"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 14 janvier 2017

St. Barsanuphe d'Optina: La prière dans l'église




La prière à l'église est importante. Les meilleures pensées et sentiments viennent à l'église; Et oui, l'ennemi attaque aussi plus violemment dans l'église! Mais avec le signe de la Croix et la prière de Jésus, vous le chassez.


Il est bon de se tenir dans un coin sombre de l'église et de prier Dieu. 

"Elevons nos cœurs!" S'exclame le prêtre, mais notre esprit rampe souvent sur le sol, pensant à des choses indécentes. 

Luttez contre cela!



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Archimandrite Zacharie de Maldon (Monastère de Père Sophrony): Le sens de Noël

vendredi 13 janvier 2017

Higoumène Typhon: Nous devons être le Christ pour les autres.


En examinant comment nous vivons en tant que chrétiens, nous considérons ceux qui laissent une impression de bonté, de bonté et d'humilité, comme des exemples de la personne que nous aimerions devenir. 

Cette personne sainte, par son exemple, manifeste l'humilité du Seigneur, et l'amour semble palpable quand nous sommes en sa présence. 

Une telle personne n'est pas seulement apparue telle un jour, car ce ne sont pas les traits naturels qu'on trouve dans la plupart des gens. Cette humilité et cette bonté se développent avec le temps, car cette personne a cherché la Grâce de Dieu et a fait, depuis l'enfance, toute tentative possible pour redonner l'amour et la bonté qu'elles a reçues du Père des Lumières.

Une telle personne désire, au quotidien, devenir plus semblable au Christ. L'humilité du Seigneur devient sa norme personnelle, car une telle personne est prompte à pardonner, rapide à accorder la justice, et elle désire être aimable avec tous ceux qui viennent en sa présence. 

Celle-ci ne se fabrique pas une douceur d'âme, comme si elle était un homme politique qui se présente à son élection, car c'est le Seigneur lui-même qui habite en elle, et c'est le Christ en elle qui est plein de justice, de bonté, d'amour et de miséricorde. 

"Il vous a montré, ô mortels ce qui est bon; Et qu'est-ce que l'Éternel demande de vous? Mais de faire justice, pour vivre la bonté, et pour marcher humblement avec votre Dieu (Micah 6: 8). "

Avec amour en Christ,
Abbot Tryphon

(Photo: Mount Rainier, vu de l'île de Vachon.)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Père Basile

jeudi 12 janvier 2017

Sur orthodoxie.com: La Commission spéciale de la Sainte Communauté du Mont Athos demande que soient apportées des modifications au texte du Concile de Crète intitulé « les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien »


« À la Sainte Montagne, le 13/26.11.2016

Nous nous adressons à Votre Révérence, fraternellement dans le Seigneur,

Considérant qu’il « convenait que les documents officiels finaux du Concile fussent examinés sobrement, leurs éléments positifs, appréciés, et que les imprécisions éventuelles contenues dans ceux-ci, nécessitant des clarifications, fussent de même relevées », la Sainte Synaxe Double référencée 203/23.9.2016 nous a confié l’étude et l’évaluation des textes finaux du Saint et Grand Concile qui s’est tenu en Crète (du 16 au 27 juin 2016), avec la rédaction d’un texte à leur sujet.

Ayant conscience de notre faiblesse, de la difficulté du travail qui nous a été remis, mais aussi du poids que représente la responsabilité devant la tradition de confession [de foi] athonite plus que millénaire, mais aussi récente, nous implorons avec insistance les intercessions de la Protectrice de notre saint Lieu, la Souveraine Mère de Dieu et des vénérables Pères athonites, sachant que la fondation de toute position théologique doit jaillir de l’expérience, dans le Saint-Esprit, de la Tradition apostolique de l’Église, comme en disposaient les Pères saints et théophores et pour laquelle nous-mêmes luttons, par la grâce de Dieu, afin d’y participer.

Le lien indissoluble de la sainteté et de l’expression authentique de la Tradition de l’Église, lequel existe uniquement chez les saints Pères, est la seule approche du cheminement dans le Saint-Esprit de l’Église orthodoxe militante dans le monde, mais aussi du salut en Christ de chacun de ses membres. Il en ressort que nous ne pouvons pas ne pas prendre en considération tout ce qui a été dit et écrit à ce sujet, par les Athonites et les non-Athonites, par les plus récents et les plus anciens, par les saints reconnus et les figures sanctifiées de l’Église orthodoxe.

Les huit textes finaux du Saint et Grand Concile qui a été tenu en Crète, publiés sur sa page internet[1] sont appelés « documents officiels » et sont, dans l’ordre, les suivants :

1. Encyclique du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe
2. Message du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe
3. L’importance du jeûne et son observance aujourd’hui
4. Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien
5. L’autonomie et la manière de la proclamer
6. La diaspora orthodoxe
7. Le sacrement du mariage et ses empêchements
8. La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain

La présentation détaillée de ceux-ci dépasse le cadre de la mission qui nous est confiée, mais aussi les possibilités de notre commission, aussi nous limiterons-nous à des observations partielles dans l’esprit de la décision de la Synaxe Double n°203/23.9.2016.

I. La Sainte Montagne suit avec amour et attention l’inquiétude de pieux chrétiens relativement au Saint et Grand Concile et aux documents conciliaires. La Sainte Communauté ne souhaiterait pas rester sourde aux demandes de nos frères moines athonites et des fidèles dans le monde. Elle s’efforce en effet en premier lieu de professer la vérité concernant le dogme et l’ethos et, ensuite, de parler avec hardiesse, lorsque la Foi et les commandements évangéliques sont en danger. Elle parle ou reste silencieuse, avec discernement, de telle façon que l’Église soit édifiée et que le peuple de Dieu soit affermi.

Ayant en vue l’unité de l’Église qu’elle comprend comme unité de la Foi et vie en Christ dans le Saint-Esprit, la Sainte Communauté du Mont Athos a parlé avec discernement et hardiesse de la nécessité de modifier les textes préconciliaires du Saint et Grand Concile par sa lettre du 12/25 mai 2016 à Sa Toute-Sainteté Mgr Bartholomée, laquelle a été communiquée aux Primats des autres Patriarcats et Églises autocéphales. Elle demandait par celle-ci des modifications concrètes des textes préconciliaires, comme l’ont fait au demeurant la quasi-totalité des Églises orthodoxes.  

La parole conciliaire authentique « selon les théologies inspirées des Pères et le pieux esprit de l’Église[2] » est une parole de salut. Elle fait la distinction entre l’esprit divino-humain et l’esprit anthropocentrique (humaniste) des hommes, celui des religions et des Confessions chrétiennes qui se trouvent en dehors de l’Église. Elle sert le besoin le plus profond de l’homme pour la  connaissance du véritable Dieu et le destin de l’existence humaine. L’homme contemporain qui navigue et se perd dans le tumulte, les soucis et les impasses, a besoin, en premier lieu de « la vérité de la vie nouvelle divino-humaine en Christ[3] », laquelle existe seulement dans l’Église orthodoxe, étant donné qu’elle seule constitue la communion des Saints et offre la communion dans le Saint-Esprit avec le seul Saint, le Dieu dans la Trinité.

La Sainte Communauté a demandé la modification des textes préconciliaires, afin que fût donné au monde une parole conciliaire de l’Église orthodoxe exempte des éléments qui ne sauvent pas, mais emmurent dans le siècle présent. Pour ce faire, la Sainte Communauté s’est alignée sur une longue tradition de confession de la Foi, de la conscience qu’a d’elle-même l’Église, et de l’ecclésiologie orthodoxe, mais aussi sur le soutien expérimenté du Patriarcat œcuménique dans le port de sa croix.

1. La demande de la Sainte Communauté était que les hétérodoxes ne fussent point reconnus comme Église, car seule l’Église orthodoxe est l’Église une, sainte, catholique et apostolique[4].
2. Elle a également demandé qu’il soit souligné que les dialogues avec les hétérodoxes ont pour but le retour de ces derniers dans l’Orthodoxie et à l’unité de l’Église dans le Saint-Esprit.
3. Conformément à l’esprit et à la lettre de ses textes précédents à caractère de confession, la Sainte Communauté a demandé au Saint et Grand Concile de tenir compte de ses objections justifiées à la participation des Églises orthodoxes au « Conseil œcuménique des Églises » (COE), ainsi que de son opposition aux prières communes, interdites par les saints canons, les baisers liturgiques [cf. le baiser de paix avec les hétérodoxes au cours de la Liturgie, ndt], et tout ce qui donne l’impression que « nous sommes la même chose » [avec les hétérodoxes, ndt].
4. Une autre demande fondamentale de la Sainte Communauté du Mont Athos était aussi que fût formulée avec netteté que la conscience ecclésiale reconnaît comme « juge ultime » au sujet des questions de foi, la conscience du plérôme de l’Église[5], parfois exprimée par ses membres isolés et confirmée finalement par la décision conciliaire des évêques orthodoxes.
5. Enfin était demandé qu’il fût fait référence aux Grands Conciles de l’Église orthodoxe qui ont eu lieu après le VIIe Concile œcuménique, sous Photius le Grand (879-880), Saint Grégoire Palamas (1341-1351), et à Constantinople (1282-1284 et 1484), lesquels ont annulé les pseudo-conciles unionistes de Lyon et de Florence. Cette référence a été considérée nécessaire par la Sainte Communauté, étant donné que par leur enseignement, les différences dogmatiques et ecclésiologiques avec les hétérodoxes (sur le Filioque, la grâce créée, la primauté papale, etc) sont tirées pleinement au clair, et des bases saines sont ainsi posées aux dialogues théologiques bilatéraux.
6. Dans le texte « La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain », nous avons proposé, en tant qu’Athonites et héritiers de la tradition ascétique hésychaste, une référence très développée à l’enseignement orthodoxe sur l’ascèse en Christ, la prière du cœur et la déification de l’homme, tel qu’il a été formulé, principalement, par saint Grégoire Palamas, et qui est réalisé uniquement dans l’Église, par la grâce de Dieu, et non indépendamment de l’Église, à savoir par les différentes techniques psychosomatiques erronées que l’on rencontre dans les courants mystiques, anciens et nouveaux.

II. Le Saint et Grand Concile s’est finalement réuni dans les circonstances et dans la composition que l’on connaît et a mené à terme ses travaux, avec des discussions théologiques difficiles et nombreuses, ce qui est habituel lors des conciles.

Au nombre des points positifs du Concile, il faut relever le fait que Sa Toute-Sainteté le Patriarche œcuménique a dirigé les débats de manière exemplaire et a permis, dans le cadre du règlement, la libre expression des points de vue théologiques.

C’est également un fait que la plupart des évêques, bien que sous la forme de délégations, sont venus au Saint et Grand Concile pour confirmer la conscience qu’à d’elle-même l’Église une, sainte, catholique et apostolique et non pour approuver une quelconque ligne œcuméniste.

Nous ne pouvons pas non plus ignorer la remarquable tentative des Primats et des hiérarques conciliaires d’améliorer les textes. Nous devons particulièrement louer les efforts théologiques de certains évêques pour supprimer certains concepts et termes théologiques ambigus et ajouter des propositions nécessaires, dans le but d’éviter les connotations œcuménistes des textes.

Dans un souci d’objectivité et de vérité, nous mentionnerons certaines modifications fondamentales qui ont été faites dans la bonne direction :

1. Dans un certain nombre des textes a été ajouté, en ce qui concerne les non-orthodoxes, la précision « hétérodoxe » afin qu’apparaisse leur déviation de la foi apostolique orthodoxe et le fait qu’ils ne se trouvent pas en communion avec l’Église orthodoxe[6]. Dans le paragraphe 21 du document « Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien », il est dit clairement que « les Églises et confessions non orthodoxes ont dévié [et non pas « se sont éloignées » selon la traduction française officielle, ndt] de la vraie foi de l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Dans le paragraphe 9 du même document a été ajoutée la disposition suivante : « Il importe que les dialogues théologiques bilatéraux et multilatéraux fassent l’objet d’une évaluation panorthodoxe périodique ». Dans le paragraphe 23 a été inclu l’uniatisme dans les « actes de prosélytisme » et « autres actions provocantes d’antagonisme confessionnel ».

2. Dans le premier paragraphe du chapitre II du texte préconciliaire « La mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain » a été biffée la référence personnaliste à l’homme « en tant que membre de la communion des personnes reflétant par la grâce, à travers l’unité du genre humain, la vie en la Sainte Trinité et la communion des Trois Personnes »[7].

3. En ce qui concerne la question des mariages mixtes, il est mentionné que « Le mariage entre des orthodoxes et des non-orthodoxes est empêché selon l’acribie canonique (canon 72 du Concile Quinisexte in Trullo[8]) ». Il a néanmoins été donné la possibilité « d’appliquer l’économie ecclésiale… par le Saint-Synode de chaque Église orthodoxe autocéphale[9] ».

III. Néanmoins, après qu’un certain temps se soit passé depuis la convocation du Saint et Grand Concile, nous devons observer avec circonspection et modération certains points du texte « Relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien » qui, étant ambigus, attendent une formulation plus correcte, afin que soit manifestée la vérité, et que soit donnée satisfaction aux fidèles qui, avec amour et anxiété, attendent notre parole, et aussi que soient évitées les discordes et les situations qui nuisent à l’Église et gênent l’édification du peuple de Dieu.

1. Dans le paragraphe 6, ou il est fait référence aux Églises chrétiennes hétérodoxes qui ne se trouvent pas en communion avec l’Église orthodoxe, il ne suffit que soit entendue tacitement, mais que soit différenciée expressément, leur hétérodoxie par rapport à la vérité apostolique, la foi et la tradition des Conciles œcuméniques. Ainsi est délimitée l’Église par rapport aux hérésies qui usurpent la vérité apostolique. La formulation « Églises chrétiennes hétérodoxes » donne de la place à la théorie anti-orthodoxe selon laquelle les orthodoxes et les catholiques romains « se trouvent dans la situation non pas d’un schisme accompli, mais d’interruption de la communion ecclésiale (absence de communion[10]). Cette théorie englobe les orthodoxes et les catholiques romains dans l’Église Une, et perçoit l’hétérodoxie comme une formulation différente de la foi apostolique elle-même ! Par ailleurs, on connaît le refus constant des catholiques romains de reconnaître l’Église orthodoxe comme Église pleine et réelle, car elle n’est pas unie au Pape et de ce fait est privée de la plénitude de la grâce (Encyclique papale Dominus Jesus, 2000).  

2. Il manque les dispositions qui écarteraient les actes et déclarations qui présentent les hétérodoxes comme disposant d’un baptême et d’un sacerdoce authentiques et leur « Église » comme ayant la grâce salvatrice. Par conséquent, le paragraphe 23 est absolument incomplet, affirmant que le dialogue doit être accompagné « d’actes de compréhension et d’amour mutuels qui expriment “la joie ineffable” » de l’Évangile [selon la traduction française officielle, incomplète : « des actions qui expriment « la joie ineffable de l’Évangile », ndt]. En ce qui concerne la participation des Églises orthodoxes au Conseil œcuménique des Églises (pour laquelle le Mont Athos a déjà déclaré son désaccord), la déclaration du texte conciliaire est, d’une part, positive, à savoir que les Églises orthodoxes « contribuent (on entend par cela « seulement ») par tous les moyens dont elles disposent à la promotion de la coexistence pacifique et de la coopération portant sur les principaux enjeux socio-politiques » (paragraphe 17), mais néanmoins la participation des Églises orthodoxes au COE se base sur la « Déclaration de Toronto » (1950), qui est un texte théologiquement inacceptable. La question se pose alors sérieusement de savoir si, dans la suite du texte, la « Déclaration de Toronto » est entérinée conciliairement comme texte statutaire de référence de l’Église orthodoxe ! En outre est réaffirmée dans le texte la participation des orthodoxes au COE, tandis qu’il manque l’observation nécessaire selon laquelle « les prières communes interconfessionnelles » sont interdites. De même, ne sont pas rejetés les points de vue du COE sur l’Église et sur le Baptême qui ont été adoptées en commun (y compris par les participants orthodoxes[11]).

3. Conformément au texte, les dialogues qui ne parviennent pas à un accord ne sont pas interrompus, mais au contraire, après que l’on a enregistré le désaccord théologique, sont poursuivis (paragraphe 11). Incontestablement, il est juste qu’un dialogue soit mené à terme malgré les difficultés. Toutefois, la poursuite ou l’interruption d’un dialogue n’est pas seulement une question pratique, mais elle a une signification ecclésiologique et sotériologique. Les dialogues infructueux contribuent à émousser la sensibilité dogmatique des théologiens orthodoxes qui y participent ainsi que celle du plérôme orthodoxe. Par conséquent, que signifie « les dialogues continuent » ? En ce qui concerne le thème majeur de l’uniatisme, par exemple. Suffit-il de la simple et louable mention de « l’uniatisme » (paragraphe 23) parmi les formes d’antagonisme confessionnel, alors qu’il est le problème ecclésiologique par excellence qui devait être résolu avant le début du dialogue théologique en 1980 ? En outre, comment sera interprété le problème de l’uniatisme, comme un antagonisme pratique ou comme une aberration théologique ?

4. Les paragraphes 4, 5 et 6, entérinent la participation de l’Église orthodoxe aux dialogues inter-chrétiens et au dialogue œcuménique, et confirment que « la participation orthodoxe au Mouvement pour le rétablissement de l’unité avec les autres chrétiens dans l’Église une, sainte, catholique et apostolique… constitue l’expression conséquente de la foi et tradition apostolique dans des conditions historiques nouvelles » (paragraphe 4). Cette formulation signifie que l’Église orthodoxe ne reconnaît pas les hétérodoxes comme Églises, malgré cette appellation comme « moyen d’échanges et de communication », mais qu’elle attend avec conséquence, conformément à sa foi apostolique et à sa tradition, leur retour en son sein. Malgré tout, une formulation claire qui déclarerait l’unicité de l’Église, comme celle-ci a souvent été soulignée par des théologiens orthodoxes, par la Sainte Montagne[12], et par Sa Toute-Sainteté le patriarche Bartholomée en la sainte église du Protaton[13] conforterait l’Église orthodoxe en tout lieu ainsi que le plérôme orthodoxe.

5. Après la proclamation juste, dans le quatrième texte conciliaire, selon laquelle « l’Église orthodoxe est l’Église une, sainte, catholique et apostolique[14]… » et la confirmation expresse de l’encyclique que « les dialogues engagés par l’Église orthodoxe n’ont jamais signifié, ne signifient pas et ne signifieront jamais faire des compromis d’aucune sorte en matière de foi[15] », les accords théologiques tels que ceux de la Commission mixte orthodoxes – antichalcédoniens sur la christologie (1989-1990) et de la Commission mixte sur l’ecclésiologie, entre orthodoxes et catholiques romains, à Balamand (1993), ne peuvent être valides, car manifestement, ils constituent des « compromis en matière de foi ».

4. Aujourd’hui, la préservation de l’unité de l’Église est une revendication poignante. On entend à la Sainte Montagne et en d’autres lieux des protestations et, malheureusement, elles se développent jusqu’à des tendances schismatiques. Indubitablement, les ambiguïtés dans les textes conciliaires, dont l’imprécision crée les conditions préalables à leur interprétation œcuméniste et mène, par conséquent, à une crise de l’unité de l’Église. Il est de même difficile, au titre des dialogues théologiques en cours, de faire ressortir « les acquis » des décennies passées. Les textes du Concile doivent dépasser la partialité qui est due au fait qu’ils ont ignoré la tradition théologique forte qu’ont tracée les Pères théophores contemporains et les distingués théologiens, qui ont perçu le cheminement des dialogues œcuméniques comme une déviation œcuméniste. Ce ne sont pas seulement des voix « zélotes », comme on le dit, mais aussi des voix saines qui réclament la parole de vérité pour être convaincues et trouver le calme intérieur.

Toutefois la tendance qui prône « l’interruption de la commémoration » [de la hiérarchie, ndt] n’est pas justifiée dans le cas  présent. Les textes du Saint et Grand Concile ont leurs carences et leurs imperfections. Néanmoins, une déclaration d’union comme à Lyon ou à Florence, n’a pas été signée, et aucun évêque orthodoxe n’a adhéré à une hérésie jugée par l’Église, ni  proclamé « en public » les enseignements hérétiques des hétérodoxes. Un empressement irréfléchi à interrompre la commémoration [de la hiérarchie, ndt] ne réjouirait que les ennemis de l’Église[16].

Nous reconnaissons que Sa Toute-Sainteté le Patriarche œcuménique Mgr Bartholomée a montré un intérêt sans limite à ce que fût exprimée une ecclésiologie orthodoxe pure par le Concile. Nous connaissons la situation martyre de l’Église de Constantinople qui occupe le premier trône, et celle des anciens Patriarcats. Nous espérons néanmoins dans la grâce toute-puissante du Très-saint Esprit. Nos hiérarques, le saint clergé et le pieux peuple n’ont pas perdu la règle de Foi. Nous escomptons avec espoir la révision théologique ultérieure et la formulation plus authentique des textes conciliaires, de telle façon qu’ils correspondent à l’accomplissement de la mission salvatrice de l’Église dans le monde contemporain, conformément à la déclaration des saints Pères du VIIe Concile œcuménique :  « Ainsi que les prophètes ont vu, que les apôtres ont enseigné, que l'Église a reçu la tradition, que les docteurs ont défini, que l'univers a unanimement consenti, que la grâce a resplendi, que la vérité a éclaté… »  Que tous, clercs et laïcs «  pensions ainsi, parlions, prêchions ainsi, honorant le Christ, notre vrai Dieu » !

Soumettant cela en résumé à la considération de Votre Révérence, et priant notre Seigneur Jésus-Christ pour qu’Il éclaire nos hiérarques, lesquels portent le très lourd fardeau de la responsabilité, nous restons vôtre, avec beaucoup d’amour fraternel,

Les membres de la commission :
Hiéromoine Chrysostome de Koutloumousiou
Archimandrite Joseph de Xiropotamou
Archimandrite Élisée de Simonos Petras
Archimandrite Tykhon de Stavronikita
Hiéromoine Luc de Grigoriou






[1] https://www.holycouncil.org/documents.
[2] Synodicon de l’Orthodoxie, Triode, Dimanche de l’Orthodoxie.
[3] Encyclique du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, III-8.
[4] « L’Église n’est pas seulement Une, mais Unique. Il ne peut y avoir plusieurs corps dans le Seigneur Jésus-Christ. De la même façon, il est impossible qu’existent en Lui plusieurs Églises. Dans Son corps divino-humain, l’Église est Une et Unique, de même que le Dieu-homme, le Christ, est un et unique » (St Justin Popović, Dogmatique de l’Église orthodoxe, cité d’après Orthodoxos Typos, 29.6.2007).
[5] « Chez nous des innovations n'ont pu être introduites ni par les Patriarches, ni par les Conciles; car chez nous la sauvegarde de la religion réside dans le corps entier de l'Église, c'est-à-dire dans le peuple lui-même qui veut que son dogme religieux reste éternellement immuable et conforme à celui de ses Pères » (Encyclique des quatre patriarches orientaux, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, mai 1848).
[6] Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien §6.
[7] « La proposition entière de l’Église de Grèce au sujet de l’ontologie de la personne et la communion des personnes a été adoptée par le Saint et Grand Concile ». La phrase entière qui concerne la communion des personnes qui reflètent selon la grâce, par l’unité du genre humain, la vie de la Sainte Trinité et la communion des personnes divines, a été entièrement biffée. Il est simplement resté dans certains points le terme « personne humaine », en vue d’une discussion ultérieure » (Métropolite de Naupacte Hiérothée, Les décisions de la hiérarchie de l’Église de Grèce au sujet du « Saint et Grand Concile » et leur aboutissement, pp. 20-21, septembre 2016, https://aktines.blogspot.nl/2016/09/blog-post 197.html.
[8] Le sacrement du mariage et ses empêchements, 5.i.
[9] Ibid., 5.ii
[10] Episkepsis n° 755 (31.10.2013).
[11] Cf. à ce sujet, le document de la Commission de la Sainte Communauté du Mont Athos sur les questions dogmatiques, « Mémoire au sujet de la participation de l’Église orthodoxe au Conseil Œcuménique des Églises », 18.2.2007.
[12] « Seule notre Église orthodoxe est l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique du Credo, les autres “Églises” hétérodoxes se trouvent dans l’hérésie et l’illusion » (Lettre à Sa Toute-Sainteté le Patriarche Œcuménique Bartholomée, 1/14 novembre 1995).
[13] « L’Église orthodoxe est seule l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique » (21 octobre 2008).
[14] Les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien, §1.
[15] Encyclique du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, VII, 20.
[16] Cf. 15ème canon du Concile Prime-Second, Pedalion, p. 292.

Quelle sorte de pères sont nos évêques orthodoxes oecuménistes ?

n article de notre ami Maxime qui remet les coupoles sur le toit de l'Eglise
source


Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.
(Matthieu 19:30)




Ces évêques, archevêques et patriarches oecuménistes, nos "pères", qui passent leur temps à montrer de l'amour à tous pourvu qu'ils n'appartiennent pas à leur troupeau me font penser à d'autres pères assez communs de nos jours comme ceux-ci :
  • Ces pères tellement préoccupés par leur travail (avec l'admiration de "tous") qu'ils ne s'occupent pas de l'éducation de leurs enfants, tout en prétendant leur servir de modèle. Quand ils entrent un peu en contact avec la réalité de leur famille à l'occasion d'une crise, ils font preuve brusquement de la plus grande sévérité voire brutalité quand ils s'aperçoivent incidemment que leurs enfants ne les respectent pas, ne leur obéissent pas plus qu'à leur mère, et se conduisent même parfois comme de vrais  voyous…
  • Ces pères qui se consacrent "aux autres" (avec l'admiration de "tous")  en s'engageant  si à fond dans la politique, dans le syndicalisme ou dans diverses associations qu'ils négligent évidemment leur famille à laquelle ils ne consacrent que peu de temps sauf pour faire, à l'occasion, de grands, sévères et assommants discours sur ce qu'il faut faire pour rendre la société meilleure et plus juste,  pour quel parti il faut voter pour qu'il y ait plus de partage dans cette société… et qui sont durs, volontiers machos avec leur femme, ne les aidant en rien dans les tâches ménagères et injustes avec leurs enfants dont ils ne connaissent ni les désirs ni les besoins réels.
  • Ces pères qui sont des stars du showbiz, du cinéma ou autre spectacle qui ne voient presque jamais leurs enfants et n'apparaissent (avec l'admiration de "tous") que pour écraser leurs enfants en leur offrant un modèle inaccessible, tout en montrant par leur infidélité incessante à quel point leur mère n'a que peu d'importance, enfants qui finissent parfois par se suicider, sentant bien qu'ils ne sont eux aussi que peu d'importance si ce n'est une gêne pour la carrière de leur père.
  • Ces enseignants tellement dévoués à s'occuper des "élèves en difficulté" (avec l'admiration de "tous") toujours prêts à revendiquer le droit à l'éducation pour tous et surtout les enfants "défavorisés", recevant ces enfants et leurs parents pour leur expliquer comment ils doivent aider leurs enfants et  qui négligent quasi totalement leurs propres enfants au point qu'ils deviennent des cancres, et des asociaux et qui en parlent d'autant moins qu'ils en ont honte.
  • Ces gouvernants qui font de beaux discours, d'une haute tenue morale (avec l'admiration de "tous") donnant la  leçon à leurs concitoyens en leur reprochant leur crispation identitaire, leur repliement sur soi, leur manque d'ouverture, de tolérance, etc. quand ceux-ci souhaiteraient tout simplement que l'on s'occupe aussi - si ce n'est d'abord - de leurs problèmes de fin de mois, de l'insécurité dans laquelle ils vivent réellement (et non pas dans leurs fantasmes) et de leur incertitude quant à leur propre devenir et celui de leurs enfants. Ces "dirigeants" ne connaissent évidemment rien de la vie réelle de leurs administrés, ils vivent dans un cercle auto-reproducteur qui parcourt le monde, se congratulant les uns les autres, vivant avec des privilèges que l'on croyait abolis, une vie de luxe avec domestiques dans les lambris dorés de l'Ancien Régime. Le peuple se rend bien compte qu'il ne compte que pour fournir les votes nécessaires à un moment donné pour la réussite de leur carrière. Alors le peuple se révolte quelquefois en votant autrement avec un calme apparent, quelquefois en se révoltant violemment et alors le "pouvoir" envoie sa police pour mater de plus en plus brutalement la rébellion.

Que font nos évêques, archevêques et patriarches oecuménistes, (enfin ceux que l'on nomme nos "pères" dans la foi n'est-ce pas ?) du moins quand les moyens leur en sont fournis ?
- La même chose que tous les pères ci-dessus cités. 
Qu'ont-ils tous en commun ? 
- Un désir d'avoir eux aussi l'admiration de "tous",  c'est à dire de tous ceux qui ne sont pas sous leur autorité car les leurs ne leur servent qu'à s'appuyer sur un minimum de base pour asseoir leurs prétentions à avoir la reconnaissance sociale nécessaire pour réussir leur carrière ecclésiastique - qui n'est pas différente d'une autre. Faire carrière dans le syndicalisme, la politique, la religion permet de donner une image d'attention et de service aux autres valorisée car à priori noblement généreuse et désintéressée… mais qui se vend aussi bien que l'importance du chiffre d'affaires. Question de marketing.
Tous ces pères ont également en commun d'être bien loin de connaître les préoccupations et la vie quotidienne de leur famille spirituelle. Ils sont très préoccupés de donner une bonne image à ceux qui ne sont pas de leur famille mais ont un quasi mépris pour les leurs qui ne se conforment pas à l'image qu'ils veulent donner d'eux-mêmes en société. 
Ils ont beaucoup d'intérêt en revanche pour ceux qui ne dépendent pas d'eux et se posant en modèle, ils se glorifient volontiers  d'avoir bien agi avec ceux-ci,  en revanche non seulement il ne prennent pas réellement soin des leurs, mais en outre, en cas de crise, ils sont prompts à les menacer de reniement et si cela ne suffit pas ils sont prêts à utiliser la force brutale de la police à laquelle la société dans certains contextes, leur permet malheureusement de faire appel…

Visiblement leur conception de la paternité à tous ceux-là n'a que peu de rapport avec celle enseignée par le Christ  Jésus, Notre Seigneur et Notre Dieu. Puisse-t-Il dans son infinie miséricorde avoir pitié de leur incommensurable égoïsme et de leur peu de zèle à remplir leur divine mission, semblant ne plus connaître depuis un certain temps ni les dogmes de leur Église ni, et surtout, les préceptes évangéliques. Kyrie eleïson !
Maxime le minime, orthodoxe ordinaire.

mercredi 11 janvier 2017

Père Seraphim [Rose]: La Voie Royale de l'Orthodoxie



Autour de nous, il y a deux fausses approches de la vie  que beaucoup adoptent souvent aujourd'hui, en pensant que d'une certaine façon c'est ce que les chrétiens orthodoxes devraient faire. L'approche, la plus courante, est simplement d'aller de pair avec les temps: s'adapter à la musique rock, aux modes et aux goûts modernes, et à tout le rythme de notre vie moderne rendue plus "excitante"! Souvent, les parents "plus démodés" auront peu de contact avec cette vie, et ils vivront leur propre vie plus ou moins séparément, mais ils souriront en voyant leurs enfants suivre le dernier engouement à la mode, et penseront que c'est quelque chose d'inoffensif.

Cette voie est un désastre total pour la vie chrétienne; C'est la mort de l'âme. Certains peuvent encore mener une vie extérieure respectable sans lutter contre l'esprit des temps, mais intérieurement ils sont morts ou mourants; Et chose la plus triste de toutes, leurs enfants en paieront le prix dans divers troubles psychiques et spirituels et par des maladies qui deviennent de plus en plus communes. 

L'un des principaux membres du culte suicide qui s'est terminé de façon spectaculaire à Jonestown il y a quatre ans, était la jeune fille d'un prêtre grec orthodoxe; Des groupes de rock sataniques comme Kiss- «Les enfants au service de Satan» - sont composés de jeunes juifs russes orthodoxes; La plus grande partie des membres du temple de Satan à San Francisco, selon un récent sondage sociologique - est composée de garçons orthodoxes. Ce ne sont là que quelques cas frappants; La plupart des jeunes orthodoxes ne s'éloignent pas tant, ils se confondent avec le monde antichrétien qui les entoure et cessent d'être des exemples de toute forme de christianisme pour ceux qui les entourent.

Ceci est faux. Le chrétien doit être différent du monde, surtout du monde bizarre et anormal d'aujourd'hui, et cela doit être l'une des choses fondamentales qu'il connaît dans le cadre de son éducation chrétienne. Sinon, il ne sert à rien de nous qualifier de chrétiens, et encore moins de chrétiens orthodoxes.

L'approche fausse à l'extrémité opposée, est celle que l'on pourrait appeler la fausse spiritualité. Au fur et à mesure que les traductions des livres orthodoxes sur la vie spirituelle se généralisent, et que le vocabulaire orthodoxe de la lutte spirituelle se répand de plus en plus dans l'air, on retrouve un nombre croissant de personnes parlant d'hésychasme, de la prière de Jésus, de la vie ascétique exaltée, des états de prière, et des saints Pères les plus grands comme saint Syméon le nouveau théologien, saint Grégoire Palamas et saint Grégoire le Sinaïte. 

Il est très bien d'être conscient de ce côté vraiment élevé de la vie spirituelle orthodoxe et d'avoir de la vénération pour les grands saints qui l'ont effectivement vécue; Mais à moins que nous n'ayons une conscience très réaliste et très humble de l'éloignement que nous avons tous aujourd'hui par rapport à la vie de l'hésychasme et de la façon dont nous sommes peu préparés à l'aborder, notre intérêt ne sera qu'une expression de plus de notre moi -centré, sur cet univers factice. "La génération du moi devient hésychaste!" - c'est ce que certains essaient de faire aujourd'hui; Mais en réalité ils sont seulement l'ajout aux attractions de Disneyland, d'un nouveau jeu appelé "hésychasme."

Il y a des livres sur ce sujet maintenant qui sont très populaires. En fait, les catholiques romains vont en très grand nombre vers ce genre de chose sous l'influence orthodoxe, et eux-mêmes influencent les autres peuples orthodoxes. Ainsi, il y a un prêtre jésuite, le père George Maloney, qui écrit toutes sortes de livres sur ce sujet, et traduit Saint Macaire le Grand et Saint Syméon le Nouveau Théologien, et il tente d'amener les gens à être hésychastes dans la vie quotidienne. Ils ont toutes sortes de retraites, habituellement «charismatiques»; Les gens sont inspirés, soi-disant, par le Saint-Esprit, et entreprennent toutes sortes de ces disciplines que nous recevons des saints Pères, et qui sont bien au-delà du niveau auquel nous sommes aujourd'hui. C'est une chose très peu sérieuse. 

Il y a aussi une dame, Catherine de Hueck Doherty (en fait, elle est née en Russie et elle est devenue catholique), qui écrit des livres sur Poustinia, la vie dans le désert, et Molchanie, la vie silencieuse et toutes ces choses qu'elle essaie de mettre dans la vie, comme on fait la promotion pour une nouvelle sucrerie. Ceci, bien sûr, est très peu sérieux et c'est un signe très tragique de notre temps. Ce genre de choses exaltées sont utilisées par des gens qui n'ont aucune idée de ce qu'ils sont. Pour certaines personnes, ce n'est qu'une habitude ou un passe-temps; Pour d'autres qui les prennent au sérieux, cela peut être une grande tragédie. Ils pensent qu'ils mènent une forme de vie élevée et en vérité ils n'ont pas accepté leurs propres problèmes à l'intérieur d'eux-mêmes.


Permettez-moi de souligner à nouveau que ces deux extrêmes doivent être évités - à la fois la mondanité et la "super-spiritualité" -, mais cela ne signifie pas que nous ne devrions pas avoir une conscience réaliste des revendications légitimes que le monde nous impose, ou que nous devrions cesser de respecter et de prendre de instructions solides des grands Pères hésychastes, et d'utiliser la prière de Jésus nous-mêmes, selon nos circonstances et notre capacité. 

Elle doit juste être à notre niveau, terre à terre. Le fait est - et c'est un point qui est absolument nécessaire pour notre survie en tant que chrétiens orthodoxes aujourd'hui -, que nous devons réaliser notre situation en tant que chrétiens orthodoxes aujourd'hui; Nous devons réaliser profondément dans quels temps nous vivons, combien nous savons réellement peu de choses et ressentir notre orthodoxie, et à quelle distance nous ne sommes pas seulement des saints des temps anciens, mais même des chrétiens orthodoxes ordinaires d'il y a cent ans ou même d'une génération, et combien nous devons nous être simplement humbles pour lutter en tant que chrétiens orthodoxes aujourd'hui.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
 The Orthodox Word
vol. 18, no. 4 (105), 
July-August 1982

mardi 10 janvier 2017

LA VIE DE SAINT MACAIRE DE CORINTHE Par Athanasios Parios, son ami (fête le 17/30 avril)





Corinthe est une ville renommée et très ancienne du Péloponnèse. Il est bien connu que l'apôtre Paul a écrit à la ville deux Epîtres pleines de sagesse divine, et qu'il a enseigné les Corinthiens et les a conduits de l'erreur de l'idolâtrie à la connaissance du seul et unique vrai Dieu. Le divin Macaire est né et a été élevé dans cette ville. Il était un descendant de la noble, ancienne, et brillante Maison de Notaras, qui remonte au Sénat des Byzantins. Le très saint Gérasime de Céphalonie, renommé pour sa sainteté, la gloire de tous les chrétiens orthodoxes, qui brilla et brille encore par ses miracles innombrables, était un descendant de cette même Maison.

Les parents du saint étaient les très pieux Georges et Anastasia. Tous les deux étaient au premier rang à Corinthe quant à leur lignée et à leur richesse. Il naquit en 1731, après d'autres fils et filles, et son parrain Parthenios, l'archevêque de Corinthe, lui donna le nom de Michel à son saint baptême.

Quand il arriva à l'âge d’aller à l'école, Eustathios, alors dans la force de l'âge, lui enseigna les lettres saintes et le grec, à Céphalonie.

Dès sa jeunesse, il commença à donner des signes qu'il n'avait aucune inclination pour les choses mondaines, mais penchait uniquement pour le spirituel. Il vivait dans la plus grande piété, allant ardemment aux services de l'Église et évitant la compagnie des jeunes et la vanité mondaine.

Comme son père avait de l'influence dans les affaires politiques, il fit de lui un chef de plusieurs villages, afin qu'il puisse de cette façon devenir riche. Mais comme il faisait des dons de montants importants aux indigents et aux pauvres, il était souvent réprimandé par son père; et il décida finalement donc de se retirer entièrement des choses mondaines et de devenir moine. Alors il s'enfuit en secret à Méga Spiléon, le monastère renommé du Péloponnèse. Là, il demanda ardemment aux moines d'exaucer son désir. Mais voyant qu'il était venu sans le consentement de son père, ils refusèrent, craignant l'influence et le pouvoir de son père. En effet, après quelques jours, son père apprit qu'il était à cet endroit et leur envoya un message leur demandant de le ramener à la maison, même s'il ne voulait pas retourner.

Etant retourné à la maison paternelle, il s'occupait à la lecture et à l'étude des Écritures divines, ainsi qu'à d'autres livres instructifs et édifiants.
Plus tard, comme l'école de Corinthe n'avait pas de maître d'école, il offra volontairement d'instruire les enfants de son pays natal. Il enseigna là pendant six ans, sans salaire.

En 1764, quand l'archevêque de Corinthe, qui était fort avancé en âge, mourut, tous les habitants de la province, le clergé et les laïcs, riches et pauvres, vieux et jeunes, élirent unanimement le vertueux Macaire à succéder à l'évêque décédé, au trône épiscopal. De là, muni des lettres de recommandation nécessaires, il alla à Constantinople, accompagné de certaines personnes éminentes et parut devant le saint Synode. Samuel I Hatzeris était alors le patriarche. Il fut alors sacré archevêque de Corinthe.

Quand il retourna à la province qui lui avait été confiée par Dieu, il vit combien il était aimé de tous; car la population chrétienne entière de la province célébra le jour de son retour, se réjouissant et glorifiant Dieu pour avoir écouté leurs prières et leur avoir donné un si bon Pasteur. Et vraiment ils ne se trompaient pas du tout dans leurs bonnes espérances. Car de même que dès sa première jeunesse, saint Macaire avait donné les signes d'une grande âme et d'une profonde ardeur pour le bien, de même à partir du moment où il devint évêque, il confirma tout cela par des actes. Comme saint Grégoire le Théologien, il réfléchit qu'il «n'avait pas reçu l'office d'évêque comme un pouvoir non examiné» et comme un moyen pour le plaisir et l'acquisition de richesse, mais comme une mission de surveillance et une sollicitude paternelle pour la sécurité et le salut de ses ouailles spirituelles, pour lesquelles il serait tenu responsable devant le souverain Pasteur.

C'est avec de telles pensées qu'il commença tout de suite, comme un fidèle et prudent économe, à donner la nourriture de la Parole de Dieu aux âmes qui depuis longtemps en avaient été privées et avaient faim, prêchant dans les saintes églises avec grande bonté et humilité.

Comme il avait trouvé la province en désordre et dans l’illégalité, et l'Église en état de corruption, comme résultat de la négligence de ses prédécesseurs ou de leur manque d'éducation, il s'appliqua avec beaucoup de zèle et de diligence, comme un autre Zorobabel, à la tâche de rénover et d’améliorer la province, la libérant de toutes sortes d'impuretés et de laideurs.

En premier lieu, il déchargea tous les prêtres qu'il trouvait entièrement ignorants, de même que ceux qui étaient incapables de s'acquitter de leurs fonctions sacerdotales à cause de leur âge avancé. Ensuite, il interdit à tous les prêtres de participer à la politique, car en beaucoup d'endroits, cette inconvenance détestable était habituelle à cette époque, de sorte que les mêmes personnes étaient à la fois prêtres et chefs de communautés. Ceux qui ne tenaient aucun compte de cet ordre devaient être rendus inactifs de façon permanente. En ordonnant les prêtres, il observait aussi strictement que possible les canons apostoliques et synodiques. Il n'ordonnait jamais pour de l’argent, soit au sacerdoce, soit à un autre office spirituel – il ordonnait gratuitement, comme des dons de l'Esprit, ceux qui en étaient dignes. Plus encore, il n'ordonnait personne qui n'avait pas l'âge approprié, bien qu'il eût besoin de prêtres puisque, comme nous l'avons dit, il empêchait beaucoup d’entre eux de célébrer les rites sacrés. En plus, en examinant ceux qui voulaient devenir prêtres, il envoyait tous ceux qu'il pensait n'être pas qualifiés dans les monastères, pour qu'ils puissent y dépenser l'argent qu'ils auraient auparavant donné pour l'ordination pour être correctement éduqués et formés. Egalement, il n'ordonnait pas un diacre prêtre sans d'abord le former à l'accomplissement de tous les rites de l'Église, l'instruisant par la parole et par l'exemple. Il distribuait les catéchismes sacrés à tout le clergé, pour qu'ils puissent les étudier et apprendre d'eux à propos de la foi. Et à toutes les villes et villages de la province, il donna de grands fonts baptismaux, de sorte que le saint baptême soit célébré de manière parfaite, comme l'enseigne notre sainte Église d'Orient.

Le saint hiérarque accomplit et enseigna ces actes édifiants et salvateurs et bien d'autres. En plus, il décida de créer des écoles à travers sa province.

Il garda son troupeau raisonnable de façon paternelle et agréable à Dieu. Toutefois, dans l'année 1768, pendant le règne de Sultan Mustafa, la guerre fut déclarée entre les Russes et les Ottomans, et la flotte russe apparut au Péloponnèse. Le père du saint, craignant et prévoyant des conséquences terribles, l’emmena avec le reste de la famille et toutes les possessions qu'il pouvait et partit pour Zakynthos. En route ils tombèrent sur des brigands qui les dépouillèrent de tout mais ne tuèrent personne. Ainsi dépossédés de tout, ils arrivèrent à Zakynthos, après beaucoup d'épreuves. Les habitants les reçurent avec beaucoup de sympathie et de bonté et leur fournirent avec abondance des aliments et des vêtements; particulièrement à saint Macaire qu'ils honorèrent et vénérèrent comme un autre apôtre du Christ.

Plus tard, Macaire passa à Céphalonie pour vénérer les reliques sacrées de Gérasimos. Après quelques mois passés dans cette ville, il retourna à Zakynthos et résida là pendant trois ans.

Puis il se rendit à Hydra où il resta comme invité au monastère de l’Enfantrice de Dieu, jusqu'au retour de la paix entre les Ottomans et les Russes.
Bien que cette île appartint à l'empire Ottoman, le saint Synode à Constantinople ordonna un autre archevêque de Corinthe. Pour modérer le chagrin de Macaire qui s’ensuivit, le Synode lui permit d'officier comme évêque librement où qu'il soit.

Un an plus tard, il partit à Chios. Et après y avoir passé une brève période, il alla à la Sainte Montagne, où il avait désiré se rendre longtemps auparavant. Mais il ne trouva en ce refuge en aucune manière un calme port de salut, comme il avait espéré, mais au contraire une mer agitée. Car en premier lieu, ceux qui célébraient les offices pour les défunts le dimanche lui demandèrent s'il approuvait que ces offices se tiennent ce jour là. Saint Macaire répondit négativement. Alors quand l'ancien patriarche d'Alexandrie Matthieu mourut au monastère de Koutloumousiou, et que le saint fut invité à célébrer à l'office de commémoration pour le patriarche quarante jours après sa mort un dimanche, non seulement il déclina, mais il écrivit aux administrateurs du patriarche décédé comme suit : «Pourquoi préférez-vous tenir l'office de commémoration un dimanche et passer les autres jours de la semaine, violant ainsi les règles et les décrets de l'Église, qui interdit cela ? Moi-même, je n'ai jamais célébré et ne célébrerai jamais un office pour les défunts un dimanche.» Sur quoi, ils le menacèrent et envoyèrent sa lettre à propos des offices pour les défunts au patriarche.

Contrarié, il quitta donc l’Athos et retourna à Chios. De Chios, il alla à Patmos où il fit la connaissance et s'associa avec les très saints pères Niphon de Chios, un hiéromoine, Grégoire de Nisyros, et Athanase d'Arménie. Tous trois avaient quitté la Sainte Montagne quelques années auparavant, en raison des troubles et des scandales concernant les offices pour les défunts.

Après un an, son père étant décédé, il retourna à Hydra à la demande de ses frères. De Hydra, il se rendit avec eux à Corinthe. En ce lieu, ils divisèrent entre eux l'héritage paternel sereinement et paisiblement sous la supervision du saint. Il leur donna sa propre part. Après cet acte généreux, il leur demanda de lui apporter tous les billets à ordre de son père, et les prenant, il les jeta tous dans le feu et les brûla, libérant ainsi de leurs dettes un grand nombre de personnes. Les familles des débiteurs se mirent à louanger le bienfaisant Macaire et le proclamèrent unanimement bienheureux.

Ensuite il retourna à Chios. Il y obtint des lettres de recommandation et partit pour Smyrne, pour rencontrer Jean Mavrogordatos. Ce dernier, le connaissant par des rumeurs, le reçut avec dévotion et respect comme un homme de Dieu. Non seulement il lui fournit avec empressement et joyeusement l'hospitalité de sa maison, mais aussi l'argent nécessaire pour la publication de la sainte Philocalie, qui est un livre très édifiant, ainsi que du Saint Catéchisme de Platon, Métropolite de Moscou. En conséquence de l'enseignement de ce divin Père, il transforma sa maison en une sainte demeure par les offices des Vêpres et des Matines, et par la stricte observance des jeûnes traditionnels.

Le divin Macaire désirait aussi fortement publier son bien-aimé Evergetinos. Un généreux donateur fut également trouvé pour imprimer ce livre édifiant : Jean Kannas.

Après cela, le divin Père retourna à Chios, et trouva un ermitage pour vivre le reste de sa vie dans l’effort spirituel. Le nom de l'ermitage était Saint Pierre. Il se trouve dans la partie nord de l'île. Il l'acheta à la ville de Chios et vécut là avec un disciple Chiote âgé nommé Iakovos. Ce moine resta avec lui et le servit jusqu'à sa mort sainte.

A ce moment là, le hiéromoine Chiote Niphon, que nous avons mentionné auparavant, se rendit à l'île d'Ikaria avec quelques confrères moines, et ils essayèrent de construire un monastère pour eux-mêmes. Mais ils manquèrent d'argent et saint Macaire les aida par des contributions de Chiotes et Smyrniotes charitables; et grâce à son aide, fut construit sur cette île un petit monastère cénobitique. Le saint alla vivre là pour quelque temps, afin de rencontrer les très saints pères et les amis qui vivaient là.

Ensuite il retourna à son ermitage à Chios. C'est un endroit bien aéré et salubre qui lui profita beaucoup, car il était de faible constitution et souffrait d'une mauvaise santé. Habitant en ce lieu, il jouissait d'une bonne santé et de la tranquillité, étant loin du tumulte et du bruit des villes, et des vanités mondaines. Car comme l'a dit un Père des premiers temps : «Les saints hommes de Dieu, craignant le mal qui vient de la vanité et de l'arrogance, cherchent par tous les moyens à cacher leurs vertus aux yeux des hommes. En conséquence nous ne pouvons connaître leurs accomplissements que si Dieu les a manifestés pour le profit des autres, ou bien si leurs disciples les ont fait connaître plus tard.» Ce point de vue est tout à fait juste; et nous disons cela à propos du saint Père, duquel seul Dieu qui est omniscient vit et connut les luttes solitaires et les efforts spirituels. Car pour plaire à Dieu et à Lui seul, saint Macaire s'efforça de les cacher plus soigneusement que les mauvais ne s'efforcent de dissimuler leurs crimes. En conséquence nous écrivons à son sujet uniquement soit ce que de nombreuses personnes ont assurément appris, soit ce que chaque Chiote contemporain sait, c'est à dire ses longs jeûnes continuels, en plus des jeûnes canoniques, qu'il observait aussi strictement que les dogmes de la foi, n'ayant absolument aucun doute que les saints canons ne sont pas des décrets des hommes, mais bien du saint Esprit. Il était tout à fait différent de bien des chrétiens d'aujourd'hui, qui montrent de l'indifférence et du mépris pour les saints canons, les tenant pour des commandements des hommes ordinaires et, en accord avec cette opinion, les violent sans honte, mangeant du poisson et de la viande et affirmant que nulle part Dieu n'ordonne aux hommes de jeûner; alors que ces canons furent écrits avec circonspection et sous l'inspiration du saint Esprit de Dieu. Il observa donc non seulement les jeûnes canoniques, comme chaque chrétien doit le faire, mais aussi des jeûnes supplémentaires, qu'il s'imposa à lui-même. Considérant le vin et l'huile comme deux grands ennemis et affirmant que les deux étaient nuisibles à la santé, il ne les goûtait que les samedis et les dimanches. Les autres jours il mangeait des légumes et des pâtes bouillis dans l'eau. À propos des jeûnes, des veilles, des prières incessantes et des métanies de ce saint Père, nous avons reçu l'information positive de nombreuses personnes, particulièrement de son disciple Jacques. Et nul ne peut douter que par ces luttes extrêmes et ces pratiques ascétiques il était devenu divin et brulait d'amour divin. Une preuve de ce fait sont les merveilleuses œuvres de la grâce divine qui s’accomplissent aujourd'hui à travers lui. Ainsi ces actions qui étaient invisibles pour beaucoup sont inférées et confirmées par ces évènements clairs et connus de tous. Car comme le grand Père Isaac le dit : «Il est impossible pour ceux qui vivent fermement de cette manière d'être laissés sans de grands dons de Dieu, à cause de leur attention intérieure et de la vigilance de leur cœur, et de leur liberté par rapport aux choses mondaines. Une âme qui se donne du mal et qui excelle dans la pratique d'une telle vigilance dans son aspiration à Dieu, acquerra des yeux de chérubins à travers lesquels elle contemplera pour toujours les choses célestes.» En conséquence, selon ce maître divin, saint Macaire, par ses dons divins, prouva qu’il était porteur d’un esprit céleste, et par ses veilles qu’il était un imitateur des anges.

Les Pères divins enseignent que la prière est une conversation avec Dieu. Ceux parmi nous qui ont entendu saint Macaire lire à l'église les psaumes et d'autres parties des saints Écritures confirment que sa lecture était en effet une conversation avec Dieu. Etant tranquille, doux et calme, il atteignait sans doute l'oreille du Seigneur Sabaoth. Et si nous confessons tous cela à propos de sa lecture et de sa prière en commun à l'église, bien plus devons nous le comprendre à propos de sa prière privée – cette prière qui est plus mystique, séparée de toute circonstance matérielle et relation humaine. Il est certain qu’à ces moments là, ayant son esprit entièrement tourné vers Dieu, il élevait à l'oreille de Dieu non seulement ce qu'il disait avec ses lèvres, mais aussi toutes ses belles et pieuses pensées.

Toutes ces choses sont bonnes et dignes d'éloges, mais elles sont le résultat d'un souci pour son propre salut personnel, et non pas des preuves de l'amour pour son prochain, sans lequel, comme le dit le divin Paul, tout est inutile et vain. Le Seigneur a prescrit cet amour dans l'Évangile, disant : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Alors le pieux Macaire remplit ses devoirs à l'égard de son prochain et répéta constamment cette déclaration de l'apôtre des Gentils : «nous sommes collaborateurs de Dieu,» ce qui veut dire que nous devons tous aider nos frères autant que nous le pouvons dans les choses qui tiennent au salut de leurs âmes. Par conséquent, il chercha à faire du bien à tous les chrétiens, les rendant dignes du royaume des cieux par des livres édifiants, des conseils et avertissements paternels. Les preuves de cela sont Théodore de Byzance, Démétrios du Péloponnèse, et d'autres qui furent inspirés à devenir des martyrs pour la foi, comme résultats de la lecture dans le Martyrologue des vies de semblables athlètes spirituels. Et nous avons entendu un laïc d'Ainos dire qu'il avait lu la Philocalie du saint Père soigneusement deux fois et avait l'intention de l'étudier une troisième fois.

Le désir et la soif de saint Macaire pour le salut des chrétiens étaient tels qu'à la lecture d'un petit livre intitulé Apologie chrétienne, il fut rempli d'enthousiasme à l’égard de cet ouvrage et, faisant la collecte de cinq cent pièces de cuivre, il fit réimprimer ce livre édifiant.

Il faut ajouter que saint Macaire prêchait continuellement aux paroissiens de l'église de Saint Pierre, où il vivait en retraite monastique, aussi bien qu'à tous ceux qui, venant d’ailleurs, se réunissaient dans cette église pour assister à la divine Liturgie. Pendant les carêmes, il allait dans les églises des environs et prêchait la parole de Dieu avec douceur et calme, comme les apôtres dont il était un très strict disciple et émule.

Ses sermons étaient indubitablement fructueux. Car, en premier lieu, son audience voyait un évêque de Corinthe les instruire avec humilité et en habits très pauvres. En second lieu, au lieu de recevoir de l'argent pour son labeur, il offrait une aide financière aux indigents : à une personne pour payer ses dettes, à une autre pour le mariage de sa fille, et à une autre pour un autre besoin. L'incident qui suit sert également à montrer la fécondité des sermons et des enseignements du saint. Une certaine femme d'un village voisin trouva une fois trois livres de soie et s'en alla chercher la personne qui les avait perdues, pour les lui donner. À ceux qui en étaient surpris, elle répliqua : «Comment puis-je garder cette soie, alors que cette homme béni ne permet en aucune façon de faire une telle chose ?» Quand il lui fut demandé qui était cet homme, elle répondit : «L'Archevêque de Corinthe. Il nous a appris que chaque fois que nous trouvons quelque chose appartenant à une autre personne, c'est notre devoir de le lui rendre, car autrement nous péchons et qui plus est, nous ne devrions pas demander une récompense.»

Toutefois, l'extrême amour fraternel du saint et sa grande compassion pour les nécessiteux commencèrent à troubler sa tranquillité dans une mesure non négligeable, particulièrement parce que les personnes indigentes venaient à lui non seulement d’endroits proches, mais aussi d'autres régions, sur la recommandation de leurs amis. Et dans la mesure où quelques-uns avaient besoin d'une aide importante, le saint Père était forcé d'avoir recours à d'autres, qui étaient riches, et d'aider les nécessiteux par les aumônes qu'il obtenait d'eux. Comme il ne voulait ni être ennuyeux ni non plus supporter de renvoyer les mains vides ceux qui venaient à lui pour son aide, il dut finalement partir et aller à Patmos. Mais il ne trouva pas là les personnes telles qu'il les attendait, et donc retourna à Chios.

Alors, permettez que nous reprenions notre compte de ses publications. Un résumé du livre du saint Père intitulé Au sujet de la communion fréquente aux divins Mystères montre qu'il ne contient rien d'autre que les paroles des Évangiles et des apôtres, les canons des apôtres et des synodes, et les paroles des Pères divins, tous expliqués dans le vernaculaire et d'un commun accord enseignant et assurant que la fréquente communion aux divins Mystères est sainte et conduit au salut; et par conséquent que ce livre est légal et canonique. Mais la malice prévalut contre lui, toutefois temporairement. Car un moine agiorite mal avisé, après l'avoir lu, l'envoya au patriarcat de Constantinople et écrivit autant de mauvaises choses qu'il put sur le livre. Le patriarche Procopios le Péloponnésien qui, à ce moment là avait été élevé de l'évêché de Smyrne au trône œcuménique, provoqué par les accusations, condamna le livre synodalement comme non canonique et causeur de troubles, et imposa une sévère pénitence à ceux qui auraient l'audace de le lire. Ensuite, les moines de la Sainte Montagne luttèrent avec toutes leurs ressources pour obtenir la révocation de la décision du patriarcat ; mais ils ne réussirent pas. Toutefois, plus tard, quand Néophytos de Smyrne, qui était un ami proche du saint Père, devint patriarche, il annula synodalement le décret de son prédécesseur contre le livre, et envoya la lettre suivante au saint :

"Très saint métropolite, auparavant de Corinthe, frère bien-aimé dans l'Esprit saint et compagnon de clergé Macaire, grâce à votre épiscopat et paix d'en haut ! À propos de votre œuvre Au sujet de la communion fréquente aux Mystères divins, que vous avez publiée, nous vous informons qu'elle a été considérée par le Synode, examinée d'une manière réfléchie, et approuvée. Il a été montré qu'elle était ecclésiastiquement légale et qu'elle ne contenait rien qui empêche quelqu'un qui est digne par le repentir et la vraie confession de participer aux purs et redoutables Mystères du Christ. Il a été prouvé par le Synode que votre livre est édifiant et propice au salut; et que ceux qui souhaitent l'acheter et le lire sont libres de le faire, dirigés par leurs confesseurs s’ils se posent des questions.

Parce qu'une rumeur s'est répandue qu'un décret ecclésiastique avait été publié condamnant votre œuvre, et qu’en conséquence les chrétiens dévots s'abstiennent de la lire, pour annuler ce décret nous écrivons la présente lettre et nous décrétons par le tout saint Esprit que tous les chrétiens qui ont lu, lisent ou liront votre livre, Au sujet de la communion fréquente, sont pardonnés et bénis par le Seigneur Tout Puissant et sont délivrés des pénitences ecclésiastiques et des malédictions, et ont les bénédictions de tous les saints et des saints Pères de l'Église inspirés de Dieu. C'est pourquoi, sachant cela, chassez tout soupçon à propos de votre œuvre, pour laquelle vous serez récompensé par Dieu. Que sa grâce soit avec votre Sainteté.»

Bien que saint Macaire ait publié beaucoup d'autres livres édifiants, celui Concernant la communion fréquente aux divins Mystères, écrit par lui avec une grande application, peut avec justice être appelé une source et un puits de la vie éternelle.

Voici pour les publications de notre saint Père. Parlons maintenant de quelques autres de ses actions vertueuses. Dans le combat pour le Christ, c'est-à-dire dans le martyre, Jésus Christ Lui-même est le juge et le donneur de couronnes; le combattant est la personne qui est torturée et qui meurt pour sa gloire; tandis que l'adversaire est le diable avec ses instruments – les ennemis et les persécuteurs de la divine et sainte foi chrétienne. Maintenant il est vrai que les combattants n'entrent pas dans l'arène du martyre sans force d'âme. Mais comme le dit le Seigneur, «L'esprit est bien disposé, mais la chair est faible;» et Grégoire le Théologien affirme que l'exhortation et l'encouragement par les mots peuvent instiller plus qu'un peu de bravoure dans l'âme de celui qui a choisi de souffrir le martyre. Chacun a le devoir religieux d’agir ainsi; et c’est ce que fit précisément saint Macaire. S'en tenant strictement au commandement de l'Évangile qui dit : «Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à Moi,» il les recevait tous avec empressement, et non seulement les encourageait avec des mots, mais aussi gardait dans son ermitage pour plusieurs jours ceux qui avaient besoin de davantage de préparation, les entraînant et les fortifiant par le jeûne et les prières. Que de cette manière il allumât dans les âmes de telles personnes le feu de l'amour divin, cela fut spécialement prouvé par Polydoros le Cypriote qui confessa et déclara la bonne transformation qui eut lieu en lui. Car un soir il se tint à la porte de la maison des hôtes, criant : «Que Dieu vous bénisse pour le bien que vous me faites !» À une autre occasion, comme le Père Jacques le cherchait à l'heure du souper, il le trouva à un endroit isolé pleurant et se lamentant. Il annonça cela à saint Macaire et ce dernier dit : «Qu'il se lamente, car cette lamentation est chère à Dieu et mène au salut.»

Cette excellente préparation eut le même effet sur l'âme de Théodore de Byzance, lequel d'un extrême, celui de la timidité à l'égard de la mort, passa à l'autre extrême, celui de la bravoure; car il courut à la rencontre de la mort pour l'amour du Christ.

Cela agit de la même manière sur l'âme fruste et sans instruction de Démétrius le Péloponnésien, qui, lorsqu'il fit conduit à la décapitation, cria, les yeux au ciel : «Je Te remercie, mon Seigneur Jésus Christ, pour m'avoir jugé, moi l'indigne, digne de cette heure bénie du martyre.»

Maintenant il est juste pour nous de tenir l'entraineur de ces martyrs glorieusement triomphants, saint Macaire, pour l'un d'entre eux et pour un martyr en principe. Basile le Grand juge étant le pair d'un martyr en principe celui qui a seulement sincèrement exhorté le martyr béni; en conséquence, notre Père divin, qui s'était occupé lui-même pendant bien des jours et des nuits à encourager ceux qui entraient dans l'arène du martyre et ainsi alluma dans leurs cœurs la flamme de l'amour du Christ et l'aspiration de souffrir pour Lui, peut plus raisonnablement et justement être considéré leur égal. Et tout comme la couronne de vertu est mise sur les martyrs, comme le dit l'apôtre Paul, parce qu'ils ont achevé la course et gardé la foi, de même elle est mise sur saint Macaire, en tant que compagnon de travail et de combat, et aide des martyrs par son conseil et son zèle en actes comme en mots.

Mais finalement le temps arriva où le Père divin devait payer la dette commune et inévitable de la nature. Dès qu'il eut fini sa collection des vies des saints ascètes et martyrs, à la fois anciens et modernes, à laquelle il donna le titre de Nouveau Leimonarion, il commença à se préoccuper du problème de sa publication. Mais, soudainement, il fut frappé d'apoplexie et la partie droite entière de son corps fut paralysée. Sa main bonne et bienfaisante resta désormais inactive.

Souffrant ainsi à partir de ce moment et tressant pour lui-même une couronne par sa patience, il remercia le Dieu bienveillant et pleura sans cesse, disant qu'il était puni de cette manière pour ses péchés et que néanmoins il ne se repentait pas. Quand nous allâmes le visiter un jour, nous le trouvâmes en pleurs incessants et gémissant, parce que bien que puni par Dieu il ne se repentait pas. Alors nous lui dîmes : «Vénérable Père, il est juste que vous ne vous repentiez pas, car votre conscience ne vous blâme pas du tout comme transgresseur des commandements divins que vous avez observés toute votre vie.» Néanmoins, les larmes continuaient à couler de ses yeux en ruisseaux. Cela dura huit mois, c'est-à-dire du 1 septembre au 17 avril, qui fut le dernier jour de sa vie terrestre.

Pendant cette période, des chrétiens, hommes et femmes, de toutes classes et de tous âges, vinrent à lui pour recevoir ses saintes bénédictions. Il se confessait et recevait chaque jour la sainte communion. Son ami proche, le très saint Nil Kalognomos, restait à son côté, lui parlant et le consolant. Ils discutaient et philosophaient à propos de questions mystiques et spirituelles, puisqu'il conserva intactes ses facultés intellectuelles jusqu'à son dernier souffle.
Saint Macaire rendit son âme au Créateur divin le 17 avril 1805, et fut compté parmi les hiérarques, les martyrs, les ascètes et les saints.

Son corps fut enterré à côté de l'église de Saint Pierre, au sud de la cour. Ainsi, ce qu'il avait annoncé et désiré fut accompli. Car quand deux ans plus tôt le vieux Jacques tomba malade et fut au bord de la mort, les frères qui étaient présents demandèrent au saint Père où il voulait qu'ils creusent la tombe de Jacques. Quand le Saint entendit cela, il fut profondément ému et dit : «Je veux que ma tombe soit creusée la première et ensuite celle du bon père.» Et il en fut ainsi; car quand les reliques sacrées du Saint furent enlevées de la tombe, son vieux disciple Jacques mourut et fut enterré dans la même tombe.

Que saint Macaire plut à Dieu et atteignit à la sainteté a été clairement démontré par la grâce toute puissante et toute créative de l'Esprit à travers de grands miracles. Que personne n'ait aucun doute concernant leur réalité car ces récits ont été écrits non pas dans un pays éloigné et étranger, mais dans cette même ville de Chios dans la présence vivante de ceux qui souffraient gravement et incurablement et qui ont été guéris en ayant recours avec dévotion et foi au Saint, et qui, publiquement, confessent et déclarent leur guérison. 

Grand merci à Père Cassien 
qui a permis la publication de cette vie
 de 
saint Macaire.

Son site ( ICI
a de nombreuses ressources utiles.