Corinthe est une ville renommée et très ancienne du Péloponnèse. Il est bien connu que l'apôtre Paul a écrit à la ville deux
Epîtres pleines de sagesse divine, et qu'il a enseigné les Corinthiens et les a conduits de l'erreur de l'idolâtrie à la
connaissance du seul et unique vrai Dieu. Le divin Macaire est né et a été élevé dans cette ville. Il était un descendant de la
noble, ancienne, et brillante Maison de Notaras, qui remonte au Sénat des Byzantins. Le très saint Gérasime de Céphalonie,
renommé pour sa sainteté, la gloire de tous les chrétiens orthodoxes, qui brilla et brille encore par ses miracles innombrables,
était un descendant de cette même Maison.
Les parents du saint étaient les très pieux Georges et Anastasia. Tous les deux étaient au premier rang à Corinthe quant à
leur lignée et à leur richesse. Il naquit en 1731, après d'autres fils et filles, et son parrain Parthenios, l'archevêque de
Corinthe, lui donna le nom de Michel à son saint baptême.
Quand il arriva à l'âge d’aller à l'école, Eustathios, alors dans la force de l'âge, lui enseigna les lettres saintes et le grec, à
Céphalonie.
Dès sa jeunesse, il commença à donner des signes qu'il n'avait aucune inclination pour les choses mondaines, mais
penchait uniquement pour le spirituel. Il vivait dans la plus grande piété, allant ardemment aux services de l'Église et évitant
la compagnie des jeunes et la vanité mondaine.
Comme son père avait de l'influence dans les affaires politiques, il fit de lui un chef de plusieurs villages, afin qu'il puisse
de cette façon devenir riche. Mais comme il faisait des dons de montants importants aux indigents et aux pauvres, il était
souvent réprimandé par son père; et il décida finalement donc de se retirer entièrement des choses mondaines et de devenir
moine. Alors il s'enfuit en secret à Méga Spiléon, le monastère renommé du Péloponnèse. Là, il demanda ardemment aux
moines d'exaucer son désir. Mais voyant qu'il était venu sans le consentement de son père, ils refusèrent, craignant
l'influence et le pouvoir de son père. En effet, après quelques jours, son père apprit qu'il était à cet endroit et leur envoya un
message leur demandant de le ramener à la maison, même s'il ne voulait pas retourner.
Etant retourné à la maison paternelle, il s'occupait à la lecture et à l'étude des Écritures divines, ainsi qu'à d'autres livres
instructifs et édifiants.
Plus tard, comme l'école de Corinthe n'avait pas de maître d'école, il offra volontairement d'instruire les enfants de son
pays natal. Il enseigna là pendant six ans, sans salaire.
En 1764, quand l'archevêque de Corinthe, qui était fort avancé en âge, mourut, tous les habitants de la province, le clergé
et les laïcs, riches et pauvres, vieux et jeunes, élirent unanimement le vertueux Macaire à succéder à l'évêque décédé, au
trône épiscopal. De là, muni des lettres de recommandation nécessaires, il alla à Constantinople, accompagné de certaines
personnes éminentes et parut devant le saint Synode. Samuel I Hatzeris était alors le patriarche. Il fut alors sacré archevêque
de Corinthe.
Quand il retourna à la province qui lui avait été confiée par Dieu, il vit combien il était aimé de tous; car la population
chrétienne entière de la province célébra le jour de son retour, se réjouissant et glorifiant Dieu pour avoir écouté leurs prières
et leur avoir donné un si bon Pasteur. Et vraiment ils ne se trompaient pas du tout dans leurs bonnes espérances. Car de
même que dès sa première jeunesse, saint Macaire avait donné les signes d'une grande âme et d'une profonde ardeur pour
le bien, de même à partir du moment où il devint évêque, il confirma tout cela par des actes. Comme saint Grégoire le
Théologien, il réfléchit qu'il «n'avait pas reçu l'office d'évêque comme un pouvoir non examiné» et comme un moyen pour le plaisir et l'acquisition de richesse, mais comme une mission de surveillance et une sollicitude paternelle pour la sécurité et le
salut de ses ouailles spirituelles, pour lesquelles il serait tenu responsable devant le souverain Pasteur.
C'est avec de telles pensées qu'il commença tout de suite, comme un fidèle et prudent économe, à donner la nourriture
de la Parole de Dieu aux âmes qui depuis longtemps en avaient été privées et avaient faim, prêchant dans les saintes églises
avec grande bonté et humilité.
Comme il avait trouvé la province en désordre et dans l’illégalité, et l'Église en état de corruption, comme résultat de la
négligence de ses prédécesseurs ou de leur manque d'éducation, il s'appliqua avec beaucoup de zèle et de diligence, comme
un autre Zorobabel, à la tâche de rénover et d’améliorer la province, la libérant de toutes sortes d'impuretés et de laideurs.
En premier lieu, il déchargea tous les prêtres qu'il trouvait entièrement ignorants, de même que ceux qui étaient
incapables de s'acquitter de leurs fonctions sacerdotales à cause de leur âge avancé. Ensuite, il interdit à tous les prêtres de
participer à la politique, car en beaucoup d'endroits, cette inconvenance détestable était habituelle à cette époque, de sorte
que les mêmes personnes étaient à la fois prêtres et chefs de communautés. Ceux qui ne tenaient aucun compte de cet ordre
devaient être rendus inactifs de façon permanente. En ordonnant les prêtres, il observait aussi strictement que possible les
canons apostoliques et synodiques. Il n'ordonnait jamais pour de l’argent, soit au sacerdoce, soit à un autre office spirituel – il
ordonnait gratuitement, comme des dons de l'Esprit, ceux qui en étaient dignes. Plus encore, il n'ordonnait personne qui
n'avait pas l'âge approprié, bien qu'il eût besoin de prêtres puisque, comme nous l'avons dit, il empêchait beaucoup d’entre
eux de célébrer les rites sacrés. En plus, en examinant ceux qui voulaient devenir prêtres, il envoyait tous ceux qu'il pensait
n'être pas qualifiés dans les monastères, pour qu'ils puissent y dépenser l'argent qu'ils auraient auparavant donné pour
l'ordination pour être correctement éduqués et formés. Egalement, il n'ordonnait pas un diacre prêtre sans d'abord le former
à l'accomplissement de tous les rites de l'Église, l'instruisant par la parole et par l'exemple. Il distribuait les catéchismes
sacrés à tout le clergé, pour qu'ils puissent les étudier et apprendre d'eux à propos de la foi. Et à toutes les villes et villages de
la province, il donna de grands fonts baptismaux, de sorte que le saint baptême soit célébré de manière parfaite, comme
l'enseigne notre sainte Église d'Orient.
Le saint hiérarque accomplit et enseigna ces actes édifiants et salvateurs et bien d'autres. En plus, il décida de créer des
écoles à travers sa province.
Il garda son troupeau raisonnable de façon paternelle et agréable à Dieu. Toutefois, dans l'année 1768, pendant le règne
de Sultan Mustafa, la guerre fut déclarée entre les Russes et les Ottomans, et la flotte russe apparut au Péloponnèse. Le père
du saint, craignant et prévoyant des conséquences terribles, l’emmena avec le reste de la famille et toutes les possessions
qu'il pouvait et partit pour Zakynthos. En route ils tombèrent sur des brigands qui les dépouillèrent de tout mais ne tuèrent
personne. Ainsi dépossédés de tout, ils arrivèrent à Zakynthos, après beaucoup d'épreuves. Les habitants les reçurent avec
beaucoup de sympathie et de bonté et leur fournirent avec abondance des aliments et des vêtements; particulièrement à
saint Macaire qu'ils honorèrent et vénérèrent comme un autre apôtre du Christ.
Plus tard, Macaire passa à Céphalonie pour vénérer les reliques sacrées de Gérasimos. Après quelques mois passés dans
cette ville, il retourna à Zakynthos et résida là pendant trois ans.
Puis il se rendit à Hydra où il resta comme invité au monastère de l’Enfantrice de Dieu, jusqu'au retour de la paix entre les
Ottomans et les Russes.
Bien que cette île appartint à l'empire Ottoman, le saint Synode à Constantinople ordonna un autre archevêque de
Corinthe. Pour modérer le chagrin de Macaire qui s’ensuivit, le Synode lui permit d'officier comme évêque librement où qu'il
soit.
Un an plus tard, il partit à Chios. Et après y avoir passé une brève période, il alla à la Sainte Montagne, où il avait désiré se
rendre longtemps auparavant. Mais il ne trouva en ce refuge en aucune manière un calme port de salut, comme il avait
espéré, mais au contraire une mer agitée. Car en premier lieu, ceux qui célébraient les offices pour les défunts le dimanche lui demandèrent s'il approuvait que ces offices se tiennent ce jour là. Saint Macaire répondit négativement. Alors quand l'ancien
patriarche d'Alexandrie Matthieu mourut au monastère de Koutloumousiou, et que le saint fut invité à célébrer à l'office de
commémoration pour le patriarche quarante jours après sa mort un dimanche, non seulement il déclina, mais il écrivit aux
administrateurs du patriarche décédé comme suit : «Pourquoi préférez-vous tenir l'office de commémoration un dimanche et
passer les autres jours de la semaine, violant ainsi les règles et les décrets de l'Église, qui interdit cela ? Moi-même, je n'ai
jamais célébré et ne célébrerai jamais un office pour les défunts un dimanche.» Sur quoi, ils le menacèrent et envoyèrent sa
lettre à propos des offices pour les défunts au patriarche.
Contrarié, il quitta donc l’Athos et retourna à Chios. De Chios, il alla à Patmos où il fit la connaissance et s'associa avec les
très saints pères Niphon de Chios, un hiéromoine, Grégoire de Nisyros, et Athanase d'Arménie. Tous trois avaient quitté la
Sainte Montagne quelques années auparavant, en raison des troubles et des scandales concernant les offices pour les
défunts.
Après un an, son père étant décédé, il retourna à Hydra à la demande de ses frères. De Hydra, il se rendit avec eux à
Corinthe. En ce lieu, ils divisèrent entre eux l'héritage paternel sereinement et paisiblement sous la supervision du saint. Il
leur donna sa propre part. Après cet acte généreux, il leur demanda de lui apporter tous les billets à ordre de son père, et les
prenant, il les jeta tous dans le feu et les brûla, libérant ainsi de leurs dettes un grand nombre de personnes. Les familles des
débiteurs se mirent à louanger le bienfaisant Macaire et le proclamèrent unanimement bienheureux.
Ensuite il retourna à Chios. Il y obtint des lettres de recommandation et partit pour Smyrne, pour rencontrer Jean
Mavrogordatos. Ce dernier, le connaissant par des rumeurs, le reçut avec dévotion et respect comme un homme de Dieu. Non
seulement il lui fournit avec empressement et joyeusement l'hospitalité de sa maison, mais aussi l'argent nécessaire pour la
publication de la sainte Philocalie, qui est un livre très édifiant, ainsi que du Saint Catéchisme de Platon, Métropolite de
Moscou. En conséquence de l'enseignement de ce divin Père, il transforma sa maison en une sainte demeure par les offices
des Vêpres et des Matines, et par la stricte observance des jeûnes traditionnels.
Le divin Macaire désirait aussi fortement publier son bien-aimé Evergetinos. Un généreux donateur fut également trouvé
pour imprimer ce livre édifiant : Jean Kannas.
Après cela, le divin Père retourna à Chios, et trouva un ermitage pour vivre le reste de sa vie dans l’effort spirituel. Le nom
de l'ermitage était Saint Pierre. Il se trouve dans la partie nord de l'île. Il l'acheta à la ville de Chios et vécut là avec un disciple
Chiote âgé nommé Iakovos. Ce moine resta avec lui et le servit jusqu'à sa mort sainte.
A ce moment là, le hiéromoine Chiote Niphon, que nous avons mentionné auparavant, se rendit à l'île d'Ikaria avec
quelques confrères moines, et ils essayèrent de construire un monastère pour eux-mêmes. Mais ils manquèrent d'argent et
saint Macaire les aida par des contributions de Chiotes et Smyrniotes charitables; et grâce à son aide, fut construit sur cette île
un petit monastère cénobitique. Le saint alla vivre là pour quelque temps, afin de rencontrer les très saints pères et les amis
qui vivaient là.
Ensuite il retourna à son ermitage à Chios. C'est un endroit bien aéré et salubre qui lui profita beaucoup, car il était de
faible constitution et souffrait d'une mauvaise santé. Habitant en ce lieu, il jouissait d'une bonne santé et de la tranquillité,
étant loin du tumulte et du bruit des villes, et des vanités mondaines. Car comme l'a dit un Père des premiers temps : «Les
saints hommes de Dieu, craignant le mal qui vient de la vanité et de l'arrogance, cherchent par tous les moyens à cacher leurs
vertus aux yeux des hommes. En conséquence nous ne pouvons connaître leurs accomplissements que si Dieu les a
manifestés pour le profit des autres, ou bien si leurs disciples les ont fait connaître plus tard.» Ce point de vue est tout à fait
juste; et nous disons cela à propos du saint Père, duquel seul Dieu qui est omniscient vit et connut les luttes solitaires et les
efforts spirituels. Car pour plaire à Dieu et à Lui seul, saint Macaire s'efforça de les cacher plus soigneusement que les mauvais
ne s'efforcent de dissimuler leurs crimes. En conséquence nous écrivons à son sujet uniquement soit ce que de nombreuses
personnes ont assurément appris, soit ce que chaque Chiote contemporain sait, c'est à dire ses longs jeûnes continuels, en
plus des jeûnes canoniques, qu'il observait aussi strictement que les dogmes de la foi, n'ayant absolument aucun doute que les saints canons ne sont pas des décrets des hommes, mais bien du saint Esprit. Il était tout à fait différent de bien des
chrétiens d'aujourd'hui, qui montrent de l'indifférence et du mépris pour les saints canons, les tenant pour des
commandements des hommes ordinaires et, en accord avec cette opinion, les violent sans honte, mangeant du poisson et de
la viande et affirmant que nulle part Dieu n'ordonne aux hommes de jeûner; alors que ces canons furent écrits avec
circonspection et sous l'inspiration du saint Esprit de Dieu. Il observa donc non seulement les jeûnes canoniques, comme
chaque chrétien doit le faire, mais aussi des jeûnes supplémentaires, qu'il s'imposa à lui-même. Considérant le vin et l'huile
comme deux grands ennemis et affirmant que les deux étaient nuisibles à la santé, il ne les goûtait que les samedis et les
dimanches. Les autres jours il mangeait des légumes et des pâtes bouillis dans l'eau. À propos des jeûnes, des veilles, des
prières incessantes et des métanies de ce saint Père, nous avons reçu l'information positive de nombreuses personnes,
particulièrement de son disciple Jacques. Et nul ne peut douter que par ces luttes extrêmes et ces pratiques ascétiques il était
devenu divin et brulait d'amour divin. Une preuve de ce fait sont les merveilleuses œuvres de la grâce divine qui
s’accomplissent aujourd'hui à travers lui. Ainsi ces actions qui étaient invisibles pour beaucoup sont inférées et confirmées par
ces évènements clairs et connus de tous. Car comme le grand Père Isaac le dit : «Il est impossible pour ceux qui vivent
fermement de cette manière d'être laissés sans de grands dons de Dieu, à cause de leur attention intérieure et de la vigilance
de leur cœur, et de leur liberté par rapport aux choses mondaines. Une âme qui se donne du mal et qui excelle dans la
pratique d'une telle vigilance dans son aspiration à Dieu, acquerra des yeux de chérubins à travers lesquels elle contemplera
pour toujours les choses célestes.» En conséquence, selon ce maître divin, saint Macaire, par ses dons divins, prouva qu’il était
porteur d’un esprit céleste, et par ses veilles qu’il était un imitateur des anges.
Les Pères divins enseignent que la prière est une conversation avec Dieu. Ceux parmi nous qui ont entendu saint Macaire
lire à l'église les psaumes et d'autres parties des saints Écritures confirment que sa lecture était en effet une conversation avec
Dieu. Etant tranquille, doux et calme, il atteignait sans doute l'oreille du Seigneur Sabaoth. Et si nous confessons tous cela à
propos de sa lecture et de sa prière en commun à l'église, bien plus devons nous le comprendre à propos de sa prière privée –
cette prière qui est plus mystique, séparée de toute circonstance matérielle et relation humaine. Il est certain qu’à ces
moments là, ayant son esprit entièrement tourné vers Dieu, il élevait à l'oreille de Dieu non seulement ce qu'il disait avec ses
lèvres, mais aussi toutes ses belles et pieuses pensées.
Toutes ces choses sont bonnes et dignes d'éloges, mais elles sont le résultat d'un souci pour son propre salut personnel, et
non pas des preuves de l'amour pour son prochain, sans lequel, comme le dit le divin Paul, tout est inutile et vain. Le
Seigneur a prescrit cet amour dans l'Évangile, disant : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Alors le pieux Macaire
remplit ses devoirs à l'égard de son prochain et répéta constamment cette déclaration de l'apôtre des Gentils : «nous sommes
collaborateurs de Dieu,» ce qui veut dire que nous devons tous aider nos frères autant que nous le pouvons dans les choses
qui tiennent au salut de leurs âmes. Par conséquent, il chercha à faire du bien à tous les chrétiens, les rendant dignes du
royaume des cieux par des livres édifiants, des conseils et avertissements paternels. Les preuves de cela sont Théodore de
Byzance, Démétrios du Péloponnèse, et d'autres qui furent inspirés à devenir des martyrs pour la foi, comme résultats de la
lecture dans le Martyrologue des vies de semblables athlètes spirituels. Et nous avons entendu un laïc d'Ainos dire qu'il avait
lu la Philocalie du saint Père soigneusement deux fois et avait l'intention de l'étudier une troisième fois.
Le désir et la soif de saint Macaire pour le salut des chrétiens étaient tels qu'à la lecture d'un petit livre intitulé Apologie
chrétienne, il fut rempli d'enthousiasme à l’égard de cet ouvrage et, faisant la collecte de cinq cent pièces de cuivre, il fit
réimprimer ce livre édifiant.
Il faut ajouter que saint Macaire prêchait continuellement aux paroissiens de l'église de Saint Pierre, où il vivait en retraite
monastique, aussi bien qu'à tous ceux qui, venant d’ailleurs, se réunissaient dans cette église pour assister à la divine Liturgie.
Pendant les carêmes, il allait dans les églises des environs et prêchait la parole de Dieu avec douceur et calme, comme les
apôtres dont il était un très strict disciple et émule.
Ses sermons étaient indubitablement fructueux. Car, en premier lieu, son audience voyait un évêque de Corinthe les
instruire avec humilité et en habits très pauvres. En second lieu, au lieu de recevoir de l'argent pour son labeur, il offrait une
aide financière aux indigents : à une personne pour payer ses dettes, à une autre pour le mariage de sa fille, et à une autre pour un autre besoin. L'incident qui suit sert également à montrer la fécondité des sermons et des enseignements du saint.
Une certaine femme d'un village voisin trouva une fois trois livres de soie et s'en alla chercher la personne qui les avait
perdues, pour les lui donner. À ceux qui en étaient surpris, elle répliqua : «Comment puis-je garder cette soie, alors que cette
homme béni ne permet en aucune façon de faire une telle chose ?» Quand il lui fut demandé qui était cet homme, elle
répondit : «L'Archevêque de Corinthe. Il nous a appris que chaque fois que nous trouvons quelque chose appartenant à une
autre personne, c'est notre devoir de le lui rendre, car autrement nous péchons et qui plus est, nous ne devrions pas
demander une récompense.»
Toutefois, l'extrême amour fraternel du saint et sa grande compassion pour les nécessiteux commencèrent à troubler sa
tranquillité dans une mesure non négligeable, particulièrement parce que les personnes indigentes venaient à lui non
seulement d’endroits proches, mais aussi d'autres régions, sur la recommandation de leurs amis. Et dans la mesure où
quelques-uns avaient besoin d'une aide importante, le saint Père était forcé d'avoir recours à d'autres, qui étaient riches, et
d'aider les nécessiteux par les aumônes qu'il obtenait d'eux. Comme il ne voulait ni être ennuyeux ni non plus supporter de
renvoyer les mains vides ceux qui venaient à lui pour son aide, il dut finalement partir et aller à Patmos. Mais il ne trouva pas
là les personnes telles qu'il les attendait, et donc retourna à Chios.
Alors, permettez que nous reprenions notre compte de ses publications. Un résumé du livre du saint Père intitulé Au sujet
de la communion fréquente aux divins Mystères montre qu'il ne contient rien d'autre que les paroles des Évangiles et des
apôtres, les canons des apôtres et des synodes, et les paroles des Pères divins, tous expliqués dans le vernaculaire et d'un
commun accord enseignant et assurant que la fréquente communion aux divins Mystères est sainte et conduit au salut; et par
conséquent que ce livre est légal et canonique. Mais la malice prévalut contre lui, toutefois temporairement. Car un moine
agiorite mal avisé, après l'avoir lu, l'envoya au patriarcat de Constantinople et écrivit autant de mauvaises choses qu'il put sur
le livre. Le patriarche Procopios le Péloponnésien qui, à ce moment là avait été élevé de l'évêché de Smyrne au trône
œcuménique, provoqué par les accusations, condamna le livre synodalement comme non canonique et causeur de troubles,
et imposa une sévère pénitence à ceux qui auraient l'audace de le lire. Ensuite, les moines de la Sainte Montagne luttèrent
avec toutes leurs ressources pour obtenir la révocation de la décision du patriarcat ; mais ils ne réussirent pas. Toutefois, plus
tard, quand Néophytos de Smyrne, qui était un ami proche du saint Père, devint patriarche, il annula synodalement le décret
de son prédécesseur contre le livre, et envoya la lettre suivante au saint :
"Très saint métropolite, auparavant de Corinthe, frère bien-aimé dans l'Esprit saint et compagnon de clergé Macaire, grâce
à votre épiscopat et paix d'en haut ! À propos de votre œuvre Au sujet de la communion fréquente aux Mystères divins, que
vous avez publiée, nous vous informons qu'elle a été considérée par le Synode, examinée d'une manière réfléchie, et
approuvée. Il a été montré qu'elle était ecclésiastiquement légale et qu'elle ne contenait rien qui empêche quelqu'un qui est
digne par le repentir et la vraie confession de participer aux purs et redoutables Mystères du Christ. Il a été prouvé par le
Synode que votre livre est édifiant et propice au salut; et que ceux qui souhaitent l'acheter et le lire sont libres de le faire,
dirigés par leurs confesseurs s’ils se posent des questions.
Parce qu'une rumeur s'est répandue qu'un décret ecclésiastique avait été publié condamnant votre œuvre, et qu’en
conséquence les chrétiens dévots s'abstiennent de la lire, pour annuler ce décret nous écrivons la présente lettre et nous
décrétons par le tout saint Esprit que tous les chrétiens qui ont lu, lisent ou liront votre livre, Au sujet de la communion
fréquente, sont pardonnés et bénis par le Seigneur Tout Puissant et sont délivrés des pénitences ecclésiastiques et des
malédictions, et ont les bénédictions de tous les saints et des saints Pères de l'Église inspirés de Dieu. C'est pourquoi, sachant
cela, chassez tout soupçon à propos de votre œuvre, pour laquelle vous serez récompensé par Dieu. Que sa grâce soit avec
votre Sainteté.»
Bien que saint Macaire ait publié beaucoup d'autres livres édifiants, celui Concernant la communion fréquente aux divins
Mystères, écrit par lui avec une grande application, peut avec justice être appelé une source et un puits de la vie éternelle.
Voici pour les publications de notre saint Père. Parlons maintenant de quelques autres de ses actions vertueuses. Dans le
combat pour le Christ, c'est-à-dire dans le martyre, Jésus Christ Lui-même est le juge et le donneur de couronnes; le combattant est la personne qui est torturée et qui meurt pour sa gloire; tandis que l'adversaire est le diable avec ses
instruments – les ennemis et les persécuteurs de la divine et sainte foi chrétienne. Maintenant il est vrai que les combattants
n'entrent pas dans l'arène du martyre sans force d'âme. Mais comme le dit le Seigneur, «L'esprit est bien disposé, mais la
chair est faible;» et Grégoire le Théologien affirme que l'exhortation et l'encouragement par les mots peuvent instiller plus
qu'un peu de bravoure dans l'âme de celui qui a choisi de souffrir le martyre. Chacun a le devoir religieux d’agir ainsi; et c’est
ce que fit précisément saint Macaire. S'en tenant strictement au commandement de l'Évangile qui dit : «Je ne mettrai pas
dehors celui qui vient à Moi,» il les recevait tous avec empressement, et non seulement les encourageait avec des mots, mais
aussi gardait dans son ermitage pour plusieurs jours ceux qui avaient besoin de davantage de préparation, les entraînant et
les fortifiant par le jeûne et les prières. Que de cette manière il allumât dans les âmes de telles personnes le feu de l'amour
divin, cela fut spécialement prouvé par Polydoros le Cypriote qui confessa et déclara la bonne transformation qui eut lieu en
lui. Car un soir il se tint à la porte de la maison des hôtes, criant : «Que Dieu vous bénisse pour le bien que vous me faites !» À
une autre occasion, comme le Père Jacques le cherchait à l'heure du souper, il le trouva à un endroit isolé pleurant et se
lamentant. Il annonça cela à saint Macaire et ce dernier dit : «Qu'il se lamente, car cette lamentation est chère à Dieu et mène
au salut.»
Cette excellente préparation eut le même effet sur l'âme de Théodore de Byzance, lequel d'un extrême, celui de la timidité
à l'égard de la mort, passa à l'autre extrême, celui de la bravoure; car il courut à la rencontre de la mort pour l'amour du
Christ.
Cela agit de la même manière sur l'âme fruste et sans instruction de Démétrius le Péloponnésien, qui, lorsqu'il fit conduit
à la décapitation, cria, les yeux au ciel : «Je Te remercie, mon Seigneur Jésus Christ, pour m'avoir jugé, moi l'indigne, digne de
cette heure bénie du martyre.»
Maintenant il est juste pour nous de tenir l'entraineur de ces martyrs glorieusement triomphants, saint Macaire, pour l'un
d'entre eux et pour un martyr en principe. Basile le Grand juge étant le pair d'un martyr en principe celui qui a seulement
sincèrement exhorté le martyr béni; en conséquence, notre Père divin, qui s'était occupé lui-même pendant bien des jours et
des nuits à encourager ceux qui entraient dans l'arène du martyre et ainsi alluma dans leurs cœurs la flamme de l'amour du
Christ et l'aspiration de souffrir pour Lui, peut plus raisonnablement et justement être considéré leur égal. Et tout comme la
couronne de vertu est mise sur les martyrs, comme le dit l'apôtre Paul, parce qu'ils ont achevé la course et gardé la foi, de
même elle est mise sur saint Macaire, en tant que compagnon de travail et de combat, et aide des martyrs par son conseil et
son zèle en actes comme en mots.
Mais finalement le temps arriva où le Père divin devait payer la dette commune et inévitable de la nature. Dès qu'il eut fini
sa collection des vies des saints ascètes et martyrs, à la fois anciens et modernes, à laquelle il donna le titre de Nouveau
Leimonarion, il commença à se préoccuper du problème de sa publication. Mais, soudainement, il fut frappé d'apoplexie et la
partie droite entière de son corps fut paralysée. Sa main bonne et bienfaisante resta désormais inactive.
Souffrant ainsi à partir de ce moment et tressant pour lui-même une couronne par sa patience, il remercia le Dieu
bienveillant et pleura sans cesse, disant qu'il était puni de cette manière pour ses péchés et que néanmoins il ne se repentait
pas. Quand nous allâmes le visiter un jour, nous le trouvâmes en pleurs incessants et gémissant, parce que bien que puni par
Dieu il ne se repentait pas. Alors nous lui dîmes : «Vénérable Père, il est juste que vous ne vous repentiez pas, car votre
conscience ne vous blâme pas du tout comme transgresseur des commandements divins que vous avez observés toute votre
vie.» Néanmoins, les larmes continuaient à couler de ses yeux en ruisseaux. Cela dura huit mois, c'est-à-dire du 1 septembre
au 17 avril, qui fut le dernier jour de sa vie terrestre.
Pendant cette période, des chrétiens, hommes et femmes, de toutes classes et de tous âges, vinrent à lui pour recevoir ses
saintes bénédictions. Il se confessait et recevait chaque jour la sainte communion. Son ami proche, le très saint Nil
Kalognomos, restait à son côté, lui parlant et le consolant. Ils discutaient et philosophaient à propos de questions mystiques
et spirituelles, puisqu'il conserva intactes ses facultés intellectuelles jusqu'à son dernier souffle.
Saint Macaire rendit son âme au Créateur divin le 17 avril 1805, et fut compté parmi les hiérarques, les martyrs, les ascètes
et les saints.
Son corps fut enterré à côté de l'église de Saint Pierre, au sud de la cour. Ainsi, ce qu'il avait annoncé et désiré fut accompli.
Car quand deux ans plus tôt le vieux Jacques tomba malade et fut au bord de la mort, les frères qui étaient présents
demandèrent au saint Père où il voulait qu'ils creusent la tombe de Jacques. Quand le Saint entendit cela, il fut
profondément ému et dit : «Je veux que ma tombe soit creusée la première et ensuite celle du bon père.» Et il en fut ainsi; car
quand les reliques sacrées du Saint furent enlevées de la tombe, son vieux disciple Jacques mourut et fut enterré dans la
même tombe.
Que saint Macaire plut à Dieu et atteignit à la sainteté a été clairement démontré par la grâce toute puissante et toute
créative de l'Esprit à travers de grands miracles. Que personne n'ait aucun doute concernant leur réalité car ces récits ont été
écrits non pas dans un pays éloigné et étranger, mais dans cette même ville de Chios dans la présence vivante de ceux qui
souffraient gravement et incurablement et qui ont été guéris en ayant recours avec dévotion et foi au Saint, et qui,
publiquement, confessent et déclarent leur guérison.
Grand merci à Père Cassien
qui a permis la publication de cette vie
de
saint Macaire.
Son site ( ICI )
a de nombreuses ressources utiles.
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