses frères spirituels nous ont dit qu'il savait exactement comment son frère jumeau, Philouménos, avait été abattu en Palestine. Il a entendu les assassins le tuant et lui criant: "Mon frère, ils me tuent !" Une fois, il était assis à la table d'une famille très pauvre et la nourriture n'était pas suffisante. Il a béni ce qui était sur la table et les a encouragés à avoir la foi. Après qu'ils aient tous bien mangé, il y avait des restes de nourriture pour leur dîner. 
Alors qu'il était à l' hôpital de la Croix -Rouge, le père Elpidios bénit l'œil d'un médecin de ses amis, qui allait subir une opération pour le glaucome. Son œil fut guéri et aucune opération ne fut nécessaire. Plusieurs personnes nous ont dit que quand il officiait à l'autel lors de la Divine Liturgie, il se tenait en ​​l'air. D'autres fois, ils virent une auréole entourant sa tête.

Un jour à Athènes, il était accompagné par une femme pieuse pour adorer les saintes reliques du nouveau martyr Polydore, le chypriote, à Plaka. Le conducteur qui les amenait en vint à jurer. Alors, le staretz, sans le connaître, a déclaré: "Costa [diminutif de Constantin] de Corfou, pourquoi blasphèmes-tu contre Dieu?" Le chausseur est devenu perplexe sur la façon dont le staretz connaissait son nom et il a demandé pardon. Toutefois, la femme lui demanda: "Comment savez-vous son nom, staretz?" Et il répondit:" Ce n'était rien, ma chère. J'ai juste mentionné un nom et il s'est trouvé être le bon!"

Il était humble et toujours prudent de ne rien révéler de son état spirituel, qui pourrait le faire connaître. Il avait seulement de l'amour et de la sympathie pour ceux qui l'entouraient. Alors là, à la skite, aucun des pères ne s'est jamais plaint que le staretz ait fait quelque chose de mal, ait provoqué un scandale ou une difficulté pour qui que ce soit. Quant à ses devoirs envers Dieu, il était très pieux et vertueux et montrait du zèle pour la foi véritable et en particulier pour les petits détails de la tradition patristique.

Nous n'avons vécu avec lui que pendant un court laps de temps et pourtant nous avons ressenti la chaleur de son affection paternelle et de sa gentillesse. Nous avons essayé autant que possible de l'aider au cours de ses nombreuses maladies qui pesaient sur sa vieillesse, mais comme il savait le but de ses afflictions, c'était lui qui nous aidait. Cependant, c'est devenu un point douloureux que d'avoir eu la chance de vivre avec lui seulement pendant un court laps de temps, et de l'aider encore moins.

Notre Dame, la Mère de Dieu, gardienne de ce saint lieu, l'a pris tôt afin de lui donner le repos parmi les justes, dans le même lieu où son frère jumeau, le saint prêtre et martyr était allé plus tôt et l'attendait: "Viens, mon frère, devenons moines ensemble et profitons des trophées, inséparables et unis. Amen."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Γέροντος Ιωσήφ Βατοπαιδινού, 
Οσίων Μορφών Αναμνήσεις, 
Ψυχοφελή Βατοπαιδινά 4, 
Έκσοση Ιερά Μεγίστη Μονή Βατοπαιδίου, 
Β’ Έκδοση, Άγιον όρος 2003, 
d'après la version anglaise 
de 
*

Saint Néomartyr Philouménos
du Puits de Jacob,
frère jumeau de Père Elpidios
(fête le 29 novembre)
*



Haïjin Pravoslave (CCCXXXVI)


La prière pure
Façonne dans l'hésychie
La maison de l'âme

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 15 avril 2014

Harold II, dernier roi orthodoxe d'Angleterre

Harold prête serment sur ​​les reliques sacrées ( circa 1064 ) 
devant Guillaume de Normandie
 à l'appui de sa revendication au trône d'Angleterre
à la mort d'Edouard le Confesseur.

Le 14 Octobre 1066, à Hastings dans le sud de l'Angleterre, le dernier roi orthodoxe d'Angleterre, Harold II, est mort dans la bataille contre le duc Guillaume de Normandie.

Guillaume avait reçu la bénédiction du pape romain Alexandre pour envahir l'Angleterre, afin de remettre l'Église d'Angleterre en pleine communion avec la "papauté réformée;" car depuis 1052 l'archevêque anglais avait été interdit... et dénoncé comme schismatique par Rome. 

Le résultat de la conquête normande, c'est que l'Église et le peuple anglais furent intégrés dans l'Eglise Chrétienne papale hérétique de l'Ouest, qui venait, en 1054, de chuter en se séparant de la communion avec l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique, représentée par les patriarcats orientaux de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. 

Ainsi prit fin l'histoire de près de cinq cents ans de l'Eglise orthodoxe anglo-saxonne, qui fut suivie par la disparition des Eglises orthodoxes celtiques plus anciennes encore du Pays de Galles, d'Ecosse et d'Irlande.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Haïjin Pravoslave (CCCXXXV)


Le saint dans le Ciel
Est un pur rayonnement
De l'Autre Soleil

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 14 avril 2014

Saint Jean Damascène: L'astrologie (R)



Прп. Иоанн Дамаскин

" A présent les grecs déclarent que toutes nos affaires sont contrôlées par le lever et le coucher et la collision de ces étoiles, c'est-à-dire par le soleil et la lune: car c'est de ces choses que se préoccupe l'astrologie. 

Mais nous, nous affirmons que nous recevons de la lune et du soleil le signe qu'il va y avoir de la pluie ou une sécheresse, du froid ou de la chaleur, de l'humidité et de la sécheresse et tous les vents qui soufflent, etc. , mais rien du tout qui concerne nos actions. Car nous avons été créés par notre Créateur avec notre libre arbitre et nous sommes maîtres de nos actions.
En effet, si toutes nos actions dépendaient du mouvement des planètes, tout ce que nous ferions serait fait par nécessité, et la nécessité exclut la vertu ou le vice.
Mais si nous ne possédons ni vertu ni vice, nous ne méritons ni louange ni punition, et Dieu se révèlera injuste, puisqu'Il donne de bonnes choses aux uns et afflige les autres. Non, Il ne continuera pas à guider ou pourvoir aux besoins de Ses propres créatures, si toutes choses sont faites sous l'emprise de la nécessité. 
Et la faculté de raisonner sera superflue pour nous: car si nous ne sommes maîtres d'aucune de nos actions, délibérer à propos de celles-ci devient tout à fait superflue. La raison en effet, nous est donnée uniquement pour que nous nous puissions choisir librement, et il en résulte que la raison implique le libre exercice de la volonté.
Et de ce fait, nous soutenons que les planètes ne sont pas les causes des choses qui arrivent, ni l'origine des choses qui adviennent, ni la destruction de ces choses qui périssent. Elles sont plutôt des signes concernant les averses et les changements de l'air. Mais peut-être que quelqu'un peut dire que bien qu'elles ne soient pas les causes des guerres, pourtant elles en sont les signes. Et en vérité, la qualité de l'air qui est produit par le soleil, et la lune et les étoiles produit de diverses façons des tempéraments différents, des habitudes différentes et des dispositions différentes, mais les habitudes font partie des choses que nous tenons dans nos propres mains, car c'est la raison qui les régit, et les dirige et les change.

in
 Exposition de la Foi orthodoxe
Traduction française Claude Lopez-Ginisty
d'après la version anglaise 
du site

Jean-Claude Larchet, « Le patriarche Paul de Serbie. Un saint de notre temps »



Jean-Claude Larchet, « Le patriarche Paul de Serbie. Un saint de notre temps », éditions L’Age d’Homme, 2014, 114 p. (collection « Grands spirituels 
orthodoxes du XXe siècle »).
*

Le patriarche Paul de Serbie (1914-2009) a acquis, par ses vertus personnelles, une grande popularité dans l’ensemble du monde orthodoxe et bien au-delà. De son vivant déjà, il était vénéré comme un saint, et l’on voit aujourd’hui se multiplier dans les églises des fresques et des icônes qui le représentent.Ce livre, qui s’appuie sur différents documents et témoignages, présente la biographie et la personnalité de cet homme petit et frêle, qui voulut toujours mener la vie d'un moine pauvre, qui se soumit en tout temps et en toutes circonstances à une stricte discipline ascétique, et qui simple, humble et plein d’amour, resta toujours proche du peuple, faisant de l’Évangile le seul programme de son ministère épiscopal et patriarcal.Ce portrait spirituel se tient délibérément à l'écart de toute considération politique et ethnique et s'attache avant tout à faire apparaître le patriarche Paul dans la dimension universelle de sa sainteté. Écrit de manière simple et vivante, il est illustré de nombreuses anecdotes pittoresques et savoureuses, ainsi que de paroles du patriarche pleines d’humour et de sagesse, qui rappellent souvent les célèbres apophtegmes des Pères du désert (un chapitre est d'ailleurs intitulé « Apophtegmes»). Un cahier central présente de magnifiques photos dues au diacre Dragan Tanasijević, qui a pu approcher le patriarche au cours de nombreuses célébrations liturgiques, et a réalisé des portraits qui s'apparentent à de véritables icônes.



Source: Éditeur 

Sur le site de l'OLTR!




Editorial d'Avril 2014 - Dix ans

Il y a dix ans, le 1e avril 2004 naissait l'OLTR : Mouvement pour une Orthodoxie Locale de Tradition Russe.
Cette association a vu le jour dans la suite immédiate de la fameuse table ronde tenue dans l'enthousiasme le 1e février 2004. Rappelons-nous : la salle de conférence de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge archibondée, clergé assis aux premiers rangs, laïcs jusque dans l'extrême fond et debout sur les côtés, les esprits échauffés, les sorties mémorables des uns ou des autres sur des sujets dont on n'osait pas parler : l'histoire de l'église russe en France, la réunification de ses trois branches et l'organisation de l'église locale.
Mais des critiques avaient fusé. Qui étaient ces gens qui avaient organisé cette extraordinaire table ronde, en réponse à l'appel historique de Sa Sainteté Alexis II du 1e avril 2003 ? Qui représentaient-ils, d'où venaient-ils ? Existaient-ils réellement ? Dans l'assistance, certains avaient fait part de la crainte d'une manipulation par des forces restant dans l'ombre.Nous, les gens de bonne volonté, qui nous étions spontanément unis dans la joie pour organiser cette table ronde, étions à cent lieues de prévoir une telle méfiance. Mais il fallait en tenir compte et y répondre. Les critiques de la première heure, et je pense par exemple à celles de mère Olga, l'higoumène de bienheureuse mémoire du monastère de Bussy, nous ont incité à définir un cadre. Nous avons, donc, formalisé notre communauté de pensée et d'objectifs par la création d'une association, afin que personne ne doute de la réalité de notre existence ni de nos intentions.
Bien nous en a pris. L'association a pu se développer et marquer les esprits.
Si quelqu'un se pose des questions sur la position de l'OLTR sur tel sujet d'Eglise que nous aurions traité, ou sur ce que notre association a réellement fait, il peut très simplement trouver la réponse grâce à notre site internet - www.oltr.fr- qui rend disponible l'ensemble du corpus des textes et conférences ou Tables rondes que nous avons suscités.
S'il le désire, il verra la liste des membres, bien réels, fondateurs de notre association. Certains, et non des moins prestigieux - le prince Serge Obolensky, André Schmemann, André Malinine - ne fêteront pas les dix ans de l'association qu'ils avaient, eux aussi, voulue. Nous ne manquerons pas de les commémorer, lors de notre dixième table ronde à laquelle nous vous appellerons à l'automne.
Marc Andronikof 

Haïjin Pravoslave (CCCXXXIV)


Ce que tu appelles 
Le silence du Seigneur
N'est que ta tiédeur

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 13 avril 2014

De la sainteté

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Icône de tous les saints

L'Eglise d’Orient et d’Occident célèbrent la fête de Tous les Saints (1). […]Dieu a dit: Soyez saints; car je suis saint! Vous auriez beau être prince, souverain, ou prélat; si vous n'êtes pas saint, aux yeux de Dieu vous ne serez rien. Au contraire, soyez le dernier des hommes, le plus humble et le plus méprisé; si vous êtes saint, vous serez tout, car vous participerez à la béatitude de Dieu; et, suivant la belle expression de l'Ecriture, vous serez comme des dieux. Les saints peuvent être divisés en quatre classes: 1° Dieu; 2° la Mère de Dieu; 3° les neuf chœurs des anges; 4° les six chœurs des hommes parvenus à la sainteté (2).
Tous ces saints sont autant de maîtres éloquents qui nous enseignent la sainteté et nous apprennent à l'aimer et à l'estimer par-dessus tout. Saint Ambroise dit: « Le plus beau titre que nous puissions donner à Dieu, c'est de l'appeler saint [Hébreu: Ha Qadoch]. Sous l'ancienne Loi, le Grand Prêtre portait au front une plaque d'or où étaient gravés ces mots: Le Seigneur est saint. Les prophètes, pour distinguer Yaveh, le vrai Dieu, des faux dieux, l'appelaient le Saint d'Israël. Et Dieu Lui-même, en annonçant à David la venue future d'un Messie, jura, dit l'Ecriture, par Sa sainteté. »
Par ce serment, Dieu nous fait voir qu'à Ses yeux il n'y a rien au-dessus de la sainteté. — Plus tard, quand Dieu le Père envoya Son Fils dans le monde, Il Le fit naître dans la condition la plus humble et la plus pauvre; mais en même temps Il Le revêtit de sainteté, comme d'un apanage inséparable de Sa divinité. L'ange dit à Marie: « L'Etre saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. » Enfin, la troisième personne de la Sainte Trinité s'appelle simplement le Saint-Esprit, comme pour indiquer que la sainteté est l'attribut essentiel, le caractère distinctif de la nature divine.
Parmi tous les êtres créés et terrestres, la Mère du Seigneur est le seul qui soit toujours resté parfaitement saint. […]Son corps même a eu l'insigne honneur d'être porté au ciel, parce qu'il fut la demeure et l'instrument docile d'une âme parfaitement sainte: c'est pour quoi aussi nous l'invoquons en disant: Sainte Marie, Mère de Dieu…
Les anges sont des esprits bienheureux, dont l'unique occupation consiste à louer Dieu et à contempler ses perfections infinies. Le prophète Isaïe nous fait savoir en quels termes les anges chantent les louanges du Très-Haut; il dit: « Les séraphins entouraient son trône, en chantant alternativement: Saint, saint, saint. » Huit cents ans plus tard, l'apôtre saint Jean, dans l'Apocalypse, nous apprend que les termes de leur cantique n'avaient pas changé; il dit: « Ils chantaient sans cesse: Saint, saint, saint.» Pourquoi ce refrain sublime et éternel? Parce que la sainteté étant l'attribut essentiel de la divinité, l'on ne saurait mieux louer Dieu qu'en l'appelant saint. De même, les anges eux-mêmes n'ont rien qui soit supérieur à leur sainteté.
Entre les anges et les démons il y a un abîme incommensurable: c'est que les premiers sont saints, et que les autres ont depuis longtemps cessé de l'être. Il y eut guerre entre Lucifer et les mauvais anges, d'un côté, saint Michel et les bons anges, de l'autre; les premiers s'étant révoltés contre Dieu, les autres soutenant l'autorité de Dieu, et combattant les anges rebelles. La victoire étant demeurée aux bons anges, Lucifer et ses complices perdirent leur sainteté, et devinrent des démons; au contraire, la sainteté des bons anges fut confirmée et rendue inaltérable, en récompense de leur fidélité.
Dieu, en privant les mauvais anges de la sainteté, leur laissa cependant quelques-uns de leurs autres attributs, par exemple l'intelligence; mais c'était pour leur châtiment; car elle ne sert qu'à leur faire mieux comprendre l'immensité de la perte qu'ils ont faite en perdant la sainteté. D'un autre côté, les autres attributs des bons anges, par exemple leur beauté incomparable, n’ont de valeur que par leur sainteté (3).
Passons aux hommes. Tout ce que les saints ont fait et souffert, ils ne l'ont fait que pour la sainteté. La foi et l'espérance inébranlables des Patriarches, l'inspiration et les lumières surnaturelles des Prophètes, le zèle ardent des Apôtres, la constance héroïque des martyrs, la piété et les mortifications admirables des confesseurs, la chasteté des vierges, sont autant de ruisseaux limpides qui tous découlent d'une source unique, de leur sainteté.
Ainsi nous voyons Abraham, le glaive dans une main, le feu dans l'autre, prêt à immoler son fils unique et à l'ensevelir sous ses propres cendres…  Pour l'empêcher d'accomplir ce cruel sacrifice, il faut l'intervention d'un ange. Et quel puissant motif a pu le déterminer à immoler ce fils sur qui reposaient tant d'espérances? C'était la crainte de perdre la sainteté, en désobéissant à Dieu.
Le prophète Isaïe fut scié en deux; Daniel fut jeté dans la fosse aux lions. Les apôtres saint Pierre, Philippe et André furent crucifiés; saint Paul décapité, saint Barthélemy écorché, saints Matthieu et Thomas tués à coups de flèches, saints Simon et Thaddée coupés en morceaux […]Pourquoi tant d'horribles souffrances? Pourquoi tous ces supplices, recherchés avec ardeur, endurés avec amour? C'était pour se sanctifier, et pour sanctifier les autres. Et la multitude innombrable des autres martyrs, que n'ont-ils pas souffert?
Les uns furent suspendus par les cheveux, ou par un pied, ou par les pouces; les autres furent flagellés avec tant de cruauté que tout leur corps n'était qu'une plaie; d'autres furent broyés sous une meule; d'autres furent forcés d'avaler du plomb fondu; d'autres, enduits de poix, de résine et de soufre, flamboyèrent comme des torches vivantes; d'autres encore furent placés sur des sièges de fer incandescents, ou consumés dans des fours ou des fournaises, ou brûlés vifs dans l'huile bouillante; d'autres furent écartelés par des animaux, ou par des branches d'arbre; plusieurs furent cousus dans des sacs, avec des serpents et des chiens, puis jetés à la mer...
Or qu'est-ce qui leur donnait la force d'endurer tous ces horribles supplices, non seulement avec constance, mais encore avec joie? C'était le désir de conserver leur sainteté, et de la perpétuer éternellement. Les Pères et les Docteurs de l'Eglise étaient la lumière du monde et le sel de la terre: comme des cierges bénits qui brûlent sur l'autel, éclairant les fidèles en se consumant, ces grands génies usaient leurs forces, et se consumaient eux mêmes, pour éclairer et sanctifier les hommes.
Les écrits immortels des Athanase, des Basile, des Chrysostome, des Jérôme, des Augustin, […], des Hilaire, qu'est-ce autre chose que la fleur de leur esprit et la sainteté distillant goutte à goutte de leurs âmes?… Quels efforts persévérants ne leur a-t-il pas fallu faire pour acquérir une telle science, une aussi vaste érudition! Quelles n'ont pas dû être leurs prières et la sainteté de leur vie, pour soutenir et sanctifier leurs travaux! Que de labeurs n'a-t-il pas fallu! Que de veilles et de sueurs pour enrichir ainsi les trésors scientifiques de l'Eglise, et pour travailler aussi abondamment à la sanctification des âmes!
Par d'autres voies les anachorètes atteignirent le même but, la sainteté. Quels hommes et quels saints, que les Paul, les Hilarion, les Antoine, les Macaire, et tant d'autres! C'étaient des arbres célestes, plantés dans le désert par la main des anges. Morts au monde, ils ne vivaient plus que pour Dieu et pour le Ciel. Ils habitaient des grottes et des cavernes; et, quand ils en sortaient, ils ressemblaient à des spectres plus qu'à des êtres animés. Leurs corps étaient semblables aux racines pâles et tortueuses dont ils se nourrissaient. Et pourtant leur existence fut loin d'être paisible: le démon, l'ennemi éternel du bien et de la sainteté, les poursuivait sans relâche pour les faire tomber dans ses pièges; ils en triomphaient par la prière, la méditation et par une mortification incroyable.
Quelques-uns passaient les nuits en prières: depuis le coucher du soleil jusques  à son lever, ils priaient sans discontinuer. Il y eut même des solitaires aériens: ceux-ci passaient leur vie sur une haute colonne, élevés entre ciel et la terre, par exemple, saint Siméon stylite.
Voilà à quel prix ces âmes héroïques achetaient la sainteté. Le chœur le plus beau et le plus aimable de la légion innombrable des saints est celui des vierges. Que n'ont-elles pas fait et souffert pour la sainteté! Quelles étaient et leur dureté pour elles mêmes, et leur vigilance continuelle! Quel était leur mépris du luxe, de la richesse, des plaisirs et des pompes mondaines! Fiancées de Jésus Christ, elles repoussaient avec dédain les propositions de mariage les plus brillantes.
Sainte Edithe, une princesse, fille d’un roi d’Angleterre, préféra le cloître au mariage; sainte Pétronille, obtint par ses prières de mourir trois jours avant l'époque fixée pour son mariage. Sainte Maxellende de Cambrai  fut poignardée au pied des autels, par son propre fiancé, au moment où elle refusait de prononcer le oui sacramentel. Sainte Brigitte et [d’autres vierges], étaient fort belles, et par conséquent exposées à d'interminables demandes en mariage. Alors, contrairement à ce que font ordinairement les femmes qui ne prisent rien tant que la beauté, elles prièrent Dieu de leur enlever un bien qui ne pouvait que leur nuire, et Celui à qui l'on plaît par la beauté de l'âme seulement, les rendit aussi laides qu'elles avaient été belles. Elles haïssaient leur chair, comme un instrument ou une occasion de péché, et parce qu'elles la haïssaient, elles la traitaient comme autrefois les tyrans traitèrent les martyrs. Telle sainte disait: « Souffrir ou mourir. » Telle autre ajoutait: « Oui, souffrir, mais non mourir. » Et pourquoi ces vierges innocentes, qui n'avaient point de péchés graves, exerçaient-elles contre elles-mêmes tant de rigueurs?… Ah! c'est qu'elles savaient ce que veut dire être saint, et qu'elles voulaient devenir de plus en plus saintes.
D'autres saints demeurèrent chastes et continents, toute leur vie, quoiqu'ils fussent engagés dans les liens du mariage. Tels furent, entre autres, […] le roi saint Edouard et son épouse sainte Edithe; saint Julien et sainte Basilisse. Pourquoi ces saints époux se sont-ils soumis à une continence perpétuelle, non obligatoire? Parce qu'ils voulaient à ce prix conquérir la sainteté. En général, tous les saints ont suivi une voie opposée à celle que suit le commun des hommes: ils ont renoncé non seulement à tout ce qui est défendu par la loi de Dieu, mais encore aux plaisirs permis, aux jouissances de l'amour-propre ou non seulement Satan et le monde, avec leurs pompes et leurs œuvres, mais encore les affections naturelles, lorsqu'elles n'étaient pas épurées et sanctifiées par un mobile surnaturel. Pourquoi? parce qu'ils voulaient devenir saints. De tout cela il résulte que la sainteté est quelque chose de grand et de sublime. Et pourtant l'obtention de ce grand bien n'est pas très difficile. En effet, pour devenir saint, il n'est pas absolument nécessaire de se vouer à la chasteté perpétuelle; ni de mener la vie ascétique et pénitente des solitaires; ni de passer les jours et les nuits à étudier les Livres saints; ni de mourir martyr; ni d'aller prêcher l'Evangile aux sauvages du Nouveau Monde.
Pour être saint, une seule chose est nécessaire: une bonne conscience, ou un cœur pur. Quel est le siège du vrai bonheur? C'est le cœur.
Quel est le siège de la véritable sainteté? C'est encore le cœur.
Quelle est la chose qui nous appartienne le plus entièrement? Le cœur!
Eh bien, c'est dans le cœur que Dieu a placé les conditions de notre sainteté, comme il y a placé la source et le foyer de la vie. Que vous soyez pauvres ou riches: si vous avez un cœur pur, vous parviendrez à la sainteté. Si vous êtes riches, soyez charitables et bienfaisants; et vous pourrez devenir saints comme saint Jean l'Aumônier. Si vous êtes pauvres, tellement pauvres que ‘vous soyez réduits à demander l'aumône; vous pourrez encore devenir saints, comme saint Alexis, l’homme de Dieu. […]
Tertullien prétendait que les empereurs et les rois ne pouvaient devenir saints; mais c'était une erreur. […] en témoigne saint Edouard, roi d'Angleterre… Il est vrai que les princes sont plus exposés que les autres hommes à pécher; mais d'un autre côté ils peuvent aussi faire plus de bien; et il faut croire que Dieu les assiste plus puissamment par Sa grâce. Il en est de même des dignités ecclésiastiques. Il y a des saints qui se sont sanctifiés en portant la mitre, ou la pourpre; d'autres, en refusant tous les titres, toutes les dignités. Saint Grégoire-le-Grand […] ne fut pas moins saint que les saints qui renoncèrent à leurs charges…
Dans chaque état, le plus saint sera toujours celui qui a le cœur le plus pur. De tous temps, les cours des princes, foyers de corruption, d'orgueil, de mensonge et d'envie, ont été regardées comme un séjour impropre à nourrir la sainteté; et pourtant l'on pourrait citer un saint pour chacun des emplois qui sont à remplir près des souverains. Saint Léger a été majordome et ministre; saint Eloi, argentier, c'est-à-dire ministre des finances; saint Hyacinthe, premier chambellan; saint Wandrille, grand-écuyer; […]; saint Hubert, grand veneur; saint Sébastien, chef des Prétoriens, c'est-à-dire commandant des gardes du corps de l'empereur romain; saint Anastase, secrétaire d'état; saint Germain, conseiller d'état; saint Denys, ministre; saint Fulgence, trésorier; saint Ambroise […] avocat; saint Anastase, juge; saint Basilide, huissier; saint Cyriaque, bourreau.
L'état militaire est plus nuisible encore à la sainteté que l'atmosphère viciée des cours; et pourtant l'on pourrait avec les guerriers parvenus à la sainteté (presque tous martyrs) former plusieurs légions. Sous le règne des empereurs Dioclétien et Maximinien, 10.000 soldats furent crucifiés; sous le même règne, la Légion Thébaine, comptant 6666 hommes, fut d'abord décimée, et puis massacrée sans pitié jusqu'au dernier soldat. « La racine de tout péché, dit l'Apôtre, c'est la cupidité. » Or quel marchand n'est plus ou moins cupide et intéressé? Et cependant cette profession aussi compte ses saints: […] saint Fulgence, et plusieurs autres.
Les professions manuelles, où domine le travail assidu, sont par cela même plus favorables à la sainteté; aussi y comptons-nous un grand nombre de saints. En première ligne nous trouvons saint Joseph et les apôtres. […] Saint Symphorien sculpteur; […] saint Flore, saint Andronic et saint Eloi ont été orfèvres; saint Dunstan, maréchal ferrant; saint Marcien, armurier; […]  les frères saint Crépin et saint Crépinien, cordonniers; […] saint Onufre, tisserand; […] saint Isidore, et saint Cyriaque laboureurs; […].
Il est écrit: « Si votre œil est pur, tout votre corps sera pur. » On peut dire de même: Si votre cœur est pur et saint, toute votre âme sera pure et sainte, quelle que soit d'ailleurs l'élévation ou la bassesse de votre condition. Et tous les hommes, même les pécheurs, peuvent prétendre à la pureté du cœur, c'est-à-dire à la sainteté. […] Si parmi vous il s'en trouve un qui soit entré dans cette église comme pécheur, il pourra en ressortir saint. Le lépreux de l'Evangile se prosterna devant le Sauveur, et lui dit: Seigneur, si Tu le veux, Tu peux me guérir! Le Seigneur répondit: Je le veux, sois guéri.  Et aussitôt le lépreux fut guéri.
Avec la même facilité, et même plus facilement encore, vous pouvez guérir du péché, qui est la lèpre de l'âme, si vous le voulez. Pour cela, vous n'avez qu'à répondre oui à une question: Vous repentez vous d'avoir offensé la bonté et la majesté infinies de Dieu? Vous repentez-vous d'avoir été si ingrats envers Celui Qui vous a créés, et Qui vous a rachetés au prix de Son Sang?
Si à cette question vous répondez sincèrement, du fond de votre cœur oui, alors votre cœur est déjà pur. Donc, pour devenir saint, il suffit d'un seul mouvement du cœur, d'un seul acte de contrition parfaite et d'amour.
Faites en ce moment ces deux actes, et persévérez dans les mêmes sentiments jusques à la fin de votre vie; et la sainteté vous sera assurée, ainsi que la félicité éternelle.

d’après
A. STOLZ
LEGENDES OU VIE DES SAINTS
1867
Notes:
 (1) En Orient, tous les saints sont célébrés le Dimanche après la Pentecôte. La fête de Tous-les-Saints, ou la Toussaint, fut instituée en Occident par le Pape orthodoxe Boniface IV, en 607, lors de la dédicace du Panthéon.
(2) Les six chœurs des saints sont: les Patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les Martyrs, les Confesseurs et les Vierges.
(3) «Le beau n'est que la splendeur du vrai», a dit Platon.