"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 mai 2015

Père Georges [Maximov]: Notes indonésiennes (2)



Hiermonk Ioasaph (Tandibilang) with parishioners

Hiéromoine Ioasaph ( Tandibilang) avec des paroissiens

L'Église  du saint apôtre Thomas elle-même a été construite par une riche famille orthodoxe indonésienne orthodoxe. Après le service, j'ai parlé avec la mère de famille, Mme Christina N., et lui a demandé comment ils en sont venus à se convertir à l'Orthodoxie (à propos, elle a huit enfants). Elle a avoué qu'ils avaient tous été musulmans. Un jour, elle était à la plage, et une tragédie est arrivée: des gens sont venus vers elle et lui ont dit que sa fille venait de se noyer, et ils ont montré l'endroit où elle avait disparu sous les flots. Christina y est allée immédiatement en courant. Elle entra dans l'eau et commença à aller dans la direction indiquée. On peut imaginer les sentiments qu'elle éprouvait, aller à la recherche de son enfant qui venait de mourir! Et comme elle y allait , entrant plus profondément dans l'eau à chaque étape, tout à coup l'idée lui traversa l'esprit: "Si Jésus est Dieu, que ma fille soit vivante!" Et un miracle eut lieu: elle repéra sa fille sous l'eau, et quand elle la remonta à la surface et la porta vers le rivage, la jeune fille revint à la vie!

Il n'est pas étonnant que, après ce miracle, non seulement Christina, mais aussi son époux et tous leurs enfants aient été baptisés. Ils ne savaient pas quoi que ce soit à propos de l'Orthodoxie, et donc ils sont devenus protestants, les protestants étaient depuis longtemps en Indonésie et étaient bien connus de tous. Maintenant, après son baptême, Christina a commencé à lire la Bible. Elle la lut plusieurs fois entièrement de la Genèse à l'Apocalypse. Et au cours de sa lecture des Actes des Apôtres et des Epîtres, elle fut frappée de ce que l'Église chrétienne avait été une Église Unie, et que ce fait ne s'appliquait pas à la fragmentation que Christina voyait parmi les protestants. Elle résolut de savoir ce qui était arrivé à la première Eglise originale. Et pour le découvrir elle partit pour l'endroit où tout a commencé, à Jérusalem, en Terre Sainte, ce qui fut possible grâce à sa bonne situation financière. Là, elle découvrit que cette Eglise, fondée il y a 20 siècles, existe encore à ce jour, et qu'elle est l'Eglise orthodoxe. La découvrant, Christina convainquit toute sa famille de devenir orthodoxe.
    
Comme cela a déjà été mentionné, Christina et son époux ont construit une église en l'honneur de l'Apôtre Thomas sur leur propre terre à Djakarta. Malheureusement, tout le monde n'apprécia pas cela: une organisation musulmane en fut scandalisée. Elle rassembla une foule de ses partisans et les envoya à l'église orthodoxe. L'ensemble du territoire fut occupé par des musulmans en colère, dont beaucoup étaient armés de couteaux. Ils criaient qu'ils allaient détruire l'église et tuer le prêtre, et ils exigeaient que nous le lui remettions. Racontant cela à nouveau, Christina a dit que c'était vraiment terrifiant. Gloire à Dieu, à ce moment rien de grave n'arriva, et après qu'ils aient fait beaucoup de bruit, la foule se dispersa. Mais le chef de cette organisation annonça que ce n'était pas la fin, et qu'ils se battraient contre notre église paroissiale orthodoxe. Cependant, il se trouve que dans le cours d'une année, ils sont tous morts. A leur place, sont venus d'autres dirigeants, qui avaient tellement changé d'opinion, que maintenant cette organisation musulmane assure officiellement protection à la paroisse orthodoxe.

Comme cela est bien connu, l'Indonésie a la plus forte concentration de population musulmane dans le monde, en dépit du fait que, de par sa constitution, elle est un État laïque. Et c'est un pays où dans plusieurs domaines, il y a eu des foyers de tension dans les relations entre chrétiens et musulmans dans les dernières années. Ceci ne peut avoir son effet sur la société orthodoxe, bien que cette dernière soit encore relativement faible.

Par exemple, il y avait une incidence où un prêtre orthodoxe de l'étranger est venu à l'Indonésie sur invitation de la communauté indonésienne orthodoxe immédiatement afin de l'aider dans la prédication et le service, mais cela provoqua une réaction très négative de la part des musulmans locaux : ils envoyèrent des menaces, et il a dû quitter le pays.

En raison de l'opposition des sociétés musulmanes, dans de nombreuses régions, il est extrêmement difficile d'obtenir l'autorisation de construire une église et même si vous la recevez, il y a des cas où par la suite, des activistes musulmans viennent sur le site de construction et entravent physiquement les travaux de construction, et ainsi, l'Église n'est pas bâtie.

Mais, il faut noter que, néanmoins, l'Indonésie est pas un pays sous la charia, et d'ailleurs il y a des régions où la majorité des habitants sont non-musulmans. Par exemple, sur l'île de Bali, ce sont essentiellement des hindous qui y vivent, et dans la province de Papouasie, des protestants. Il y a aussi des zones peuplées par des tribus qui jusqu'au dernier homme confessent le paganisme.

Malgré quelques difficultés, je dois dire que le Seigneur protège les orthodoxes, et dans les dernières années, il a pas eu d'incidents où nos églises ont été dynamitées, ou nos frères et sœurs massacrés, comme cela a eu lieu avec les protestants.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 1 mai 2015

Père Georges [Maximov]: Notes indonésiennes (1)



Jakarta
Djakarta

Que fait  la princesse héritière de Bali dans une église orthodoxe, pourquoi les Russes préfèrent-ils se confesser aux Indonésiens, et pourquoi l'Orthodoxie est-elle une bénédiction pour l'Indonésie? Ceci et d'autres thèmes sont abordés dans les notes indonésiennes de Père Georges Maximov.
    
La première chose qui m'a frappé à l'atterrissage à Djakarta était de voir combien l'aéroport était sous-développée. Il n'y avait pas de bulletins d'information électronique familiers, il fallait aller vers quelqu'un qui y travaille là-bas et demander à quel tapis roulant,  ils déchargeaient les bagages de tel ou tel vol. Je fus également étonné de la pratique indonésienne de coller de grandes photographies d'eux-mêmes sur leurs fourre-tout et leurs valises, avec leur numéro de téléphone écrit en-dessous, ils sont plus faciles à trouver en cas de perte. Mais quand ces valises avec les portraits de leurs propriétaires se déplacent l'une après l'autre sur le tapis à bagages, cela semble assez drôle.

La ville elle-même est grande, mais en comparaison avec, par exemple, Bangkok, elle ne produit pas une bonne impression.

J'ai eu l'occasion de servir une vigile dans l'église de Saint-Thomas à Djakarta (Eglise Russe Hors Frontières). Le recteur était un Indonésien, Père Boris. Quand je l'ai vu, je pensais qu'il avait à peine plus de 20 ans, et la pensée me traversa l'esprit: "Comment ont-ils pu ordonner un homme aussi jeune?" Il s'est avéré qu'il était âgé de 38 ans en réalité. Les asiatiques ont tendance à sembler plus jeunes que leur âge, mais Père Boris battait tous les records à cet égard.

Inside St. Thomas's Church

À l'intérieur de l'église Saint-Thomas
    
J'ai trouvé l'orthodoxie  indonésienne très touchante, à la fois dans cette église et dans une autre où j'ai officié. Les prêtres, les servants, le chœur et les paroissiens sont tous Indonésiens, la plupart d'anciens musulmans. Nul missionnaire «blanc» n'est venu à eux ou n'a prêché pour eux-ces Indonésiens se sont eux-mêmes convertis, ont prêché aux autres eux-mêmes, ont servi, et ont essayé de mener une vie chrétienne eux-mêmes. La prédication de saint Nicolas du Japon était très bien organisée, de sorte que la plupart du temps il fut le seul missionnaire russe, tandis que des convertis japonais -catéchistes et prêtres- effectuaient les activités de prédication; il les guidait seulement et les mettait sur la bonne voie. C'était magnifiquement organisé. Et en Indonésie, nous voyons quelque chose d'encore plus étonnant: il n'y a pas un seul missionnaire venu de l'extérieur du tout pour diriger et superviser, mais tout est fait par les Indonésiens eux-mêmes.

Parmi les paroissiens, un couple de personnes âgées vient à l'esprit-la princesse héritière de Bali et son époux. Elle s'est convertie à l'Orthodoxie, lorsque son mari était dans le coma et que les médecins ne lui donnaient pas un pronostic favorable. Mais cette grand-mère a commencé à prier avec ferveur pour que le Seigneur, même pour un court laps de temps, lui permette de reprendre conscience, de sorte qu'il serait en mesure de recevoir le baptême et ne pas mourir sans baptême. 

Le Seigneur exauça sa demande et plus encore: non seulement son époux reprit conscience, mais il récupéra complètement. Maintenant, ils vont tous deux à l'église. Quand elle a découvert que j'étais russe, la princesse a partagé avec moi le fait qu'ils allaient aller en pèlerinage en Russie et qu'ils étaient très ravis à ce sujet.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Editions des Syrtes/ Salon de Genève, w/e du 2 et 3 mai...


Samedi 2 mai
13.00 – Table ronde sur les traductions actuelles du russe vers le français, avec le soutien de l’Institut de la traduction. Participent à la discussion le slaviste Georges Nivat, l’interprète et directrice de la chaire de slavistique à l’Université de Lausanne Anastasia de La Fortelle ainsi que les éditions des Syrtes, Noir sur blanc et Verdier. Sur le stand de la Russie.
Dimanche 3 mai
14.00 – Entre journal intime et journal de guerre. Présentation du Journal de Gueorgui Efron, fils de la poétesse Marina Tsvetaeva (Editions des Syrtes, 2014). Entre soucis d’adolescents, réflexions sur la situation politique en Europe et quotidien d’un citoyen soviétique, ce Journal plonge le lecteur dans la réalité implacable de ce pays avant et durant la guerre. Sur le stand de la Russie.

jeudi 30 avril 2015

Barbarie islamique



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La lumière se fait peu à peu sur le martyre des chrétiens éthiopiens, dont le meurtre a été diffusé dans l'une des dernières vidéos de propagande par l'État islamique (EI). Dans un article paru sur le site de l'Institut pontifical des missions étrangères (PIME)MissionOnLine, Giorgio Bernardelli lève le voile sur une histoire pour le moins inattendue. Selon lui, parmi les 28 immigrés éthiopiens assassinés, en réalité, tous n'étaient pas chrétiens : l'un d'eux était musulman. Son nom : Jamaal Rahman. Et tout porte à croire qu'il ait de lui-même décidé de rester à leurs côtés. Un milicien Shebab, fondamentaliste islamique somalien, serait à l'origine de cette information.

Tué comme un chrétien selon le journal Somaliland, deux hypothèses permettent d'expliquer les raisons pour lesquelles un musulman ait pu subir le même sort que des chrétiens. Selon la première hypothèse simple, Rahman Jamaal se serait converti au christianisme pendant le voyage. Mais une seconde version, plus probable, avance qu'il se serait porté volontaire, face aux djihadistes, pour subir le même traitement que ses compagnons. Peut-être a-t-il imaginé, espéré, que la présence d'un musulman aux côtés du groupe changerait leur destinée. Il n'en a finalement rien été, les djihadistes n'ont fait aucune distinction et l'ont tué comme s'il s'agissait d'un chrétien. L'histoire et le choix de Jamal Rahman rappellent celui deMahmoud Al 'Asali, le professeur d'université musulman qui s'était opposé à la persécution des chrétiens dans la ville et qui avait connu le même sort.


Professeur Mahmoud Al 'asali
Musulman, défenseur des chrétiens de Mossoul qui paya 
de sa vie leur défense

Source: Diakonia

Editions des Syrtes/ Salon de Genève



Vendredi 1er mai
11.00 – Un voyage ethnographique en Sibérie. L’anthropologue Dominique Samson Normand présente le livre du prêtre orthodoxe Irinarkh Chemanovski, Journal de Sibérie (1903-1911) (Editions des Syrtes, 2015). Les réflexions emplies d’humanité du prêtre plongent le lecteur dans la vie des peuples autochtones du nord de la Russie. Sur le stand de la Russie.
14.00 – L’année de la littérature : lire Soljenitsyne aujourd’hui. Georges Nivat, slaviste, traducteur et directeur de l’ouvrage Soljenitsyne, le Courage d’écrire (Editions des Syrtes, 2012) et Ludmila Saraskina, critique et auteur de la célèbre biographie de Soljenitsyne, s’entretiendront avec le public de l’héritage de ce grand écrivain, ainsi que de son actualité.Sur le stand de la Russie.


mercredi 29 avril 2015

Cimetières orthodoxes d'Alaska


Saints of Alaska

Saints d'Alaska (de gauche à droite):
Saint Germain, saint Jacob, saint Pierre, 
saint Juvénal, saint Innocent

La première chose que vous voyez au cimetière d'Eklutna en Alaska, c'est une église blanche, nette, avec des dômes en forme de bulbes cuivrés qui sont surmontés de la croix orthodoxe russe à trois branches.

L'église est un rappel de l'époque où l'Alaska appartenait à la Russie impériale. Mais cela ne vous prépare guère pour la combinaison unique d'influences amérindiennes et russes orthodoxes dans le cimetière adjacent.

Notre guide est Aaron Leggett, qui attend patiemment sous une pluie légère mais constante pour expliquer les traditions funéraires de sa communauté.

Eklutna est un village autochtone Dena'ina, juste à côté de l'autoroute à environ 35 kilomètres au nord d'Anchorage.

Selon Leggett, anthropologue et conservateur au musée d'Anchorage, les Dena'inas sont un peuple Athabascain, qui ont occupé la zone  du détroit de Cook du sud de l'Alaska central depuis plus de 1000 ans. Les Athabascains font partie d'un vaste groupe de langue amérindienne qui s'étend au Canada et au Mexique. Ils sont linguistiquement liés aux Apaches et aux Navajos.

Avant de rencontrer les commerçants de fourrures et les prêtres russes qui ont commencé à venir sur la côte au début des années 1700, les Dena'inas incinéraient leurs morts.

Leggett dit que les cendres étaient généralement mises dans un panier d'écorce de bouleau et placées dans un arbre ou sur la rive d'une rivière, dans la conviction que cela permettrait de libérer les esprits pour faire leur dernier voyage vers ce que les Dena'inas appelaient "le Haut Pays."

Les Dena'inas ont commencé à se convertir à l'Orthodoxie russe vers 1836, dit Leggett, après une épidémie de variole qui effaça la moitié de leur population.

"Mais quand nous nous sommes convertis à l'Orthodoxie, l'Église nous a interdit la crémation des restes humains," dit-il. "Et par conséquent, nous avons construit ces maisons d'esprit, où les esprits auraient un endroit où aller - pour ne pas importuner les vivants jusqu'à ce qu'ils fassent ce voyage final."

Selon les traditions de l'Eglise, l'esprit aurait besoin de  jusqu'à 40 jours pour faire ce passage depuis la tombe. Dans le cimetière d'Eklutna, environ 100 maisons d'esprit se rassemblent près de la lisière de la forêt, à l'abri de bouleaux et d'aulnes.

La plupart des maisons sont comme de longues et basse boîtes construites sur les tombes. Elles ont des toits en pointe, généralement avec une planche en forme d crête de coq qui longe la crête. Les planches sont découpées en motifs fantaisie, comme le pain d'épice de l'époque victorienne.

Conformément aux croyances des Dena'inas, les maisons offrent un abri pour l'esprit. Et selon la tradition orthodoxe, les corps sont enterrés dans le sol. Mais un enterrement orthodoxe est un processus éreintant dans un endroit qui est construit sur la roche érodée du glacier.

"Vous ne pouviez pas choisir un endroit qui est plus inopportun pour enterrer quelqu'un", dit Leggett. "Vous descendez en creusant d'environ 7 centimètres, et vous commencez à rencontrer ces très grandes roches. Ainsi, cela devient un travail éreintant, et vous devez vraiment avoir une équipe de personnes pour être en mesure de creuser assez pour enterrer une personne."

Leggett le sait. Sa famille vient d'Eklutna, et de nombreux membres de la famille sont enterrés ici.

Une fois qu'un corps a été enterré, dit Leggett, une couverture est répartie sur les pierres qui sont en monticule sur la tombe. "Ce que c'est, c'est symbolique de couvrir la personne," dit-il. "Vous les enveloppez de chaleur, et aussi, dans de nombreuses cultures amérindiennes, les couvertures en laine étaient un signe du commerce et de richesse, donc c'était juste une autre façon de montrer du respect."

Quand elles sont terminées, les maisons sont placées sur le dessus de la couverture. La plupart sont peintes dans des couleurs primaires: bleus, rouges et jaunes lumineux.

Certaines ont des fenêtres et des vérandas - l'une d'elle a même une coupole - mais elles sont modestes par rapport à ce chef-d'œuvre qui se dresse tout seul, dans un bosquet près du bord du cimetière. Il a été construit pour la grand-mère de Leggett, personne importante de la communauté.

"Ma grand-mère était Marie," dit-il. "Son nom de jeune fille était Marie Ondola; son nom d'épouse était Marie Rosenberg Et elle est décédée en 2003.»

La maison de l'esprit de Marie Rosenberg est un modèle de bâtiment de bois blanc de deux étages, avec des fenêtres en verre et un toit de tôle rouge qui scintille sous la pluie.

«C'est en fait basé sur le dortoir des filles à l'école professionnelle d'Eklutna qui a été exploité par le Bureau des Affaires indiennes ici à Eklutna de 1925 à 1945," dit Leggett.

Construit sur un châssis en acier soudé par Frank, l'oncle de Leggett, la maison a environ 1,20 mètre de haut, entourée de bouquets de fleurs artificielles. "Dans cent ans, cette église pourrait ne plus être debout, mais cette maison d'esprit le sera, elle" dit Leggett.

La pluie perle sur les fenêtres de la maison de l'esprit, où une icône de la Vierge Marie pose son regard, au-delà de la lisière du cimetière d'Eklutna, et dans les arbres.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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RESSOURCES SUR L'ALASKA ORTHODOXE 
( SPIRITUALITE, TEXTES; 
LANGUES AMERINDIENNES AUTOCHTONES, ETC…)

ICI

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Premières versions du NOTRE PERE 
EN TINGLIT ET ALEOUTIEN
(1804/1816; Reprint 2013)

ICI

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Editions des Syrtes/ Salon de Genève



Jeudi 30 avril
11.00 – L’émigration russe blanche. L’historien Nicolas Ross présente l’Etat russe blanc de Crimée à la fin de la guerre civile, avant l’émigration de l’armée blanche, à travers son ouvrage La Crimée blanche du général Wrangel (Editions des Syrtes, 2014). Sur le stand de la Russie.
15.30 – Table ronde « Suisse-Russie dans l’entre-deux guerres : ruptures et contacts » avec les historiens Nicolas Ross et Jean-François Fayet. Sur le stand du Cercle.

mardi 28 avril 2015

Père Andrew [Phillips]: Croyons-nous au destin?





Père Andrew [Phillips]

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Dans quelle mesure, dans l'Orthodoxie, croyons-nous au destin, et dans quelle mesure croyons-nous dans notre propre volonté de changer les choses. 

Je sais par exemple que quand quelque chose se passe mal les gens disent souvent que c'était la volonté de Dieu, mais là encore nous prenons la décision de  pécher (parfois inconsciemment). 

Je pense souvent que mes péchés pourraient être reliés à quelque chose qui est faux; souvent les gens (du moins dans ma culture) disent "Dieu te punira!"

Et puis aussi, quelle est la différence entre être tenté par le Diable, et être testé par Dieu.

Paul Subotic

Réponse de Père Andrew:

Dans l'esprit éternel de Dieu, il n'y a pas de temps, donc Il connaît le passé, le présent et l'avenir. Mais puisqu'Il nous donne une liberté complète, Il ne nous force en rien, même s'Il sait tout. 

Il n'y a donc [pour nous chrétiens orthodoxes] aucune forme de prédestination, mais il y a la prescience de Dieu. Par la grâce de Dieu, les prophètes et le clairvoyant sont autorisés à voir quelques petites parties du passé, du présent ou du futur, mais pas plus.

Il n'existe donc pas une chose telle que la prédestination ou le destin, dans le sens déterministe, ce sont des idées païennes. Nous sommes totalement libres. (Bien que, bien sûr, on puisse parler dans un sens large à partir d'une perspective d'avenir que "le destin de quelqu'un était de…", quand on parle de l'histoire de sa vie). Nous sommes libres de vivre notre vie, c'est-à-dire de faire la volonté de Dieu ou de ne pas la faire.

Lorsque quelque chose arrive parce que nous avons prié à ce sujet, nous pouvons dire que c'est la volonté de Dieu (même si le résultat n'est pas du tout ce que nous aurions souhaité) par les prières de telle ou telle personne. Si nous ne prions pas pour que la volonté de Dieu soit faite, alors bien sûr nous ne pouvons pas dire que quelque chose est nécessairement la volonté de Dieu, seulement que Dieu l'a permis pour nos péchés (id est notre manque de prières). 

Si nous ne prions pas, alors toutes sortes de choses qui ne sont pas la volonté de Dieu, peuvent nous arriver, si Dieu leur permet de se produire. Par exemple, parfois Dieu permet que nous soyons tentés par le Diable pour nous montrer que nous devons prier. Certaines personnes appellent cela être testés par Dieu.

L'expression "Dieu te punira" est une expression couramment utilisée par des personnes en marge de l'Eglise (et donc aussi dans l'Ancien Testament). Dieu comme Dieu d'amour ne nous punit pas, nous nous punissons. Mais Dieu permet vraiment que de telles choses se produisent et adviennent , paradoxalement pour notre bénéfice (nous pouvons apprendre, grandir et mûrir à travers la souffrance). Ainsi ce qui est négatif peut devenir bon.

Tout cela est connu comme Providence (= prévoyance) de Dieu (Le terme grec "économie" ou le mot latin "dispensation" sont également utilisés dans ce sens de Providence).

J'espère que ceci vous aide,

Père Andrew

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Sur l'excellent blog de Maxime

Les églises russes au printemps...


et aussi:


REVUE DE PRESSE du 24 Avril 2015


NÉGATIONNISME :
Obama aussi refuse de parler de "génocide" arménien
Réforme du collège : en histoire, la chrétienté médiévale rendue facultative
"Pologne nazie" dans un jeu américain : colère du ministre polonais des Affaires étrangères
Tout le monde ment à tout le monde, et surtout sur l’Ukraine !
Les Européens réalisent qu'on leur ment sur l'Ukraine

ÉGLISES :
Attentat "évité" : les évêques de France appellent à "ne pas céder...
Attentats déjoués. Sid Ahmed Ghlam, un jeune homme ordinaire et discret
On les reconnaîtra à leurs fruits…( Matthieu 7:16)
L'Église arménienne canonise les 1,5 million de victimes du génocide

SCIENCES:

La nature a déjà (presque) tout inventé
Dans le cerveau d'une patiente, l'embryon de son jumeau
Des chercheurs chinois modifient génétiquement des embryons humains
Espace. Hubble a déterminé l'âge de l'Univers
Santé. Des implants oculaires donnent espoir aux aveugle
Les lunettes qui vont protéger vos yeux des écrans

MOEURS :

La Chine interdit les strip-teases aux enterrements
La Manif pour tous devient officiellement un parti politique.

BUSINESS SANS FRONTIÈRES ET GUERRES ASSOCIÉES :
L'ignoble (et très lucratif) commerce des passeurs
Un taux de radioactivité record dans un jardin d'enfants de Tokyo
Incorporer le yuan aux Droits de tirage spéciaux
Les États-Unis vont vendre pour près d’1 milliard de dollar d’armement au Pakistan
Hillary Clinton - La marionnette «libérale» pour la guerre (en anglais)
Airbus aurait été espionné par les services de renseignement allemands pour le compte des Etats-Unis
Grèce : les signes d'ouverture de Varoufakis à l'Eurogroupe
Monsanto a un « service entier » pour discréditer tout scientifique qui s’oppose à lui
La voie de l’Islande pour sortir de la crise financière
Aujourd'hui l'Irak ou l'Afghanistan, la Libye, leYémen, demain ce pourrait être l'Afrique ? (en anglais)
[Airbus, Eurocopter] Les services de renseignement allemands « sous-traitants »
pour le compte des États-Unis

FRANCE :

L'exécutif ponctionne 50 écoles et universités

Et maintenant la France vend son ambassade en Malaisie
Le rsi continue à harceler les commerçants avec des nouvelles taxes
L'arnaque de la hausse du cac-40: la bourse de Paris licencie !
L'incroyable arnaque du prochain vote des régionales de décembre 2015

GÉOPOLITIQUE :
Géopolitique : Approche idéaliste et réaliste.











Nous nous souvenons du génocide arménien!

lundi 27 avril 2015

Célébrations de la Sainte Pâques au Pakistan




Avec la bénédiction de Son Eminence le métropolite Hilarion, archevêque d'Amérique de l'Est et de New York, premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger, le 12 Avril 2015, les fidèles de l'ERHF au Pakistan, ont joyeusement participé à la Divine Liturgie pascale. 

La congrégation a eu la chance de se préparer pendant la Semaine Sainte. Les paroissiens ont participé aux offices à partir du Dimanche des Rameaux; ce sont les fêtes les plus joyeuses de l'année, alors que nous commémorons l'entrée de notre Seigneur à Jérusalem et avec grande passion et un esprit véritable, les fidèles orthodoxes ont bien appris de Père Joseph Farooq à suivre les saintes traditions de l'Eglise orthodoxe au cours de la Semaine de la Passion. Tous les principaux services ont été bien suivis, et de nombreux paroissiens reçurent le sacrement de la confession et la Sainte Communion.


Cette année, un séminaire a été organisé sur "le Grand Carême et les saintes traditions de l'Eglise orthodoxe russe." 

Dans ce séminaire Père Joseph Farooq apprit aux fidèles que le jeûne est très important pour les chrétiens orthodoxes, et selon les saintes traditions, les fidèles orthodoxes observent le jeûne le mercredi et le vendredi, durant toute l'année. 

En outre, il a mentionné que nous, chrétiens orthodoxes, jeûnons avant Noël, "Le Carême de la Nativité." Les fidèles ont aussi appris que Le Samedi Saint est un jour de jeûne strict pour les chrétiens orthodoxes russes. Le motif de ce séminaire était la préparation spirituelle de la communauté orthodoxe à la sainte Pâques.


Epître Pascale de 2015 du métropolite Hilarion:
   
Son Eminence le métropolite Hilarion dans son épître pascale a salué tous les fidèles de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger du Pakistan pour la Grande fête de la Résurrection du Christ. 

Cette épître pascale renforce le clergé et les fidèles orthodoxes avec l'enseignement unique de l'Eglise apostolique indivise, et Son Éminence le métropolite Hilarion encourage les croyants à l'occasion de la grande fête de la splendide Résurrection du Christ en disant: "Au milieu de nos peines et de tentations, renouvelle-nous tous dans la joie de Sa résurrection Vivifiante, soutiens la foi et la piété en nous, illumine-nous avec confiance à l'entrée de la fête éternelle du jour sans déclin de Son Royaume. Amen."


Participation active de la Congrégation:
    
Cette année, tous les fidèles et catéchumènes orthodoxes ont joyeusement participé à tous les offices. et sont passés par l'expérience spirituelle de la Semaine Sainte. 

A part cela, ils ont appris les saintes traditions de l'Eglise orthodoxe russe. Les jeunes de la paroisse orthodoxe Saint-Serge, volontairement et avec esprit et passion, ont décoré l'espace de l'église avec des drapeaux, des bannières et des rubans colorés. La joie pascale, triomphe de la vie, la résurrection du Christ apportent de nombreux bienfaits pour l'Eglise orthodoxe au Pakistan et dans le monde.

Humble demande:



Avec la bénédiction de Son Eminence le métropolite Hilarion, archevêque d'Amérique de l'Est et de New York, premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe russe à l'étranger, en l'an 2015, Dieu voulant, nous serons en mesure d'acheter un terrain et de construire la première sainte église orthodoxe russe au Pakistan, et une école pour les enfants chrétiens orthodoxes et non-orthodoxes. 

Je prie Dieu avec ferveur qu'Il nous envoie de bons et généreux donateurs pour l'achèvement de ce projet sacré.

Mission: Mission orthodoxe Saint Michel Archange au Pakistan.
Paroisse: Saint-Serge de Radonège Eglise orthodoxe du Pakistan à Sargodha.

Pour tout renseignement sur l'Eglise orthodoxe russe hors frontières au Pakistan, veuillez contacter: fr.joseph.rocpk@gmail.com

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Orthovideo: Chant byzantin de Pâques en Français

dimanche 26 avril 2015

Sagesse des Théophores

"Nous sommes le peuple de Pâques, vivant dans un monde de Vendredi Saint" 
Barbara Johnson

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efrem katunak in

Si tu es occupé, si tu as quelque chose à faire, n'abandonne pas la prière de Jésus, parce qu'elle te glorifiera.

Staretz Ephraim de Katounakia

*

Amphilochios Makris IN R



Avec une bonne parole sur ton prochain pour le défendre, tu achètes le Paradis.

Staretz Amphilochios [Makris] de Patmos

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Gavriil Dionysiou 1977 DL


Quand il est venu dans le monde, notre Seigneur Jésus-Christ eut un respect total de la liberté de nous Ses serviteurs: "Que ceux qui souhaitent le faire, me suivent."

Alors, nous, Ses partisans, devons-nous déclarer une guerre implacable contre toute personne qui n'accepte pas nos vues, contre ceux qui sont en désaccord avec nos vues sur l'idéologie, la politique ou un parti?

Staretz Gabriel de Dionysiou

*


vasile cel mare, ic s 16, Hilandar IN

Veille à connaître la santé et les maladies de ton âme.

Saint Basile le Grand

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Charalampos igoumenos Dionysiatis1


Nous disons que la prière mentale est pour tous les chrétiens. La prière mentale est aussi appelée prière du cœur.

Tu demandes si la prière  dite à haute voix peut aussi être appelée prière du cœur… A moins qu'elles ne soient pures, ni la prière mentale, ni la prière dite à haute voix, ne peuvent être appelées prière du cœur.

Staretz Haralampos de Dionysiou

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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Parouir Sevak [Պարոյր Սեւակ], grand poète arménien: "Le Clocher qui ne se tait pas"




Source

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Le clocher qui ne se tait pas

Le printemps est arrivé mais la neige est tombée 

Ils ont poignardé, ils ont exterminé,


Ils ont coupé les têtes des grands et des petits,


Ils ont égorgé et martyrisé…


Ils ont détruit et brûlé...

Le sang et les larmes ont coulé

De la rougeur du sang, ils ont coloré les vallées et les montagnes

Ils ont détruit le ciel bleu

Ils ont tué notre peuple

Ils ont changé le pays plein de biens

En un pays des miettes;

L'offrande sacrée, ils l'ont mise dans la bouche du chien ...

Ils ont voulu laisser un seul arménien

Ils l'ont voulu... Pour le musée.

Le printemps est arrivé mais la neige est tombée
.


*


Icône des martyrs arméniens
victime du génocide des ottomans

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Note: Parouir Sévak (en arménien Պարույր Սևակ), né Parouir Rafaeli Ghazaryan (24 janvier 1924 à Chanaghchi (Arménie), a vraisemblablement été assassiné avec son épouse le 17 juin 1971 par le KGB (Cf. Սերգեյ Գալոյանը [Serge Galoyan]Պարույր Սեւակ.զուտ սովետական սպանություն (Un assassinat purement soviétique), Erevan, 2007 (en arménien)

Editions des Syrtes: Orthodoxie/ Prochaines parutions...


EDITIONS DES SYRTES


Déjà publiés dans le domaine "orthodoxe":




Bernard Le Caro

Le Grand Carême


Grégoire du Mont Athos Hiéromoine



Chevkounov Tikhon



Saint Théophane le Reclus



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PROGRAMME 
Mai-juin 2015 



BOULGAKOV 
Ma vie dans l’orthodoxie, 
Notes autobiographiques 
Traduit du russe et annoté par Irène Rovere-Sova et Mireille Rovere-Tsivikis 
Introduction de Nikita Struve 
Spiritualité orthodoxe 
En librairie le 13 mai 2015 
Le père Serge Boulgakov appartient à ces génies créateurs qui ont vécu plusieurs vies, plus intenses les unes que les autres : une enfance reli-gieuse au sein d’une nature paradisiaque, un long passage par l’athéisme et les idéaux marxistes, un retour à l’idéalisme philosophique et religieux, puis à la foi chrétienne, le conduisant, au début de la révolution russe, à l’ordina-tion sacerdotale. Les événements révolutionnaires de son pays ont boule-versé sa vie : pendant la guerre civile un exil involontaire de trois ans en Cri-mée, puis l’arrestation par les autorités soviétiques et son expulsion en Occi-dent. S’ensuivent vingt-deux ans d’émigration: une prodigieuse vie créatrice dans l’Eglise, à la fois théologique – vingt ouvrages fondamentaux et des centaines d’études et d’articles –, pastorale, et administrative à l’Institut Saint-Serge de Paris, ponctuée en 1934 et en 1939 de deux maladies presque mortelles. 
Par ailleurs Boulgakov n’a jamais été un intellectuel pur, il a toujours rattaché sa vision du monde et ses oeuvres aux différents épisodes de sa vie, à la façon dont elles ont été ressenties par lui en son for intérieur et à la lumière de sa foi. Ainsi, il avait été tenté de partager avec les lecteurs ses souvenirs et ses réflexions autobiographiques. Les tout premiers textes réu-nis dans ce livre figuraient déjà dans son premier grand ouvrage théologique paru en 1917 à Moscou, La lumière sans déclin. En Crimée, craignant que sa vie ne fût définitivement brisée, il rédigea à l’attention de ses enfants un gros cahier de souvenirs qui fut perdu. En émigration, ce n’est qu’en 1934, à l’occasion de son voyage en bateau aux États Unis, et en 1939, « grâce » à sa maladie, qu’il eut enfin le temps de revenir à son projet autobiographique, mais il ne le mena pas jusqu’à son terme et, la guerre arrivée, ne put l’éditer. Ce n’est qu’en 1946, deux ans après sa mort, que son fidèle disciple et ami Léon Zander publia le manuscrit aux éditions YMCA-Press sous le titre Écrits autobiographiques : c’est le texte que nous présentons aujourd’hui en traduction française. 
Fils de prêtre orthodoxe, le Père Serge Boulgakov (1871-1944) a d’abord été attiré par le marxisme, avant de s’en détourner pour être ordon-né prêtre en 1918. Expulsé de Russie quatre ans plus tard, il s’installe d’abord à Prague, puis participe à la fondation de l’Institut orthodoxe de théologie Saint-Serge à Paris dont il prend un temps la direction et où il en-seigne la théologie dogmatique jusqu’à sa mort. Nombre de ses oeuvres ont été publiées aux éditions L’Age d’Homme (L’Orthodoxie, La Lumière sans déclin, La Philosophie de l’économie, Du Verbe incarné). 


Serge BOULGAKOV 
Judas Iscarioth, l’apôtre félon 
Traduit du russe par Michel Niqueux et préface de Nikita Struve 
Spiritualité orthodoxe 
En librairie le 13 mai 2015 
« Dans le tissu d’or des hymnes de la Semaine sainte, un fil vient troubler le regard, une douloureuse dissonance fait irruption dans leurs har-monies célestes : l’image de l’apôtre félon. Nous en sommes comme ma-lades pendant ces jours saints. Et l’Église ne ménage pas notre sensibilité, en accordant à Judas une place et une attention telles qu’il apparaît comme un des personnages centraux du mystère de la Passion, semblant même occulter les autres apôtres par son opposition au Christ. Judas, “serviteur et fourbe”, n’est dans la poésie liturgique qu’un simple avare ayant vendu son Maître pour de l’argent. » C’est avec ces mots que le Père Serge Boulgakov, l’un des plus éminents théologiens du XXe siècle, débute sa réflexion à pro-pos de la plus terrible trahison de l’Histoire. 
Le point de départ de la réflexion de Boulgakov est le refus d’accep-ter que la personnalité et la trahison de Judas soient réduites à un problème d’argent et de pure bassesse. À ses yeux il est regrettable que les offices byzantins de la Semaine sainte, dès les complies du Mardi jusqu’aux ma-tines du Vendredi saint, ne cessent de rabâcher que « Judas est un voleur et un fourbe ». Pour lui, il s’agit d’une interprétation irrecevable : on ne peut croire que Jésus-Christ ait pu choisir comme apôtre un homme médiocre et faible, Boulgakov se refuse à une condamnation sans rémission de Judas. 
TABLE DES MATIÈRES 
Judas dans la pensée du père Serge Boulgakov 
Première partie : historique 
Qui est-il ? 
Judas apôtre 
La trahison de Judas 
La sainte Cène 
Le baiser de Judas et la fin du traître 
Deuxième partie : dogmatique 
Conclusion 
Fils de prêtre orthodoxe, le Père Serge Boulgakov (1871-1944) a d’abord été attiré par le marxisme, avant de s’en détourner pour être ordon-né prêtre en 1918. Expulsé de Russie quatre ans plus tard, il s’installe d’abord à Prague, puis participe à la fondation de l’Institut orthodoxe de théologie Saint-Serge à Paris dont il prend un temps la direction et où il en-seigne la théologie dogmatique jusqu’à sa mort. Nombre de ses oeuvres ont été publiées aux éditions L’Age d’Homme (L’Orthodoxie, La Lumière sans déclin, Le Paraclet, Du Verbe incarné). 


Vassili ROZANOV 
Dernières feuilles 
Préfacé et traduit du russe par Jacques Michaut-Paterno 
Littérature 
En librairie le 5 juin 2015 
L’oeuvre immense de Vassili Rozanov est encore peu connue. Pour-tant ses écrits passionnèrent les milieux intellectuels de la période prérévo-lutionnaire. Biely, Berdiaev, Chestov, Florenski saluèrent son génie. Il com-mença slavophile, conservateur, respectueux des autorités constituées des trois principes russes : autocratie, orthodoxie, nationalisme, pour ensuite al-ler vers des excès de révolte. 
On distingue dans l’oeuvre de Rozanov trois thèmes essentiels : la métaphysique du sexe, les rapports du christianisme avec le judaïsme, et la signification historique, politique et religieuse de la littérature russe. Ses Der-nières feuilles illustrent son pluralisme culturel, idéologique et religieux. Ro-zanov est un fidèle de l’Église orthodoxe. Il chérit en elle tout ce qui la relie à la réalité la plus intime de la vie familiale, mais au fil des années, il met de plus en plus en doute ce qu’il considère comme l’essence propre du christia-nisme et défend avec acharnement, contre la religion chrétienne, les valeurs du monde charnel, dans le sens de la famille et de la procréation. La famille, sa mystique chaleur animale, la chambre à coucher des époux avec ses lampes et ses icônes bénies : c’est là son lieu, son nid, son paradis. 
Rozanov, c’est le langage parlé, l’écriture de l’instant. Collage de pensées, demi-soupirs ou rêveries d’une intimité qui scandalisa souvent à l’époque, ces bribes d’un murmure ininterrompu et souvent localisées au moment de leur surgissement (sur une quittance de la poste, en attendant mon tour à confesse, en m’occupant de choses et d’autres, sur un transpa-rent, etc.) constituent la part la plus originale de l’écriture rozanovienne. Lui qui se considérait comme le dernier des écrivains, apparaît comme le pre-mier sourcier d’une littérature libérée, où tous les genres se mêlent, carnet journalier et pamphlet, dialogue de théâtre quotidien et critique sociale, mé-ditation pascalienne et croquis de moeurs, tableaux de la vie privée, corres-pondance ou esquisse de roman, invectives ou billets doux… 
Vassili Rozanov (1856-1919) est un écrivain et polémiste russe. Il commence une carrière de professeur d’histoire et de géographie, puis pu-blie régulièrement des textes et articles s’impliquant dans les débats de son temps. Ses prises de position rendent inclassables ses pensées religieuses et politiques. Il ne publie pas d’oeuvre majeure mais plus souvent des ar-ticles regroupés en recueils (Essais littéraires, 1899). Il passe ses dernières années à la Trinité-Saint-Serge, où sa fille est religieuse. Il lutte contre la sclérose qui le paralyse rapidement, de même que sa femme, et c’est donc leur fille qui s’occupe d’eux jusqu’à leur mort. 


Alexeï REMIZOV 
Koukkha, le tombeau de Rozanov 
Présenté et traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton 
Littérature 
En librairie le 5 juin 2015 
Koukkha est un court texte que Remizov a rédigé à Berlin en 1922- 1923. Sa publication fut largement saluée dans la presse de l’émigration. Il y évoque ses souvenirs sur Vassili Rozanov, rendant un bel hommage à l’un des écrivains et penseurs les plus originaux de son époque. 
Le titre résume à lui seul le propos de Remizov. Il s’agit d’un mot singesque créé dans le cadre de sa « Granlichamsin » ou « Grande et Libre Chambre des Singes », créée en 1908 par jeu et qui acquit, après 1917, une dimension politique de résistance. « Koukkha » signifie l’humidité et renvoie à l’importance de la semence dans la pensée de Rozanov, tournée vers le sexe, son rôle dans la vie de tout homme, ainsi que sur son rapport à la reli-gion. 
Alexeï Remizov et Vassili Rozanov se rencontrent en 1905 ; l’amitié entre eux fut immédiate et définitive. Rozanov mourut en 1919, Remizov s’exila en 1923 – et cette même année, à Berlin, il composa Koukkha
Le titre intrigue, de même que le sous-titre original « Lettres de Roza-nov » ou « Écritures rozanoviennes » ? Il ne s’agit pas d’un échange de cor-respondance mais de lambeaux de conversations, souvenirs de la vie litté-raire pétersbourgeoise de 1905 à 1917, fragments de lettres et de journaux intimes, mais aussi rêves, portraits, réflexions philosophico-érotiques, inter-mèdes scatologiques, dessins, récits de farces et autres tours pendables joués à leur entourage. Ce texte traduit l’amitié de Remizov pour Rozanov, sa compréhension de la pensée de son ami, son affinité avec ses question-nements. Rozanov y est représenté sans fausse pudeur, dans sa vérité la plus intime. Le livre fit scandale lors de sa publication, faisant trop directe-ment état de la vie sexuelle de Rozanov. 
Le lecteur trouvera dans ce texte, outre un portrait en creux de Remi-zov, des souvenirs sur la période de l’Âge d’Argent et sa pléiade de poètes et écrivains : Biely, Blok, Ivanov, Kouzmine, Goumilev, Khlebnikov, Tolstoï et bien d’autres, des fragments qui mentionnent les principaux événements historiques, notamment les révolutions de 1905 et 1917. Le livre présente ainsi un intérêt à la fois documentaire et esthétique. C’est une excellente introduction à l’univers de Rozanov, personnage énigmatique dont l’oeuvre est accessible en français. 
Alexeï Remizov (1817-1957, à Paris) est un écrivain russe. Il débute par ses OEuvres (1910-1912), qui comprennent romans, contes et légendes, en huit volumes. Il verse ensuite dans l’autobiographie, l’histoire, le merveil-leux, le dessin, collage et albums calligraphiés. 



Prochaines parutions: 
Michel AUCOUTURIER 
Boris Pasternak, un poète de son temps 
Biographie 
En librairie le 3 septembre 2015 
Egon BERGER 
Jasenovac, Témoignage sur un camp de la mort en Croatie 
Histoire 
En librairie le 3 septembre 2015