"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 14 février 2015

1/14 février, Fête de saint Tryphon



Image illustrative de l'article Monastère de Xénofon
Monastère de Xénofon 
sur la sainte Montagne de l'Athos



Saint Martyr et Anargyre 
Tryphon

*

La présence dans notre monastère sacré [Xénofon], du saint Chef du très glorieux et très béni martyr Tryphon, nous accorde grands honneur et bénédiction, et c’est une source de dons et de grâces divins, mais cette présence chasse également les maladies des champs et des jardins.

De plus, dans le monastère est conservée une cellule monastique dédiée au grand anargyre* saint Tryphon, où vivent trois pères, louant et bénissant Dieu et son médecin digne de bénédiction, le divin Tryphon.

Le  nom sacré de saint Tryphon est toujours maintenu dans notre fraternité, et il est souvent donné, en l’honneur du saint, à la tonsure monastique d’un frère.

Par les souvenirs qui nous ont été tranmis par les pères de jadis, nous connaissons des événements tout à fait merveilleux attribués à la racine immarcessible de Lampsaque qu’est saint Tryphon.

Le staretz Barlaam de Xénofon a  vécu environ 80 ans dans notre monastère. Il en était l’histoire vivante. Entré dans notre monastère en 1908 et né au Ciel en 1983, vêtu de simplicité et d’humilité, il a vécu tout le temps dans le monastère, supportant toutes les épreuves pour l'amour du Christ. DE nombreuses années, il eut pour obédience le travail agricole du monastère, et il connut beaucoup d'expériences avec saint Tryphon, le saint patron des agriculteurs.

Il a raconté qu'un jour, aux jardins supérieurs du monastère, dans une zone appelée "Zacharas", se sont abattus criquets et chenilles, occasionnant de grands dommages aux choux du potager. Le staretz informa de la situation l’higoumène  du monastère, et demanda que le chef sacré du martyr Tryphon soit apporté pour faire un office d’intercession avec des prières au saint.

Le monastère réagit immédiatement, et dès que le chef du saint arriva et qu’ils firent le service de bénédiction, et les prières, tous les insectes disparurent comme un nuage se dissipe et la récolte des jardins fut sauvée par l’intervention miraculeuse du saint.

Le staretz  Barlaam relata aussi les faits suivants : "Nous Pères, ne connaissions pas les pesticides et autres produits de même type. En cas de maladie, nous prenions le chef sacré de notre saint patron Tryphon, nous faisions un office de bénédiction et une procession avec la sainte relique dans l'oliveraie, aspergeant d'eau bénite les arbres, et la récolte ensuite était miraculeuse; imaginez-donc,  les branches se cassaient à cause de l’abondance de fruit : une année, nous avons produit vingt-cinq mille okas d'huile** avec la récolte d’olives. Gloire à Dieu et à saint Tryphon notre protecteur! "

Le très saint martyr du Christ Tryphon apporte aussi un soulagement comme médecin des maladies physiques, et il ne cesse  de nous protéger contre les dangers et les tentations. Et ceux qui invoquent son nom sacré et lui demandent son aide, reçoivent la Grâce de la guérison de la compagnie choisie par Dieu des douze divins anargyres.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
http://users.uoa.gr/~nektar/orthodoxy/agiologion/agios_martys_tryfwn.htm

*
NOTES :
* Anargyre: médecin chrétien qui soignait gratuitement.
** L’oka faisait 1, 282 kg.

*
Sur l’île grecque d’Andros, une année les cultures étaient menacées par une nuée de criquets qui détruisaient tout sur leur passage. L’Archimandrite Dorothée, higoumène du monastère Saint-Nicolas, fit une bénédiction avec les reliques de saint Tryphon, et, à la fin de l’office, les criquets tombèrent morts sur le sol! 

L’higoumène s’adressant alors à ceux qui étaient avec lui, leur dit : "Voyez comme Dieu est miséricordieux, les insectes ne vont plus détruire les récoltes et leurs corps tombés à terre, vont faire de l’engrais qui la rendra plus fertile!"

*

Dans les Alpes suisses, en terre protestante, le petit village de Saint-Triphon [c'est la version locale de ce toponyme],  porte le nom de notre saint, dont la vénération fut apportée aux temps jadis par des pèlerins de passage venant de l’actuelle Serbie. 

Un jardin botanique y est né il y a plus de 40 ans, et il compte plus de 6. 000 plantes et arbres de divers pays ! L'anargyre saint Tryphon est le patron des jardiniers.

C.L.-G.

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


2/15 février
FÊTE DE LA RENCONTRE DU SEIGNEUR
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier

Lectures : Hébr. VII, 7-17 ; Lc. II, 22-40 (Rencontre)
I Cor. VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46 (dimanche abstinence de viande)

FÊTE DE LA RENCONTRE DE NOTRE SEIGNEUR[1]
L
orsque les quarante jours prescrits par la Loi de Moïse pour la purification de la mère d’un nouveau-né furent accomplis (cf. Lv XII, 2-4), la Toute Sainte Mère de Dieu et saint Joseph amenèrent l’Enfant Jésus à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, car tout garçon premier-né, appartenant de droit au Seigneur (Ex. XIII, 15), devait Lui être consacré au Temple et être, en quelque sorte, échangé contre l’offrande en sacrifice d’un agneau d’un an ou, pour les familles pauvres, d’un couple de tourterelles et de deux colombes (Lv XII, 8). Le Seigneur du ciel et de la terre, et le Législateur de son peuple Israël, Lui qui n’est pas venu pour abolir la Loi mais pour l’accomplir (Mt V, 17), ayant pris sur Lui notre nature mortelle depuis la désobéissance, la restaure dès sa venue au monde en se faisant obéissant à tous les préceptes de la Loi. Source de toutes les richesses et de toutes les grâces, Il se fait le plus humble et le plus pauvre d’entre nous. Il se soumet à la Loi qu’Il nous a donnée et que, nous hommes, n’avons cessé de transgresser, nous montrant ainsi que l’obéissance est la voie de la réconciliation avec Dieu. Bien que ni Lui ni sa Mère immaculée n’eussent besoin de purification, après avoir soumis Sa chair à la circoncision le huitième jour, Il attendit encore à Bethléem l’écoulement de la durée légale afin de présenter dans le Temple de Sa gloire ce corps qu’Il a assumé pour devenir le nouveau Temple parfait de Sa divinité. Lui, le Dieu inaccessible et incompréhensible accepte d’être échangé contre l’offrande des pauvres : les colombes et les tourterelles, symboles de la pureté, de la paix et de l’innocence que le Sauveur Ami des hommes est venu nous apporter.

Parvenus dans le Temple, ils furent accueillis, dit-on, par le grand prêtre Zacharie, le père de saint Jean le Précurseur, qui plaça de manière inattendue la Mère de Dieu dans l’emplacement réservé aux vierges. À ce moment-là arriva dans le Temple un homme du nom de Syméon. Juste et pieux observateur de tous les commandements de Dieu, il avait attendu depuis de longues années la réalisation de la prophétie que l’Esprit Saint lui avait inspirée : c’est-à-dire qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ Seigneur. Ce vieillard, qui figurait l’attente d’Israël, tendit alors ses bras, les mains couvertes des plis de son manteau, pour recevoir le Sauveur comme sur un trône de chérubins. Il bénit Dieu et dit : « Maintenant, ô Maître Souverain, Tu peux laisser Ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu Ton salut » (Lc II, 9). L’Alliance d’Israël, devenue caduque à l’apparition du Christ, et la Loi obscure demandaient par lui à se retirer devant la lumière de la grâce. Ce vieillard, voyant et touchant le Sauveur qui avait été annoncé et préparé par les Justes et les Prophètes depuis tant de siècles, pouvait demander à Dieu en toute confiance d’être désormais délivré des liens de la chair et de la corruption pour laisser la place à la jeunesse éternelle de l’Église. Il annonçait ainsi solennellement l’abolissement des figures et prononçait l’ultime prophétie concernant le Sauveur, en prédisant à sa Mère que sa Passion et sa vivifiante Résurrection seraient un signe de contradiction, et qu’elles amèneraient la chute des impies et le relèvement de ceux qui croiront en Lui.

Une femme nommée Anne, de la tribu d’Aser, — qui était fort avancée en âge et était connue de tous ceux qui fréquentaient le Temple : car, restée veuve après sept ans de mariage, elle y servait Dieu continuellement en attendant la venue du Messie dans le jeûne et la prière — s’avança alors elle aussi vers l’Enfant et se mit à louer Dieu, annonçant à tous la délivrance d’Israël.

En entendant de telles révélations et furieux de voir Marie placée parmi les vierges par le grand prêtre, les pharisiens présents dans le Temple allèrent rapporter les faits au roi Hérode. Celui-ci comprit que cet enfant devait être le nouveau roi dont lui avaient parlé les Mages qui avaient suivi l’étoile depuis l’Orient, et il envoya aussitôt des soldats pour Le tuer. Mais prévenus à temps, Joseph et Marie s’enfuirent alors de la cité et allèrent se réfugier en Égypte, guidés par un ange de Dieu. Ce n’est que deux ans plus tard, rapporte la tradition, qu’ils retournèrent à Nazareth en Galilée. Et l’Enfant-Dieu grandit alors paisiblement, en attendant le moment propice pour commencer son ministère public.


Cette fête de la sainte Rencontre du Seigneur, appelée aussi Purification de la Mère de Dieu (ou Chandeleur) en Occident, était connue dès le ive siècle à Jérusalem — où elle était célébrée le 14 février afin de coïncider avec le quarantième jour depuis la Nativité qui était alors célébrée le 6 janvier. Elle a été introduite à Constantinople par l’empereur Justinien, en 542, et a été alors rangée parmi les fêtes du Seigneur.


Tropaire du dimanche du 3ème ton
Да веселя́тся небéсная, да ра́дуются земна́я ; я́ко сотвори́ дeржа́ву мы́шцею Cвоéю Го́сподь, попра́ cмéртiю cмéрть, пéрвенецъ мéртвыxъ бы́сть, изъ чрéва а́дова изба́ви на́съ и подадé мípoви вéлiю ми́лость.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire de la Ste Rencontre, ton 1
Ра́дуйся, Благода́тная Богоро́дице Дѣ́во, и́зъ Тебе́ бо возсiя́ Со́лнце пра́вды, Христо́съ Бо́гъ на́шъ, просвѣща́яй су́щыя во тьмѣ́. Весели́ся и ты́, ста́рче пра́ведный, прiе́мый во объя́тiя Свободи́теля ду́шъ на́шихъ, да́рующаго на́мъ воскресе́нiе.
Réjouis-toi, ô Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu, car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, illuminant ceux qui sont dans les ténèbres. Sois aussi dans l’allégresse, juste vieillard, qui as reçu sur tes bras Celui qui libère nos âmes et nous donne la Résurrection.
Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́ пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются; тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́ ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
O Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.

Kondakion de la fête de la Ste Rencontre, ton 1
Утро́бу Дѣви́чу ocвяти́вый Poждество́мъ Tвои́мъ и pу́це Cѵмео́нѣ благослови́вый я́коже подоба́ше, предвари́въ и ны́нѣ спа́слъ ecи́ на́cъ, Христé Бо́же, но yмири́ во бранѣ́xъ жи́тельство и yкрѣпи́ пpaвосла́вныя хpистіа́ны, и́xже возлюби́лъ ecи́, еди́не человѣколю́бче.
O Toi qui as sanctifié par Ta naissance le sein virginal et qui as béni, comme il le fallait, les bras de Siméon, Tu es venu, Christ Dieu, nous sauver en ce jour. Dans ses guerres, donne la paix à Ta cité et affermis les chrétiens orthodoxes que Tu as aimés, Toi seul Ami des hommes.

Au lieu de « Il est digne en vérité », ton 3
Богopóдицe Дѣ́вo, упова́нie xpиcтномъ, покры́й,  coблюди́ и спаси́ на́ Тя́ упова́ющихъ. Въ зако́нъ cѣ́ни и пиній о́бpaзъ ви́димъ вѣ́pніи : вcя́къ му́жескiй по́лъ, ложесна́  paзверза́я, cвя́тъ Бо́гу ; тѣ́мъ Пepвоpoжде́нное Cло́во Отца́ безнача́льна, Cы́на пepвоpoдя́щася Maтépiю неискоcyмýжно, величáeмъ.
Mère de Dieu, espérance de tous les chrétiens, abrite, protège et garde ceux qui espèrent en toi. Dans la Loi, nous découvrons, nous, fidèles, sous l’obscurité de la lettre, une figure : tout mâle premier-né est consacré à Dieu. C’est pourquoi nous magnifions le Verbe Premier-né, Fils du Père Éternel, Premier-né de la Vierge Mère.
AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER

Dans l’image de Dieu que l’être humain porte en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces « frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé. Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié

SUR LA RENCONTRE DU SEIGNEUR

Lors de la Rencontre, le Seigneur est entouré, d’une part, de la justice qui attend le salut non de celle-ci même – Siméon - et  la vie stricte dans le jeûne et les prières renforcée par la foi – Anne - d’autre part, la pureté substantielle, intégrale et inébranlable – la Vierge Mère de Dieu, et la soumission humble, silencieuse à la volonté de Dieu – Joseph le Fiancé. Transpose toutes ces dispositions spirituelles dans ton cœur et tu rencontreras le Seigneur. Il ne te sera pas apporté, mais Il viendra Lui-même en toi, et Tu Le recevras dans les bras de ton cœur, chantant le cantique qui traversera les cieux et réjouira tous les anges et les saints.
Saint Théophane le Reclus

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 1-12 ; Liturgie : Rom. XIII, 11 - XIV, 4 ;  Matth. VI, 14-21.




[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras