Il y a quelques années, une connaissance orthodoxe tenta de me faire m'intéresser à l'astrologie. Poliment, pour ne pas la vexer, je lui répondis que cela ne m'intéressait pas. Comme cette personne insistait (errare humanum est, perseverare diabolicum, dit l'adage), me disant que "son" astrologie n'était pas celle grossière des journaux, mais une astrologie plus scientifique (sic), cautionnée par une grande autorité (auto-proclamée) en la matière, je lui signifiai que l'astrologie était incompatible avec l'Orthodoxie. Je lui envoyai ensuite quelques textes orthodoxes allant dans ce sens, et en retour, elle me proposa de contacter un prêtre orthodoxe qui venait de la même région que moi outre-méditerranée, qui m'expliquerait mon erreur et me convaincrait que l'astrologie, "son" astrologie était compatible avec la foi orthodoxe. Lorsque je répondis à cette personne que c'était lui qui avait un "problème", pas moi, la correspondance cessa. C'était écrit, je suppose! C.L.-G.
*
[…]
Le chrétien n'a pas à être un faiseur de miracles, un brillant théologien ou un devin de vision céleste […], mais il doit être responsable pour ne pas être conscient de ses péchés.
Un péché dans l'Église orthodoxe est entendu dans l'esprit du mot grec "amartia." Dans la Grèce antique, quand une personne visait pour frapper l'œil du taureau et échouait, on disait "amartia", "il a manqué."
Etre en deçà de la marque, ne pas atteindre son objectif, ne pas atteindre son but, là est le péché. Quand un chrétien fait des choses qui l'éloignent du Christ, il pèche parce qu'il ne répond pas à sa fin, qui est de vivre en Christ.
Lorsque nous ne vivons pas pour notre but, étant l'image et devenant la ressemblance de Dieu, nous péchons. Quand nous laissons les étoiles du ciel guider nos actions et non Dieu, qui a créé les étoiles, nous péchons. Quand nous courons vers les journaux pour consulter nos horoscopes et notre avenir, et que nous ne cherchons pas la sagesse et l'enseignement de la Bible, nous péchons. Quand nous faisons, ou ne faisons pas, ceci et cela parce que les astrologues le disent, et que nous fermons nos oreilles aux Commandements de Dieu, nous péchons. Nous péchons quand nous prions notre Dieu chrétien et, en même temps, prenons très au sérieux le zodiaque. Nous ne sommes pas Verseaux, Poissons ou natifs de la Balance, fils et filles des étoiles, nous sommes des hommes et des femmes, fils et filles de Dieu.
Les gens sont maintenant présentés comme Béliers et Lions, et non plus comme chrétiens. N'est-il pas étrange que les gens préfèrent être nommés d'après les étoiles et leurs constellations, que d'après Dieu, Créateur et Source de Vie ? Il est rare aujourd'hui d'entendre des gens dire: "Non, je ne suis pas du Zodiaque, je suis de Dieu, [je suis] chrétien; un petit Christ." L'Église a toujours prêché contre l'astrologie.
Jérémie au chapitre 10 verset 2 écrit:
"Ainsi parle l'Éternel: N'imitez pas la voie des nations, Et ne craignez pas les signes du ciel, Parce que les nations les craignent."
Quand Daniel fut confronté aux astrologues des Assyriens, les Babyloniens, desquels nous avons hérité l'astrologie, Daniel répondit :
" Ce que le roi demande est
un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont
pas capables de découvrir au roi. Mais il y a dans les cieux un
Dieu qui révèle les secrets (Daniel 2:27-28)
Notre droit canon interdit aux gens de croire à l'astrologie. En fait, le Canon 36 de Laodicée en 369 rejette de l'Église les gens qui font, vendent, achètent ou portent les signes du zodiaque.
Les Pères de l'Eglise, comme les Grecs de l'Antiquité, ont estimé qu'il y avait " beaucoup de merveilles de l'univers, mais aucune n'est plus admirable que l'homme." L'homme est l'image personnelle de Dieu, selon le Psaume 8, "Tu l'as fait de peu inférieur à Dieu, Et tu l'as couronné de gloire et de magnificence." dans le but qu'il ait la domination complète sur le monde entier - y compris les étoiles.
Saint Grégoire le Grand écrit:
"L'homme n'est pas fait pour les étoiles, mais plutôt les étoiles pour l'homme, et si une étoile peut être appelée le gouvernement de l'homme, l'homme doit alors être considéré comme l'esclave de ses serviteurs."
Dieu n'a pas créé les planètes et les étoiles avec l'intention qu'elles dominent l'homme, mais pour que, comme les autres créatures, elles lui obéissent et le servent.
Augustin considère l'astrologie une religion du destin qui est vivement condamnée par l'Eglise. Il estime que toute personne qui croit que notre Dieu d'amour donne le pouvoir aux étoiles afin de diriger et de gouverner nos vies, offense la justice et l'amour de Dieu.
Saint Jean Chrysostome voit cette croyance dans les étoiles comme une incrédulité stupide par rapport à la toute-puissance et à la créativité de Dieu. Dieu y est soumis à la puissance des astres. Il souligne également que si nous sommes dirigés par le pouvoir des astres, il n'y a pas de chose bonne ou mauvaise parce que nous faisons ce que nous faisons sous la direction des étoiles." Cela signifie que les commandements de Dieu, selon lesquels l'homme ne doit pas pécher ou l'homme doit faire le bien, ne sont plus rien, si ce n'est folie. "
Les Pères de l'Église mentionnent l'idée de jumeaux, en particulier Jacob et Esaü. Ils demandent: "Pourquoi y a-t-il une telle diversité dans la vie des jumeaux, dans leurs actions, leurs fortunes, leurs actes, leurs appels, leurs honneurs et toutes ces choses qui ont trait à la vie humaine; est-ce le résultat d'un petit intervalle de temps, même s'ils ont été conçus dans le même temps?"
Saint Grégoire le Grand considère l'astrologie comme une superstition et une folie. Les astrologues lui ont dit qu'une personne née sous le signe du Verseau était un pêcheur, mais dans le désert, il a rencontré des Verseaux mais jamais des pêcheurs. En Perse, où un enfant est né à un roi et devient prince, disent-ils son étoile l'a fait ainsi, mais alors il demande, "qui permet d'estimer le nombre d'esclaves nés dans le même temps et moment que le fils du roi? Et pourtant, les fils de rois, nés à la même heure que les esclaves, vont vers un royaume, tandis que les esclaves nés avec eux meurent dans l'esclavage."
L'astrologie vint de Babylone il y a plus de 4000 ans. Elle est basée sur le système astronomique selon lequel, le soleil tourne autour de la terre, et non l'inverse. L'année a été divisée en 12 mois, 6 ayant 30 jours, 6 vingt-neuf, donnant ainsi un total de 354 jours. Donc, une fois de temps en temps, ils ajoutaient un 13e mois. Ce à quoi je veux en venir, c'est ceci: une personne née en Avril, appelée Bélier dans notre calendrier grégorien, dans leur calendrier devrait être un Poissons et un Verseau. Vous voyez, nous sommes un mois en avance. Donc, tout ce que vous avez lu sur vous-même est mauvais parce que vous étiez dans le mauvais mois. Le calendrier babylonien astrologique a un mois de retard par rapport au nôtre.
Will Durant, dans son Histoire des civilisations nomme l'astrologie une des nombreux superstitions des jours anciens qui fleurissent encore de nos jours. Mais la stupidité de tout cela est le mieux résumée par l'immortel Shakespeare : " C’est bien là l’excellente fatuité des hommes. Quand notre fortune est malade, souvent par suite des excès de notre propre conduite, nous faisons responsables de nos désastres le soleil, la lune et les étoiles : comme si nous étions scélérats par nécessité, imbéciles par compulsion céleste, fourbes, voleurs et traîtres par la prédominance des sphères, ivrognes, menteurs et adultères par obéissance forcée à l’influence planétaire, et coupables en tout par violence divine ! Admirable subterfuge de l’homme putassier : mettre ses instincts de bouc à la charge des étoiles ! Mon père s’est conjoint avec ma mère sous la queue du Dragon, et la Grande Ourse a présidé à ma nativité : d’où il s’ensuit que je suis brutal et paillard. Bah ! j’aurais été ce que je suis, quand la plus virginale étoile du firmament aurait cligné sur ma bâtardise…" (1)
Saint Grégoire de Nysse, résumant l'aspect essentiel de la dignité humaine, dit à juste titre que si nous ne sommes que des instruments de la rotation céleste, alors nous n'avons pas de libre arbitre. "Et si l'homme perd la liberté, il perd tout."
Si l'homme n'est pas libre, l'homme n'est pas l'homme.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Greek Archidiocese of America
*
*
(1)William Shakespeare, Le Roi Lear, Acte I, scène 2, Traduction de François-Victor Hugo