"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 28 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)i


Holy Trinity Monastery

9. Editeur et Père Spirituel ( VIII)

"J'ai reçu ta lettre pleine de tristesse et je me hâte de te répondre. Que puis-je dire à tout ce chagrin profond qui est devenu ton lot; il ne reste qu'à faire appel à notre aide infaillible, la Protectrice Céleste, avec ces paroles: "O Mère de Dieu, nous croyons que tu nous garderas et nous aidera à trouver notre voie hors de l'ordure du péché et à nous débarrasser du chagrin qui nous accable."

Le Seigneur nous demande de L'aider de tout notre cœur et de toute notre âme, mais comment est-il possible d'aimer quelqu'un que nous n'avons jamais vu, dont nous avons seulement entendu parler, dont des écrits nous ont parlé, mais que nous n'avons jamais ressenti comme Quelqu'un de vivant et d'inspiré? Et comment apprendre à aimer avec foi et espérance?

Si nous étions aussi simples que des enfants, le Seigneur aurait toujours été parmi nous et nous aurait montré le paradis et nous aurions vu Sa Gloire Céleste. Mais nous ne sommes pas humbles et ainsi nous nous tourmentons et nous tourmentons aussi ceux qui vivent avec nous.

"Il y a plusieurs sortes d'humilité. L'un est obéissant et se fait constamment des reproches en toute chose et c'est l'humilité. Un autre se repent de ses péchés et se considère comme le pire de tous les hommes et c'est l'humilité. D'autres se fient entièrement sur la volonté de Dieu dans l'humilité et la prière et la patience ( avec l'aide d'un père spirituel) et ainsi atteignent un état spécial d'humilité devant Dieu. Personne ne peut décrire cet état, et on peut simplement le connaître par le Saint Esprit; [si l'on était humble...] alors tout dans la vie changerait: les riches dédaigneraient leurs richesses, les savants leur science, les gouvernants leur gloire et leur pouvoir et vivraient humblement dans une grande paix et un grand amour, il y aurait une grande joie sur la terre...

Le Seigneur empêche beaucoup de Le connaître à cause de leur orgueil, pourtant ils croient encore qu'ils en savent beaucoup. Mais que vaut leur connaissance s'ils ne connaissent pas leur Seigneur, leur Père Céleste, s'ils ne connaissent pas la grâce du Saint Esprit, s'ils ne savent comment Il vient et pourquoi Il disparaît.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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vendredi 27 juin 2008

Saint Georges de Philadelphie, néomartyr


Monk Praying On Holy Mt. Athos

Georges, le bienheureux néomartyr du Christ naquit de pieux parents dans la ville de Philadelphie. Quand il atteignait l’âge qui convient à une telle chose, il apprit le métier de bourrelier. Il quitta cependant sa région pour s’installer dans la province d’Héliopolis, dans la petite ville de Karatzasos où il ouvrit un atelier et pratiqua son métier.

Une nuit tandis qu’il festoyait avec avec ses amis, l’un d’eux quitta le groupe et sortit pour satisfaire un besoin naturel. Comme il était ivre, il tomba d’une grande hauteur et fut tué. Selon la coutume, les autorités du lieu infligèrent une amende à chacun d’eux, et les chrétiens ayant dressé une liste de ceux qui étaient présents ce soir-là, chacun devait payer une partie de l’amende. 

Or le bienheureux Georges protesta et dit: "Je ne paierai pas une telle amende, car c’est une grande injustice pour quiconque de devoir payer quoi que ce soit quand il est innocent!" Alors, comme il s’obstinait, il devint nécessaire de l’amener devant les autorités. Quand on lui demanda pourquoi il ne voulait pas payer sa part, il répondit courroucé: "Y a-t-il une loi qui dise que lorsqu’un grec est tué les turcs doivent payer une amende?" Entendant cela, le juge lui demanda: "Qui es-tu?" Georges aveuglé par la colère répondit, hélas, qu’il était musulman. Entendant cela, ils ne perdirent pas de temps, ils se saisirent de lui et en firent un musulman.

 Cependant, quelques jours plus tard, Georges retrouva le sens commun et réalisant quel mal il avait fait, il se repentit. En pleurant amèrement, il rechercha le pardon de sa faute. A la première occasion, il s’enfuit aux confins du Mont Athos. Confessant son péché, il resta quelques années sur la Sainte Montagne. Là, il accomplit son épitimie et fut chrismé. De plus, il essaya de toutes manières possibles d’effacer le grand péché qu’il avait commis. 

Mais sa conscience le troublait tandis qu’il se remémorait les paroles du Christ: “... celui qui Me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant Mon Père qui est dans les Cieux.” ( Matthieu, 10:23) Il conjectura qu’il n’y avait d’autre moyen d’être absous du crime d’avoir renié le Christ que de Le confesser à nouveau auprès de ceux devant lesquels il L’avait renié.

Tandis qu’il méditait ainsi, le désir du martyre s’enflamma dans son cœur. Il fit part de ses pensées à plusieurs pères spirituels qui furent tous en accord avec son désir. Ensuite, il commença à distribuer toutes ses possessions en aumônes aux Pères athonites, leur demandant d’intercéder auprès de Dieu pour qu’Il le fortifie et le maintienne ferme dans la foi et qu'il puisse supporter avec succès les épreuves du martyre. Alors il partit pour Karatzasos où il avait autrefois renié le Christ, afin de confesser sa foi en Lui.

Quand les turcs virent le martyr, ils le reconnurent immédiatement. Ils le saisirent et l’amenèrent devant le juge en disant haut et fort qu’il avait renié le Christ, et qu’il était devenu musulman et qu’à présent il portait des vêtements qui ne témoignaient pas de sa foi musulmane.
 
Le martyr du Christ affirma avec hardiesse: "En vérité je suis Hadji-Georges qui un jour par stupidité s’égara, renonça à sa foi et accepta la vôtre. Mais j’ai voyagé dans de nombreuses contrées et j’ai compris que votre religion est fausse et c’est pourquoi je suis venu vous la rendre parce que j’ai grandement péché lorsque j’ai quitté ma foi originelle qui est la vraie foi. C’est pourquoi je confesse devant vous que je suis à nouveau chrétien et que mon nom est Georges. Je suis prêt à verser mon sang par amour du Christ. Vous avez entendu ma décision. Faites-donc de moi ce qu’il vous plaîra, je ne renierai jamais le Christ."

Quand le juge entendit cela, il essaya de diverses manières de le faire changer d’avis, mais le martyr resta adamantin dans sa foi en Christ. Enfin, voyant que les convictions de Georges restaient inchangées, il ordonna qu’on le jette en prison et qu’on le torture de diverses manières jusqu’à ce qu’il se détourne de la foi du Christ.

Quand ses serviteurs reçurent cette permission du juge, ils se jetèrent sur le saint comme des bêtes sauvages. Alors il fut mis à l’isolement en cellule pendant huit jours, ils le torturèrent de diverses manières. Ils étirèrent tellement ses jambes sur le chevalet de torture que ses membres furent presque réduits en charpie. Ils mirent aussi un chaudron rougi au feu sur la tête et lui en firent un chapeau. Ils enroulèrent une corde et la firent tourner autour de sa tête avec un bâton comme pour l’y visser. Sa tête fut si comprimée que ses yeux sortirent de leur orbite. 

Mais l’intrépide soldat du Christ, bien qu’il fût au bord du trépas à cause de la multitude des tourments qu’ils lui infligeaient, criait: "Quoi que vous me fassiez, je ne renierai jamais ma foi. Je suis né chrétien et je mourrai chrétien."

Ainsi, voyant qu’ils étaient incapables d’amener Georges à penser comme eux, ils en informèrent le juge, lequel décida de le faire exécuter. Les bourreaux saisirent Georges et l’amenèrent au lieu du supplice et lui coupèrent le chef le 2 octobre 1794. 

Ainsi le bienheureux reçut la couronne du martyre des mains du Christ, notre Dieu à qui reviennent toute gloire, honneur et adoration avec le Père et le Très Saint et Vivifiant Esprit, maintenant et toujours et aux siècles des siècles, amen! 

Version française Claude Lopez-Ginisty

Notes:
Hadji en arabe, hatzi dans la transcription grecque, signifie celui qui a effectué le pélerinage à la ville sainte de Jérusalem. Il est une pieuse coutume qui subsiste encore dans certaines églises grecques et qui consiste à communier les “hadjis” sous l’appellation de Pélerin ( proskinitaire) ... suivi du prénom de la personne.
Epitimie: Pénitence pédagogique proposée à celui qui se confesse afin qu’il comprenne sa faute et réintègre la communion des fidèles.
Les chrétiens et les juifs devaient porter des vêtements distincts de ceux des musulmans.

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)h


Holy Trinity Monestary

9. Editeur et Père Spirituel (VII) [suite de la correspondance de Père Antoine]

" Je dois t'informer que j'ai demandé sans cesse au Seigneur de me donner une réponse pour cette requête ( on lui avait posé une question sur le choix d'une épouse), mais il n'y a pas eu de réponse, bien qu'une pensée n'ait cessé de me dire que je priais pour quelque chose qui n'était pas bénéfique... Nous n'obtenons pas toujours ce que nous demandons, cela n'arrive que lorsque cela est vraiment nécessaire et que c'est la Volonté du Seigneur.
"Donc, cher N., sois prudent et cherchant une épouse pour toi-même, assure-toi qu'elle croit en Dieu, qu'elle ne feint pas seulement de croire, mais qu'elle croit sincèrement et véritablement. Alors elle sera pour toi une bonne partenaire dans la vie; alors elle aura une conscience claire, avec laquelle il n'y aura pas de désaccord, et en conséquence, elle ne sera pas en désaccord avec toi.
"Tu m'envoies une photographie de ton élue, mais tu n'as pas mentionné son nom, qui est-elle? une protestante ou une hérétique?... Il est dangereux de prendre une étrangère comme future partenaire dans la vie, parce que dans ce cas, même un bonheur ambigu n'existe pas, car la culture est différente et tout ce qui s'y rapporte aussi.
" Souviens-toi qu'il y a beaucoup de gens qui veulent faire la fête et s'amuser, mais quand il s'agit de faire d'un effort créatif accompagné de l'assistance dans la prière de Dieu... Tu dois chercher, dans ce cas tu trouveras tout ce dont tu as besoin... Un seul pas, une seule action sépare la grandeur du ridicule: quand les gens se marient, ils trouvent soit la vie et la prospérité, soit les souffrances et les peines de chaque jour. Donc, mon cher, je te demande une chose: ne fais pas d'erreur, l'Eglise et la loyauté que tu as envers Elle te montreront la bonne voie...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)i


Holy Trinity Monastery

9. Editeur et Père Spirituel (VII) [suite de la correspondance de Père Antoine]

" Je dois t'informer que j'ai demandé sans cesse au Seigneur de me donner une réponse pour cette requête ( on lui avait posé une question sur le choix d'une épouse), mais il n'y a pas eu de réponse, bien qu'une pensée n'ait cessé de me dire que je priais pour quelque chose qui n'était pas bénéfique... Nous n'obtenons pas toujours ce que nous demandons, cela n'arrive que lorsque cela est vraiment nécessaire et que c'est la Volonté du Seigneur.
"Donc, cher N., sois prudent et cherchant une épouse pour toi-même, assure-toi qu'elle croit en Dieu, qu'elle ne feint pas seulement de croire, mais qu'elle croit sincèrement et véritablement. Alors elle sera pour toi une bonne partenaire dans la vie; alors elle aura une conscience claire, avec laquelle il n'y aura pas de désaccord, et en conséquence, elle ne sera pas en désaccord avec toi.
"Tu m'envoies une photographie de ton élue, mais tu n'as pas mentionné son nom, qui est-elle? une protestante ou une hérétique?... Il est dangereux de prendre une étrangère comme future partenaire dans la vie, parce que dans ce cas, même un bonheur ambigu n'existe pas, car la culture est différente et tout ce qui s'y rapporte aussi.
" Souviens-toi qu'il y a beaucoup de gens qui veulent faire la fête et s'amuser, mais quand il s'agit de faire d'un effort créatif accompagné de l'assistance dans la prière de Dieu... Tu dois chercher, dans ce cas tu trouveras tout ce dont tu as besoin... Un seul pas, une seule action sépare la grandeur du ridicule: quand les gens se marient, ils trouvent soit la vie et la prospérité, soit les souffrances et les peines de chaque jour. Donc, mon cher, je te demande une chose: ne fais pas d'erreur, l'Eglise et la loyauté que tu as envers Elle te montreront la bonne voie...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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jeudi 26 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)g





9. Editeur et Père Spirituel (VII)
"Que le Seigneur préserve aussi Mère Eugénie qui voit tant de choses difficiles à supporter pendant ses voyages. Que toutes ces choses soient balayées de sa mémoire visuelle, et qu'elle soit sauvée. Tout cela fait partie de l'action ascétique dans l'ascèse monastique. Quand vous êtes assaillies par des pensées pécheresses inacceptables, n'oubliez pas de secouer votre tête et de dire la prière de Jésus. De cette manière, vous vous en débarrasserez. C'est mon expérience.
Que le Seigneur miséricordieux vous garde toutes de nombreuses années, en santé, dans la patience, les prières incessantes et le bien-être pour la gloire de Dieu."
"...Oui, mon cher N., ainsi sont les temps où nous vivons, avec non pas de simples tentations... mais des tentations amères, en particulier celles qui au mieux sont préparées ... et au pire, rien, si ce n'est l'horreur en résulte. Les gens ont cessé de prêter attention à leur conscience, ils vivent comme ils l'entendent, ils parlent et agissent selon leurs opinions corrompues, sans reconnaître ni les lois, ni les principes de la société ni quoi que ce soit qui ait un rapport avec la conscience. Des temps difficiles sont arrivés et quant à ce qui est encore à venir, il est effrayant même d'y penser...rien que des larmes et des peines. Les gens ne peuvent pas vivre ainsi.
Alors je me souviens de ce que dit l'Ecriture,"quand le Seigneur reviendra sur terre, y trouvera-t-Il la foi?" et à présent cette situation difficile parait claire. Toi et moi vivrons-nous pour connaître l'apogée? Ou devrons-nous endurer encore quelque chose avant cela?une chose cependant est évidente: je pense que la vie telle que nous la connaissons, comme nous l'envisageons et la construisons en imagination, n'adviendra pas dans la réalité. Les choses vont dans une tout autre direction.
"Regarde l'idole moderne qui est apparue dans le monde, la télévision, vers laquelle toutes les nations du monde se sont précipitées, laissant tout ce qui autrefois était important, tout ce qui était salvifique, tout ce qui instruisait et donnait la vie. En un mot, les gens ont presque complètement abandonné l'Eglise du Christ; et, il est honteux et triste de le dire, très peu de gens viennent à l'église.
Même les gens qui ne sont pas occupés par leur travail ou leurs affaires sont assis en face de la télévision et il semble qu'il n'y ait rien d'autre au monde dont ils aient besoin, et le résultat de tout cela est la damnation éternelle. Car on doit comprendre que le cœur est comme une éponge: il rendra tout ce qu'on lui aura fait absorber. Pour cette raison, le vêtement spirituel de l'homme, reflète les intérêts qui ont empli sa vie.
Je ne connais aucune nouvelle (par les média) car je ne les écoute pas, et les gens vivent avec ce qu'ils connaissent, chacun comme il l'entend. Rien de bon n'arrive dans ces conditions, "vanité des vanités, tout est vanité" dit le prophète; pourtant on ne peut échapper au péché, personne ne considère même cette question, et les gens ne reconnaissent aucune sorte de péché. Il est facile de vivre ainsi, mais il sera plus difficile de répondre de cette vie [au Jugement].

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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mercredi 25 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)f


Church Entrance


9. Editeur et Père Spirituel (VI)
Père Antoine donnait aussi des instructions spirituelles par lettres. Il fut pendant des années l'instructeur spirituel du couvent de moniales de l'Icône de la Mère de Dieu de Wladimir à San francisco, ainsi que le père spirituel de l'higoumène du grand schème Ariadna.
En conclusion à notre histoire sur Père Antoine, citons les passages de ses lettres à différentes personnes qui montrent qu'il était un staretz et un grand homme de prière, qui avait personnellement expérimenté ce que signifient les paroles "voir Dieu constamment."
Mes chères Mère Higoumène Ariadna et sœurs de saint cloître. D'abord je vous félicite pour la fête patronale de la rencontre de l'Icône de la Mère de Dieu de Wladimir qui arrive. Souvent, très souvent, votre demeure entend la voix festive constante de l'Eglise. C'est bien, bon et salvifique, quand cela a lieu dans la paix et la joie ressentie par le cœur. Pourtant je peux imaginer avec grande difficulté combien de courage, de dévouement et de connaissance il vous faut pour accomplir la sainte obédience que vous avez acceptée de diriger le couvent situé au centre d'une ville importante dans ces temps éxécrables dans lesquels nous vivons. Que le Seigneur vous protège en toute circonstance et qu'Il vous guide imperceptiblement dans tous les dangers. Il en est ainsi dans la vie humaine: nous devons supporter certaines difficultés et épreuves que Dieu nous envoie afin de complaire au Père céleste.... Je ne me souviens pas exactement maintenant où il est écrit quelque chose sur les difficultés d'accomplir nos obédiences, mais la réponse était la suivante ( je cite librement), "supportez ce qui vous est donné, cela est en votre pouvoir, mais si vous essayez de l'éviter, alors quelque chose de pire et de plus difficile vous sera donné, que vous ne pourrez alors éviter; et c'est la Volonté de Dieu..."
"Dans peu de temps, je vous enverrai un livre que je viens d'imprimer à propos de la femme qui avait rôle de staretz u couvent de femmes de saint Séraphim à Diviyevo. j'en enverrai assez pour toutes les sœurs afin d'éviter le possible ressentiment d'une sœur qui se croirait négligée. je ne voudrais pas que cela arrive."
" Aux nouvelles moniales tonsurées, j'adresse la question suivante: à Mère Eunice. Quelle est votre nom, ma sœur? " et je réponds " Sauve-toi au Nom du Seigneur!" De même, je m'adresse à Mère Euphrosyne, " Quel est votre nom, ma sœur?" "" Sauve-toi au Nom du Seigneur!". C'est parce qu'il y a de tellles personnes que la paix existe dans le monde: car, souvenons-nous de la conversation qu'Abraham eut avec Dieu, selon laquelle s'il y avait eu, ne serait-ce que dix justes dans Sodome et Gomorrhe, la cité n'aurait pas été détruite. Ceci montre combien sont précieux aux yeux du Seigneur les justes, mais d'un autre côté, le Diable n'est pas endormi. Il essaie de les harceler de toutes les manières possibles, même de manière " miraculeuse", mais il ne peut les détruire complètement, car la grâce de Dieu sauve tous ceux qui essaient de complaire au Seigneur et qui se repentent de leurs manquements.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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La Jardinier dans son verger: Acathistes


Lopezacathistes

Claude Lopez-Ginisty, Le jardinier dans son verger, Tome 1, Gozalov Books, Den Haag, 2008.


Claude Lopez-Ginisty travaille depuis de nombreuses années à la célébration orthodoxe de Dieu, de la Mère de Dieu et des saints, à travers des livres consacrés à des saints russes récents (Séraphim de Sarov,Silouane...) la traduction de textes liturgiques, et la composition d’Acathistes et de Canons. On trouvera plusieurs de ses traductions dans la revue «La Voie orthodoxe» (dont certains articles sont disponibles ici) et sur son site Internet (lien) (l’un des rares sites orthodoxes entièrement consacrés à la spiritualité) où paraissent chaque jour des textes hagiographiques inédits en français, des prières et de petits enseignements spirituels. Nous avons rendu compte ici de son excellent livre sur «Le secours des saints (Dictionnaire des intercessions orthodoxes)», paru l’an dernier aux éditions Xénia.
Il vient de publier, sous le titre «Le jardinier dans son verger», un premier recueil d’Acathistes, qui peuvent se répartir en deux séries.

La première se rapporte au temps ecclésial et est constituée d’un Acathiste pour l’Avent, composé par l'archimandrite Thomas, abbé du monastère orthodoxe de la Mère de Dieu Consolatrice des Affligés – Pervijze (Belgique), et de deux autres Acathistes consacrés respectivement à la Passion et à la Résurrection, qui ont été écrits par Claude Lopez-Ginisty lui-même. La seconde série se rapporte à des saints: saint Boniface, saint Brendan, sainte Godeleine, sainte Marie l’Égyptienne et saint Martin. 
Ce livre (qui est vendu au profit du monastère et dont le prix est de 12 € plus frais de port) est diffusé par la Fraternité orthodoxe «Tous les Saints de Belgique», 66, avenue Charles Thielemans 1150 Bruxelles, que l’on peut contacter à ce numéro de tel/fax : 32 2 762 72 70, ou à cette adresse email : secretariat@diakonia.be
Jean-Claude Larchet

mardi 24 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)e


,Above the Entrance to the Church
Fresque à l'entrée de la Cathédrale du Monastère

9. Editeur et Père Spirituel (V)
" Afin d'instruire ses enfants spirituels, Père Antoine leur donnait souvent des livres sur des sujets spirituels qu'il avait personnellement imprimés dans sa jeunesse, préparant chaque lettre de chaque mot salvifique! Il préférait donner aux débutants les œuvres de saint Théophane le Reclus " La Vie Spirituelle et comment se mettre à son diapason" et "Pensées pour chaque jour de l'année" Cette dernière œuvre permattait de s'habituer à lire chaque jour des extraits des Epitres et de l'Evangile. ( Récemment j'ai recommencé à lire " Pensées pour chaque jour de l'année" et j'ai été étonnée de la concision des pensées, de la profondeur spirituelle et même du don poétique que possédait saint Théophane). 

Comme nous sommes tous pécheurs et que nous égarons fréquemment, Père Antoine conseillait de lire le Psautier, qu'il appelait " Le meilleur des meilleurs livres salvifiques." "Sa dernière leçon fut la suivante... Après cinq ans d'instruction spirituelle, je finis dans une université américaine. Là, je rencontrai toutes sortes de débauches, de spiritisme, le monde de l'occulte. P ère Antoine voulait me préserver de toutes ces horreurs. Il avait l'habitude de me dire que rien au monde n'était plus précieux que le Seigneur, que l'âme humaine, et que nous devions en conséquence les chérir comme des possessions sacrées.

Père Antoine avait un fragment de reliques des saints Côme et Damien, qu'il me donna à porter sur moi le jour. La nuit je mettais les reliques dans mon coin d'icônes. Avec quelle appréhension et conscience je devais passer la journée. je devais soigneusement choisir les gens avec lesquels je parlais afin de ne pas profaner l'objet sacré que je portais sur moi, sans oublier la garde des pensées...Trois mois après, mon futur époux fit peindre une icône dans laquelle reposent encore à ce jour les reliques que j'avais reçues en cadeau. 

La leçon est simple. Notre corps est un reliquaire, dans lequel réside le Christ Lui-même. Et quelle est notre attitude envers notre corps, notre âme? Si nous y réfléchissons sérieusement, nous devrions avoir honte et en être peinés, mais nous ne voulons rien savoir, et nous n'avons aucune honte."
"J'espère que ces souvenirs seront utiles à quelqu'un."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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lundi 23 juin 2008

Vision du Paradis par Saint André le Fol-en-Christ



Андрей Юродивый, Константинопольский

DEUX VISIONS DU ROYAUME CÉLESTE

De nombreux saints ont été ravis par l’Esprit Saint en Paradis et de là sont arrivés au Saint des Saints, au Trône de Dieu entouré de chérubins et de Séraphins. Ainsi le saint homme de Dieu Syméon le Stylite vit au paradis de merveilleux jardins et en leur sein l’âme d’Adam, le premier homme et l’âme du Bon Larron( Saint Dismas) qui se tourna vers le Christ en Croix et qui fut ainsi le premier homme à être conduit par Dieu en paradis après l’accomplissement de l’œuvre de rédemption du Christ. (Vie de St. Syméon le Stylite, 24 mai)

De toutes les visions des Saints Pères qui nous soient connues, la vision du Paradis la plus vivante et la plus détaillée est celle qui apparut à St. André le Fol en Christ, ce dernier contempla en effet surnaturellement le Paradis invisible pendant deux semaines. Il confia cette vision à Nicéphore, homme à qui il confiait ses secrets.

Voici ce qu’il lui dit...

Je vis que j’étais dans un jardin beau et tout à fait merveilleux... Mon esprit était exalté et je pensai: qu’est ceci? Je sais que je vis à Constantinople, comment puis-je être ici? Je ne puis comprendre. J’étais vraiment étonné et je ne savais si j’étais dans mon corps ou bien hors de mon corps; Dieu seul le sait! Mais je me voyais vêtu d’un vêtement très léger qui semblait être fait d’éclairs de lumière tissés, sur ma tête était une couronne faite de grande fleurs et j’étais ceint d’une ceinture digne d’un roi. Je me réjouissais de cette beauté, m’en émerveillai intérieurement et je me réjouissais en mon cœur de la douceur du Paradis de Dieu tandis que je le foulais de mes pieds. Je vis de nombreux jardins avec de grands arbres agréables à voir dont les cimes se balançaient; leurs branches diffusaient un parfum merveilleux. Certains de ces arbres étaient perpétuellement en fleurs, d’autres étaient couverts de feuilles d’or, d’autres encore portaient des fruits d’uns beauté et d’une douceur indicibles. Il est impossible de comparer ces arbres avec ceux qui poussent sur terre car c’était la main de Dieu et non celle de l’homme qui les avait plantés. Il y avait des myriades d’oiseaux dans ces jardins. Certains étaient perchés sur les branches des arbres et chantaient magnifiquement, d’une manière tellement belle que je ne me souvenais plus qui j’étais tant mon cœur en était touché. Il me semblait que leur chant atteignait le sommet même du Paradis. Ces magnifiques jardins poussaient en rangs comme des
armées alignées l’une à côté de l’autre.

Tandis que je marchais là et sentais mon cœur s’exalter,je vis un grand fleuve qui coulait en leur mitan et les irriguait, Sur l’autre rive, il y avait une vigne. Ses plants étaient couverts de feuilles d’or et de grandes grappes dorées. Des quatre points soufflaient des vents paisibles et fragrants et les jardins sous l’effet de la brise émettaient avec leurs feuilles bruissantes un son délicieux.

St. André ne fut pas seulement emporté en Paradis, mais comme l’Apôtre Paul, il fut ravi jusques au troisième ciel. Après son récit du Paradis, il poursuit...

Après cela, je fus effrayé et je sentis que j’étais plus haut que la surface des Cieux. Un jeune homme dont le visage était brillant comme le soleil marchait devant moi. Je le suivis. Je vis enfin une belle et grande Croix qui était en ses couleurs semblable à un arc-en-ciel. Autour d’elle se tenaient des chanteurs semblables à des flammes qui chantaient une hymne de louange au Seigneur crucifié. Le jeune homme qui me conduisait, s’approcha de la Croix, l’embrassa et me fit signe de faire de même. Tandis que je m’exécutais, je fus rempli d’une douceur spirituelle indicible et je sentis une fragrance plus forte que celle du Paradis.

Dépassant la Croix, en regardant vers le bas, je vis un abîme sous mes pieds, car il me semblait que je marchais sur l’air. Je fuseffrayé et criai vers mon guide, “ j’ai peur de tomber dans l’abîme!” Il se tourna vers moi et dit:” N’aie pas peur, nous devons aller plus haut,” et il me donna la main. Tandis que je saisissais sa main, je vis que nous étions au-dessus du deuxième Ciel. Je vis là des hommes merveilleux et leur grande paix, la joie d’une fête perpétuelle qui est inexprimable dans la langue des hommes.

Après cela, nous entrâmes dans une merveilleuse flamme qui ne brûlait pas mais qui nous illumina. Je fus à nouveau effrayé et à nouveau il se tourna vers moi et me donna la main en disant: “ Nous devons monter au troisième Ciel et plus haut encore.” Après cette parole, nous étions déjà au-dessus du troisième Ciel et j’entendis de nombreuses puissances célestes qui chantaient et louaient Dieu.

Nous approchâmes d’un rideau qui brillait comme l’éclair. Devant lui se tenaient de grands jeunes gens qui brillaient comme des flammes de feu. Leurs visages brillaient plus encore que le soleil et dans leurs mains ils tenaient des armes flamboyantes. Ils étaient entourés d’une multitude d’hôtes célestes. Le jeune homme qui me conduisait me dit:” Quand le rideau sera levé, tu verras le Seigneur Christ, incline-toi devant le trône de Sa gloire.”

Quand j’entendis ceci. je tremblai de joie. L’horreurmais aussi un bonheur inexplicable m’envahit. Je me tins là, fixant le rideau. Une main flamboyante l’écarta et je vis mon Seigneur comme le Prophète Isaïe le vit un jour, assis sur un trône élevé, entouré de séraphins. Il était vêtu de pourpre, Son visage brillait d’une lumière indicible. Avec grand amour, il tourna Ses yeux vers moi.

Quand je Le vis, je tombai à genoux devant Lui et me prosternai devant le trône radieux et terrifiant de Sa gloire. Il est impossible de dire quelle grande joie me remplit quand je vis Son visage. Même à présent, tandis que je me souviens de cette vision, je suis rempli d’une indescriptible douceur. Je gisais devant le Seigneur, tremblant et étonné de Sa miséricorde: comment pouvait-Il me permettre, à moi, l’homme impur et pécheur de venir devant Lui et de contempler Sa divine beauté?

J’étais empli d’une grande tendresse mais aussi de la conscience de mon indignité. Tandis que je contemplais la grandeur de mon Seigneur, je me répétais les paroles du Prophète Isaïe:” Alors je dis: Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi,
l'Éternel des armées.” ( Isaïe 6:5 )

Puis j’entendis mon Créateur miséricordieux me dire avec Ses très pures et douces lèvres trois paroles divines qui remplirent mon cœur d’une telle douceur et m’enflamma d’une tel amour pour Lui que je me sentis fondre comme de la cire avec la chaleur de mon esprit; les paroles de David me vinrent à l’esprit: “Mon coeur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles. ( Psaume 22:14)

Alors tous les hôtes célestes entonnèrent une hymne merveilleuse impossible à décrire. Puis -je ne sais comment- je me retrouvai marchant à nouveau en Paradis. La pensée me vint que je n’avais pas vu la Souveraine et Très Sainte Mère de Dieu. Alors je vis un homme léger comme un nuage qui portait une croix. Il me dit: “ Tu aurais aimé voir la très Sainte Reine des Hôtes célestes? Elle n’est point ici à présent. Elle est allée dans ce monde troublé afin d’aider les hommes et de réconforter ceux qui sont dans l’affliction.
J’aimerais te montrer sa sainte demeure, mais le temps est compté...

Tu dois retourner à l’endroit d’où tu es venu. Ainsi l’ordonne le Seigneur. A ces paroles, je me retrouvai dans le même lieu où j’étais avant ma vision. 

Traduction et adaptation de l'anglais
Claude Lopez-Ginisty
d'après 
Archimandrite Panteleimon, 
ETERNAL MYSTERIES BEYOND THE GRAVE
Orthodox Teachings on the Existence of God, 
the Immortality of the Soul, 
and Life after the Grave, 
HolyTrinity Monastery,
JORDANVILLE USA, 1968.

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)d


9. Editeur et Père Spirituel (IV)

Vers la fin de sa vie, lorsque Père Antoine ne pouvait plus assister aux offices dans l'église, souvent beaucoup commencèrent à venir dans sa cellule pour déverser devant lui ce qu'ils avaient sur le cœur. Ils disaient que passer quelque temps dans sa cellule suffisait pour que leur cœur se calme.

Voici ce dont se souvient une de ses filles spirituelles Matouchka Lioubov Loukianov: " J'ai longtemps désiré partager avec d'autres ce sont je me souviens concernant mon père spirituel l'archimandrite Antoine (Yamchtchikov). J'ai essayé de transmettre ces perles d'expérience spirituelle aux jeunes gens de la conférence pour la jeunesse de saint Germain d'Alaska, mais je n'ai pas le don de l'éloquence et de plus, je commence seulement moi-même à apprécier les leçons spirituelles qu'il a essayé de nous inculquer durant ses causeries, durant la confession ou par des lectures spirituelles. Je dis "nous" puisqu'une génération entière de gens qui exercent jusqu'à ce jour dans l'Eglise du Christ comme prêtres, moines et femmes de prêtres, sont passés par ses mains. Par la grâce de Dieu, nous avons tous échappé au maelstrom et aux jouissances des années soixante et septante.

J'ai rencontré Père Antoine pendant la confession quand les étudiants de l'église paroissiale ( de la ville de Nayak, état de New York), furent enmenés à Jordanville. Un des autochtones du monastère suggéra: "Allez vers ce moine, il est gentil!" Il y avait beaucoup de gens qui attendaient la confession et Père Antoine répétait le même conseil à nous tous: "Regardez tout le monde comme vous regardez un arbre." Père Antoine répéta le même conseil deux fois quand je lui rendis visite dans l'espace de six mois. Jeune et inexpérimentée comme je l'étais, je décidai, la troisième fois, de faire remarquer à Père Antoine que j'avais déjà pris en compte son conseil. En entendant une réponse aussi inattendue, il me regarda, sourit, et dit: " Viens demain après la Liturgie, nous bavarderons." Le jour suivant Père Antoine commença son "bavardage" avec moi, et cela dura plus de six ans.

" Le premier exemple à suivre pour mener une vie spirituelle, Père Antoine le définissait de la manière suivante: "Regardez tout le monde de la même façon que vous regarderiez un arbre, c'est-à-dire sans jugement, sans aucune sorte de passion. Pour un laïc, cette expression semble drôle, absurde! Pourtant, en réalité, elle s'applique à tous, moines et laïcs, jeunes et vieux. Dans toutes les situations et à tous les âges de la vie, cela calme les passions qui se déchainent.. C'est ainsi que nous devons nous entrainer à considérer toute personne avec laquelle nous entrons en contact. Cela vaut la peine de se souvenir du Seigneur Lui-même quand Il s'adressa à Judas à la cène et lui dit: " O ami!" Comme il est dur quelquefois d'accomplir une telle chose dans notre vie! Père Antoine disait: " Vis de manière à ne déranger personne."

Sa seconde leçon concernait la "mémoire visuelle". Les yeux sont le miroir de notre âme. Comment préserver l'âme de tout ce qui la détruit? Il est plus particulièrement important de comprendre cela de nos jours. " Garde toujours devant les yeux de ton esprit l'image du Sauveur." Il montrait l'icône centrale au tiers supérieur de l'iconostase et disait: Répète la prière de Jésus en l'adressant à la personne derrière cette image."

Père Antoine donnait quelquefois une épitimie ( pénitence) à ses enfants spirituels afin de "leur apprendre quelque chose." Il aimait profondément ses enfants spirituels et il était toujours très affectueux avec eux.

La troisième leçon dura plusieurs années et demanda beaucoup de perfectionnement de soi. Afin de développer la vérité en soi, il fallait qu'il n'y ait " nulle divergence entre la parole et l'action." 

Père Antoine avait l'habitude de dire: " D'abord entreprends quelque chose de modeste. Ayant prié le soir, demande au Seigneur de t'accorder la force d'accomplir une action salvifique, comme de lire deux psaumes ou de faire douze métanies par exemple. Le lendemain, essaie de tenir parole. Tu ne peux imaginer combien d'obstacles se dresseront devant toi. Le Diable fera tout pour essayer de t'égarer, mais souviens-toi que ta parole et ton acte devront faire un, alors accomplis la promesse au nom du Christ. Remercie le Seigneur pour Sa miséricorde pendant tes prières du soir et recommence. De cette manière, la vérité se développera en toi, et avec elle la force de combattre tes passions." ( Père Antoine déconseillait d'accomplir de tels exercices sans la bénédiction de son père spirituel afin d'éviter de tomber dans une tentation encore plus grande). 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ (На главную)

dimanche 22 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (IX)c







9. Editeur et Père Spirituel (III)

Supportant ce combat constant, Père Antoine n'eut d'autre choix que d'être attaché à la prière de Jésus de tout son cœur. Il en devint un grand adepte. Et bien que son exploit ascétique ( podvig) restât privé, il n'en eut pas moins quelques témoins. Ainsi, pendant la confession, Père Antoine conseillait constamment de combattre les pensées de péché de la manière suivante: en tournant mentalement la tête vers l'épaule gauche, en la secouant une fois en disant mentalement à la pensée pécheressse: "Va t'en!" et puis en commençant rapidement à dire la prière de Jésus.

Un des fils spirituels de Père Antoine, désirant lui parler , alla à sa cellule. Il frappa à la porte, mais il n'y eut pas de réponse. Il décida alors d'ouvrir la porte et de vérifier si Père Antoine était là. pensant que puisqu'il était déjà âgé, il pouvait ne pas avoir entendu frapper à sa porte. En ouvrant la porte, il vit le staretz endormi sur son lit, ses doigts courant sans cesse sur son chapelet. On parle de cette prière dans les psaumes: " Je dors, mais mon cœur veille." Les démons haïssaient Père Antoine, nous le savons par l'incident qui suit.. Un jour, un des habitants de Jordanville, vint en courant vers Père Antoine dans un grand état d'agitation et dit: "Père, j'ai eu une attaque démoniaque effrayante. Un démon extrêmement répugnant est apparu et s'est mis à se plaindre de vous en disant: Il y a ici un Père Antoine. Il y a vingt ans, il m'a frappé de son poing...Le démon mentait évidemment. Il n'était pas fâché parce que Père Antoine l'avait frappé, mais parce qu'il ( Père Antoine) était spirituellement à toute épreuve.

Nous avons connaissance d'un autre incident qui montre à quel point les démons craignaient Père Antoine. Deux des prêtres du monastères lisaient les prières d'exorcisme sur un possédé dans l'église de la crypte. Le démon enrageait à l'intérieur de la personne, mais refusait de sortir. Alors Père Antoine décida d'aller voir ce qui se passait dans l'église du bas. Dès qu'il apparut à l'entrée, le démon s'écria: "Antoine arrive!" et il quitta le possédé.

Père Antoine n'aimait pas les démons, mais les gens et les animaux (братья меньшие), ils les aimait beaucoup et avait pitié d'eux. Il avait un cœur plein de compassion. Mère Joanna a relaté l'incident suivant. Nous devons mentionner que la nature ici est extrêmement riche: il y a beaucoup de poissons dans les étangs, des troupes d'oies du Canada survolent souvent le monastère tandis que dans les bois environnants on rencontre des daims, des lièvres et des tortues géantes. Les tortues sont la principale différence entre le paysage ici et en Russie. Tout le reste rappelle beaucoup la Russie ou les Carpathes...Enfin, un jour Mère Joanna vit Père Antoine pleurer. Elle lui demanda pourquoi il pleurait, il lui répondit les larmes aux yeux: " La saison de chasse commence à nouveau. Encore une fois ils vont tuer les pauvres petits daims."

Les saints maîtres du monachisme nous enseignent que les moines reçoivent le don du Saint esprit ( comme récompense) pour leur obéissance. Il est possible que le Seigneur pour consoler Père Antoine lui ait accordé le don des larmes et de la prière pour son obédience ascétique constante. Les quelques lignes qui suivent, venant d'une de ses lettres montrent à quel point Père Antoine aimait l'obéissance monastique. " La première semaine du Grand Carême, que l'entière fraternité de notre monastère, avec les séminaristes et nos voisins passe à l'église, participant aux offices et écoutant les enseignements est finie... maintenant il est temps de retourner à notre cher travail. Le travail n'est pas seulement cher, il est aussi salvifique, car les pensées et toutes les aspirations sont occupées et il n'y a rien d'étranger et de dommageable pour l'âme. J'ai besoin de commencer lentement pour préparer la fin de ce qui a été commencé; j'ai besoin d'essayer d'effacer les licences passées, les faiblesses et l'amour du péché- voilà le but de ma nouvelle existence. J'ai déjà commencé ma 76ème année; ma forme physique usée commence à se voir, ce qui veut dire qu'il y a un certain nombre de choses auxquelles il faut penser.."

Toute la Russie profite à présent des fruits du labeur de Père Antoine et des autres imprimeurs de Jordanville.. Ils furent ceux qui publièrent des livres aussi populaires et nécessaires que la version russe de La Connaissance de Dieu ( Закон Божий). Ce furent eux qui réimprimèrent la Sainte Ecriture et les différents livres d'offices et entreprirent de les envoyer dans leur patrie où des milliers de leurs frères dans la foi souffraient de famine spirituelle. Dans l'une de ses lettres, Père Antoine déclarait " le père Séraphim Slobodskoy nous a rendu visite samedi dernier apportant son livre La Connaissance de Dieu pour la seconde édition. Il y aura 700 à 800 pages avec beaucoup d'illustrations. Le problème est que le papier commandé pour cela, ne sera pas livré avant six à huit semaines, donc en attendant, j'ai commencé à imprimer le Nouveau Testament en russe. Cela fera aussi 850 pages. Vladika dit que si cela est possible, nous devrions aussi imprimer le Psautier..."

Père Antoine continua son obédience à l'imprimerie jusqu'à huitanre-cinq ans. Sa force physique l'abandonna lorsqu'une nuit, en rêve ou dans la réalité, il vit l'Hadès. La terrible vision des tortures de l'enfer détruisit sa force physique, mais le fit utiliser le reste de ses forces spirituelles à se préparer pour l'éternité. Père Antoine vécut encore seize ans et il poursuivit son ministère de confesseur jusqu'au jour où il mourut. Son admonition préférée pendant la confession était la suivante. " Garde tes yeux! Ils sont les fenêtres de l'âme. Si un grain de poussière y entre, cela souillera ton âme toute entière."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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