L'histoire derrière ce texte: Mon nom est Gregory, et
dans les années 2003-2006, j’ai eu l'honneur de passer du temps, de prier et d’écouter
les paroles spirituelles d’un homme vraiment humble qui aimait l'Orthodoxie de
tout son cœur. Je parle de Dimitri Langeron, qui vit avec sa femme Irène et
leur fils Nicolas. Dimitri est le parrain de Père Séraphim [Rose] et c’est un
homme très pieux et aimant Dieu. Leur maison est remplie d’icônes, certaines
très vieilles venant de Russie et dans certaines pièces près de la moitié des
murs sont couverts d’icônes. Il y a quelque chose de très extérieur au monde chez
Dimitri et sa famille; quelque chose que je ne peux mieux décrire que d’outre monde; des survivances de types
de personnes qui existent si rarement de nos jours. Ils prient, ils jeûnent,
ils parlent sans cesse de Dieu et de Sa sainte Église et je ne sais pas
vraiment si je les ai jamais entendu parler d'autre chose, en plus de choses
concernant les nécessités de la vie. Ils ont un immense jardin dans leur
arrière-cour (la taille d'une grande maison) et vivent dans la simplicité. Je
suis allé chez eux souvent au cours de ces trois années, car leur fils est
mentalement atteint et dans leur vieillesse, ils avaient besoin d'aide pour
prendre soin de lui. Je fus payé avec des sceaux de Pâques pour cela et les
Langerons étaient heureux car ils préféraient avoir quelqu'un qui était
orthodoxe pour les aider. Lors d'une de ces visites, Dimitri imprima pour moi
un texte qu'il avait écrit sur son filleul, Père Séraphim [Rose]. Si je me
souviens bien, il lui avait été demandé de l’écrire comme préface pour un
livre; mais soit elle n'a jamais été soumise par lui, ou bien l'auteur du livre
a peut-être choisi une introduction différente à la place. Je pris cela et je lus,
le plaçant en lieu sûr dans un dossier à trois anneaux. Maintenant, après une
décennie au moins, je viens récemment de redécouvrir son travail. Je le partage
avec tous ceux qui aiment Père Séraphim [Rose]. Je demande la prière de tous
ceux qui lisent ceci pour Dimitri, Irène et Nicolas, qui sont tous très vieux
maintenant et se préparent à passer dans l'éternité ...
* *
*
"Une belle chose est une joie pour toujours:
Sa
beauté augmente; Elle ne passera jamais
dans
le néant... "
"La
beauté est vérité, la vérité est beauté-
c’est
tout ce que vous savez sur terre,
et tout ce que vous avez besoin de savoir.
"
John
Keats (1795-1821)
* *
*
Eugene
Rose est né en 1934, dans une famille protestante américaine.
La
beauté est ce qui attira Eugène, le futur père Séraphim, vers le christianisme
orthodoxe russe. C’est ce qu'il a appelé plus tard "la saveur de
l'orthodoxie."
La beauté
et la recherche passionnée de la vérité-parce que, fondamentalement, Eugène
avait un esprit philosophique. Outre une intelligence forte et pénétrante, qui
pouvait arriver à l'essence des choses en quelques mots sobres, il avait un
cœur compatissant et aimant. Sa rencontre avec le Christ ne fut pas
intellectuelle, mais ce fut un acte de foi, un acte d'amour pur et simple.
Voilà comment aussi il en vint à aimer la Russie, le peuple russe, l'Eglise
orthodoxe russe en exil, et, enfin, le tzar Nicolas II, le martyr. Il a trouvé
les russes psychologiquement plus profonds et plus sincères et chaleureux que
les occidentaux dans leurs relations avec d'autres personnes, et avec un
penchant religieux et mystique, un peu comme les Irlandais.
Eugene
a étudié à Pomona College, en Californie, et à l'Université de Californie à
Berkeley. C’était un homme de grande culture, très doué en langues, parlant
français et allemand. En outre, il apprit le chinois et le japonais. Plus tard,
il a facilement appris le russe et slavon. Il a également étudié les sciences,
excellant dans les sciences naturelles. Il a été reconnu par ses professeurs
comme un étudiant exceptionnellement brillant.
Il
aimait la musique (surtout Bach), l'opéra, la littérature, la poésie. Dans la
littérature anglaise, il aimait Dickens. Il aimait la nature et les animaux. Il
était bâti comme un athlète, et appréciait les sports à l’université. C’était
un homme pratique qui pouvait réparer les voitures, faire diverses réparations
et construire une maison.
Mais
bientôt Eugene fut désabusé par le vide de la vie moderne, son matérialisme
plat, et le seul christianisme qu’il connaissait: le protestant et le
catholique, dont il sentait, qu’ils avaient perdu leur spiritualité. Il vit également
que la science et la technologie, utilisées à tort, détruisaient lentement la
belle trame naturelle de la vie. Recherchant la vérité en Orient, il étudia la
culture et la religion chinoise, le taoïsme, le bouddhisme, le zen et les
enseignements hédonistes d’Alan Watts (un ancien prêtre épiscopalien, qui avait
rejeté sa foi en faveur du bouddhisme zen).
Après un certain temps, il devint sans illusion
également avec les religions orientales, les trouvant peu profondes. Il arriva près
de l'athéisme, de la sensualité, et de la rébellion véritable contre Dieu. Il en
vint aussi près de scepticisme le plus total, cet état de l'esprit humain
terrible doutant de tout, s’approchant de plus en plus de la folie totale et
l'auto-destruction. Cet état est bien décrit dans le livre classique de Pavel
Florensky, la Colonne et le Fondement de
la Vérité.[1]
Dimitri Andrault de Langeron
*
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Note:
[1] publié
à l’Age d’Homme, Lausanne. Pour Père Paul Florensky, voir ICI
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