La puissance du signe de la croix est connue depuis l'époque des saints apôtres qui, par elle, ont accompli des miracles. Un jour, saint Jean l'Apôtre trouva un malade en fièvre allongé sur la route et le guérit par le signe de la croix (Cf. Saint Dimitri de Rostov. Vie du saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien).
Saint Antoine le Grand, parlant de la puissance du signe de la croix contre les démons, dit ce qui suit : « ... C'est pourquoi, lorsque des démons viennent à vous la nuit, souhaitant prédire l'avenir, ou se faisant appeler anges, n'y prêtez pas attention, parce qu'ils mentent. S'ils louent votre ascèse et vous exaltent, ne les écoutez pas et ne vous liez pas du tout à eux. Au lieu de cela, recouvrez-vous et votre demeure par le signe de la croix et priez. Alors vous les verrez devenir invisibles, parce qu'ils ont peur et craignent surtout le signe de la Sainte Croix, par lequel le Sauveur leur a fait honte, en leur ôtant leur force. » (Vie du révérend père Antoine, décrite par saint Athanase dans son épître aux moines vivant dans des pays étrangers. 35).
L'histoire Lausiaque décrit Abba Dorothée faisant le signe de la croix sur l'eau prélevée dans un puits, au fond duquel il y avait un aspic et il la buvait. "...À neuf heures, Abba Dorothée m'a envoyé (Palladius) chercher un pot d'eau de son puits. C'était déjà l'heure du déjeuner. Arrivé au puits, j'ai vu un aspic au fond de celui-ci, et sans puiser d'eau, j'ai couru avec frayeur, criant : « Nous mourrons, Abba, car au fond du puits j'ai vu un aspic » Il sourit modestement, parce qu'il était très attentif à moi, et, hochant la tête, il dit : « Si le Diable décidait de jeter des aspics ou d'autres reptiles toxiques dans tous les puits et toutes les sources, ne boirais-tu pas du tout ? » Puis, quittant sa cellule, il versa lui-même un pot d'eau et, faisant dessus le signe de la croix, en but immédiatement et dit : « Là où il y a la croix, la méchanceté de Satan ne peut rien faire. »
Le Vénérable Benoît de Nursie (480-543), connu pour sa vie austère, fut élu higoumène du monastère troglodytique de Vicovaro en 510. Saint Benoît gouvernait avec zèle le monastère, observant strictement les jeûnes et ne permettant pas aux frères de vivre selon leur propre volonté. Bientôt, les moines commencèrent à regretter d'avoir élu un higoumène qui ne convenait pas à leur morale corrompue. Certains d'entre eux décidèrent de l'empoisonner. Ils mélangèrent du poison avec du vin et en donnèrent à boire à l'higoumène pendant le dîner. Le saint fit le signe de la croix sur la coupe, la faisant briser par la puissance de la Sainte Croix, comme si elle était frappée par une pierre. Le saint savait que la coupe était mortelle, car elle ne pouvait pas supporter la Croix vivifiante » (Saint Dimitri de Rostov. Vie du Vénérable Père Benoît).
L'archiprêtre Vasily Choustine (1886-1968) se souvient du staretz Nectaire d'Optino : « Le père Nectaire m'a dit un jour : « Vided'abord le samovar, puis verse de l'eau. Souvent, les gens oublient de verser de l'eau et commencent à allumer le samovar. En conséquence, le samovar est gâché et on est laissé sans thé. L'eau est dans cette cruche en cuivre dans le coin ; prends-la et verse-la. » Je suis allé à la cruche et j'ai découvert qu'elle était très grande (environ deux seaux) et lourde. J'ai essayé de le déplacer, mais je n'étais pas assez fort. Ensuite, j'ai voulu y apporter le samovar et verser l'eau. Le père Nectaire remarqua mon intention et répéta : « Prends la cruche et verse l'eau dans le samovar. » « Pourquoi, Père, c'est trop lourd pour moi, je ne peux pas la bouger. » Alors le staretz s'approcha de la cruche, la prise et dit : « Prends-la. » J'ai ramassé la cruche et je l'ai regardé avec surprise. La cruche me semblait légère, comme si elle ne pesait rien. J'ai versé l'eau dans le samovar et j'ai reposé la cruche avec une expression de surprise sur mon visage. Batiouchka m'a alors demandé : « Eh bien, la cruche est-elle lourde ? » « Non, père. Je suis surpris, mais c'est assez léger. » « Souviens-toi une fois pour toutes que chaque mission qui semble difficile est très facilement accomplie lorsqu'elle est traitée comme une obédience. » J'ai été vraiment étonné de voir comment il avait pu défier la force de gravité avec un seul signe de croix ! (Cf. Archiprêtre Choustine Vasily, Essai sur saint Jean de Cronstadt et les startsy d'Optina. M., 1991).
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après