Le père Rafail est né en 1942 et est le fils du grand philosophe
roumain, Constantin Noica. Au sein de sa famille, il n’a reçu
qu’une éducation chrétienne orthodoxe assez sommaire. À l’âge de 13 ans, il quitte la Roumanie et part pour l’Angleterre avec sa
mère (anglaise) et sa sœur, pour compléter son éducation. L’âge
des tâtonnements se manifeste chez lui également au plan spirituel, car il cherche à s’accomplir au contact de plusieurs confessions occidentales. Un jour, il sent, selon ses propres paroles, « telle
une lumière dans mon âme, la pensée de revenir à l’orthodoxie.
Elle me convenait le mieux, sans y trouver d’explication logique. »
Il rencontre providentiellement l’Archimandrite Sofrony Saharov (1896-1993), l’Abbé du Monastère d’Essex, en Angleterre, qui le déterminera à choisir la vie monastique. En 1961, il
revient à l’orthodoxie et en 1965, il a été ordonné moine au même
monastère, le monachisme étant pour lui :
« la réponse aux questions que je me posais dans mon
enfance et avec le temps, j’ai compris que c’est la mort qui
détient le sens de la vie et je vois maintenant que notre vie
ici-bas n’est que la seconde étape de notre transfert de la
non-existence à l’éternité où Dieu nous appelle. »
En 1993, le père Rafail, après 38 années d’éloignement,
revient, « tel le paralysé de l’Evangile », en Roumanie. Il y fait tout
d’abord une courte visite et s’établit ensuite dans un ermitage
des Monts Apuseni, dans le massif des Carpates Occidentales, où
il a commencé à traduire en roumain les œuvres du père Sofrony Saharov d’Essex.
C’est lui qui a choisi la solitude et ainsi,
il n’est pas interrompu dans son travail spirituel par la multitude
de ceux qui désireraient le visiter pour lui demander des conseils
ou des prières.
Occasionnellement, d’habitude pendant le
Carême, le hiéromoine Rafail descend dans la ville voisine, Alba-Iulia, qui est le centre du diocèse sur le territoire duquel il vit.
Il donne une conférence annoncée quelques semaines auparavant ; ensuite il répond très ouvertement à toutes les questions
de l’assistance. L’espace de l’immense salle de la Maison de la
Culture de la ville d’Alba-Iulia est insuffisant et un grand nombre de participants l’écoutent par les diffuseurs installés à l’extérieur de l’immeuble. À cause du fait qu’il quitte si rarement la
montagne, de vrais pèlerinages sont organisés à cette occasion.
Moines, moniales et fidèles laïcs viennent de loin, en voitures et en autocars spécialement loués pour cet événement. Quelques-unes des conférences et entretiens du père Rafail Noica ont
été transcrits d’après les enregistrements sur bande et ont été
imprimés dans le volume intitulé Cultura Duhului (Culture de
l’Esprit), Alba-Iulia, 2002. Beaucoup d’exemplaires circulent sur
support vidéo et audio.
J’ai eu la joie et le privilège spirituel de le rencontrer à plusieurs reprises, mais je me suis contenté d’une bénédiction et,
ainsi qu’on le dit dans le Pateric3, d’« uniquement le regarder »,
et cela m’a suffit. Le simple fait de l’avoir vu m’a apporté dans
l’âme la paix et une joie profonde, que l’on ressent seulement
auprès des saints.
Je voudrais citer un fragment d’un entretien,
inclus dans le volume Culture de l’Esprit, où il plaide, tout comme
le père Teofil, pour la communion fréquente, chose malheureusement peu pratiquée dans certaines régions de l’Orient ortho-
doxe :
« En communiant avec Dieu, nous avons maintenant la
force de continuer et même de vivre ce que nous demandons dans la Liturgie, « la journée toute entière, parfaite,
sainte, paisible et sans péché ». Sans Dieu, on ne peut rien
faire, car le Sauveur même a dit : ‘ Demeurez en Moi comme
Je demeure en vous ! De même que le sarment, s’il ne
demeure sur la vigne, ne peut de lui-même porter du fruit,
ainsi vous non plus, si vous ne demeurez en Moi ’ (Jn 15,4)
— comme si l’on coupait une branche d’un tronc et celle-
là se fane. Et je dirais même que, dans une certaine mesure,
une journée sans Eucharistie est une journée où nous nous
fanons spirituellement. »
Père Macarie Dragoï
. Extrait de la conférence donnée par l’auteur à l’occasion du Congrès International et Interconfessionnel des Religieux (CIIR) : Les racines de la vie religieuse.
Les fruits de la vie religieuse aujourd’hui " à l’abbaye de
Belloc (France) du 16 au 21 juin 2007
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