"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 27 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (6)


Missionnaire aux Indes
Le fait est peu connu que le métropolite Dosithée s’est rendu aux Indes, où l’Église malankare (monophysite) souhaitait alors se joindre à l’Église orthodoxe. Le métropolite Dosithée séjourna dans ce pays, à la mission de l’Église orthodoxe russe, au cours de l’hiver 1936-1937. Le métropolite fit le tour de tout le littoral malabar et y prêcha. De 1931 à 1941 vivait aux Indes un missionnaire russe, le père Andronique Elipidinsky. Dans ses mémoires, celui-ci évoque la participation de l’Église serbe à la mission orthodoxe aux Indes et ce fut lui qui accueillit le métropolite Dosithée et l’accompagna lors de ses déplacements. Le père Andronique avait été envoyé aux Indes par le métropolite Euloge de Paris, qui avait demandé au métropolite Dosithée de l’élever au grade d’archimandrite. Le père Andronique écrivit : « J’ai accompagné le métropolite Dosithée à Bombay. Il m’a laissé une grande somme grâce à laquelle j’ai vécu et continué mon œuvre. Depuis la Serbie, le métropolite Dosithée avec l’évêque Nicolas d’Ohrid, m’ont envoyé encore deux fois de grandes sommes avant la seconde guerre mondiale ». En 1937, le catholicos de l’Église malankare, accompagné par l’archimandrite, s’était rendu en Angleterre pour une conférence à Edinburgh. À l’invitation du métropolite Dosithée, il était passé par la Serbie sur le chemin du retour, à la fin septembre 1937. Le 21 septembre, il fut accueilli à la gare de Belgrade par le métropolite Dosithée, l’évêque de Ras et Prizren Séraphim et le métropolite Anastase, primat de l’Église orthodoxe russe hors-frontières. La visite du catholicos, selon le communiqué officiel, publié dans le journal des émigrés russes de Belgrade « Tsarski Vestnik » du 23.9.1937 avait pour but de se « familiariser avec l’enseignement, la pratique ecclésiale et le mode de vie de l’Église orthodoxe ». Le jour suivant eut un long entretien avec l’évêque d’Ohrid Nicolas, puis avec le métropolite Anastase avec lequel le catholicos avait tissé des liens d’amitiés depuis leur séjour commun en Terre Sainte. En 1938, l’archevêque Nestor de Kamtchatka fut invité aux Indes par le catholicos, et il exposa à ces chrétiens les canons des Conciles œcuméniques, particulièrement ceux des quatre derniers. Sur cette base fut décidée la réunion de ces chrétiens avec l’Église orthodoxe russe. Dans les années 1937-1939, le chef de la mission ecclésiastique à Ceylan était l’archimandrite Nathanaël (Lvov), qui se rendit plusieurs fois auprès de l’archevêque Nestor aux Indes. L’acte de retour à l’Orthodoxie des chrétiens des Indes devait être officialisé en 1939, tandis que l’archimandrite Andronique devait être sacré évêque pour cette Église. Cependant, la guerre entre le Japon et l’Inde interrompirent les relations entre les deux Églises, et le lien fut ainsi perdu.

Version française Bernard Le Caro

vendredi 26 janvier 2018

Père Théodore ZISIS: "NOUS N'APPELONS PAS A UN SCHISME"

Père Théodore Zisis

Thessalonique, le 15 janvier 2018

Père Théodore Zisis, prêtre de l'Église orthodoxe grecque du diocèse de Thessalonique qui a été attaqué en mars lorsqu'il a annoncé qu'il cessait de commémorer sa Hiérarchie, le métropolite Anthimos de Thessalonique, pour son soutien au Conseil crétois de 2016, qui a été qualifié d'œcuménique par les hiérarques, le clergé et les moines de tout le monde orthodoxe, a fait une déclaration précisant que lui et d'autres qui ont pris la même mesure, n'ont pas l'intention d'entrer en schisme, ou de créer un schisme dans le Corps du Christ, rapporte Hodigitria.

"Pour réfuter les calomnies malveillantes répandues contre nous, et pour calmer ceux qui veulent entendre notre explication officielle, nous déclarons que nous savons à quel point le schisme est horriblement néfaste, lui qui n'est même pas pas effacé par le sang du martyr." a  fermement affirmé Père Theodore.

Cependant, poursuit le Père Théodore, un mal encore plus grand du point de vue ecclésiologique, est l'hérésie qui prive l'homme de salut.

"En cessant la commémoration des évêques hérétiques, nous nous protégeons nous-mêmes et les fidèles de la pan-hérésie de l'œcuménisme, et nous ne créons pas de schisme, et ne nous soumettons pas à une autre juridiction ecclésiastique non canonique, et ne commémorons pas les autres évêques. A déclaré Père  Théodore. Il a reçu l'ordre de ne pas servir et a été dépouillé de son titre honorifique d'archiprêtre, mais il reste prêtre du diocèse de Thessalonique.

Comme le Père Théodore l'a souvent expliqué, sa décision de cesser la commémoration était basée sur le canon 15 du Premier et du Deuxième concile tenu à Constantinople en 861, présidé par saint Photios le Grand. Ce canon stipule que si un évêque prêche clairement une hérésie précédemment condamnée par un concile ou par les saints Pères, alors les prêtres sont autorisés à cesser de le commémorer à la Liturgie, et ils ne doivent encourir aucune pénalité canonique.

Le canon dit en partie:

Mais pour ces personnes, en revanche, qui, à cause de quelque hérésie condamnée par de saints conciles ou les Pères, se retirent de la communion avec leur hiérarque, qui prêche publiquement l'hérésie et l'enseigne tête nue à l'église, ces personnes non seulement ne sont passibles d'aucune peine canonique parce qu'elles se sont abstenues de toute communion avec celui qui a été appelé évêque avant qu'un verdict conciliaire ou synodal ait été rendu, mais, au contraire, elles seront jugés dignes de jouir de l'honneur qui leur revient parmi les chrétiens orthodoxes. Car elles ont défié, non pas des évêques, mais des pseudo-évêques et des pseudo-enseignants; et elles n'ont pas scindé l'union de l'Église par un schisme quelconque, mais, au contraire, elles ont été attentives à sauver l'Église des schismes et des divisions.

(Pour une explication plus complète, [en anglais] voir le  Discours de Père Théodore "Défense et déclaration de cessation de commémoration de l'évêque à cause de l'enseignement de l'hérésie".)

"Nous avons fait notre devoir, ainsi notre conscience est claire; dans notre décision, nous avons suivi le chemin fidèle tracé par les saints apôtres et les saints Pères. Nous nous sommes battus et continuons à lutter contre l'hérésie comme eux. Nous reviendrons sur la commémoration de nos évêques lorsqu'ils condamneront publiquement la grande hérésie de l'œcuménisme et proclameront que le «Concile» de Crète est un concile de voleurs. Telle est notre position, et nous ne dévierons pas ni à droite, ni à gauche" a poursuivi Père Théodore, expliquant son désir de soutenir la pureté de la foi orthodoxe tout en restant "retiré" pour le moment, mais sans entrer dans aucune sorte de schisme.

Citant saint Théodore le Studite, Père Théodore finit par dire: "nous ne sommes pas des renégats de l'Église de Dieu; que cela n'arrive jamais avec nous! Bien que nous soyons coupables de nombreux péchés, nous sommes d'un même corps et nourris par les dogmes divins, et nous essayons d'observer ses règles et décrets »(Epître à Moine Basile 1.76).


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (5)



Métropolite à Zagreb
En 1931, l’Église orthodoxe serbe décida de créer un diocèse à Zagreb. L’évêque Dosithée fut élu unanimement métropolite du nouveau diocèse. Le 9 avril 1933, il fut intronisé, et se trouva à la tête de la vie de l’Église orthodoxe en Croatie et en Slovénie. Alors que le patriarche Barnabé (Rosić) était malade, il dirigea l’Église serbe en tant que membre le plus ancien du Saint-Synode.

À Zagreb, où les Serbes orthodoxes étaient minoritaires, l’évêque dut rapidement faire face aux manifestations d’intolérance nationale et religieuse. Voici ce qu’écrivit Alexis Gerovsky, que nous avons déjà mentionné : « La nomination de l’évêque Dosithée à Zagreb a provoqué chez les catholiques-romains un grand mécontentement. Le nom de l’évêque Dosithée se trouvait déjà sur la liste noire chez eux pour « avoir, par sa propagande, amené les carpatho-russes à l’Orthodoxie » comme on peut le lire dans l’Encyclopédie éditée par le cardinal Spellman[1] à New York. Lorsque, quelques années avant la seconde guerre mondiale, l’évêque Dosithée m’a dit qu’il était nommé métropolite de Zagreb, je le suppliai de ne pas accepter la nomination, du fait qu’il n’y avait jamais vécu et qu’il ne connaissait pas le fanatisme religieux des Croates de Zagreb. Entre autres, j’attirai son attention sur Stepinac[2], qui s’était déjà fait connaître par son intolérance religieuse et je le prévins qu’il ferait face là-bas à de nombreux désagréments. « Stepinac, qui a été éduqué pendant sept ans au séminaire jésuite de Rome » ai-je dit à l’évêque, « se sentira offensé, que dans sa capitale siège un métropolite orthodoxe ». Je lui conseillai de convaincre les membres du Synode d’envoyer à Zagreb un évêque parmi ceux qui sont nés avant la Première guerre mondiale en Austro-Hongrie et qui y ait été éduqué. Une telle personne serait familière d’individus du genre de Stepinac. Mais l’évêque me dit que son devoir était d’obéir à la volonté du patriarche, et il partit à Zagreb. Quelques mois plus tard, alors que je le rencontrai à Belgrade, il me dit que j’avais raison. On l’insultait souvent dans la rue. Parfois, la nuit, on cassait les vitres de ses fenêtres. Des pierres étaient même tombées dans sa chambre à coucher. J’ai demandé à l’évêque s’il s’était adressé à la police. Il répondit que comme évêque, il ne convenait pas qu’il appelât la police. Et lorsque je lui dit, que dans ce cas ses ennemis penseraient qu’il avait peur d’eux, et que cela leur donnerait encore plus d’ardeur, l’évêque répondit : « Non, ils savent que je n’ai pas peur d’eux. Lorsqu’ils se moquent de moi et crachent sur moi, j’élève simplement mes mains et je les bénis avec le signe de Croix ».

À Zagreb aussi, l’évêque déploya une grande activité. En outre, il y fonda le couvent féminin Sainte-Parascève en 1938.
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[1] Francis Joseph Spellman (1889 - 1967) est un prélat américain, archevêque de New York et cardinal de l'Église catholique romaine.
[2] Alojzije Stepinac (1898 -1960) archevêque de Zagreb de 1937 à 1960 et cardinal à partir de 1952. Il joua un grand rôle dans les persécutions des Serbes orthodoxes et leur conversion forcée au catholicisme-romain. Il fut déclaré martyr et béatifié par le pape Jean-Paul II en 1998. Voir à son sujet « Le génocide occulté » par Marco Rivelli, Lausanne 1998.

Version française Bernard Le Caro

SOLIDARITE KOSOVO

Serbie : Arnaud Gouillon décoré par le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe

Le Directeur et fondateur de Solidarité Kosovo, Arnaud Gouillon, vient d’être distingué par le patriarche Irénée qui l’a décoré du premier degré de l’ordre de saint Sava. Cette distinction, la plus haute de l’Eglise orthodoxe serbe, lui a été remise à Belgrade, mardi dernier, sur proposition de l’évêque du Kosovo-Métochie, Mgr Théodose avec lequel il œuvre depuis 2004 dans les enclaves chrétiennes de la province. 
Arnaud Gouillon et Ivana Gajic entourés du Patriarche de Serbie Irénée et de Monseigneur Théodose


«Arnaud, un héro des temps modernes »
C'est la résidence du patriarche qui a abrité la cérémonie solennelle à laquelle une présence record de journalistes a été enregistrée. Et pour cause, la remise de la croix de l’ordre de saint Sava au premier degré représente un évènement rare en Serbie. Les précédents élus à ce rang n’étaient autre que le sportif, Novak Djokovic et le réalisateur serbe aux deux oscars, Emir Kusturica. 

« Arnaud est un héros des temps modernes. Parce que les mots sont faibles, cette décoration honorifique est le témoin symbolique de notre reconnaissance » a déclaré le patriarche Irénée en guise d’introduction avant de souligner « le parcours humanitaire exceptionnel au service des Serbes du Kosovo-Métochie accomplit à travers l’œuvre de Solidarité Kosovo ».
L'ordre de Saint Sava au premier degré est la plus haute distinction de l'Église orthodoxe serbe
Les soutiens de l’association chaleureusement salués

Dans son allocution, Arnaud Gouillon a salué chaleureusement les douze mille donateurs que compte Solidarité Kosovo et qui par leur générosité et leur fidèle soutien ont permis de réaliser plus d’une centaine de projets humanitaires significatifs depuis 2004 afin d’améliorer d’une manière notable la vie des familles dans les enclaves chrétiennes du Kosovo-Métochie.  

Au terme de la cérémonie, le récipiendaire a reçu de nombreux messages d’encouragement et de remerciements à l’attention des donateurs de l’association de la part des évêques serbes réunis en synode à cette occasion.

Axios !


Le Patriarche Irénée trinque avec Arnaud Gouillon

L'équipe de "Solidarité Kosovo"

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jeudi 25 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (4)



Commémoration à Zagreb du hiéromartyr Dosithée, 
premier métropolite orthodoxe de cette ville et confesseur

De retour à Niš
À Niš, il déploya une grande activité. Les portes de son cabinet de travail, depuis tôt le matin jusque tard dans la soirée, étaient ouvertes à tous ceux qui souhaitaient le voir. Le riche et le pauvre, les personnalités et les simples gens, chacun était bien reçu par le hiérarque, et recevait de lui compassion et aide. Nombre de fois, il donnait à ceux qui lui demandaient, et ce jusqu’à son dernier dinar, empruntant ensuite  à son assistant pour acheter le journal…

L’ami de l’émigration russe
Ayant fait ses études à l’Académie ecclésiastique de Kiev, Mgr Dosithée entretint toujours des liens amicaux avec les émigrés russes de Serbie. Avec son aide, les moniales du couvent de Lesna, évacuées en Roumanie, vinrent à Belgrade en automne 1920 et furent installées au monastère de Hopovo. Selon la chronique du couvent, les moniales « furent accueillies à Belgrade, avec grand amour, par l’évêque Dosithée ».

En règle générale, l’évêque Dosithée a toujours manifesté une sollicitude particulière envers les émigrés russes, ce dont témoigna le futur évêque Jean de Niš: “Lorsque j’étais secrétaire du Saint-Synode, il y avait toujours beaucoup de Russes, hommes et femmes, qui venaient lui demander des conseils, ou quelque autre assistance. Mgr Dosithée de bienheureuse mémoire était “la mère des Russes en Yougoslavie”… En 1934-1935, il s’efforça de réconcilier le métropolite Euloge et l’Église russe hors-frontières.

Aussi, ce n’était pas un hasard si Mgr Dosithée, devenu métropolite de Zagreb, fut membre d’honneur du Comité de construction de l’église-mémorial de Bruxelles, dédiée au Tsar-martyr Nicolas II et à toute la famille impériale. Le 2 février 1936 eut lieu à Bruxelles la pose de la première pierre de l’édifice. Le métropolite Dosithée, en tant que représentant du patriarche serbe Barnabé, participa à l’office avec le métropolite Anastase, primat de l’Église orthodoxe russe hors-frontières et d’autres hiérarques. Il prononça l’homélie suivante : « Frères et sœurs russes, mes chers, je suis heureux que Sa Sainteté le patriarche Barnabé m’ait chargé d’être son représentant à vos grandes solennités russes. Vous faites une grande œuvre, frères russes, aujourd’hui ont été posés les fondements d’une grande œuvre. Par vous est immortalisée, à l’étranger de la Russie, la mémoire du grand tsar-martyr russe, la mémoire du grand souverain, défenseur des opprimés, qui mourut comme victime de son dévouement à son devoir, du sacrifice du plus grand amour qu’il prit sur lui. Gloire et honneur aux Russes, qui vénèrent la mémoire du grand souverain. Mais, frères et sœurs, Russes, je vous dis que vous n’êtes pas les seuls à vénérer la mémoire de l’Empereur Nicolas Alexandrovitch. Nous, les Serbes, vénérons sa mémoire non moins que vous, car il est notre protecteur, la Serbie lui doit son salut ; je dirais plus : la Serbie vénère l’Empereur Nicolas II comme un saint ; le Concile des évêques de l’Église serbe, il n’y a pas si longtemps, a soulevé la question de sa glorification parmi les saints de l’Église serbe. Dans deux églises construites récemment en Serbie, le Tsar-martyr Nicolas Alexandrovitch est représenté comme un saint sur une icône, je l’ai vu de mes yeux. Et si le Tsar-martyr n’est pas encore compté au nombre des saints par l’Église serbe, ce n’est pas parce que ce projet a été abandonné, cette question devra être résolue positivement dans un proche avenir (…) « En des temps difficiles, vous, mes chers, vous êtes attelés à la construction de l’église-mémorial, il vous est difficile de prélever quelque chose sur vos maigres revenus, même pour cette grande œuvre, qui est réalisée par les patriotes russes au moyen de la pose de la première pierre. Mais ne lésinez pas sur les moyens, offrez pour cette grande œuvre, achevez celle-ci le plus vite possible ; c’est en effet une œuvre Divine, et Dieu ne restera pas débiteur. Vous donnez 5-10 Francs, et Dieu vous les retournera au centuple, tant en vous accordant la santé, que la prospérité, et encore par d’autres voies connues de Lui seul, le Miséricordieux. La vie difficile des réfugiés russes, les nombreuses souffrances ont été votre lot, vous supportez beaucoup de choses, mais, frères et sœurs, par vos souffrances vous partagez celles de l’Empereur, vous devenez les participants de l’exploit et de l’amour sacrificiels du Tsar-martyr. Que le Seigneur vous aide dans la réalisation de la sainte œuvre que vous avez entreprise, je vous souhaite de tout mon cœur du succès et je crois en celui-ci, et à moi-même, je souhaite, frères et sœurs, recevoir à nouveau de Sa Sainteté le patriarche Barnabé, dans un avenir proche, la mission de venir à Bruxelles, mais cette fois pour la dédicace de l’église-mémorial, dont nous avons cette fois posé la première pierre ». Malheureusement, Mgr Dosithée mourut avant la dédicace.

Il convient d’ajouter que sa sollicitude ne s’étendait pas seulement aux émigrés. En 1922, l’évêque Dosithée prit part à la conférence internationale pour l’aide aux victimes de la famine en Russie soviétique. 

Version française Bernard Le Caro

Editions des Syrtes


Alexandre Schmemann
D'eau et d'Esprit
suivi de 
Réfléxions sur la mort
Ces trois textes constituent une réflexion approfondie sur la vie et la mort livrée par le grand théologien et liturgiste que fut le père Alexandre Schmemann.
Il y a d'abord D'eau et d'Esprit, le livre du père Alexandre Schmemann sur le Baptême écrit directement en anglais, puis Réflexions sur la mort composé de deux textes. On retrouve dans Ô mort, où est ton aiguillon ? – les chroniques que le père Alexandre Schmemann enregistrait sur Radio Liberty à destination de l'URSS –, une idée poussée jusqu'à ses extrêmes limites, une réponse théologique inscrite dans la tradition de l'Église et la preuve par la joie ressentie lors de la nuit de Pâques, un avant-goût du Royaume.
Enfin, La Liturgie de la mort porte sur le traitement de la mort dans la liturgie orthodoxe, thème auquel le père Alexandre Schmemann a consacré en 1979 un cours au séminaire orthodoxe de Saint-Vladimir.
 
 
 
 
 
22 € – 354 pages
 
 
Alexandre Schmemann (1921-1983) est né en Estonie d'une famille d'émigrés russes. Après des études secondaires à Paris, il reçoit une formation théologique à l'Institut orthodoxe Saint-Serge. Ordonné prêtre en 1945, il rejoint le séminaire orthodoxe Saint-Vladimir aux États-Unis dont il deviendra le doyen. Homme d'Église d'une envergure exceptionnelle le père Alexandre Schmemann a été le maître incontesté de la théologie liturgique.

 
 
 
Vous pouvez commander ce livre sur notre site Internet.
 
 
Site Internet Syrtes

mercredi 24 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (3)


En 1923, ce furent de nouvelles épreuves pour le hiérarque. Le 4 mars 1923, le patriarche de Constantinople Mélèce Metaxakis ordonna l’archimandrite Sabbace (Vrabec) archevêque de Prague et de toute la Tchécoslovaquie. C’est ainsi qu’au schisme interne mentionné vint s’ajouter encore un schisme juridictionnel. Les évêques Gorazd et Dosithée défendirent le lien canonique des communautés orthodoxes de Tchécoslovaquie avec l’Église de Serbie, tandis que l’archevêque Sabbace s’efforçait de les soumettre à Constantinople. Dans un premier temps, les autorités tchécoslovaques soutinrent l’archevêque Sabbace. Aussi, l’évêque Dosithée fut privé de la possibilité de poursuivre son activité en Subcarpathie. L’évêque Dosithée ne put revenir en Tchécoslovaquie qu’en juin 1924. Il commença par visiter la Russie subcarpathique. Là, il vécut au monastère Saint-Nicolas à Iza, d’où il se rendait dans les paroisses. Le 4 juillet de la même année, il se rendit à Prague où, sur la demande du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe, il exerça le rôle de médiateur entre l’évêque Gorazd et l’archevêque Sabbace. Malheureusement, les négociations échouèrent. L’évêque Gorazd resta soumis au Patriarcat de Serbie, tandis que l’archevêque Sabbace demeurait dans l’obédience de Constantinople. En août 1924, Mgr Dosithée revint en Russie subcarpathique où, au mois d’octobre, il procéda à la réunion du clergé, qui prit la décision de créer un consistoire ecclésiastique. Les principaux assistants de l’évêque Dosithée en Russie subcarpathique étaient le père Alexis Kabaliouk, déjà mentionné, et Alexis Gerovsky. Celui-ci était par principe opposé à la domination tchèque en Sucarpathie et édita un pamphlet contenant des déclarations fortement anti-tchèques. Cela provoqua le mécontentement des autorités tchécoslovaques et l’évêque Dosithée fut alors soupçonné de sympathie pour le mouvement anti-tchèque. Aussi, Edvard Beneš décida-t-il que l’évêque devait, le plus rapidement possible, mettre fin à son activité sur le territoire de la  Tchécoslovaquie. En même temps, l’Église uniate agissait également contre le hiérarque. Aussi, fin octobre 1924, l’évêque Dosithée partit en Serbie et fut contraint de renoncer à la poursuite de sa mission en Russie subcarpathique. Toutefois, bien que n’étant plus délégué officiel de l’Église serbe en Tchécoslovaquie, il prit une participation importante dans la résolution des problèmes de la vie ecclésiale dans les Terres tchèques et en Russie subcarpathique. C’est ainsi que, le 29 septembre 1935, en la fête de St Venceslas de Bohême, le métropolite Dosithée prit part à la dédicace de la cathédrale des saints égaux aux Apôtres Cyrille et Méthode à Prague. En 1939, il visita à nouveau la Tchécoslovaquie et participa à la dédicace de la nouvelle cathédrale d’Olomouc.

Version française Bernard Le Caro

mardi 23 janvier 2018

VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (2)



Missionnaire en Tchécoslovaquie
Dès 1920, l’évêque Dosithée déploya une activité pastorale importante en Tchécoslovaquie, dans laquelle entraient alors les territoires subcarpathiques de l’actuelle Ukraine. Cette activité se déroula principalement à Prague et en Russie subcarpathique.

Le 8 janvier 1920, à Prague, environ 200 prêtres catholiques-romains déclarèrent qu’ils quittaient leur Église pour créer une « Église indépendante de Tchécoslovaquie ». Au printemps 1920, une part des membres de cette nouvelle Église appela les anciens catholiques à se réunir à l’Église orthodoxe serbe. Les 9 et 10 juin 1920, lors du congrès de cette Église tchèque, fut pris la décision de créer un groupe de travail pour entrer en négociations avec l’Église orthodoxe serbe. Le président du comité central de l’Église tchèque, le prêtre Karel Farský (1880-1927) communiqua sa décision au ministre des cultes du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, Marinković, qui se trouvait alors dans une station thermale tchèque. Celui-ci leur recommanda de s’adresser à Mgr Dosithée, qui se trouvait aussi en traitement à Karlovy Vary. Dans la deuxième partie du mois d’août 1920, Mgr Dosithée se rendit à Prague, où il mena les négociations avec les dirigeants de l’Église tchèque, qui prépara un mémorandum destiné au Concile des Évêques de l’Église serbe. Le 6 septembre 1920, ce document fut officiellement remis à Mgr Dosithée dans les locaux de l’ambassade du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, à Prague. Dans le mémorandum, l’Église tchèque donnait son accord pour adopter l’enseignement de l’Église orthodoxe exprimé par le Credo de Nicée-Constantinople et les décisions des sept Conciles œcuméniques, ainsi que les canons et les prescriptions de l’Église orthodoxe serbe « en préservant la liberté de conscience et de développement religieux ». L’Église tchèque demanda également au Concile des Évêques d’envoyer son délégué en Tchécoslovaquie qui, dans un premier temps, serait l’évêque de l’Église tchèque, laquelle considérait que le meilleur candidat à ce poste était l’évêque Dosithée.


Au même moment, un mouvement important se déployait en Russie subcarpathique, dans l’Est de la Tchécoslovaquie. Jusqu’à l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, cette région se trouvait aux mains des uniates. Cependant, en 1919, les paysans locaux abandonnèrent l’uniatisme et revinrent en masse à l’Orthodoxie. En été 1920, les fidèles de la région s'adressèrent également à Belgrade en demandant d'être reçus dans la juridiction canonique de l'Église orthodoxe serbe et de leur envoyer un évêque. Pour cette raison, le 31 août 1920, Mgr Dosithée partit depuis Prague en Subcarpathie, où il visita plusieurs communautés orthodoxes. La venue de Mgr Dostithée enthousiasma les partisans du mouvement orthodoxe et renforça notablement la sympathie de la population locale envers l'Église orthodoxe. Les fidèles de la région l’appelèrent « l’apôtre de l’Orthodoxie dans les Carpates ». Débordant d’activité, il voyagea dans toute la Tchécoslovaquie, prêcha, organisa, créa des paroisses et érigea des églises.  Le 1er décembre 1920, le Concile des évêques de l'Église orthodoxe, réuni à Belgrade, prit la décision d'envoyer l'évêque Dosithée en Tchécoslovaquie en tant que délégué officiel de l'Église orthodoxe serbe. C'est ainsi que, le 11 mars 1921, Mgr Dosithée revint à Prague. Le 19 mars de la même année, le Ministère de l'intérieur tchécoslovaque reconnut les pouvoirs de l'évêque Dosithée en tant que délégué de l'Église orthodoxe serbe.


Version française Bernard Le Caro

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Évagre le Pontique, À Euloge – Les vices opposés aux vertus.



Recension: Évagre le Pontique, À Euloge – Les vices opposés aux vertus. Introduction, texte critique, traduction et notes de Charles-Antoine Fogielman, « Sources chrétiennes » n° 591, Éditions du Cerf, Paris 2017, 534 p.

Évagre le Pontique est une figure majeure de la spiritualité monastique orientale, et sans doute celui qui a le plus contribué à lui donner sa structure (que conserve encore la spiritualité orthodoxe actuelle). Malgré cela, l’édition critique de son œuvre avance lentement, car sa tradition manuscrite a été compliquée par le fait que, ayant été détruite ou occultée à la suite de la condamnation d’Évagre pour origénisme par le Ve Concile œcuménique (Constantinople II) en 553, elle s’est transmise sous d’autres noms (en particulier celui de saint Nil) ou sous forme de traductions, la rendant difficilement repérable. Ce n’est par exemple qu’au XXe siècle, grâce aux travaux du regretté père Irénée Hausherr, que l’une de ses œuvres majeures, le Traité sur la prière, a pu lui être restituée. Antoine Guillaumont et son épouse Claire ont ensuite beaucoup contribué à faire connaître Évagre, par la publication des premières éditions critiques, de leurs traductions, et d’études diverses, dont les remarquables synthèses que sont la vaste introduction au Traité pratique (« Sources chrétiennes » n° 170) et le volume Un philosophe au désert – Évagre le Pontique (Vrin, Paris, 2004). Paul Géhin a ensuite poursuivi leur œuvre d’édition.

Le présent volume est la thèse de doctorat de Charles-Antoine Fogielman, ancien élève de l’École des chartes et de l’EPHE. Il comporte deux œuvres.
La première est un traité intitulé À Euloge, du nom de son destinataire (peut-être un prêtre, disciple de saint Jean Chrysostome, venant d’embrasser la voie érémitique). Il se distingue, par sa forme suivie et construite, de la plupart des autres œuvres d’Évagre, qui sont des recueils de sentences ; il se rapproche en revanche du style épistolaire, un autre genre littéraire pratiqué par le Pontique. C’est une initiation à la vie monastique, proche, par son thème, du Traité pratique, mais qui vise, plus que ce dernier, un public de moines débutant dans la vie anachorétique, ce qui ne l’empêche pas de placer les conseils donnés à un niveau d’exigence très élevé. Il s’agit d’ailleurs probablement, comme en témoigne sa cohérence et les allusions à quelques textes publiés antérieurement, d’une œuvre de la maturité, rédigée peu avant 394, alors que les catégories de la vie spirituelles avaient déjà été bien posées par l’auteur. Le traité insiste beaucoup sur le rôle des efforts, et en particulier de la persévérance, sans pour autant croire qu’ils peuvent tout, autrement dit sans minimiser le rôle corrélatif de la grâce. Évagre note par exemple: « Ceux qui reçoivent de la grâce le pouvoir des efforts, qu’ils ne considèrent pas le tenir de leur propre force. […] Ainsi, pour tout ce que tu accomplis de bien, offre une action de grâces à Celui qui en est la cause ».

La deuxième œuvre est intitulée Des vices opposés aux vertus. C’est une présentation de chacun des huit vices (ou passions) génériques et de chaque vertu qui lui est opposée. C’est une œuvre brève prenant la forme de neuf chapitres de petite taille. Intitulée dans certains manuscrits Second traité à Euloge, elle était probablement adressée au même destinataire que la première, ce qui justifie son édition à ses côtés.

Euloge semble avoir eu un haut niveau de culture auquel il convenait de s’adapter. Cela explique que les deux œuvres aient en commun la recherche d’une certaine qualité littéraire qui les distingue du style plus technique des autres œuvres d’Évagre. La seconde en particulier se caractérise, dans la description des passions et des vertus, par un usage abondant d’images et de métaphores, et un style poétique. Citons pour exemple cette belle description des deux passions premières, la gourmandise et la luxure et des vertus qui leurs sont opposées, la tempérance (que le traducteur a appelée sobriété) et la chasteté :

« 1. La gourmandise est donc mère de luxure, propre à nourrir les pensées de paroles, relâchement du jeûne, recrudescence de la voracité, muselière de l’ascèse, épouvantail de la résolution, imagination de nourritures, figuration de condiments, poulain débridé, folie effrénée, réceptacle de maladie, envieuse de la santé, obstruction des boyaux, grognement des entrailles, aboutissement des excès, consœur de la luxure, pollution de l’entendement, impuissance du corps, sommeil accablant, sinistre mort. La sobriété est frein du ventre, fouet contre l’insatiabilité, balance équilibrée, muselière de la gastronomie, renoncement au repos, engagement à la dureté, dompteuse des pensées, œil de veille, destruction de l’échauffement, pédagogue du corps et élévation de l’âme, tour des efforts et rempart des bonnes dispositions, répression des mœurs et renvoi des passions, mortification des membres, reviviscence des âmes, imitation de la Résurrection, gouvernement de sanctification.

2. La luxure est rejeton de la gloutonnerie, émollient du cœur, fournaise de l’échauffement, entremetteuse des idoles, pratique contre nature, beauté dans l’ombre, copulation rêvée, lit de songes, union inconsciente, excitation de l’œil, impudence de la vision, reproche dans la prière, turpitude du cœur, pilote vers l’ignorance, guide vers la condamnation.

La chasteté est habit de vérité, pourfendeuse de l’impudicité, cocher des yeux, surveillant de l’intuition, circoncision des pensées, excision du libertinage, naturel corrigeant la nature et antithèse à l’échauffement, assistante des travaux et collaboratrice de la sobriété, flambeau du cœur, résolution de prier. »
Rappelons qu’Évagre avait lui-même une grande stature intellectuelle et spirituelle, fondée sur une excellente formation: il fréquenta très tôt les Cappadociens, étant institué lecteur par saint Basile et ordonné diacre par saint Grégoire de Nazianze, qu’il considérait comme son maître, et qu’il accompagna à Constantinople, se faisant remarquer dans la capitale par sa vive intelligence et son habileté dialectique dans les discussions théologiques; il se retira ensuite dans les déserts d’Égypte (à Nitrie puis aux Cellules) où il vécut 40 ans jusqu’à sa mort; il y reçut les enseignements de saint Macaire d’Alexandrie et de saint Macaire d’Égypte (Rufin le présente même comme un disciple de celui-ci), et fréquenta beaucoup des grandes figures spirituelles que nous présentent les Apophtegmes et l’Histoire lausiaque.

Notons que le fait qu’Évagre ait été condamné par le deuxième concile de Constantinople ne rend pas suspecte d’hérésie la totalité de son œuvre. Comme l’a montré Antoine Guillaumont (Les « Kephalaia gnostica » d’Évagre le Pontique et l’histoire de l’origénisme chez les Grecs et les Syriens, Seuil, Paris, 1962), ce n’est qu’une seule de ses œuvres, les Chapitres gnostiques, qui a des relents origénistes et qui lui a valu d’être anathématisé.

Les deux textes de ce volume sont précédés d’une introduction de 266 pages qui fournit avec clarté toutes les explications souhaitables sur leur origine, leur forme et leur contenu. On peut regretter que le traducteur, pour rendre certains termes, s’éloigne parfois des conventions bien établies, comme quand il traduit egkrateia par « sobriété » plutôt que par « tempérance », ou tropos par disposition (qui rend généralement diathesis) plutôt que par « manière d’être ».

Jean-Claude Larchet

lundi 22 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (1)


Tropaire ton 8
Depuis ta jeunesse, ô glorieux confesseur, tu te livras en offrande au Seigneur, souffrant au nom du Christ, tu prêchas le Royaume de Dieu, et tu fus crucifié avec le Seigneur, afin de vivre avec Lui dans les siècles.


Kondakion, ton 4
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De la ville impériale de Niš jusqu’en Russie subcarpathique et à Zagreb, qui fut ton Golgotha, tu servis fidèlement Dieu, témoignant du Christ Sauveur, en actes et en paroles, par ta patience tu acquis la couronne de gloire et tu entras dans la joie éternelle de la Très-sainte Trinité.

VIE DU SAINT HIEROMARTYR DOSITHEE (VASIĆ), METROPOLITE DE ZAGREB
(Mémoire le 31 décembre / 13 janvier)



La jeunesse
Le futur métropolite Dosithée naquit le 5 décembre 1878 à Belgrade dans la famille d’un fonctionnaire serbe et reçut au baptême le prénom Dragoutine. Il fit ses études secondaires au séminaire de Belgrade. Alors qu’il était encore séminariste, il prononça ses vœux monastiques et reçut le nom de Dosithée. La même année, il fut ordonné au diaconat et, après avoir achevé ses études au séminaire, il reçut l’ordination sacerdotale. En 1899, il passa une année au monastère de Manasija, où il avait prononcé ses vœux. En 1900, il partit à Kiev afin de continuer ses études à l’Académie théologique. En 1904, il termina le cycle universitaire avec le grade de « candidat » en théologie, qui lui a été accordé pour sa dissertation « La réalité du miracle de la résurrection des morts du Christ Sauveur ». Ensuite, le père Dosithée poursuivit ses études de théologie et de philosophie à Berlin. Là, il étudia la théologie protestante (chez Harnack, Kaftan, Pfleiderer et autres) et la philosophe (chez Riehl et Paulsen). Après deux années d’études à Berlin, il partit à Leipzig, où il se consacra à l’étude de la philosophie, expérimentale (chez Wundt) et  la philosophie pure (chez Heinze et Volkelt). En 1907, il fut appelé au séminaire Saint-Sava de Belgrade pour y enseigner principalement la philosophie dans les classes supérieures. Il y resta jusqu’en 1909. En tant que professeur au séminaire, il se distinguait par sa bonté envers ses élèves. On peut dire qu’il n’y avait pas d’élève qu’il n’ait réussi à intéresser à son enseignement. Il partit ensuite à Paris en tant que boursier du ministère serbe de l’enseignement et des affaires ecclésiastiques, pour continuer ses études. À la Sorbonne et à l’École des hautes études sociales, il étudia la philosophie et les sciences sociales. À la fin de 1910, il partit à Genève, où il s’inscrivit à nouveau à l’université. Il y resta jusqu’en septembre 1912, lorsqu’éclata la première guerre balkanique (9 octobre 1912 – 30 mai 1913), où il se mit à la disposition de son Église et de sa patrie. La guerre opposait la Bulgarie, d’une part, à la Serbie, la Grèce et le Monténégro, d’autre part.

L’épiscopat et la détention en Bulgarie
Le 25 mai 1913, le père Dosithée a été sacré évêque et nommé à Niš, qui était alors le diocèse le plus grand de l’Église orthodoxe serbe. Son bagage intellectuel faisait de lui le hiérarque le plus érudit de l’Église orthodoxe serbe. En outre, il parlait couramment le russe, l’allemand, le tchèque et le français. Ce fut ensuite la première guerre mondiale, au cours de laquelle il se consacra pleinement à l’aide aux victimes. En 1915, il logea une centaine d’orphelins de guerre au monastère Saint-Romain, près de Đunisa, ce qui leur a permis de survivre à la guerre.

Lorsque l’armée serbe dut se retirer par l’Albanie en Grèce en novembre 1915, Mgr Dosithée resta avec le peuple à Niš bien que des ministres fussent venus le chercher en voiture pour s’enfuir. C’est dans la même ville qu’il attendit l’armée ennemie bulgare. Mgr Dosithée, avec le clergé, sortit devant les occupants armés et les pria, au nom des souffrances communes subies de la part des Turcs, et « avant tout au nom de notre Foi Une, Sainte, Chrétienne », d’épargner les personnes âgées et faibles, ainsi que les femmes et les enfants abandonnés. Il se porta garant de l’ordre et de la paix à Niš. L’ennemi promit tout, mais cinq jours après, arrêta l’évêque et l’interna en Bulgarie, où il passa trois ans en relégation. Après la capitulation bulgare, l’évêque Dosithée « épuisé par la faim et les souffrances psychiques » revint dans son diocèse en 1918. Ces années de captivité entamèrent sérieusement sa santé. Le moment le plus difficile de sa vie l’attendait à son retour de Bulgarie, lorsque les orphelins de prêtres (environ 150 ce ces derniers furent assassinés sauvagement par les Bulgares) lui demandèrent où étaient leurs parents, ignorant qu’ils avaient été massacrés. On peut voir, dans son « Message aux Anglo-saxons » rédigé 1920, à quel point ces événements l’avaient affecté : « … Mon âme est emplie de douleurs, mes mains sont trop faibles et mes yeux sont pleins de larmes ; mon esprit lutte alors que j’écris ces lignes. Je ressens le besoin de consolation. Mais suis-je le seul qu’il faille consoler ? Oh, si seulement je pouvais parler de l’agonie de mon esprit ! Ce que j’entends maintenant et ce que je vois dépasse mes prévisions les plus noires au temps de ma captivité. Des milliers des meilleurs fils de mon peuple et avec eux un grand nombre de prêtres serviteurs de Dieu ont été envoyés en captivité, martyrisés et tués. Vous me demanderez pourquoi ? Pour quel crime ? Simplement parce qu’ils étaient serbes… Oh, si vous saviez seulement comme les enfants et les parents de nos martyrs sont malheureux et tristes ! Leurs âmes sont pleines de souffrances. Ils ont vraiment besoin de consolation. Les prières sont nécessaires à nous tous, car sachez-le : le malheur chez nous est général… Je regrette, chers frères et sœurs en Christ, d’être trop loin pour pouvoir vous parler face à face, comme le dit le grand et saint Apôtre des nations, pour vous décrire notre misère et notre chaos matériels. Oh, si en cet instant, de ce le lieu depuis lequel je vous parle, pouvait s’exprimer les bouches de l’un de mes prêtres qui ont été tués aussi sauvagement, si vous pouviez entendre leurs misère et leur malheurs, leur faim et leur nudité, je pense que vos cœurs s’empliraient de douleur et de compassion, d’horreur et de stupeur. Que le Dieu miséricordieux préserve nos pires ennemis et les pires criminels des malheurs dans lesquels se trouvent les familles de nos prêtres-martyrs ». Cela l’incita à se trouver à la tête de différentes associations caritatives pour les assister matériellement. Il ouvrit une maison pour les orphelins de guerre et organisa plusieurs foyers pour les enfants dont les parents avaient péri pendant la guerre. En outre, il établit, auprès du monastère Saint-Jean situé dans les environs de la ville, une maison pour les enfants aveugles. Il faisait aussi le tour des hôpitaux pour enfants.

À Niš, il continua à s’occuper de son troupeau, travaillant activement avec la jeunesse. Il ouvrit une association pour assister les prêtres et ouvrir la première imprimerie ecclésiale indépendante de l’État. Il édita des livres et ouvrit une librairie ecclésiale. Tout cela entrait dans la réalisation de sa vision : la création des bases pour l’autonomie de l’Église et du clergé par rapport à l’État. On sait de Mgr Dosithée que, de son vivant, les prêtres ayant une attitude critique envers lui, écrivaient à son sujet qu’il méritait le dévouement du clergé et des fidèles : « Et comme homme et comme évêque, il mérite que l’on écrive constamment à son sujet, mais non dans le but de chanter les louanges habituelles, mais parce que chacune de ses actions est réellement digne d’égards », écrivit l’un d’entre eux. On donnait encore de lui les caractéristiques suivantes : « hauteur d’esprit, noblesse, verve, et grande conscience de son devoir élevé ». Qui plus est, sa captivité en Bulgarie pendant la guerre n’avait pas provoqué en lui des mouvements de haine, mais il recueillit de l’aide et l’apporta en Bulgarie lorsque ce pays fut frappé par un tremblement de terre en 1927. En 1931, il se rendit aux obsèques du métropolite de Sofia.

Pour ce qui concerne ses autres activités, il convient de mentionner qu’en 1919-1920, l’évêque Dosithée prit une participation active aux négociations avec le Patriarcat de Constantinople pour le rétablissement du Patriarcat de Serbie, qui avait été aboli pendant la domination turque.

Version française Bernard Le Caro
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