1/14 octobre
Fête de la Protection de la Très Sainte Mère de
Dieu
St apôtre Ananie, St Romain le Mélode († 556), St Sabbas de Vichera (†
1461),
St Rémi de Reims († 533)
Lectures : Hébr. IX, 1-7 ; Lc. X,
38-42 ; XI, 27-28
LA FÊTE DE LA PROTECTION
DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
ous
le règne de l’empereur byzantin Léon le Grand (886-912) vivait à Constantinople
un fol en Christ, dont le nom était André. A ce sujet, il convient de
mentionner que « la folie en Christ » constitue une catégorie
particulière, très élevée, de l’ascèse chrétienne. Se donnant volontairement
l’aspect d’hommes insensés, les « fols en Christ » étaient
constamment exposés aux offenses et délaissés par tous. La nourriture, le
vêtement, le toit, semble-t-il ne constituaient pas pour eux une nécessité
absolue. Malgré cela, ils avaient constamment les yeux de l’esprit et du cœur
élevés vers Dieu, qui leur donnait des dons tels que celui de clairvoyance.
En
souvenir de la vision suivante de St André le fol en Christ, fut établie la
fête du Voile (ou de la Protection) de la Mère de Dieu : lors de la vigile
célébrée en l’église des Blachernes à Constantinople, où était gardée la robe
avec le mamphorion et une partie de la ceinture de la Mère de Dieu, vint le
bienheureux André. Là se trouvait aussi Épiphane, disciple de St André, et l’un
de ses serviteurs. Selon son habitude, André se tenait debout, parfois jusqu’a
minuit, parfois jusqu’au matin, en fonction de ses forces. A la quatrième heure
de la nuit, le bienheureux vit une Femme majestueuse s’avancer depuis les
portes de l’église en compagnie de St Jean Baptiste, St Jean le Théologien et
de nombreux autres saints en vêtements blancs. Lorsqu’Elle s’approcha de
l’ambon, St André dit à St Epiphane : « Vois-tu la Dame et Reine du
monde ? » « Je la vois, père spirituel », répondit-il. Et
lorsqu’ils regardèrent, ils virent qu’Elle priait longuement pour le peuple
présent. A la fin de la prière, elle ôta le voile qu’elle portait sur la tête,
brillant comme un éclair, et l’étendit au-dessus de la foule. Le voile était si
grand qu’il recouvrit toute la nombreuse assemblée, mais restait suspendu en
l’air, soutenu par une force mystérieuse. La Mère de Dieu s’éleva alors dans le
ciel et disparut, laissant au peuple chrétien son saint voile en garantie de sa
protection bienveillante. Dans l’office de ce jour la sainte Eglise loue la
Très Sainte Mère de Dieu comme « la magnifique Protection du monde
entier », et elle La prie de nous protéger par son « omophore de
miséricorde ». L’église des Blachernes a été détruite par un incendie en
1434, et il n’en est resté que la source miraculeuse de la Mère de Dieu. Sur
cet endroit même a été construit une nouvelle église en 1867, qui existe
jusqu’à nos jours. La source miraculeuse, dont l’eau opère de nombreuses
guérisons, se trouve dans l’église même.
St
Romain le Mélode était originaire de Syrie et était sacristain
de l’église Sainte-Sophie de Constantinople. Peu lettré, il ne participait pas
au chant liturgique lors de l’office. Une fois, lors de l’octave de la Nativité
du Christ, alors que l’empereur était présent, les clercs l’obligèrent à monter
sur l’ambon et à chanter. Cela peina profondément saint Romain, et il pleura
longuement à l’issue de l’office, priant ardemment devant l’icône de la Mère de
Dieu. La nuit même, Celle-ci lui apparut en vison et lui donna un parchemin,
qu’elle lui ordonna de manger, ce qu’il fit. A son réveil, le saint ressentit
en son cœur une joie spirituelle, et une illumination inhabituelle de son
esprit. Venant à l’église, il monta sur l’ambon et chanta d’une voix douce le
chant qu’il avait composé : « En ce jour la Vierge enfante Celui qui
est transcendant », chant qui devint par la suite le kondakion de la
Nativité du Christ. Tous furent en admiration devant la sagesse du sacristain
illettré. St Romain devint diacre et s’endormit dans le Seigneur à la fin du Vème
siècle, nous ayant laissé de nombreux offices. Des canons de S. Romain ont été
traduits en français et édités dans la Collection « Sources et autres
parties de l’office liturgique composé par lui. Les hymnes Chrétiennes » (Éd.
du Cerf). St Jean de Changhaï († 1966) avait promulgué un décret selon lequel
le jour de S. Romain le mélode était fixée la fête des chantres du diocèse
d’Europe Occidentale. A la fin de la Liturgie, on devait leur chanter « ad
multos annos ».
Tropaire de la fête de la
Protection de la Mère de Dieu, ton 4
Днéсь благовѣ́рнiи лю́дiе свѣ́тло пра́зднуемъ, осѣня́еми Твои́мъ, Богома́ти, пришéствiемъ, и къ Твоему́ взира́юще пречи́стому о́бразу, уми́льно глаго́лемъ: покры́й на́съ честны́мъ Твои́мъ Покро́вомъ и изба́ви на́съ отъ вся́каго зла́, моля́щи Сы́на Твоего́, Христа́ Бо́га на́шего, спасти́ ду́ши на́ша.
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En ce jour, célébrons cette fête
avec joie ô peuples fidèles, à l’ombre de Ta venue, Mère de Dieu, et élevant
le regard vers Ta très pure icône, disons avec attendrissement :
protège-nous par Ton vénérable voile, et délivre-nous de tout mal, priant Ton
Fils le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.
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Kondakion de la fête de la
Protection de la Mère de Dieu, ton 3
Дѣ́ва днéсь предстои́тъ въ цéркви и съ ли́ки святы́хъ неви́димо за ны́ мо́лится Бо́гу, Áнгели со архиерéи покланя́ются, апо́столи же со проро́ки ликовству́ютъ: на́съ бо ра́ди мо́литъ Богоро́дица Превѣ́чнаго Бо́га.
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La vierge en ce jour est présente à
l’église, et prie invisiblement Dieu pour nous avec le chœur des
saints ; les anges se prosternent avec les pontifes, les apôtres avec
les prophètes constituent des chœurs ; la Mère de Dieu prie pour nous le
Dieu Prééternel.
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VIE DE SAINT RÉMI DE REIMS
La naissance de saint Remi fut
prédite à ses parents, alors avancés en âge, par un saint ermite du nom de
Montan (438). Pendant sa jeunesse, le noble garçon cultiva avec succès les
sciences sacrées et profanes, puis il se retira pour mener la vie solitaire
dans une petite maison près de Laon. Sa conduite était si édifiante que, le
siège épiscopal de Reims étant vacant, le clergé et le peuple de cette ville
vinrent le soustraire à sa retraite pour le nommer évêque, malgré ses
vingt-deux ans. Lors de sa consécration, saint Remi émanait un céleste parfum
et son front était tout lumineux.
Le jeune prélat devint bientôt la
personnalité la plus célèbre de Belgique et du nord de la Gaule. Par son
ardente prédication, il convertissait les païens et amenait les hérétiques
ariens au repentir. Il créa des diocèses, établit des pasteurs et inspira aux
habitants de ces régions, dévastées par les récentes invasions barbares,
l’amour des ennemis, le désintéressement et le désir des biens célestes.
Partout où il prêchait, de nombreux miracles venaient confirmer la vérité de son
enseignement et, par sa prière, il guérissait les malades et délivrait les
possédés. Pendant ses repas, les oiseaux venaient prendre leur nourriture dans
ses mains. Un jour, un incendie s’étant déclaré dans la ville, il se jeta dans
les flammes et les fit ainsi reculer. Pendant ces années où l’Occident romain
souffrait l’agonie sous les invasions des peuples barbares, la Gaule était
occupée, au sud par les Wisigoths et les Burgondes, partisans de l’arianisme,
sur les rives du Rhin par les Alamans, et au nord par les Francs, restés
païens. À la mort de son père Childéric, en 482, Clovis — qui n’avait que
quinze ans — devint chef des rudes guerriers francs. Il était encore
idolâtre, mais admirait les moines, et avait une profonde vénération pour les
évêques orthodoxes, en particulier pour Remi, dont il suivait les sages
conseils. En 493, il épousa sainte Clotilde, qui exerça sur lui une influence
bienfaisante. Alors que Clovis affrontait les Alamans lors de la bataille de
Tolbiac (496), comme ses troupes reculaient, le souverain se tourna vers le
Dieu de Clotilde et de Remi. Sa prière fut exaucée, et il remporta une victoire
éclatante. Clovis prit alors la résolution de se convertir au christianisme et
demanda à saint Remi de l’instruire dans les rudiments de la foi. En entendant
l’évêque lui décrire les événements qui accompagnèrent la Passion du Christ, le
généreux guerrier s’écria : « Ah ! Que n’étais-je là avec mes
Francs pour le délivrer ! » Deux ans plus tard (25 décembre 498 ou
499), le chef barbare conviait à Reims, tous les personnages éminents du
royaume et d’au-delà des frontières, pour assister à son baptême. La nuit
précédant la cérémonie, saint Remi réunit le roi et sa suite dans l’église pour
leur faire un sublime discours sur la vanité des faux dieux et sur les grands
mystères de la religion chrétienne. L’église se remplit alors d’une lumière et
d’une odeur célestes, et l’on entendit une voix venue d’en haut
proclamer : « La paix soit avec vous ! » Au moment de
plonger le roi dans les eaux de la nouvelle naissance, Remi lui dit :
« Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que
tu as adoré ». Mais, au moment de faire l’onction du nouveau baptisé avec
le saint Chrême (myron), l’évêque
s’aperçut que l’huile manquait. Il leva alors les yeux vers Dieu en une muette
supplication, et une blanche colombe descendit du ciel, tenant dans son bec une
ampoule pleine d’un liquide miraculeux. Deux sœurs du souverain et trois mille
de ses seigneurs et soldats furent baptisés en même temps que Clovis, marquant
la conversion définitive de ce peuple barbare. Sous la direction spirituelle de
saint Remi, Clovis — ce nouveau Constantin — continua par la suite
l’unification des populations barbares et gallo-romaines en Gaule, et confirma
son peuple dans la vraie foi. En 533, saint Remi, parvenu à un âge avancé,
devint aveugle. Persévérant dans la prière et l’espérance, il fut
miraculeusement guéri, et put célébrer une dernière fois la Divine Liturgie
avant de rejoindre l’assemblée des saints.