"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 5 septembre 2015

Une vie inédite de Père Seraphim [Rose], écrite par son parrain (2/5)



Eugene (Fr. Seraphim) with his godfather, Dimitri, and his godmother


Eugène (Père Seraphim) avec son parrain, Dimitri et sa marraine


Mais un miracle se produisit. Eugène alla à l’office de nuit à la cathédrale orthodoxe russe de San Francisco. C’était à Pâques, la Pâque russe, notoirement exubérante et pleine de joie. Là, il connut quelque chose de l'esprit originel du christianisme de l'époque des Apôtres. Il fut submergé par la beauté de l’office, par tout ce qu'il vit et entendit. Il dit: "Maintenant, je suis à la maison." Il comprit qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait depuis longtemps. Il connut quelque chose qui n’était ni intellectuel ni esthétique, mais existentiel. Et à l'intérieur de lui, il brûlait, non pas d’une exaltation temporaire, mais d’une passion spirituelle profonde, d’une détermination permanente à préserver coûte que coûte, qui devait durer toute sa vie. Dès lors, lentement, il s’engloutit de plus en plus dans le christianisme orthodoxe. Il changea peu à peu son mode de vie, de mondain, celui-ci devint ascétique.

C’est alors que je l'ai rencontré à San Francisco. Il devint un ami très cher. Je ne peux pas oublier ses yeux pénétrants et aimables, son sourire, sa sobriété, son calme, son sang-froid, sa noblesse naturelle. Il était intense, mais timide. Il ne connaissait personne chez les jeunes intellectuels orthodoxes russes. Je l'ai présenté à mes amis. Nous nous sommes rencontrés très souvent. Je lus et traduisit pour lui les textes classiques de la spiritualité russe. Nous eûmes de nombreuses discussions ...
   
Il me demanda d'être son parrain quand il devint orthodoxe en 1962. Il demanda également à ma mère, qui vivait à l'époque avec moi, d'être sa marraine. Il assista fidèlement aux nombreux offices de la cathédrale russe comme il le pouvait. Il apprit rapidement à chanter et à lire parfaitement en slavon.

Mais le catalyseur qui précipita et confirma sa conversion fut un saint des temps modernes, l'archevêque Jean [Maximovitch], qui vint à San Francisco pour aider à construire une nouvelle cathédrale. Saint Jean était un ascète. Il ne dormit jamais dans un lit, et quand il n’assistait pas aux services religieux, il passait son temps à son ministère pour les pauvres, les opprimés, les malades, et les prisonniers. Beaucoup de miracles se produisaient par ses prières. Des personnes étaient guéries. Parfois, même quand il n'y avait pas de communication téléphonique possible, il venait voir les malades quand ils demandaient son aide dans leur cœur, ou bien il connaissait juste leur détresse, et venait, et ensuite, ils étaient guéris, même dans les conditions médicales les plus désespérées. Il rayonnait d'amour et de joie spirituelle. Beaucoup de gens qui le connaissaient, qui avaient reçu son aide, qui avaient été l'objet de son amour, l'aimaient en retour de tout leur coeur. Ils étaient extrêmement attachés à lui. Il était clairvoyant. Il pouvait arrêter un suicide simplement en appelant au téléphone, et en disant: "Ne fais pas ça !"

Etant évêque en Chine au cours de la Seconde Guerre mondiale, il sauva des milliers de personnes de la mort et de la déportation, en organisant leur transfert aux Etats-Unis. Les nombreux orphelins qu'il sauva l'aiment encore. Il était de petite taille, bossu, vêtu d'une vieille soutane en lambeaux. Il avait un défaut de prononciation. 

Un jour, pendant la guerre entre le Japon et la Chine, au cours d'un échange de tirs entre les soldats chinois et japonais à Changhai, il décida de visiter une église orthodoxe dans la zone de guerre. Il fut averti qu'il s’exposait lui-même à un grand danger, à la mort même. Faisant abstraction totale de cela, il traversa la zone de guerre. Tant qu'il la traversait, la fusillade s’arrêta. Il revint de la même façon. Les soldats japonais à leur poste se tenaient au garde à vous quand il passait, l'honorant, étant frappé de ce qui était arrivé, et disant que Dieu l'avait aidé. Ses écrits et ses sermons étaient concis et simples, clarifiant les problèmes les plus difficiles.

La bénédiction et l'amour de cet homme conduisirent Eugène à une nouvelle vie.


Dimitri Andrault de Langeron

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


vendredi 4 septembre 2015

Une vie inédite de Père Seraphim [Rose], écrite par son parrain (1/5)


L'histoire derrière ce texte: Mon nom est Gregory, et dans les années 2003-2006, j’ai eu l'honneur de passer du temps, de prier et d’écouter les paroles spirituelles d’un homme vraiment humble qui aimait l'Orthodoxie de tout son cœur. Je parle de Dimitri Langeron, qui vit avec sa femme Irène et leur fils Nicolas. Dimitri est le parrain de Père Séraphim [Rose] et c’est un homme très pieux et aimant Dieu. Leur maison est remplie d’icônes, certaines très vieilles venant de Russie et dans certaines pièces près de la moitié des murs sont couverts d’icônes. Il y a quelque chose de très extérieur au monde chez Dimitri et sa famille; quelque chose que je ne peux mieux décrire que d’outre monde; des survivances de types de personnes qui existent si rarement de nos jours. Ils prient, ils jeûnent, ils parlent sans cesse de Dieu et de Sa sainte Église et je ne sais pas vraiment si je les ai jamais entendu parler d'autre chose, en plus de choses concernant les nécessités de la vie. Ils ont un immense jardin dans leur arrière-cour (la taille d'une grande maison) et vivent dans la simplicité. Je suis allé chez eux souvent au cours de ces trois années, car leur fils est mentalement atteint et dans leur vieillesse, ils avaient besoin d'aide pour prendre soin de lui. Je fus payé avec des sceaux de Pâques pour cela et les Langerons étaient heureux car ils préféraient avoir quelqu'un qui était orthodoxe pour les aider. Lors d'une de ces visites, Dimitri imprima pour moi un texte qu'il avait écrit sur son filleul, Père Séraphim [Rose]. Si je me souviens bien, il lui avait été demandé de l’écrire comme préface pour un livre; mais soit elle n'a jamais été soumise par lui, ou bien l'auteur du livre a peut-être choisi une introduction différente à la place. Je pris cela et je lus, le plaçant en lieu sûr dans un dossier à trois anneaux. Maintenant, après une décennie au moins, je viens récemment de redécouvrir son travail. Je le partage avec tous ceux qui aiment Père Séraphim [Rose]. Je demande la prière de tous ceux qui lisent ceci pour Dimitri, Irène et Nicolas, qui sont tous très vieux maintenant et se préparent à passer dans l'éternité ...

* * *

"Une belle chose est une joie pour toujours:
Sa beauté augmente; Elle ne passera jamais
dans le néant... "
"La beauté est vérité, la vérité est beauté-
c’est tout ce que vous savez sur terre, 
et tout ce que vous avez besoin de savoir. "

John Keats (1795-1821)

* * *

Eugene Rose est né en 1934, dans une famille protestante américaine.

La beauté est ce qui attira Eugène, le futur père Séraphim, vers le christianisme orthodoxe russe. C’est ce qu'il a appelé plus tard "la saveur de l'orthodoxie."

La beauté et la recherche passionnée de la vérité-parce que, fondamentalement, Eugène avait un esprit philosophique. Outre une intelligence forte et pénétrante, qui pouvait arriver à l'essence des choses en quelques mots sobres, il avait un cœur compatissant et aimant. Sa rencontre avec le Christ ne fut pas intellectuelle, mais ce fut un acte de foi, un acte d'amour pur et simple. Voilà comment aussi il en vint à aimer la Russie, le peuple russe, l'Eglise orthodoxe russe en exil, et, enfin, le tzar Nicolas II, le martyr. Il a trouvé les russes psychologiquement plus profonds et plus sincères et chaleureux que les occidentaux dans leurs relations avec d'autres personnes, et avec un penchant religieux et mystique, un peu comme les Irlandais.

Eugene a étudié à Pomona College, en Californie, et à l'Université de Californie à Berkeley. C’était un homme de grande culture, très doué en langues, parlant français et allemand. En outre, il apprit le chinois et le japonais. Plus tard, il a facilement appris le russe et slavon. Il a également étudié les sciences, excellant dans les sciences naturelles. Il a été reconnu par ses professeurs comme un étudiant exceptionnellement brillant.

Il aimait la musique (surtout Bach), l'opéra, la littérature, la poésie. Dans la littérature anglaise, il aimait Dickens. Il aimait la nature et les animaux. Il était bâti comme un athlète, et appréciait les sports à l’université. C’était un homme pratique qui pouvait réparer les voitures, faire diverses réparations et construire une maison.

Mais bientôt Eugene fut désabusé par le vide de la vie moderne, son matérialisme plat, et le seul christianisme qu’il connaissait: le protestant et le catholique, dont il sentait, qu’ils avaient perdu leur spiritualité. Il vit également que la science et la technologie, utilisées à tort, détruisaient lentement la belle trame naturelle de la vie. Recherchant la vérité en Orient, il étudia la culture et la religion chinoise, le taoïsme, le bouddhisme, le zen et les enseignements hédonistes d’Alan Watts (un ancien prêtre épiscopalien, qui avait rejeté sa foi en faveur du bouddhisme zen).


Après un certain temps, il devint sans illusion également avec les religions orientales, les trouvant peu profondes. Il arriva près de l'athéisme, de la sensualité, et de la rébellion véritable contre Dieu. Il en vint aussi près de scepticisme le plus total, cet état de l'esprit humain terrible doutant de tout, s’approchant de plus en plus de la folie totale et l'auto-destruction. Cet état est bien décrit dans le livre classique de Pavel Florensky, la Colonne et le Fondement de la Vérité.[1]


Dimitri Andrault de Langeron

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Note:
[1] publié à l’Age d’Homme, Lausanne. Pour Père Paul Florensky, voir ICI

jeudi 3 septembre 2015

Mère Théosemni: Enseignements


Mère Théosemni (1938 - 2000)

L'ancienne Théosemni, vouée à la vie monastique depuis l'âge de 28 ans et devenue disciple de Père Porphyre, aujourd'hui glorifié par l'Eglise, refonda en 1976 avec deux autres moniales le monastère de Chrysopigi (Crète). 

Sous sa conduite, le mona­stère devint un centre spirituel fréquenté, et elle même s'acquit la rénommée d'Ancienne expérimentée et remplie de sagesse, capable de procurer repos et soutien à beaucoup de croyants qui la sollicitèrent. 

La brochure, traduite du grec par les moniales de Solan, contient une courte biographie et une présentation de l'Ancienne, suivies d'un recueil des propos et conseils spirituels que l'Ancienne adressa à sa communauté pendant les 34 années de son higouménat.

*

Ayons de la compassion et de l'amour pour nos frères, de sorte que, s'ils ont commis quelque erreur et qu'ils nous disent." Pardonne-moi" nous nous demandions pourquoi ils nous disent cela, car nous ne nous serons même pas aperçues de leur erreur.

*

Qu'il est effroyable de dilapider les charismes de l'âme!

*

Si nous aimons le Christ et si nous L'avons en nous, nous n'avons besoin de rien d'autre.

*

Quoi qu'il arrive, ce n'est pas notre frère qui est en faute, c'est notre état spirituel, c'est nous qui nous troublons, qui jugeons, qui nous mettons en colère. N'essayons pas de trouver la cause chez les autres. Les causes sont en nous.

*

Le blâme de soi guérit les blessures de l'âme.

*

Ne vous attendez pas à ce que le Christ vienne vous réveiller pour prier. Réveillez-vous toutes seules et attirez-Le par vos prières en L'appelant.

*

La prière de la nuit est très pure. Tous les saints priaient la nuit.

*

Confions-Lui tout sans angoisse. Soyons simples. Dites " Seigneur Jésus-Christ, illumine-moi, illumine mes ténèbres" et votre cœur s'ouvrira au Christ.

*

D'après 
MERE THEOSEMNI,
Higoumène du saint Monastère de Chrysopigi
Publié par
Monastère saint-Antoine-le-Grand
et
Monastère de Solan
d'après l'édition Grecque 
du Monastère de Chrysopigi,
La Canée, Crète,
2004.

Ce petit livret comportant la vie et les enseignements de Mère Théosemni, peut être commandé au Monastère de la Transfiguration (5 Euros)
Lien pour le commander:

mercredi 2 septembre 2015

Staretz Cléopas Ilie de Sihastria/ Enseignements (2/2)



Fr. Cleopa reading a prayer in his cell (38)

- Généralement nos gens prient peu, mais avec beaucoup d'humilité. Peuvent-ils espérer le salut grâce à leur petite quantité de la prière? Et comment devraient prier les malades ou ceux qui ne peut pas lire les prières?

Notre Sauveur Jésus-Christ a dit: En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le Lui demandiez. (Matt 6: 7-8.). Puis Il nous a enseigné le '' Notre Père.'' Par conséquent, notre Sauveur Lui-même nous a enseigné une prière brève. Quiconque dit de courtes prières, mais avec humilité et un sentiment aimant, sera sauvé. Rappelons-nous le saint staretz qui a prié pendant quarante ans avec la même prière: "Seigneur, j'ai péché comme homme; Toi comme Dieu pardonne-moi."

- Comment peut-on accomplir le commandement de l'apôtre Paul, "Priez sans cesse?"

Tout le monde peut prier sans cesse s'il marche toujours devant Dieu avec son esprit et son cœur. Il peut travailler avec ses mains tandis que son esprit et son cœur sont élevés vers Dieu. La seule chose que je doive ajouter, est que la chose la plus importante dans la prière spirituelle est que notre esprit et notre coeur soient inséparables de Dieu, peu importe l'heure et le lieu où nous sommes. Nous devons toujours être conscients de la Présence de Dieu. "Ce travail s'applique à toutes sortes de prières, et il est considéré comme une prière ininterrompue," dit saint Théophane le Reclus. Ceci est le sentiment et la contemplation spirituelle de Dieu que le Saint Prophète David avait quand il a dit: "Je voyais constamment le Seigneur devant moi, parce qu'Il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé..." (Ps 15: 8). Donc, nous devons comprendre que la vie d'un homme fidèle est une prière incessante si son esprit est toujours avec Dieu.

- Quand Nous faisons de bonnes œuvres, est-ce aussi une sorte de prière à Dieu?

Oui, ça l'est! L'apôtre Paul nous le dit, quand il dit: "Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par Lui des actions de grâces à Dieu le Père." (Col. 3:17). Chaque fois que l'on fait une bonne action pour la gloire de Dieu, ou que l'on parle pour le bénéfice des autres pour la gloire de Dieu, on a la prière des œuvres. C'est pourquoi saint Théodore le Studite, conseillant ses disciples, leur dit: "Celui qui fait de bonnes actions et obéit avec humilité et sans protestation, accomplit la Liturgie et la prêtrise."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 1 septembre 2015

Staretz Cléopas Ilie de Sihastria/ Enseignements (1/2)





- Quel genre de paroles sont les plus puissantes au service des autres?

La parole la plus puissante pour édifier les autres est la pratique: l'exemple de nos vies. Saint Isaac le Syrien dit la même chose: "Le discours sur les œuvres est une chose; les belles paroles sans actes, autre chose." Il ajoute ensuite:" Beaucoup de paroles sans les œuvres sont comme un artiste qui peint des images de l'eau sur le mur, mais ne parvient pas à étancher sa soif.''

- Un autre homme a demandé à Père Cléopas: "Père Cléopas, un chrétien vertueux peut-il sauver sa famille et son village par la sainteté de sa vie?"

Comment ne peut-il pas le faire? Plus il y a de chrétiens vertueux dans le monde, dans un pays, dans une communauté, plus ce pays ou cette communauté seront préservés des dangers, des guerres, des troubles, des famines, et de toutes sortes de maux. D'autre part, moins il y a d'élus de Dieu, plus sévère sera le châtiment de Dieu. Quelqu'un a demandé un certain saint: "Un homme peut-il sauver une ville?'' ''Il le peut," répondit le saint. ''Le prophète et roi David en est un exemple. Écoutez ce que Dieu a dit: Pour l'amour de David, mon serviteur, je ne vais pas abandonner la ville de Jérusalem.''

- Un laïc en visite lui a demandé: "Père Cléopas, je me suis disputé avec quelqu'un et j'ai demandé son pardon à plusieurs reprises, mais il ne veut pas me pardonner. Que puis-je faire pour être réconcilié avec lui? "

Ne lui dis rien de plus, ne parle pas mal de lui aux autres, mais prie Dieu pour lui et pardonne-lui de tout ton cœur. Avec le temps la colère sera éteinte, comme un feu qui manque cruellement de bois.

- Comment Les chrétiens devraient se tenir à l'église pendant les offices, comment doivent-ils prier, et quels devoirs ont-ils quand ils vont à l'église?

Les chrétiens devraient se tenir à l'église avec foi, crainte de Dieu, et attention. Ils devraient se forcer autant que possible à prier sans distraction et avec le sentiment du cœur. En outre, les chrétiens ont les devoirs suivants: aller régulièrement à l'église, car celui qui manque souvent les offices, sauf pour les malades, sont exclus des Saints Mystères; se réconcilier avec tous les hommes et demander pardon à ceux à qui ils ont fait du mal; préserver leur pureté au moins deux jours avant d'aller à l'église et au moins un jour après; venir tôt pour les offices divins afin d'avoir le temps de vénérer en paix et d'entendre les matines. 

Chaque chrétien devrait offrir quelque don au Seigneur selon sa capacité, même s'il est très modeste, comme un sacrifice de l'œuvre de ses mains. Il devrait donner des noms pour la commémoration, et demander au prêtre de prendre des parcelles [de la prosphore] pour les vivants et les morts de leurs familles. Les chrétiens devraient se tenir à l'église modestement et en bon ordre, les hommes à droite et les femmes à gauche. Ils doivent porter des vêtements propres et modestes, et les femmes devraient avoir des foulards sur la tête. Il est interdit de parler pendant les offices sans grande nécessité. Après que la Divine Liturgie ait commencé, tout le monde doit rester à sa place et ne pas se déplacer pour vénérer les icônes. Ils doivent suivre la Liturgie avec une attention pieuse, et écouter les prières et les chants du chœur, les lectures de l'Epître et de l'Evangile, et le sermon. Personne ne devrait quitter l'église avant la fin de la Liturgie sans grande nécessité. Ceux qui se sont confessés et préparés pour la Sainte Communion devraient lire les prières appropriées avant la Communion à l'avance, et avant d'approcher les Saints Dons ils devraient demander pardon à tous les fidèles. Après la Liturgie, ceux qui ont reçu la Communion devraient lire les prières d'action de grâces, passer ce jour-là dans la joie spirituelle et se garder de toutes les tentations. 

Les parents doivent régulièrement amener leurs enfants à l'église, en veillant à ce qu'ils reçoivent la Communion au Corps et au Sang du Christ. Après la fin des services divins, les chrétiens devraient retourner avec révérence dans leurs foyers, passer le reste du jour dans la pensée de choses saintes, la lecture de livres spirituels, et la visite des malades. Ils sont également tenus de dire à ceux à la maison qui ne sont pas venus à l'église ce qu'ils ont entendu et appris à l'église, les tropaires, les lectures, et le sermon. Ce sont les devoirs les plus importants de chrétiens quand ils vont à l'église le dimanche et les jours de fête.

- Qu'est-ce que la prière, et quels types de prière existent, selon les Pères de l'Église?

Évagre le Pontique dit: ''La prière est conversation de l'esprit avec Dieu. La prière est une émanation de la douceur et de l'absence de colère." "La prière est un fruit de la joie et de la gratitude. Elle est le bannissement de la tristesse et du  désespoir,'' selon Évagre le Pontique. Et les Pères disent qu'elle est l'union et elle joint l'homme avec Dieu, la force du monde, la réconciliation avec Dieu, la mère et la fille des larmes. La prière est la clé du royaume des cieux, et selon Théophane le Reclus, elle est l'ascension de l'esprit et les pensées vers Dieu. La prière a trois degrés: le premier, parlé ou prière lue, effectuée par le corps; deuxièmement, la prière des pensées, ou oraison mentale; et la troisième, la prière des sentiments, ou du cœur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




lundi 31 août 2015

Témoignage de l'archimandrite Irenei (Steenberg) sur saint Jean de Changhaï



Archimandrite Irenei (Steenberg) at Sretensky Seminary

St. John Maximovitch


Vous officiez à San Francisco en l'église de l'orphelinat où saint Jean (Maximovitch) vécut, et là dans la ville, vous avez ses reliques et sa Mantia. Pourriez-vous nous dire un peu plus sur la vie avec saint Jean, sa présence, son influence?

-La première chose que je dirais à propos de la vie avec saint Jean (comme je vois nos vies à San Francisco) est qu'il est immédiatement tangible. Quand on se tient devant les reliques de saint Jean, ses reliques incorruptibles qui sont dans la cathédrale de la Sainte Mère de Dieu, Joie de tous les affligés, on sait qu'on se trouve en présence d'un saint vivant. Quand on marche dans sa kellia [cellule], où il a vécu, et qu'on voit cette petite chambre, on n'est pas seulement impressionné par la petitesse ou la simplicité de celle-ci. On sent saint Jean là, debout avec vous. Je pense que chacun d'entre nous qui a la bénédiction de servir à San Francisco, dans ces nombreux lieux associés à sa vie, la nouvelle cathédrale, à Saint-Tikhon, dans la vieille cathédrale, dans nos nombreuses autres paroisses où il officia: la paroisse de Kazan, la paroisse Saint-Serge et d'autres encore, nous sommes tous bénis avec ce sentiment tangible que nous marchons ensemble avec ce saint.

Je dois dire, personnellement, que d'une part c'est immensément inspirant et encourageant, et d'autre part, cela [me] condamne profondément. Chaque jour, j'entre dans la petite église de Saint-Tikhon, qui est une église de maison où vécut saint Jean, où était l'orphelinat, où est sa kellia. 

Chaque jour, j'entre par cette porte ordinaire dans ce qui ressemble à tout autre bâtiment de la rue, et aussitôt, je ressens la présence de ce saint; et je dois dire que tous les jours, je me sens comme s'il me condamne pieusement pour ma profonde faiblesse dans ma propre vie pastorale, pour mon laxisme en tant que chrétien. 

Je ne dis pas qu'il me condamne comme le ferait un juge cruel, mais comme un père aimant. Vivre dans la présence d'un saint qui était un ascète profond, qui fit des miracles dans sa propre vie (ses miracles n'ont pas commencé après sa mort; ce fut un faiseur de miracles pendant des décennies avant qu'il ne quitte cette vie à servir dans la même Église comme un homme qui pouvait guérir les malades, qui ramena les gens des portes de la mort, qui par ses intercessions et sa bénédiction fit donner naissance à celles qui étaient stériles) on ne peut pas s'empêcher de se tenir dans la présence de cet héritage et de se sentir tout à fait indigne de la vocation chrétienne, de la vie pastorale. 

"Qu'ai-je fait de ma vie? Que suis-je en train de faire? Où est mon repentir? Où est mon dévouement?"

Telles sont les questions que vivre en sa présence me font me poser. Peut-être que les gens de plus grande stature spirituelle ne se posent pas ces questions; mais se les poser, est la source d'inspiration pour, je l'espère, une foi toujours plus profonde et un zèle plus profond. 

Quand je suis dans cette petite église et que je me trouve mon esprit errant à la troisième heure de la Vigile, et tout à coup je me rends compte que je suis debout, littéralement, à l'endroit où saint Jean se tenait pendant la septième ou la huitième heure de ses vigiles, alors on se surprend au milieu de ses pensées et l'on pense, "Je devrais vraiment être plus attentif. Je peux faire mieux."

Nous avons tous les miracles de saint Jean, et ils sont une source d'inspiration continue. Nous les voyons tous les jours. Mais à un niveau personnel la dimension la plus influente de son héritage est son exemple qui nous enseigne que l'on peut faire mieux dans la vie chrétienne. 

"Si tu le veux vraiment, tu peux guérir les malades. Si tu le veux vraiment, tu peux voir dans le cœur des autres." Voilà ce que je l'entends me chuchoter, pour nous tous.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

« C’est un professeur de marxisme qui m’a fait découvrir l’Orthodoxie ! » Une interview de l’archiprêtre Jivko Panev sur le site d’information orthodoxe russe Pravmir

sur orthodoxie.com

L’archiprêtre Jivko Panev, fondateur et directeur du site français Orthodoxie.com, et professeur à l’Institut de théologie Saint-Serge à Paris, a évoqué, dans une interview pour le site orthodoxe russe Pravmir.ru, sa venue à la foi dans la Yougoslavie communiste, comment il devint soudain macédonien pour les Serbes et serbe pour les Macédoniens, puis les questions de l’anticléricalisme en France et de la raison des guerres civiles. L’entretien a eu lieu dans le cadre de la « Première conférence internationale “Les médias électroniques et la pastorale orthodoxe” », qui s’est tenue du 7 au 9 mai 2015 à Athènes.
- Père Jivko, comment êtes-vous devenu croyant, alors que vous étiez né dans un pays socialiste ?
– Je suis originaire de Macédoine, l’ex-République yougoslave. Je suis né en 1961, mon père était officier de l’Armée yougoslave, notre famille était communiste. Mais lorsque j’ai étudié au lycée, j’ai commencé, à l’instar de toute la jeunesse, à rechercher le sens de la vie. Je lisais beaucoup de livres philosophiques, psychologiques, et ensuite j’ai ressenti une attirance pour les religions orientales, l’hindouisme, le bouddhisme. Et grâce à un professeur de marxisme, qui était secrètement croyant, j’ai connu l’Orthodoxie. Il m’a donné à lire Dostoïevski, puis ensuite, des livres orthodoxes en langue serbe. J’ai commencé à m’intéresser à l’expérience spirituelle orthodoxe, à lire L’Échelle de saint Jean Climaque, la Philocalie… Il en a résulté que j’ai reçu le baptême à l’âge de dix-huit ans. J’ai achevé mes études de droit à la faculté de Skoplje et ensuite, je voulais étudier la théologie. J’ai demandé à mon père spirituel, le hiéromoine Amphiloque Radović, actuellement métropolite du Monténégro, de me donner sa bénédiction pour aller étudier au Séminaire Saint-Vladimir, en Amérique, parce que je connaissais l’anglais. Mais il m’a dit : « C’est mieux à Paris, il y a là-bas un très bon institut théologique. Et la France, malgré tout, est un pays catholique, qui nous est plus proche que les protestants en Amérique ». C’est ainsi que je suis arrivé en 1988 à l’Institut Saint-Serge. J’y ai reçu ma licence, puis ensuite la maîtrise et, simultanément, j’ai obtenu le DEA d’études grecques. Je suis également titulaire d’un MBA. La seconde année de mon séjour à Paris, j’ai été ordonné diacre par Mgr Amphiloque pour l’Église orthodoxe serbe. Or, dans les années 1990, a commencé la guerre civile en Yougoslavie. Jusque là, nous étions tous yougoslaves, et voici qu’en une heure, je me suis trouvé macédonien dans l’Église serbe et, pour mes compatriotes macédoniens, je suis devenu serbe. Il était fort difficile de revenir dans mon pays. C’est ainsi que je suis resté en France, où j’ai reçu une petite paroisse dans le sud de Paris, et où je suis devenu prêtre en 1994. Depuis lors, je célèbre dans cette paroisse qui se trouve sous la juridiction de l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe Occidentale, l’Exarchat du Patriarcat œcuménique.
- L’Institut Saint-Serge, c’est une « légende », c’est là qu’ont enseigné les théologiens les plus connus ainsi que les prêtres de la première vague de l’émigration : l’évêque Cassien (Bezobrazov), l’archimandrite Cyprien (Kern), les archiprêtres Serge Boulgakoff, Georges Florovsky, Basile Zenkovsky, Nicolas Afanassiev, Anton Kartachev, Georges Fedotoff, Boris Vycheslavtsev, et d’autres encore. Quel est son rôle maintenant, a-t-il gardé sa position de leader ?
– Il est très important qu’il existe maintenant également. Nous avons la tradition et l’expérience du dialogue avec le monde occidental. Nous n’avons pas actuellement de grands théologiens comme ce fut le cas précédemment, mais nous nous efforçons de croître. Deux cents étudiants suivent actuellement nos cours, soit sur place, soit par correspondance, mais notre problème est matériel, parce qu’en France, depuis 1905, l’Église et l’État sont séparés. Celui-ci n’aide pas les institutions religieuses d’enseignement. Notre diaconie est possible grâce aux dons des fidèles orthodoxes, lesquels sont toutefois peu nombreux en France et, au demeurant, divisés en juridictions. Mais, par la grâce de Dieu, nous travaillons, nous nous efforçons de soutenir l’esprit de la théologie créative, qui est fidèle à la Tradition, mais se trouve en dialogue avec le monde occidental. Celui-ci aspire à trouver la lumière du Christ.
- Quelles sont, de votre point de vue, en tant qu’homme vivant en Europe, les perspectives du christianisme en général et de l’orthodoxie en particulier dans cette partie du monde ?
– En France comme, en général en Occident, la question de l’islamisme est particulièrement aiguë. La Révolution française voulait faire que l’identité chrétienne n’existe plus. Mais maintenant, avec l’arrivée de l’islamisme, les Français commencent à comprendre qu’il y a chez eux, comme dans toute l’Europe occidentale, des fondements chrétiens, une identité chrétienne qui est implicite dans la culture même et il faut que les gens en prennent conscience. Nous-mêmes, en tant qu’orthodoxes, ressentons, savons et croyons que nous avons la plénitude la Tradition de l’Église chrétienne. Et c’est en cela que réside le sens de notre présence en Occident : que les occidentaux la transposent en eux, qu’ils disent : « Nous avons des racines communes et il faut que nous soyons à nouveaux unis, mais dans l’esprit de fidélité à la Tradition orthodoxe. C’est l’Église qui a gardé la pureté de la foi apostolique ». C’est là le sens de notre existence. Aussi, pour répondre à votre question : « y a-t-il des perspectives en Europe pour le christianisme et l’Orthodoxie ? », on peut dire : bien sûr, il y en a !
- Mais par ailleurs, le christianisme est tout-de-même évacué activement de la vie sociale. Les autorités interdisent de disposer des symboles religieux sur les bâtiments publics, on introduit dans la société des concepts tels que « season greetings » dans le monde anglo-saxon au lieu de « joyeux Noël », etc…
– Oui, il y a en France une telle tendance. Comme je l’ai dit, la Révolution française était déjà dirigée contre l’Église. Mais cela s’est produit parce que l’Église catholique était liée alors au pouvoir monarchique, et la situation du peuple français était mauvaise. Si tout allait bien pour lui, il n’y aurait pas eu de révolution. Il y a l’esprit du laïcisme qui est dirigé contre l’Église. Mais si l’on regarde en profondeur, il s’avère que cet esprit anti-ecclésial est dirigé contre le pharisaïsme, contre l’orgueil ecclésiastique. Effectivement, il y a des défauts chez nous, membres de l’Église et clercs ; il se peut que nous utilisions parfois le pouvoir qui nous est donné par Dieu à des fins personnelles et le peuple le sent. En fait, les gens cherchent la dignité du peuple de Dieu, la dignité de l’homme de se trouver devant la face de Dieu.
- Maintenant, beaucoup disent que dans l’Église orthodoxe, avec le temps, le concept du rôle du peuple de Dieu a été également altéré, « les premiers rôles » ont été attribués aux clercs, tandis que les simples paroissiens ne sont que des « spectateurs » lors des offices. Il n’en était pas ainsi dans l’Église proto-chrétienne…
– Depuis le début du christianisme, l’Église est l’assemblée des fidèles qui se réunissent en raison de leur foi une dans le Christ, afin de recevoir le don de l’Esprit Saint et d’offrir le Sacrifice non-sanglant. Tous les chrétiens ont le don de rendre grâce à Dieu : l’Eucharistie, c’est l’action de grâce. Mais il y a des dons particuliers chez ceux qui président ces assemblées de fidèles qui rendent grâce. C’est Dieu qui leur donne ce don particulier, mais par l’intermédiaire de l’assemblée. En effet, lorsqu’a lieu le sacre de l’évêque, celui-ci est institué uniquement pour les ouailles. C’est ainsi que nous avons un ministère commun, un ministère particulier, mais c’est le ministère de l’amour. Rien d’autre. L’évêque n’a aucun pouvoir monarchique, aucun pouvoir politique, il a un pouvoir d’amour, qui se manifeste par la célébration des saints Mystères, en premier lieu de la Liturgie. Ensuite, celui de la prédication des dogmes sur le fondement de la foi. Le prêtre sert l’évêque et il dirige le peuple de Dieu avec un cœur pur. C’est ce qu’écrit St Hyppolite de Rome dans la prière d’ordination sacerdotale : l’évêque impose les mains sur la tête du futur presbytre et prie afin qu’il dirige le peuple de Dieu avec un cœur pur. Un « cœur pur », cela signifie que l’homme doit être sans égoïsme, qu’il vive pour les autres et les amène à Dieu. Ce ministère consiste en cela. Or, nous avons une nature humaine déchue, et nous avons l’aptitude de transformer ce ministère, ce service, en pouvoir. L’amour du pouvoir, c’est la première tentation. Satan s’est détaché de Dieu parce qu’il ne voyait pas Dieu comme amour, l’amour d’une Personne envers une autre Personne. L’être même de Dieu est l’amour parce qu’Il est Père, Fils et Saint-Esprit. Satan a cessé une fois de voir Dieu comme la communion des trois Personnes, et a commencé à Le voir comme un pouvoir monarchique, une monade. C’est pourquoi il a souhaité aller contre Dieu : si Dieu est le pouvoir, il faut ou bien fuir ce pouvoir, ou être un esclave, ou occuper le lieu du pouvoir. Et lorsque Satan tente Ève, que lui dit-il ? Il dit : Dieu ne veut pas que vous mangiez de l’Arbre de la connaissance, parce que si vous en mangez, vous deviendrez également des dieux, comme lui. Satan voulait représenter Dieu comme un pouvoir qu’Il voulait garder seulement pour Lui, sans le partager avec les autres. Cette tentation fut la cause de la première chute, celle de Satan, et de la deuxième chute, celle d’Adam et d’Ève. Nous faisons face aussi à cette tentation. Cela est vrai pour chaque homme, tant chez les prêtres que chez les laïcs. Mais si nous retournons à cet ordre dont nous avons parlé, chacun de nous a un ministère, un service commun, et un service particulier, mais nous ne devons pas oublier qu’il s’agit du ministère de l’amour.
- Dans votre conférence, vous avez décrit le monde actuel post-moderne, vous avez cité les réflexions des philosophes sur ses particularités. De toute évidence, le monde dans lequel nous vivons est l’un des plus complexes. Comment l’homme peut-il garder son calme intérieur, lorsqu’il est entouré par une telle vitesse, une telle quantité de l’information ?

– Comment vivre à l’époque du post-modernisme ? Il est difficile de vivre, mais il était difficile de vivre aussi lors du modernisme, et encore lors du classicisme. Ce monde est celui de Dieu et on ne peut vivre en celui-ci que par l’obéissance. Lorsque nous parlons de l’obéissance, nous pensons immédiatement à la vie monastique, mais comment vivre dans le monde ? Il y a un très bon écrivain, Tito Colliander, qui disait que chacun, dans la vie spirituelle, a son obédience : si nous sommes moines, l’obédience monastique, si nous sommes journalistes, l’obédience journalistique. Si nous faisons quelque chose, en accomplissant la volonté divine, il faut que nous recevions de cela la paix. Nous ne cherchons pas la volonté de Dieu, nous parlons beaucoup de trop. Il y a le bruit, à cause de celui-ci nous n’entendons pas la voix de Dieu. Seule la voix de Dieu peut nous donner cette paix. Mais comment entendre la voix de Dieu, lorsque nous n’avons pas de paix et qu’il n’y en a pas non plus près de nous ? Il faut prier, afin que Dieu nous envoie la paix, afin que nous soyons obéissants. C’est la première chose. La deuxième : le post-modernisme, c’est malgré tout l’esprit du temps. Le post-modernisme n’est qu’une partie de la tendance du monde occidental contemporain. Le monde occidental répand ses tendances sur toute la planète. Le sentiment surgit en l’homme qu’il peut atteindre même l’immortalité sans Dieu. Cela s’appelle le transhumanisme : agir de telle façon que, grâce aux biotechnologies, nanotechnologies, à la pharmacologie, la cybernétique, l’homme s’améliore. C’est « l’humanisme plus » : l’homme peut devenir dieu sans Dieu. Mais c’est une tentation diabolique, parce que si l’homme devait même devenir immortel, cela ne le rendrait pas ainsi dans une pleine mesure. Même s’il pouvait vivre mille ans grâce aux remèdes médicaux et aux biotechnologies, si on le tuait, il mourrait. Ici, la tentation se trouve simplement dans l’orgueil. Actuellement, les plus grandes firmes, telles que Google, Yahoo, Apple, dépensent des sommes énormes pour ces technologies, parce que les dirigeants de ces compagnies sont des adeptes du transhumanisme. Ils recherchent l’immortalité. Ils ont le sentiment que seule l’immortalité peut nous donner la béatitude. Mais celle-ci, sans celle qui est éternelle, est impossible, tandis que la béatitude éternelle, c’est Dieu.
- D’après l’expérience de votre patrie, vous savez ce que c’est que la guerre civile. Pendant cette dernière décennie, nous avons observé beaucoup de guerres semblables. Pourquoi, à votre avis, il y a si peu de paix autour de nous ? D’où proviennent les guerres civiles ?
– L’amour du pouvoir est la source de toutes les guerres. Chaque conflit, chaque guerre provient de l’amour du pouvoir. Je veux avoir le pouvoir absolu, mais pourquoi ? Parce que nous sommes maintenant mortels. Si je peux accaparer le pouvoir, toutes les ressources seront chez mois. C’est la peur de la mort. Et c’est bien que nous ayons peur de la mort, car la mort, ce n’est pas quelque chose de naturel. Même le Christ en avait peur ! Rappelez-vous que dans l’Évangile de Jean, lorsque le Christ s’approcha de la tombe de Lazare, il fut soudain épouvanté. En grec, littéralement, « il ressentit un stress profond ». Que cela signifie-t-il ? Que le Christ même a compris que la plus grande horreur était la mort. Mais comment vaincre la mort ? Ou bien par l’immortalité, la résurrection du Christ, ou bien en ayant de l’argent, de la nourriture ou des richesses. Lorsqu’il n’y a pas de foi en Dieu, on pense que la richesse protège. Mais les ressources sont limitées. Si j’ai tout, tu n’auras rien, alors tu diras : « Pourquoi en est-il ainsi ? C’est injuste ! Je prends les armes et passons au conflit armé ! » Selon moi, il en a toujours été ainsi. Depuis la chute d’Adam et d’Ève, depuis Caïn et Abel, et jusqu’à maintenant, nous nous trouvons constamment dans les conflits. Et que fait le Christ ? Il dit : « Vous voulez le pouvoir absolu, parce que vous pensez que Dieu est le pouvoir ». Dieu est devenu homme ! Il a vécu comme un homme, Il est mort comme un homme, mais Il est ressuscité comme Dieu-homme. Il nous donne la possibilité de vaincre la mort. « Le Christ est ressuscité des morts, par la mort, Il a terrassé la mort et à ceux qui gisaient dans les tombeaux, Il a donné la vie ». Nous tous, qui gisons dans les tombeaux, attendons la Résurrection du Christ.
Entretien réalisé par Maria Korkova
Source : Pravmir