"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 27 septembre 2014

Père Barnabas (Powell): Vos dents sont bien, maintenant parlez-moi de l'Orthodoxie!


Le révérend Père Barnabas Powell est également rédacteur pigiste. Il a commencé sa carrière à The Chieftain alors qu'il était prêtre de l'Eglise orthodoxe saint Michael de Pueblo. Il vit maintenant dans l'État de Washington.

*
  
"J'ai entendu dire que vous êtes prêtre," a fait remarquer l'hygiéniste,fixant la la bavette autour de mon cou pour un nettoyage dentaire. "Puis-je vous demander quel genre?" 

"Orthodoxe", ai-je dit rapidement, tandis que les instruments de son métier descendaient. Les hygiénistes sont souvent de bons causeurs. 

C'était ironique, étant donné les complications rencontrées par ceux qui sont de l'autre côté du dialogue. 

Ma réponse a été inutile. 

"Pardonnez mon ignorance, mais ce n'est pas chrétien, hein? Alors, vous êtes juif? "

J'ai répondu en reformulant que j'étais "chrétien orthodoxe." 

"Où est-ce que ça se range?" continua-t-elle. "Je suis protestante, et je connais le catholicisme, mais "orthodoxe," c'est nouveau." 

J'ai attendu une pause du détartrage avant de répondre: "Nous sommes en fait l'église la plus ancienne."

Elle fronça les sourcils, et j'essayai d'élaborer avant que les outils ne recommencent le  travail. "La Pentecôte est arrivée, lorsque le Saint-Esprit est descendu 50 jours après la Résurrection. C'est alors que mon église a commencé. Mille ans plus tard, une partie s'est détachée et est devenu le catholicisme, le protestantisme s'est séparé [des catholiques] encore 500 ans après."

Longue pause. Soit elle pensait, ou s'est rendu compte qu'il était risqué de me faire parler. Après avoir commenté quelques calculs, elle a continué: "Alors, en quoi croyez-vous? Dieu, évidemment, et Jésus. Croyez-vous que Jésus est humain et divin? "

Je devais parler en petites bribes sonores, quand je pouvais parler. "Nous croyons en Dieu le Père, en Son fils Jésus, et au Saint-Esprit (ce que nous appelons la Sainte Trinité). Et nous croyons que Jésus est à la fois Dieu et homme. Nous disons qu'il est "consubstantiel" au Père ". 

"Ça fait un peu technique," réfléchit-elle. (Heureusement que je n'ai pas dit "homoousios"). "Mais je pense que j'ai déjà entendu ça avant." 

"Ce sont des doctrines de base la plupart les chrétiens acceptent, même si la plupart ne savent pas d'où ils viennent," expliquai-je. 

"Elles sont dans la Bible, n'est-ce pas?" 

"Dans un sens," J'ai mesuré. "La Trinité, et les deux natures du Christ - le fait qu'Il soit à la fois Dieu et homme - sont là, mais pas en autant de mots. L'Ecriture doit être interprétée. Les gens ont parfois interprété d'une manière qui fait que le Christ inférieur au Père, ou même pas humain."

"Alors, comment cela s'est-il résolu?" 

Le nettoyage était presque terminée, mais j'ai eu une dernière chance. 

"Il y a eu un concile de tous les évêques (les successeurs des apôtres), qui se sont réunis en 325 pour fournir une interprétation correcte de l'Écriture. Nous l'appelons le Credo de Nicée, et il oriente notre compréhension de l'Écriture jusques à ce jour."

"Hum," elle fit une pause, "Vous êtes prêt pour le Dr X... maintenant, mais puis-je poser une dernière question?" 

J'ai hoché la tête en signe d'assentiment. 

"Si l'Orthodoxie est venue en premier, et a toutes ces réponses, pourquoi n'en ai-je jamais entendu parler avant?" 

Sa question m'a piqué bien plus que lorsque le détartrage a touché certaine dentine. Elle avait trouvé la plus grande lacune de l'Orthodoxie. 

"Parce que nous avons fait un travail minable pour répandre la nouvelle," répondis-je. 

"Eh bien bonne chance avec ça", résume t-elle, "et revenez dans six mois." 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


14/27 septembre
EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

Dormition de St Jean Chrysostome (407)

Lectures : I Cor. I, 18 - 24 ; Jn. XIX, 6-11,13-20,25-28,30-35

HOMÉLIE DE SAINT JEAN DAMASCÈNE SUR LA CROIX
C'
est pourquoi ce bois vénérable, véritablement digne de piété, sur lequel le Christ s'est offert lui-même pour nous, est adorable en tant que sanctifié par Son Saint Corps et par Son Sang ; et aussi les clous, la lance, les vêtements, les lieux sacrés où Il a séjourné (la crèche, la grotte, le Golgotha salutaire, le Tombeau vivifiant, cet acropole de la Sion des Églises), et autres choses semblables. Comme le dit David, l'ancêtre de Dieu : « Nous entrerons dans Son tabernacle, nous adorerons au lieu où se sont tenus Ses pieds ». La suite montre qu'il parle de la Croix : «Lève-toi, Seigneur, dans Ton repos ». (Ps. 131, 7). La Croix est suivie de la Résurrection. Si nous affectionnons des choses qui nous sont chères comme la maison, le lit, le vêtement, combien plus celles du Dieu Sauveur, par lesquelles aussi nous sommes sauvés. Et nous adorons également le type de la Croix vénérable et vivifiante, même tirée d'une autre matière : nous ne vénérons certes pas la matière, mais le type, qui est le symbole du Christ. Il a dit en effet à Ses propres disciples comme s'Il leur léguait Son testament : « alors apparaîtra le signe du Fils de l'homme dans le ciel ». (Mat. XXIV, 30), voulant parler de la Croix. C'est pourquoi aussi l'Ange de la Résurrection dit aux femmes : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié ». Il y a beaucoup de christs et de Jésus, mais il y en a un seul crucifié. Il ne dit pas: percé d'une lance, mais crucifié. Il faut donc adorer le signe du Christ, car là où est Son signe, Lui y est aussi. Quant à la matière dont on a fait l'image de la Croix, quoique la pierre ou l'or soient dignes de respect, il n'y a pas à adorer une fois l'image détruite. Nous adorons donc tout ce qui est consacré à Dieu, en reportant sur Lui la piété. Le Bois de Vie, celui que Dieu planta au paradis, a préfiguré cette Croix vénérable, car la mort étant venue par le bois, il fallait que par le bois fussent données la Vie et la Résurrection ; Jacob le premier, en se prosternant devant le sommet du bâton de Joseph, a réalisé l'icône de la croix et de même, en bénissant ses enfants avec ses mains croisées, il a très clairement désigné le signe de la Croix. Le bâton de Moïse frappa la mer comme une croix et sauva Israël en plongeant Pharaon dans l'abîme ; ses mains étendues en croix faisaient fuir Amaleck ; le bois adoucit l'amertume de l'eau, il fissure la pierre et en fait sourdre l'eau. Le bâton d'Aaron lui assure la dignité du sacerdoce. Le serpent a été élevé sur le bois, quoique mort, et le bois sauvait ceux qui regardaient avec foi à l'adversaire mort, comme le Christ qui dans la chair du péché a été cloué au bois sans qu'Il ait connu le péché. Le grand Moïse déclare : « Vous verrez votre vie pendue au bois devant vos yeux». (Deut. XXIIX, 66) et Isaïe : « Tout le jour j'ai étendu mes mains vers un peuple incrédule et discuteur ». (Is. 55, 2). Nous qui adorons cela, puissions-nous trouver part auprès du Christ crucifié. Amen.
À LA LITURGIE
1er antiphone, psaume 21, ton 2.
Après chaque verset : Моли́твами Богоро́дицы, Спа́се, спаси́ на́съ / Par les prières de la Mère de Dieu, Sauveur, sauve-nous

Бо́же, Бо́же мо́й, вонми́ ми, вску́ю оста́вилъ мя́ еси́ ?
Дале́че отъ спасе́нiя моего́  словеса́ грѣхопаде́нiй моихъ.
Бо́же мо́й, воззову́ во дни́, и не услы́шиши, и въ нощи́, и не въ безу́мiе мнѣ́.

Ты́ же во святѣ́мъ живе́ши,  Хвало́ Изра́илева.
Слава, и нынѣ: Моли́твами Богоро́дицы, Спа́се, спаси́ на́съ.
Ô Dieu, mon Dieu, tourne-Toi vers moi, pourquoi m’as-Tu abandonné ?

Elles sont loin de me sauver, les paroles de mes transgressions.   

Mon Dieu, je crie durant le jour, et Tu ne m’écoutes pas ; la nuit aussi, et ce n’est pas déraison de ma part.   

Mais Toi, Tu habites dans le sanctuaire, louange d’Israël.
Gloire… et maintenant : Par les prières de la Mère de Dieu, Sauveur, sauve-nous.
2è antiphone, Psaume 73, ton 2.
Après chaque verset : Спаси́ ны́, Сы́не Бо́жiй,  Пло́тiю распны́йся, пою́щия Ти́:  аллилу́iя / Sauve-nous, Fils de Dieu, crucifié dans la chair, nous qui Te chantons, alléluia

Вску́ю, Бо́же, отри́нулъ ны́ еси́ до конца́ ?


Помяни́ со́нмъ Твой, его́же стяжа́лъ еси́ испе́рва.

Гора́ Сiо́нъ сiя́, въ нéйже всели́лся еси́.
Бо́гъ же, Ца́рь на́шъ, пре́жде вѣ́ка содѣ́ла спасе́нiе посредѣ́ земли́.
Pourquoi, ô Dieu, nous as-Tu rejetés pour toujours ?


Souviens-Toi de ce peuple que Tu as rassemblé, que Tu as acquis à l’origine.
Ici, c’est la montagne de Sion, où Tu as établi Ta demeure.

 Dieu est notre Roi avant les siècles, Il a opéré le Salut au milieu de la terre.    


Слава, и нынѣ: Единородный Сыне/ Gloire…et maintenant ; Fils Unique…
3è antiphone, Psaume 98, ton 1.
Après chaque verset, le tropaire de la fête
Го́сподь воцари́ся, да гнѣ́ваются лю́дiе.

Го́сподь воцари́ся, да гнѣ́ваются лю́дiе, сѣдя́й на Херувíмѣхъ, да подви́жится земля́.

Го́сподь въ Сiо́нѣ вели́къ и высо́къ е́сть над всѣ́ми людьми́.

Поклони́теся Го́сподеви во дворѣ́ святѣ́мъ Его.
Le Seigneur a établi Son Royaume, que les peuples frémissent !


Le Seigneur a établi Son Royaume, Il siège sur les chérubins, que la terre chancelle !


Le Seigneur est grand dans Sion et élevé au-dessus de tous les peuples.


Exaltez le Seigneur dans Son saint palais.   

Au lieu du trisaghion :
Кресту́ Твоему́ покланя́емся, Влады́ко, и свято́е воскресéнiе Твоé сла́вимъ.
Nous nous prosternons devant Ta Croix, ô Maître, et nous glorifions Ta Sainte Résurrection.







Tropaire de l’Exaltation de la Croix, ton 1
Спаси́, Го́споди, лю́ди Твоя́ и благослови́ достоя́ніе Tвоé, побѣ́ды правосла́внымъ христiáномъ на сопроти́вныя да́руя, и твое́ coxpaня́я Кресто́мъ твои́мъ жи́тельство.
Seigneur, sauve Ton peuple et bénis Ton héritage ; accorde aux chrétiens orthodoxes la victoire sur les ennemis et garde Ton peuple par Ta Croix.

Kondakion de l’Exaltation de la Croix, ton 4
Вознесы́йся на крéстъ во́лею, тезо-имени́тому Твоему́ но́вому жи́тель-ству щедро́ты твоя́ да́руй, Xристе́ Бо́же, возвесeли́ си́лою Tвоéю правосла́вныя  христіа́ны, побѣ́ды дая́ и́мъ на сoпоста́ты, посо́біе иму́-щымъ Твое́ ору́жіе ми́ра, непобѣди́-мую побѣ́ду.

Toi qui T’es volontairement élevé sur la Croix, ô Christ Dieu, accorde Tes miséricordes au nouveau peuple qui porte Ton Nom. Réjouis les chrétiens orthodoxes par Ta Puissance et donne-leur la victoire sur les ennemis, ayant pour secours Ton arme de paix et trophée invincible.

Au lieu de Il est digne en vérité, ton 8
Велича́й душé моя́, пречестны́й Крéстъ Го́сподeнь. Таи́нъ ecи́ Бого-ро́дицe pа́й, невоздѣ́ланно возра-сти́вшій Xpиста́, и́мже кре́стное живоно́сное на земли́ насади́ся дре́во, тѣ́мъ ны́нѣ возноси́му покло-ня́ющеся ему́, Tя велича́eмъ.
Magnifie mon âme la très précieuse Croix du Seigneur. Tu es, Mère de Dieu, le paradis mystique où le Christ a germé sans culture ; c’est par Lui qu’a été planté sur terre l’arbre vivifiant de la Croix. C’est pourquoi dans son exaltation en ce jour, nous L’adorons et nous Te magnifions.



L’Exaltation de la Croix du Seigneur, en mémoire des souffrances du Christ sur la Croix, est un jour de jeûne strict, le poisson n’étant pas même permis. La fête de l’Exaltation comprend un jour d’avant-fête et sept jours d’après-fête. La Croix, exposée au milieu de l’église, reste sur le lutrin jusqu’à la clôture de la fête, à savoir le 21 septembre / 4 octobre. Le jour de la clôture, à l’issue de la Liturgie, elle est portée par le prêtre, qui entre par les portes royales dans le sanctuaire, au chant du tropaire et du kondakion de la fête. Le prêtre encense ensuite la Croix sur l’Autel et la remet ensuite à son emplacement habituel.

vendredi 26 septembre 2014

Père Andrew: Le temps des décisions pour l'église anglicane




Père Sophrony de Maldon

*
Si "l'église anglicane" ["Church of England"] est, comme nous orthodoxes le croyons, simplement un groupe de congrégations protestantes sectaires, alors la décision d'introduire des femmes "évêques" est attendue depuis longtemps. 

La seule raison pour son retard peut être la misogynie. Après tout, la première femme pasteur, il y a septante  ans, et la première femme "évêque" de la Communion anglicane ont été introduites il y a une décennie. 

Quant à la tête de l'église anglicane, c'est une femme [la reine d'Angleterre] et tous les "évêques" de l'église anglicane sont nommés par le Premier ministre, qui peut être une femme, et peut-être athée. Si le vicaire moyen de l'église anglicane" est vraiment simplement un travailleur social, alors il est purement sexiste d'interdire les chefs de départements du travail social de sexe féminin. 

D'autre part, si "l'église anglicane" faisait partie de l'Eglise orthodoxe, qui est, le Corps du Christ, son clergé féminin serait hérétique. Pour la Bible, il est clair que le Christ, qui a annulé toute institution humaine, n'a choisi que des hommes comme apôtres, en précisant que la différence entre les hommes et les femmes n'est pas due à une institution humaine, mais est divinement ordonnée et renvoie à la création comme elle est décrite dans les premiers chapitres de la Genèse. 

Cependant, depuis que "l'église anglicane" ne fait pas partie du Corps du Christ, mais qu'elle est simplement une secte de la Réforme manipulée à l'échelle nationale, qui, par définition, a nagé avec la marée laïque depuis qu'elle a été fondée sur l'adultère de série de l'assassin et bandit, Henry VIII, alors tout va bien. 

Si les membres de l'Église d'Angleterre ne connaissaient pas et ne croyaient pas encore à l'absurde "théorie des branches", ils devront effectuer une révolution dans leur vie et leurs valeurs civilisationnelles, c'est-à-dire, s'ils souhaitent vivre une vie honnête cohérente avec le christianisme de l'Eglise. 

Il y a près de quarante ans, je me souviens feu Père Sophrony (Sakharov), qui ne fut jamais autorisé à recevoir un membre de l'église anglicane dans son église orthodoxe grecque, disant à une ancienne anglicane qui se plaignait qu'elle souffrait dans l'Église orthodoxe : "L'Eglise fait mal". Pour une raison qui me dépasse tout à fait, elle fut bouleversée par ce fait. Bien sûr, l'Église fait mal. Église signifie être crucifié. Cependant, cela signifie aussi être ressuscité des morts. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Message du patriarche de Serbie Irénée au sujet de la « gay pride » prévue à Belgrade le 28 septembre 2014

Message du patriarche de Serbie Irénée au sujet de la « gay pride » prévue à Belgrade le 28 septembre 2014
« En la fête de la Nativité de la Très sainte Mère de Dieu
Ces jours-ci, la « gay pride » à nouveau est imposée par la force à Belgrade et à la Serbie. Les organisateurs d’un défilé de cette sorte ainsi que leurs mentors européens ne souhaitent pas tirer un enseignement de tout ce qu’ont provoqué les parades précédentes : l’opposition de l’immense majorité des citoyens indépendamment de leur appartenance religieuse, politique, idéologique ; le malaise et l’instigation à l’agressivité, le réveil de l’instinct de destructivité dans certaines couches de la population, particulièrement chez les plus jeunes, la contrainte, pour les autorités, d’engager pratiquement l’appareil policier entier du pays pour assurer la sécurité de ce groupe minoritaire. Faut-il en raison de ce défilé réellement absurde, que l’État, dans la situation actuelle de pauvreté, dépense des millions pour la sécurité d’une poignée de ses concitoyens et de leurs hôtes, pour une « parade » de quelques centaines de mètres dans la centre de Belgrade ? Le Ministère de l’intérieur doit faire venir de toutes les régions de Serbie des milliers de policiers, leur assurer le séjour dans la ville de Belgrade, les repas, avec en outre des risques réels pour eux d’être blessés, voire de mettre en péril leurs vies. Prenant en compte tous les dangers que cette parade peut provoquer des deux côtés, de même que la menace sérieuse à la sécurité dans la ville, nous prenons la liberté avec un souci paternel, au nom de l’Église – la gardienne séculaire de la dignité humaine et des principes moraux sains –  et aussi au nom de ses fidèles qui constituent environ 80% de toute la population de la République de Serbie, de nous adresser aux organisateurs et aux participants de la « gay pride » avec quelques questions : 
1. La défense de ses intérêts privés doit-elle et peut-elle se réaliser par l’humiliation et le piétinement des sentiments moraux de l’immense majorité de l’humanité ? 
2. Est-ce que, par le mépris de la Loi Divine et de l’ordre moral inscrit dans la nature humaine, se réalise la dignité humaine ?
3. Si l’orientation sexuelle « gay » est justifiée, et qu’il faille la propager, sur la base de quoi la même chose n’est pas valable pour la pédophilie (répandue massivement dans le monde occidental), pour l’inceste, pour la zoophilie, et autres instincts sexuels pervers ? En quoi leur droit est-il inférieur au soi-disant droit de votre (dés)orientation ?
4. Êtes-vous à ce point aveuglés par votre vice et votre égoïsme qu’il ne vous gêne pas de mettre en branle tout l’appareil d’État de la Serbie et donner lieu à des dépenses matérielles infondées ? Et aussi de provoquer chez vos frères et concitoyens tant de trouble et d’agitation, bien souvent avec des conséquences catastrophiques sur les deux côtés ?
5. Est-ce que par vos « parades » vous propagez seulement vos « droits » ou tentez-vous peut-être d’imposer votre style de vie aux autres, particulièrement aux enfants innocents et à la jeunesse inexpérimentée, en raison de quoi, absolument à juste titre, leurs parents et leurs enseignants sont préoccupés ? 
6. Le fait même que vous qualifiez votre parade de « parade de la fierté », ne témoigne-t-il pas de l’incertitude de votre conscience quant au bien-fondé de votre orientation et votre mode de vie ?
Quoi qu’il en soit, une seule chose est certaine : vous avez le droit de défiler, mais seulement à vos propres frais et celles de vos mandants, quel que soit le nom dont ils s’affublent et ce tant pour la parade elle-même que pour votre sécurité, mais non aux frais de la Serbie : bombardée, détruite, paralysée moralement et économiquement, appauvrie, inondée, clouée au pilori… Outre tout cela, ni nous ni vous, ni qui que ce soit, ne saurions oublier cela : nous pouvons tout faire, mais tout n’est pas pour notre utilité et notre bien, ni pour atteindre la véritable dignité humaine.
Les droits et la vie humaine ne se mesurent pas seulement par la justice humaine, mais par celle de Dieu, éternelle et divino-humaine ! »

jeudi 25 septembre 2014

4 paroles pour prier Dieu!


On devrait prier Dieu avec ces quatre paroles...
Ce sont les quatre secrets de notre vie:

Quand tu veux Seigneur!
Où tu veux Seigneur!
Comme tu veux Seigneur!

Seigneur que ta volonté soit faite! 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Προσκυνητής


Sur le blog de Maxime

22 Septembre 2014

LA "DÉMOCRATIE" UKRAINIENNE… Sachez bien qui vous soutenez !


DÉCLARATION DE LA DÉPUTÉE DE LA RADA SUPRÊME D’UKRAINE ELENA BONDARENKO
le 12 septembre 2014





Mes amis, voici ma déclaration ! Je demande de la diffuser un maximum. Ceux qui ont la possibilité de la traduire, qu’ils le fassent.
« Moi, Elena Bondarenko, députée du Parti des régions, me trouvant dans l’opposition à l’actuel pouvoir en Ukraine, je veux déclarer que ce pouvoir s’abaisse jusqu’aux menaces directes d’élimination physique des représentants politiques d’opposition en Ukraine, jusqu’à priver de leur droit de parole l’opposition au parlement et en dehors, et même à la complicité de crimes non seulement contre ces représentants politiques mais contre leurs enfants. Des menaces constantes, l’interdiction non formulée de la présence des opposants sur les ondes de la plupart des chaînes ukrainiennes, une persécution déterminée, ce sont là déjà les attributs de la vie courante d’un député en Ukraine. Tous ceux qui appellent à la paix en Ukraine sont immédiatement inscrits par le gouvernement sur la liste des ennemis du peuple, comme ils le furent, par exemple, dans l’Allemagne des années 30-40 du siècle dernier ou au temps de la politique de McCarthy aux USA.

Il y a quelques jours, le ministre des Affaires intérieures de l’Ukraine, Arsen Avakov, qui est un ardent partisan du dénommé « parti de la guerre » en Ukraine, a déclaré la chose suivante : « Quand Elena Bondarenko monte à la tribune faire un discours, la main cherche tout de suite le revolver ».
Je souligne que c’est un homme investi de la fonction de premier policier de l’état qui dit une chose pareille. Il y a exactement une semaine, le porte-parole du parlement ukrainien Alexandre Tourtchinov m’a privée de la même façon de mon droit de parler à la tribune en tant que représentante de la fraction d’opposition du « Parti des régions ». Il m’en a privée simplement parce que j’ai déclaré que « le pouvoir qui envoie l’armée bombarder des civils est criminel ». Après quoi, il a donné avec magnanimité la possibilité aux radicaux du parlement d’appeler à fusiller l’opposition. Rappelant que, à la fin de l’année dernière, quand les extrémistes commençaient à s’armer à Kiev, on avait tiré sur ma voiture et que ce fait avait été enregistré par les organes de police sur ma déclaration, je considère ce genre de menaces avec le plus grand sérieux. J’informe également tous ceux qui ne le savent pas encore que le pouvoir actuel couvre des criminels, qui ont osé lever la main sur le fils d’un autre opposant politique, Vladimir Oleinik. Rouslan Oleinik, qui occupe la fonction de procureur de district, a été roué de coups sur son lieu de travail, à la suite de quoi sa vie et sa santé se sont trouvées menacées. Au lieu d’enquêter sur cette agression contre un procureur dans l’exercice de ses fonctions et sur cette intimidation monstrueuse à l’égard d’un opposant et de sa famille, le pouvoir a licencié ledit procureur. J’entends chaque semaine mes collègues parler des passages à tabac de leurs collaborateurs, des perquisitions dans les entreprises de leurs partisans, des menaces et même des attentats sur leurs vies, leur santé et leurs biens.
L’espace informatif ukrainien est presque complètement épuré de cette information, et les Ukrainiens ordinaires ne devinent même pas que se déroule en Ukraine une lutte criminelle contre l’opposition, que le droit à la libre parole donné par la Constitution est malmené de toutes parts. Ces mêmes rédactions qui, surmontant leur peur, travaillent honnêtement s’exposent aux agressions des groupuscules nationalistes, or les organisateurs et les participants de ces pogroms des rédactions, même identifiés par des vidéos et du matériel photographique, ne sont pas tenus responsables. J’en appelle aux structures internationales qui déclarent leur attachement aux principes démocratiques, pour qu’elles ne se contentent pas de prêter attention à cela mais qu’elles se mettent au travail afin que soient conservés et observés les droits démocratiques et les libertés des citoyens ukrainiens. Les méthodes de la junte de Kiev dans sa lutte pour le pouvoir, et plus exactement dans sa lutet pour l’édification d’une dictature en Ukraine n’ont rien de commun avec la notion de « démocratie ».
L’inactivité de la communauté internationale à l’égard de ces faits criants seront considérés comme de la complicité et de l’approbation silencieuse envers tous les crimes qui se commettent à présent en Ukraine. 

Le monde libre perd encore un avant-poste, l’Ukraine. Tous ceux qui se battent, non en paroles, mais dans les faits, pour la démocratie, les droits et la liberté de l’homme peuvent ensemble faire beaucoup. Car nous sommes les seuls à pouvoir arrêter la junte et la guerre fratricide en Ukraine !
Avec tout mon respect.
Le député populaire d’Ukraine Elena Bondarenko


L'original: https://www.facebook.com/E.A.Bondarenko/posts/324449304394390
(traduction Laurence Guillon)

mercredi 24 septembre 2014

Interview de Bernard Le Caro à GEOPOLITIKA


1. Pourriez-vous dire quelque chose sur vous-même et sur votre cheminement dans la foi chrétienne orthodoxe pour les lecteurs de “Geopolitika” ?

Je me suis intéressé à l’Orthodoxie depuis l’enfance. Et puis, alors que j’étais âgé de 17 ans, j’ai fait connaissance du couvent russe de Lesna, près de Paris qui, avant-guerre se trouvait à Hopovo, en Serbie. Lors de ma première visite j’y assistai à l’office de l’Acathiste à la Mère de Dieu devant l’icône miraculeuse de Lesna. Des moniales âgées, d’une voix fatiguée, chantaient, dans une église de fortune. Pourtant, quelle grâce ! « Elles n’avaient rien, mais possédaient tout » comme le dit l’Apôtre Paul. C’est là aussi, le même jour que je rencontrai mon futur père spirituel, l’archiprêtre Čedomir Ostojić, un réfugié serbe qui servait l’église russe à Bruxelles, un admirable disciple de St Jean de Changhaï. Cela a été mon premier contact, mais il a été décisif. Plus tard, pour « m’orthodoxiser », la sage en Dieu higoumène de Lesna Théodora m’envoya en Serbie. C’était en 1968. Ce fut le premier pays orthodoxe dont je fis connaissance avec ses monastères, ses lieux saints, et surtout ses saints vivants, le père Justin et puis aussi l’évêque Paul de Prizren, le futur patriarche. Alors, on peut se demander ce qui pouvait attirer un occidental vers l’Église orthodoxe, persécutée, mutilée, au surplus divisée en Occident. Eh bien, c’était précisément sa sainteté, malgré toutes les faiblesses humaines. « Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile », comme le disait l’Apôtre Paul. Cette sainteté témoignait que l’Église orthodoxe était l’Église primitive, avec sa vie apostolique, ses saints thaumaturges. J’ajouterai que deux hiéromoines serbes m’ont alors énormément aidé dans mon cheminement : les pères Athanase Jevtić, actuellement  évêque émérite de Herzégovine et le père Amfilohije Radović, actuellement métropolite du Monténégro. Je leur en serai éternellement reconnaissant.


2. Lorsque vous êtes devenu chrétien orthodoxe, à quel point étiez-vous conscient que vous reveniez à la maison – car, ne l’oublions pas, la France, votre patrie, était, à l’instar de l’Irlande, l’ornement de l’Occident orthodoxe, pleine de saints, depuis les martyrs de l’Eglise ancienne comme St Irénée, également un grand théologien, en passant par Ste Geneviève, saint Cassien le Romain, jusqu’aux ascètes des Gaules..

Je dois dire que cette conscience m’est venue un peu plus tard, même si c’est le commonitorium de St Vincent de Lérins qui, entre autres, m’a persuadé du manque de fondement du dogme papal. St Jean de Changhaï  a « donné le coup d’envoi » à la vénération des anciens saints qui en Occident même n’étaient plus vénérés, alors qu’il y a pratiquement, chaque jour, dans le calendrier, au moins un saint du territoire de la France actuelle, antérieur au XIème s. On peut ajouter à cela que plus de dix pour cent des communes françaises portent le nom d’un saint. Non seulement des saints de la Gaule ancienne, mais aussi des saints de toute l’Église universelle. Par exemple, ma commune natale porte le nom de St Germain de Constantinople. Sur les traces de St Jean, les orthodoxes russes de Grande Bretagne célèbrent désormais tous les saints des Iles britanniques, qui sont innombrables. Il en est de même en Suisse, où un office de tous les saints qui y ont vécu, est célébré annuellement par les paroisses orthodoxes russes. Il y a même maintenant  un office en slavon qui leur est dédié ! Cette vénération des saints anciens a donné une nouvelle vie à leurs reliques : les orthodoxes célèbrent des offices devant celles-ci, alors qu’elles étaient souvent à l’abandon. Et lorsque je dis une nouvelle vie, ce n’est pas théorique. Alors que je m’étais rendu avec un prêtre grec dans une église contenant les reliques d’un saint du Vème siècle, le prêtre les prit dans sa main, et une odeur très forte s’en dégagea. Vous disiez, que je suis « rentré à la maison, dans l’Église orthodoxe ». Mais on voit aussi que les saints, rentrant dans l’Église orthodoxe rentrent aussi à la maison. Il y a encore en France des reliques de grands saints, dérobées lors du sac de Constantinople, et ces reliques étaient également oubliées. C’est le cas, par exemple, du Crâne de St Jean Baptiste qui se trouvait relégué dans la sacristie de la cathédrale d’Amiens, et qui est maintenant accessible au public. Et cela grâce aux milliers d’orthodoxes qui viennent depuis la Russie le vénérer. Il en est de même des reliques de la sainte impératrice Hélène, à Paris. Les orthodoxes célèbrent souvent des offices d’intercession devant ces reliques. Il y a à cet égard un grand changement dans le clergé catholique-romain, qui laisse volontiers les églises à disposition des orthodoxes. Certains d’entre eux voient dans l’Église orthodoxe l’Église primitive, même s’ils ne peuvent faire le pas…

3. La France, au cours des siècles, a combattu courageusement l’enseignement sur l’infaillibilité papale. Parmi les grands témoins de la vérité à ce sujet, il y a entre autres l’archiprêtre Vladimir Guettée qui, au XIXème siècle est devenu orthodoxe et a écrit un livre, à ce jour insurpassé, sur le primat papal. Dîtes-nous quelque chose à ce sujet.  

Le Père Vladimir Guettée était un solide historien qui aimait la vérité. C’est son étude de l’histoire de l’Église qui l’a conduit à l’Orthodoxie. En examinant scrupuleusement et impartialement les arguments en faveur de la primauté papale, il en est venu à la conclusion que l’Église qui avait préservé l’enseignement des Apôtres et des Pères était l’Église orthodoxe. Son livre « la Papauté schismatique », traduite ensuite en plusieurs langues, est une étude exhaustive : siècle par siècle, il démontre qu’un « évêque des évêques » n’a pas existé dans l’Église du premier millénaire. Fait étonnant, St Théophane le Reclus conseillait la lecture du livre du père Guettée à ceux qui en Russie lisaient le français. Lui-même parlait couramment cette langue. Dans sa réclusion, il lisait la revue « L’union chrétienne » dirigée par Guettée. Maintenant, s’il est vrai qu’au cours du second millénaire, les Français ont lutté contre l’absolutisme papal, il faut encore souligner qu’au cours des premiers siècles la Gaule avait conservé de façon éclatante l’ancienne ecclésiologie. Je citerai les conciles de la Gaule du Vème siècle : l’un de ceux-ci condamna une hérésie locale et demanda au pape de Rome, non pas son opinion, non pas de confirmer la décision…  mais de communiquer celle-ci aux autres Églises !

4. Vous vivez depuis plusieurs décennies en Suisse et appartenez à l’Eglise russe hors frontières du Patriarcat de Moscou. Vous avez fourni votre apport à l’union de l’Eglise russe hors-frontières et du Patriarcat de Moscou. Quelle est votre expérience de l’Orthodoxie à l’étranger et comment s’est passé le processus d’union après la chute du communisme ?

Je considère que cela a été une immense bénédiction de Dieu  Quant au processus l’unité de l’Église russe, St Jean de Changhaï l’a aidé après son trépas. Lorsque s’est réunie l’Assemblée de la diaspora en 2006 à San Francisco, comme cela est naturel, les idées les plus contradictoires fusaient de toutes part. On aurait pu dire que cela n’aboutirait à rien. Mais soudain, certains de nos prêtres eurent l’idée suivante : ils se rappelaient du miracle de Ste Euphémie, sur les reliques de laquelle les Pères de Chalcédoine avaient posé les deux déclarations, l’une orthodoxe, l’autre hérétique. Quatre jours après, les Pères virent la confession orthodoxe dans la main de la sainte, tandis que la déclaration hérétique se trouvait sous ses pieds. Alors, nos prêtres posèrent sur les reliques de St Jean un projet de résolution de l’Assemblée, demandant aux évêques de rétablir la communion eucharistique avec Moscou, puis célébrèrent un office d’intercession en commémorant les noms de tous les membres de ladite Assemblée. Le lendemain, la résolution fut adoptée à l’unanimité… Il faut dire que Mgr Amfilohije, par des paroles convaincantes, avait aussi soutenu la réconciliation dans l’Église orthodoxe russe. Quant à moi, j’étais chargé de toute autre chose : évoquer la mission de l’Orthodoxie en Occident. J’ai rappelé que selon St Jean de Changhaï, la diaspora russe avait pour mission de ré-évangéliser – selon la foi droite – l’Occident. J’ajouterai que ce n’est pas seulement la tâche des Russes, mais de tous les autres peuples orthodoxes présents en Occident ! Pour revenir à la question de la réunion de toute l’Église russe, permettez-moi une réflexion. Si un événement aussi important et irréalisable à vue humaine que la réunion du Patriarcat de Moscou et de l’Église russe hors frontières a été possible, et ce grâce à une certaine dose de bonne volonté de part et d’autre, pourquoi la « guérison » du schisme de l’un des anciens disciples du P. Justin est-elle impossible ? Le P. Justin avait recommandé à ses disciples de résoudre les problèmes ensemble : « Résolvez tout avec un zèle apostolique ! »  Comme on le voit, ces paroles s’adressaient aux quatre disciples du père Justin, lequel, à l’occasion du schisme en Amérique avait proposé une « décision plus humaine ».  Dans le cas contraire, l’Église orthodoxe serbe risque de voir se développer sur son territoire, après la mort du protagoniste de cette malheureuse histoire, un morcellement de groupes se proclamant « véritables chrétiens orthodoxes », à l’instar des vieux-calendaristes en Grèce. C’est au demeurant ce qui se serait passé avec l’Église russe hors frontières si elle n’avait pas procédé à cet acte historique.


5. L’un des plus grands saints de l’Eglise orthodoxe russe hors-frontières est saint Jean de Changhaï, au sujet duquel vous avez écrit en français – le livre est traduit en russe et en serbe. Que pouvez-vous nous dire sur ce grand saint de Dieu, qui a vécu longtemps en occident et qui a commencé à vivifier le culte des saints orthodoxes occidentaux qui ont brillé avant que Rome ne se séparât de l’Orient. Est-il exact que les catholiques-romains en France l’ont vénéré, l’appelant “Saint Jean aux pieds nus”?

Је dirais que l’intérêt pour ce saint et sa vie croît continuellement, sa vénération s’est étendue à tout le monde orthodoxe. Quant aux miracles, ils ont lieu partout, abondamment. Pour ce qui est de la dernière partie de votre question, à savoir la vénération de St Jean de Changhaï par les catholiques-romains, je préciserai que d’abord, le saint a répandu la grâce que Dieu lui avait donnée – les miracles – sur tous les hommes, indépendamment de leur foi, et qu’effectivement un certain nombre d’hétérodoxes qui avaient été en contact avec lui le considéraient comme un saint. Mais c’est loin d’une vénération générale chez eux, il faut à mon avis s’abstenir des exagérations !

6. A l’époque de l’asservissement de l’Eglise orthodoxe serbe par les communistes, vous avez fréquemment visité la Yougoslavie et vous vous êtes dirigé spirituellement chez le saint nouvellement manifesté, saint Justin de Tchélié, au sujet duquel, si Dieu le veut, vous écrirez un livre en français. Comment saint Justin a-t-il supporté l’asservissement auquel ont été soumis les Serbes sous Tito ?

Je suis venu pour la première fois, comme je l’ai dit plus haut, en 1968. Je me rappelle le monastère de Ćelije ; nous n’étions que quelques laïcs à assister à la sainte Liturgie… Toutefois, la chape de plomb qui pesait sur l’Église orthodoxe serbe ne pouvait empêcher la Lumière du Christ de briller. Pour ce qui concerne son attitude envers le régime, St Justin m’avait dit lui-même : « Après leur prise de pouvoir, ils m’ont demandé de collaborer avec eux. Je leur ai répondu : ‘Pour moi, le Dieu-homme est tout, pour vous, c’est l’opium du peuple. De quelle collaboration peut-il être question ? » Le père Justin avait défini le communisme comme « l’utopie criminelle permanente », comme il me l’a dit, car le communisme ne pouvait vivre sans crime. Quant au marxisme, ce n’était pas pour lui une philosophie puisqu’elle ne répondait pas à la question fondamentale : résoudre le problème de la mort. Avec son sens de l’humour, le père Justin disait que, puisque son seul but était de nourrir la population, c’était une « patatologie ». Quant à la situation de l’Église sous le régime titiste, il a écrit son mémorandum « L’Église orthodoxe sous le régime communiste », publié par les soins de Mgr Athanase dans l’excellent recueil « Semences et moissons». Au sujet de Tito lui-même, le père Justin disait que son âme se séparerait très difficilement de son corps, ce qui s’est produit effectivement. Son agonie a duré longtemps. J’ajouterais encore au sujet de sa relation envers le communisme que le père Justin était ulcéré par « l’Ostpolitik » de l’Occident.

7. Le père Justin a écrit le livre “L’Eglise orthodoxe et l’oecuménisme” qui est jusqu’à ce jour la meilleure étude à ce sujet. Quelle a été son attitude envers ce phénomène, qu’il a qualifié de “pan-hérésie” ? Que pensait-il du modernisme et de la réforme liturgique ?

Je mentionnerai la citation de St Maxime le Confesseur, qui lui était chère : « « Je n’appelle pas amour, mais misanthropie et séparation de l’amour divin le fait de tenter de renforcer l’illusion hérétique, pour la plus grande chute de ceux qui la suivent». Par conséquent, toute cette diplomatie, cette rhétorique, il l’a dénoncée ouvertement. Certains racontent maintenant qu’il était « œcuméniste », étayant leurs dires sur le fait que des laïcs catholiques-romains avaient rencontré le père Justin, qui les reçut avec amour chrétien, sans faire différence aucune à ce niveau, ce qui est exact. Or, s’il n’éprouvait aucune haine, pas même à l’égard du pape – il ne haïssait que le péché, le papisme - cela ne veut pas dire qu’il aurait prié avec les non-orthodoxes, donné la communion aux non-orthodoxes, voire qu’il leur aurait raconté n’importe quoi au sujet de l’Orthodoxie dans le but de leur plaire ! J’ajouterais qu’aujourd’hui, en Occident, l’œcuménisme n’intéresse plus grand monde. Un métropolite de Constantinople a parlé de « fatigue œcuménique ». La dernière rencontre du pape et du patriarche Bartholomée, tout comme leur « déclaration commune » n’a fait l’objet de pratiquement aucun reportage dans les médias. Cela a été « un non événement». Maintenant, en ce qui concerne la réforme liturgique. Le père Justin célébrait selon le formulaire de l’Église orthodoxe serbe, sans aucune variante. Dans le litourghikon, qu’il a édité, il dit aux sujet des prières « secrètes » qu’elles ne doivent être lues ni « à voix haute » ni « secrètement », mais « à voix basse ». Je pense, pour ma part, que s’il avait été convaincu de la nécessité de réciter ces prières à voix forte pour le peuple, il l’aurait fait. C’est ainsi qu’il avait introduit le serbe comme langue liturgique, ce qui correspondait à un réel besoin, ce qui venait de l’Esprit Saint, raison pour laquelle cela n’a pas provoqué de troubles dans le corps ecclésial, contrairement aux « réformes liturgiques ».


8. Lorsque non parlons d’oecuménisme, quelle est la situation du catholicisme-romain et du protestantisme ? Je le demande parce que les oecuménistes justifient l’union avec les uns et les autres par un “enrichissement” de l’Orient par la spiritualité occidentale... En quoi serions-nous “enrichis” si l’on en venait à l’union ?

Pour parler du christianisme en Occident, je pense qu’il faut tout de suite faire une distinction entre le Vatican et le peuple de l’Église catholique-romaine. Comme en politique, il faut distinguer le peuple de ses gouvernants… Parlons d’abord, si vous le voulez bien, du Vatican. Si l’on regarde les choses en face, il n’y a pas plus à attendre du pape actuel que de ses prédécesseurs. Comme me l’a dit un politicien américain, « le Vatican c’est comme l’administration américaine, il est irréformable ! » Au niveau ecclésiologique, le pape François a rappelé récemment tous ses titres, dans l’Osservatore romano : « Pasteur universel, Vicaire du Christ, etc… » Donc rien n’a changé. Au niveau liturgique, contrairement à son prédécesseur, il ne semble pas particulièrement intéressé à un retour aux formes plus traditionnelles. Au niveau politique, il a établi un diocèse uniate en Crimée (deux mois avant le retour de la Crimée à la Russie !) et un diocèse uniate spécifique à Bucarest. Quant à l’archevêque uniate d’Ukraine, il a tenté de s’emparer de la Laure des Grottes de Kiev (cum permissio superiorum ?), mais ce projet a heureusement échoué. Il ne faudrait pas non plus oublier que le pape François, alors qu’il était évêque en Argentine, a présidé la béatification de Stepinac…  Alors, quel sens à ce dialogue ?

9. Mais quelle est la situation « sur le terrain » ?

Maintenant, parlons des chrétiens occidentaux eux-mêmes, je me limiterai à la France : c’est une véritable désastre. Plutôt que de donner des statistiques sur les églises fermées, voire détruites ou sécularisées, je préfère donner un exemple de la vie quotidienne : dans un grand nombre de paroisses, en raison du manque de prêtres, on célèbre des enterrements sans prêtres. Ceux-ci sont remplacés par des « équipes pastorales », qui chantent quelques cantiques, lisent l’Evangile, etc… Lorsqu’une personne de ma famille est décédée,  il ne s’est pas trouvé de prêtre pour l’enterrer. Une « équipe » composée de femmes a « célébré » l’office : chanté des chansonnettes, lu l’évangile, encensé le cercueil et lu la prière d’absoute… J’insiste là-dessus : ce n’est pas un phénomène marginal, il s’agit d’une décision de la hiérarchie catholique-romaine en France. Donc, pour répondre à votre question s’il y a un enrichissement à attendre, Je pose à mon tour la question aux œcuménistes : vous enrichirez-vous par des chansonnettes, ou bien les occidentaux s’enrichiront-ils par les stichères de St Jean Damascène, que l’on chante aux enterrements ? Cela dit, il y a – Dieu soit loué – des signes positifs, comme je l’ai dit. Un certain nombre de prêtres ne viennent plus comme précédemment de familles catholique-romaines traditionnelles. Ce sont des gens qui sont venus au christianisme à l’âge adulte. Alors, chez eux, il y a un véritable intérêt pour la spiritualité, ils cherchent quelque chose d’authentique, ils sont sincèrement amis de l’Orthodoxie, n’ayant pas de préjugés comme c’était le cas de leurs prédécesseurs. Cela dit, même des intégristes comprennent maintenant qu’il n’y a plus rien à attendre du Vatican quant à une vie spirituelle et liturgique authentiques,  et ils lorgnent vers l’Orthodoxie. L’un de leurs membres est devenu orthodoxe dernièrement. C’était impensable encore récemment. Donc pour me résumer, je dirais la chose suivante : pour ce qui concerne le Vatican et le catholicisme « officiel »,  on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres. Mais à côté de cela, il y a d’innombrables âmes en occident qui attendent « la parole nouvelle » dont à parlé Dostoïevsky.


10. Vous m’avez parlé du grand intérêt des chrétiens occidentaux pour la vérité de l’Eglise d’orient. Vous avez fait éditer un livre sur saint Théophane le Reclus. Est-ce que cet intérêt pour la Vérité parmi les occidentaux va s’approfondir ou est-ce un intérêt superficiel pour quelque chose de nouveau ?

La faim pour une authentique spiritualité est importante. Ce livre, dans lequel, avec l’aide de Dieu, j’ai rédigé une biographie de St Théophane et puis procédé à l’édition de ses lettres en français, a eu un retentissement auquel je n’attendais absolument pas. On m’a invité à en parler aux programmes orthodoxes des télévisions et radio françaises. En dehors de l’Orthodoxie, même une radio catholique m’a demandé d’en parler. Et ils ont posé des questions profondes, sur les Pères de l’Église… Cela signifie que le monde contemporain cherche quelque chose d’authentique. Ce n’était pas le cas il y a quelques années.

11. Nombreux sont ceux qui, en Serbie, depuis les politiciens en passant par les intellectuels et jusqu’aux citoyens ordinaires, que notre entrée dans l’EU nous aidera à nous redresser économiquement. Qu’en pensez-vous, d’autant plus si l’on tient compte qu’en Occident, des lois de plus en plus antichrétiennes sont imposées depuis le centre bruxellois ?

Il m’est difficile d’apprécier si la Serbie gagnerait quelque chose économiquement grâce à « l’intégration ». En regardant ce qui se passe dans les pays du Sud de l’Europe, on peut être dubitatif. Par contre, pour ce qui concerne l’aspect spirituel de cette affaire, j’ai une idée plus précise. Il me semble nécessaire de rappeler une chose oubliée : le drapeau européen avait été conçu par les fondateurs du « Marché commun », à savoir les démocrates-chrétiens : le bleu était la couleur de la Mère de Dieu, et les étoiles dorées, les étoiles qui entourent le visage de la Mère de Dieu dans les représentations catholiques romaines. Or, en cinquante ans, l’UE est devenue tout à fait autre chose, une construction monstrueuse qui renie ses racines chrétiennes : que l’on pense au mariage de même sexe, etc…, On a pas affaire seulement à des gens religieusement indifférents, mais à des athées militants. Que l’on songe au fait suivant : pour la première fois dans son histoire récente, aucun ministre du gouvernement français ne se dit croyant ! Le nouveau primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine a bien posé la question pour l’avenir de son pays : « En général, le monde est aujourd’hui séparé en deux camps : l’un est représenté par les gens qui s’efforcent de maintenir en vigueur et réellement les lois morales qui ont été données par Dieu à l’homme pour son bien. Et il y a la deuxième moitié qui foule aux pieds ces lois. Par exemple, sur le mariage : Dieu a béni l’homme et la femme, Adam et Ève, non pas deux Adam et deux Ève… Aussi, les lois que nous propose aujourd’hui le nouveau monde européen, ne sont pas acceptables pour nous. Nous ne pouvons agir avec ce monde et nous unir à lui. Nous devons garder l’unité avec les gens qui maintiennent la Loi Divine ». Je pense que cela s’applique à la Serbie également. Et puis, il y a en filigrane, l’entrée dans l’OTAN, dont les intentions criminelles se manifestent de plus en plus. Il suffit d’écouter les provocations grossières de Rasmussen. Est-ce que le peuple serbe très éprouvé souhaite verser le sang fraternel des autres peuples orthodoxes pour faire plaisir à ce monsieur et ses semblables? Pour conclure cette question, je citerai l’office de St Pierre de Cetinje: « Après avoir visité Vienne et Berlin, tu es revenu les mains vides… puis tu as accouru vers Ton Secours tout-puissant, Dieu ». Il y a là une vérité à méditer !

12. Etant donné que depuis des décennies déjà vous venez en Serbie et y fréquentez l’Eglise orthodoxe serbe, et que vous connaissez très bien la situation dans toutes les Eglises locales, que pensez-vous, à quel point le peuple de saint Sava revient au Christ ?

Comme vous le savez, le père Justin a critiqué l’attitude de l’épiscopat au sujet de ses relations avec le pouvoir et aussi de l’œcuménisme. À quel point l’épiscopat actuel est revenu sur la voie des Pères prônée par St Justin, ce n’est naturellement pas à moi d’en juger. Je ne peux donner que quelques réflexions d’un observateur extérieur. Actuellement, tel que je le perçois, le problème principal de l’Église orthodoxe serbe est son unité. Hormis le schisme que j’ai mentionné il y a un instant, l’un des problèmes que j’ai pu constater est l’introduction de réformes liturgiques que nous avons évoquées. Il me semble que pour le bien et la paix de l’Église, il serait sage d’y renoncer. L’histoire ecclésiastique récente nous a déjà donné un exemple : En 1924, le saint patriarche Tykhon, en Russie, et l’archevêque Chrysostome Papadopoulos, en Grèce, avaient introduit le nouveau calendrier dans leurs Églises respectives. Devant le trouble dans le peuple, le saint Patriarche Tykhon a eu la sagesse de revenir à l’ancien calendrier. Quant à l’archevêque Chrysostome Papadopoulos, il a insisté et maintenu le nouveau calendrier, moyennant quoi, il y a un schisme en Grèce qui dure maintenant depuis 90 ans. Il y a donc la voie du saint patriarche Tykhon ou celle de Chrysostome Papadopoulos, selon le but que l’on recherche. Pour conclure, je dois avouer que suis étonné par le fait que l’on occulte plus ou moins le rôle de confesseur joué par le père Justin dans l’Orthodoxie au XXème siècle. Peut-on parler de St Maxime le Confesseur et occulter sa lutte contre l’hérésie monothélite ? Ou bien St Marc d’Ephese et ne pas parler du Concile de Florence ?

Malgré tout, je suis optimiste : « Bienheureux est celui qui ne se scandalise pas par ce qui se passe dans l’Orthodoxie, à l’instar du bon larron qui ne s’est pas scandalisé devant le Christ crucifié », disait le père Justin. Pour conclure, je dirais que notre devoir est de vivre de façon orthodoxe, malgré toutes nos faiblesses humaines, sur la voie des saints Pères afin que, selon les paroles du Christ, « les hommes voient nos bonnes œuvres et glorifient notre Père qui est dans les cieux ». Et alors, comme me l’a dit un sage moine athonite : « Que le diable fasse son œuvre… Quant à nous, faisons la nôtre ! »