"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 10 janvier 2017

LA VIE DE SAINT MACAIRE DE CORINTHE Par Athanasios Parios, son ami (fête le 17/30 avril)





Corinthe est une ville renommée et très ancienne du Péloponnèse. Il est bien connu que l'apôtre Paul a écrit à la ville deux Epîtres pleines de sagesse divine, et qu'il a enseigné les Corinthiens et les a conduits de l'erreur de l'idolâtrie à la connaissance du seul et unique vrai Dieu. Le divin Macaire est né et a été élevé dans cette ville. Il était un descendant de la noble, ancienne, et brillante Maison de Notaras, qui remonte au Sénat des Byzantins. Le très saint Gérasime de Céphalonie, renommé pour sa sainteté, la gloire de tous les chrétiens orthodoxes, qui brilla et brille encore par ses miracles innombrables, était un descendant de cette même Maison.

Les parents du saint étaient les très pieux Georges et Anastasia. Tous les deux étaient au premier rang à Corinthe quant à leur lignée et à leur richesse. Il naquit en 1731, après d'autres fils et filles, et son parrain Parthenios, l'archevêque de Corinthe, lui donna le nom de Michel à son saint baptême.

Quand il arriva à l'âge d’aller à l'école, Eustathios, alors dans la force de l'âge, lui enseigna les lettres saintes et le grec, à Céphalonie.

Dès sa jeunesse, il commença à donner des signes qu'il n'avait aucune inclination pour les choses mondaines, mais penchait uniquement pour le spirituel. Il vivait dans la plus grande piété, allant ardemment aux services de l'Église et évitant la compagnie des jeunes et la vanité mondaine.

Comme son père avait de l'influence dans les affaires politiques, il fit de lui un chef de plusieurs villages, afin qu'il puisse de cette façon devenir riche. Mais comme il faisait des dons de montants importants aux indigents et aux pauvres, il était souvent réprimandé par son père; et il décida finalement donc de se retirer entièrement des choses mondaines et de devenir moine. Alors il s'enfuit en secret à Méga Spiléon, le monastère renommé du Péloponnèse. Là, il demanda ardemment aux moines d'exaucer son désir. Mais voyant qu'il était venu sans le consentement de son père, ils refusèrent, craignant l'influence et le pouvoir de son père. En effet, après quelques jours, son père apprit qu'il était à cet endroit et leur envoya un message leur demandant de le ramener à la maison, même s'il ne voulait pas retourner.

Etant retourné à la maison paternelle, il s'occupait à la lecture et à l'étude des Écritures divines, ainsi qu'à d'autres livres instructifs et édifiants.
Plus tard, comme l'école de Corinthe n'avait pas de maître d'école, il offra volontairement d'instruire les enfants de son pays natal. Il enseigna là pendant six ans, sans salaire.

En 1764, quand l'archevêque de Corinthe, qui était fort avancé en âge, mourut, tous les habitants de la province, le clergé et les laïcs, riches et pauvres, vieux et jeunes, élirent unanimement le vertueux Macaire à succéder à l'évêque décédé, au trône épiscopal. De là, muni des lettres de recommandation nécessaires, il alla à Constantinople, accompagné de certaines personnes éminentes et parut devant le saint Synode. Samuel I Hatzeris était alors le patriarche. Il fut alors sacré archevêque de Corinthe.

Quand il retourna à la province qui lui avait été confiée par Dieu, il vit combien il était aimé de tous; car la population chrétienne entière de la province célébra le jour de son retour, se réjouissant et glorifiant Dieu pour avoir écouté leurs prières et leur avoir donné un si bon Pasteur. Et vraiment ils ne se trompaient pas du tout dans leurs bonnes espérances. Car de même que dès sa première jeunesse, saint Macaire avait donné les signes d'une grande âme et d'une profonde ardeur pour le bien, de même à partir du moment où il devint évêque, il confirma tout cela par des actes. Comme saint Grégoire le Théologien, il réfléchit qu'il «n'avait pas reçu l'office d'évêque comme un pouvoir non examiné» et comme un moyen pour le plaisir et l'acquisition de richesse, mais comme une mission de surveillance et une sollicitude paternelle pour la sécurité et le salut de ses ouailles spirituelles, pour lesquelles il serait tenu responsable devant le souverain Pasteur.

C'est avec de telles pensées qu'il commença tout de suite, comme un fidèle et prudent économe, à donner la nourriture de la Parole de Dieu aux âmes qui depuis longtemps en avaient été privées et avaient faim, prêchant dans les saintes églises avec grande bonté et humilité.

Comme il avait trouvé la province en désordre et dans l’illégalité, et l'Église en état de corruption, comme résultat de la négligence de ses prédécesseurs ou de leur manque d'éducation, il s'appliqua avec beaucoup de zèle et de diligence, comme un autre Zorobabel, à la tâche de rénover et d’améliorer la province, la libérant de toutes sortes d'impuretés et de laideurs.

En premier lieu, il déchargea tous les prêtres qu'il trouvait entièrement ignorants, de même que ceux qui étaient incapables de s'acquitter de leurs fonctions sacerdotales à cause de leur âge avancé. Ensuite, il interdit à tous les prêtres de participer à la politique, car en beaucoup d'endroits, cette inconvenance détestable était habituelle à cette époque, de sorte que les mêmes personnes étaient à la fois prêtres et chefs de communautés. Ceux qui ne tenaient aucun compte de cet ordre devaient être rendus inactifs de façon permanente. En ordonnant les prêtres, il observait aussi strictement que possible les canons apostoliques et synodiques. Il n'ordonnait jamais pour de l’argent, soit au sacerdoce, soit à un autre office spirituel – il ordonnait gratuitement, comme des dons de l'Esprit, ceux qui en étaient dignes. Plus encore, il n'ordonnait personne qui n'avait pas l'âge approprié, bien qu'il eût besoin de prêtres puisque, comme nous l'avons dit, il empêchait beaucoup d’entre eux de célébrer les rites sacrés. En plus, en examinant ceux qui voulaient devenir prêtres, il envoyait tous ceux qu'il pensait n'être pas qualifiés dans les monastères, pour qu'ils puissent y dépenser l'argent qu'ils auraient auparavant donné pour l'ordination pour être correctement éduqués et formés. Egalement, il n'ordonnait pas un diacre prêtre sans d'abord le former à l'accomplissement de tous les rites de l'Église, l'instruisant par la parole et par l'exemple. Il distribuait les catéchismes sacrés à tout le clergé, pour qu'ils puissent les étudier et apprendre d'eux à propos de la foi. Et à toutes les villes et villages de la province, il donna de grands fonts baptismaux, de sorte que le saint baptême soit célébré de manière parfaite, comme l'enseigne notre sainte Église d'Orient.

Le saint hiérarque accomplit et enseigna ces actes édifiants et salvateurs et bien d'autres. En plus, il décida de créer des écoles à travers sa province.

Il garda son troupeau raisonnable de façon paternelle et agréable à Dieu. Toutefois, dans l'année 1768, pendant le règne de Sultan Mustafa, la guerre fut déclarée entre les Russes et les Ottomans, et la flotte russe apparut au Péloponnèse. Le père du saint, craignant et prévoyant des conséquences terribles, l’emmena avec le reste de la famille et toutes les possessions qu'il pouvait et partit pour Zakynthos. En route ils tombèrent sur des brigands qui les dépouillèrent de tout mais ne tuèrent personne. Ainsi dépossédés de tout, ils arrivèrent à Zakynthos, après beaucoup d'épreuves. Les habitants les reçurent avec beaucoup de sympathie et de bonté et leur fournirent avec abondance des aliments et des vêtements; particulièrement à saint Macaire qu'ils honorèrent et vénérèrent comme un autre apôtre du Christ.

Plus tard, Macaire passa à Céphalonie pour vénérer les reliques sacrées de Gérasimos. Après quelques mois passés dans cette ville, il retourna à Zakynthos et résida là pendant trois ans.

Puis il se rendit à Hydra où il resta comme invité au monastère de l’Enfantrice de Dieu, jusqu'au retour de la paix entre les Ottomans et les Russes.
Bien que cette île appartint à l'empire Ottoman, le saint Synode à Constantinople ordonna un autre archevêque de Corinthe. Pour modérer le chagrin de Macaire qui s’ensuivit, le Synode lui permit d'officier comme évêque librement où qu'il soit.

Un an plus tard, il partit à Chios. Et après y avoir passé une brève période, il alla à la Sainte Montagne, où il avait désiré se rendre longtemps auparavant. Mais il ne trouva en ce refuge en aucune manière un calme port de salut, comme il avait espéré, mais au contraire une mer agitée. Car en premier lieu, ceux qui célébraient les offices pour les défunts le dimanche lui demandèrent s'il approuvait que ces offices se tiennent ce jour là. Saint Macaire répondit négativement. Alors quand l'ancien patriarche d'Alexandrie Matthieu mourut au monastère de Koutloumousiou, et que le saint fut invité à célébrer à l'office de commémoration pour le patriarche quarante jours après sa mort un dimanche, non seulement il déclina, mais il écrivit aux administrateurs du patriarche décédé comme suit : «Pourquoi préférez-vous tenir l'office de commémoration un dimanche et passer les autres jours de la semaine, violant ainsi les règles et les décrets de l'Église, qui interdit cela ? Moi-même, je n'ai jamais célébré et ne célébrerai jamais un office pour les défunts un dimanche.» Sur quoi, ils le menacèrent et envoyèrent sa lettre à propos des offices pour les défunts au patriarche.

Contrarié, il quitta donc l’Athos et retourna à Chios. De Chios, il alla à Patmos où il fit la connaissance et s'associa avec les très saints pères Niphon de Chios, un hiéromoine, Grégoire de Nisyros, et Athanase d'Arménie. Tous trois avaient quitté la Sainte Montagne quelques années auparavant, en raison des troubles et des scandales concernant les offices pour les défunts.

Après un an, son père étant décédé, il retourna à Hydra à la demande de ses frères. De Hydra, il se rendit avec eux à Corinthe. En ce lieu, ils divisèrent entre eux l'héritage paternel sereinement et paisiblement sous la supervision du saint. Il leur donna sa propre part. Après cet acte généreux, il leur demanda de lui apporter tous les billets à ordre de son père, et les prenant, il les jeta tous dans le feu et les brûla, libérant ainsi de leurs dettes un grand nombre de personnes. Les familles des débiteurs se mirent à louanger le bienfaisant Macaire et le proclamèrent unanimement bienheureux.

Ensuite il retourna à Chios. Il y obtint des lettres de recommandation et partit pour Smyrne, pour rencontrer Jean Mavrogordatos. Ce dernier, le connaissant par des rumeurs, le reçut avec dévotion et respect comme un homme de Dieu. Non seulement il lui fournit avec empressement et joyeusement l'hospitalité de sa maison, mais aussi l'argent nécessaire pour la publication de la sainte Philocalie, qui est un livre très édifiant, ainsi que du Saint Catéchisme de Platon, Métropolite de Moscou. En conséquence de l'enseignement de ce divin Père, il transforma sa maison en une sainte demeure par les offices des Vêpres et des Matines, et par la stricte observance des jeûnes traditionnels.

Le divin Macaire désirait aussi fortement publier son bien-aimé Evergetinos. Un généreux donateur fut également trouvé pour imprimer ce livre édifiant : Jean Kannas.

Après cela, le divin Père retourna à Chios, et trouva un ermitage pour vivre le reste de sa vie dans l’effort spirituel. Le nom de l'ermitage était Saint Pierre. Il se trouve dans la partie nord de l'île. Il l'acheta à la ville de Chios et vécut là avec un disciple Chiote âgé nommé Iakovos. Ce moine resta avec lui et le servit jusqu'à sa mort sainte.

A ce moment là, le hiéromoine Chiote Niphon, que nous avons mentionné auparavant, se rendit à l'île d'Ikaria avec quelques confrères moines, et ils essayèrent de construire un monastère pour eux-mêmes. Mais ils manquèrent d'argent et saint Macaire les aida par des contributions de Chiotes et Smyrniotes charitables; et grâce à son aide, fut construit sur cette île un petit monastère cénobitique. Le saint alla vivre là pour quelque temps, afin de rencontrer les très saints pères et les amis qui vivaient là.

Ensuite il retourna à son ermitage à Chios. C'est un endroit bien aéré et salubre qui lui profita beaucoup, car il était de faible constitution et souffrait d'une mauvaise santé. Habitant en ce lieu, il jouissait d'une bonne santé et de la tranquillité, étant loin du tumulte et du bruit des villes, et des vanités mondaines. Car comme l'a dit un Père des premiers temps : «Les saints hommes de Dieu, craignant le mal qui vient de la vanité et de l'arrogance, cherchent par tous les moyens à cacher leurs vertus aux yeux des hommes. En conséquence nous ne pouvons connaître leurs accomplissements que si Dieu les a manifestés pour le profit des autres, ou bien si leurs disciples les ont fait connaître plus tard.» Ce point de vue est tout à fait juste; et nous disons cela à propos du saint Père, duquel seul Dieu qui est omniscient vit et connut les luttes solitaires et les efforts spirituels. Car pour plaire à Dieu et à Lui seul, saint Macaire s'efforça de les cacher plus soigneusement que les mauvais ne s'efforcent de dissimuler leurs crimes. En conséquence nous écrivons à son sujet uniquement soit ce que de nombreuses personnes ont assurément appris, soit ce que chaque Chiote contemporain sait, c'est à dire ses longs jeûnes continuels, en plus des jeûnes canoniques, qu'il observait aussi strictement que les dogmes de la foi, n'ayant absolument aucun doute que les saints canons ne sont pas des décrets des hommes, mais bien du saint Esprit. Il était tout à fait différent de bien des chrétiens d'aujourd'hui, qui montrent de l'indifférence et du mépris pour les saints canons, les tenant pour des commandements des hommes ordinaires et, en accord avec cette opinion, les violent sans honte, mangeant du poisson et de la viande et affirmant que nulle part Dieu n'ordonne aux hommes de jeûner; alors que ces canons furent écrits avec circonspection et sous l'inspiration du saint Esprit de Dieu. Il observa donc non seulement les jeûnes canoniques, comme chaque chrétien doit le faire, mais aussi des jeûnes supplémentaires, qu'il s'imposa à lui-même. Considérant le vin et l'huile comme deux grands ennemis et affirmant que les deux étaient nuisibles à la santé, il ne les goûtait que les samedis et les dimanches. Les autres jours il mangeait des légumes et des pâtes bouillis dans l'eau. À propos des jeûnes, des veilles, des prières incessantes et des métanies de ce saint Père, nous avons reçu l'information positive de nombreuses personnes, particulièrement de son disciple Jacques. Et nul ne peut douter que par ces luttes extrêmes et ces pratiques ascétiques il était devenu divin et brulait d'amour divin. Une preuve de ce fait sont les merveilleuses œuvres de la grâce divine qui s’accomplissent aujourd'hui à travers lui. Ainsi ces actions qui étaient invisibles pour beaucoup sont inférées et confirmées par ces évènements clairs et connus de tous. Car comme le grand Père Isaac le dit : «Il est impossible pour ceux qui vivent fermement de cette manière d'être laissés sans de grands dons de Dieu, à cause de leur attention intérieure et de la vigilance de leur cœur, et de leur liberté par rapport aux choses mondaines. Une âme qui se donne du mal et qui excelle dans la pratique d'une telle vigilance dans son aspiration à Dieu, acquerra des yeux de chérubins à travers lesquels elle contemplera pour toujours les choses célestes.» En conséquence, selon ce maître divin, saint Macaire, par ses dons divins, prouva qu’il était porteur d’un esprit céleste, et par ses veilles qu’il était un imitateur des anges.

Les Pères divins enseignent que la prière est une conversation avec Dieu. Ceux parmi nous qui ont entendu saint Macaire lire à l'église les psaumes et d'autres parties des saints Écritures confirment que sa lecture était en effet une conversation avec Dieu. Etant tranquille, doux et calme, il atteignait sans doute l'oreille du Seigneur Sabaoth. Et si nous confessons tous cela à propos de sa lecture et de sa prière en commun à l'église, bien plus devons nous le comprendre à propos de sa prière privée – cette prière qui est plus mystique, séparée de toute circonstance matérielle et relation humaine. Il est certain qu’à ces moments là, ayant son esprit entièrement tourné vers Dieu, il élevait à l'oreille de Dieu non seulement ce qu'il disait avec ses lèvres, mais aussi toutes ses belles et pieuses pensées.

Toutes ces choses sont bonnes et dignes d'éloges, mais elles sont le résultat d'un souci pour son propre salut personnel, et non pas des preuves de l'amour pour son prochain, sans lequel, comme le dit le divin Paul, tout est inutile et vain. Le Seigneur a prescrit cet amour dans l'Évangile, disant : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Alors le pieux Macaire remplit ses devoirs à l'égard de son prochain et répéta constamment cette déclaration de l'apôtre des Gentils : «nous sommes collaborateurs de Dieu,» ce qui veut dire que nous devons tous aider nos frères autant que nous le pouvons dans les choses qui tiennent au salut de leurs âmes. Par conséquent, il chercha à faire du bien à tous les chrétiens, les rendant dignes du royaume des cieux par des livres édifiants, des conseils et avertissements paternels. Les preuves de cela sont Théodore de Byzance, Démétrios du Péloponnèse, et d'autres qui furent inspirés à devenir des martyrs pour la foi, comme résultats de la lecture dans le Martyrologue des vies de semblables athlètes spirituels. Et nous avons entendu un laïc d'Ainos dire qu'il avait lu la Philocalie du saint Père soigneusement deux fois et avait l'intention de l'étudier une troisième fois.

Le désir et la soif de saint Macaire pour le salut des chrétiens étaient tels qu'à la lecture d'un petit livre intitulé Apologie chrétienne, il fut rempli d'enthousiasme à l’égard de cet ouvrage et, faisant la collecte de cinq cent pièces de cuivre, il fit réimprimer ce livre édifiant.

Il faut ajouter que saint Macaire prêchait continuellement aux paroissiens de l'église de Saint Pierre, où il vivait en retraite monastique, aussi bien qu'à tous ceux qui, venant d’ailleurs, se réunissaient dans cette église pour assister à la divine Liturgie. Pendant les carêmes, il allait dans les églises des environs et prêchait la parole de Dieu avec douceur et calme, comme les apôtres dont il était un très strict disciple et émule.

Ses sermons étaient indubitablement fructueux. Car, en premier lieu, son audience voyait un évêque de Corinthe les instruire avec humilité et en habits très pauvres. En second lieu, au lieu de recevoir de l'argent pour son labeur, il offrait une aide financière aux indigents : à une personne pour payer ses dettes, à une autre pour le mariage de sa fille, et à une autre pour un autre besoin. L'incident qui suit sert également à montrer la fécondité des sermons et des enseignements du saint. Une certaine femme d'un village voisin trouva une fois trois livres de soie et s'en alla chercher la personne qui les avait perdues, pour les lui donner. À ceux qui en étaient surpris, elle répliqua : «Comment puis-je garder cette soie, alors que cette homme béni ne permet en aucune façon de faire une telle chose ?» Quand il lui fut demandé qui était cet homme, elle répondit : «L'Archevêque de Corinthe. Il nous a appris que chaque fois que nous trouvons quelque chose appartenant à une autre personne, c'est notre devoir de le lui rendre, car autrement nous péchons et qui plus est, nous ne devrions pas demander une récompense.»

Toutefois, l'extrême amour fraternel du saint et sa grande compassion pour les nécessiteux commencèrent à troubler sa tranquillité dans une mesure non négligeable, particulièrement parce que les personnes indigentes venaient à lui non seulement d’endroits proches, mais aussi d'autres régions, sur la recommandation de leurs amis. Et dans la mesure où quelques-uns avaient besoin d'une aide importante, le saint Père était forcé d'avoir recours à d'autres, qui étaient riches, et d'aider les nécessiteux par les aumônes qu'il obtenait d'eux. Comme il ne voulait ni être ennuyeux ni non plus supporter de renvoyer les mains vides ceux qui venaient à lui pour son aide, il dut finalement partir et aller à Patmos. Mais il ne trouva pas là les personnes telles qu'il les attendait, et donc retourna à Chios.

Alors, permettez que nous reprenions notre compte de ses publications. Un résumé du livre du saint Père intitulé Au sujet de la communion fréquente aux divins Mystères montre qu'il ne contient rien d'autre que les paroles des Évangiles et des apôtres, les canons des apôtres et des synodes, et les paroles des Pères divins, tous expliqués dans le vernaculaire et d'un commun accord enseignant et assurant que la fréquente communion aux divins Mystères est sainte et conduit au salut; et par conséquent que ce livre est légal et canonique. Mais la malice prévalut contre lui, toutefois temporairement. Car un moine agiorite mal avisé, après l'avoir lu, l'envoya au patriarcat de Constantinople et écrivit autant de mauvaises choses qu'il put sur le livre. Le patriarche Procopios le Péloponnésien qui, à ce moment là avait été élevé de l'évêché de Smyrne au trône œcuménique, provoqué par les accusations, condamna le livre synodalement comme non canonique et causeur de troubles, et imposa une sévère pénitence à ceux qui auraient l'audace de le lire. Ensuite, les moines de la Sainte Montagne luttèrent avec toutes leurs ressources pour obtenir la révocation de la décision du patriarcat ; mais ils ne réussirent pas. Toutefois, plus tard, quand Néophytos de Smyrne, qui était un ami proche du saint Père, devint patriarche, il annula synodalement le décret de son prédécesseur contre le livre, et envoya la lettre suivante au saint :

"Très saint métropolite, auparavant de Corinthe, frère bien-aimé dans l'Esprit saint et compagnon de clergé Macaire, grâce à votre épiscopat et paix d'en haut ! À propos de votre œuvre Au sujet de la communion fréquente aux Mystères divins, que vous avez publiée, nous vous informons qu'elle a été considérée par le Synode, examinée d'une manière réfléchie, et approuvée. Il a été montré qu'elle était ecclésiastiquement légale et qu'elle ne contenait rien qui empêche quelqu'un qui est digne par le repentir et la vraie confession de participer aux purs et redoutables Mystères du Christ. Il a été prouvé par le Synode que votre livre est édifiant et propice au salut; et que ceux qui souhaitent l'acheter et le lire sont libres de le faire, dirigés par leurs confesseurs s’ils se posent des questions.

Parce qu'une rumeur s'est répandue qu'un décret ecclésiastique avait été publié condamnant votre œuvre, et qu’en conséquence les chrétiens dévots s'abstiennent de la lire, pour annuler ce décret nous écrivons la présente lettre et nous décrétons par le tout saint Esprit que tous les chrétiens qui ont lu, lisent ou liront votre livre, Au sujet de la communion fréquente, sont pardonnés et bénis par le Seigneur Tout Puissant et sont délivrés des pénitences ecclésiastiques et des malédictions, et ont les bénédictions de tous les saints et des saints Pères de l'Église inspirés de Dieu. C'est pourquoi, sachant cela, chassez tout soupçon à propos de votre œuvre, pour laquelle vous serez récompensé par Dieu. Que sa grâce soit avec votre Sainteté.»

Bien que saint Macaire ait publié beaucoup d'autres livres édifiants, celui Concernant la communion fréquente aux divins Mystères, écrit par lui avec une grande application, peut avec justice être appelé une source et un puits de la vie éternelle.

Voici pour les publications de notre saint Père. Parlons maintenant de quelques autres de ses actions vertueuses. Dans le combat pour le Christ, c'est-à-dire dans le martyre, Jésus Christ Lui-même est le juge et le donneur de couronnes; le combattant est la personne qui est torturée et qui meurt pour sa gloire; tandis que l'adversaire est le diable avec ses instruments – les ennemis et les persécuteurs de la divine et sainte foi chrétienne. Maintenant il est vrai que les combattants n'entrent pas dans l'arène du martyre sans force d'âme. Mais comme le dit le Seigneur, «L'esprit est bien disposé, mais la chair est faible;» et Grégoire le Théologien affirme que l'exhortation et l'encouragement par les mots peuvent instiller plus qu'un peu de bravoure dans l'âme de celui qui a choisi de souffrir le martyre. Chacun a le devoir religieux d’agir ainsi; et c’est ce que fit précisément saint Macaire. S'en tenant strictement au commandement de l'Évangile qui dit : «Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à Moi,» il les recevait tous avec empressement, et non seulement les encourageait avec des mots, mais aussi gardait dans son ermitage pour plusieurs jours ceux qui avaient besoin de davantage de préparation, les entraînant et les fortifiant par le jeûne et les prières. Que de cette manière il allumât dans les âmes de telles personnes le feu de l'amour divin, cela fut spécialement prouvé par Polydoros le Cypriote qui confessa et déclara la bonne transformation qui eut lieu en lui. Car un soir il se tint à la porte de la maison des hôtes, criant : «Que Dieu vous bénisse pour le bien que vous me faites !» À une autre occasion, comme le Père Jacques le cherchait à l'heure du souper, il le trouva à un endroit isolé pleurant et se lamentant. Il annonça cela à saint Macaire et ce dernier dit : «Qu'il se lamente, car cette lamentation est chère à Dieu et mène au salut.»

Cette excellente préparation eut le même effet sur l'âme de Théodore de Byzance, lequel d'un extrême, celui de la timidité à l'égard de la mort, passa à l'autre extrême, celui de la bravoure; car il courut à la rencontre de la mort pour l'amour du Christ.

Cela agit de la même manière sur l'âme fruste et sans instruction de Démétrius le Péloponnésien, qui, lorsqu'il fit conduit à la décapitation, cria, les yeux au ciel : «Je Te remercie, mon Seigneur Jésus Christ, pour m'avoir jugé, moi l'indigne, digne de cette heure bénie du martyre.»

Maintenant il est juste pour nous de tenir l'entraineur de ces martyrs glorieusement triomphants, saint Macaire, pour l'un d'entre eux et pour un martyr en principe. Basile le Grand juge étant le pair d'un martyr en principe celui qui a seulement sincèrement exhorté le martyr béni; en conséquence, notre Père divin, qui s'était occupé lui-même pendant bien des jours et des nuits à encourager ceux qui entraient dans l'arène du martyre et ainsi alluma dans leurs cœurs la flamme de l'amour du Christ et l'aspiration de souffrir pour Lui, peut plus raisonnablement et justement être considéré leur égal. Et tout comme la couronne de vertu est mise sur les martyrs, comme le dit l'apôtre Paul, parce qu'ils ont achevé la course et gardé la foi, de même elle est mise sur saint Macaire, en tant que compagnon de travail et de combat, et aide des martyrs par son conseil et son zèle en actes comme en mots.

Mais finalement le temps arriva où le Père divin devait payer la dette commune et inévitable de la nature. Dès qu'il eut fini sa collection des vies des saints ascètes et martyrs, à la fois anciens et modernes, à laquelle il donna le titre de Nouveau Leimonarion, il commença à se préoccuper du problème de sa publication. Mais, soudainement, il fut frappé d'apoplexie et la partie droite entière de son corps fut paralysée. Sa main bonne et bienfaisante resta désormais inactive.

Souffrant ainsi à partir de ce moment et tressant pour lui-même une couronne par sa patience, il remercia le Dieu bienveillant et pleura sans cesse, disant qu'il était puni de cette manière pour ses péchés et que néanmoins il ne se repentait pas. Quand nous allâmes le visiter un jour, nous le trouvâmes en pleurs incessants et gémissant, parce que bien que puni par Dieu il ne se repentait pas. Alors nous lui dîmes : «Vénérable Père, il est juste que vous ne vous repentiez pas, car votre conscience ne vous blâme pas du tout comme transgresseur des commandements divins que vous avez observés toute votre vie.» Néanmoins, les larmes continuaient à couler de ses yeux en ruisseaux. Cela dura huit mois, c'est-à-dire du 1 septembre au 17 avril, qui fut le dernier jour de sa vie terrestre.

Pendant cette période, des chrétiens, hommes et femmes, de toutes classes et de tous âges, vinrent à lui pour recevoir ses saintes bénédictions. Il se confessait et recevait chaque jour la sainte communion. Son ami proche, le très saint Nil Kalognomos, restait à son côté, lui parlant et le consolant. Ils discutaient et philosophaient à propos de questions mystiques et spirituelles, puisqu'il conserva intactes ses facultés intellectuelles jusqu'à son dernier souffle.
Saint Macaire rendit son âme au Créateur divin le 17 avril 1805, et fut compté parmi les hiérarques, les martyrs, les ascètes et les saints.

Son corps fut enterré à côté de l'église de Saint Pierre, au sud de la cour. Ainsi, ce qu'il avait annoncé et désiré fut accompli. Car quand deux ans plus tôt le vieux Jacques tomba malade et fut au bord de la mort, les frères qui étaient présents demandèrent au saint Père où il voulait qu'ils creusent la tombe de Jacques. Quand le Saint entendit cela, il fut profondément ému et dit : «Je veux que ma tombe soit creusée la première et ensuite celle du bon père.» Et il en fut ainsi; car quand les reliques sacrées du Saint furent enlevées de la tombe, son vieux disciple Jacques mourut et fut enterré dans la même tombe.

Que saint Macaire plut à Dieu et atteignit à la sainteté a été clairement démontré par la grâce toute puissante et toute créative de l'Esprit à travers de grands miracles. Que personne n'ait aucun doute concernant leur réalité car ces récits ont été écrits non pas dans un pays éloigné et étranger, mais dans cette même ville de Chios dans la présence vivante de ceux qui souffraient gravement et incurablement et qui ont été guéris en ayant recours avec dévotion et foi au Saint, et qui, publiquement, confessent et déclarent leur guérison. 

Grand merci à Père Cassien 
qui a permis la publication de cette vie
 de 
saint Macaire.

Son site ( ICI
a de nombreuses ressources utiles.

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