"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 27 juin 2008

Saint Georges de Philadelphie, néomartyr


Monk Praying On Holy Mt. Athos

Georges, le bienheureux néomartyr du Christ naquit de pieux parents dans la ville de Philadelphie. Quand il atteignait l’âge qui convient à une telle chose, il apprit le métier de bourrelier. Il quitta cependant sa région pour s’installer dans la province d’Héliopolis, dans la petite ville de Karatzasos où il ouvrit un atelier et pratiqua son métier.

Une nuit tandis qu’il festoyait avec avec ses amis, l’un d’eux quitta le groupe et sortit pour satisfaire un besoin naturel. Comme il était ivre, il tomba d’une grande hauteur et fut tué. Selon la coutume, les autorités du lieu infligèrent une amende à chacun d’eux, et les chrétiens ayant dressé une liste de ceux qui étaient présents ce soir-là, chacun devait payer une partie de l’amende. 

Or le bienheureux Georges protesta et dit: "Je ne paierai pas une telle amende, car c’est une grande injustice pour quiconque de devoir payer quoi que ce soit quand il est innocent!" Alors, comme il s’obstinait, il devint nécessaire de l’amener devant les autorités. Quand on lui demanda pourquoi il ne voulait pas payer sa part, il répondit courroucé: "Y a-t-il une loi qui dise que lorsqu’un grec est tué les turcs doivent payer une amende?" Entendant cela, le juge lui demanda: "Qui es-tu?" Georges aveuglé par la colère répondit, hélas, qu’il était musulman. Entendant cela, ils ne perdirent pas de temps, ils se saisirent de lui et en firent un musulman.

 Cependant, quelques jours plus tard, Georges retrouva le sens commun et réalisant quel mal il avait fait, il se repentit. En pleurant amèrement, il rechercha le pardon de sa faute. A la première occasion, il s’enfuit aux confins du Mont Athos. Confessant son péché, il resta quelques années sur la Sainte Montagne. Là, il accomplit son épitimie et fut chrismé. De plus, il essaya de toutes manières possibles d’effacer le grand péché qu’il avait commis. 

Mais sa conscience le troublait tandis qu’il se remémorait les paroles du Christ: “... celui qui Me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant Mon Père qui est dans les Cieux.” ( Matthieu, 10:23) Il conjectura qu’il n’y avait d’autre moyen d’être absous du crime d’avoir renié le Christ que de Le confesser à nouveau auprès de ceux devant lesquels il L’avait renié.

Tandis qu’il méditait ainsi, le désir du martyre s’enflamma dans son cœur. Il fit part de ses pensées à plusieurs pères spirituels qui furent tous en accord avec son désir. Ensuite, il commença à distribuer toutes ses possessions en aumônes aux Pères athonites, leur demandant d’intercéder auprès de Dieu pour qu’Il le fortifie et le maintienne ferme dans la foi et qu'il puisse supporter avec succès les épreuves du martyre. Alors il partit pour Karatzasos où il avait autrefois renié le Christ, afin de confesser sa foi en Lui.

Quand les turcs virent le martyr, ils le reconnurent immédiatement. Ils le saisirent et l’amenèrent devant le juge en disant haut et fort qu’il avait renié le Christ, et qu’il était devenu musulman et qu’à présent il portait des vêtements qui ne témoignaient pas de sa foi musulmane.
 
Le martyr du Christ affirma avec hardiesse: "En vérité je suis Hadji-Georges qui un jour par stupidité s’égara, renonça à sa foi et accepta la vôtre. Mais j’ai voyagé dans de nombreuses contrées et j’ai compris que votre religion est fausse et c’est pourquoi je suis venu vous la rendre parce que j’ai grandement péché lorsque j’ai quitté ma foi originelle qui est la vraie foi. C’est pourquoi je confesse devant vous que je suis à nouveau chrétien et que mon nom est Georges. Je suis prêt à verser mon sang par amour du Christ. Vous avez entendu ma décision. Faites-donc de moi ce qu’il vous plaîra, je ne renierai jamais le Christ."

Quand le juge entendit cela, il essaya de diverses manières de le faire changer d’avis, mais le martyr resta adamantin dans sa foi en Christ. Enfin, voyant que les convictions de Georges restaient inchangées, il ordonna qu’on le jette en prison et qu’on le torture de diverses manières jusqu’à ce qu’il se détourne de la foi du Christ.

Quand ses serviteurs reçurent cette permission du juge, ils se jetèrent sur le saint comme des bêtes sauvages. Alors il fut mis à l’isolement en cellule pendant huit jours, ils le torturèrent de diverses manières. Ils étirèrent tellement ses jambes sur le chevalet de torture que ses membres furent presque réduits en charpie. Ils mirent aussi un chaudron rougi au feu sur la tête et lui en firent un chapeau. Ils enroulèrent une corde et la firent tourner autour de sa tête avec un bâton comme pour l’y visser. Sa tête fut si comprimée que ses yeux sortirent de leur orbite. 

Mais l’intrépide soldat du Christ, bien qu’il fût au bord du trépas à cause de la multitude des tourments qu’ils lui infligeaient, criait: "Quoi que vous me fassiez, je ne renierai jamais ma foi. Je suis né chrétien et je mourrai chrétien."

Ainsi, voyant qu’ils étaient incapables d’amener Georges à penser comme eux, ils en informèrent le juge, lequel décida de le faire exécuter. Les bourreaux saisirent Georges et l’amenèrent au lieu du supplice et lui coupèrent le chef le 2 octobre 1794. 

Ainsi le bienheureux reçut la couronne du martyre des mains du Christ, notre Dieu à qui reviennent toute gloire, honneur et adoration avec le Père et le Très Saint et Vivifiant Esprit, maintenant et toujours et aux siècles des siècles, amen! 

Version française Claude Lopez-Ginisty

Notes:
Hadji en arabe, hatzi dans la transcription grecque, signifie celui qui a effectué le pélerinage à la ville sainte de Jérusalem. Il est une pieuse coutume qui subsiste encore dans certaines églises grecques et qui consiste à communier les “hadjis” sous l’appellation de Pélerin ( proskinitaire) ... suivi du prénom de la personne.
Epitimie: Pénitence pédagogique proposée à celui qui se confesse afin qu’il comprenne sa faute et réintègre la communion des fidèles.
Les chrétiens et les juifs devaient porter des vêtements distincts de ceux des musulmans.

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