Il faut savoir que, selon le témoignage de notre divinement sage, saint Père Théophore Nil, le jeûneur du Sinaï, la Divine prière mentale qui convient aux parfaits, fut déjà donnée par Dieu lui-même au Paradis, au premier homme créé. Car saint Nil dit (49ème Homélie) à ceux qui prient avec ferveur, afin qu'ils puissent hardiment préserver le fruit de la prière et que leur labeur ne soit pas vain : "Ayant prié suivant la règle, attendez ces choses qui ne sont pas selon la règle, et restez hardiment là pour préserver votre fruit. Car c'est à cela que vous fûtes assignés dès le commencement : faire et préserver, de peur que ce qui ait été fait ne soit pas préservé; sinon il n'y a pour vous aucun bénéfice venant de votre prière."
Interprétant ces paroles, saint Nil, le luminaire Russe, habitant du désert de Sora, qui, comme cela apparaît dans son livre divinement sage brillait comme un soleil en Russie par le labeur mental de la prière, dit ce qui suit "A présent ce saint ramène à l'antiquité le fait que l'homme doive faire et préserver; car l'Ecriture Sainte dit que Dieu créa Adam et le plaça en Paradis afin qu'il fasse ( travaille) et préserve le Paradis. Car ici, saint Nil du Sinaï appelle la prière le façonnement (le travail) du Paradis, et la garde contre les pensées impies après la prière, il l'appelle préservation". De même saint Dorothée dit aussi que le premier homme créé, étant mis en Paradis par Dieu, resta en prière, comme il le dit dans sa Première Instruction. De ces témoignages, il est clair que Dieu ayant créé l'homme à Son image et à Sa ressemblance, Il le conduisit dans un paradis de douceur pour travailler dans les jardins immortels, c'est-à-dire, dans les plus pures, les plus exaltées, les plus parfaites pensées divines, selon saint Grégoire le Théologien. Et ceci ne veut dire rien d'autre que le fait qu'il resta, pur d'âme et de corps, en prière contemplatrice, remplie de grâce, et qu'il préserva hardiment ceci, comme la prunelle de ses yeux, - ceci étant le labeur du Paradis -, de peur que cela ne décroisse un jour dans son âme et dans son cœur. De ce fait, grande est la gloire de la sainte et divine prière mentale, dont le bord et le sommet, c'est-à-dire, le commencement et la perfection, furent donnés à l'homme par Dieu en Paradis, et ainsi, c'est de là qu'elle a son commencement.
Mais elle acquit une gloire plus incomparablement grande lorsque Celle plus Sainte que tous les saints, plus honorable que les Chérubim et incomparablement plus glorieuse que les Séraphim, la Très Sainte Vierge Mère de Dieu, demeurant dans le Saint des Saints, accéda au sommet même de la vision Divine, au moyen de la prière mentale, et fut rendue digne d'être le magnifique réceptacle de Dieu le Verbe, Lui que toute la création ne peut contenir, Lui qui fut contenu en Elle par hypostase, et naquit d'elle sans semence pour l'amour du salut des hommes. De ceci, témoignage est donné par le pilier invincible de l'Orthodoxie, notre Père parmi les saints Grégoire Palamas, Archevêque de Thessalonique, dans son Homélie sur l'Entrée au Temple de notre Très Sainte Dame, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie; car il dit que la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, logeant dans le Saint des Saints et arrivant à comprendre parfaitement d'après les Saintes Ecritures qui étaient lues à chaque Sabbat, que la race humaine était en train de périr à cause de sa désobéissance, en conçut une extrême pitié et accepta la prière mentale à Dieu, afin qu'Il prenne bientôt pitié de la race humaine et la sauve. Je dois citer ici les paroles mêmes de saint Grégoire, quelques-unes parmi toutes celles qu'il a dites, et qui sont dignes d'un esprit angélique : "Car cette divine Jeune Fille, la Vierge, entendant et voyant cela, prit pitié de la race commune et chercha comment obtenir une guérison et un traitement équivalents à une telle souffrance. Elle découvrit qu'Elle devait se tourner immédiatement avec tout son intellect vers Dieu, et Elle prit sur Elle cette prière pour nous, afin de forcer Celui qu'on ne force pas et de L'attirer plus vite vers nous, de telle sorte que Lui-même puisse déraciner la malédiction à son origine, puisse faire cesser le feu qui dévorait le champ de l'âme et lier à Lui la créature, après avoir guéri son infirmité. Puis, ],a Vierge pleine de grâce, ayant ainsi examiné ce qui, selon Elle, convenait le mieux à chaque nature, plaça la prière mentale au-dessus de tout, la jugea meilleure que n'importe quelle parole à cause de son caractère merveilleux et glorieux. Et cherchant comment Elle pourrait converser avec Dieu d'une manière appropriée et habile, Elle alla à Lui comme intercesseur volontaire ou plutôt comme intercesseur choisi par Dieu."
Et plus loin il dit : "De ce fait, quand Elle vit qu'il n'était rien de meilleur pour l'homme parmi les choses existantes, Elle se dirigea Elle-même, avec crainte, vers la prière, renouvela dans l'humaine nature la grandeur et la perfection. Elle fit une découverte et agit en conséquence, et pour tout cela, Elle donna l'action comme l'ascension suprême, vers la vision; mais la vision est plus grande que les choses qui ont été mentionnées, tout comme la vérité est plus grande que l'imagination. Mais vous, vous concentrant en vous-mêmes, et ayant purifié vos intellects, écoutez maintenant la grandeur du mystère… car, saisissant l'occasion fournie par cette assemblée réunie au nom du Christ, je veux dire quelques mots avant tout, à ceux qui ont renoncé au monde. Celui qui, par esprit de renonciation, a déjà goûté aux délices à venir, qui est avec les Anges et et qui obtient une demeure en Paradis, qu'il ait le désir d'imiter, selon sa force, Celle qui la première et unique renonça au monde dès l'enfance pour l'amour de la paix : l'Epouse Toujours Vierge."
Et plus loin, saint Grégoire dit : "De là, cherchent ce qui était le plus nécessaire à un intercesseur pour converser (avec Dieu) - ce en quoi consiste la prière - la Vierge parvint à obtenir le silence sacré, le silence de l'intellect, la séparation d'avec le monde, l'oubli des choses d'ici-bas, et la Connaissance exaltée d'une auditrice de choses secrètes, jusqu'à la transformation de l'être en ce qu'il peut être de meilleur. Cette activité, en vérité ascension vers Celui Qui Est en Vérité, ou plus exactement, vers la vision Divine, est comme une brève indication pour l'âme qui a obtenu cette activité en Vérité. Toute autre vertu est comme un traitement médical applicable aux infirmités de l'âme et aux passions mauvaises qui se sont enracinées à cause de l'acédie; mais la vision Divine est le fruit d'une âme saine, en tant qu'ultime perfection et image de l'activité Divine. Donc, un homme devient "participant à Dieu", non en paroles ou en une modération judicieuse vis-à-vis des choses visibles, car ceci est terrestre, bas et humain, mais plutôt en demeurant dans le silence, car c'est ainsi que nous sommes séparés et libérés des choses d'ici-bas, et que nous montons vers Dieu.
Et ainsi, passant jour et nuit en prières et supplications dans la chambre supérieure d'une vie de silence, nous allons en quelque sorte vers cette Nature Inaccessible et et Sainte nous nous en rapprochons dans une certaine mesure. Et ceux qui endurent cela, et sont ainsi dissous dans la Lumière qui Existe d'une manière ineffable au-delà des sentiments et de la pensée, voient Dieu en eux-mêmes, comme dans un miroir, parce qu'ils ont déjà purifié leur cœur par un silence sacré. Et ainsi le silence est un guide rapide et court, couronné de succès qui unit l'homme à Dieu, lorsque l'on s'y tient entièrement. Et la Vierge Qui s'y maintint même depuis l'enfance, - qu'est-Elle ? Elle vécut dans le silence d'une manière surnaturelle depuis Son Enfance même, et à cause de cela, Elle seule parmi toutes les femmes donna naissance - sans époux - à l'Homme-Dieu, le Verbe",
Et plus loin, il dit : "De ce fait aussi, la Très Pure, renonça en quelque sorte, aux logis et paroles terrestres, s'éloigna des gens et s'étant mise à l'écart d'une vie pleine de reproches, Elle choisit une vie invisible et sans communication avec quiconque, vivant en un lieu où nul n'avait le droit d'entrer. Là, libre de tout lien matériel, et renonçant à tout contact et à tout amour envers qui que ce soit, et ne montrant nulle pitié pour le corps, Elle concentra tout son esprit vers Lui, dans cette divine prière incessante, demeurant en Lui, avec attention. Et par ce moyen, repliée sur Elle-même et se plaçant au-dessus de tout tumulte, au-dessus de toute pensée et simplement au-dessus de toutes apparences et choses, Elle ouvrit ce nouvel accès ineffable vers le Ciel, qui est, je le dirai, le silence des pensées. Et s'appliquant avec courage à ceci, et s'y efforçant en Son intellect, Elle S'éleva au-delà de toutes les créatures et vit bien mieux que Moïse la gloire de Dieu et Elle vit aussi que la gloire Divine n'était en aucune façon liée au pouvoir des sens - sainte et joyeuse vision des âmes et des intellects purs - dont Elle est, selon les Divins chantres - partageant une nuée véritable d'eau vive, et l'Aube du jour de l'intellect, et le chariot de feu du Verbe.
Par ces mots du divin Grégoire Palamas, celui qui est intelligent peut comprendre, aussi clairement que le soleil brille, que la Très Pure Vierge Mère de Dieu, demeurant dans le Saint des Saints, par le biais de la prière mentale, accéda aux suprêmes sommets de la vision Divine. Et, renonçant au monde pour l'amour de la paix, par le silence sacré de l'intellect, des pensées, en concentrant Son intellect dans l'incessante Divine prière et l'attention et en accédant par l'activité à la Divine vision, Elle S'offrit au Divin et Angélique ordre monastique comme exemple de vie attentive à l'être intérieur, de telle sorte que, ayant renoncé au monde et considérant Sa très fervente lutte, selon leur force et Ses prières, ils puissent l'imiter pendant les labeurs et les tâches de la vie monastique déjà mentionnés. Mais qui pourrait d'une manière digne louer la divine prière du coeur, dont la Mère de Dieu Elle-même, instruite par le Saint Esprit fut l'artisane, pour le bénéfice et l'avancement (spirituel) des moines !
Et ainsi, passant jour et nuit en prières et supplications dans la chambre supérieure d'une vie de silence, nous allons en quelque sorte vers cette Nature Inaccessible et et Sainte nous nous en rapprochons dans une certaine mesure. Et ceux qui endurent cela, et sont ainsi dissous dans la Lumière qui Existe d'une manière ineffable au-delà des sentiments et de la pensée, voient Dieu en eux-mêmes, comme dans un miroir, parce qu'ils ont déjà purifié leur cœur par un silence sacré. Et ainsi le silence est un guide rapide et court, couronné de succès qui unit l'homme à Dieu, lorsque l'on s'y tient entièrement. Et la Vierge Qui s'y maintint même depuis l'enfance, - qu'est-Elle ? Elle vécut dans le silence d'une manière surnaturelle depuis Son Enfance même, et à cause de cela, Elle seule parmi toutes les femmes donna naissance - sans époux - à l'Homme-Dieu, le Verbe",
Et plus loin, il dit : "De ce fait aussi, la Très Pure, renonça en quelque sorte, aux logis et paroles terrestres, s'éloigna des gens et s'étant mise à l'écart d'une vie pleine de reproches, Elle choisit une vie invisible et sans communication avec quiconque, vivant en un lieu où nul n'avait le droit d'entrer. Là, libre de tout lien matériel, et renonçant à tout contact et à tout amour envers qui que ce soit, et ne montrant nulle pitié pour le corps, Elle concentra tout son esprit vers Lui, dans cette divine prière incessante, demeurant en Lui, avec attention. Et par ce moyen, repliée sur Elle-même et se plaçant au-dessus de tout tumulte, au-dessus de toute pensée et simplement au-dessus de toutes apparences et choses, Elle ouvrit ce nouvel accès ineffable vers le Ciel, qui est, je le dirai, le silence des pensées. Et s'appliquant avec courage à ceci, et s'y efforçant en Son intellect, Elle S'éleva au-delà de toutes les créatures et vit bien mieux que Moïse la gloire de Dieu et Elle vit aussi que la gloire Divine n'était en aucune façon liée au pouvoir des sens - sainte et joyeuse vision des âmes et des intellects purs - dont Elle est, selon les Divins chantres - partageant une nuée véritable d'eau vive, et l'Aube du jour de l'intellect, et le chariot de feu du Verbe.
Par ces mots du divin Grégoire Palamas, celui qui est intelligent peut comprendre, aussi clairement que le soleil brille, que la Très Pure Vierge Mère de Dieu, demeurant dans le Saint des Saints, par le biais de la prière mentale, accéda aux suprêmes sommets de la vision Divine. Et, renonçant au monde pour l'amour de la paix, par le silence sacré de l'intellect, des pensées, en concentrant Son intellect dans l'incessante Divine prière et l'attention et en accédant par l'activité à la Divine vision, Elle S'offrit au Divin et Angélique ordre monastique comme exemple de vie attentive à l'être intérieur, de telle sorte que, ayant renoncé au monde et considérant Sa très fervente lutte, selon leur force et Ses prières, ils puissent l'imiter pendant les labeurs et les tâches de la vie monastique déjà mentionnés. Mais qui pourrait d'une manière digne louer la divine prière du coeur, dont la Mère de Dieu Elle-même, instruite par le Saint Esprit fut l'artisane, pour le bénéfice et l'avancement (spirituel) des moines !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
THE SCROLL
Containing
SIX CHAPTERS ON MENTAL PRAYER
By Our Father of Blessed Memory [saint]
STARETZ PAISIUS VELITCHKOVSKY
Orthodox Word
Saint Herman of Alaska Brotherhood,
Platina,
California, USA
1972
*
(Gravure de saint Païssy:
Dominique Aymonier-Lopez)
*