"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 février 2019

Vladimir MOSS: LA LUTTE DE L'ÉGLISE CONTRE LEON TOLSTOÏ

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     Au cours des dernières décennies de sa vie, le célèbre romancier Léon Tolstoï avait abandonné sa profession d'écrivain, pour laquelle tout le monde l'admirait et qui faisait le bonheur de millions de lecteurs dans de nombreux pays, pour celle d'un faux prophète qui sapait la foi de millions de personnes par rapport au sens véritable de l'Evangile. Dans une série de publications, Tolstoï se montra disciple du philosophe allemand Schopenhauer, qu'il appelait "le plus grand génie parmi les hommes", et en vint à croire avec lui et Salomon que tout est vanité devant la mort. Mais la plus grande influence sur lui fut le rationalisme de la civilisation occidentale ; croyant que le dogme n'était vrai que s'il était en accord avec la raison (il traduisait ainsi le début de l'Evangile de saint Jean) : "Au commencement était le raisonnement..."), il niait tous les dogmes de la foi chrétienne, y compris la Trinité et la Divinité du Christ, et tout élément miraculeux dans la Bible. La seule partie de l'Évangile à laquelle il s'accrochait était le Sermon sur la Montagne - mais interprété d'une manière perverse qui l'amena à dénoncer la propriété comme un vol, l'activité sexuelle comme un mal même dans le mariage, et tous les gouvernements, armées et systèmes pénaux comme des maux inutiles qui ne font que générer d'autres maux. Alors qu'il prêchait la pauvreté et l'amour, il ne pratiquait pas ce qu'il prêchait dans sa propre vie, à la grande détresse de son épouse et de sa famille ; et bien que son travail pour soulager les effets de la famine de la Volga de 1891-92 fut sans doute bon, l'utilisation qu'il en fit de la publicité qu'il en reçut était sans doute aussi mauvaise.
     C'est pendant la famine de la Volga que Tolstoï est devenu célèbre comme opposant au gouvernement. La famine, qui commence à l'été 1891, est provoquée par de fortes gelées hivernales suivies d'une sécheresse au printemps et "exacerbée par la politique de financement de l'industrialisation par l'emprunt, qui à son tour doit être payé par la vente de céréales à l'étranger"[1] Couvrant une superficie deux fois plus grande que la France, la famine et le choléra et le typhus qui s’ensuivirent ont tué un demi million de personnes vers la fin de l’année 1892. Le 17 novembre, le gouvernement  nomma le Tsarevich Nicholas à la présidence d'une commission spéciale chargée de venir en aide aux victimes et fut contraint de faire appel au public pour former des organisations bénévoles.
     Au plus fort de la crise, en octobre 1891, le staretz Ambroise d'Optina mourut ; et avec son décès, il semblait que les forces révolutionnaires, qui avaient été retenues pendant une décennie par la main puissante du Tsar Alexandre III, étaient revenues à la vie. Tolstoï, que saint Ambroise avait qualifié de "très fier", se joignit alors à la campagne de secours. "Avec ses deux filles aînées, écrit Oliver Figes, il organisa des centaines de cantines dans la région de la famine, tandis que Sonya, son épouse, récoltait des fonds à l'étranger. Je ne peux pas décrire avec des mots simples la misère et les souffrances de ces gens", lui écrivit-il à la fin octobre 1891. Selon le paysan Serge Semenov, qui était un adepte de Tolstoï et qui le rejoignit dans sa campagne de secours, le grand écrivain fut tellement dépassé par les souffrances des paysans que sa barbe devint grise, ses cheveux plus claisemés et il perdit beaucoup de poids. Le comte, coupable, attribuait la crise de la famine à l'ordre social, à l'Eglise orthodoxe et au gouvernement. Tout est arrivé à cause de notre propre péché ", écrivit-il à un ami en décembre. « Nous nous sommes coupés de nos propres frères, et il n'y a qu'un seul remède - la repentance, en changeant nos vies, et en détruisant les murs entre nous et le peuple ». Tolstoï élargit sa condamnation des inégalités sociales dans son essai " Le Royaume de Dieu " (1892) et dans la presse. Son message marqua profondément la conscience morale de l'opinion publique libérale, tourmentée par des sentiments de culpabilité en raison de ses privilèges et de son aliénation par rapport à la paysannerie. Semenov a saisi ce sentiment de honte lorsqu'il écrivit sur la campagne de secours : Chaque jour, les besoins et la misère des paysans augmentaient. Les scènes de famine étaient profondément bouleversantes, et c'était d'autant plus troublant de voir qu'au milieu de toutes ces souffrances et de ces morts, il y avait des domaines tentaculaires, des manoirs beaux et bien meublés, et que la grande vie des propriétaires terriens, avec ses chasses et bals joyeux, ses banquets et ses concerts, continuait comme toujours". Pour le public libéral culpabilisé, servir " le peuple " par le biais de la campagne d'allégement était un moyen de rembourser sa " dette " envers lui. Et ils se tournèrent maintenant vers Tolstoï comme leur chef moral et leur champion contre les péchés de l'ancien régime. Sa condamnation du gouvernement fit de lui un héros public, un homme d'intégrité dont la parole pouvait être considérée comme la vérité sur un sujet que le régime s'était tant efforcé de dissimuler"[2].
     Profitant de sa renommée et de sa naissance aristocratique, Tolstoï dénonça le gouvernement, non seulement pour la famine de Samara, mais pour presque tout le reste. Comme l'écrit A.N. Wilson, il "défia la censure de son propre gouvernement en publiant des appels dans le Daily Telegraph [de Londres]. Des rumeurs commencèrent à circuler parmi les Tolstoï que le gouvernement envisageait de prendre des mesures contre lui... Le ministre de l'Intérieur dit à l'empereur que la lettre de Tolstoï à la presse anglaise "doit être considérée comme une proclamation révolutionnaire des plus choquantes" : jugement qui n’avait pas souvent été fait à propos d'une lettre au Daily Telegraph. Alexandre III commença à croire que tout cela faisait partie d'un complot anglais et la Gazette de Moscou, qui était alimentée par le gouvernement, dénonça les lettres de Tolstoï comme "propagande franche pour le renversement de toute la structure sociale et économique du monde"."Si une telle caractérisation peut sembler absurde et exagérée lorsqu'on parle de l'apôtre de la non-violence, il faut se rappeler que les paroles de Tolstoï auraient pu être interprétées comme un appel à la révolution mondiale, et qu'il a fit plus pour la cause révolutionnaire que mille conspirateurs professionnels.
     A cet égard, il est ironique de constater que "pendant que Léon Lvovitch Tolstoï organisait l'aide aux victimes de la famine dans le district de Samara en 1891-1892, il y avait un absent très visible dans sa bande d'assistants : Lénine, qui était à l'époque en "exil interne". Selon un témoin, Vladimir Ulyanov (comme il s’appelait encore) et un ami étaient les deux seuls exilés politiques à Samara qui refusaient d'appartenir à un comité de secours ou d'aider dans les soupes populaires. On disait qu'il saluait la famine " comme un facteur d'effondrement de la paysannerie et de création d'un prolétariat industriel ". Trotsky affirma également qu'il n'était pas correct de faire quoi que ce soit pour améliorer le sort du peuple tant que l'autocratie restait au pouvoir. Lorsqu'ils s’emparèrent du pouvoir, le chaos et la désolation furent infiniment pires. On pense à l'échec des récoltes sur la Volga en 1921, quand entre un et trois millions de personnes sont mortes, en dépit du fait qu'ils avaient autorisé l'aide étrangère. Au moment de la famine de 1932-1933 en Ukraine, l'Union soviétique jouissait de la protection généreuse du camarade Staline. Sa politique était de ne permettre aucune aide étrangère et aucune intervention gouvernementale. Au moins cinq millions de personnes moururent..."[4].

      "La société russe, poursuit Figes, avait été activée et politisée par la crise de la famine, sa conscience sociale avait été piquée au vif, et l'ancien système bureaucratique avait été discrédité. La méfiance du public à l'égard du gouvernement ne s' atténua pas une fois la crise passée, mais se renforça à mesure que les représentants de la société civile continuaient de réclamer un rôle accru dans l'administration des affaires de la nation. La famine, disait-on, avait prouvé la culpabilité et l'incompétence de l'ancien régime, et l'on s'attendait de plus en plus à ce que des cercles plus larges de la société soient associés à ses travaux si l'on voulait éviter une nouvelle catastrophe. Les zemstvos[conseils locaux], qui avaient passé la dernière décennie à se battre pour étendre leurs activités face à une opposition bureaucratique croissante, étaient maintenant renforcés par un large soutien du public libéral pour leur travail en agronomie, santé publique et éducation. Les marchands et les industriels libéraux de Moscou, qui s'étaient ralliés à la campagne de secours, commencèrent à remettre en question la politique d'industrialisation du gouvernement, qui semblait si ruineuse pour la paysannerie, principaux acheteurs de leurs produits. A partir du milieu des années 1890, ils soutinrent eux aussi les différents projets des zemstvos et des organismes municipaux pour relancer l'économie rurale. Les médecins, les enseignants et les ingénieurs, qui avaient tous été forcés de s'organiser en raison de leur participation à la campagne de secours, commencèrent maintenant à exiger plus d'autonomie professionnelle et d'influence sur les politiques publiques ; et quand ils ne  firent aucun progrès, ils commencèrent à faire campagne pour des réformes politiques. Dans la presse, dans les " revues épaisses " [толстый журналtolsty journal, à l’origine magazines littéraires NdT], dans les universités, dans les sociétés savantes et philanthropiques, les débats sur les causes de la famine - et sur les réformes nécessaires pour éviter qu'elle ne se reproduise - continuèrent à faire rage tout au long des années 1890, bien après que la crise immédiate soit passée.
"L'opposition socialiste, en grande partie endormie dans les années 1880, reprit vie avec une vigueur renouvelée à la suite de ces débats. Il y  eut un renouveau du mouvement populiste (rebaptisé plus tard néopopopulisme), qui culmina en 1901 avec la création du Parti révolutionnaire socialiste. Sous la direction de Viktor Tchernov (1873-1952), diplômé en droit de l'Université de Moscou, emprisonné dans la forteresse Pierre et Paul pour son rôle dans le mouvement étudiant, il adopta la nouvelle sociologie marxiste tout en adhérant à la conviction populiste que tous les travailleurs et paysans - qu'il appelle les "travailleurs" - étaient unis par leur pauvreté et leur opposition au régime. Bref, au lendemain de la famine, il y a eu une unité croissante entre les marxistes et les néopopulistes, qui mirent de côté leurs divergences sur le développement du capitalisme (que les Socialistes Révolutionnaires acceptaient maintenant comme un fait) et se concentrèrent sont sur la lutte démocratique...
     "Le marxisme en tant que science sociale devenait rapidement le credo national : lui seul semblait expliquer les causes de la famine. Les universités et les sociétés savantes furent emportées par la nouvelle mode intellectuelle. Même des institutions bien établies comme la Société Econimique Libérale pour l’Encouragement de l’Agriculture [Вольное экономическое общество] tombèrent sous l'influence des marxistes, qui produisirent des bibliothèques de statistiques sociales, déguisées en études des causes de la grande famine, pour prouver la vérité des lois économiques de Marx. Les socialistes qui avaient auparavant hésité dans leur marxisme étaient maintenant complètement convertis à la suite de la crise de la famine, quand, selon eux, il n'y avait plus d'espoir dans la foi populiste de la paysannerie. Pierre Struve (1870-1944), qui s'était auparavant considéré comme un libéral politique, vit  ses passions marxistes attisées par la crise : elle " a fait de moi un marxiste bien plus que la lecture du Capital de Marx ". Martov rappela également comment la crise l'avait transformé en marxiste : " Il m'est soudain apparu clairement à quel point l'ensemble de mon révolutionnisme avait été superficiel et sans fondement jusqu'alors, et comment mon romantisme politique subjectif était éclipsé devant les hauteurs philosophiques et sociologiques du marxisme ". Même le jeune Lénine ne se convertit au courant marxiste qu'à la suite de la crise de la famine.
     "Bref, l'ensemble de la société fut politisée et radicalisée à la suite de la crise de la famine. Le conflit entre la population et le régime avait été déclenché..."[5].
    L'un des enseignements les plus caractéristiques de Tolstoï était sa doctrine de non résistance au mal, qui influença Gandhi dans sa campagne de désobéissance civile aux autorités britanniques en Inde. Porté à son terme logique, cet enseignement sapa les tentatives du gouvernement russe - en fait, de tout gouvernement - de prévenir le terrorisme et les assassinats politiques, dont une vaste vague commença à déferler sur le territoire russe à la fin du siècle. Elle contredisait aussi directement l'enseignement de saint Paul selon lequel le tsar ou le dirigeant politique " est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains; car ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. » (Romains 13 :4).
     La théorie de Tolstoï fut réfutée par Ivan Alexandrovitch Ilyin, qui était professeur de droit à l'université de Moscou jusqu'à son expulsion de Russie par les bolchéviks en 1922. Nicholas Lossky résume ainsi son argument : Ilyin dit que Tolstoï appelle mal tout recours à la force dans la lutte contre la " violence " et la considère comme une tentative " sacrilège " d'usurper la volonté de Dieu en envahissant la vie intérieure d'une autre personne qui est entre les mains de Dieu. Ilyin pense que la doctrine de Tolstoï contient l'absurdité suivante : " Quand un méchant blesse un honnête homme ou démoralise un enfant, c'est apparemment la volonté de Dieu ; mais quand un honnête homme essaie  d’arrêter un scélérat, ce n’est pas la volonté de Dieu !
Ilyin commence la partie constructive de son livre en soulignant que toute utilisation de la force ne doit pas être qualifiée de " violence ", car c'est un terme d’opprobre qui préjuge de la question. Le nom " violence " ne devrait être donné qu'à une contrainte arbitraire et déraisonnable provenant d'un esprit mauvais ou dirigé vers le mal (29f.). Afin de prévenir les conséquences irrémédiables d'une bévue ou d'une passion maléfique, l'homme qui cherche le bien doit d'abord chercher des moyens mentaux et spirituels pour vaincre le mal par le bien. Mais s'il ne dispose pas de tels moyens, il est tenu de recourir à la contrainte mentale ou physique et à la prévention. Il est juste de repousser d'un précipice un voyageur distrait ; d'arracher la bouteille de poison des mains d’un suicidaire aigri ; de frapper au bon moment la main d'un assassin politique visant sa victime ; d'abattre un incendiaire en un clin d'œil ; de chasser d'une église des profanateurs impurs ; de faire une attaque armée contre une foule de soldats qui violent un enfant". (54). La résistance au mal par la force et par l'épée n'est pas permise quand elle est possible, mais quand elle est nécessaire parce qu'il n'y a pas d'autres moyens disponibles" : dans ce cas, ce n'est pas seulement un droit de l'homme mais son devoir d'y recourir (195f.) même si cela peut conduire à la mort de l'auteur de l'infraction.
     "Cela signifie-t-il que la fin justifie les moyens ? Non, certainement pas. Le mal de la contrainte physique ou de la prévention ne devient pas bon parce qu'il est utilisé comme le seul moyen en notre pouvoir pour atteindre une bonne fin. Dans de tels cas, dit Ilyin, la voie de la force et de l'épée "est à la fois obligatoire et injuste" (197). Seul le meilleur des hommes peut accomplir cette injustice sans être infecté par elle, peut y trouver et observer les limites appropriées, se rappeler qu'elle est mauvaise et spirituellement dangereuse, et découvrir les antidotes personnels et sociaux pour elle. Les moines, les érudits, les artistes et les penseurs sont heureux par rapport aux dirigeants de l'Etat : il leur est donné de faire un travail propre avec des mains propres. Ils ne doivent cependant pas juger ou condamner les soldats et les politiciens, mais leur être reconnaissants et prier pour qu'ils soient purifiés de leur péché et rendus sages : leurs propres mains sont propres pour faire un travail propre uniquement parce que d'autres personnes avaient les mains propres pour faire un sale travail" (209). Si le principe de la contrainte étatique et de la prévention s'exprimait par la figure d'un guerrier, et le principe de la purification religieuse, de la prière et de la droiture par la figure d'un moine, la solution du problème consisterait à reconnaître leur nécessité mutuelle" (219)"[6].
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     Tolstoï eut une influence profonde sur de nombreuses personnes à tous les niveaux de la société. Son enseignement devint très populaire tant au pays qu'à l'étranger (surtout en Angleterre), tant parmi les gens éduqués que parmi les paysans. Bientôt, ses disciples, bien que non organisés en "Eglise", rivalisèrent en nombre et en influence avec d'autres sectes telles que les Baptistes, les Stundistes, les Molokans et les Dukhobors.
    C'est la publication de son roman Résurrection (1899) qui fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase pour l'Église. Le roman, qui se vendit à plus d'exemplaires que n'importe laquelle de ses œuvres antérieures, dépeint une société si pourrie et oppressive que la révolution était inévitable, et soumet l'enseignement et les sacrements de l'Église orthodoxe au ridicule. Si le gouvernement estimait qu'il ne pouvait pas censurer Tolstoï et en faire un martyr politique, l'Église, sous l'impulsion du haut procureur Constantin Petrovitch Pobedonostsev, pensait autrement....
     Le 24 février 1901, le Saint Synode l'anathématise en déclarant : "Bien connu dans le monde comme écrivain, russe de naissance, orthodoxe par le baptême et l'éducation, le comte Léon Nicolaïevitch Tolstoï, séduit par l'orgueil intellectuel, s'est élevé avec arrogance contre le Seigneur, son Christ et son héritage saint, et a clairement répudié devant tous son Église orthodoxe mère qui l'a élevé et instruit et a consacré son activité littéraire et son talent donné par Dieu à diffuser parmi le peuple les enseignements opposés au Christ et à l'Eglise, et à détruire dans l'esprit et le cœur des gens leur foi nationale, cette foi orthodoxe qui a été confirmée par l'Univers et dans laquelle nos ancêtres ont vécu et ont été sauvés, et à laquelle la Sainte Russie s'est accrochée jusqu'à présent et dans laquelle elle a été forte...
Dans ses écrits, le comte Léon Tolstoï a blasphémé contre les saints sacrements, niant leur caractère plein de grâce, n'a pas vénéré l'Église orthodoxe comme son Église, a dit du mal du clergé, a dit qu'il considère que vénérer le Christ et l'adorer comme Dieu est un blasphème, tout en disant de lui-même, par contre : " Je suis en Dieu et Dieu en moi ". Ce n'est pas l'Église qui l'a rejeté, qui l'a rejeté d'elle-même, mais c'est lui-même qui a rejeté l'Église : Léon lui-même, de sa propre volonté s'est éloigné de l'Église et n'est plus un fils de l'Église, mais lui est hostile. Toutes les tentatives du clergé pour réprimander le prodige n'ont pas produit les fruits escomptés : dans son orgueil, il s'est considéré comme plus intelligent que tout, moins faillible que tout et juge de tout, et l'Eglise a fait une déclaration sur la chute du comte Léon Tolstoï dans l'Eglise orthodoxe russe."
     Les Russes instruits, qui étaient presque tous libéraux, se précipitèrent à la défense de Tolstoï. Parmi eux se trouvait un jeune évêque de tendance gauchiste, Serge (Stragorodsky), qui accueillit plus tard la révolution et fut nommé premier patriarche du Patriarcat soviétisé de Moscou. "Serge, écrit G.M. Soldatov, était populaire dans les cercles attendant l'introduction de réformes "démocratiques" dans l'Etat. Dans ses sermons et ses discours, il critiquait les relations entre les autorités ecclésiastiques et étatiques de l'Empire russe"[7] Il aurait été risqué d'aborder ce sujet dix ans plus tôt seulement, mais les temps changent rapidement, et Serge, comme sa future carrière l'a prouvé, était toujours sensible aux changements des temps et il s'y est adapté....
     Cependant, l'Eglise trouva un véritable champion contre Tolstoï et les libéraux en la personne de l'extraordinaire prêtre prodige saint Jean de Cronstadt, qui écrivait de Tolstoï qu'il s'était "fait un sauvage complet en ce qui concerne la foi et l'Eglise". Il le traita non seulement d'hérétique, mais aussi d'antéchrist, et refusa de devenir membre honoraire de l'université de Yuriev si Tolstoï devait y recevoir le même honneur[8] Saint Jean déplora que "l'Église de Dieu sur terre, l'Epouse bien-aimée, est appauvrie, elle souffre des attaques sauvages que lui a lancées l’athée Lon Tolstoï"...
     Pour Tolstoï, écrit saint Jean, "il n'y a pas de perfection spirituelle suprême dans le sens des réalisations des vertus chrétiennes - simplicité, humilité, pureté du cœur, chasteté, repentance, foi, espérance, amour au sens chrétien ; il ne reconnaît pas les efforts chrétiens ; il rit de la sainteté et des choses sacrées - il s’adore lui-même et il s'incline devant lui-même, tel une idole, un surhomme ; moi, et personne sauf moi, pense Tolstoï. Vous avez tous tort ; J'ai révélé la vérité et j'enseigne à tous la vérité! L'Evangile selon Tolstoï est une invention et un conte de fées. Alors, peuple orthodoxe, qui est Léon Tolstoï ? C'est un lion rugissant [lev rykayushchy], cherchant quelqu'un à dévorer[I Pierre 5.8]. Et combien il en a dévoré avec ses pages flatteuses ! Attention à lui"[9].
     Saint Jean s'opposait non seulement à Tolstoï, mais aussi à tout le courant "proto-rénovationniste" de l'Église dirigée par Mgr Serge. "Ces gens, écrit-il, rejettent l'Église, les sacrements, l'autorité du clergé et ils ont même imaginé une revue La Voie Nouvelle [qui publia des rapports sur les rencontres religio-philosophiques à Saint-Pétersbourg]. Ce journal entreprit de chercher Dieu, comme si le Seigneur n'était pas apparu aux gens et n'avait pas révélé la Voie Véritable. Ils ne trouveront d'autre chemin que dans le Christ Jésus, notre Seigneur. (...) C'est Satan qui révèle toutes ces nouvelles voies et ces gens stupides qui ne comprennent pas ce qu'ils font et qui les poussent, eux et leur nation, à se ruiner en répandant leurs idées sataniques parmi la nation"[10]. 
     Saint-Jean déplorait particulièrement l'influence de Tolstoï sur les jeunes : "Nos jeunes gens intelligents ont renversé l'ordre social et éducatif, ils ont pris sur eux la politique et les tribunaux sans être appelés à le faire par qui que ce soit ; ils ont commencé à juger leurs maîtres, leurs professeurs, le gouvernement et presque tous, sauf les rois eux-mêmes ; En vérité, le jour du Jugement redouté est proche, car la déviation de Dieu annoncée s'est déjà produite et le précurseur de l'antéchrist s'est déjà révélé lui-même, le fils de la perdition, qui s'oppose et s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est adoré.”[11]
Le Père Jean était soutenu par le meilleur clergé, comme le futur métropolite et hiéromartyr de Petrograd, le Père Joseph (Petrovykh), qui écrivait : "Le manque de foi, l'impiété et toutes sortes de tendances néfastes se déversent maintenant sur Sainte Rus' dans une rivière encore plus grossissante. Ils étaient retenus par cette puissante personnalité [le père Jean], qui fut proposée par la Providence de Dieu pour s'opposer à l'hérétique Tolstoï"[12]
     D'une certaine manière, la société russe au tournant du siècle pouvait être divisée entre ceux qui croyaient en Tolstoï et ceux qui croyaient en Jean de Cronstadt. Certains croyaient, d'abord en l'un, puis en l'autre. Ce dernier comprenait le futur hiéromartyr-évêque et organisateur de l'église des Catacombes, Michel Alexandrovitch Novoselov. En 1886, il fut diplômé de la faculté historique-philologique de l'Université Impériale de Moscou. Au cours de cette période, il fit la connaissance de Tolstoï, qui rendait souvent visite à son père lorsqu'il vivait à Toula, et devint un ami proche et disciple de celui-ci. Il existe une correspondance abondante entre eux de la période 1886-1901. Michel Alexandrovitch fut arrêté le 27 décembre 1887, en même temps que quelques jeunes amis qui avaient été infectés par les idées du mouvement "Volonté du Peuple", pour posséder de la littérature de ce mouvement ainsi que la brochure de Tolstoï "Nicolas Palkine", et il aurait pu être envoyé en Sibérie sans l'intervention de Tolstoï lui-même. En février 1888, Michel Alexandrovitch fut relâché mais il lui fut interdit de vivre dans les capitales. Abandonnant toute idée de carrière dans l'enseignement, Michel Alexandrovitch achèta des terres dans le village de Dugino, province de Tver, et créa l'une des premières communes de terre tolstoïennes en Russie. Cependant, le refus des paysans d'accepter la commune, et leur patiente endurance dans leur dure vie, conduisirent peu à peu Michel Alexandrovitch à remettre en question ses propres croyances et à prêter davantage attention à la vision du monde des paysans - l'Orthodoxie. De plus, sur un point, il ne pouvait jamais être d'accord avec Tolstoï - son rejet de la Divinité du Seigneur Jésus-Christ, et de l'élément de mystère dans la vie humaine. Finalement, il rompit avec lui, et parla contre ses enseignements pour le reste de sa vie, tout en reconnaissant l'influence très importante qu'il avait eue sur lui. La dernière lettre de Tolstoï, écrite dans le désert d'Optina, était adressée à M. A. Novoselov. Michel Alexandrovitch ne réussit pas à y répondre, mais il a dit beaucoup plus tard que s'il en avait été capable, il n'y aurait probablement pas répondu. Après la pause avec Tolstoï, il devint très proche de saint Jean de Cronstadt et des startsy du désert d'Optina et du staretz Zossime...
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     Lénine disait que Tolstoï était "le miroir de la révolution russe". Mais ce n'est qu'une partie de la vérité : Tolstoï fut aussi, dans une large mesure, le père de la révolution[13] Son premier projet littéraire (non réalisé) fut d'écrire un roman sur les Décembristes, les révolutionnaires ratés de 1825, dont l'un, Serge Volkonsky, avait été son parent. Son dernier roman, Resurrection, inspira la révolution ratée de 1905. Pas étonnant que pendant toute la période soviétique, alors que d'autres auteurs étaient interdits et que leurs œuvres étaient détruites, l'édition jubilaire des Œuvres complètes de Tolstoï (1928) continua à se vendre en grandes quantités....
     En 1910, toujours accroché à son faux raisonnement et ayant abandonné la foi orthodoxe, Tolstoï mourut, toujours non réconcilié avec Dieu et l'Eglise...
Pour sa sœur, qui était moniale, son rejet volontaire de la vérité se révéla dans une vision : "Quand je suis revenue de l'enterrement de mon frère Serge chez moi au monastère, j'ai eu une sorte de rêve ou de vision qui m'a ébranlée jusqu'au fond de mon âme. Après avoir terminé ma règle de cellule habituelle, j'ai commencé à m'assoupir, ou à tomber dans une sorte de condition spéciale entre le sommeil et le réveil, que nous, les moines, appelons un sommeil léger. J’étais détendue, et j'ai vu... C'était la nuit. C’était dans le bureau de Léon Nikolaïevitch. Sur le bureau se tenait une lampe avec un abat-jour foncé. Derrière le bureau, appuyé dessus avec les coudes, était assis Léon Nikolaïevitch, et sur son visage il y avait la marque d'une pensée si sérieuse, et d'un tel désespoir, que je n'avais jamais vu en lui auparavant... La pièce était remplie d'une obscurité épaisse et impénétrable ; le seul éclairage était de cet endroit sur la table et sur le visage de Léon Nikolaïevitch sur lequel la lumière de la lampe tombait. L'obscurité dans la pièce était si épaisse, si impénétrable, qu'elle semblait même remplie, saturée d'une certaine matérialisation...
Et soudain j'ai vu le plafond du bureau ouvert, et de quelque part dans les hauteurs, a commencé à se répandre une lumière si aveuglante et si merveilleuse, dont on ne peut voir de semblable sur terre ; et dans cette lumière est apparu le Seigneur Jésus Christ, sous cette forme sous laquelle il est représenté à Rome, dans le tableau du saint martyr et archidiacre Laurent : les mains pures du Sauveur étaient déployées dans le ciel, au-dessus du Léon Nikolaïevitch, comme pour retirer les instruments de torture à des exécuteurs invisibles. C'est exactement comme ça sur la photo. Et cette lumière ineffable s'est déversée sans discontinuer sur Léon Nikolaïevitch. Mais c'était comme s'il ne la voyait pas... Et je voulais crier à mon frère : Levouchka [diminutif d Lev, Léon en russe], regarde, lève les yeux ! Et soudain, derrière Léon Nikolaïevitch, - je l'ai vu avec terreur, - à partir de l'épaisseur même de l'obscurité, j'ai commencé à distinguer une autre figure, une figure terrifiante, cruelle qui me faisait trembler : et cette figure, plaçant ses deux mains par derrière sur les yeux de Léon Nikolaïevitch, écarta cette magnifique lumière de lui. Et j'ai vu que mon Levouchka faisait des efforts désespérés pour repousser ces mains cruelles et impitoyables...
     C'est à ce moment que je me suis réveillée et, en me réveillant, j'ai entendu une voix qui parlait comme si elle était en moi : " La Lumière du Christ éclaire tout le monde "[14] ".

 Vladimir MOSS
 10/23 janvier 2019.
Source:
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Version française Claude LOPEZ-GINISTY

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NOTES: 

1] Montefiore, Les Romanovs, Londres, 2016, p. 471. (en anglais)

Figes, A People's Tragedy [La Tragédie d’un Peuple], Londres : Pimlico, 1997,p. 160.

Wilson, Tolstoy, Londres : Atlantic Books, 2012, p. 402.

4] Wilson, op. cit. p. 403.

5] Figes, op. cit. p. 160-162.

6] Lossky, History of Russian Philosophy [Histoire de la philosophie russe], Londres : Allen et Unwin, 1952, pp. 388-389.

7] Soldatov, "Tolstoj i Sergij : Iude Podobnie" [Tolstoï et Serge : Images de Judas], Nasha Strana (Notre pays),N 2786 ; Vernost' (Fidélité),N 32, 1/14 janvier 2006.

8] V.F. Ivanov, Russkaia Intelligentsia i Masonstvo ot Petra I do nashikh dnej (L'Intelligentsia russe et la maçonnerie, de Pierre I à nos jours), Moscou, 1997, p. 379.

John, à Rosamund Bartlett, Tolstoy A Russian Life [Tolstoï, une Vie Russe]Boston et New York : Houghton Mifflin Harcourt, 2011, p. 397.

10] Robert Bird, "Metropolitan Philaret and the Secular Culture of His Age" [Métropolite Philarète et la culture profane de son époque], dans Vladimir Tsurikov (éd.), Philaret, Metropolitan of Moscow 1782-1867, The Variable Press, USA, 2003, p. 25.

11] Soldatov, op. cit. et Nadieszda Kizenko, A Prodigal Saint: Father John of Kronstadt and the Russian People [ Un saint Prodigue : Père Jean de Cronstadt et le peuple russe], Pennsylvania State University Press, 2000, p. 249.

Saint Joseph de Petrograd, In the Father’s Bosom: A Monk’s Diary [Dans le sein du Père : Le journal d’un moine] Diary, 3864 ; in M.S. Sakharov et L.E. Sikorskaia, Sviaschennomuchenik Iosif Mitropolit Petrogradskij (Hieromartyr Joseph, Métropolite de Petrograd), Saint Petersburg, 2006, p. 254.

Lénine disait aussi de Tolstoï, d'une part, qu'il était un "homme fougueux" qui "démasquait tout et n'importe qui", mais d'autre part, il était aussi un "esclave épuisé, hystérique du pouvoir", prêchant la non résistance au mal. Quant aux œuvres de Dostoïevski, il les a qualifiées de "moralisation vomissante", "d'hystérie pénitentielle" (sur Crime et Châtiment), "malodorantes" (sur Les Frères Karamazov et Les Démons), "clairement réactionnaires... Je les ai lues et jetées au mur" (sur Les Démons).

I.M. Kontzevich, Optina Pustyn' i ee Vremia (Le désert d'Optina et son époque), Jordanville : Saint Trinity Monastery, 1970, pp. 372-73.

Le centre Wiesenthal critique sévèrement la décision du Parlement ukrainien de faire du jour de l’anniversaire du collaborateur nazi Bandera un jour férié

Et voilà l'Ukraine démocrate chère aux USA!

Le Centre Simon Wiesenthal a sévèrement critiqué aujourd’hui la décision récente du Parlement ukrainien de faire du 1er janvier, jour de l’anniversaire de Stepan Bandera (voir photo) collaborateur ukrainien pendant la guerre, un jour férié.
Efraim Zuroff, Directeur des affaires de l’Europe orientale au Centre Wiesenthal, et Mark Weitzman, Directeur des Affaires gouvernementales du Centre, ont aujourd’hui souligné la participation active de membres de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), placés sous le commandement de Bandera, dans l’assassinat massif de juifs au cours des premières semaines de l’invasion de l’Union soviétique par les nazis en juin 1941.
« Glorifier la personne dont les hommes ont commis d’innombrables crimes odieux est une insulte aux victimes et une déformation inconcevable de l’histoire du génocide le plus horrible au monde », a déclaré le Dr Zuroff.
« Malheureusement, ces dernières années, l’Ukraine a été l’un des principaux propagateurs d’une version déformée de l’histoire de l’Holocauste qui cherche à dissimuler ou à minimiser les crimes commis par les nationalistes ukrainiens », a-t-il ajouté.
Weitzman a ajouté: « Il est clair que l’Ukraine choisit de réhabiliter l’antisémitisme et de censurer l’histoire ». Il a ajouté que, parallèlement à la fête nationale de Bandera, la région ukrainienne de Lviv annonçait que 2019 serait « l’année Stepan Bandera » et qu’un livre étudiant les mesures antisémites de l’homme politique Simon Petlioura, qui a dirigé les pogroms de 1919 contre les Juifs, était interdit.
« En se joignant à d’autres pays qui réécrivent l’histoire, l’Ukraine montre à quel point elle a peu appris des tragédies du passé. Ces actions sont une confirmation scandaleuse du passé le plus sombre de l’Ukraine et un rejet absolu des valeurs démocratiques », a conclu Weitzman.
Rejoignez le Centre sur Facebook, www.facebook.com/simonwiesenthalcenter, ou suivez @simonwiesenthal pour les mises à jour envoyées directement à votre fil Twitter.
Le Simon Wiesenthal Center est l’une des plus grandes organisations juives internationales de défense des droits de l’homme comptant plus de 400 000 familles membres aux États-Unis. C’est une ONG appartenant à des agences internationales telles que les Nations Unies, l’UNESCO, l’OSCE, l’OEA, le Conseil de l’Europe et le Parlement latino-américain (Parlatino).

Source : Simon Wiesenthal Center, 27-12-2018

Solidarité Kosovo





10 000 euros de matériel livré aux clubs sportifs des enclaves du Kosovo
Le silence se fait dans la pièce ; la concentration est visible : les regards brillent, les souffles sont profonds. Les poings serrés, les deux jeunes hommes s'observent en sautillant. Le premier coup part, les encouragements résonnent immédiatement à sa suite. L'ambiance est surchauffée. 
Puis l'arbitre crie un ordre ; les deux combattants se saluent règlementairement, puis se serrent dans les bras en se tapant dans le dos presque aussi fort qu'ils se frappaient l'instant d'avant.
Les sourires sont sur tous les visages : c'est un grand moment pour le club de kickboxing de Gracanica, au Kosovo. En effet, c'est la première fois que deux de ses membres peuvent réaliser un vrai combat, grâce au matériel de protection que Solidarité Kosovo vient d'offrir au club.



Concentration, goût de l'effort, volonté, respect des règles et de l'adversaire... Les vertus du sport sont nombreuses. 

Cette scène s'est répétée – avec quelques nuances – à quatre reprises pendant le mois de janvier, dans quatre club de la région : un club de kickboxing, un de karaté, un de football, un de volley. À eux quatre, ils accueillent 160 sportifs de 6 à 18 ans, habitant dans la région de Gracanica.

(Certains viennent du village de Staro Gracko, où les Serbes sont ultra-minoritaires et vivent sans doute à côté des assassins de leurs pères : 14 paysans y ont été massacrés en 1999 alors qu'ils travaillaient dans leurs champs.)

Maitrise de soi, respect de l'autre

Pour tous ces jeunes, l'entrainement hebdomadaire est une parenthèse indispensable. Quelques heures loin des discriminations quotidiennes, quelques heures sans risquer l'insulte voire l'agression, quelques heures de camaraderie, de rires et de sport, voilà ce que les jeunes serbes du Kosovo trouvent dans ces clubs sportifs qui survivent ici ou là malgré le manque de matériel et le manque de locaux.

Est-il besoin également de rappeler les vertus que le sport apprend aux jeunes ? Goût de l'effort et du dépassement, respect de l'adversaire et des règles, maitrise de soi, travail d'équipe... Toutes choses dont les jeunes serbes ont encore plus besoin au Kosovo qu'ailleurs.


Ces clubs survivent grâce à la volonté de professeurs le plus souvent très jeunes, qui souhaitent transmettre ce qu'ils ont appris à plus jeunes qu'eux.

C'est d'ailleurs pour cela que d'autres jeunes décident régulièrement de créer des clubs, pour transmettre ce qu'ils ont appris à d'autres. Ces jeunes présidents de clubs sportifs, ces jeunes professeurs de sports sont admirables de courage, d'abnégation, de générosité. Tous font leur travail dans des conditions parfois très difficiles, mus par leur seule volonté d'offrir à leurs compatriotes les plus jeunes ce qu'ils ont eux-mêmes reçus, ou parfois ce qu'ils auraient aimé recevoir sans le pouvoir.

Au nom de ces jeunes sportifs et de leurs professeurs, nous remercions tous les donateurs qui nous ont permis de venir en aide à ces quatre clubs sportifs et à leurs 160 adhérents : grâce à vous, ils peuvent maintenant pratiquer leur sport dans de bonnes conditions. Merci !



Les élèves du club de karaté de Gracanica vous remercient pour votre soutien !

L'équipe de Solidarité Kosovo

PS : les personnes souhaitant nous aider peuvent contribuer au développement de nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », BP 1777, 38220 Vizille ou par Internet en cliquant sur le lien PayPal suivant :


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vendredi 1 février 2019

ATHANASE ZOITAKIS : COMMENT CONSTANTINOPLE A ORGANISÉ UN TRIBUNAL CONTRE LE JUSTE PATRIARCHE DIODORE DE JÉRUSALEM

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Patriarche Diodore I de Jérusalem

Les actions illégales du Patriarcat de Constantinople en Ukraine ne sont certainement pas le premier incident de l'empiètement non canonique du Phanar dans les affaires des Églises orthodoxes locales. Un exemple clair d'une tentative de substituer un Concile œcuménique à la cour du Patriarche de Constantinople se trouve dans les conciles des Églises de langue grecque en 1993 et 1994. Nous aimerions parler à nos lecteurs de ces événements peu connus.
***
En 1981, l'Eglise de Jérusalem était dirigée par le Patriarche Diodore (Karivalis, 1981-2000). Il commença son ministère par des paroles sur le fait que le trône patriarcal " n'est pas un trône de majesté et de gloire, mais un martyre et un Golgotha ".
Le patriarche Diodore incarna une fidélité sans faille aux canons et aux dogmes de l'Église, malgré la pression de l'esprit de l'époque. Il était connu pour ses vues strictement anti œcuméniques.
Lors d'une session de son Synode du 9 mai 1989, le Patriarcat de Jérusalem décida de cesser le dialogue théologique avec les anglicans et avec tous les non orthodoxes en général.
La lettre du Patriarche Diodore aux chefs de toute l'Eglise orthodoxe disait : "Cette démarche a été inspirée avant tout par la conviction de toute notre Église orthodoxe qu'elle contient en elle-même toute la plénitude de la vérité et qu'elle est l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique et le dépositaire fiable des dogmes divins de notre foi immaculée et de notre Sainte Tradition, ayant Jésus Christ à sa tête. Par conséquent, notre Église orthodoxe, absolument assurée de la justesse de son chemin et de sa mission apostolique salvatrice sur terre, n'a pas besoin d'un dialogue théologique avec les non orthodoxes qui, soit dit en passant, peuvent étudier notre Église orthodoxe eux-mêmes et, s'ils le veulent, vivre selon elle. Tout nouveau dialogue avec les non orthodoxes devient dangereux pour notre Église orthodoxe de Jérusalem, car ils utilisent ce dialogue pour poursuivre... une politique de prosélytisme et pour poursuivre d'autres activités qui sont inacceptables pour l'Église orthodoxe."
Plus tard, le 2 octobre 1989, prêchant dans le monastère grec des saints Cyprien et Justine, le patriarche Diodore dit : "Ce n'est pas la première année qu'ils travaillent pour détruire l'Orthodoxie en Terre Sainte. Cependant, le Seigneur, ayant défendu l'Eglise de Jérusalem pendant des siècles, a toujours sauvé l'Orthodoxie de tout danger. Jamais, au cours de ses deux mille ans d'histoire, un seul conquérant n'a été capable de maîtriser Jérusalem. Les satrapes, rois et gouverneurs se sont succédés. Mais ils sont tous partis, et il ne reste que des centaines de moines grecs orthodoxes, gardiens vigilants de notre patrimoine sacré. Malheureusement, depuis des décennies, ne voulant pas détruire l'unité de l'Eglise orthodoxe, Jérusalem suit théoriquement les autres Eglises participant aux dialogues œcuméniques, bien que l'œcuménisme n'ait jamais eu aucune influence sur nous. Néanmoins, la participation de Jérusalem à ces dialogues a permis d'affirmer que le Patriarche de Jérusalem participe également au mouvement œcuménique. Nous constatons avec consternation les graves abus de ces dialogues par les hérétiques. Ils confondent nos fidèles et essaient de les convertir à leur foi par tous les moyens nécessaires. Ils leur montrent des photos du Pape avec nos patriarches et nos évêques, disant que l'Unia a déjà été réalisée : "N'écoutez pas vos évêques, l'Unia existe déjà, l'Église orthodoxe s'est unie à l'Église catholique romaine. Le mot 'Unia' est probablement utilisé ici avec le sens que les œcuménistes lui donnent, à savoir la soumission. C'est pourquoi, après avoir réfléchi sur notre responsabilité devant le Seigneur, devant l'Église, devant notre histoire, nous avons décidé, dans la lumière divine, de cesser tout dialogue du Patriarcat avec les Églises non orthodoxes, car après de nombreuses années de contact avec elles, aucun résultat positif n'a été obtenu. Nous avons annoncé notre décision à toutes les Églises sœurs et nous y adhérerons le plus longtemps possible. Vous savez que le Patriarcat de Jérusalem suit l'ancien calendrier. Elle n'a jamais changé et ne changera pas la doctrine, les canons et les dogmes de notre Église. Nous sommes prêts à continuer à travailler et, si nécessaire, à souffrir pour les préserver. Les menaces que nous recevons quotidiennement et les actions de nos adversaires ne nous effraient pas du tout. Nous resterons des gardiens inébranlables, fidèles aux enseignements de notre Église."
Dans une lettre datée du 12 août 1992, le Patriarche de Constantinople appela le Patriarche Diodore à participer au développement des relations avec les préchalcédoniens. Dans sa réponse à la lettre du Patriarche Bartholomée, qui appelait à participer aux discussions sur la possibilité de s'unir avec les Monophysites, le Patriarche de Jérusalem écrivit que l'Eglise de Jérusalem avait toujours plaidé pour la réconciliation et l'unité de tous les peuples, et en particulier pour "convertir les non orthodoxes, et nous, démontrant toutes les richesses spirituelles de notre sainte Église orthodoxe, nous les appelons à accepter ses enseignements vrais et immuables, afin que nous puissions tous réaliser l'unité de la foi et, ayant accompli le commandement du Seigneur, être ensemble ", et soulignait que " la sainte Mère Église [1] a toujours accepté avec joie en son sein les non orthodoxes repentis.” Ainsi, le Patriarche Diodore formula une idée et une méthode pour l'unité que les saints Pères avaient déjà enseignée : Il ne peut y avoir de compromis entre hérésie et vérité ; la seule voie d'unification avec l'Église orthodoxe universelle est la voie du repentir.
Le Patriarche souligne en outre combien il serait plus raisonnable d'utiliser le temps inutilement gaspillé en dialogues œcuméniques inutiles pour établir des contacts mutuels avec les Églises orthodoxes sœurs et surmonter les problèmes et désaccords interorthodoxes, le dialogue avec les non Orthodoxes n'ayant donné aucun résultat : "Quel résultat positif le dialogue avec les anglicans a-t-il apporté alors qu'ils creusent le fossé entre les Églises orthodoxe et anglicane en ce moment par la pratique de l'ordination des femmes, et aussi avec les catholiques romains qui utilisent largement le prosélytisme et continuent à faire des efforts incroyables pour nuire à l'Église orthodoxe ? En conclusion, il affirme que "le dialogue avec les non orthodoxes non seulement ne renforce pas nos liens, mais, inversement, il les sépare davantage des enseignements de l'Église orthodoxe".
Poursuivant sa lettre, le Patriarche souligne qu'en raison de toutes les raisons mentionnées, il "ne veut pas participer au dialogue avec les préchalcédoniens, suivant la voie de l'abolition des anathèmes que les Ve, VIe et VIIe conciles œcuméniques ont placés sur les monophysites Dioscore, Anthime de Trébizonde, Eutyches, Sévère, Pierre d'Apamée, et beaucoup d'autres - ceux que les préchalcédoniens considèrent aujourd'hui comme de "grands Pères" et de "saints hiérarques", et leurs opposants – les Pères et les saints hiérarques orthodoxes comme des hérétiques. "Nous nous posons la question, poursuit le Patriarche, comment pourrions-nous parvenir à un accord entre notre sainte Eglise orthodoxe et les préchalcédoniens ? Quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ? (2 Cor. 6:14). Pour devenir membres de notre Église, le Patriarche Diodore, croit  que les hérétiques doivent se repentir et accepter pleinement, et non partiellement, les décisions de tous les Conseils œcuméniques et locaux. D'ici là, l'Église Mère restera en dehors de ce dialogue et ne reconnaîtra aucune décision qui soit en conflit avec les décisions des saints Conciles œcuméniques et de la Sainte Tradition orthodoxe" (signée le 22 septembre 1992 à Jérusalem).
Cette position implacable du Patriarche Diodore conduisit à des conflits entre les deux anciens Patriarcats. Constantinople vit le Patriarcat de Jérusalem devenir le principal centre spirituel attirant les forces anti-œcuméniques. Les contacts fréquents de Jérusalem avec les adeptes de l'ancien calendrier et le soutien ouvert de Jérusalem aux paroisses d'Australie qui étaient en conflit avec leur archevêque Stylianos devinrent un problème particulier.

Le Concile de juillet 1993


Un portrait du Patriarche Diodore par Vasily Nesterenko
 Le point culminant de la confrontation entre les deux Patriarches fut un concile tenu à Istanbul les 30 et 31 juillet 1993, présidé par le Patriarche Bartholomée, avec le Patriarche Parthène d'Alexandrie, l'Archevêque grec Seraphim, un grand nombre d'évêques du Patriarcat de Constantinople (dont Iakovos d’Amérique et Stylianos d’Australie) et des représentants de l'Église Chypriote et de la diaspora grecque du monde entier.
Ce concile, que les défenseurs du Patriarche Diodore considèrent comme un "concile de brigands" et anti-canonique, réunissait les plus célèbres oecuménistes orthodoxes et, en fait, il fut convoqué dans le but de condamner le Patriarche Diodore et ses actions, que le Phanar considérait comme non canoniques. Le Patriarche de Jérusalem lui-même ne répondit pas  à l'invitation en disant que, selon les canons sacrés, seul un Concile œcuménique peut juger le Patriarche d'une Église locale.
Le Patriarche Diodore fut condamné sur de nombreux points, dont l'ingérence dans des affaires qui ne relèvent pas de sa juridiction, "l'activité des factions", un complot contre le patriarcat de Constantinople, et la communion eucharistique avec "les schismatiques et les hérétiques". Le concile décida de défroquer le Patriarche Diodore et deux de ses archevêques : "Le grand concile, visant à défendre l'unité et la paix dans l'Eglise, et aussi à restaurer l'autorité des saints canons qui ont été  violés d’une manière blasphématoire, a décidé à l'unanimité de suspendre temporairement le Patriarche Diodore de Jérusalem de ses positions, et ses proches les archevêques Timothée de Lydde et Hésychius de Capitolie qui, sans se repentir, continuent à tenter et à diviser le peuple grec en Grèce et au-delà de ses frontières.
Cependant, "pour le bien de la miséricorde et de l'amour de l'humanité", une réserve a été faite qui a retardé l'exécution de la décision : Le Patriarche avait jusqu'à la Nativité pour se repentir et changer sa position. Jusque-là, il était "suspendu". Et les responsables de toutes les Églises locales furent appelés à éviter tout contact avec lui.
La décision du Concile fut portée à l'attention des chefs de toutes les Églises orthodoxes, provoquant une réaction assez violente. Néanmoins, pas un seul Patriarcat n'exprima d'indignation officielle. Il y a eu une protestation du Mont Athos, bien que d'autres grands monastères se soient tus. Certains ont vu dans ces décisions la tendance papiste évidente du Patriarche de Constantinople, d'autres une tentative des œcuménistes de réprimer l'attitude anti-œcuménique du Patriarche Diodore qui avait commencé à entraver le processus d'unification avec les préchalcédoniens et les catholiques romains et à créer progressivement une coalition de traditionalistes contre le cours œcuménique du Phanar. En même temps, le cours œcuménique fut soutenu par le Patriarcat de Jérusalem lui-même : Suite à la décision du Concile de Constantinople de 1993, l'archevêque Damien du mont Sinaï cessa de commémorer le Patriarche Diodore.
En outre, le document du Concilecondamne clairement l'ingérence du Patriarche Diodore dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople en Australie, dans lequel est clairement exprimé le désir du Phanar de garder sous son contrôle la diaspora grecque et la diaspora des autres peuples orthodoxes.
Pas un concile, mais un congrès.
Kyriakos Kiriazopoulos, professeur de droit canonique à l'Université de Thessalonique, souligne que ce qui s'est passé en juillet 1993 ne peut être appelé un concile : "Ce n'est qu'un congrès ou une réunion".
La composition de l'assemblée des Églises autocéphales de Constantinople était de langue grecque. Selon le professeur Kiriazopoulos, ce n'est certainement pas un hasard : le refus d'inviter des représentants des autres Églises locales à Istanbul était dû à "l'ethnophilie des organisateurs".

Le procès du Patriarche Diodore et des hiérarques du Patriarcat de Jérusalem s'est également déroulé avec des violations de procédure et non conformément à l'ordre établi par l'Église.
Dans le contexte de la plainte du Phanar contre Jérusalem concernant la fondation d'une représentation en Australie par cette dernière, il convient de noter qu'aucun Conseil œcuménique (ou panorthodoxe) n'établit le droit exclusif du Patriarcat de Constantinople de gérer la pastorale d’Australie. De plus, plusieurs Églises locales y ont leur diocèse - en particulier les Églises serbe, antiochienne, roumaine et russe à l'étranger.
Le Patriarcat de Constantinople a fondé son "droit exclusif" sur le territoire ecclésial d’ Australie sur le 28e canon du Quatrième Concile œcuménique, canon qui (du point de vue du Phanar) accorde au Patriarcat de Constantinople le droit sur la diaspora orthodoxe du le monde entier. Une telle lecture libre du 28e canon n'est toujours pas reconnue par beaucoup d'Églises locales.
Selon le professeur canoniste Kiriazopoulous, "les autres Églises locales n'ont pas été invitées par le Patriarcat de Constantinople à participer à l'assemblée parce que les Églises autocéphales non grecques ne reconnaissent pas la juridiction exclusive du Patriarcat de Constantinople sur la diaspora orthodoxe (Australie comprise), et pouvaient donc soutenir le Patriarche de Jérusalem.
De plus, il est évident que la véritable raison de l'excommunication du Patriarche Diodore, dont on se souvient toujours, n'est pas l'"invasion dans la juridiction de l'archidiocèse australien du Patriarcat de Constantinople", mais le désir de soumettre Jérusalem à cause de sa résistance à l'œcuménisme.
Le prototype du concile de juillet 1993 (suivi de plusieurs autres conciles similaires) était évidemment l'assemblée panorthodoxe de 1923. Malgré l'épithète "panorthodoxe", la majorité des Églises locales n'y ont pas participé non plus. Sous le patriarche Bartholomée, les congrès des Églises locales furent rebaptisés "conciles". Il est à noter que le fameux "Saint et Grand Concile de Crète", qui revendiquait également le statut "panorthodoxe", s'est tenu sans la participation des Églises locales représentant la majorité du monde orthodoxe.
Compromis. Les conciles de 1993 et 1994
Immédiatement après le Concile, le nom du Patriarche Diodore fut rayé des diptyques [2] de l'Église de Constantinople. Cependant, quelques mois plus tard, après être parvenu à un compromis, la communion fut rétablie, et les hiérarques de Jérusalem furent également "restaurés" dans leur dignité. Il est révélateur que cela s'est produit lors de rassemblements similaires des Églises de langue grecque - le deuxième le 14 décembre 1993 et le troisième le 21 avril 1994. Les deux réunions ont eu lieu avec la même composition à Istanbul.
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après


Le livre de Jean-Claude LARCHET sur les maladies des médias est paru en anglais

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Pbk ISBN: 978-0-88465-471-1
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Philosopher and patrologist Dr Jean-Claude Larchet, renowned for his examinations of patristic writings on the causes and consequences of spiritual and physical illness, here tackles the pressing question of the societal and personal effects of our use of new media. The definition of new media is broad - from radio to smart phones - and the analysis of their impact is honest and straightforward. His meticulous diagnosis of their effects concludes with a discussion of the ways individuals might limit and counteract the most deleterious effects of this new epidemic and preserve our essential humanity.