"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 17 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (6 et fin)


Si vous ne voulez pas d’afflictions, 
alors ne péchez pas !

Si vous ne voulez pas d’afflictions, alors ne péchez pas, et repentez-vous sincèrement de vos péchés et de l'injustice, et ne faites aucun mal à votre prochain, ni en acte, ni en parole,  ni même en pensée. Allez à l'église plus souvent, priez et traitez les autres avec miséricorde, et ensuite le Seigneur aura pitié de vous, et si cela est utile, il vous libèrera de vos afflictions.

Guérison pour la tristesse et le chagrin

Le remède à la tristesse et à la douleur, est la prière, la psalmodie et l'action de grâce au Seigneur. Si vous vous forcez à lire le Psautier avec attention, et si vous y joignez souvent la Prière de Jésus et les prières à la Mère de Dieu et à tous les saints, alors votre chagrin disparaîtra et vous en recevrez un grand bénéfice spirituel.

Lorsque vous vous battez avec la tristesse ou le découragement obligez vous à dire mentalement: "Gloire à Toi, ô Dieu, gloire à Toi, ô Dieu! Je te remercie, Seigneur, de ce que Tu m'as envoyé  cette maladie pour le salut de mon âme. Gloire à Toi, Seigneur, gloire à Toi !" 
Dites une centaine de fois ces quelques paroles, avec conviction, de tout votre cœur, et dans un court laps de temps vous ressentirez un soulagement dans votre cœur, la paix et la tranquillité, la force et la patience. C’est un signe de la Visitation de la grâce de Dieu.

La meilleure Voie est la Voie du milieu

Si nous sommes trop contrariés par des difficultés externes, c’est un signe de manque de foi; si on est trop bouleversé par les difficultés internes, c’est un signe d’orgueil.

N’exigez pas de vous plus que ce dont vous êtes capables. Espérez en la miséricorde de Dieu et non pas en vos propres vertus.

Ne surchargez pas votre corps de trop de labeurs [ascétiques]. La meilleure voie est la voie du milieu. Un corps sain et un corps trop faible sont également un obstacle.

Ce ne sont pas les œuvres, 
mais l'humilité qui incline le Seigneur à la miséricorde.

Le succès dans la vie spirituelle n’est pas mesuré par les consolations spirituelles qui pourraient venir du Malin, mais par la profondeur de l'humilité.
Ce ne sont pas les œuvres, mais l'humilité qui incline le Seigneur à la miséricorde.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [52]


L'âme a ses saisons
En attendant au Royaume
L'éternel printemps
Haïjin Pravoslave

Sans commentaires!

vendredi 16 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (5)




La seule Voie : la patience dans la souffrance

Il ne reste qu'une seule voie pour notre temps: la patience dans la souffrance.

Il y aura pas d’exploits spirituels [podvigs] personnels pour ceux qui cherchent le Royaume de Dieu. Trouver le salut ne viendra que par la patience dans la maladie et la douleur. Et pourquoi pas par les exploits spirituels? Parce que les gens n’auront pas l'humilité et sans l'humilité les exploits spitrituels [podvigs] apportent plus de mal que de bien, et peuvent même tuer l'homme, car ils causent involontairement une haute opinion de soi-même pour celui qui a œuvré, et ils apportent l’illusion spirituelle [prelest].

C’est seulement avec la direction spirituelle des gens très expérimentés que tel ou tel exploit spirituel peut être autorisé, mais nous n’en disposons pas maintenant, ils ne peuvent pas être trouvés. Maintenant, le Seigneur Lui-même est notre guide, avec les livres pour ceux qui en ont et qui partiellement peuvent les comprendre. Comment le Seigneur guide-t-Il? Il permet la persécution, les abus, les maladies et la vieillesse prolongée avec ses fardeaux et ses infirmités.

Les afflictions nécessaires pour le salut d'un homme peuvent être reçues soit plus facilement ou plus difficilement en fonction de notre constitution. Si un homme accepte sur la foi de la parole de Dieu la nécessité et l'inévitabilité des afflictions pour le salut, s'il reconnaît ses innombrables péchés en paroles, en actes, et en pensée, et se considère comme méritant pleinement non seulement ces peines envoyées, mais même de plus grandes, s’humiliant devant Dieu et les hommes, alors son affliction va devenir plus facile.

Si l'homme murmure au sujet de ses afflictions et de ses maladies et cherche le responsable de ces afflictions dans les personnes, les démons et les circonstances, en utilisant tous les moyens pour essayer de les éviter, alors l'Ennemi l'aidera en cela, lui montrant le responsable présumé (autorités, ordres, prochains, etc.), et suscitera l'hostilité et la haine et le désir de vengeance, de le frapper, et ainsi de suite.

Les gens et les circonstances sont simplement des instruments de Dieu, souvent ils ne pas comprennent pas ce qu'ils font.
L'homme croyant et sage utilise l’affliction, pour avoir un grand succès dans la vie spirituelle, mais l'homme sans sagesse qui regimbe,  perd la possibilité de l'acquérir, se blesse lui-même, troublant à la fois son corps et son âme.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [52]


Le temps du Royaume
Vient à nous dans la prière
Pour nous sanctifier
Haïjin Pravoslave


jeudi 15 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (4)


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Lisez plus de bons livres

Je vous le conseille à nouveau: lisez plus de bons livres. Il a peu de gens qui puissent vous être bénéfiques, et ils sont toujours occupés ou malades, mais vous pouvez toujours lire un livre.

Ne craignez rien

Ne craignez rien. Incluez en vous la pensée que dans le monde entier pas même le moindre mouvement ne se fait sans la connaissance et la permission de Dieu.
Le Seigneur guide et organise les circonstances de telle façon qu'il est plus facile pour un homme d'être sauvé.
Parfois, l'homme se trouve lui-même dans de telles circonstances que dans une ville donnée, dans un lieu donné, il ne peut pas trouver le salut. Alors le Seigneur arrange pour lui que se pose la nécessité pour lui ou sa famille de déménager ailleurs. Là, il rencontre des croyants qui deviennent ses amis. deviennent croyants et facilitent le renforcement de sa foi. Là, peut-être, se révélera être une église proche ou des fidèles qui aideront sa famille à trouver le salut.
Voici un homme souffrant d'alcoolisme et de dépravation. Tout son temps libre est gaspillé en recherche du plaisir de l'ivresse et de la débauche. Le Seigneur Miséricordieux voit, compatit pour sa famille, et Il a pitié de cet homme. Que faire avec lui? Le Seigneur lui envoie une telle maladie qu’il ne peut rêver ni de vodka, ni de  débauche. Au contraire, il commence à considérer son ancienne vie, son absence de sens, et il commence à se repentir de ses péchés, les confessant, et de cette façon il est sauvé.
Si un homme ne peut pas, par exemple, vaincre la gloutonnerie, ou l'alcoolisme, ou la fornication, le Seigneur lui envoie une maladie. Un homme fier et pompeux sera rabaissé devant tous, de sorte qu’il deviendra le dernier des hommes aux yeux de tous. Si cet homme -chrétien, est lié à la terre et que toute sa force, tous ses désirs, tous ses rêves sont dirigés vers elle, que ce soit par la vérité ou le mensonge, le vol, la tromperie -par tous les moyens- pour acquérir la prospérité terrestre, alors le Seigneur lui ôtera tout ce qu'il a. Ainsi, pour toutes nos œuvres dans notre propre bataille avec le péché, le Seigneur envoie la douleur involontaire pour nous aider dans notre combat.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [52]


Garde la prière
Dans l'écrin pur de ton cœur
Et vis dans la Grâce.

Haïjin Pravoslave

mercredi 14 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (3)




Ne jugez personne

Ne parlez jamais en mal ou ironiquement de quiconque… vos paroles peuvent même être prononcées sans dépit ou mauvaise volonté, mais par inattention, ou tout simplement comme une plaisanterie, et alors vous avez gagné  un ennemi.

Le chemin vers le salut est repentance pour vos péchés, et non pas jugement des autres. Si quelqu’un juge les autres, alors cela signifie qu’il n’est pas conscient de ses propres péchés et n'a pas de repentance. Et inversement, le non-jugement des autres est un signe de conscience de nos péchés et de repentance. 

Prenez soin de ce qui vous avez été confié; ne vous embêtez pas avec les affaires des autres; gardez le silence autant que possible; ne mettez jamais sur les autres un fardeau; comme un rocher dans la mer, que toutes les paroles que vous entendez se noient en vous-même; soyez miséricordieux envers tous, et dites adieu à tous dans votre âme, et en réalité vous avez une telle opportunité.

Fermez vos yeux aux péchés des autres, mais s'il est impossible de ne pas les voir, alors priez pour ces pécheurs, comme pour vous-même, que le Seigneur leur pardonne, et vous recevrez la Grâce du Seigneur.

Ceux qui nous offensent sont nos meilleurs maîtres

Il est également nécessaire que quelqu'un nous offense, mais pas sans fondement, et révèle, sans exagérer cependant, nos manquements. 

Je ne parle pas en théorie, mais j’ai moi-même plus d'une fois expérimenté ce bénéfice, et je le dis avec une totale conviction :  ceux qui nous offensent sont nos meilleurs maîtres.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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Higoumène Nikon Vorobiev, Lettres spirituelles. Avant-propos de Jean-Claude Larchet. Introduction d’Alexei Ossipov, professeur à l’Académie théologique de Moscou. Collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », Lausanne, 2015, 469 p.


L’higoumène Nikon Vorobiev (1894-1963) est l’un des pères spirituels les plus célèbres de la période communiste en Russie. Il fut notamment le père spirituel du célèbre professeur de l’Académie théologique de Moscou Alexei Ossipov, et de Mère Magdalena (Nekrassova) du monastère de Bussy.De ses trois cent quarante lettres qui ont été conservées et sont publiées ici, se dégage un enseignement spirituel fort, cohérent, profondément ancré dans la Tradition ascétique de l’Église orthodoxe, mais qui sait cependant tenir compte des particularités et des difficultés de notre époque. Par le biais de la diversité de ceux à qui il s’adresse (prêtres, moines ou moniales, laïcs, hommes ou femmes, jeunes et vieux, personnes menant une vie pieuse ou en difficulté et en recherche…), cet enseignement aborde une grande variété de sujets concrets relatifs à la vie spirituelle et peut contribuer à aider pratiquement tous les types de lecteurs dans leur propre cheminement.Le thème central et récurrent de ces lettres est la pénitence, qui est avant tout, selon le Père Nikon, la conscience douloureuse permanente que l’homme doit prendre de son état d’éloignement de Dieu. C’est là, selon lui, le seul moyen de parvenir à l’humilité et de développer un amour authentique de Dieu et du prochain.Mais bien d’autres thèmes parcourent ce livre qui révèle une conception de la vie chrétienne « selon l’esprit » et non « selon la lettre », sachant allier la modération dans l’ascèse bien comprise à l’exigence la plus rigoureuse dans la pratique des idéaux chrétiens.

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L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [51]




Que ton jour se lève
Dans la prière du cœur
Et procède en Grâce.

Haïjin Pravoslave

mardi 13 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (2)


La flamme du véritable "moi"

Les gens sont en essence, meilleurs que dans les manifestations que nous voyons de leur vie.

Nous sommes tous recouverts d’ordures, mais néanmoins la flamme du « moi » véritable brille sous celles-ci.

L’hostilité rend inutile tous nos actes

J'ai été pendant si longtemps dans l’hostilité que cela rendait inutiles tous mes actes. Le Seigneur ne reçoit ni la prière ni la repentance ni la charité de l'homme qui éprouve de l’hostilité pour les autres.

Il n'y a pas de vérité terrestre qui puisse justifier l'hostilité. Je dis "terrestre" parce que la vérité céleste donne à la fois la paix intérieure et extérieure. 

Si quelqu'un que vous considérez comme votre ennemi meurt, vous souffrirez, parce que tôt ou tard vous ressentirez votre culpabilité. Habituellement, elle se manifeste pendant la prière. 

Si (à Dieu ne plaise !) vous mourez dans l'hostilité, alors sachez que toutes vos bonnes œuvres et tout votre espoir de salut périront. Vous tomberez dans les mains de la haine que vous avez semée. Le Royaume des Cieux est un royaume d'amour et de paix. L’hostilité ne peut pas y entrer.

Si nous voulons quelqu'un se dépasse et modifie son attitude envers nous, alors nous devrions d'abord bannir nous-mêmes de nos cœurs tout sentiment négatif envers lui. Alors le Seigneur l’en informera dans son cœur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [50]


Cherche le Seigneur
Dans le sacrement du frère
Et tu le verras.

Haïjin Pravoslave

lundi 12 septembre 2016

Staretz Nikon [Vorobiev]: Conseils spirituels (1)

Staretz Nikon

Le 7 septembre, nous [avons commémoré] l’higoumène Nikon (1894-1963). Père Nikon (dans le monde Nikolai Nikolaevitch Vorobiev) est né en Russie tsariste et il est devenu témoin de tous les grands et tragiques événements du XXe siècle: la révolution, plusieurs guerres, la répression, les bouleversements sociaux et les découvertes scientifiques.


Fils de paysan, intelligent et talentueux, il se distinguait de ses six frères par son sérieux, son honnêteté particulière, son humilité et sa disposition bienveillante. Il voulait toujours aller à l'essentiel, découvrir le sens de la vie. Il n'a jamais été une personne superficielle, mais il fut toujours à la recherche de choses profondes. Père Nikon a gardé tout au long de sa vie ces caractéristiques.

Il avait déjà été prédit dans son enfance qu'il serait moine, et étant devenu moine dans les années de fermeture des monastères et de destruction des églises, il lutta dans l’ascèse jusqu'à la fin de ses jours dans le monde, dans une paroisse.

Il survécut à l'arrestation, à l'emprisonnement et à l'exil dans les camps de Sibérie. Il vécut comme un ascète, avec la plus grande rigueur pour lui-même, et avec amour pour les autres. Il acquit la prière incessante de Jésus et le don spirituel de discernement. Ses conseils sur la vie spirituelle étaient basés sur son expérience personnelle et pleins de la lumière de la Grâce de Dieu.

Paix de l'âme et attitude avec les autres
Ne quittez pas le Seigneur jusqu'à ce qu'Il vous ait pardonné et vous ait accordé la paix de l'âme. La paix de l'âme est un signe du pardon du Seigneur.

Préservez la paix avec vous-même, et ensuite avec les autres.

Il est préférable de se ruiner dans les affaires, mais de maintenir la paix avec les autres. Ne l'oubliez pas.

Essayez de vivre avec tout le monde afin qu’ils soient consolés et vous quittent en remerciant le Seigneur pour votre existence.

Les péchés contre notre prochain pèsent très lourdement sur notre conscience. Le Seigneur pardonne ces péchés seulement lorsque nous avons nous-mêmes fait la paix avec notre prochain.

À mon avis, nous devrions être avec les gens comme un médecin avec les malades. Nous sommes tous malades de toutes sortes de maladies, c’est juste que l’une de ces maladies est plus évidente chez une homme, et une autre chez un autre homme.

Là, c'est-à-dire à l'hôpital, on ne réprimande pas quelqu'un qui est malade des poumons, du cœur, ou de l'estomac. on ne dit pas: "Oh, fripouille aveugle, malade des yeux! " Et de même il ne faut pas insulter quelqu’un d’autre pour ses maladies spirituelles, mais se soutenir et avoir pitié les uns des autres: "Portez les fardeaux les uns des autres, et accomplissez la loi de Christ, " dit l'Apôtre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [49]


Office Divin
Le Ciel descend sur la terre
Et l'Esprit dans l'âme.

Haïjin Pravoslave



dimanche 11 septembre 2016

Réflexion

Saint Samson de Dol

Sur terre, le Christ a accompli de grands miracles qui étonnèrent les foules.
A sa suite, par la grâce du Saint Esprit, les Apôtres, les Saints jusqu’à aujourd’hui n’ont cessé d’accomplir des miracles de toutes sortes : des grands, des petits, des connus, des inconnus, des visibles, des invisibles etc…
Mais ce que tous ces hommes attendent de moi, ce n’est pas seulement de courir d’une Eglise à l’autre pour vénérer les reliques, d’adorer les icônes des saints, de rencontrer des Anciens doués de charismes, de prendre position dans des disputes théologiques, de faire des conférences, d’écrire des livres, de me rendre dans des congrès religieux etc…
Tous les miracles accomplis depuis l’origine n’ont qu’un seul but : c’est que moi aussi j’accomplisse à mon tour le principal miracle qui me concerne, qui est de me repentir et de pleurer loin du regard des hommes l’immensité de mes péchés.
Et cela tout homme peut le faire. Qu’il soit riche ou pauvre, vieux ou jeune, moine ou laïc, rongé par la maladie ou en bonne santé, et ce quelle que soit sa nation et la couleur de sa peau ; oui tout homme peut se repentir et connaître la miséricorde divine.

C’est simplement cela que le Christ et ses Saints attendent de nous, et le reste sera donné par surcroît.

Un orthodoxe de Bretagne

L'Ami de Dieu/上帝的朋友 [48]


Toutes tes prières
Sont de petits pas vers Dieu
Même dans la nuit.

Haïjin Pravoslave

Prière de Jésus dite par le staretz Sophrony de Maldon

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

29 août / 11 septembre
12ème dimanche après la Pentecôte
Décollation de St Jean Baptiste
Jour de jeûne
Lectures : 1 Cor. XV, 1–11. Мatth. XIX, 16–26.  St Jean Baptiste : Actes XIII, 25-32 ; Mc. VI, 14-30 

LA DÉCOLLATION DE SAINT JEAN BAPTISTE
Saint Jean, le Précurseur et Baptiste du Seigneur, a reçu du Christ Lui-même le témoignage qu’il était le plus grand de tous les hommes nés de la femme et le premier parmi les prophètes. Alors qu’il était encore dans le sein de sa mère, il tressaillit de joie à l’approche du Messie que portait en elle la Toute-Sainte Mère de Dieu. Dès qu’il eut atteint l’âge adulte, lui dont le monde n’était pas digne (Hebr. XI, 38), se retira au désert, couvert d’un vêtement de poil de chameau et ceint d’une ceinture de cuir, signifiant la maîtrise de tous les élans de la chair. Ayant retrouvé, tel un nouvel Adam, l’état harmonieux de notre nature créée pour être tournée vers Dieu seul, il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, et vaquait à la contemplation l’esprit non troublé par les soucis de ce monde. L’an quinze du principat de Tibère César (29 ap. J-C), Jean, ayant entendu la Parole de Dieu dans le désert, se rendit dans la région du Jourdain, pour prêcher le repentir aux foules qui venaient à lui, attirées par sa vie angélique. Il les baptisait dans les eaux du Jourdain en signe de purification de leurs péchés, et pour les préparer à recevoir le Sauveur il les engageait à produire de dignes fruits de repentir, plutôt qu’à se vanter d’être fils d’Abraham. Et il disait, en reprenant les paroles du prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ; tout ravin sera comblé et toute montagne ou colline sera abaissée (…) et toute chair verra le salut de Dieu » (Is 40, 3-5). Comme le peuple se demandait s’il n’était pas le Sauveur attendu depuis des générations, Jean leur dit : « Pour moi je vous baptise avec de l’eau, mais vient plus grand que moi, Lui vous baptisera dans le feu et dans l’Esprit Saint. » Sa pureté et son amour de la virginité étaient tels qu’il fut jugé digne, non seulement de voir le Sauveur, dont il avait été institué le Précurseur, mais encore de le baptiser dans le Jourdain et d’être le témoin de la révélation de la Sainte Trinité. Saint Jean méditait sans cesse la Parole de Dieu et considérait toute chose de ce monde comme secondaire au regard de l’observation de la Loi divine, dont sa vie était la parfaite réalisation. C’est pourquoi il ne craignait pas d’adresser de violents reproches à Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée, homme impudique et débauché qui, contrairement à la Loi, avait épousé Hérodiade, la femme de son frère Philippe alors que ce dernier était encore en vie, et avait eu d’elle une fille, Salomé. Se faisant l’interprète de la conscience endurcie du pécheur, le prophète lui disait au nom de Dieu : « Il ne t’est pas permis d’avoir pour épouse la femme de ton frère. » C’est pourquoi Hérodiade nourrissait une rancune tenace contre Jean et voulait le tuer. Elle en était cependant empêchée par Hérode qui le protégeait, comme homme juste et saint, mais surtout par crainte du peuple qui l’honorait comme un envoyé de Dieu. Finalement la perfide Hérodiade parvint à ses fins et obtint de faire emprisonner le prophète dans la forteresse de Machéronte. Quand vint l’anniversaire de la naissance du roi, à l’approche de la Pâque, celui-ci convia les notables de son royaume à un grand festin, pendant lequel tous se livrèrent à la goinfrerie et à l’ivresse. Salomé dansa voluptueusement devant les convives de ce banquet de la vaine gloire, et elle plut au regard lubrique de son père qui s’engagea par serment à lui donner en récompense tout ce qu’elle demanderait, fût-ce la moitié de son royaume. Sur le conseil de sa mère, la jeune fille demanda qu’on lui apporte séance tenante la tête de Jean-Baptiste sur un plateau. Le roi se trouva embarrassé, mais à cause de son serment, et pour ne pas perdre la face devant ses convives, il se résolut à faire périr le Juste. La sentence fut aussitôt exécutée, un soldat alla décapiter saint Jean dans sa prison et rapporta bientôt dans la salle, sur un plat, son précieux chef encore sanglant, qui adressait un reproche silencieux à la faiblesse criminelle du roi. Salomé présenta ce trophée à sa mère, semblant lui dire : « Mange, ô ma mère, la chair de celui qui a vécu comme un incorporel, et bois son sang. Cette langue qui ne cessait de nous adresser des reproches se taira désormais à jamais ». Les disciples du saint vinrent prendre son corps et allèrent l’enterrer à Sébaste, puis ils allèrent en informer Jésus. Ce n’est que bien plus tard que les reliques du saint Précurseur furent retrouvées par miracle, afin de répandre la grâce sur les fidèles qui les vénèrent. Cet acte sanglant semble avoir été permis par Dieu, afin qu’après avoir été le Précurseur du Christ sur la terre, saint Jean-Baptiste le fût aussi dans le royaume des morts et aille annoncer aux justes morts dans l’espérance de la Rédemption, l’arrivée prochaine du Messie qui devait briser par la Croix les portes et les verrous des enfers. Par sa vie comme par sa mort, le Précurseur reste aussi pour tous les chrétiens un prophète et maître de vie spirituelle. Par sa conduite irrépréhensible, il leur apprend à lutter jusqu’à la mort contre le péché, non seulement pour le respect de la justice et l’observance de la Loi de Dieu, mais aussi pour progresser dans la vertu et la pureté du cœur. Toute conscience affinée par la méditation de la Loi de Dieu est donc semblable au Précurseur, et elle fraie en l’âme repentante les voies du Seigneur, afin de lui donner la connaissance du Salut.
Tropaire du dimanche, ton 3
Да веселя́тся небе́сная, да ра́дуются земна́я; я́ко сотвори́ дeржа́ву мы́ш-цею Cвое́ю Го́сподь, попра́е́ртiю cме́рть, пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви на́съ и подаде́ мípoви ве́лiю ми́лость.
Que les cieux soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.

Tropaire de St. Jean Baptiste, ton 2
Па́мять правéднаго cъ похвала́ми, тебѣ́ же довлѣ́етъ свидѣ́тельство Госпо́дне, Предтéче ; показа́лъ бо cя ecи́ вои́cтинну и проро́ковъ честнѣ́йшiи, я́ко и въ cтpyя́хъ крести́ти cподоби́лся ecи́ проповѣ́даннаго ; тѣ́мже за и́стину пострада́въ páдуяся, благовѣсти́лъ ecи́ и cу́щымъ во а́дѣ Бо́га я́вльшагося пло́тію, взéмлющаго гpѣ́хъ мípa, и подаю́щаго на́мъ ве́лію ми́лость.

Le souvenir du juste s’accompagne d’éloges. Mais à toi, Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. Tu as été vraiment le plus grand des prophètes, car tu fus jugé digne de baptiser dans les eaux Celui qu’ils avaient seulement annoncé. Aussi as-tu combattu courageusement pour la Vérité, heureux d’annoncer, même aux captifs des enfers, l’apparition du Dieu fait chair, qui ôte le péché du monde et nous fait grande miséricorde.

Kondakion de la décollation de St. Jean Baptiste, ton 5  

Предтéчево сла́вное ycѣкновéнie, cмотрéнie бы́сть нѣ́кое божéственное, да и су́щымъ во а́дѣ Спа́сово проповѣ́сть пришéствіе: да pыда́етъ у́бо Иродía беззако́нное yбíйство испроси́вши: не зако́нъ бо Бо́жiй, ни живы́й вѣ́къ возлюби́, но притво́рный, приврéменный.

La glorieuse décollation du Précurseur constitua un dessein divin : il devait annoncer la venue du Sauveur à ceux qui se trouvaient dans les enfers. Que se lamente Hérodiade, qui commanda le crime inique : elle n’aima point la loi de Dieu, ni l’éternité pleine de vie, mais le factice, l’éphémère.
Воскре́слъ ecи́́ днесь изъ гро́ба, Ще́дре, и на́съ возве́лъ ecи́ отъ вра́тъ cме́ртныxъ; дне́сь Ада́мъ лику́етъ и ра́дуется Éва, вку́пѣ же и проро́цы cъ патрiápxи воспѣва́ютъ непреста́нно Боже́ственную держа́ву вла́сти Tвоея́.
Aujourd’hui, ô Miséricordieux, Tu es ressuscité du Tombeau et Tu nous ramènes des portes de la mort. Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit. Tous ensemble, prophètes et patriarches, ne cessent de chanter la force divine de Ta puissance !
Kondakion du dimanche, ton 3

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LA DÉCOLLATION DE ST JEAN BAPTISTE

Je vous prie de considérer avec plus d’attention quelle est la demande de cette fille. «Donnez-moi, » dit-elle, « dans ce plat la tête de « Jean-Baptiste. » Voyez-vous l’effronterie? Entendez-vous l’organe du diable? Elle sait bien quel est celui dont elle demande la tête, puisqu’elle l’appelle « Jean-Baptiste, » et elle la demande néanmoins. Elle veut qu’on lui apporte dans un plat cette tête sacrée et bienheureuse, et elle en parle comme s’il ne s’agissait que d’un mets qu’on servirait sur une table. Elle ne donne aucune raison de cette demande barbare, parce qu’elle n’en a point. Elle met seulement sa gloire à se faire donner une satisfaction si cruelle et si malheureuse. Elle ne demande point qu’on fasse venir saint Jean et qu’on le tue devant tout le monde. Elle appréhendait trop sa force et sa liberté. La moindre de ses paroles l’aurait fait trembler, et la vue du glaive qui allait lui trancher la tête n’eût point empêché ce courageux prophète de parler. C’est pourquoi elle dit: «Donnez-moi ici dans ce plat la tête de Jean-Baptiste. » Elle veut voir sa tête, mais lorsque sa bouche sera muette. Elle la veut voir toute sanglante, non seulement pour s’assurer qu’elle ne lui fera plus de reproches, mais encore pour satisfaire sa vengeance en l’insultant. Dieu voit cela, mes frères, et Il l’accepte. Il ne lance point ses foudres sur cette malheureuse. Il ne réduit point en cendres ce front insolent et cette langue homicide. Il ne commande point à la terre de s’ouvrir pour abîmer ce prince et tous ses conviés avec lui. Il retient Sa justice en cette rencontre pour préparer à Son serviteur une couronne plus illustre, et pour laisser à tous ceux qui le suivraient une plus grande consolation dans leurs maux. Écoutons ceci, nous que la pratique de la vertu expose aux mauvais traitements des méchants. Un homme si admirable, un saint qui avait passé sa vie dans un désert, sous un habit si austère, sous un cilice; un prophète et le plus grand des prophètes, à qui le Fils de Dieu avait rendu ce témoignage qu’entre tous ceux qui étaient nés des femmes, il n’y en avait point de plus grand que lui : ce saint, dis-je, est sacrifié à la rage d’une femme impudique; sa tête est le prix de la danse d’une fille effrontée, et il est abandonné à ces furieuses, parce qu’il a soutenu avec vigueur la loi de Dieu. Pensons à ce grand exemple, et souffrons généreusement tout ce qui nous pourra arriver. Cette malheureuse femme était altérée du sang de l’innocent, et elle a le plaisir de le répandre. Elle voulait se venger de l’injure qu’elle croyait que saint Jean lui avait faite, et Dieu permet qu’elle se satisfasse comme elle l’avait désiré, et qu’elle se rassasie de sa vengeance. Qu’avait-elle à reprocher à ce saint homme? Il ne lui avait jamais fait la moindre réprimande, et il s’était toujours adressé à Hérode. Mais sa conscience criminelle lui fait sentir l’aiguillon du remords. C’est le bourreau qui la tourmente et qui la déchire. Ce qu’elle endure au dedans la rend comme furieuse au dehors. Elle remplit sa maison de confusion et d’infamie. Elle déshonore tout ensemble en elle-même sa fille et son mari mort, et découvre son adultère vivant; elle veut surpasser ses premiers excès par d’autres encore plus horribles. Il semble qu’elle dise à saint Jean: si tu ne peux souffrir de voir Hérode adultère, je le rendrai même homicide; et pour faire cesser tes reproches, je le forcerai à t’ôter la vie. Je vous appelle ici, vous tous qui donnez aux femmes un si grand pouvoir sur votre esprit. Vous qui faites des serments indiscrets sur des choses douteuses et incertaines, et qui creusez ainsi la fosse où vous devez être précipités, en rendant les autres les maîtres de votre perte. Car n’est-ce pas ainsi que périt Hérode? Il crut que dans une fête et dans un jour de joie, cette fille lui demanderait quelque chose qui fût proportionné à elle, au lieu où elle était, et au temps de cette réjouissance publique; bien loin de s’imaginer qu’elle dût demander une tête. Et cependant il fut trompé malheureusement, et sa surprise ne l’excuse point. Car si cette fille instruite par sa mère osa lui faire une demande plus digne d’une tigresse que d’une femme, c’était à lui à s’opposer à cette furieuse, et non pas à se rendre le ministre d’une cruauté si odieuse et si inouïe.