"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 23 février 2025

DIMANCHE DU JUGEMENT DERNIER

                
Icône du Jugement Dernier


LE  DIMANCHE DU JUGEMENT DERNIER est appelé Meatfare Sunday [Dimanche de la "viande"] en anglais parce que, dans la tradition orthodoxe, c'est le dernier jour où l'on peut manger de la viande jusqu'à Pâques. Nous progressons, par étapes, vers le jeûne du Grand Carême. La semaine prochaine est la semaine des laitages [Tyrophagie], au cours de laquelle les produits laitiers (fromage, œufs, beurre, lait, etc.) peuvent être consommés tous les jours, même le mercredi et le vendredi.

St. Grégoire Palamas

St. Grégoire Palamas

Ste Marie d'Egypte

Les dimanches du Triode sont conçus pour nous enseigner les principes de la vertu et de la piété chrétiennes. C'est ce que l'on trouve dans les premiers dimanches des leçons tirées des Paraboles et, plus tard, nous apprenons également la vie de diverses âmes justes, les restaurateurs des icônes, ainsi que saint Grégoire Palamas, saint Jean Climaque et sainte Marie d'Égypte. Ces commémorations sont les mêmes chaque année mais, comme Pâques n'est pas à date fixe, la conjonction avec le calendrier des saints varie d'une année à l'autre. De nombreux saints, énumérés dans le calendrier, nous fournissent d'autres exemples inspirants d'une vie agréable à Dieu. 

Parmi les saints commémorés aujourd'hui, nous trouvons Sainte Anne de Novgorod, qui vécut juste avant le Grand Schisme, alors que le pays de la Rus' n'était converti que depuis peu. L'exemple des saints démontre beaucoup de choses, mais une chose toujours évidente est qu'il illustre l'universalité de la  foi véritable.

Ste Anne de Novgorod

Anne était fille du roi suédois Olof Skotkonung (994-1022), qui était populairement connu comme le roi très chrétien. Olof et sa famille avaient embrassé le christianisme en 1008 et avaient été baptisés. Sa fille reçut le nom d'Ingigerd. Plus tard, elle utilisera la forme hellénisée de son nom, Irène. Elle reçut une très bonne éducation et étudia la littérature, l'histoire et les Saintes Écritures. Elle épousa Yaroslav le Sage de Novgorod en 1019. Ils eurent six fils et quatre filles. En outre, elle hébergea Edmund, Edwin et Edward, les princes anglais exilés, ainsi que le prince Magnus de Norvège. Elle inspira également la construction de la cathédrale Sainte-Sophie à Kiev. La première pierre fut posée en 1037. Puis en 1045, à Novgorod, elle initia la construction d'une cathédrale, également dédiée à Sainte-Sophie. C'est à Novgorod qu'elle reçut la tonsure monastique et fut rebaptisée Anne. Il s'agit du premier exemple d'une princesse veuve de Rus' consacrant sa vie au Christ dans l'état monastique, établissant ainsi une coutume permanente. Cette princesse suédoise, qui est décédée en ce jour en 1050, fut glorifiée comme sainte par l'archevêque Euthyme de Novgorod en 1439.  

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Ce jour est également connu comme le dimanche du Jugement dernier, car la lecture de l'Évangile pour ce dimanche est Matthieu 25, 31-46, et le paragraphe suivant de l'introduction au Triode de Carême résume l'essence du message :

Ce dimanche nous présente la dimension « eschatologique » du carême : le Grand Carême est une préparation à la Parousie [seconde venue] du Sauveur, à la Pâque éternelle de l'ère à venir. (C'est un thème qui sera abordé au cours des trois premiers jours de la Semaine Sainte.) Le jugement n'est pas non plus simplement à venir. Ici et maintenant, chaque jour et chaque heure, en endurcissant nos cœurs envers les autres et en ne répondant pas aux occasions qui nous sont données de les aider, nous nous jugeons déjà nous-mêmes.

D'après le Dictionnaire Anglais d'Oxford - eschatologie n. théologie de la mort et des fins dernières. Les deux derniers dimanches nous ont rappelé l'amour et la patience de Dieu dans Sa volonté d'accepter tous ceux qui reviennent à Lui dans le repentir. Aujourd'hui, le Seigneur nous donne un avertissement. Nous avons un autre exemple où il est utile de noter le contexte dans lequel ce conseil est donné. Il fait suite à la parabole des dix vierges et à la parabole des talents, qui concentrent toutes deux notre attention sur cette grave question. 

Dans la lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, le Christ fait référence à toutes les nations, ce qui est significatif car il y a des nations où la divinité du Christ est rejetée. Plus tôt dans l'Évangile de saint Matthieu, nous trouvons le Seigneur disant : « Quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux. (Chapitre 10, verset 33). Gardez cela à l'esprit lorsque nous examinons la discussion qui est rapportée ici au chapitre 25.

Nous ne connaissons pas l'identité des auditeurs dans ce cas, mais il est clair que parmi les personnes présentes se trouvaient des disciples et d'autres personnes qui suivaient le Christ. Ils ont supposé que les commentaires devaient être pris au pied de la lettre, comme se référant à eux-mêmes, alors que le contexte est celui de la seconde venue [du Seigneur], d'où la référence à toutes les nations. Il s'agit d'un précepte qui s'applique à tous les pays et à tous les siècles. Non seulement cela, mais c'est pour tout le monde, y compris les plus petits de ces frères. Nous avons ici un écho d'une autre parabole, celle du bon Samaritain, car l'interlocuteur demande au Christ : « Qui est mon prochain ? (Luc 10:29). Prochain ou frère, il n'y a pas lieu d'ergoter sur les mots, car l'implication est la même. Il s'agit de notre relation avec l'humanité en général et avec tous ceux que nous rencontrons dans notre vie quotidienne en particulier.

Le Bon Samaritain


Saint Théophylacte souligne que Dieu ne donne pas d'honneur ou de punition avant d'avoir d'abord jugé. Car Il aime l'humanité et nous enseigne à faire de même, à ne pas punir avant d'avoir procédé à un examen minutieux. Ainsi, ceux qui seront punis après le Jugement n'auront pas à se plaindre. Nous en venons donc à l'examen de la deuxième catégorie, ceux qui n'aiment pas le Seigneur et n'obéissent pas à Ses préceptes. Ils reçoivent un châtiment éternel.  Le commentaire se réfère ici aux « ténèbres extérieures », une expression qui n'est pas utilisée dans ce passage particulier, mais qui apparaît dans le passage précédent. Le serviteur inutile est condamné aux ténèbres extérieures. Tous ceux qui manquent de vertu et tous ceux qui vivent leur vie sans la lumière du Christ vivent effectivement dans les ténèbres dans une certaine mesure, mais ils ont encore le temps de changer. Après leur jugement, il n'y aura pas de retour en arrière, pas de possibilité de conversion. Ils seront alors dans les « ténèbres extérieures ». Dans ce passage, le Seigneur fait référence au châtiment éternel lorsqu'il dit : « Éloignez-vous de moi, maudits ! Retirez-vous de moi, maudits, pour aller dans le feu éternel préparé pour le Diable et ses anges. Le commentaire nous rappelle que l'enfer n'était pas destiné à nous, mais au Diable. Malheureusement, certains membres de la création de Dieu ont librement choisi de suivre le Malin dans ce royaume maudit. Saint Théophylacte observe que l'hérétique Origène a enseigné qu'un jour le châtiment prendra fin et que tout le monde sera sauvé. Cependant, cette affirmation est démentie par les paroles mêmes du Christ et a été condamnée comme une erreur par le cinquième concile œcuménique en 553 après J.-C.

Ikos du Canon de Matines

Sous les reproches de ma conscience je tremble et je crains, me rappelant Ton terrible tribunal et le jour du Jugement, 
Seigneur très bon, quand Tu viendras siéger sur Ton Trône et nous sonder. Alors nul ne pourra nier ses fautes. 
La vérité dénoncera et la peur étreindra. Alors grondera le grand feu de l'enfer et les pécheurs frémiront. 
Aie pitié de moi avant la fin, pardonne-moi, très juste Juge.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
in Mettingham. 

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