"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 25 décembre 2022

28e DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE

         
 

 

Aujourd'hui, c'est le dimanche des saints ancêtres. Nous nous souvenons des prophètes et des justes de l'ancienne alliance, qui attendaient l'Incarnation. Nous commémorons également aujourd'hui deux grands saints, Germain d'Alaska et Spyridon le thaumaturge de Tremithonte. Les  ancêtres ainsi que saint Germain ont fait l'objet de notes en de précédentes occasions, aussi nous nous concentrerons aujourd'hui sur le toujours mémorable saint hiérarque Spyridon.

 

La date exacte de la naissance de saint Spyridon, à Askeia à Chypre, n'est pas connue, mais elle se situe aux alentours de l'an 270. Son origine humble ne lui a donné aucun avantage matériel dans la vie, mais son âme était inspirée par son amour de Dieu. Il travailla comme berger et, dans sa jeunesse, il se maria, devenant père d'une fille, Irène. La nature charitable de Syiridon rappelle l'histoire de l'obole de la veuve, car on dit souvent que ceux qui ont le moins, donnent le plus. Il était si généreux qu'il partageait ses biens avec ses voisins et d'autres personnes encore plus pauvres que lui.

 

Après la mort de son épouse, Spyridon consacra sa vie à l'Église et fut élevé à l'épiscopat en tant qu'évêque de Tremithonte. Sa fille embrassa la vie monastique. Le fait de devenir évêque ne changea rien au mode de vie de Spyridon, qui combina ses actes de charité avec son travail pastoral. En 325, il assista au premier concile œcuménique de Nicée. Bien que le saint ne soit pas universitaire, Dieu inspira ses pensées et ses paroles. On raconte qu'il entama un débat avec un philosophe grec qui défendait l'hérésie arienne. Le saint évêque s'exprimait avec une conviction si profonde qu'il n'avait pas besoin de faire de grands discours. La tradition rapporte ses paroles : Écoute, philosophe, ce que je te dis. Il y a un seul Dieu qui a créé l'homme à partir de la poussière. Il a ordonné toutes choses, visibles et invisibles, par Son Verbe et Son Esprit. Le Verbe est le Fils de Dieu, qui est descendu sur terre à cause de nos péchés. Il est né d'une Vierge, Il a vécu parmi les hommes, il a souffert et il est mort pour notre salut, puis Il est ressuscité des morts et Il a ressuscité le genre humain avec Lui. Nous croyons qu'Il est un en essence (consubstantiel) avec le Père, et égal à Lui en autorité et en honneur. Nous le croyons sans aucune rationalisation sournoise, car il est impossible de saisir ce mystère par la raison humaine. Le saint homme était si inspiré et inspirant que, après le débat, le philosophe embrassa la vérité et devint l'un des défenseurs zélés de Spyridon.  En effet, on rapporte qu'il amena nombre de ses confrères à la Vérité. Lors du concile, le saint hiérarque démontra l'unité de la Sainte Trinité d'une manière remarquable. Il prit une brique dans ses mains et la serra. A cet instant, du feu en sortit, de l'eau tomba sur le sol et il ne resta que de la poussière dans les mains du thaumaturge. Il expliqua : Il n'y avait qu'une seule brique mais elle était composée de trois éléments. Dans la Sainte Trinité, il y a trois personnes, mais un seul Dieu.

 

De nombreux miracles sont relatés à propos de saint Spyridon. Une femme lui amena son fils mort en implorant ses prières. Il pria et l'enfant fut ramené à la vie. La mère fut tellement bouleversée qu'elle s'effondra sans vie. Grâce aux prières du saint, elle fut également ramenée à la vie. Une autre fois, il entendit parler d'un ami qui avait été accusé à tort et condamné à mort. Saint Spyridon se hâta de défendre l'homme mais son chemin fut bloqué par un ruisseau en crue. Ayant ordonné à l'eau de se retirer, il passa sans encombre de l'autre côté. Lorsqu'il fut informé du miracle, le juge accueillit le saint évêque et libéra l'accusé.

 

Saint Siméon Métaphraste, l'auteur de la vie de saint Spyridon, le compara à Abraham dans son hospitalité. On raconte qu'il accomplit de nombreux miracles, qu'il guérit des malades, nourrit des affamés, affronta l'hérésie et amena beaucoup de gens au Christ par sa prédication, mais il demeura complètement humble. On raconte que le saint évêque fut invité à la cour impériale par l'empereur, mais qu'à son arrivée, il fut pris pour un mendiant, car ses vêtements étaient si vieux et usés qu'un soldat le frappa. 

 

Le saint homme naquit au Ciel en ce jour, en l'an 348. Lorsque Chypre fut envahie par les Turcs, les reliques de saint Spyridon furent transportées à Constantinople où son corps s'avéra incorrompu. Après la prise de la ville en 1453, ses saintes reliques furent à nouveau déplacées, cette fois à Corfou, où elles se trouvent encore aujourd'hui.


Ode 7 du Canon de Matines


Au Concile, Dieu te glorifia, bienheureux Père qui gardas pour le dénouement les paroles qu'en ta foi tu prononças pour faire chanceler cet insensé d'Arius et détruire ses objections

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La lecture de l'Évangile est Luc 14, 16-24 et raconte la parabole de l'homme qui fit un grand souper.

 

Pour comprendre cette parabole, il est utile de lire les quatre versets précédents, car ils nous donnent le contexte. Le Seigneur répondait à l'homme qui était assis à table avec Lui et qui avait dit : "Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu". Lorsque le Christ dit un certain homme, il veut clairement dire Dieu le Père. Il y a un autre symbolisme dans l'utilisation du mot souper qui est mangé tard dans la journée. En termes d'éternité, le Seigneur est venu dans les derniers jours de cet âge. (Ce symbolisme est perdu dans certaines traductions -  qui utilisent le mot banquet au lieu de souper). L'homme a envoyé son serviteur, qui représente le Christ, qui en devenant homme a pris la forme d'un serviteur. C'est pourquoi il n'est pas dit un serviteur, c'est-à-dire n'importe quel serviteur, car il s'agit d'une référence spécifique. Le Christ est le seul et unique serviteur qui, dans Sa nature humaine, a été parfaitement obéissant et agréable à Dieu. Plus loin, nous lisons que ceux qui ont été appelés et cela signifie très probablement les enfants d'Israël qui ont été appelés par la loi et les prophètes. Cependant, on pourrait dire qu'il s'agit de tous les habitants de la terre qui sont tous la création de Dieu.

 

Le Seigneur a certainement été envoyé pour appeler tous ceux qui étaient de la maison d'Israël. La réponse pourrait facilement être résumée par les mots utilisés dans la parabole : tous d'un commun accord se mirent à faire des excuses. La parabole nous donne les détails de ces excuses. Le morceau de terre représente la terre et les cinq jougs de bœufs sont les richesses de la terre. Cela implique non seulement un amour des avantages matériels de cette vie, mais aussi une incapacité à voir au-delà des choses du monde physique. L'homme qui a épousé une femme n'est pas critiqué à cause de son mariage mais à cause de son attitude. C'est-à-dire qu'il a laissé le plaisir dominer sa vie et qu'il était également incapable de voir au-delà. L'avertissement dans tout cela est que nous devrions nous méfier de nous attacher à quelque chose qui consommera toute notre vie et nous éloignera de Dieu. Pour prendre un moment de réflexion ici, il pourrait être légitime de se demander si les personnes donnant de telles réponses pensent qu'elles font délibérément quelque chose de mal. Peut-être pas, et il existe des exemples contemporains. Aujourd'hui, nous entendons beaucoup parler de sauver la planète, mais le salut des âmes ne semble pas susciter le même degré de préoccupation. Il y a aussi une phrase célèbre de la Déclaration d'indépendance américaine concernant la poursuite du bonheur. Cette phrase est présentée sous un jour positif, mais elle pourrait être une manifestation d'égoïsme. Il s'agit de regarder au-delà de ce qui est immédiat et matériel, afin de commencer à comprendre ce qui est agréable à Dieu.  

 

Nous en arrivons donc au plus important. Le maître de maison est informé de la réponse de ses invités. Cela symbolise le fait que les chefs des Juifs ont refusé l'invitation de Dieu. Eux aussi avaient une vision limitée. Ils ont étudié les paroles de la loi et des prophètes, mais avec des yeux juridiques plutôt qu'avec les yeux de la foi. Certaines âmes ont été inspirées, y compris les apôtres et des dizaines de milliers de personnes du peuple. A la place de tous ceux qui ont refusé l'invitation divine, les portes ont été ouvertes à tous. Les routes et les haies suggèrent ce qui est sauvage, indiscipliné et en dehors de la loi. Les païens ne connaissaient rien de la loi et des prophètes, ils avaient de nombreuses fausses croyances et des coutumes barbares, et pourtant ils furent appelés par Dieu. Comme l'observe Théophylacte dans son commentaire : On pourrait dire que les Grecs païens ne voulaient pas quitter leurs idoles et leurs riches festins, mais ils ont été contraints de les fuir par la vérité de l'Évangile. 

 

La boucle est ainsi bouclée. Le Seigneur a commencé par dire à Ses compagnons de table de ne pas inviter les riches, mais de donner à manger aux pauvres et aux nécessiteux. Qui sont les pauvres et les nécessiteux qui devraient être invités au festin du Seigneur ? Il s'agit certainement de ceux qui meurent de faim en raison de leur pauvreté spirituelle due à l'ignorance de l'Évangile. Théophylacte termine son commentaire de ce passage par la phrase suivante. C'est aussi un bon conseil pour les enseignants : enseignez ce qui est nécessaire, même si les élèves ne le veulent pas.


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND