ST. ANATOLE (POTAPOV) D'OPTINA
(Commémoré le 30 juillet / 12 août)
Le père Anatole, par son apparence extérieure penchée, sa manière de se présenter aux gens sous un demi-manteau noir, et son attitude intense, joyeuse et humble envers les gens, rappelait saint Séraphin de Sarov.
Archiprêtre Serge Tchetverikov
Batiouchka Anatole était remarquablement simple et bon. Tous ceux qui venaient à lui connaissaient le bonheur d'être comme pris sous une pluie dorée et pleine de grâce. Le simple fait d'approcher ce staretz lui donnait déjà une sorte d'occasion miraculeuse de purification et de consolation.
Archimandrite Boris (Holchev)
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Le 12 août est la journée de commémoration du Vénérable Anatole (Potapov), l'un des derniers startsy d'Optina. Contrairement aux précédents saints d'Optina, il n'y avait plus personne pour composer la vie de ce staretz après la Révolution. Il ne restait que des souvenirs fragmentés de pèlerins, des notes d'enfants spirituels et des lettres du staretz, dans lesquelles les détails biographiques faisaient souvent défaut, mais dans lesquelles son image s'élève avec éclat et vivacité. Nous honorons la mémoire du staretz et nous nous en souvenons avec ces souvenirs.
Le Vénérable Anatole, comme le Vénérable Serge de Radonège, a parfaitement accompli le commandement de Dieu d'honorer ses parents, mettant de côté son désir d'entrer dans un monastère jusqu'à la mort de sa mère. Le futur staretz, nommé Alexandre avant la tonsure, entra au monastère d'Optina le 15 février 1885 - il avait trente ans. Il fut destiné à demeurer dans la skite [de saint Jean le Précurseur] en tant qu’assistant de cellule du staretz Ambroise, avec le moine Nectaire, qui, plus tard, deviendra lui aussi staretz.
Le novice Alexandre fut témoin des exploits spirituels [podvigs] du grand staretz Ambroise et des dernières années de son ministère prophétique, lorsque "toute la Russie" afflua vers son humble demeure dans la skite. De même qu'un cierge est allumé à partir d'un autre cierge, le père Anatole reçut du grand staretz la grâce du startchestvo [id est la grâce de devenir staretz]. Alors qu'il était encore son assistant de cellule, le novice affichait déjà les dons de clairvoyance et d'amour remplis de grâce.
L'archiprêtre Serge Tchetverikov, l'un des chroniqueurs d'Optina, s'en souvient : "Alors qu'il était encore hiérodiacre, en 1905, il attirait déjà l'attention et le cœur des pèlerins par son attention aimante pour leurs peines et leurs lamentations.
Les souvenirs des premiers pas du père Anatole sur la voie spirituelle de staretz ont été conservés par l'institutrice du village, Nina Vladimirovna :
"Un jour, nous avons invité notre connaissance, Olga Konstantinovna Kesareva, épouse d'un prêtre, à venir à Optina avec nous... Elle a accepté à contrecœur : "Eh bien, qu'avons-nous aujourd'hui à Optina ! Il y avait des startsy, mais plus maintenant"...
Quelques jours plus tard, elle décida d'aller faire une promenade. Élégamment vêtue, avec un chapeau et une écharpe rouge, elle s'approcha de la skite et s'assit avec un livre sur les marches de la "hutte" du staretz.
Le préposé à la cellule sortit avec un seau pour aller chercher de l'eau au puits. "D'où viens-tu, servante de Dieu ?" demanda-t-il humblement et tendrement. "Les voilà, les fameux moines, harcelés de questions", pensa la dame avec colère et elle se détourna dans un silence orgueilleux. Mais le moine Alexandre, après avoir recueilli de l'eau du puits, s'approcha à nouveau d'elle. Il se mit alors à raconter à la servante de Dieu qui elle était, d'où elle venait, et à lui rappeler des choses qu'elle aurait aimé oublier complètement.
"Ah", pensa la dame, "cette pipelette de Maria Mikhailovna (sa compagne) a tout dit sur moi ici". Puis le père Alexandre commença à lui dire des choses que non seulement Maria Mikhailovna, mais même une autre âme vivante ne savait pas. C'est alors qu'Olga Konstantinovna réalisa que devant elle se tenait une personne extraordinaire. Elle tomba à genoux devant lui et s'exclama avec enthousiasme : "Vous êtes un saint ! À partir de ce moment, elle commença à avoir une attitude différente envers les moines d'Optina; elle se débarrassa de ses vêtements tape-à-l'œil, se couvrit la tête d'un foulard et est devint une disciple obéissante de Batiouchka".
Le 4 juillet 1908, dans les "Chroniques de la skite du monastère d'Optina", il est écrit ce qui suit…
"Aujourd'hui, après le repas du réfectoire, le hiéromoine de la skite, le père Anatole, fait ses adieux aux frères de la skite. Il a été transféré selon les ordres du Père Supérieur au monastère, désigné comme confesseur des laïcs qui viennent en pèlerinage à l'Ermitage d'Optina."
Ainsi, le Père Anatole se réinstalla au monastère, dans une cellule rattachée à l'église de l'icône de la Mère de Dieu. Batiouchka reçut tout sans limite de temps, malgré la fatigue sans fin, la douleur atroce d'une hernie étranglée, et la douleur de ses jambes qui saignaient.
Les confessions avec le staretz furent renouvelées et ravivées. "Avec concentration et respect, les moines s'approchaient du staretz l'un après l'autre. Ils s'agenouillaient, recevaient une bénédiction et échangeaient avec lui quelques mots brefs. Certains étaient rapides, mais d'autres prenaient plus de temps.
On pouvait sentir que le staretz agissait avec amour paternel et autorité. Parfois, il utilisait des méthodes externes. Par exemple, il frappait parfois le front d'un moine courbé devant lui, repoussant probablement l'attaque des pensées intrusives. Tout le monde repartait apaisé, en paix, et consolé. Cela se passait deux fois par jour, le matin et le soir. En réalité, la "vie" à Optina était sans chagrin, et en effet, tous les moines étaient tendrement affectueux, joyeux, ou profondément immergés dans une concentration orante. Il faut voir de ses propres yeux les résultats de la révélation des pensées pour en comprendre la signification", écrivit I.M. Kontsevich.
Une multitude de cas témoignant de la clairvoyance du staretz sont connus. Pour beaucoup, il a prédit les événements futurs de leur vie. Pour un prêtre, il prédisit son futur lieu de service. À une religieuse, il prédit qu'elle irait en Italie. Une femme vint avec son fils Dimitry, et le staretz voulut le bénir avec une icône du grand martyr Dimitry de Thessalonique, mais tout à coup, il s'est dit : "Non, pas celui-là", et le bénit avec une icône de saint Dimitry du Don, dont le garçon portait le nom.
Un jour, un paysan qui était tombé dans une grave situation vint voir le staretz Anatole. Lui et sa famille n'avaient plus de toit et il n'avait que 50 roubles en poche. Il n'avait nulle part où aller pour obtenir de l'aide. Dans son chagrin, il tomba dans le désespoir ; il commença à s'apaiser comme ils le font dans les villages, se résolvant tout de suite à boire le reste de son argent, à quitter sa femme et ses enfants, et à aller à Moscou pour travailler comme simple ouvrier. Avant cela, il décida d'aller voir le staretz Anatole. Le staretz le bénit et lui dit : "Ne te décourage pas ; dans trois semaines, tu entreras dans ta propre maison". Et c'est ainsi que cela se passa. Grâce aux prières du staretz, le Seigneur l'aida à acheter une maison et à devenir une personne différente.
Comme tous les startsy d'Optina, le père Anatole avait le grand don de guérir, mais il le faisait secrètement, en envoyant les malades, en règle générale, à la source de Saint-Paphnuce de Borovsk, à la tombe du staretz Ambroise, ou à un autre endroit.
Une fille spirituelle a raconté que Batiouchka lui avait un jour donné une poire pour qu'elle la donne à son frère. Elle se demandait pourquoi cette poire était envoyée à son jeune frère, mais quand elle arriva, elle vit que son petit frère était très malade et les médecins dirent qu'il y avait peu d'espoir. Il commença à manger la poire par petites bouchées et se remit rapidement.
Une autre fille spirituelle a raconté comment elle se remit d'une maladie après s'être couverte d'une soutane que lui avait donnée Batiouchka.
Saint Anatole était destiné à devenir un témoin des effrayantes prophéties des startsy d'Optina. Le 23 janvier 1918, par le décret du Conseil des Commissaires du peuple, le monastère d'Optina fut officiellement fermé. Les moines furent exilés, arrêtés et humiliés. En 1919, le père supérieur du monastère d'Optina, le père Isaac II, fut arrêté pour la première fois. Chaque jour qui passait apportait des nouvelles de plus en plus troublantes et des rumeurs effrayantes. Le staretz garda néanmoins un calme étonnant, encourageant ainsi la fraternité monastique.
Lorsque ses enfants spirituels suggérèrent au staretz Anatole de quitter temporairement Optina, il répondit par un refus catégorique : "Quoi ? Quitter le saint monastère, à une telle heure ? Tout le monde me prendra pour un lâche et dira : "Quand la vie était bonne, il disait : supportez patiemment et Dieu ne vous abandonnera pas. Mais quand l'épreuve est arrivée, il a été le premier à s'enfuir". S'ils nous poursuivent, alors je quitterai le saint monastère, quand il ne restera plus personne. Je partirai en dernier ; je prierai et je vénérerai les reliques des saints startsy, puis je m'en irai."
Après la fermeture du monastère et sa réorganisation en ferme collective, le staretz fut arrêté. Sur le chemin de la prison, il tomba gravement malade, et prenant cela par erreur pour le typhus, ils lui coupèrent les cheveux et la barbe. Il rentra au monastère complètement épuisé, à peine vivant, mais avec un sourire éclatant et en rendant grâce au Seigneur.
Lorsqu'ils virent Batiouchka rasé, beaucoup ne le reconnurent pas, mais ils devinrent ensuite très tristes. Le joyeux Anatole entra dans sa cellule, se signa et a dit : "Gloire à toi, ô Dieu ! Gloire à toi, ô Dieu ! Gloire à toi, ô Dieu !" Puis, après avoir regardé tout le monde, il ajouta : "Regardez quel jeune homme je suis !"
Plus tard, il parla de son voyage à Kalouga : "Oh, comme c'est bien là-bas ! Quelles bonnes personnes ! Quand nous étions dans le train, je vomissais. Nous sommes arrivés à pied, et là Vladyka Micah, pour une raison quelconque, a commencé à exiger un cheval. Pourquoi a-t-il pensé à ça ? Tous les frères sont partis, mais nous étions assis dans la salle d'enquête. Les gens fumaient, c'était étouffant. Mes vomissements se sont aggravés et ils m'ont envoyé à l'hôpital, pensant que j'avais le typhus. Là-bas, ils m'ont coupé les cheveux, mais ce n'est rien, c'est tellement plus facile comme ça. Le médecin, un homme si gentil, a dit que par erreur il avait considéré que j'avais le typhus et a ordonné de me couper les cheveux, mais il s'est excusé. Quel homme gentil ! Et le gardien de l'hôpital était aussi très gentil... L'infirmière était aussi très gentille ; elle était allée voir le père Ambrose... Oui, de bonnes personnes, si bonnes...
Vous savez, celui qui m'a arrêté plus tard a dit qu'il m'avait arrêté par erreur, m'a demandé de lui pardonner, et m'a même embrassé la main. J'ai dit que ce n'était rien et que j'étais très heureux d'être allé à Kalouga".
Le staretz décrivit son voyage en prison à Kalouga - accompagné par les gardes du KGB, les mauvais traitements et les souffrances pénibles - sans murmurer ni condamner, avec une bonté et une gentillesse enfantines.
Le 29 juillet 1922, la commission d'urgence arriva au monastère. Le staretz fut longuement interrogé et on voulut l'emmener. Batiouchka conserva une disposition d'esprit pacifique et demanda humblement de reporter l'arrestation d'un jour afin qu'il puisse se préparer au voyage. Les tchékistes acceptèrent et menacèrent son assistant de cellule afin que le lendemain, le staretz soit définitivement prêt à partir. Après cela, saint Anatole se retira dans sa cellule et, dans la prière, il confia son âme à Dieu.
Le lendemain matin, la commission revint.
Ils demandèrent à son assistant de cellule : "Le staretz est-il prêt ?" "Oui", répondit-il, "il est prêt", et il ouvrit aux visiteurs la porte de la cellule, où le corps du staretz défunt était déjà dans son cercueil. Ainsi, le Seigneur appela miraculeusement à Lui Son fidèle serviteur, qui avait gardé tous Ses commandements et préceptes, et Il se porta garant de lui lors de sa dernière nuit pour se préparer en prière à son dernier voyage, ne laissant aucun outrage se produire sur cet être qu'Il avait choisi.
Il fut accordé au staretz d'être enterré aux côtés de son grand maître, saint Ambroise, à l'endroit même où il voulait être enterré. Deux semaines avant son départ, il s'était longuement levé pour répéter : "Et voilà... pourquoi, il est tout à fait possible d'en placer encore un. Il y a de la place pour exactement une autre tombe. Oui, oui, exactement..."
Selon les témoignages des témoins oculaires, pendant quelques jours après l'enterrement, la tombe du staretz Anatole exhala un parfum ineffable.
Saint Père Anatole, prie Dieu pour nous !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHOCHRISTIAN