Tropaire ton
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Depuis ta jeunesse, ô glorieux confesseur, tu
te livras en offrande au Seigneur, souffrant au nom du Christ, tu prêchas le
Royaume de Dieu, et tu fus crucifié avec le Seigneur, afin de vivre avec Lui dans
les siècles.
Kondakion, ton
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De
la ville impériale de Niš jusqu’en Russie subcarpathique et à Zagreb, qui fut
ton Golgotha, tu servis fidèlement Dieu, témoignant du Christ Sauveur, en actes
et en paroles, par ta patience tu acquis la couronne de gloire et tu entras
dans la joie éternelle de la Très-sainte Trinité.
VIE DU SAINT HIEROMARTYR DOSITHEE (VASIĆ), METROPOLITE DE ZAGREB
(Mémoire le 31 décembre / 13 janvier)
La
jeunesse
Le futur métropolite Dosithée naquit le 5
décembre 1878 à Belgrade dans la famille d’un fonctionnaire serbe et reçut au
baptême le prénom Dragoutine. Il fit ses études secondaires au séminaire de
Belgrade. Alors qu’il était encore séminariste, il prononça ses vœux
monastiques et reçut le nom de Dosithée. La même année, il fut ordonné au
diaconat et, après avoir achevé ses études au séminaire, il reçut l’ordination
sacerdotale. En 1899, il passa une année au monastère de Manasija, où il avait
prononcé ses vœux. En 1900, il partit à Kiev afin de continuer ses études à
l’Académie théologique. En 1904, il termina le cycle universitaire avec le
grade de « candidat » en théologie, qui lui a été accordé pour sa
dissertation « La réalité du miracle de la résurrection des morts du
Christ Sauveur ». Ensuite, le père Dosithée poursuivit ses études de
théologie et de philosophie à Berlin. Là, il étudia la théologie protestante
(chez Harnack, Kaftan, Pfleiderer et autres) et la philosophe (chez Riehl et
Paulsen). Après deux années d’études à Berlin, il partit à Leipzig, où il se
consacra à l’étude de la philosophie, expérimentale (chez Wundt) et la philosophie pure (chez Heinze et
Volkelt). En 1907, il fut appelé au séminaire Saint-Sava de Belgrade pour y
enseigner principalement la philosophie dans les classes supérieures. Il y
resta jusqu’en 1909. En tant que professeur au séminaire, il se distinguait par
sa bonté envers ses élèves. On peut dire qu’il n’y avait pas d’élève qu’il n’ait
réussi à intéresser à son enseignement. Il partit ensuite à Paris en tant que
boursier du ministère serbe de l’enseignement et des affaires ecclésiastiques,
pour continuer ses études. À la Sorbonne et à l’École des hautes études
sociales, il étudia la philosophie et les sciences sociales. À la fin de 1910,
il partit à Genève, où il s’inscrivit à nouveau à l’université. Il y resta
jusqu’en septembre 1912, lorsqu’éclata la première guerre balkanique (9 octobre
1912 – 30 mai 1913), où il se mit à la disposition de son Église et de sa
patrie. La guerre opposait la Bulgarie, d’une part, à la Serbie, la Grèce et le
Monténégro, d’autre part.
L’épiscopat
et la détention en Bulgarie
Le 25 mai 1913, le père Dosithée a été sacré
évêque et nommé à Niš,
qui était alors le diocèse le plus grand de l’Église orthodoxe serbe. Son
bagage intellectuel faisait de lui le hiérarque le plus érudit de l’Église
orthodoxe serbe. En outre, il parlait couramment le russe, l’allemand, le
tchèque et le français. Ce fut ensuite la première guerre mondiale, au cours de
laquelle il se consacra pleinement à l’aide aux victimes. En 1915, il logea une
centaine d’orphelins de guerre au monastère Saint-Romain, près de Đunisa, ce qui leur a permis de survivre à la
guerre.
Lorsque l’armée serbe dut se retirer par
l’Albanie en Grèce en novembre 1915, Mgr Dosithée resta avec le peuple à Niš bien
que des ministres fussent venus le
chercher en voiture pour s’enfuir. C’est dans la même ville qu’il attendit
l’armée ennemie bulgare. Mgr Dosithée, avec le clergé, sortit devant les
occupants armés et les pria, au nom des souffrances communes subies de la part
des Turcs, et « avant tout au nom de notre Foi Une, Sainte,
Chrétienne », d’épargner les personnes âgées et faibles, ainsi que les
femmes et les enfants abandonnés. Il se porta garant de l’ordre et de la paix à
Niš. L’ennemi promit tout, mais cinq
jours après, arrêta l’évêque et l’interna en Bulgarie, où il passa trois ans en
relégation. Après la capitulation bulgare, l’évêque Dosithée « épuisé par
la faim et les souffrances psychiques » revint dans son diocèse en 1918.
Ces années de captivité entamèrent sérieusement sa santé. Le moment le plus
difficile de sa vie l’attendait à son retour de Bulgarie, lorsque les orphelins
de prêtres (environ 150 ce ces derniers furent assassinés sauvagement par les
Bulgares) lui demandèrent où étaient leurs parents, ignorant qu’ils avaient été
massacrés. On peut voir, dans son « Message aux Anglo-saxons » rédigé
1920, à quel point ces événements l’avaient affecté : « … Mon âme est
emplie de douleurs, mes mains sont trop faibles et mes yeux sont pleins de larmes ;
mon esprit lutte alors que j’écris ces lignes. Je ressens le besoin de
consolation. Mais suis-je le seul qu’il faille consoler ? Oh, si seulement
je pouvais parler de l’agonie de mon esprit ! Ce que j’entends maintenant
et ce que je vois dépasse mes prévisions les plus noires au temps de ma
captivité. Des milliers des meilleurs fils de mon peuple et avec eux un grand
nombre de prêtres serviteurs de Dieu ont été envoyés en captivité, martyrisés
et tués. Vous me demanderez pourquoi ? Pour quel crime ? Simplement
parce qu’ils étaient serbes… Oh, si vous saviez seulement comme les enfants et
les parents de nos martyrs sont malheureux et tristes ! Leurs âmes sont
pleines de souffrances. Ils ont vraiment besoin de consolation. Les prières
sont nécessaires à nous tous, car sachez-le : le malheur chez nous est
général… Je regrette, chers frères et sœurs en Christ, d’être trop loin pour
pouvoir vous parler face à face, comme le dit le grand et saint Apôtre des
nations, pour vous décrire notre misère et notre chaos matériels. Oh, si en cet
instant, de ce le lieu depuis lequel je vous parle, pouvait s’exprimer les
bouches de l’un de mes prêtres qui ont été tués aussi sauvagement, si vous
pouviez entendre leurs misère et leur malheurs, leur faim et leur nudité, je pense
que vos cœurs s’empliraient de douleur et de compassion, d’horreur et de
stupeur. Que le Dieu miséricordieux préserve nos pires ennemis et les pires
criminels des malheurs dans lesquels se trouvent les familles de nos
prêtres-martyrs ». Cela l’incita à se trouver à la tête de différentes
associations caritatives pour les assister matériellement. Il ouvrit une maison
pour les orphelins de guerre et organisa plusieurs foyers pour les enfants dont
les parents avaient péri pendant la guerre. En outre, il établit, auprès du
monastère Saint-Jean situé dans les environs de la ville, une maison pour les
enfants aveugles. Il faisait aussi le tour des hôpitaux pour enfants.
À Niš, il
continua à s’occuper de son troupeau, travaillant activement avec la jeunesse. Il
ouvrit une association pour assister les prêtres et ouvrir la première
imprimerie ecclésiale indépendante de l’État. Il édita des livres et ouvrit une
librairie ecclésiale. Tout cela entrait dans la réalisation de sa vision :
la création des bases pour l’autonomie de l’Église et du clergé par rapport à
l’État. On sait de Mgr Dosithée que, de son vivant, les prêtres ayant une
attitude critique envers lui, écrivaient à son sujet qu’il méritait le
dévouement du clergé et des fidèles : « Et comme homme et comme
évêque, il mérite que l’on écrive constamment à son sujet, mais non dans le but
de chanter les louanges habituelles, mais parce que chacune de ses actions est
réellement digne d’égards », écrivit l’un d’entre eux. On donnait encore
de lui les caractéristiques suivantes : « hauteur d’esprit, noblesse,
verve, et grande conscience de son devoir élevé ». Qui plus est, sa
captivité en Bulgarie pendant la guerre n’avait pas provoqué en lui des
mouvements de haine, mais il recueillit de l’aide et l’apporta en Bulgarie
lorsque ce pays fut frappé par un tremblement de terre en 1927. En 1931, il se
rendit aux obsèques du métropolite de Sofia.
Pour ce qui concerne ses autres activités, il
convient de mentionner qu’en 1919-1920, l’évêque Dosithée prit une participation
active aux négociations avec le Patriarcat de Constantinople pour le
rétablissement du Patriarcat de Serbie, qui avait été aboli pendant la
domination turque.
Version française Bernard Le Caro
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