"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 21 décembre 2019

Serge Guerouk: BIENHEUREUSE OLGA, FOLLE-EN-CHRIST DU COUVENT FLOROVSKY DE KIEV, UNE "FOLLE POUR LE CHRIST" [2/4]

Le couvent Florovsky aujourd'hui.
 
"Un jour, Mère Olga m'a critiqué comme mangeur de poulets ", se souvient le Père Méthode. "A cette époque, j'étais novice à la Laure et je ne mangeais pas de viande. Et après la fermeture du monastère, j'ai vécu dans un appartement, et quand je suis tombé malade, le médecin m'a conseillé de manger du bouillon de poulet. Alors la propriétaire me prépara un bouillon avec de jeunes coqs. Lors de la rencontre suivante, Olga m'a dit : "Méthode, tu ne manges pas de viande, n'est-ce pas ?""Non, matouchka, je n'en mange pas. Eh bien, tu t'abstiens de viande à l'exception des jeunes coqs ", répondit-elle avec un sourire. Et elle ajouta : " Oui, fais-le maintenant. "Nous devons obéir aux médecins."

Pendant les persécutions antireligieuses de Khrouchtchev, lorsque les monastères et les églises furent fermés en grand nombre, le couvent de l'Ascension Florovski  fut également menacé. La police inspecta les quartiers d'habitation et essaya de chasser les moniales du couvent, en disant : "Le couvent sera bientôt fermé. Partez !" La veille au soir, la bienheureuse Olga courait dans les couloirs et frappait à la porte de toutes les sœurs avec ces paroles : "Laissez-moi entrer ! Laissez-moi entrer ! Je n'ai nulle part où passer la nuit !"

Les sœurs âgées qui vivent actuellement au couvent se souviennent d'elle portant des "vêtements royaux" - c'est ainsi que la bienheureuse Olga les appelait elle-même : une jupe rembourrée, un vieux foulard et une paire de bottes en caoutchouc qu'elle portait depuis de nombreuses années. La moniale mégaloschème Epistimie, quatre-vingt-treize ans, qui ne reçoit pas de visiteurs, nous a dit par l'intermédiaire de la moniale Théoctiste [Zeldis] qu'il y a de nombreuses années, quand elle arriva au couvent, la bienheureuse Olga vint vers elle et lui prédit toutes ses obédiences futures en disant : "Tu vivras une longue vie et tu vivrez dans l'isolement comme une moniale recluse." Et cette prophétie s'accomplit.

Trois ans avant sa mort, Mère Olga avait prédit qu'elle mourrait à la fin de l'automne, "et l'higoumènee Animanisa me suivra bientôt, et nous serons couchées l'une à côté de l'autre". En effet, l'higoumène mourut trois jours après la bienheureuse Olga et fut enterrée à vingt mètres d'elle au cimetière de Zverinets. "Je ne vous abandonnerai pas, venez sur ma tombe", dit-elle à ses enfants spirituels. Au-dessus de la pierre tombale, sous une croix, on peut voir le portrait en pied de la bienheureuse, installé à la demande de ses enfants spirituels, qui la représente dans ses "vêtements royaux" : veste matelassée, vieux foulard et galoches... Ainsi Mère Olga marche vers le Royaume céleste dans la pauvreté, l'humiliation et la "folie [en Christ]".

Les moniales âgées se souviennent aussi des histoires de leurs prédécesseurs, qui ont vécu avant la Révolution et leur ont raconté l'arrivée de la bienheureuse Olga au couvent.

En 1905, un propriétaire foncier de la province de Tchernigov Ivan Katchanovsky amena sa fille Olga, dix-huit ans, au couvent Florovsky. Elle était "d'une beauté saisissante et avait un air de majesté", portait une robe luxueuse, un chapeau avec un voile et des chaussures chères. D'ailleurs, le couvent Florovsky n'a jamais été, et n'est toujours pas, cénobitique ; c'est plutôt une sorte de couvent " idiorhythmique ", et les femmes de familles riches pouvaient y acheter des cellules.


Le couvent de l'Ascension Florovsky au début du XXe siècle.
    
Il faut souligner qu'au cours des siècles passés, la communauté comprenait des moniales issues de familles nobles et célèbres de Russie : Moniale mégaloschème Nectaria (nom séculier : Natalia Borisovna Dolgorukova ; fille du maréchal Boris Petrovich Cheremetev, ami de l'empereur Pierre I) ; Higoumène Parthenia (nom séculier : Apolinaria Alexandrovna Adabash, issue d'une famille noble moldave).

La Vénérable Hélène de Kiev.

C'est au couvent Florovsky que la VénérableHélène  de Kiev (nom séculier : Ekaterina Alekseevna Bekhteeva) reposa dans le Seigneur dans la première moitié du XIXe siècle (elle fut glorifiée comme sainte en 2009). Elle naquit dans une famille aisée de la ville de Zadonsk en 1756. Le saint Hiérarque Tikhon de Zadonsk et Voronège (1724-1783 ; fête : 13/26 août) était l'ami de la famille Bekhteev, et c'est à cause de son influence que le jeune Ekaterina décida d'adopter le monachisme. Le saint évêque légua son cercueil à la sainte femme. C'est au couvent Florovsky que sainte Alexandra (nom séculier : Agafya Semyonovna Melgunova +1789, fête: 13/26 juin), fondatrice du couvent Diveyevo, reçut la tonsure monastique. Selon la tradition, le jeune Prokhor Mochnine, le futur Vénérable Séraphim de Sarov, visita le couvent Florovsky avant sa tonsure.

Version française Claude Lopez-Ginisty

SOLIDARITE KOSOVO


À une semaine de notre départ pour le Kosovo-Métochie, nous tenons à vous remercier... 

Chers amis,

Nous partons dans une semaine pour les enclaves serbes du Kosovo, pour notre nouveau convoi de Noël. Nous fêterons là-bas les 15 ans de notre toute première mission au Kosovo-Métochie ! Hélas, sans Arnaud, qui est toujours interdit de territoire et compte donc sur nos volontaires pour le représenter auprès de nos amis des enclaves. Il ne fait nul doute que nous reviendrons avec, dans nos bagages, de nombreux dessins faits pour lui par les enfants des enclaves.

Bien sûr, nous ne représenterons pas que Arnaud pendant ce séjour : nous vous représenterons aussi vous, vous tous qui nous soutenez, certains depuis le début, d'autres depuis peu. C'est vous tous qui rendez possible ce convoi, que ce soit par vos dons ou simplement par votre soutien moral, qui est tout aussi important. Sans vous, sans votre générosité, sans votre confiance, nous ne pourrions sans doute pas retourner tous les ans apporter aux Serbes du Kosovo-Métochie l'aide du peuple français. Nous ne l'oublions pas.

Eux non plus ne l'oublient pas : au-delà des liens qui se lient avec nos volontaires le temps d'une discussion hésitante avec trois mots d'anglais et trois de serbe, le temps d'un verre de rakija partagé, ou simplement le temps d'une accolade ou d'un sourire, ils savent que ce sont des milliers de Français qui viennent leur rendre visite et les aider. C'est aussi celà qui les aide à tenir, cette certitude qu'il y a des gens qui ne les oublient pas. Nous espérons donc que vous aussi, vous ne l'oubliez jamais : ce convoi, et plus largement notre travail quotidien pour les enclaves du Kosovo-Métochie, c'est vous qui le rendez possible.





Le cierge représente la prière de celui qui l'allume, pour une intention particulière. Les Serbes en déposent souvent pour prier pour leurs morts ou pour demander la protection des vivants. 

En cette fin d'année, nous tenons à vous en remercier chaleureusement encore une fois. Et comme chaque année, nous déposerons des cierges pour vous dans chacun des monastères que nous visiterons, ces monastères du Kosovo-Métochie qui sont parmi les plus beaux de l'orthodoxie. Ils brûleront à toutes vos intentions, les joyeuses comme les tristes, et seront pendant quelques heures le signe visible de cette amitié qui elle, contrairement à ces cierges, ne diminue pas avec le temps.

Nous vous donnerons des nouvelles de ce convoi au fur et à mesure, sur notre site et sur les réseaux sociaux : nous sommes sur Facebook et Instagram et vous pouvez consulter ces deux profils sans être inscrits sur ces réseaux.

Si vous ne l'avez pas encore fait, il n'est pas trop tard pour nous faire un don et participer au succès de ce convoi. Nous vous rappelons que tous les dons que nous recevons sont défiscalisés, c'est-à-dire que vous pouvez bénéficier d'une réduction d'impôts de 66% du montant de votre don.Merci d'avance pour votre générosité ! 
Enfin, puisque nous ne vous écrirons plus avant le 25 décembre, il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter de joyeuses fêtes de Noël. Que cette belle fête soit pour vous l'occasion de retrouver les gens que vous aimez et de partager votre joie avec eux. 

Joyeux Noël à tous !



L'embrasement du badnjak, une tradition de Noël typiquement serbe. Le badnjak est une branche de chène que chaque famille va chercher quelques jours avant Noël avant de la brûler le soir de Noël, avant l'office religieux. 

L'équipe de "Solidarité Kosovo"

PS : vous pouver contribuer au développement de nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », BP 1777, 38220 Vizille, ou par Internet en cliquant sur le lien PayPal: http://www.solidarite-kosovo.org/fr/dons-en-ligne

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vendredi 20 décembre 2019

Serge Guerouk: BIENHEUREUSE OLGA, FOLLE-EN-CHRIST DU COUVENT FLOROVSKY DE KIEV, UNE "FOLLE POUR LE CHRIST" [1/4]

Bienheureuse OLGA

Le 19 novembre 2017, c'était le quarante-sixième anniversaire du repos en Christ de la moniale Olga (Katchanovskaya;+1971), qui accomplit le podvig [labeur ascétique] de "folie pour le Christ" à l'ancien couvent Florovsky de l'Ascension dans le quartier Podil de Kiev pendant plus de 60 ans. Son nom figure sur la liste des noms des personnes pour lesquelles il faut prier ; le clergé prie quotidiennement pour elle à l'autel, et les moniales du couvent se souviennent d'elle lorsqu'elles lisent le Psautier 24 heures sur 24.

Chaque année, en ce jour, de nombreuses personnes se rassemblent près de sa tombe dans l'ancien cimetière-nécropole de Zverinets à Kiev où reposent de nombreuses religieuses du couvent Florovsky et des représentants du clergé de Kiev. Il y a plusieurs moniales âgées au couvent Florovsky qui se souviennent de la bienheureuse* Olga, "folle-en-Christ" et sainte femme clairvoyante. Beaucoup de croyants non seulement à Kiev mais aussi bien au-delà se souviennent encore d'elle : La bienheureuse Olga a aidé et prié pour un grand nombre de pèlerins venus de différentes villes d'Ukraine et de Russie dans la période difficile de l'après-guerre et pendant les persécutions de Khrouchtchev. Elle les a guidés sur le chemin du salut et a guéri les malades en phase terminale.

Il convient de noter qu'à l'époque des persécutions contre les églises, diverses sortes de "bienheureux vagabonds", ou "fols-en-Christ", apparurent dans presque toutes les villes et villages de l'URSS. En ukrainien, on les appelait "serviteurs fous de Dieu". Sous le masque de la folie, ils exposaient le régime impie et athée. Actuellement, les matériaux pour la canonisation de la Bienheureuse moniale Alypia (Avdeeva +1988) de Kiev sont en cours de collecte. Dans les années 1970, son ermitage se dressait à côté des ruines du monastère de Goloseevo de la Protection de la Mère de Dieu et maintenant ses reliques reposent dans ce monastère restauré. Mère Alypia est devenue célèbre pour ses nombreux miracles. On ne sait pas si ces deux staritsas étaient en contact l'une avec l'autre ; il semble qu'elles se connaissaient et, évidemment, avant son repos en 1971, Mère Olga "passa le témoin" à Mère Alypia qui devint une staritsa renommée et intercéda pour le monde entier.

On sait avec certitude que les frères de la Laure des Grottes de Kiev, qui fut fermée en 1961, ont demandé l'avis spirituel de ces deux ascètes féminines. Ainsi, le moine Rufus (Rezvykh +2009), qui passa cinq ans dans des camps de travail pour sa foi sous Khrouchtchev, racontait les prophéties des deux staritsas : elles avaient prédit qu'il serait d'abord emprisonné, puis qu'il n'aurait plus de toit pendant longtemps et qu'il aurait finalement un appartement. La prédiction s'avéra exacte : après dix-huit ans de prison, il s'abrita dans une minuscule pièce attenante à des toilettes publiques près de la Laure, et avant sa réhabilitation, en tant que vétéran de la guerre, pilote de chasse, il reçut enfin  un petit appartement à Obolon. L'archiprêtre MethodeFinkevich de bienheureuse mémoire bénie (+2015), recteur de l'église de l'Ascension dans le quartier Demeevka de Kiev, mort moine à la Laure de Pochaev en la fête de l'icône Pochaev de la Mère de Dieu, me dit qu'il connaissait personnellement les saintes femmes et après leur repos en Christ, il les priait, et  les invitait à intervenir dans les situations difficiles.

Selon l'archiprêtre, Mère Olga attirait beaucoup de gens, mais peu comprenaient sa langue, qui semblait souvent manquer de logique : le sens caché de ses paroles et de ses actions était révélé avec le temps, pas immédiatement. 

Par exemple, au début des années 60, au début de la guerre froide, lorsque les États-Unis ont stationné des armes nucléaires en Turquie et que l'Union soviétique a placé des missiles balistiques à Cuba, il existait une menace réelle de guerre nucléaire. La crise des missiles de Cuba a été surmontée par les négociations diplomatiques entre les Etats-Unis et l'URSS ; la rencontre entre Nikita Khrouchtchev et John F. Kennedy a mis un terme à une menace mondiale. A cette époque, les médias occidentaux illustraient cet événement sous la forme d'un tableau politique : les dirigeants des deux superpuissances mondiales (les Etats-Unis et l'URSS) soufflaient de grandes bougies (symbolisant les missiles balistiques) sur un gâteau rond (symbolisant notre Terre). Cette illustration, avec les commentaires des participants, a également été réimprimée par la presse soviétique. A cette époque, Mère Olga apportait à l'église d'énormes cierges qui fumaient. Quand on lui demanda pourquoi elle faisait cela, l'ascète répondit : "Nous devons brûler les gros, et nous les soufflerons avec un gâteau."

Version française Claude Lopez-Ginisty
NOTE:

* Le terme de bienheureux, n'est pas une rang hiérarchique  comme dans la confession hétérodoxe latine, il est amployé pour les fols-en-Christ.

jeudi 19 décembre 2019

Le Métropolite Ukrainien Luc, s'adresse à l'archevêque Chrysostome de Chypre

Photo: spzh.news
Métropolite Luc

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Dans une récente interview, Mgr Chrysostomos, archevêque de Chypre, a critiqué sévèrement la personne et les actions du Patriarche Cyrille de Moscou dans le contexte de la crise ukrainienne actuelle.

Selon lui, le primat russe est un homme égoïste qui aspire à être le Premier parmi ses pairs dans l'Église orthodoxe, mais qui conduit l'Église vers le schisme en ne commémorant pas les patriarches Bartholomée, Théodore et Jérôme dans les offices divins parce qu'ils sont entrés en communion eucharistique avec les schismatiques ukrainiens.

Le primat chypriote a également pris à partie trois de ses propres métropolites pour avoir organisé une conférence monastique avec l'Eglise russe et pour avoir exprimé leurs propres opinions sur les actions du Patriarcat de Constantinople.

Les trois hiérarques, le Métropolite Athanase de Limassol, le Métropolite Isaïe de Tamassos et le Métropolite Nicéphore de Kykkos, ont répondu à l’archevêque Chrysostomos dans une déclaration commune

Ayant pris connaissance des déclarations de l’archevêque Chrysostome, le métropolite Luc de Zaporojié de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique s'est également adressé au primat chypriote dans une déclaration publiée sur sa chaîne Telegram


La déclaration est écrite dans le style caractéristique de Luc :parler droit et direct. Bien que les opinions qu'il exprime soient souvent plus strictes que les positions officielles des Églises ukrainienne ou russe, en tant que hiérarque dirigeant de l'Église orthodoxe, le Métropolite Luc jouit de la liberté d'avoir et d'exprimer ses propres opinions.

Sa déclaration en entier est ce qui suit :

Mgr Chrysostome II, archevêque de Chypre, comme nous l'avons appris par les nouvelles, a critiqué les actions du Patriarche Cyrille ainsi que les hiérarques qui soutiennent l'Eglise Orthodoxe Ukrainienne (canonique). Ses arguments sont simples. Les Patriarches qui ont reconnu l'église ukrainienne schismatique ne sont pas des hérétiques et la communion eucharistique n'aurait pas dû être rompue avec eux. Par conséquent, la rupture de l'unité eucharistique avec eux est le péché de schisme, commis par l’Eglise orthodoxe russe !

Nous allons répondre à ces accusations dans l'ordre. D'abord, les « patriarches » et leur Synode qui ont reconnu l'église ukrainienne schismatique sont des hérétiques qui sont allés à l'encontre des dogmes de l'Église, en particulier contre le neuvième article du Credo de Nicée. Ils ont prévu la possibilité de l'existence d'un "clergé" qui n'a peut-être même pas la succession apostolique de l'ordination. La nécessité de cette succession n'a jamais été mise en doute dans l'Église orthodoxe jusqu'à ce que le Patriarche de Constantinople introduise cette hérésie dans sa nouvelle théologie hérétique. De plus, nous accusons le Patriarche Bartholomée de plusieurs autres transgressions non moins graves, à savoir les hérésies d'ethnophylétisme et de papisme.

L'archevêque de Chypre accuse le patriarche cyrille de vouloir être le premier, sans remarquer que ce n'est pas le patriarche de Moscou, mais de Constantinople qui revendique le rôle de pape pan-orthodoxe.

Deuxièmement, fallait-il rompre la communion eucharistique avec les hérétiques ?

C'était nécessaire !

Imaginez que vous êtes assis à table avec un groupe de personnes et que vous versez du vin d'un pichet qui est au milieu de la table. L'un de ceux qui sont présents ouvertement, sans se cacher, prend du poison et le verse dans la cruche. La fête continue et tout le monde est invité à boire ce vin empoisonné. Que devrait faire un homme prudent pour rester en vie ? Il doit refuser sans ambiguïté de boire le vin empoisonné.

La cessation de la communion eucharistique avec les hérétiques n'est pas un caprice de l'Eglise orthodoxe russe, mais une mesure de conservation de soi. Nous savons que selon les canons de l'Église, tout hiérarque qui sert avec un hérétique et communie avec lui, devient lui-même hérétique et s'exclut de la communion de l'Église.

Par conséquent, nous, au moins l'Église ukrainienne dans l'unité priante avec l'Église russe, devons clairement indiquer les points de départ hérétiques dans les actions de l'évêque d'Istanbul. L'hérésie introduite par lui dans l'Église s'étend à tous ceux qui sont d'accord avec elle. Il n'y a pas d'autres options.

L'idée de l'archevêque de Chypre sur la neutralité possible de son Église est aussi insensée que l'idée que vous pouvez rester indéfiniment sous l'eau sans respirer tout en restant en vie. Pour vous sauver la vie, vous devez remonter, ou vous noyer et mourir. Rester assis pendant des jours ou des mois sous l'eau sans respirer ne fonctionnera pas.

Les arguments avancés par l'archevêque de Chypre dans son interview évoquent deux raisons possibles pour une telle position. Soit, par ignorance, il ne comprend pas ce qui se passe dans le monde orthodoxe et ne se rend pas compte de la gravité des erreurs commises par Constantinople, soit il est malhonnête, essayant de plaire à Dieu et au Diable. Nous pensons que la deuxième hypothèse est plus probable.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après



DES PRÊTRES AFRICAINS PUBLIENT UNE LETTRE OUVERTE SUR LA RECONNAISSANCE DE "L'église orthodoxe ukrainienne Schismatique" PAR LEUR PATRIARCHE


17 décembre 2019

Un certain nombre de prêtres africains du Patriarcat d'Alexandrie ont publié une lettre ouverte concernant la récente décision de leur patriarche, Théodore II d'Alexandrie, de reconnaître l'"Eglise orthodoxe d'Ukraine" schismatique et de commémorer son primat, Epiphane Doumenko, dans les offices divins.

Les prêtres notent que si la majorité du clergé et des laïcs du Patriarcat sont africains, leur opinion sur la question n'a jamais été sollicitée et donc pas prise en compte.

La lettre est signée par 27 prêtres du Kenya, de Tanzanie, d'Ouganda et de Zambie qui sont attristés par la décision de leur patriarche et prient pour qu'elle soit reconsidérée.

OrthoChristian a reçu la lettre ouverte par courriel, avec le message suivant : "Chers frères et sœurs en Christ, avec respect et humilité, nous sommes très heureux de vous écrire pour vous expliquer notre opinion et notre décision comme Église et prêtres canoniques d'Afrique".

La lettre entière dit ce qui suit:

Lettre ouverte des prêtres africains orthodoxes

C'est avec beaucoup de surprise et d'embarras que nous, prêtres orthodoxes africains, avons appris la décision du Patriarche Théodore II d'Alexandrie de reconnaître la soi-disant " Église orthodoxe d'Ukraine. "

Cette décision soudaine va à l'encontre de la position antérieure de notre Patriarche et met en péril les bonnes relations de notre Église avec l'Église orthodoxe russe qui se sont développées au cours des dernières décennies. En outre, la reconnaissance des schismatiques ukrainiens d'hier est critiquée dans de nombreuses Églises locales et signifie une rupture avec l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, à laquelle appartiennent la plupart des Ukrainiens orthodoxes.

Pour autant que nous le sachions, une telle décision a été prise sans demander l'avis du clergé africain, bien que ce soient les Africains qui constituent la majorité du clergé et des paroissiens du Patriarcat d'Alexandrie.

Nous voudrions exprimer notre opinion et dire que nous ne sommes pas d'accord avec la décision ci-dessus. Nous respectons notre Patriarche et obéissons à nos évêques, mais, tout comme de nombreux prêtres et même des évêques de l'Église de Grèce ont exprimé leur désaccord avec une décision similaire sur la reconnaissance des schismatiques ukrainiens, nous croyons que nous avons le droit d'exprimer notre opinion.

Nous regrettons la décision inattendue du Patriarche d'Alexandrie et nous aimerions qu'elle soit révisée.

Père. Agapios Omukuba, Kenya
Père. Ambrose Chavala, Tanzanie
Père. Anastasios Andrea, Tanzanie
Père. Antipas Odhiam, Kenya
Père. Athanasios Oruk, Ouganda
Père. Athanasios Rukamunuga, Tanzanie
Père. Augustinus Batalingaya, Tanzanie
Père. Barnabas Woasim, Zambie
Père. Barnabas Kalumuna, Tanzanie
Père. Bartholomew Mapalala, Tanzanie
Père. Charalambos Ocen, Ouganda
Père. Chrysostomos Sospeter, Tanzanie
Père. Constantine Shoki, Tanzanie
Père. David Lakwo, Ouganda
Père. Eleftherios Nchunguye, Tanzanie
Père. Eliakim Kulali, Kenya
Père. Johannes Asonga, Kenya
Père. John Jacob, Tanzanie
Père. Laurent Sakwa, Tanzanie
Père. Marcos Rugemalira, Tanzanie
Père. Paul Kagoma, Tanzanie
Père. Hieromonk Philaretos (Kimaro), Tanzanie
Père. Petros Theophanos, Tanzanie
Père. Polycarpos Uchenja, Tanzanie
Père. Stephen Rushenya, Tanzanie
Père. Theodoros Mutabazi, Tanzaniaek), Tanzanie

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

De la souche de Canon le barbare : Chats et Dogmes [1]



Ceci vient d'arriver, envoyé par Canon le Barbare[2]:

Pas de différences dogmatiques entre l'Église orthodoxe et le catholicisme romain ?

Je suppose que j'ai besoin d'utiliser ce vieux déni de responsabilité favori : "Bon, je ne suis pas un théologien..."  mais…

Je ne suis pas zoologiste, mais je sais faire la différence entre un âne et un hippocampe. Je ne suis pas géologue, mais je sais faire la différence entre une montagne et une vallée.

Je ne suis pas chef cuisinier, mais je sais faire la différence entre une salade Waldorf et des brins de gazon tondus. Je ne suis pas artiste, mais je sais faire la différence entre un Picasso et une tache de chemise.

Je ne suis pas musicien, mais je sais faire la différence entre une symphonie et une flatulence. Je ne suis pas banquier, mais je sais faire la différence entre une barre d'or et des intérêts de découvert.

Quand il s'agit de comparer l'Orthodoxie et le catholicisme romain :

Je ne suis pas chimiste, mais je sais faire la différence entre le pétrole et l'eau. Ils ne se mélangent pas.

Bien sûr, ils ont des similitudes. Ce sont deux liquides.

Tous deux peuvent être clairs. Ou pas. Pourtant, ce n'est pas la même chose.

L'unité des deux n'est pas inévitable. Elle est impossible. Comme je l'ai dit, je ne suis pas chimiste. Je ne suis pas théologien.

Cependant, je sais qu'il existe de nombreuses différences théologiques entre l'Orthodoxie et le catholicisme romain.

Dire que tous deux sont identiques est à peu près aussi logique que de boire de l'huile comme si c’était de l'eau - ou d'ajouter de l'eau à un moteur comme s’il s’agissait d'huile.

Si votre foi est orthodoxe, très bien. Si vous chérissez la foi catholique romaine, très bien.

Soyez juste honnête. Ne prétendez pas qu'il s'agit exactement d'une seule et même chose sans distinction "dogmatique". Mais encore une fois, je suis un "barbare".

Je ne connais absolument rien à la poésie ou à la plomberie. Quoi qu'il en soit, je dois retourner à ma cabane dans l'arbre.

Le dîner de ce soir, c'est de l'écureuil terrestre [3]  et des baies empoisonnées.

Signé Canon

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

NOTES :
[1] Détournement de l’expression anglaise It’s raining cats and dogs ( il pleut des chats et des chiens id est il pleut des cordes)

[2] Jeu de mot avec  le nom du héros du film Conan le Barbare

[3] Egalement appelé spermophile car il aime les graines!

Pour nos frères orthodoxes qui n'ont pas encore ouvert leurs yeux sur la réalité!

Le site grec « Orthodox Times » a reçu une subvention de 100.000 dollars du Département d’État américain


Photo des supplétifs grecs du Département d'Etat américain
Lire l'article complet et particulièrement édifiant sur Orthodoxie.com 
ICI

ET en prime:



Humour cynique qui vante les valeurs que [le département d'Etat américain] partage avec l'Orthodoxie et le Patriarche Œcuménique! Il est vrai que pour 100 000 dollars US, on peut certes parler de valeurs au sens monétaire du terme! Pour Judas, ce n'était que 30 deniers! Tout augmente!

mercredi 18 décembre 2019

Archimandrite Anatole, missionaire Moldave au Japon


L'évêque Antoine de Balti [en roumain  Bălți/Beultsi] , a célébré jeudi dernier un service commémoratif pour l'archimandrite Anatole Tihai à l'église de la Nativité du Seigneur dans la ville de Balti, en République de Moldavie, marquant le 126e anniversaire du repos au Japon de cet important missionnaire orthodoxe roumain.

Le Vénérable Anatole naquit en 1838 dans le village de Tărăsăuţi dans le comté de Hotin (Bucovine). Il fréquenta l'école primaire de Balti. Il fut diplômé du Séminaire théologique de Chisinau et de l'Académie théologique de Kiev fondée par saint Pierre Moghila.

Il vécut quatre ans au Mont Athos, où il reçut la tonsure monastique en 1865 au monastère de Zographou. Il y apprit le grec et le bulgare, ainsi que la peinture byzantine.

Plus tard, il fut envoyé pour aider saint Nicolas Kasatkin, l'égal aux apôtres, dans son travail missionnaire au Japon, devenant son plus proche collaborateur.

Le hiéromoine Anatole arriva au Japon en décembre 1871, alors que les activités de saint Nicolas étaient encore concentrées dans la région de Hakodate, sur l'île de Hokkaido. Il fut prêtre de paroisse de l'Église orthodoxe et supérieur du Centre missionnaire de Hakodate (1872-1878), professeur au Séminaire théologique orthodoxe du Japon (Surugadai Kanda, Tokyo), fondateur de l'Église d'Osaka (1878), dirigeant de la Mission orthodoxe russe au Japon (1879-1881), professeur et directeur de l'Ecole catéchétique d'Osaka (1882-1889).

En 1880, le Vénérable Anatole fut élevé au rang d'archimandrite. À la fin des années 1880, sa santé  commença à se détériorer, et à l'été 1890, il retourna en Russie, où il reposa en Christ le 28 novembre 1893.

Lorsqu'il arriva au Japon, Anatole ne trouva que 50 chrétiens orthodoxes, mais lorsqu'il quitta le Japon, la congrégation comptait plus de 20.000 fidèles orthodoxes.


Premier journal missionaire d'Anatole Tihai


Le Vénérable Anatole [Tihai] était polyglotte, connaissant, outre sa langue maternelle, plusieurs langues étrangères dont le russe, le grec, le japonais, le bulgare, l'anglais et le slavon d'Eglise, ayant une bonne connaissance du français, de l'allemand et du chinois.


Il entreprit plusieurs voyages missionnaires à travers le Japon, dont un en Chine (1888). Deux journaux écrits par Anatole Tihai sont disponibles aujourd'hui. Le premier journal missionnaire d'Anatole Tihai a été publié dans une édition bilingue roumano-japonaise, aux éditions du diocèse de Balti, en 2018, avec la bénédiction de Sa Grâce l'évêque Antoine.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Constantin Chemliouk: Le "vandalisme de l'Eglise" du Phanar au 20ème siècle et l'Eglise russe


Il y a beaucoup de choses en commun dans les actions illégales de la hiérarchie du Phanar au début des XXe et XXIe siècles. 
Photo : UOJ

Reconnaissance des rénovateurs schismatiques par le Patriarcat de Constantinople au XXe siècle et parallèles évidents avec la modernité.

Aujourd'hui, quand nous voyons les canons de l'Eglise piétinés sous nos yeux, beaucoup de croyants orthodoxes pensent qu'une telle anarchie est unique et engagée pour la première fois. Toutefois, ce n'est pas le cas.

Dans sa lettre récemment publiée, Sa Béatitude le Métropolite Anastase, Primat de l'Eglise albanaise, a noté que "la situation en Ukraine, provoquée par le patriarche Bartholomée, ressemble au "schisme mélitien", que l'Eglise a surmonté par des procédures différentes et que la solution finale fut donnée par le Premier Conseil œcuménique".

Cependant, des parallèles avec les événements d'aujourd'hui peuvent être trouvés non seulement dans les temps anciens (le schisme mélitien) mais aussi dans une histoire relativement récente. Il s'agit de la reconnaissance par le Patriarcat de Constantinople du schisme rénovateur ou de la soi-disant "Église vivante" qui s'est développée sur le territoire de l'Union soviétique. Ensuite, le Phanar a utilisé, en fait, les mêmes méthodes qu'aujourd'hui et a finalement reçu une évaluation appropriée de ses actions par les représentants les plus éminents et les plus autorisés de l'Église russe. 

Phanar et l'URSS : en quête de protection

Le Patriarcat de Constantinople a toujours recherché des alliés politiques forts qui l'aideraient à survivre et à prendre pied sur le territoire de l'ancien Empire byzantin après la conquête turque. Depuis le tout début du XXe siècle, la résidence du Patriarcat de Constantinople, située dans l'un des quartiers d'Istanbul, a été à plusieurs reprises menacée de liquidation. A plusieurs reprises, le gouvernement turc a tenté d'abolir le Patriarcat de Constantinople et d'expulser de son territoire la haute hiérarchie ecclésiastique grecque. Elle a adopté plusieurs lois qui ont rendu le séjour du clergé de Constantinople sur le territoire de l'Etat turc aussi compliqué que possible. Par conséquent, les Phanariotes ont maintenu des contacts avec des représentants d'organisations internationales, des membres d'autres confessions chrétiennes (principalement anglicanes et catholiques), des représentants de l'État grec et des États-Unis d'Amérique.

Ce lien, et surtout compte tenu de la situation actuelle, ne serait pas imparfait s'il ne rendait pas le Patriarcat de Constantinople totalement dépendant de personnalités politiques et religieuses et de leurs intérêts.

Il y eut beaucoup d'exemples de ce genre.

En particulier, le Patriarche Grégoire VII s'est personnellement opposé à la réforme du calendrier initiée par son prédécesseur, le Patriarche Mélèce [Metaxakis], mais a cédé aux pressions des autorités grecques, dont il était totalement dépendant. De son propre aveu, "le changement de calendrier a été imposé par le gouvernement grec".

Comme vous le savez, dans les années 20 du siècle dernier, avec la chute de l'Empire ottoman et la formation de l'Etat turc, Mustafa Atatürk est arrivé au pouvoir. Son régime a entravé de toutes les manières possibles les activités des Phanariotes, les considérant comme des réactionnaires qui déstabilisent la société.

Le gouvernement de l'URSS, arrivé au pouvoir à la suite de la Révolution d'Octobre 1917, a eu à son tour une influence assez importante sur la Turquie, car il lui a fourni une aide militaire importante. C'est pourquoi les Phanariotes, en quête de protection contre le régime d'Atatürk, se sont tournés vers Moscou.

Il faut souligner ici que le jeune gouvernement soviétique des années 1920 et 1930 s'est dirigé vers la destruction de l'Église orthodoxe russe. Dans ce cas, il ne s'agissait pas seulement de la liquidation physique de la hiérarchie et des prêtres de l'Église orthodoxe russe. Les bolcheviks ont créé une structure d'église parallèle qui, selon les créateurs, était censée détruire l'Église de l'intérieur. A cette fin, le gouvernement de l'URSS a initié l'émergence de l'église dite "vivante" ou "rénovationniste". Les chercheurs pensent que les traits caractéristiques du rénovationnisme étaient la reconnaissance de la "justice du bouleversement social dans le pays", une coopération étroite avec le gouvernement soviétique, et dans les premières années d'activité - le recours à des organismes répressifs.
I. Malyutine. Une caricature de l'Église "rouge" 
(rénovationniste). Revue "Crocodile", 1923

C'est avec l'aide de ces organes très répressifs qu'en mai 1922 fut créée "l'église vivante" et que le Patriarche de la véritable Église (Tikhon) fut arrêté. De plus, les autorités ont, d'une part, soutenu les partisans de "l'église vivante" et, d'autre part, se sont opposées au fonctionnement de l'Eglise orthodoxe russe, ce qui a entraîné une forte augmentation du nombre de paroisses "rénovationnistes". Ainsi, dès 1923, plus de la moitié de l'épiscopat, des prêtres et des paroisses faisaient partie de "l'église vivante".

Cependant, les rénovateurs schismatiques avaient un sérieux problème - le manque de reconnaissance de la légalité de leurs actions de la part des autres Églises orthodoxes locales. C'est dans ce but qu'ils décidèrent de recourir à l'aide du Phanar. C'était facile à faire parce que les Phanariotes étaient dans une position très difficile.

Reconnaissance du schisme

En mars 1924, le Patriarche Grégoire VII de Constantinople envoya une copie de la circulaire sur l'introduction d'un nouveau style de calendrier (la même circulaire fut envoyée au Nom du Patriarche Tikhon) adressée au chef du synode rénovateur, le "métropolite" Eudocime. "L'église vivante" perçut cette circulaire comme un acte de reconnaissance par le Patriarcat œcuménique. A son tour, le synode rénovateur (définitivement, avec le consentement de Trotsky, Smidovitch et Toutchkov) offrit au chef du Phanar, ainsi qu'à sa suite, une résidence en Union soviétique "avec plein entretien, sous réserve de la légalisation du synode et de toutes les résolutions du "concile" (rénovateur) de 1923, qui destitua le Patriarche Tikhon."

Apparemment, dans un élan de gratitude pour une offre aussi généreuse (qu'il rejetait encore), le patriarche Grégoire VII exhorta le Patriarche Tikhon à abandonner le Patriarcat. De plus, le patriarche Grégoire déclara qu'il prendrait "à l'invitation des milieux ecclésiastiques" de l'URSS "la question de la pacification des troubles et des désaccords qui se sont produits récemment dans l'Église fraternelle, en désignant pour cela une commission patriarcale spéciale d'évêques." En même temps, le patriarche Grégoire VII soulignait que dans son activité, cette commission devait s'appuyer sur "les mouvements ecclésiaux loyaux au Gouvernement de l'URSS."

On sait que la position du Patriarche fut sensiblement influencée par les vues du représentant du Patriarcat de Constantinople, l'Archimandrite Basile (Dimopoulo), qui résidait en URSS et en a informé le Patriarche [Tikhon]de manière très tendancieuse et unilatérale. Par exemple, le Père Basile est allé jusqu'à "resanctifier" les trônes des temples saisis dans l'Église canonique et à ne soutenir que la communion "eucharistique" avec les rénovationnistes.

Le patriarche Grégoire VII de Constantinople 

Dans une lettre de réponse au patriarche Grégoire, le Primat de l'Eglise russe, saint Tikhon, écrit : " Nous avons été embarrassés et surpris que le chef de l'Eglise de Constantinople, sans aucun contact préalable avec nous en tant que représentant légal et chef de l'Eglise orthodoxe russe, intervienne dans la vie interne et dans les affaires de l'Eglise russe autocéphale. Les Saints Conciles (voir les 2e et 3e Règles du Deuxième Concile œcuménique, etc.) n'ont reconnu que la primauté d'honneur pour l'évêque de Constantinople mais n'ont pas reconnu et ne reconnaissent pas la primauté d'autorité pour lui... Par conséquent, tout envoi d'une commission sans avoir eu de contact avec moi en tant que seul Premier Hiérarque orthodoxe légitime de l'Église orthodoxe russe, à mon insu, est illégal, ne sera pas accepté par le peuple orthodoxe russe et n'apportera pas la paix mais encore plus de trouble et de schisme dans la vie de l'Église orthodoxe russe déjà en souffrance. Le peuple n'est pas avec des schismatiques, mais avec son Patriarche légal et orthodoxe."

Après cette lettre, le patriarche Grégoire a complètement rompu toute communion avec le Patriarche Tikhon et a tout fait pour que les rénovateurs soient reconnus par les autres Églises locales. Finalement, des quatre Patriarcats orientaux, seul le Patriarche d'Antioche, qui n'était pas dans l'orbite de l'influence du Phanar, refusa de se ranger du côté des rénovateurs.

"Vandalisme ecclésiastique" du Phanar et Métropolite Antoine (Khrapovitsky)
Le métropolite Antoine(Khrapovitsky). 
De 1918, Métropolite de Kiev et de Galice, 
Premier Hiérarque de l'ERHF(1920-1936)

Il est intéressant de noter que le patriarche Grégoire VII de Constantinople était un grand partisan du pouvoir soviétique et se considérait en droit de punir les évêques de l'Église orthodoxe russe qui s'opposaient au régime soviétique. Ainsi, il bannit de la prêtrise deux archevêques de Constantinople - Anastase (Gribanovsky) et Alexandre (Nemolovsky) - parce qu'ils avaient commémoré le Patriarche Tikhon et leur conseilla de reconnaître les bolchéviks. Ayant été sur le trône patriarcal pendant environ un an, Grégoire VII fut remplacé par le patriarche Constantin, à qui le métropolite Antoine (Khrapovitsky) écrivit :

"Jusqu'à présent, depuis ma jeunesse, j'ai élevé la voix uniquement pour glorifier les Patriarches orientaux, en particulier les Patriarches œcuméniques, verbalement et par écrit... Je me suis toujours déclaré, par mes actes et mes paroles, philhellène et grand amateur d'idées. Cependant, je ne suis pas papiste et je me souviens bien qu'en plus des grands évêques de l'Église, il y en avait beaucoup d'autres, ennemis internes de l'Église, hérétiques et même hérésiarques... Les deux derniers prédécesseurs de Votre Sainteté avaient aussi tendance à désobéir à la Sainte Eglise et aux canons."

Le Métropolite Antoine appelait "vandalisme ecclésiastique" la situation qui s'était développée dans le monde orthodoxe à cause du Phanar lorsque les Patriarches de Constantinople étaient intervenus dans les affaires des autres Eglises orthodoxes.

Lorsque les autorités finlandaises destituèrent Mgr Seraphim (Lukyanov) de la direction de l'Église de Finlande, les Phanariotes proposèrent, sans accord avec lui, et contrairement à son avis, d'ordonner l'archimandrite Germain [Herman (Aava)] comme évêque. Et c'est lui qui fut plus tard élu chef de l'Église de Finlande.

Le Métropolite Antoine (Khrapovitsky) appela Germain "un faux évêque" et exhorta ceux qui concélébraient et communiaient avec lui à se repentir. Dans une lettre au hiéromoine Polycarpe de Valaam, Vladyka écrivit : "J'ai reçu votre triste nouvelle et j'ai beaucoup déploré l'amertume impitoyable des archi-pasteurs grecs, et je considère Germain comme un simple laïc... Il est clair qu'un gang hérétique est entré dans le Patriarcat de Constantinople... Au Nom de Dieu, je vous conseille de ne pas obéir au faux évêque Germain et au patriarche honteusement décédé Grégoire VII, qui a ruiné le patriarcat par son acte..."

Le métropolite Serge (Stragorodsky) et le rénovationnisme des phanariotes

Le patriarche Constantin resta sur le trône pendant 43 jours seulement et fut exilé en Grèce par le gouvernement turc du pays et il démissionna du Patriarcat quelques mois plus tard. A sa place, fut élu le métropolite de Nicée Basile [Franc-maçon de la Loge Proodos/ Progrès], poursuivit la ligne de rapprochement avec les Rénovationnistes.

Le Synode de l'"Eglise vivante" répondit à cette élection par un message dans lequel il demanda au nouveau patriarche de "prendre paternellement soin de notre chagrin d'Eglise et de se déplacer pour sauver la fille malade - l'Eglise russe", et l'invita à prendre part au "Concile" rénovationniste.

Le patriarche Basile répondit : "Nous sommes présents in absentia avec vous et, dans la mesure du possible, nous contribuerons à l'élimination rapide et complète de la triste division qui, nuisible à votre Église orthodoxe, remplit aussi la Grande Mère l'Église de la plus profonde douleur. Cette lettre, ainsi que d'autres documents, permettait aux rénovationnistes schismatiques de prétendre qu'ils "étaient en communion avec le centre originel de l'Orthodoxie orientale" et de rejeter tous les corps d'autorité ecclésiastique canoniques.

Les schismatiques ne cessaient de souligner qu'ils étaient reconnus par les patriarches orientaux, ce qui signifiait qu'il ne pouvait y avoir aucun doute sur leur légitimité.

En réponse à une lettre d'un évêque rénovationniste qui eut recours à de tels arguments, le métropolite Serge (Stragorodsky) a écrit : "Une indication que certains Patriarches, par exemple de Constantinople et, plus récemment, de Jérusalem, ont échangé des messages avec le Synode [rénovationniste], nous convainc peu. Nous savons que seuls sont dans l'unité de l'Église ceux qui sont en communion avec leur évêque et patriarche légitimes, que celui qui est excommunié par son Patriarche ne peut être accepté en communion avec les autres (Canon 1, Concile de Sainte Sophie ). Et celui qui entre en communion avec un excommunié doit être excommunié (Canons apostoliques 10, 12)".

Donc, si les Patriarches de Constantinople et de Jérusalem sont entrés en communion avec les Rénovationnistes, tant pis pour les Patriarches. Tous, patriarches et laïcs, sont égaux devant la loi de Dieu. Ainsi, lorsqu'au XVe siècle, le patriarche de Constantinople s'est effondré en union avec Rome, l'Eglise russe a refusé de le suivre et les prêtres vivant en Russie ne sont pas devenus orthodoxes. Ainsi, la communion du patriarche de Constantinople avec les Rénovationnistes ne peut que faire du Patriarche un Rénovateur plutôt que de rendre un Rénovateur orthodoxe."

D'accord, si dans cette citation au lieu du terme "rénovationniste" vous écrivez "les membres de "l'église orthodoxe ukrainienne schismatique" et remplacez le patriarche de Jérusalem par le patriarche d'Alexandrie, les paroles du métropolite Serge semblent être écrites aujourd'hui.

Comme nous le voyons, une fois de plus, l'aphorisme selon lequel l'histoire se répète toujours deux fois s'avère juste. D'une part, c'est mauvais, car cela signifie que les figurants de la présente histoire n'ont pas tiré les bonnes conclusions de ce qui eut lieu auparavant. Mais, d'autre part, en se répétant, l'histoire nous montre les mécanismes qui peuvent aider à surmonter les problèmes actuels.

Et surtout, en voyant comment la structure des schismatiques est activement et énergiquement promue aujourd'hui, nous ne devrions pas céder à l'anxiété et, peut-être même, au désespoir. L'Église du Christ dans son histoire a passé à plusieurs reprises l'épreuve des hérésies et des schismes, mais chaque fois elle nous a fait rappeler les paroles du Christ : "J'édifierai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle " (Matthieu 16, 18).

C'est pourquoi notre attitude envers les schismatiques de "l'église orthodoxe ukrainienne schismatique"  devrait être basée sur les mêmes principes que l'attitude de l'Eglise russe envers les rénovationnistes des années 1920. Ces principes, l'Évangile, la Tradition de l'Église et ses canons, sont valables aujourd'hui.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après