Vous officiez à San
Francisco en l'église de l'orphelinat où saint Jean (Maximovitch) vécut, et là
dans la ville, vous avez ses reliques et sa Mantia. Pourriez-vous nous dire un
peu plus sur la vie avec saint Jean, sa présence, son influence?
-La première chose que je dirais à propos de la vie
avec saint Jean (comme je vois nos vies à San Francisco) est qu'il est
immédiatement tangible. Quand on se tient devant les reliques de saint Jean, ses
reliques incorruptibles qui sont dans la cathédrale de la Sainte Mère de Dieu, Joie de tous les affligés, on sait qu'on se trouve en présence d'un saint vivant.
Quand on marche dans sa kellia [cellule], où il a vécu, et qu'on voit cette
petite chambre, on n'est pas seulement impressionné par la petitesse ou la
simplicité de celle-ci. On sent saint Jean là, debout avec vous. Je pense
que chacun d'entre nous qui a la bénédiction de servir à San Francisco, dans
ces nombreux lieux associés à sa vie, la nouvelle cathédrale, à Saint-Tikhon, dans la vieille cathédrale, dans nos nombreuses autres paroisses où il officia: la
paroisse de Kazan, la paroisse Saint-Serge et d'autres encore, nous sommes tous bénis avec ce
sentiment tangible que nous marchons ensemble avec ce saint.
Je dois dire, personnellement, que d'une part
c'est immensément inspirant et encourageant, et d'autre part, cela [me] condamne profondément. Chaque jour, j'entre dans la petite église de
Saint-Tikhon, qui est une église de maison où vécut saint Jean, où était l'orphelinat, où est sa kellia.
Chaque jour, j'entre par cette porte ordinaire dans ce qui ressemble à tout autre bâtiment de la rue, et aussitôt, je ressens la
présence de ce saint; et je dois dire que tous les jours, je me sens comme s'il me condamne pieusement pour ma profonde faiblesse dans ma propre vie
pastorale, pour mon laxisme en tant que chrétien.
Je ne dis pas qu'il me
condamne comme le ferait un juge cruel, mais comme un père aimant. Vivre
dans la présence d'un saint qui était un ascète profond, qui fit des
miracles dans sa propre vie (ses miracles n'ont pas commencé après sa mort; ce fut un faiseur de miracles pendant des décennies avant qu'il ne quitte cette
vie à servir dans la même Église comme un homme qui pouvait guérir les
malades, qui ramena les gens des portes de la mort, qui par ses
intercessions et sa bénédiction fit donner naissance à celles qui étaient stériles) on ne peut
pas s'empêcher de se tenir dans la présence de cet héritage et de se sentir tout à
fait indigne de la vocation chrétienne, de la vie pastorale.
"Qu'ai-je fait de
ma vie? Que suis-je en train de faire? Où est mon repentir? Où est mon
dévouement?"
Telles sont les questions que vivre en sa présence me font me poser. Peut-être que les gens de plus grande stature spirituelle ne se posent pas ces questions; mais se les poser, est la source d'inspiration
pour, je l'espère, une foi toujours plus profonde et un zèle plus profond.
Quand je suis
dans cette petite église et que je me trouve mon esprit errant à la troisième heure
de la Vigile, et tout à coup je me rends compte que je suis debout,
littéralement, à l'endroit où saint Jean se tenait pendant la septième ou la
huitième heure de ses vigiles, alors on se surprend au milieu de ses pensées et l'on pense, "Je devrais vraiment être plus attentif. Je peux faire mieux."
Nous avons tous les miracles de saint Jean, et ils sont une source
d'inspiration continue. Nous les voyons tous les jours. Mais à un niveau
personnel la dimension la plus influente de son héritage est son exemple qui nous enseigne que
l'on peut faire mieux dans la vie chrétienne.
"Si tu le veux vraiment,
tu peux guérir les malades. Si tu le veux vraiment, tu peux voir dans
le cœur des autres." Voilà ce que je l'entends me chuchoter, pour nous tous.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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