Depuis les premiers jours, l'Eglise a donné à la Mère de Dieu des titres de sainteté plus élevés que ceux qui sont donnés à un saint. Elle est appelée la Toute Sainte, Panaghia.Nous la vénérons comme Celle qui est plus grande et plus sainte que les Chérubim et les Séraphim, plus grande que les anges de Dieu qui, doté de vision, peuvent voir, contempler et adorer, plus grande que les anges de Dieu qui sont, pour ainsi dire, le trône du Très-Haut. Parce que les uns comme les autres voient, adorent, servent Dieu comme leur Seigneur, comme leur Maître, et pourtant ils restent plus éloignés de Lui qu'Elle, qui, dans Sa sainteté extrême est devenue parente de Dieu, est devenue la Mère du Verbe Incarné, qui est l'Épouse, la révélation parfaite de ce que toute la création est appelée à être et à devenir.
La Fête de la Présentation de la Mère de Dieu au Temple, bien évidemment pose des problèmes historiques. Nous savons que, en Israël n'était admis dans le saint des saints, que le Prêtre qui y entrait une seule fois par année après avoir subi la purification par le sang sacrificiel. Ce que la fête signifie en premier est décrit, détaillé, dans un sermon sur la prière écrite au 19ème siècle par [saint] Théophane le Reclus. Le Saint des Saints, dit-il, est le cœur du cœur de l'adoration humaine. C'est l'endroit où les hommes de l'Ancien Testament peuvent rencontrer Dieu dans la mesure où Dieu peut être rencontré. C'est le cœur du mystère d'Israël. C'est aussi le point qui est en quelque sorte au-delà du sacrifié. Le sacrifice lui ouvre la porte. Le sacrifice demeure en quelque sorte à côté de lui. Et entrer dans le Saint des Saints, c'est d'abord d'entrer dans cette profondeur de l'adoration, dans cette profondeur de la prière qui rend quelqu'un présent pour le Dieu vivant, qui fait que l'on se tient face à face avec le Dieu vivant. La Présentation de la Mère de Dieu, indépendamment des caractéristiques historiques, est célébrée par l'Eglise car elle nous indique où elle se situe dans l'ensemble de sa vie, dans la présence divine, dans l'abandon complet, en complète adoration.
La tradition veut qu'Elle ait été élevée par Joachim et Anne. Sur les icônes, vous pouvez voir des jeunes filles avec des cierges l'amenant au temple. Elle fut remise au Grand Prêtre, qui l'emmena dans le lieu auquel il n'avait pas lui-même accès. Maintenant, je ne pense pas qu'il y a tout avantage à discuter de l'historicité possible d'un événement de ce genre. D'un point de vue purement historique, il est peu probable que cela aurait pu arriver. Mais ce qui importe, c'est ce qu'il représente, et qu'il représente un moment où, ayant atteint la maturité d'un jeune enfant, mais la maturité de celui qui peut déjà adorer, servir, prêter une oreille, être prêt à réagir et à obéir, Elle a choisi tout cela et alla dans cette profondeur de l'obéissance, de l'écoute, de l'attention à ce qui était la volonté de Dieu. Par ce que je dis, je ne veux pas dire que cela est ou n'est pas arrivé. Mais ce qui importe dans la mesure où Elle est concernée est évidemment cet aspect de la chose beaucoup plus que l'historicité de l'événement tel qu'il est décrit dans les icônes ou dans la tradition folklorique.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après