28 janvier / 10 février
36ème dimanche après la Pentecôte
Saints martyrs et confesseurs de Russie
Saint Éphrem le Syrien (373) ; saint Pallade, ermite en Syrie (IV) ; saint Isaac le
Syrien, évêque de Ninive (VII) ; saint Théodose de Totma (1568) ; saint Ephrem de
Novotorjok (1053) ; saint Ephrem, évêque de Pereslav (vers 1098)
28 janvier / 10 février
36ème dimanche après la Pentecôte
Saints martyrs et confesseurs de Russie
Saint Éphrem le Syrien (373) ; saint Pallade, ermite en Syrie (IV) ; saint Isaac le
Syrien, évêque de Ninive (VII) ; saint Théodose de Totma (1568) ; saint Ephrem de
Novotorjok (1053) ; saint Ephrem, évêque de Pereslav (vers 1098)
Lectures : II Cor. VI, 16-17 – VII, 1 ; Rom. VIII, 28-39 ; Matth. XV, 21-28 ; Lc. XXI, 12-19
LOUANGES AUX NOUVEAUX HIÉROMARTYRS DE RUSSIE
Quel tribut en paroles vous offrirons-nous, à vous fidèles témoins du Verbe,
vaillants martyrs et pasteurs, que l’on regarde comme des brebis destinées à
être immolées (Rom. VIII,36) ? Une bouche éloquente reste muette devant la
grandeur de votre haut-fait. Vos plaies, semblables à de nombreuses lèvres ouvertes
publient votre patience : votre sang parle mieux que celui d’Abel (Hébr. XII, 24). En
vous et par vous, nous offrons le sacrifice d’action de grâce au Seigneur, qui nous
fait toujours « triompher dans le Christ Jésus » (Cor. II, 14). A travers la grande
épreuve des afflictions, nous débordons de joie à cause de vous (II Cor. 8,2) et nous
nous écrions avec le Chrysostome : « Dieu est béni ! En notre siècle également on crû
des martyrs, et nous avons été rendus dignes de voir des hommes immolés pour le
Christ, des hommes qui ont versé leur saint sang, qui s’épanche sur toute l’Église.
Nous avons été rendus dignes de voir des hommes combattant pour la piété,
remportant la victoire, la couronne (...) et nous avons maintenant chez nous ces
hommes victorieux »... La Sagesse Divine elle-même avait prédit que sur les collines
de Kiev, là où jadis la main apostolique avait affermi le signe de la sainte Croix, le
successeur des apôtres (le hiéromartyr Vladimir) serait l’un des premiers
hiéromartyrs de nos jours. Le baptême de l’Église Russe par le feu et le sang devait
commencer là où le peuple russe au début reçut le baptême de l’eau... Encouragés
par ces mêmes sentiments, les Anges des Églises de Perm, Tobolsk, Astrakhan, ainsi
que d’autres hiérarques et prêtres de Dieu aspirèrent à la couronne du martyre,
passant par les épreuves les plus diverses et les plus terribles, subissant les outrages
et les coups, les chaînes et les prisons, « ils furent lapidés, sciés, torturés, ils
moururent tués par l’épée (...) Les uns se sont laissé torturer, refusant leur délivrance
afin d’obtenir une meilleure résurrection » (cf. Hébr. XI, 37,35).Parmi cette vaillante
communauté, nous te voyons, glorieux premier hiérarque de la cité de saint Pierre
(le hiéromartyr Benjamin de Petrograd), très-aimé par tes ouailles (...) Alors que tu
étais encore jeune, tu embrassais en ton coeur ardent les plaies des premiers
martyrs et tu t’affligeais de ne pouvoir participer à leurs glorieux exploits. Le
Q
Seigneur a vu ton saint zèle et lorsque le temps fut accompli, Il t’envoya cette même
épreuve. Glorieux sont vos noms, courageux combattants, que ni le présent, ni
l’avenir, ni la hauteur des vaines distinctions, ni la profondeur de l’anéantissement,
rien ne put vous séparer de l’amour de Dieu dans le Christ Jésus (cf. Rom. VIII, 38).
Métropolite Anastase (Gribanovsky, † 1965)
VIE DE SAINT EPHREM LE SYRIEN1
Saint Ephrem est né à Nisibe (Mésopotamie), vers 306.
Tout jeune encore, il fut
chassé de la maison familiale par son père — qui était prêtre païen — à cause de sa
sympathie pour la religion chrétienne. Il fut alors recueilli par le saint évêque
Jacques, qui l’instruisit dans l’amour des vertus et l’application constante à la
méditation de la parole de Dieu. L’étude de l’Écriture Sainte alluma en lui une
flamme qui lui fit mépriser les biens et les soucis de ce monde pour élever son âme
vers la jouissance des biens célestes. Sa foi et sa confiance en Dieu, le portèrent à
embrasser un admirable mode de vie. Il avait une pureté du corps et de l’âme qui
dépassait les limites de la nature humaine en ne laissant pas une seule pensée
mauvaise surgir à l’horizon de son esprit. À la fin de sa vie, il reconnaissait n’avoir
jamais dit de mal de personne et n’avoir jamais laissé échapper de sa bouche une
seule parole inconsidérée. Dépouillé de tout, luttant de jour contre la faim et de nuit
contre le sommeil, et revêtant ses actions comme ses paroles de la sainte humilité
du Christ, il reçut de Dieu le don de la componction et des larmes continuelles à un
degré tel qu’il occupe dans le choeur des saints la place privilégiée de « maître de la
componction ». Il pleurait continuellement sur ses péchés ou sur les péchés des
autres hommes, et parfois, quand il passait à la méditation des merveilles que Dieu
a faites pour nous, ces pleurs se transformaient en larmes de joie. Tel un cercle
merveilleux, les gémissements faisaient naître en lui les larmes ; les larmes, la
prière ; la prière, la prédication, laquelle était elle-même interrompue par de
nouvelles lamentations. En lisant ses admirables discours sur la componction ou ses
descriptions si réalistes du Jugement Dernier, même les coeurs les plus endurcis ne
peuvent rester insensibles. Pour de nombreuses générations jusqu’à aujourd’hui, la
lecture de saint Éphrem a fait couler bien des larmes, ouvrant aux pécheurs la voie
du repentir et de la conversion. Quelque temps après son baptême, vers l’âge de
vingt ans, Éphrem se retira au désert, fuyant le trouble de la ville pour s’entretenir
dans la quiétude avec Dieu et vivre en compagnie des anges. Il passait de lieu en
lieu, libre de toute attache, allant là où le conduisait le Saint-Esprit, pour son profit
et celui de ses frères. C’est ainsi qu’il se rendit dans la ville d’Édesse. Au bout de
quelques années passées dans cette ville, saint Éphrem retourna vivre au désert.
Comme il avait entendu vanter les vertus de saint Basile le Grand, Éphrem partit
alors pour la Cappadoce. Il arriva à Césarée le jour de la Théophanie, et entra dans
l’église au moment même où l’on célébrait la Divine Liturgie. Bien qu’il ne comprît
pas le grec, il fut saisi d’admiration en voyant le grand évêque prêcher, car il voyait
une colombe blanche posée sur son épaule, qui lui murmurait à l’oreille des paroles
1 Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras (version abrégée)
inspirées. C’est cette même colombe qui révéla à saint Basile la présence dans la
foule de l’humble ascète syrien. Il envoya des acolytes le chercher, s’entretint avec
lui quelques instants dans le fond du sanctuaire et, répondant à sa requête, il obtint
de Dieu qu’Éphrem se mît soudain à parler grec, comme s’il connaissait cette langue
depuis son enfance. Puis il l’ordonna diacre, et le laissa partir vers sa patrie.
Apprenant dans son désert les souffrances de ses frères, du fait des guerres entre
les Romains et les Perses (de 338 à 387), saint Éphrem retourna alors à Nisibe pour
leur venir en aide par ses oeuvres et ses paroles. Lorsqu’il n’était pas occupé à
l’enseignement pour confirmer la foi contre les païens et les hérétiques, il se mettait
humblement au service de tous, en véritable diacre, imitant le Christ devenu pour
nous « serviteur ». C’est ainsi que, par humilité, il refusa toujours l’élévation au
sacerdoce. Lorsqu’on assiégea Nisibe, en 338, ce fut grâce à sa prière et à celle de
saint Jacques que la cité fut délivrée. Mais, après les guerres successives, elle fut
finalement livrée au cruel souverain des Perses, en 363. Refusant de vivre sous la
domination païenne, saint Éphrem et beaucoup d’autres chrétiens partirent alors
pour Édesse. Il passa là les dix dernières années de sa vie, et continua l’oeuvre
amorcée dans l’école exégétique fondée à Nisibe par saint Jacques, en enseignant à
l’École d’Édesse. Il rédigea alors la plus grande partie de ses ouvrages admirables, où
sa connaissance de Dieu et des saints dogmes revêt la splendide parure d’une
langue poétique incomparable. On dit qu’il composa en syriaque plus de trois
millions de vers : commentaires de la plupart des livres de l’Écriture sainte, traités
contre les hérésies, hymnes sur le Paradis, sur la Virginité, sur la Foi, sur les grands
mystères du Sauveur et des fêtes de l’année2. Une grande partie de ces hymnes est
entrée dans la composition des livres liturgiques de l’Église de langue syriaque, d’où
son surnom de « Lyre du Saint-Esprit » et de « Docteur de l’univers ». Après avoir
organisé les secours dans la cité, lors de la famine de 372, saint Éphrem remit son
âme à Dieu l’année suivante (373), entouré d’un grand nombre de moines et
d’ascètes qui étaient sortis de leurs monastères, de leur désert, de leur grotte, pour
assister à ses derniers moments. Il leur laissa un Testament émouvant, plein
d’humilité et de componction, dans lequel il demande instamment à tous ceux qui
l’aiment de ne pas l’honorer par des funérailles brillantes, mais de déposer son
corps dans la fosse réservée aux étrangers, en lui offrant, en guise de fleurs et
d’aromates, le soutien de leurs prières.
Tropaire du dimanche, 3ème ton
Да весел тс небéсна , да ра дуютс
земна ; ко сотвор дeр а ву
м ею Cвоéю Го с од , о ра
cмéртiю cмéрт , éрвене ъ мéртв xъ
б ст , зъ рéва а дова зба в на съ
одадé м poв вéлiю м лост .
Que les cieux soient dans l’allégresse,
que la terre se réjouisse, car le Seigneur
a déployé la force de Son bras. Par Sa
mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le
Premier-né d’entre les morts, du sein de
l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au
monde la grande miséricorde.
2. Un certain nombre de ces textes, rédigés en syriaque, sont disponibles en français : Hymnes sur le Paradis, SC 137 ; Hymnes sur le
Jeûne (Spiritualité Orientale 69), Abbaye de Bellefontaine 1997 ; Hymnes sur l’Épiphanie (Spiritualité Orientale 70), Abbaye de
Bellefontaine 1997.
Tropaire des Nouveaux Martyrs, ton 4
O fleurs du pré spirituel de la Russie, qui
avez surgi admirablement au temps des
amères persécutions, Nouveaux Martyrs
et Confesseurs innombrables, vous qui
avez souffert la passion : pontifes,
souverains et pasteurs, moines et laïcs,
hommes, femmes et enfants, vous qui
avez apporté au Christ le bon fruit de
votre patience, priez-Le comme votre
divin Semeur afin qu’Il libère Son peuple
des athées et des hommes mauvais, afin
que s’affermisse l’Église Russe par votre
sang et vos souffrances pour le salut de
nos âmes.
Kondakion des martyrs et confesseurs de Russie, ton 2
O Nouveaux Martyrs qui avez parcouru
le chemin terrestre en confessant le
Christ, par vos souffrances vous avez
acquis de la hardiesse, priez Celui qui
vous a fortifiés, afin qu’à l’heure où
l’épreuve viendra sur nous, nous
recevions le divin don du courage. Vous
êtes un exemple pour ceux qui vénèrent
votre exploit, car ni l’affliction, ni le
tourment, ni la mort, n’ont pu vous
séparer de l’amour de Dieu.
Kondakion du dimanche, 3ème ton
Aujourd’hui, ô Miséricordieux, u es
ressuscité du Tombeau et Tu nous
ramènes des portes de la mort.
Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit.
Tous ensemble, prophètes et
patriarches, ne cessent de chanter la
force divine de Ta puissance !