"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 décembre 2017

Les ascètes invisibles du Mont Athos





L'anachorète inconnu 
(Probablement un des anachorètes de l'Athos 
qui y vivent Invisiblement)

Quand je suis arrivé à la Sainte Montagne pour la première fois en 1950, je montais de Kavsokalyvia à Sainte-Anne lorsque je me suis égaré, et au lieu de prendre le chemin de Sainte-Anne, je suis monté vers le sommet d'Athos...

Après avoir parcouru un bon bout de chemin, je me suis rendu compte que j'étais trop haut et j'ai cherché un chemin pour redescendre rapidement. Étant dans un tel état anxieux, j'ai imploré la Mère de Dieu de m'aider et soudain, un anachorète avec un visage radieux est apparu devant moi. Il avait environ soixante-dix ans et ses vêtements montraient qu'il n'avait aucun contact avec les gens. Il portait une tenue qui semblait faite de toile de voile, mais elle était très délavée et pleine de trous. Il avait réparé les trous avec des poinçons en bois, comme les fermiers ferment des trous dans des sacs quand ils n'ont pas d'aiguille de sac et de ficelle. Il avait aussi un sac en cuir, décoloré, avec les trous fermés de la même manière. Il avait autour du cou une chaîne épaisse sur laquelle une boîte pendait sur sa poitrine. Il semble qu'il y avait quelque chose de sacré à l'intérieur!

Avant que je ne le puisse lui demander, il m'a dit: "Mon enfant, ce n'est pas le chemin de Sainte-Anne", et il a indiqué le bon chemin. Par toute son apparence, il semblait que c'était un saint! Alors, j'ai demandé à l'ermite: "Où vis-tu géronda?" Il a répondu: "Quelque part autour de là", indiquant le pic de l'Athos.

Puisque que je me promenais à gauche et à droite en essayant de trouver un staretz pour m'informer spirituellement, j'avais oublié quel jour c'était et j'avais perdu la trace de la date. J'ai demandé à l'ermite et il m'a dit que c'était vendredi. Puis, il sortit une petite pochette en cuir avec des morceaux de bois à l'intérieur. A partir des encoches, il a pu me dire la date. Je pris sa bénédiction, descendis sur le chemin qu'il m'avait montré et j'arrivai  à la skite de Sainte-Anne. Pendant tout ce temps, je retournais dans mon esprit le visage clair de l'anachorète, brillant de lumière.

Plus tard, quand j'ai entendu dire qu'il y avait douze anachorètes au sommet de l'Athos - certains n'ont dit que sept - des pensées me sont venues à l'esprit et j'ai raconté l'incident à quelques startsy expérimentés, qui m'ont dit: «Cela devait être l'un des anachorètes vertueux qui vivent invisiblement au sommet de l'Athos!

(in Pères Athonites et Matières Athonites, Saint Paisios du Mont Athos, Saint Couvent de l'Evangéliste Jean le Théologien, Souroti, Thessalonique - 1999)


Un moine contemporain du Mont Athos, le père Athanase du monastère de Simonopetra, a une conversation avec le staretz Païssios en 1974 au sujet des ascétes nus et invisibles qui vivent sur le Mont Athos aujourd'hui. 

Dans cette conversation, le staretz Païssios dit au Père Athanase qu'il y a environ cinquante moines aujourd'hui sur le Mont Athos qui ont atteint un très haut niveau de spiritualité. Quand le Père Athanase demande au Père Païssios pourquoi ils n'ont pas été révélés au monde, le Père Païssios répond: "parce que Dieu n'a pas déterminé que le moment est venu de les révéler au monde." Et tu devrais savoir qu'il existe des exemples de sainteté sur le Mont Athos qui sont à un niveau [spirituel]beaucoup plus élevé que les ascètes nus et invisibles."

Père Païssios ne voulait pas que nous parlions de ces ascètes, parce qu'ils ne veulent pas de telles gloires, comme il nous le disait. Ils sont vraiment intelligents, suppliant Dieu et Lui disant: 'Mon Dieu, ne nous donne pas la gloire sur cette terre, mais garde-la pour la prochaine vie, afin que nous puissions y être glorifiés avec Toi. Ne nous fais pas connaître ici-bas, mais au Ciel."

Leur mission est la prière continue en faveur du monde entier. Ils vivent dans les zones désertiques du Mont Athos et ils sont invisibles aux yeux des humains. Ils apparaissent seulement à qui ils veulent, et pour être plus précis, surtout aux pieux moines et pèlerins qui ont une vie pure et chrétienne... ils possèdent la grâce de dire une prière et de devenir invisibles.

Selon la tradition, ces ermites nus seront ceux qui accompliront la dernière Liturgie au sommet de l'Athos, et après la Divine Liturgie, après le 'Par les prières de nos saints Pères ...', la fin du monde viendra, c'est-à-dire la Seconde Venue de Christ. En fait, ceux-ci ne goûteront pas la mort, mais ils seront changés, transformés, et ils seront encore plus transfigurés par la Grâce de Dieu."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Le patriarche de Moscou s’est exprimé au sujet du Concile de Crète



Dans son exposé à l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe russe, le patriarche de Moscou Cyrille a abordé notamment le Concile de Crète. Nous publions ci-après la traduction du passage en question.

« Depuis la dernière Assemblée des évêques se sont produits des événements qui ne sont pas sans importance dans le domaine des relations inter-orthodoxes. Le Concile panorthodoxe avait été prévu pour juin 2016 en Crète. Sa préparation, comme vous le savez, a été menée pendant de nombreuses décennies. Les questions liées à la participation [de l’Église orthodoxe russe, ndt] au Concile panorthodoxe ont constitué le sujet principal de l’ordre du jour de l’Assemblée des évêques [de l’Église orthodoxe russe, ndt] qui s’est tenue au mois de février de l’an passé. La majorité de leurs Éminences les archipasteurs présents ici étaient membres de cette Assemblée et se souviennent que nous avions pris connaissance des projets des documents conciliaires qui, peu avant, avaient été publiés sur l’insistance de l’Église orthodoxe russe. Ils se souviennent aussi que nous avions approuvé, sur le principe, la participation du Concile qui devait avoir lieu. Ce faisant, l’Assemblée des évêques exprimait sa « conviction que la condition indispensable au déroulement du Concile panorthodoxe était la libre participation à celui-ci des délégations de toute les Églises orthodoxes autocéphales communément reconnues», tandis qu’était mentionnée l’importance particulière «de la résolution, avant le Concile, du problème qui avait surgi dans les relations mutuelles des Patriarcats d’Antioche et de Jérusalem». L’Assemblée des évêques, a confirmé ipso facto la position que l’Église russe avait prise de façon conséquente lors du processus préconciliaire.

Les représentants du Patriarcat de Moscou ont participé activement à toutes les mesures de préparation qui s’en sont suivies. La délégation de notre Église a été formée par le Saint-Synode. Cependant, le développement des événements nous a contraints, peu avant la date arrêtée pour l’ouverture du Concile, à renoncer à y participer. La condition indispensable à la tenue du Concile panorthodoxe, déclarée par notre Аssemblée des évêques de 2016 s’est avérée non réalisée.

Le 1er juin 2016, l’Église orthodoxe de Bulgarie a appelé à reporter le Concile et a déclaré qu’elle n’y participerait pas dans le cas où celui-ci aurait lieu dans les délais indiqués. Quelques jours après, les Églises d’Antioche et de Géorgie ont fait des déclarations semblables, ainsi que l’Église orthodoxe serbe, qui a toutefois changé sa décision et a participé au Concile. Les raisons qui ont incité ces Églises à une telle décision, a été l’apparition, dans plusieurs Églises orthodoxes, de remarques critiques sur les projets de documents conciliaires qui furent publiés après l’achèvement des travaux de la réunion des Primats des Églises orthodoxes à Chambésy en janvier 2016, ainsi que l’absence prolongée de communion entre les Patriarcats d’Antioche et de Jérusalem, que l’on n’a pas réussi à surmonter durant la période préconciliaire, non plus que jusqu’à présent. Il est nécessaire de souligner que l’Église d’Antioche a annoncé depuis le début qu’elle ne participerait au Concile panorthodoxe que dans le cas, où le conflit avec l’Église de Jérusalem concernant la dispute au sujet de la juridiction ecclésiastique sur le Qatar serait résolue en temps utile. C’est pour cette raison que ni les décisions de la Réunion des primats à Constantinople en 2014, fixant la convocation du Concile pour 2016, ni les décisions des Primats prises à Chambésy l’année passée, fixant la date exacte de sa réalisation, n’ont été signées par les représentants de l’Église d’Antioche. Celle-ci n’a pas non plus signé le règlement d’organisation et des travaux du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, élaboré à Chambésy.

Dans de telles conditions complexes, ont eu lieu deux sessions extraordinaires du Saint-Synode de notre Église. Lors de la session du 3 juin, il a été décidé d’envoyer à S.S. le patriarche de Constantinople Bartholomée et aux primats de toutes les Églises orthodoxes une proposition de procéder à une consultation panorthodoxe préconciliaire extraordinaire, durant laquelle on s’efforcerait de parvenir à un accord portant sur les questions de principe. Lors de cette session, le Synode a fait remarquer que l’absence de participation de ne serait-ce qu’une des Églises orthodoxes autocéphales communément reconnues « constituerait un obstacle insurmontable pour la réalisation du Saint et Grand Concile». Le Synode a confirmé les corrections apportées par notre Église aux deux projets de documents conciliaires qui ont appelé le plus de remarques critiques, « formulées sur la base des jugements exprimés par les hiérarques, les membres du clergé et de l’ordre monastique et des laïcs».

Malheureusement, la proposition de l’Église russe concernant la convocation d’une consultation panorthodoxe extraordinaire n’a pas été acceptée. Le 13 juin, moins d’une semaine avant la date fixée pour l’ouverture du Concile, les membres du Synode se sont réunis en session extraordinaire à Moscou et, après avoir étudié attentivement la situation, on adopté une déclaration spéciale « Sur la situation survenue en relation avec le refus de nombre d’Églises orthodoxes locales à participer au Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe ». Dans cette déclaration étaient décrits en détails les événements qui s’étaient produits au cours du processus préconciliaire depuis le moment de la réunion des Primats à Chambésy en janvier 2016, et était exposée la position argumentée du Patriarcat de Moscou. En outre, était communiquée la décision du Synode de soutenir la proposition des Églises susmentionnées de reporter le Concile au moment «qu’il conviendra ultérieurement de fixer selon les résultats des discussions panorthodoxes et à la condition sine qua non de l’accord des Primats de toutes les Églises orthodoxes autocéphales communément reconnues». Le Synode, à son grand regret, a reconnu impossible la participation au Concile de la délégation de l’Église russe dans le cas où celui-ci serait malgré tout convoqué dans les délais fixés précédemment. Comme nous le savons, le Concile de Crète a néanmoins eu lieu, et dix Églises locales autocéphales orthodoxes communément reconnues y ont participé (je rappelle que le statut autocéphale de l’Église orthodoxe en Amérique n’est pas reconnu actuellement par tous dans le monde orthodoxe).

La décision de ne pas participer au Concile était complexe, mais je suis convaincu que c’était là la seule décision possible dans une telle situation. Depuis le début même de la préparation, durant de nombreuses années, du Saint et Grand Concile, celui-ci était conçu comme le Concile de toute l’Église orthodoxe, comme un Concile auquel participent tous les représentants de toutes les Églises orthodoxes locales communément reconnues, en tant que Concile appelé de façon visible à manifester au monde l’unité de l’Orthodoxie. Il est évident que suite à l’absence de participation de nombre d’Églises en Crète, cet objectif est resté non réalisé. Le principe de consensus de tous les participants au processus préconciliaire a été ici transgressé de toute évidence.

En outre, la question se pose du comptage des votes de ceux qui ont participé au Concile. Par exemple, le document « Relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien», qui a appelé le plus de remarques critiques dans les Églises locales, n’a pas été signé par 17 des 24 évêques de la délégation de l’Église orthodoxe serbe. Malgré cela, le document en question est considéré comme officiellement adopté par le Concile de Crète, dont l’Église-sœur serbe. Tout cela pose la question non seulement de l’observance de la procédure confirmée de façon panorthodoxe au Concile de Crète, mais aussi à quel point les documents qui y ont été adoptés reflètent un consensus authentique, une unanimité authentique, dans notre famille orthodoxe.
Je m’arrêterai brièvement sur les décisions des Églises orthodoxes locales liées au Concile de Crète, adoptées par les Églises qui n’y ont pas participé.

Le jour suivant l’achèvement des travaux du Concile, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe d’Antioche a adopté une déclaration selon laquelle le Concile de Crète n’est pas reconnu comme « Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe», mais seulement comme «réunion préalable sur la voie du Concile panorthodoxe». Il a été constaté que les documents adoptés en Crète n’ont pas un caractère définitif, qu’ils sont ouverts pour des discussions ultérieures, et ne sont pas obligatoires pour le Patriarcat d’Antioche. Les membres du Synode de l’Église d’Antioche ont décidé à l’unanimité de « refuser d’attribuer le caractère conciliaire à toute rencontre orthodoxe, à laquelle ne participent pas toutes les Eglises orthodoxes, et soulignent, que le principe d’unanimité reste la relation fondamentale immuable entre tous les orthodoxes. Sur cette base, l’Église d’Antioche refuse d’appeler la rencontre de Crète «Grand Concile orthodoxe» ou «Grand et Saint Concile».

Le Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie, qui s’est réuni en novembre de l’an passé, a constaté que le Concile de Crète « n’est ni Grand, ni Saint, ni Panorthodoxe », en raison de l’absence de nombre d’Églises autocéphales, et aussi de fautes organisationnelles et théologiques qui y ont été permises». Une attitude critique a été exprimée envers certains documents adoptés au Concile qui « nécessitent une discussion théologique ultérieure, dans le but de corrections, de nouvelles rédactions ou de remplacement par d’autres (nouveaux documents)».

En décembre 2016, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Géorgie a exprimé son attitude envers le Concile de Crète. Ses décisions coïncident entièrement avec la décision du Patriarcat d’Antioche, que j’ai déjà citée. Dans les décisions du Synode (de l’Église de Géorgie), il est souligné que le Concile de Crète «ne peut être appelé Concile général, panorthodoxe», à partir du moment où «les représentants de quatre Églises orthodoxes locales n’ont pas participé» à ses travaux. Il est constaté la transgression du principe du consensus et est souligné que « les décisions du Concile de Crète ne peuvent être obligatoires pour l’Église orthodoxe de Géorgie». Le Synode fait remarquer que dans les documents adoptés en Crète «ne sont pas exprimées en réalité les remarques fondamentales présentées par les Églises», d’où la nécessité de procéder à leur révision et leur correction.

Les résultats du Concile réuni en Crète ont été discutés lors de la session du Saint-Synode de notre Église le 15 juillet de l’an passé. Mentionnant que « le principe consensuel constituait la base de la coopération panorthodoxe au cours de tout le processus conciliaire », le Synode a constaté que « la réalisation du Concile en l’absence d’accord de la part d’une série d’Églises autocéphales transgresse ce principe, à la suite de quoi le Concile qui a eu lieu en Crète ne peut être considéré comme panorthodoxe, et les documents qui y ont été adoptés ne peuvent être considérés comme exprimant un consensus panorthodoxe». En même temps, le Saint-Synode a reconnu que « le Concile qui a eu lieu en Crète, auquel ont participé les représentants et les hiérarques de dix des quinze Églises orthodoxes autocéphales a été un événement important dans l’histoire du processus conciliaire dans l’Église orthodoxe, qui a commencé par la Première Conférence panorthodoxe de Rhodes en 1961».

Le Saint-Synode de notre Église, lors de la même session, a confié l’étude des documents adoptés en Crète à la Commission synodale biblique et théologique, qui a préparé une conclusion à ce sujet. Elle est maintenant présentée pour examen au Concile des évêques. Vous pourrez trouver cette conclusion dans le dossier que chacun de vous a reçu lors de votre inscription.

La Commission a comparé les copies des documents du Concile de Crète reçus par nous avec les textes préconciliaires qui avaient été précédemment examinés par l’Assemblée des évêques de février 2016. Les documents « L’importance du jeûne et son observance aujourd’hui » et « L’autonomie et la manière de la proclamée», ont été adoptés par le Concile de Crète sans qu’il y soit apporté des amendements substantiels. L’analyse du document « Relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien » a montré qu’en général il a subi des changements dans le bon sens, en prenant compte des critiques exprimées à son sujet. C’est ainsi qu’a été introduite dans le document la mention importante du rejet de l’uniatisme. Néanmoins, de nombreuses formulations restent insuffisamment claires et sont insatisfaisantes. Elles peuvent être comprises dans le sens qu’il est question du rétablissement de l’unité des chrétiens, et non du rétablissement de l’unité avec l’Église des communautés chrétiennes qui s’en sont séparées. C’est précisément ainsi que le texte conciliaire a été compris par certaines critiques du document. Malheureusement, nos amendements n’ont pas été pris en compte.

La terminologie du document « Le sacrement du mariage et ses empêchements » nécessite également des éclaircissements. En partie, il ne ressort pas clairement ce que signifie le terme « union civile » entre personnes de sexe différent qui, comme cela figure dans le document, n’est pas reconnue possible par l’Église.

Le document « Mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain » comprend, comme précédemment, une série de formulations ambiguës, sans la révision desquelles le document ne peut être reconnu pleinement satisfaisant.

L’imprécision, demandant des clarifications, est présente aussi dans la nouvelle formulation introduite lors du Concile, dans le document « La diaspora orthodoxe ».

Les documents « Message du Concile » et « l’encyclique », préparés et adoptés directement lors du Concile contiennent également une série d’expressions qui ne sont pas entièrement claires. J’ai la conviction que notre Église ne peut être d’accord avec certaines d’entre elles. En même temps, le concept des questions sociales, exprimé dans les messages du Concile, ne contredit nullement l’enseignement social de l’Église orthodoxe russe.

Le présent Concile des évêques, entre autres décisions importantes, doit exprimer l’attitude de notre Église à l’égard du Concile qui a eu lieu en Crète ainsi qu’aux documents qui y ont été adoptés. Ce faisant, je voudrais particulièrement souligner que les discussions et même les différends dans notre famille orthodoxe au sujet du Concile de Crète n’ont pas assombri les interactions des très saintes Églises orthodoxes. La célébration commune de la divine Liturgie, la participation aux rencontres et manifestations inter-orthodoxes, tout comme auparavant, unit toutes les Églises autocéphales, qu’elles aient participé au Concile ou s’en soient abstenues. Je me réjouis qu’en ces jours nous attendions la venue à Moscou, sur mon invitation, de nos chers confrères, les Primats et les membres des délégations des Églises-sœurs, afin que nous commémorions ensemble les événements importants pour nous. Chaque fois que nous nous tenons devant l’Autel divin, nous ressentons clairement que nous constituons une seule sainte Église orthodoxe.

Terminant ma revue des événements importants du processus préconciliaire, je voudrais exprimer ma certitude que la tenue d’un Concile authentiquement panorthodoxe, faisant autorité dans le monde orthodoxe entier, constitue l’attente de toutes les très saintes Églises orthodoxes. Je suis convaincu que la préparation d’un tel Concile doit être conjuguée avec la participation libre de toutes les Églises autocéphales et la rédaction de textes conciliaires dans le respect égal de l’opinion de chaque Église locale, même la plus petite selon le nombre de ses fidèles, ainsi qu’avec la disposition de changer les formulations dans les documents qui appellent les plus grandes critiques dans l’une ou l’autre des Églises. Je présume que c’est seulement dans ce cas que peut avoir lieu le Saint et Grand Concile, apte à devenir celui qui doit être – la voix concordante, forte et une de l’Église orthodoxe universelle.

Traduit pour Orthodoxie.com

vendredi 1 décembre 2017

PERE MACARIE DRAGOI: Le père Rafail (Raphaël)

Père Raphael

Le père Rafail est né en 1942 et est le fils du grand philosophe roumain, Constantin Noica. Au sein de sa famille, il n’a reçu qu’une éducation chrétienne orthodoxe assez sommaire. À l’âge de 13 ans, il quitte la Roumanie et part pour l’Angleterre avec sa mère (anglaise) et sa sœur, pour compléter son éducation. L’âge des tâtonnements se manifeste chez lui également au plan spirituel, car il cherche à s’accomplir au contact de plusieurs confessions occidentales. Un jour, il sent, selon ses propres paroles, « telle une lumière dans mon âme, la pensée de revenir à l’orthodoxie. Elle me convenait le mieux, sans y trouver d’explication logique. »

Il rencontre providentiellement l’Archimandrite Sofrony Saharov (1896-1993), l’Abbé du Monastère d’Essex, en Angleterre, qui le déterminera à choisir la vie monastique. En 1961, il revient à l’orthodoxie et en 1965, il a été ordonné moine au même monastère, le monachisme étant pour lui :

« la réponse aux questions que je me posais dans mon enfance et avec le temps, j’ai compris que c’est la mort qui détient le sens de la vie et je vois maintenant que notre vie ici-bas n’est que la seconde étape de notre transfert de la non-existence à l’éternité où Dieu nous appelle. »

En 1993, le père Rafail, après 38 années d’éloignement, revient, « tel le paralysé de l’Evangile », en Roumanie. Il y fait tout d’abord une courte visite et s’établit ensuite dans un ermitage des Monts Apuseni, dans le massif des Carpates Occidentales, où il a commencé à traduire en roumain les œuvres du père Sofrony Saharov d’Essex. 

C’est lui qui a choisi la solitude et ainsi, il n’est pas interrompu dans son travail spirituel par la multitude de ceux qui désireraient le visiter pour lui demander des conseils ou des prières. 

Occasionnellement, d’habitude pendant le Carême, le hiéromoine Rafail descend dans la ville voisine, Alba-Iulia, qui est le centre du diocèse sur le territoire duquel il vit. Il donne une conférence annoncée quelques semaines auparavant ; ensuite il répond très ouvertement à toutes les questions de l’assistance. L’espace de l’immense salle de la Maison de la Culture de la ville d’Alba-Iulia est insuffisant et un grand nombre de participants l’écoutent par les diffuseurs installés à l’extérieur de l’immeuble. À cause du fait qu’il quitte si rarement la montagne, de vrais pèlerinages sont organisés à cette occasion. 

Moines, moniales et fidèles laïcs viennent de loin, en voitures et en autocars spécialement loués pour cet événement. Quelques-unes des conférences et entretiens du père Rafail Noica ont été transcrits d’après les enregistrements sur bande et ont été imprimés dans le volume intitulé Cultura Duhului (Culture de l’Esprit), Alba-Iulia, 2002. Beaucoup d’exemplaires circulent sur support vidéo et audio.

J’ai eu la joie et le privilège spirituel de le rencontrer à plusieurs reprises, mais je me suis contenté d’une bénédiction et, ainsi qu’on le dit dans le Pateric3, d’« uniquement le regarder », et cela m’a suffit. Le simple fait de l’avoir vu m’a apporté dans l’âme la paix et une joie profonde, que l’on ressent seulement auprès des saints. 

Je voudrais citer un fragment d’un entretien, inclus dans le volume Culture de l’Esprit, où il plaide, tout comme le père Teofil, pour la communion fréquente, chose malheureusement peu pratiquée dans certaines régions de l’Orient ortho- doxe :

« En communiant avec Dieu, nous avons maintenant la force de continuer et même de vivre ce que nous demandons dans la Liturgie, « la journée toute entière, parfaite, sainte, paisible et sans péché ». Sans Dieu, on ne peut rien faire, car le Sauveur même a dit : ‘ Demeurez en Moi comme Je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en Moi ’ (Jn 15,4) — comme si l’on coupait une branche d’un tronc et celle- là se fane. Et je dirais même que, dans une certaine mesure, une journée sans Eucharistie est une journée où nous nous fanons spirituellement. » 

Père Macarie Dragoï

. Extrait de la conférence donnée par l’auteur à l’occasion du Congrès International et Interconfessionnel des Religieux (CIIR) : Les racines de la vie religieuse. Les fruits de la vie religieuse aujourd’hui " à l’abbaye de Belloc (France) du 16 au 21 juin 2007  


SOLIDARITE KOSOVO

Rénovation des écoles : 100.000€ de travaux cet hiver

Bonne nouvelle pour les élèves serbes du Kosovo. Un chantier impressionnant est en cours pour rénover les cinq écoles chrétiennes les plus vétustes du territoire. Installation du chauffage, réfection des cours, de l’électricité, création de blocs sanitaires etc. Depuis deux mois, Solidarité Kosovo s’est lancée dans les gros travaux pour réhabiliter les conditions de scolarité dans les enclaves, là où les écoliers en ont le plus besoin.





L’école de Suvido installée dans un préfabriqué provisoire… depuis quinze ans.

Des écoles « en train de mourir »


Pour la cinquième année consécutive, Solidarité Kosovo renouvelle son engagement
en faveur du patrimoine scolaire chrétien en pilotant une nouvelle tranche de rénovation.
En accord avec l'évêché, cinq écoles ont été sectionnées en raison de leur état
de délabrement très avancé. Dans chacune des écoles, les zones endommagées
ont été identifiées et le coût de rénovation chiffré. Placés sous l’égide de Solidarité Kosovo,
les travaux de réparation ont été entrepris par des artisans serbes locaux choisis
suite à l’appel d’offres organisé par le bureau humanitaire de Gračanica.



La petite Anita guette à la fenêtre du préfabriqué

l'arrivée de l'équipe de Solidarité Kosovo dans son école


De l’isolation à la restructuration totale, les travaux en cours d’un montant total
de 100.000€ sont de natures diverses dans les cinq écoles. Pour autant, ils visent
tous un double objectif essentiel : rétablir la sécurité des lieux et améliorer
les conditions scolaires de ces enfants chrétiens malmenés par un destin
peu clément.



Lors de la visite préliminaire du chantier, le père Serdjan (à gauche) et Arnaud Gouillon
(au centre) sont reçus avec grand soulagement par les enseignants et les élèves



« Saint-Sava », une école emblématique de la condition des Serbes du Kosovo
Dans le cadre des visites préliminaires du chantier, l’équipe de Solidarité Kosovo
accompagnée du père Serdjan s’était rendue dans les cinq établissements bénéficiaires
du nouveau programme de rénovation. L’un des ces établissements a particulièrement
marqué les esprits des bénévoles français tant par son état que par son histoire.
Il s’agit de l’école de Suvido installée dans un préfabriqué provisoire…
depuis quinze ans.


Le petit Konstantin écoute très attentivement les transformations

qui seront bientôt opérées dans son école


En 1999, la belle école « Saint-Sava » de Suvido est usurpée par les autorités albanaises
de l’époque. Personnel et écoliers serbes en sont brutalement chassés.
« Depuis, on se débrouille pour faire survivre notre école » expliquait,
le directeur Nemanja, sentencieux. « Les premières années, l’école était sans abri.
Avec mon épouse, nous avons alors décidé de pousser les murs de notre maison
 pour accueillir les quarante élèves à notre domicile», poursuit-il.




Les écoliers ont réalisé des jolis coloriages représentant

des icônes pour décorer les murs du préfabriqué


« Les enfants avaient déjà subi un traumatisme lorsqu’on leur a arraché leur école.
C’était comme si on leur volait leur enfance. Je me devais de trouver un moyen pour
assurer une continuité de leur scolarité. » Deux après avoir installé les bancs de classe
dans son salon, le Directeur a réussi à obtenir un préfabriqué pour accueillir les
bambins et leurs professeurs. Une solution temporaire qui dure depuis quinze ans.




Arnaud Gouillon, Directeur de Solidarité Kosovo, entouré des élèves de l'école de Suvido

Usurpation et « système D »
Sensible aux conditions précaires dans lesquelles les élèves évoluent, Solidarité Kosovo
s’est engagée à piloter des travaux de mises aux normes de l’établissement. Ainsi,
 les travaux en cours consistent à l’élargissement et au renforcement des salles de cours
et de la salle informatique ainsi que la réfection de la cour, devenu le point de rencontre
des enfants et adolescents de l’enclave.

Isolées et abandonnées, les cinq écoles en cours de rénovation portent les stigmates
d’une existence malmenée. Solidarité Kosovo ne manquera pas de vous tenir
informé de l'avancée de ces différents travaux et renouvelle ses remerciements
à l'endroit des donateurs qui par leur générosité lui permettent d’améliorer
 les conditions d’études de plus de 500 élèves et d’en favoriser le bien-être.




L'école est finie! Une jeune maman de l'enclave rentre à la maison avec ses cinq enfants


L'équipe de "Solidarité Kosovo"

PS : les personnes souhaitant nous aider peuvent contribuer au développement de
nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo »,
BP 1777, 38220 Vizille ou par Internet en cliquant sur paypal :


: http://www.solidarite-kosovo.org/fr/dons-en-ligne


PS2 :« Solidarité Kosovo » étant reconnu d’intérêt général, chaque don ouvre droit à une
déduction fiscale à hauteur de 66% du montant du don. A titre d'exemple, un don de 100 €
vous permet de déduire 66 € sur la somme de vos impôts à payer. Ainsi votre don ne
vous coûte en réalité que 34 €.

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jeudi 30 novembre 2017

Sur le blog de Maxime

On croit toujours avoir touché le fond, mais on se trompe lourdement! CLG
*

L'Eglise de Suède, pour être plus inclusi.f.ve,  abandonne officiellement les termes 'Seigneur', 'Il', pour appeler Dieu…

par Virginia Hale  (source)
23 nov. 2017


PONTUS LUNDAHL/AFP/Getty Images

Malgré de fortes critiques de la part d'organisations telles que l'Académie Royale Suédoise, l'église a approuvé jeudi le nouveau manuel avec une large majorité.
Le manuel de l'église, qui a été mis à jour en 1986, explique comment les services, les baptêmes, les mariages et les funérailles doivent être menés dans la langue, la liturgie, la théologie et la musique.

Selon les médias locaux, de nombreux prêtres se sont opposés aux orientations du nouveau manuel concernant la langue, qui ont été ajoutées dans le but de rendre l'église "plus inclusive".

Cela inclut d'instruire le clergé à se référer à Dieu d'une manière neutre, sans "utiliser" inutilement le pronom masculin "Il", ou des termes comme "Seigneur".

Dans certaines prières, Dieu devrait être appelé «Mère» et «Père», selon les directives du manuel, qui donne comme exemple:

"Dieu, Sainte Trinité, Père et Mère, Fils - Soeur et Frère, et Esprit - Sauveteur et Inspirateur, conduis-nous à tes profondeurs de richesse, de sagesse et de connaissance".





Sofia Camnerin, vice-présidente de l'Eglise Suédoise Œcuménique, a défendu le «langage inclusif» dans l'église, déclarant que le besoin se fait sentir désormais de «se fonder sur une prise de conscience des différents types de discrimination et d'inégalité dans notre société».

"Se référer à Dieu en tant que" Seigneur "consolide les hiérarchies [de genre] et la subordination des femmes dans un contexte blanc et féministe occidental", a-t-elle soutenu dans un blog.

«Les théologiens de la libération, de même que les théologiens féministes et postcoloniaux, ont joué un rôle crucial dans l'identification de la façon dont la légitimation des hiérarchies mène à la violence et à la subordination», a-t-elle déclaré.

Mais la prêtresse Helena Edlund, qui a accusé l'église d'avoir montré "une réticence totale à écouter la critique", a exprimé son inquiétude face aux nouvelles directives linguistiques.
"Le risque est que nous ne remarquons pas les petits changements et que progressivement, nous nous trouvons face à des changements drastiques que nous n'aurions jamais acceptés s'ils nous étaient présentés immédiatement", a-t-elle confié à Världen Idag l'année dernière.

"Est-il improbable, par exemple, que dans cinq ans nous prions" Notre Mère qui est au Ciel ... "dans nos églises? Il y a quelques années, cela eut été considéré comme une impossibilité, mais la proposition du manuel de l'église le rend possible. "

Mikael Löwegren, commissaire de l'église de Småland Ljungby, a déclaré après le vote pour adopter le nouveau manuel que la décision signifie que l'Église suédoise a «cessé d'exister en tant que communauté spirituelle cohérente».

"Sous le couvert de la" diversité ", la société est divisée en différents groupes", a-t-il dit, affirmant qu'il y avait "tant d'alternatives et de variantes optionnelles" dans le nouveau manuel qu'il serait difficile de prétendre qu'il s'agit de la même église d'une paroisse à l'autre ".

Soulignant les lignes directrices linguistiques recommandant que Dieu soit présenté de manière neutre, Löwegren a également averti que le nouveau manuel «éloignerait davantage l'église de Suède des grandes églises au lieu de la rapprocher d'elles».
"La doctrine la plus fondamentale du christianisme soutient qu'il y a un Dieu trine - le Père, le Fils et le Saint-Esprit", a-t-il souligné, ajoutant que le nouveau guide "met à la poubelle le progrès accompli par l'église par un dialogue œcuménique approfondi, et introduit un nouveau système de culte à la fois anti-œcuménique et anti-science. "

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Note du traducteur :
Vivement qu'on communie tous ensemble  youpi !

mercredi 29 novembre 2017

Les startsy invisibles du Mont Athos


Il y a une multitude de témoignages sur les miracles qui se produisent sur la Sainte Montagne de l'Athos, avec des gens recevant la guérison et l'illumination et acquérant la foi. L'archimandrite Ephrem, higoumène du monastère athonite de Vatopaidi, a récemment parlé de la façon dont les moines athonites rayonnent souvent la lumière incréée de Dieu et pourquoi il n'est pas d'usage de parler beaucoup des startsy invisibles sur le Mont Athos, comme le rapporte http://athos-ukraine.com/.

"Il n'y a pas de plus grande bénédiction dans ce monde, que de vivre et d'expérimenter la grâce", a déclaré l'higoumène Ephrem. "Nous avons connu des gens vertueux sur Athos qui vivaient par grâce, parce qu'ils aimaient le Christ. Nous les voyions souvent dans la lumière incréée, et nous fûmes souvent témoins de la façon dont ils voyaient l'avenir", a-t-il ajouté.

Dans la théologie orthodoxe, la Lumière Incréée est l'énergie et la Grâce de Dieu, par lesquelles les chrétiens orthodoxes peuvent Le connaître autant que possible, sans jamais connaître Son essence. Les apôtres ont vu la Lumière Incréée sur le Mont Thabor à la Transfiguration du Seigneur, et saint Paul l'a vue aussi pendant son expérience de conversion de la route de Damas.

"Nous avons souvent rencontré des gens qui nous ont raconté des choses incroyables sur les moines athonites, mais ce qui nous a particulièrement étonnés, et nous étonne encore aujourd'hui, c'est la douce expression de leurs visages. Cette expression, reflète le monde de leurs cœurs et le silence de leur personne intérieure. Ils vivaient dans une joie constante, et comme l'a dit l'apôtre Paul, ils sont ceux qui n'avaient rien, mais qui en même temps possédaient tout", remarqua le staretz athonite.

L'un des miracles les plus étonnants de la Sainte Montagne est la tradition des startsy-ascètes invisibles qui ont reçu de Dieu le don de devenir invisibles. A propos des startsy invisibles, l'archimandrite Achille Tsoutsouras dit: "Il y en a beaucoup. Certains disent neuf, d'autres sept, d'autres dix, et d'autres douze. Ils demeurent dans les zones les plus isolées de l'Athos et sont invisibles à nos yeux. Ils apparaissent ici et là à qui ils veulent, généralement des moines qui ont purifié leur cœur, mais parfois ils font sentir leur présence à des pèlerins bénis qui mènent une vie chrétienne pure. "

Il y a beaucoup de témoignages des apparitions de ces startsy invisibles, choisis par Dieu. Père Ephrem a parlé d'une de ces apparitions:

"Que les startsy invisibles existent est un fait. Il y a quelques années, un staretz révéré, le père Gérasime de la Skite de la Petite Sainte Anne, reposa en Christ sur le Mont Athos. Il nous a dit que certaines personnes entreraient dans sa cellule à minuit, puis partiraient. Un de ces hommes s'approcherait du staretz pour prendre la Communion et partirait silencieusement.

"Père Gérasime s'est rendu compte que cet homme qui lui apparaissait était l'un des startsy invisibles. Mais un jour, il n'a pu résister et en a parlé à un de ses frères. Cet homme n'avait rien vu ou entendu, mais après cela, le staretz invisible n'est plus venu vers Père Gérasime. "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 28 novembre 2017

Le staretz Jacob d'Eubée, glorifié par le Patriarcat de Constantinople.


Staretz Jacob d'Eubée
avec l'icône de saint David

*

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Le staretz Jacob [Tsalikis] était parmi les startsy les plus sacrés qui aient vécu en Grèce au cours des dernières décennies. Sa sainteté est reconnue par presque tous les Grecs et par des milliers de fidèles du reste du monde. Sa vie sainte entière et les miracles qu'il a faits et qu'il continue de faire aujourd'hui le placent parmi les plus grands saints récents de la religion chrétienne orthodoxe.

Il évitait tous les plaisirs matériels, cherchant avec ferveur la joie spirituelle. Et Dieu lui a accordé cette joie par de saintes expériences la nuit, mais aussi à travers les pèlerins. L'un d'eux était alors métropolite de Chalcédoine et maintenant patriarche œcuménique Bartholomée.

Le 10 février 1989, il a visité le monastère et a servi la Divine Liturgie. Le staretz était particulièrement heureux et il lui "prophétisa" avec certitude (quand le patriarche Demetrios était encore en bonne santé!): "Tu deviendras patriarche! Tu vas guider l'Église du Christ. Je prie pour que tu visites le monastère de saint David en tant que patriarche. 

"Le staretz lui offrit une icône et lui donna aussi une branche de basilic pour le Patriarche Demetrios avec la demande de" prier pour notre monastère." 

Deux ans plus tard, l'humble Demetrios s'est endormi, la question d'un nouveau Patriarche a surgi. 

En octobre 1991, le staretz a été informé par un prêtre en visite que le gouvernement turc envisageait de retirer les noms des métropolites synodaux de la liste des candidats. Le staretz descendit dans le temple, pria saint David et revint vers le prêtre: "Père, j'ai prié saint David. Saint David, lui ai-je dit, tu m'as certainement accordé toutes mes demandes jusqu'à présent. Maintenant, je ne sais pas comment, mais va seulement en Turquie, embrouille les Turcs et leurs papiers, et veille à ce que le Père Bartholomée soit élu patriarche!"

Quand il apprendra plus tard que Bartholomée était bien élu patriarche, il se leva rayonnant de joie, fit le signe de la croix et répéta trois fois: "Gloire à toi, ô Dieu!"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
MONASTIRIAKA
et diverses sources grecques pour les icônes

* Voir aussi:

http://orthodoxologie.blogspot.ch/2016/05/saint-paissios-et-le-staretz-jacques.html



Icône du saint

lundi 27 novembre 2017

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Évagre le Pontique, « Chapitres sur la prière


Évagre le Pontique, Chapitres sur la prière. Édition du texte grec, introduction, traduction, notes et index par Paul Géhin. « Sources chrétiennes » n° 589, Éditions du Cerf, Paris, 2017, 470 p.
Les Chapitres sur la prière d’Évagre le Pontique (345-399) est avec le Traité pratique son œuvre spirituelle majeure. Après la condamnation de l’origénisme où il était impliqué du fait surtout de ses Chapitres gnostiques, ses œuvres furent officiellement détruites. Mais la plupart d’entre elles étaient insoupçonnables, leur qualité spirituelle était évidente, et elles avaient joué un rôle majeur dans la structuration de la spiritualité orientale. Elles furent donc officieusement préservées sous un autre nom, celui de saint Nil d’Ancyre (encore appelé l’Ascète), et ce n’est qu’en 1934 qu’elles ont pu être restituées à leur véritable auteur.
Les Chapitres sur la prière ont marqué de grands auteurs comme saint Jean Cassien, saint Maxime le Confesseur, saint Jean Climaque ou saint Grégoire Palamas. À partir du XVIIIe sicèle, ils ont connu une large diffusion en Orient du fait de leur intégration à la Philocalie des Pères neptiques, florilège des textes majeurs de la spiritualité orthodoxe réalisé au XVIIIe siècle par saint Nicodème l’Hagiorite et saint Macaire de Corinthe, et devenu un grand classique, popularisé notamment par les célèbres Récits d’un pèlerin russe.
Cette œuvre d’Évagre, en raison de son importance a déjà fait l’objet de plusieurs traductions françaises: par J. Touraille dans la Philocalie (tome 8, Abbaye de Bellefontaine, 1987 et ses diverses rééditions), par M.-O. Goudet dans Évagre. De la prière à la perfection (collection « Les Pères dans la foi », Migne,1992), et surtout, avant cela, par le père Irénée Hausherr, dans son livre Les leçons d’un contemplatif. Le Traité de l’Oraison d’Évagre le Pontique (Beauchesne, 1960), où l’œuvre est présentée avec un excellent commentaire.
La présente traduction est due à Paul Géhin, Directeur de recherche émérite au CNRS, qui, pour publier les œuvres d’Évagre dans la collection « Sources chrétiennes » a pris le relais du regretté Antoine Guillaumont, le meilleur spécialiste mondial du Pontique (auteur d’une remarquable présentation de sa spiritualité dans sa vaste introduction au Traité pratique, « Sources chrétiennes » n° 170, et d’une non moins remarquable synthèse dans Un philosophe au désert. Évagre le Pontique, Vrin, 2004).
Cette traduction a l’avantage de se fonder sur l’édition critique établie avec soin par P. G., sur la base d’une tradition manuscrite abondante qu’il expose en une centaine de pages. Dans le premier chapitre de son introduction, P. G. analyse le contenu de l’œuvre, dont le destinataire reste inconnu, mais à qui sont exposés les formes, la nature et les conditions de la prière véritable, qui doit devenir un état permanent. La prière attentive, continue et pure exige un long exercice et un rude combat contre les passions et les démons qui cherchent à la troubler, à la ralentir ou à l’éteindre par différentes stratégies qu’Évagre expose avec finesse. Ces obstacles se manifestant ordinairement à l’âme par des pensées (au sens large – pensées, proprement dites, imaginations, désirs…) qu’il s’agit d’écarter systématiquement, même quand elles ne sont pas mauvaises. Les démons peuvent aussi agir sur le corps selon des formes qu’il faut également connaître et qu’Évagre précise aussi. Devenue permanente et pure, la prière amène l’intellect à la connaissance/vision de Dieu dans la Lumière (un thème que saint Syméon le Nouveau Théologie illustrera, et que saint Grégoire Palamas développera).
Le texte et la traduction sont abondamment annotés par l’éditeur/traducteur, mais les notes ont pour la plupart un caractère philologique. Pour un commentaire de fond, on pourra se reporter à l’édition Hausherr précédemment citée, ou encore à l’ouvrage récent du père Gabriel Bunge, En esprit et vérité: Études sur le traité « Sur la prière » d’Évagre le Pontique, Bellefontaine, 2016. Des explications sont en effet souvent nécessaires, car les 153 chapitres de l’œuvre ont pour la plupart une forme elliptique et supposent souvent quelques prérequis pour être bien compris. Le chapitre 37 en est un bon exemple : « Si tu désires prier, renonce à tout afin d’hériter le tout ». La conception d’Évagre a souvent une apparence intellectualiste que saint Maxime le Confesseur avait jugé bon de rectifier, et qu’il faut tout au moins expliquer (ce que par exemple s’est attaché à faire de manière positive le père Gabriel Bunge dans ses travaux sur Évagre, en particulier Paternité spirituelle: la gnose chrétienne chez Evagre le Pontique, Bellefontaine, 1994). Ainsi l’affirmation: « La prière sans distraction est la plus haute intellection de l’intellect » (ch. 35), exige une compréhension correcte de la notion d’intellect et de la notion d’intellection pour pouvoir être reçue. Beaucoup de chapitres sont plus abordables. Citons-en quelques-uns:
— Ne doute pas si tu n’obtiens pas immédiatement de Dieu ce que tu demandes, car il veut te faire plus de bien si tu persévères auprès de lui dans la prière. Qu’y a-t-il en effet de plus haut que de s’entretenir avec Dieu et d’être attiré dans ne relation intime avec lui ? (ch. 34)
— Que tu pries avec des frères ou en privé, efforce-toi de prier non par habitude, mais avec sentiment. (ch. 42)
— Celui qui aime Dieu s’entretient toujours avec lui comme avec un père, en se détournant de toute représentation passionnée. (ch. 55)
— Si tu es théologien, tu prieras vraiment, et si tu pries vraiment, tu seras théologien. (ch. 61)
— Ne te figure pas la divinité en toi quand tu pries et ne laisse pas ton intellect être impressionné par quelque forme, mais va immatériel à l’immatériel, et ut comprendras (ch. 67)
— Tu ne pourras prier avec pureté si tu es embarrassé de choses matérielles et agité de soucis continuels, car la prière est rejet des représentations (ch. 71)
— La prière est l’activité qui convient à la dignité de l’intellect, c’est-à-dire son activité et utilisation la meilleure et la plus pure (ch. 84)
— Si tu n’as pas encore reçu la grâce de la prière et de la psalmodie, insiste, et tu recevras (ch. 87)
— De même que le pain est une nourriture pour le corps et la vertu pour l’âme, de même la prières spirituelle constitue la nourriture de l’intellect (ch. 101)
— Bienheureux le moine qui considère tous les hommes comme dieu après Dieu (ch. 122)
— Le moine est celui qui est séparé de tous et en accord avec tous (ch. 124)
— Le moine est celui qui pense ne faire qu’un avec tous, parce qu’il croit se voir lui-même indéfectiblement en chacun (ch. 125)
— De même que la vue est le meilleur de tous les sens, de même la prière est la plus haute des vertus (ch. 150)
Jean-Claude Larchet

La joie véritable

Nesterov: Sainte Elisabeth de Russie

La joie vient de la relation et de l'union avec Dieu. L'humanité a été créée pour être joyeuse, et non pour être triste. Lorsque l'on aime de mauvaises choses, on va inévitablement payer en retour pour tout ce plaisir que l'on a eu. Mais la joie de Dieu ne demande aucun remboursement. Par exemple, moi qui ne possède rien en ce monde, je ne puis pas payer pour le bonheur que j'ai. Je ne suis pas le seul à proclamer cette vérité. Mes frères moines, qui n'ont aussi rien d'autre en dehors de Dieu, sont remplis de joie. Je me suis vidé pour l'amour du Christ. Je n'ai que mon Seigneur - et la joie. La pauvreté est belle car elle vous rend libres. On devrait se vider pour faire de la place au Christ pour qu'Il entre dans notre cœur. Quand le Seigneur est avec moi, mon bonheur y est aussi. Dans chaque grotte ascétique vous trouverez la joie spirituelle.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le Patéricon Athonite
cité par

dimanche 26 novembre 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

13/26 novembre
25ème dimanche après la Pentecôte

Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople (407) ; saints martyrs Antonin, Nicéphore et Germain,  sainte martyre Manathas,  à Césarée de Palestine (vers 308) ; saint moine et néo-martyr Damascène de Constantinople (1681).
Lectures : Éph. IV, 1–6. Lc. X, 25–37. Hébr. VII, 26 – VIII, 2. Jn. X, 9–16.

SAINT JEAN CHRYSOSTOME



S
aint Jean Chrysostome  naquit vers 344-347 à Antioche de Syrie ; son père Secundus était général d’armée, et sa mère Anthuse une femme admirable de piété et de foi. Il parcourut rapidement tout le cycle des lettres profanes et chrétiennes. Baptisé en 369 par Mélèce archevêque d’Antioche, il mérita par sa piété de recevoir aussi de lui la cléricature. Vers 374-375, il se retira dans les solitudes des environs d’Antioche. Il fut ordonné diacre en 381 par Mélèce, et prêtre en 386 par Flavien. Il exhorta le peuple par ses discours, et commenta devant lui la Sainte Ecriture. À la mort de Nectaire, archevêque de Constantinople, survenue en 397, il fut transféré d’Antioche à Constantinople, par le vote des évêques et sur l’ordre de l’empereur Arcadius, et sacré archevêque de la ville impériale en 398. Dans sa lutte contre la cupidité, il s’attaqua à l’Impératrice Eudoxie. Il fut injustement exilé en 403 par ordre d’Arcadius et d’Eudoxie mais rappelé sur son siège presque aussitôt. Exilé une seconde fois en 404, il eut beaucoup à souffrir durant son exil de trois ans, transféré sans cesse d’un endroit à un autre. Il mourut durant l’un de ces transferts à Comanes en 407. Son éloquence lui valut le titre de Chrysostome qui signifie « bouche d’or ».

Tropaire du dimanche du 8ème ton
Съ высоты́ снизше́лъ еси́, Благоyтpóбне, погребе́нiе прiя́лъ ecи́ тридне́вное, да на́съ свободи́ши страсте́й, животе́ и воскресе́нiе на́ше, Го́споди, сла́ва Teбѣ́ !
Du haut des cieux, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté les trois jours au Tombeau afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !

Tropaire de saint Jean Chrysostome, ton 8
Устъ твои́хъ, я́коже свѣ́тлость огня́ возсія́вши, благода́ть вселе́нную просвѣти́: не сребролю́бія мíрови сокро́вища сниска́, высоту́ на́мъ смиренному́дрія показа́, но, твои́ми словесы́ наказу́я, о́тче Іоа́нне Златоу́сте, моли́ Сло́ва Христа́ Бо́га спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
La grâce de ta bouche, comme un flambeau, a illuminé l’univers, révélant au monde des trésors où l'avarice n'a point de part et nous montrant la grandeur de l’humilité. En nous instruisant par tes paroles, ô Jean Chrysostome notre Père, prie le Verbe, le Christ Dieu, de sauver nos âmes.

Kondakion de saint Jean Chrysostome, ton 6
Отъ небе́съ прія́лъ еси́ Боже́ственную благода́ть и твои́ми устна́ми вся́ учи́ши покланя́тися въ Тро́ицѣ еди́ному Бо́гу, Іоа́нне Златоу́сте, всеблаже́нне преподо́бне, досто́йно хва́лимъ тя́: еси́ бо наста́вникъ, я́ко боже́ственная явля́я.
Tu as reçu des cieux la grâce divine, et de tes lèvres tu as enseigné à tous à adorer le Dieu unique en la Trinité ; ô Jean Chrysostome, vénérable Père bienheureux, nous t'acclamons dignement car tu es notre maître, éclairant pour nous les choses divines.

Kondakion du dimanche, ton 8
Воскpécъ изъ гро́ба, уме́ршыя воз-дви́глъ ecи́ и Aда́ма воскреси́лъ ecи́, и Éва лику́етъ вo Tвое́мъ воскресе́нiи, и мipcтíи концы́ торжеству́ютъ е́же изъ ме́ртвыхъ воста́нieмъ Tвои́мъ Mногоми́лостивe.
Ressuscité du tombeau, Tu as relevé les morts et ressuscité Adam ; Ève aussi exulte en Ta Résurrection, et les confins du monde célèbrent Ton réveil d’entre les morts, ô Très-miséricordieux !

ST JEAN CHRYSOSTOME

« LA SEULE CHOSE QU'IL FAILLE REDOUTER, LA SEULE TRIBULATION QUI SOIT À CRAINDRE, C'EST LE PÉCHÉ »

Nous publions ci-dessous des extraits de la première lettre de saint Jean Chrysostome à la diaconesse Olympiade. Le saint, après avoir été reclus dans son évêché à la demande de l’empereur, fut exilé par celui-ci. Des évêques avaient participé à cette iniquité, tandis que les amis du saint étaient persécutés. La diaconesse Olympiade avait été accusée d’avoir mis feu à la basilique de Sainte-Sophie... De son exil, à Cucuse, saint Jean Chrysostome adressa des lettres de consolation à la diaconesse Olympiade, qui était fort affligée du sort réservé au saint.

… Je vais donc essayer d'adoucir la plaie de votre tristesse et de dissiper ces pensées qui ont amoncelé dans votre âme de si épais nuages. Pourquoi êtes-vous troublée? Pourquoi tant d'affliction et de douleur?... J'ai beau chercher quelque image des maux présents; ils sont au-dessus de toute expression, et je me sens vaincu par leur immensité. Au reste, malgré tant d'horreur, je ne perds pas l'espoir d'un meilleur avenir, quand je songe à cette Providence… Elle ne se hâte point, il est vrai, le plus souvent, au contraire, elle ne dissipe point sur-le-champ les maux qui se produisent; elle les laisse s'accroître, et quand ils ont atteint leur développement, quand tout espoir de salut disparaît, elle se révèle par un miracle qui frappe d'étonnement… Ne vous laissez donc pas abattre, ô Olympiade ! 

La seule chose qu'il faille redouter, la seule tribulation qui soit à craindre, c'est le péché. N'est-ce pas là ce que je n'ai cessé de vous dire? Tout le reste, embûches, inimitiés, fraudes, calomnies, outrages, accusations, confiscations, exils, glaives acérés, flots soulevés par la tempête, assauts livrés par l'univers conjuré, tout cela ne mérite pas qu'on s'en inquiète. Mais, direz-vous, l'adversité est un lourd, un insupportable fardeau. Entendez cette autre comparaison, bien capable à son tour de vous faire mépriser l'adversité. Le prophète compare les injures, les outrages, les opprobres, les railleries, les pièges auxquels nous sommes exposés de la part de nos ennemis à un vêtement usé, à la laine rongée par les vers. Voici ses expressions : Ne craignez pas les outrages des hommes; ni leurs mépris. Les vers les dévoreront, comme un vêtement; et la teigne les rongera, comme elle ronge la laine, (Isaïe LI, 7, 8) 

Ne vous troublez donc point des maux qui surviennent ; n'allez pas implorer celui-ci ou celui-là, ne poursuivez pas des ombres fugitives (c'est une ombre en effet que l'appui d'un homme) ; mais ne vous lassez pas de prier Jésus que vous adorez; qu'Il fasse un signe, et à l'instant toutes vos craintes seront dissipées. Vous avez prié, et cependant les maux n'ont point cessé. Ainsi que je le disais tout à l'heure, c'est la conduite ordinaire de la Providence, de ne pas dissiper sur-le-champ les maux qui nous accablent. Elle les laisse s'amonceler autour de nous, et quand nos ennemis ont, pour ainsi dire, consommé toute leur malice, soudain, il ramène un calme et un ordre auxquels on était loin de s'attendre. Non content de nous envoyer les biens que nous attendons et que nous espérons, il se plaît à nous en envoyer de plus nombreux et de plus grands, et c'est pourquoi saint Paul disait : À celui qui peut nous faire du bien avec surabondance, et nous accorder plus que nous ne lui demandons ou que nous ne pouvons espérer. (Eph. III, 20.)

Ne pouvait-Il pas préserver les trois jeunes Hébreux [les trois jeunes gens dans la fournaise] de la tentation? Il ne le fit pas, afin de leur ménager de grandes récompenses. Et c'est pourquoi Il les laissa tomber aux mains des barbares; c'est pourquoi Il permit qu'on allumât pour eux cette fournaise d'une horrible profondeur, et que dans l'âme du roi s'allumât aussi une colère plus ardente que le feu de la fournaise; qu'on leur liât ensuite les mains et les pieds, et qu'on les précipitât au milieu des flammes. Mais, lorsque tous les spectateurs les croyaient réduits en cendres, on vit éclater soudain et contre toute attente la merveilleuse puissance du Dieu très-haut : le feu était enchaîné, et ceux qui avaient été chargés de fers se voyaient délivrés; la fournaise était devenue un temple, une fontaine rafraîchissante; nul palais n'offre tant de magnificence et de splendeur. Cet élément destructeur, plus puissant que le fer ou la pierre, des cheveux en avaient triomphé !... 

Mais, quand leurs ennemis eurent assouvi leur rage (que pouvaient-ils entreprendre, après avoir essayé de les faire mourir?), quand les athlètes eurent déployé toute leur vigueur, quand ils eurent mérité la couronne et les autres récompenses, quand rien ne manqua plus à leur gloire, alors tous les dangers disparurent, et le prince qui avait allumé la fournaise pour les y précipiter se prit à célébrer la gloire des généreux athlètes, à publier le miracle accompli par Dieu, à envoyer par tout l'univers le récit de ces événements, proclamant avec enthousiasme les merveilles du Très-Haut… 

Ne voyez-vous pas tout ce qu'il y a en Lui de miséricorde et de bonté? Ne vous effrayez donc point, ne vous troublez point; en toute circonstance, remerciez-Le, louez-Le, priez-Le, conjurez-Le. Eussiez-vous devant les yeux le plus horrible tumulte, les plus affreux bouleversements, ne vous inquiétez point. Le Seigneur, en effet, n'est jamais réduit à l'impuissance, quelque funeste que soit la situation, quelque grands que soient les dangers. Il peut relever ceux qui tombent, ramener dans le chemin ceux qui s'égarent, redresser ceux qui chancellent, délivrer ceux qui sont plongés dans un abîme de péchés et les rendre justes; Il peut ressusciter les morts, restaurer un édifice et en accroître la splendeur, rajeunir ce que la vieillesse a terni de son souffle. 

Ne fait-il pas sortir la créature du néant? Ne communique-t-Il pas l'être à ce qui ne l'avait point? À plus forte raison rétablira-t-il ce qui existait déjà, ce qui était l'œuvre de Sa puissance. — Mais combien il en est qui périssent! Combien d'autres sont scandalisés! - Que de fois n'a-t-on pas vu de semblables malheurs, auxquels le Seigneur ensuite appliqua le remède capable de les guérir! Si, une fois le danger passé, plusieurs s'obstinèrent, c'est à eux qu'il faut reprocher la persistance de leur mal. Pourquoi vous troubler, pourquoi vous désoler de voir l'un repoussé et l'autre introduit? On menait le Christ au supplice, on demandait la liberté pour Barabbas, et un peuple corrompu s'écriait qu'il fallait préférer un homicide au Sauveur des hommes, à l'auteur de tant de bienfaits…

UNE PRIERE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Accorde-nous, Seigneur, d'observer cette règle de vie : vouloir ce que Tu veux. Viens en aide aux pauvres résolutions de notre volonté. Elle a le désir d'accomplir ce que Tu ordonnes, mais la faiblesse du corps l'entrave. 

Tends la main à ceux qui voudraient courir mais qui ne font que boiter. 

Notre âme a des ailes, mais la chair l'attire en bas ; elle est prompte à tendre vers les réalités d'en-haut, mais elle est alourdie, elle est inclinée vers les réalités de la terre. 

Que Ton secours nous vienne en aide ; ce qui paraissait impossible deviendra alors aisé. Amen!