"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 10 novembre 2018

LE PATRIARCHE BARTHOLOMEE REMET UNE MEDAILLE A UN PRÊTRE DU "PATRIARCAT DE KIEV" QUI APPELLE AU MEURTRE ET À LA LÉGALISATION DE LA DROGUE, DE LA PROSTITUTION ; IL A CANONIQUEMENT REÇU, UN AUTRE QUI PROMEUT ACTIVEMENT HITLER



Photo : Facebook

Constantinople, le 8 novembre 2018
Le Patriarcat œcuménique s'est sciemment aligné sur des ecclésiastiques de mauvaise réputation en levant les sanctions ecclésiastiques contre Philarète Denisenko et Makary Maletitch et en recevant le clergé de tous leurs groupes respectifs - au moins en la personne de PhilarèteDenisenko, le dirigeant du "Patriarcat de Kiev" (PK) schismatique.

Denisenko, ancien métropolite canonique de Kiev, a été accusé de péchés et de crimes graves par l'Église orthodoxe ukrainienne en 1991, notamment qu'il était "extrêmement cruel et arrogant", que sa vie personnelle était une tentation pour les fidèles (il était connu publiquement depuis longtemps que, malgré son monachisme, il avait une femme et des enfants), qu'il rompait un serment devant la Croix et l'Évangile, qu'il diffamait et ignorait les décisions de l'Église, qu'il créait un schisme en Ukraine. En raison de ces accusations, il fut défroqué en 1992, et en 1997, il fut anathématisé pour avoir continué son activité schismatique.

On pense aussi qu'il est responsable de la mort de son prédécesseur et de plusieurs autres "évêques" schismatiques.

L'Église orthodoxe russe a porté ses sanctions canoniques contre Denisenko à l'attention du Patriarcat œcuménique en 1992 et 1997, et le Patriarche Bartholomée a répondu à Sa Sainteté le Patriarche Alexeï Ier de Moscou qu'il avait reconnu et accepté ces sanctions.

Maintenant, lors de sa première rencontre personnelle avec un représentant du PK depuis qu'il les a acceptés dans son Église, le Patriarche Bartholomée a remis une croix patriarcale à un prêtre du PK qui croit que la mort violente de Russes est une réponse à la prière et qui prône la légalisation de la drogue et de la prostitution.

Le "prêtre" Alexander Dedyukhin a accompagné le président ukrainien Petro Porochenko à Constantinople samedi, lorsque le chef de l'Etat a signé une déclaration commune avec le Patriarche Bartholomée, déclarant en outre l'intention de créer une Église ukrainienne autocéphale.

Dedyukhin a posté une photo de lui avec le Patriarche. Bartholomée et la croix sur sa page Facebook, où, fait intéressant, il exprime ses remerciements au service de presse du Président en russe, et non en ukrainien.

Dedyukhin est bien connu comme un prêtre scandaleux, ayant fait un certain nombre de déclarations choquantes, allant du blasphème au crime.

En particulier, il a déclaré ce qui suit :
°le Saint Feu [Celui qui vient sur la tombe du Christ au Saint Sépulchre à Pâques] ne vient pas de Dieu, mais le Patriarche de Jérusalem allume ses cierges à partir d'une lampade sur l'ordre de NTV, la première chaîne de télévision à diffuser la cérémonie du Saint Feu ;
°les participants à la procession de 2016 pour la paix en Ukraine n'étaient que des "vampires de Moscou".
°le Maidan était un acte du Saint-Esprit et que les saints apôtres n'avaient pas besoin de cocktails Molotov parce qu'ils avaient le feu du Saint-Esprit, mais pour ceux d'entre nous qui vivent hors de cette vie paradisiaque, ils sont nécessaires ;
°L'explosion du métro de Saint-Pétersbourg en 2017, qui a fait au moins 15 morts, était une réponse aux prières du PK : "Nous avons prié dimanche pour que le Seigneur nous délivre de l'invasion des étrangers, et regardez, dans la capitale nord de ces étrangers militants, il y a eu une attaque terroriste. Ces événements sont-ils liés ? Bien sûr, oui, bien sûr. Nous implorons Dieu de nous libérer et que toute la haine et le mal dirigés contre nous reviennent d'où ils viennent. "Il a également ajouté qu'un chrétien ne devrait pas offrir ses condoléances dans une telle situation ;
°la seule façon de "pardonner" les agresseurs est de les tuer : "Le pardon se présente sous différentes formes. Il y a le pardon à travers la portée d'un automatique, c'est-à-dire comment pardonner à un agresseur, en lui envoyant 6 à 12 grammes d'amour à un de ses organes vitaux. Cela nous libère aussi. L'essentiel est de ne pas oublier la simple vérité : un ennemi mort n'est plus un ennemi. Un ennemi mort n'est qu'un cadavre. Et nous gagnons la liberté en pardonnant autant que nous le pouvons ;"
°l'Église canonique ukrainienne devrait être autorisée à rester en Ukraine, mais seulement "petite et persécutée ;"
°la prostitution, la drogue et tout ce que nous voulons devraient être légalisés : "Oui, je suis pour tout autoriser : les fusils de chasse, la prostitution, la marijuana, qu'est-ce que tu veux d'autre ?" écrit-il, soutenant que "Jésus-Christ nous a donné la liberté à tous."

Message Facebook post où Dedyukhin se réfère aux participants de la procession de la Croix comme des "vampires de Moscou". Capture d'écran fournie par spzh.news
La hiérarchie de « père » Alexandre, le "patriarche" Philarète Denisenko, a fait des déclarations très similaires. En novembre 2016, il déclarait : " Nous ne devons pas penser que la population du Donbass est innocente dans ces souffrances. Elle est coupable ! Et elle doit expier sa culpabilité par la torture et le sang ", ajoutant : " Avez-vous voté pour la fédéralisation lors du référendum ? Oui ! Avez-vous péché ? Oui ! Voici donc la conséquence de votre péché. Si vous n'aviez pas péché, si vous n'aviez pas voté, alors vous n'auriez pas tant souffert."
Entre-temps, un autre représentant du PK,  le « héromoine" Bogdan Kostyuk, est connu pour partager des discours et des vidéos d'Hitler analysant les secrets des compétences oratoires du dirigeant nazi sur sa page Facebook personnelle, rapporte l'Union des journalistes orthodoxes.

Deux vidéos sur Hitler partagées sur la page du "hiéromoine" Bogdan. Photo : Facebook
Les vidéos d'Hitler ont été supprimées depuis le rapport de l'Union des journalistes Orthodoxes ou ne sont visibles que par des amis, bien que le rapport de l'Union des journalistes Orthodoxes fournisse des captures d'écran des vidéos qui sont partagées sur la page de Kostyuk.
Il partage également des articles sur les activités de Pravy Sektor [organisation fasciste/nazi],  organisation terroriste nationaliste en Ukraine qui est responsable de la conquête d'églises et du passage à tabac du clergé et des fidèles de l'Église orthodoxe ukrainienne. Il tient également ses partisans au courant des activités de l'Organisation des nationalistes ukrainiens et de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne.

De plus, le "hiéromoine" Bogdan sert lui-même dans une église de la province de Kherson qui a été saisie par le « patriarcat de Kiev » par la tromperie et les menaces, écrit le prêtre canonique Gennady Shkil sur sa page Facebook. Son message contient également les captures d'écran des messages hitlériens de Kostyuk.

OrthoChristian a également parlé d'une église du « patriarcat de Kiev » nouvellement consacrée où l'"iconographie" est remplie de symbolisme nazi.
Selon l'archevêque Job (Getcha),  représentant du Patriarcat œcuménique, tous ces hommes sont maintenant membres du clergé du Patriarcat œcuménique.
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après


vendredi 9 novembre 2018

Sur orthodoxie.com: Le métropolite du Monténégro Amphiloque : « À mon avis la seule solution à la question ukrainienne est de continuer le Concile de Crète »

Le métropolite du Monténégro et du Littoral Amphiloque a déclaré que, de son point de vue, le chef du « Patriarcat de Kiev » Philarète ne croit pas en Dieu
Dans une interview à l’agence Tass, le métropolite du Monténégro Amphiloque(Église orthodoxe serbe) considère qu’il convient de poursuivre les travaux du Concile de Crète et y aborder la question de l’autocéphalie ukrainienne qui, selon lui, ne peut être accordée unilatéralement par le Patriarcat de Constantinople. Le métropolite ajoute que l’ère constantinienne étant terminée, le patriarcat, tout en gardant sa primauté, ne dispose plus des mêmes droits que pendant celle-ci.

« À mon avis, la seule solution à la question [ukrainienne] serait de continuer le Concile de Crète, qui n’est pas achevé, et le patriarche serbe a appelé à le poursuivre. Quatre patriarches doivent donner leur décision sur le concile, étant donné que sans la participation de l’Église orthodoxe russe et des trois autres patriarcats, ce concile ne peut être panorthodoxe. Il faut accepter les décisions du concile, étant donné que, autant que je le sache, elles avaient été préalablement adoptées à Genève en 2009 déjà. En même temps, il faut soulever au concile la question de l’octroi de l’autocéphalie.

Le concile doit prendre une décision finale quant à la question de savoir qui peut accorder l’autocéphalie et régler ainsi le problème de l’Ukraine et d’autres phénomènes semblables », a déclaré le métropolite Amphiloque dans une interview au correspondant de l’agence Tass, mentionnant qu’il est « clair comme du cristal que Constantinople ne dispose plus des droits qu’elle avait en son temps d’accorder l’autocéphalie ». « Indubitablement, nous respectons Constantinople, personne ne remet en question qu’il s’agit de l’Église qui a le premier trône, mais celle-ci doit s’adapter au comportement panorthodoxe de notre temps et à la mission orthodoxe dans le monde entier » a ajouté le métropolite. « Tous les orthodoxes, et particulièrement le Patriarcat de Constantinople, doivent prendre conscience que la période impériale, constantinienne, de l’histoire de l’Église, est achevée.

Au cours de cette période, Constantinople occupait une place importante dans l’histoire, mais après la chute de cette ville en 1453, l’empire moscovite a pris sur lui certaines obligations consistant à aider toutes les Églises orthodoxes, il a sauvé l’Église de Jérusalem, le Patriarcat d’Antioche, il a aidé au maximum Constantinople. La Russie impériale nous a aidés aussi ici, au Monténégro, en tant que pays et diocèse métropolitain. La théocratie du Monténégro n’aurait pu survivre sans l’aide de la Russie. En 1920, un million de Grecs orthodoxes ont été expulsés de Turquie. Après la seconde guerre mondiale, les Grecs ont été chassés de Constantinople, où il y a actuellement à peine deux ou trois milles fidèles orthodoxes. Prenant cela en compte, comment Constantinople peut-elle jouer le rôle dont elle disposait pendant la période impériale ? » se demande le métropolite Amphiloque.

À son avis, l’Église orthodoxe contemporaine doit revenir au modèle de fonctionnement des temps du christianisme primitif : « Par la chute de Constantinople en 1453 et la mort en martyr du tsar Nicolas et de sa famille en 1918, la période constantinienne de l’histoire de l’Église est achevée. La première Rome est tombée dans l’hérésie en proclamant le dogme de la fusion des concepts impérial et apostolique, la période de la seconde et de la troisième Rome en tant qu’empires est passée, la ‘strate impériale’ est terminée, selon l’expression du célèbre théologien Alexandre Schmemann ». « À mon sens, l’Église doit revenir aujourd’hui à la période précédant l’empereur Constantin, avant le IVème siècle, et, comme le déclare absolument à juste titre le Patriarcat de Moscou, l’Église doit résoudre toutes les questions au concile panorthodoxe, de la même façon qu’on les a résolues au premier concile apostolique. C’est la seule façon de résoudre à l’avenir les problèmes dans l’Église orthodoxe, et cela, le patriarche de Constantinople doit en prendre conscience : le temps est passé, l’Église doit fonctionner indépendamment et librement, comme cela était le cas du temps des premiers siècles de l’Église apostolique, de façon panorthodoxe », a déclaré le métropolite. À la question posée par Tass, qui demande si la révision de la décision du Patriarcat de Constantinople au sujet de l’Ukraine serait possible dans le cadre du concile œcuménique, le métropolite a répondu : « Bien sûr, c’est possible, pourquoi pas ?

Si le patriarche de Constantinople accepte ce qu’il avait déjà signé à Genève en 2009, à savoir que seule l’Église-mère peut octroyer l’autocéphalie, il doit alors accepter que seul le Patriarcat de Moscou, auquel Kiev appartient déjà depuis 300 ans, a le droit, s’il le considère nécessaire, d’octroyer l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine. Mais cela doit être proposé par l’Église orthodoxe russe, et les autres Églises doivent l’examiner et l’adopter. Si les schismatiques d’Ukraine se repentent, alors le Patriarcat de Moscou peut aussi lever l’anathème, afin que l’Église fonctionne normalement».

Le métropolite Amphiloque affirme que la question des règles d’octroi de l’autocéphalie avait été préparée pour le Concile de Crète mais, au dernier moment, Constantinople y a renoncé, bien que par les décisions de 1993 et de la conférence panorthodoxe de 2009, il avait déjà été accepté que seule l’Église-mère pouvait prendre la décision d’octroi de l’autocéphalie. « Le 27 janvier 2016, j’ai soulevé cette question à Genève, en disant ‘que c’était une honte qu’en raison d’une formalité, la décision n’avait pas été signée’. Le patriarche œcuménique m’a répondu : ‘Ce n’est pas seulement une question de signature, mais aussi de contenu’. Maintenant, il est devenu clair qu’ils ont repoussé la question de l’autocéphalie dans le but de continuer à octroyer l’autocéphalie comme ils l’ont fait pendant mille ans. Mais on ne peut pas continuer ainsi », considère le métropolite Amphiloque. « Il faut un concile, au cours duquel on confirmerait les décisions du Concile de Crète et qui serait la continuation de celui-ci. Le plus tôt ils sera convoqué, le mieux ce sera.

Nous discuterons le 6 novembre, lors de l’assemblée de nos évêques [de l’Église orthodoxe serbe] et je pense que ce sera la proposition de l’Église orthodoxe serbe, à savoir continuer le Concile de Crète et aussi mettre à l’ordre du jour les questions de l’octroi de l’autocéphalie et de la diaspora. Le Patriarcat de Constantinople insiste sur le fait que la diaspora lui appartient, et cela est absolument inacceptable du point de vue des canons » a conclu le métropolite Amphiloque.
Sources : agence Tass (1)

Sur le blog de Laurence

Le métropolite Onuphre: 
"Mieux vaut être serviteur chez le Christ
que tsar chez le diable.

Source:

jeudi 8 novembre 2018

Sur l'excellent site de Père Ambrogio: L'archevêque Job et le "surréalisme ecclésiologique".


La défense de la position du Patriarcat œcuménique et son rôle dans la crise ukrainienne a vu notre vieille connaissance, Mgr Job (Getcha, sur la photo), qui parmi ses interviews ces derniers jours, comme protagoniste des médias :


1 -  a déclaré que le nom de la nouvelle Église autocéphale (pas un patriarcat) que le Phanar impose aux orthodoxes ukrainiens sera "Église orthodoxe en Ukraine" et non l'actuelle "Église orthodoxe ukrainienne", car l'Église appartient au Christ, et non à un État.

C'est pour cette lutte juste et sacrée contre l'ethnophilisme que le Trône oecuménique s'oppose depuis 48 ans à l'autocéphalie d'une structure appelée "Église orthodoxe en Amérique", en enlevant le soutien des Grecs ethniques, des Ukrainiens ethniques, des Carpato-russes ethniques...

2 - a déclaré qu'aucune structure ecclésiale dépendant de Moscou ne peut désormais rester en Ukraine, car en Ukraine "il ne peut y avoir de répétition du scénario de l'Estonie".

C'est précisément parce que la coexistence para-canonique (initiée, comme par hasard, par le Phanar) de deux juridictions orthodoxes qui revendiquent la juridiction exclusive sur un pays est une monstruosité ecclésiologique, que le Saint Synode de l'Eglise orthodoxe en Russie (pour reprendre une terminologie chère à la Vladyka Job) décréta le 15 octobre à Minsk que "le scénario de l'Estonie ne se répétera plus".


3 - a déclaré que depuis le 11 octobre, l'Eglise orthodoxe ukrainienne a cessé d'exister et que TOUS les évêques de l'Eglise orthodoxe ukrainienne sont maintenant clercs du Patriarcat oecuménique. Il a également déclaré qu'il ne comprend pas pourquoi ils devraient préserver "le lien avec le siège de Moscou", et suggère qu'ils le font par manque de sensibilisation.


Nous attirons l'attention de Vladyka Job sur le "manque de conscience" des diocèses de Poltava, Zaporoje, Kamenka, Krivoj Rog, Dnepropetrovsk, Odessa, Severodonetsk, Kirovograd, Kherson, Rovno, Tulchin, Voznesensk et Kharkov, qui ont, ces jours-ci, unanimement ou presque, apporté leur soutien à la seul véritable Eglise canonique en Ukraine.

Pour notre part, nous nous associons aux propos de l'archiprêtre Nikolaj Danilevitch, directeur du Département des affaires étrangères de l'Eglise orthodoxe ukrainienne, qui définit les récentes boutades médiatiques de l'archevêque Job avec le terme très approprié de "surréalisme ecclésiologique", et quant à la non-existence depuis quelques semaines d'une Eglise orthodoxe ukrainienne sous Moscou, il rappelle que c'est précisément Constantinople qui a cessé d'exister depuis 565 ans.

Il est triste pour nous de voir un ami cher comme Vladyka Job réduit à cet état... nous comprenons les souffrances de ceux qui ont un membre de leur famille qui est drogué. Cependant, nous ne le laissons pas manquer de nos prières, même si elles ne peuvent pas être le genre de soutien dont son "ultra-bosphorisme" actuel aurait besoin.

Version française Claude Lopez-Ginisty
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mercredi 7 novembre 2018

Sur Parlons d'Orthodoxie: "LE CYGNE, L’ÉCREVISSE ET LE BROCHET"

"LE CYGNE, L’ÉCREVISSE ET LE BROCHET"
L’archevêque de Telmessos Job précise le plan de Constantinople 


L’archevêque Job avait déclaré le 11 octobre que "le patriarcat de Moscou n'existe plus en Ukraine," ce qui est aller un peu vite en besogne en affirmant que les évêques (et les fidèles) de l'EOU, majoritaires au sein des pratiquants orthodoxes d'Ukraine, "sont devenus membres du Saint Trône œcuménique" par la décision de son synode du 11 octobre dernier "révoquant l'acte de 1648"... 

D'après l"agence d'information russe "news.liga" du 2 novembre, qui se réfère aussi à une interview à la BBC, l'archevêque Job* à précisé que la levée des anathèmes sur les primats des deux juridictions schismatiques ne signifiait pas la reconnaissance de leurs juridictions: "Ces évêques sont restaurés comme évêques au sein de l'Église Universelle et nous attendons maintenant le pas suivant, quand tous ces évêques s'uniront dans une nouvelle structure, l'Eglise orthodoxe en Ukraine, à qui sera donné le tomos d'autocéphalie." 


Le Phanar imagine donc que tous les évêques vont accepter la tutelle de Constantinople pour participer à un concile unitaire demandant l'autocéphalie. Il semble bien que ce plan soit très loin de la réalité tant les trois principales juridictions rappellent la fable de Krylov "Le cygne, l’écrevisse et le brochet" 

NOTE:
* Ce hiérarque particulièrement peu soucieux de son troupeau lorsqu'il était en charge des églises russes sous Constantinople (Daru), et qui avait été écarté de sa gestion catastrophique à cause des nombreux griefs de ses propres fidèles, pour, selon le fameux principe de Peter, être promu à un poste plus important où ses fidèles n'auraient plus à souffrir de son autoritarisme et de sa suffisance insignes, semble traumatisé par la disparition de son troupeau, et a tendance à prendre ses désirs futiles pour la réalité! 
Le terme hébreu ‘חוצפה  [Houtspa=culot monstre] s'applique admirablement à la déclaration du "hiérarque." 
(C. L.-G.)

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Sur orthodoxie.com: L’évêque de Bačka Irénée : « L’unité de l’Église est incomparablement plus importante que toutes les ambitions et prétentions possibles ».

L’évêque de Bačka Irénée (Église orthodoxe serbe) a fait paraître les commentaires suivants au sujet de l’accord de coopération entre le patriarche Bartholomée et le président Porochenko, sur le site de l’Église orthodoxe serbe en date du 5 novembre 2018 :

« Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomée et le président ukrainien Petro Porochenko ont signé, le 3 novembre, un accord de coopération entre le Patriarcat de Constantinople et l’Ukraine en tant qu’État, en premier lieu sur la coopération en vue de la création d’une Église orthodoxe indépendante ( !) en Ukraine. Le patriarche œcuménique s’engage à préparer le Tomos qui accorderait la pleine autonomie ecclésiale (l’autocéphalie) aux deux groupes schismatiques existant en Ukraine et ce quels que soient les positions de l’Église canonique d’Ukraine – qui dispose de deux fois plus de fidèles que les deux « Églises » schismatiques réunies – et du Patriarcat de Moscou, ainsi que des autres Églises locales dont, parmi elles, l’Église orthodoxe serbe. Le chef de l’État ukrainien a souligné qu’il s’agissait là d’un jour historique, car un accord est signé sur « l’établissement d’une Église ukrainienne indépendante » (le fait même qu’il [Porochenko] soit personnellement « le partenaire » de Constantinople, avec les autres politiciens, montre déjà à quel point elle sera indépendante, ce qui nous rappelle vivement la fondation de l’Église de Skopje [i.e. l’Église de Macédoine, fondée sous la pression du président Tito, ndt]. « C’est aujourd’hui un jour historique, initié dès les premiers jours du rétablissement de l’indépendance de l’Ukraine, lorsque les Ukrainiens ont demandé et ont prié que le Seigneur leur donne une Église orthodoxe ukrainienne indépendante » a déclaré Porochenko. « J’appelle tous les Ukrainiens à prier pour la paix, pour l’unité de l’Église d’Ukraine, à prier que le Seigneur ne permette pas les provocations de nos ennemis, qu’il ne permette pas les effusions de sang. Nous ferons tout pour terminer la procédure d’octroi du Tomos à l’Église ukrainienne par Sa Toute-Sainteté le patriarche Bartholomée dès que possible » a-t-il ajouté. Il est caractéristique que Porochenko mentionne « les ennemis » et qu’il est conscient de la possibilité que l’on en vienne à une effusion de sang fratricide. Le patriarche œcuménique a déjà, plus d’une fois, été mis en garde à ce sujet et ce de différents côtés, mais il a ignoré tous les avertissements. Aussi, nous demandons : si cette prédiction inquiétante – à Dieu ne plaise – se réalise, à qui incombera la plus grande responsabilité ? Le patriarche œcuménique Bartholomée a souligné que le jour de la signature de l’accord est un moment historique important pour les relations bilatérales pour l’Orthodoxie dans son ensemble également. « L’accord de coopération entre le Patriarcat œcuménique et l’Ukraine aidera à l’octroi accéléré de l’autocéphalie à l’Église orthodoxe en Ukraine » a dit le patriarche Bartholomée. Il a souligné ensuite : « Ce droit à l’Église autocéphale et ce désir que vous avez nourri pendant des années, se réalisent ces jours ». « … Les autres peuples aussi, dans les Balkans, qui ont reçu l’autocéphalie de l’Église-Mère, avaient ce droit. C’est un droit exclusif de l’Église-Mère d’octroyer l’autocéphalie lorsqu’elle le considère opportun, lorsque toutes les conditions pour ce processus sont satisfaites », a souligné particulièrement le Patriarche œcuménique. 
De son côté, le Patriarcat de Moscou a réagi par la déclaration de Vladimir Legoïda, directeur du Département du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe pour les relations de l’Église et de la société et les medias. Celui-ci a déclaré que l’accord signé par le patriarche Bartholomée et le président Porochenko ne signifie pas la création « d’une Église locale une et unique en Ukraine », et que « tous ces concordats des autorités ukrainiennes avec le Phanar ne changent rien pour les millions de fidèles en Ukraine ». Il convient ici de rappeler la « préhistoire » des événements actuels. Porochenko, le 17 avril de cette année, a annoncé qu’il s’adresserait au patriarche de Constantinople pour lui demander de produire un Tomos de création d’une « Église une et unique en Ukraine », et qu’il lui reconnaisse le statut autocéphale. 
Cette initiative eut pour résultat une sorte d’entente entre les deux groupes schismatiques les plus importants, la réhabilitation unilatérale des deux dirigeants schismatiques, dont l’un avait été déposé, et l’autre (Denisenko) avait été déposé et excommunié, puis anathématisé. En outre, comme le couronnement de tout, le Phanar a décidé de proclamer invalide la décision du patriarche œcuménique Denis de 1686, lorsque la métropole de Kiev fut cédée au Patriarcat de Moscou. Il a également décidé d’envoyer à Kiev, au mois de septembre deux « exarques » pour préparer le terrain à tout cela, et en outre de demander, ce qu’ils ont reçu de Porochenko, la grande église de Saint-André afin que celle-ci devienne la « stavropégie » du Phanar à Kiev. Au cours de tout ce processus, scandaleux aux yeux également d’un nombre important d’évêques et de théologiens de l’Église de Grèce, l’Église orthodoxe existante en Ukraine, a été complètement contournée et ignorée, bien qu’elle soit la plus importante, deux fois plus grande que les communautés schismatiques prises ensemble et, qui plus est, n’ayant demandé aucune autocéphalie. 
En réponse à toutes ces actions, le Patriarcat de Moscou les a caractérisées d’anti-canoniques et absolument inacceptables, et pour cette raison a interrompu la communion liturgique et canonique avec le Patriarcat de Constantinople. Jusqu’à présent, l’Église orthodoxe autocéphale n’a officiellement soutenu les activités constantinopolitaines, et dans les cercles de théologiens de toutes les Églises, il se produit une discussion continue – souvent vivre – sur la crise survenue, probablement la plus grande du dernier millénaire. 

Pour beaucoup de personnes, ce fait est controversé que le Patriarche œcuménique ne cache pas qu’il accomplit tout cela en coopération avec le pouvoir séculier, c’est-à-dire avec les politiciens parmi lesquels dominent les schismatiques et les uniates, et non pas avec l’Église orthodoxe sœur. En même temps, les pasteurs et les théologiens de l’Église qui ont l’esprit critique demandent comment il est possible que le patriarche Bartholomée ne reconnaisse pas les décisions canoniques de l’Église russe qu’il avait au demeurant reconnues immédiatement après leur adoption et que tous les primats des Églises orthodoxes reconnaissent jusqu’à maintenant. En particulier, ils se demandent comment un schismatique anathématisé devient en un instant « métropolite de Kiev », lequel, dans sa titulature élargie s’appelle aussi « patriarche de Kiev ». 
La question suivante se pose encore: comment peut-on de cette façon abolir un statut ecclésial dans une autre Église locale, lequel existe depuis plus de trois siècles et que personne, pas même le Patriarcat de Constantinople, n’a jamais contesté. Il y a encore, malheureusement, beaucoup de telles questions et autres semblables. Il faut prier Dieu et espérer que tous comprendront que la primauté essentielle dans l’Église n’appartient qu’au Seigneur Jésus-Christ et que l’unité de l’Église est incomparablement plus importante que toutes les ambitions et prétentions possibles ».

mardi 6 novembre 2018

Archiprêtre Oleg Vrona: Les miracles arrivent au bon moment!


Le prêtre Oleg Vrona, recteur de l'église Saint-Nicolas de Tallinn, parle de l'attitude chrétienne envers la patience et sa bonté, la vertu, qui montre notre confiance en Christ. Jeune homme, le père Oleg a vécu au couvent de Pukhtitsa, où il est devenu convaincu que la patience n'est pas une chose impossible, c'est une qualité très utile pour tous. Cet article en est un exemple.
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La deuxième fois que je suis venu au Pukhtitsa, c'était en mars 1978 ; cette fois, ce n'était pas un pèlerinage, je suis venu là pour me préparer à mon ordination.
J'ai été accueilli à la maison d'hôtes, celle "sur la colline", où j'avais séjourné auparavant. J'aimais bien cet endroit. Le temps que j'ai passé dans sa cellule ascétique, cachée au sous-sol, n'était pas du tout fastidieux. Chaque jour, quelqu'un venait partager la cellule avec moi. Certains de ces colocataires étaient des pèlerins assez expérimentés ; avec leur barbe touffue et leurs cheveux longs attachés avec un ruban, ils ressemblaient exactement à de vrais moines. Ils me racontaient des histoires captivantes et réalistes sur la vie monastique dans ces quelques monastères qui, par miracle, n'avaient pas été fermés et profanés. Ils se vantaient de connaître les noms des higoumènes, des moines du grand habit et des mystérieux startsy clairvoyants, et j'étais presque totalement ignorant du sujet.
Nous continuions souvent à parler même après minuit. Évidemment, j'ai dû résister à la tentation de trop dormir et de manquer l'office de minuit le matin. Et au fait, je faisais de mon mieux pour ne pas trop dormir. Maintenant, il semble que j'ai eu beaucoup de succès. Mon attitude à l'égard des offices était le critère pour que l'abbesse et les moniales évaluent mon état de préparation et mon éligibilité pour l'ordination.
Deux généreux contraires


Higoumène Angelina
Ma préparation à l'ordination était la suivante : L'office de minuit et la Divine Liturgie  le matin, puis le travail au couvent, et enfin les vêpres et les matines le soir. Cela a donc continué jour après jour. Heureusement, j'avais un vieux livre d'heures, publié, je suppose, avant la Révolution. Un choriste me l'avait donné quand je chantais dans une chorale d'une église de Saint-Pétersbourg, et j'ai rapidement appris à lire couramment en slavon. Au couvent, cela s'est avéré être une compétence très utile. Au début, on m'a confié la lecture de la neuvième Heure, puis du Psaume 103, et ensuite de l'exapsalme, un cathisme et un canon. Les moniales ne me laissaient jamais lire l'office de minuit ; elles le lisaient elles-mêmes, et je devais lire les heures et les épîtres. Dans l'ensemble, comme je devais acquérir les connaissances essentielles, je devais tout lire (ou presque), tout ce qu'un acolyte ordinaire lit habituellement, soit dans un monastère, un couvent ou une église paroissiale.
Je devais venir à l'église un peu plus tôt pour trouver la moniale responsable de l'ordo des offices, et apprendre quel genre de service nous aurions ce soir-là - un office simple, une agrypnie , ou un polyeleos. Et la moniale me donnait des instructions sur qui devait lire les versets du canon, et combien devaient être lus. Elle m'aidait aussi à comprendre comment lire les tropaires et les kontakia pendant les Heures. Il y avait deux moniales qui s'occupaient de l'ordo des services : la religieuse Séraphima et la religieuse Angelina. Elles avaient tous les deux la cinquantaine. À mon avis, il s'agissait de deux êtres complètement opposés, mais très généreux. Mère Angelina était loquace, souriante et directe. Lorsqu'elle m'a expliquait quelque chose au sujet du service, elle me traitait comme un égal, comme si j'étais littéralement son collègue, qui venait d'oublier un peu le typicon, et sa tâche était de m'aider à m'en souvenir.
Mère Séraphima, au contraire, était très réservée et taciturne ; elle parlait d'une voix douce et calme, faisant en sorte que son interlocuteur se concentre sur le sujet de la conversation. Dans ses grands yeux gris, qui étaient comme un miroir reflétant son âme, on pouvait voir qu'elle n'était attachée à rien de mondain, qu'elle était plongée dans la prière.
Un choix difficile 
Quand je me souviens de Mère Séraphima, je me souviens immédiatement d'une histoire que les moniales m'avaient confié. L'histoire m'a beaucoup touché. Voilà. C'est ce qui suit : Quand la jeune moniale Séraphima arriva au couvent de Pukhtitsa, elle n'avait d'autre famille que sa mère. Comme elless étaient encore jeunes toutes deux, elles n'avaient pas vraiment peur pour l'avenir de sa mère. Néanmoins, les années passent vite ; enfin, Séraphima fut confrontée à un problème grave et insoluble : comment remplir son devoir filial sans quitter le monastère. La seule issue semble évidente pour tout le monde : quitter le monastère pour s'occuper de sa mère âgée et malade.
Des cas similaires sont très fréquents. J'ai fait la connaissance d'une moniale de Tallinn, qui a dû quitter le couvent de Pukhtitsa pour s'occuper de son frère aîné, plus âgé. Le gouvernement soviétique avait confisqué leurs terres agricoles à Petchory et les avait exilés en Sibérie. Ils sont rentrés chez eux en mauvaise santé. Plusieurs années plus tard, lorsque son père et son frère moururent, la moniale ne put revenir au couvent - elle était trop vieille et souffrait en outre de pancréatite chronique. Les moniales l'auraient peut-être acceptée, mais elle n'osait pas les déranger. Quelle humilité elle eut pourn prendre cette décision ! Ne pas insister sur sa propre volonté mais obéir à la volonté de Dieu est une qualité précieuse pour un chrétien. Heureusement, la moniale avait une sœur qui vivait à Tallinn avec sa famille, alors elle avait quelqu'un pour s'occuper d'elle. Néanmoins, son couvent bien-aimé lui manquait toujours ; c'était facile à voir, et elle m'en parla à plusieurs reprises.
 Y avait-il une meilleure solution pour la moniale Séraphima ? Oui, il y en avait une. Sa mère pouvait entrer au couvent, mais l'higoumène Barbara ne voulait pas donner son consentement. Les moniales de Pukhtitsa vivaient dans la plus grande pauvreté en ces temps d'après-guerre. la moniale Valéria, qui aidait l'higoumène, m'a dit un jour qu'il n'y avait pas d'argent pour acheter du bois de chauffage et que les moniales devaient ramasser des broussailles. De plus, il y avait beaucoup de moniales âgées et un manque de ressources pour leur fournir des soins adéquats. Le couvent manquait aussi de moniales qui pourraient travailler à la ferme laitière, sans parler de la fenaison, le travail le plus difficile dans le couvent. Si l'higoumènee acceptait le parent âgé d'une des sœurs, elle n'oserait pas refuser cela autres qui se trouveraient dans la même situation.
Une rencontre fortuite avec un évêque

Source sainte
Chaque fois que la mère de Séraphima venait au couvent et était rejetée par l'higoumènee dans sa volonté d'entrer au couvent, elle allait à la source Sainte, un lieu où la Mère de Dieu était apparue un jour. Dans la solitude de la forêt, elle pleurait et priait la Sainte Mère de Dieu, exprimant sa douleur maternelle.
Un jour, elle vint au couvent et, comme d'habitude, se dirigea vers la source pour prier la Mère de Dieu. Le même jour (à noter que ce n'était ni le jour précédent ni le jour suivant, mais le même jour), l'évêque qui dirigeait le diocèse estonien à l'époque, est également venu au couvent Pukhtitsa. Comme à son habitude, il se rendit à pied à la source avant le service des Vigiles.
L'évêque était presque arrivé à destination lorsqu'il entendit des sanglots amers venant de la forêt. Il se dirigea en suivant ce bruit, et quelques minutes plus tard, il vit la vieille dame. Dépassée par son chagrin, elle n'avait pas entendu les pas qui s'approchaient. L'évêque commença à parler. La raison de ses pleurs toucha son cœur ; avec une grande détermination, il promit de l'aider.
Moniale âgée

Couvent de Pukhtitsa
Le même jour, après la Vigile nocturne, l'évêque annonça à l'higoumènee et aux moniales étonnées que le lendemain, il y aurait une tonsure monastique dans le couvent. Les sœurs commencèrent à se demander avec anxiété qui l'évêque allait tonsurer moniale. Et comme elles furentent stupéfaites de voir que celle qui devait être tonsurée était la mère de la monialee Séraphima. Beaucoup de sœurs pleuraient des larmes de joie - elles étaient heureuses pour la mère et la fille. Et que ressentait l'higoumène à ce moment-là ? Elle devait aussi être satisfaite du résultat. L'évêque prit la responsabilité de l'avenir de la moniale et de sa mère et soulagea la conscience de l'higoumène ; après tout, en raison des circonstances, l'higoumène Angelina aurait dû blesser Séraphima et sa mère.
N'était-ce pas un miracle ? Bien sûr que oui! Et les miracles arrivent toujours au bon moment. On a seulement besoin d'attendre un peu. La hâte est un obstacle qui ne permet pas à Dieu d'organiser notre vie de la manière qui est la meilleure pour nous. Nous lisons dans Siracide : Comme sa miséricorde est grande, ainsi est sa correction aussi : il juge un homme selon ses oeuvres. Le pécheur n'échappera pas avec son butin, et la patience des pieux ne sera pas frustrée (Siracide 16:13-14). Et maintenant, souvenons-nous des paroles de Dieu : "par votre persévérance vous sauverez vos âmes" (Luc 21,19). Ces mots sont si simples, mais si difficiles à accomplir. Gloire à Dieu, un jour j'ai vu ceci arriver.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 5 novembre 2018

Matfey Shaheen: LE FAUX PATRIARCHE « PHILARETE » BÉNIT UNE FRESQUE NATIONALISTE AVEC UN SYMBOLISME NAZI

Le "patriarche" Philarète le mal nommé 
(philarète signifie qui aime la vertu en grec)



Le 12 octobre 2018, le "patriarche" autoproclamé Philarète a visité la "Cathédrale de la Sainte Transfiguration" dans la région de Ternopil en Ukraine occidentale, pour "bénir" une "icône" immense de saint Georges. Cependant, l'"icône" en question n'est pas une véritable icône, mais un monument sacrilège au péché de l'ethnophylétisme et du nazisme, qui a plus de choses en commun avec le symbolisme démoniaque qu’avec l'iconographie orthodoxe.

La peinture murale représente saint Georges qui, au lieu de piétiner un dragon - symbole de Satan - sous son cheval, transperce de sa lance un majestueux aigle à deux têtes - symbole non seulement des monarques divinement oints de l'Empire russe, mais aussi de l'Empire romain d'Orient et de nombreuses autres cultures orthodoxes, dont le Patriarcat oecuménique! [1]

En arrière-plan, les ruines en flammes de l'aéroport international de Donetsk-Serge Prokofiev sont représentées en haut à droite. La révolution Maidan soutenue par l'Occident (exécutée avec l'aide de néo-nazis) est représentée en haut à gauche. Plusieurs symboles nazis sont visibles, dont l'Ange-loup [Wolfsdangel], utilisé par les SS, et le drapeau noir et rouge de l'"Organisation des nationalistes ukrainiens / Armée insurrectionnelle ukrainienne", qui a combattu pendant la seconde guerre mondiale aux côtés de l'Armée hitlérienne et des SS. Des fusils d'assaut sont également exposés. 

Il y a beaucoup de traits troublants de cette peinture murale démoniaque : les termes nationaliste, nazi, démoniaque, satanique, sont des descriptions qui me viennent à l'esprit.

Néo-nazisme, ultra-nationalisme et éthnophylétisme

La peinture murale montre à la fois le néo-nazisme et l'hérésie de l'ethnophylétisme (nationalisme religieux, c'est-à-dire la formation et la définition de sa religion en fonction de motifs politiques ethno-nationalistes). Voici des mots tirés du site officiel de leurdiocèse schismatique de Ternopil qui révèlent clairement l'orientation ouvertement nationaliste de "l'église". Philarète aurait dit, entre autres choses, que :

"Grâce à l'existence de l'UOC (« patriarcat » de Kiev) et d'autres églises chrétiennes patriotiques, nous avons aujourd'hui un Etat indépendant. Et si nous n'avons qu'une seule Église orthodoxe ukrainienne, la Russie n'aura pas accès à l'Ukraine. Et alors notre Etat s'établira et se renforcera, et sera une forteresse de paix dans l'Est de l'Ukraine".

Si l'on tient compte du fait que la fresque représente les ruines de l'aéroport de Donetsk en flammes, il est clair que la paix de Philarète implique une guerre contre les autres Ukrainiens. Nous ne pouvons pas oublier qu'il a lui-même soutenu que le Donbass devait "expier sa culpabilité par le tourment et le sang".

Or, si nous ignorons la propagande de Philarète contre l'Église canonique, que cette dernière réfute, il faut dire que Philarète admet que la sienne, et d'autres Églises schismatiques, sont des "églises patriotiques", c'est-à-dire nationalistes, ethnophylétistes.

Il est tout à fait naturel pour les Eglises d'avoir des patriotes en leur sein, qui aiment leur patrie et leur culture de manière pacifique et productive. La différence entre le patriotisme et l'ethnophylétisme, cependant, est que ce dernier fonde toute une Église sur le nationalisme. C'est une hérésie.

Il convient également de noter que lorsqu'il parle d'" autres Eglises chrétiennes et patriotiques ", il se réfère probablement aux Uniates et aux baptistes, puisque la seule autre église en Ukraine qui se prétend orthodoxe (à part l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique) est l'église orthodoxe autocéphale schismatique Ukrainienne. Il convient de noter que récemment, le secrétaire de Philarète, Zorya, que beaucoup appellent l'"Éminence rouge " [2], a récemment déclaré qu'il fallait un tomos de Constantinople qui leur donne spécifiquement la possibilité de mener un dialogue œcuménique avec les protestants et les catholiques, que lui et Chevtchuk, le leader uniate, estiment être "isolés" de "l'Église ukrainienne".

Une chose est certaine : le « patriarcat » de Kiev et ses alliés sont en effet des Eglises nationalistes. De plus, le site officiel indique qu'à côté de Saint Georges, le peintre a représenté "La Révolution de la Dignité" (le coup d'Etat de Maidan) et les soldats ukrainiens, et que l'idée de l'"icône" est : "Dieu est avec nous, l'Ukraine est derrière nous."

Maintenant, nous allons examiner cette peinture murale et prouver qu'elle n'est pas le produit d'un amour naturel pour son pays, mais d'un extrémisme néo-nazi radical.

Tout d'abord, à part les aspects religieux troublants de la murale, qui, avec ses fusils, ses feux et ses visages larmoyants, ressemble beaucoup plus à une affiche antireligieuse de l'époque soviétique qu'à une fresque orthodoxe, il faut dire que cette fresquee n'a rien à voir avec la religion, mais tout à voir avec la politique. Les manifestations les plus mauvaises de la politique humaine peuvent être vues ici, sous la forme du néonazisme.

Néonazisme
Avant de parler de l'éléphant dans le magasin de porcelaine, disons que le Diable est littéralement dans les détails.

Un détail que l'on pourrait facilement manquer, mais qui a déjà été noté par un site Web grec [3], est la présence d'un ange-loup [Wolfsangel],  symbole de haine néonazi [4] interdit en Allemagne [5] pour ses liens avec les nazis. Des variantes ont été utilisées par une multitude de divisions allemandes nazies pendant la Seconde Guerre mondiale ; la version représentée sur la peinture murale a été utilisée par la 2e Division Panzer SS "Das Reich".
Un char de la 2e Panzer Division "Das Reich" (l'ange-loup est encerclé en jaune), connu pour le massacre de 642 civils à Oradour-sur-Glane, 99 à Tulle, France, et 920 Juifs près de Minsk, en Belarus. Le massacre d'Oradour-sur-Glane a eu lieu en grande partie dans une église.

Dans l'Ukraine moderne, ce symbole a été associé à diverses organisations d'extrême droite, telles que le Parti social-national d'Ukraine, ainsi qu'au bataillon de la garde nationale Azov, régiment directement lié par de nombreuses organisations, dont l'ONU, aux crimes de guerre commis en Ukraine, notamment le pillage de civils, la torture [7] [8], le meurtre et le viol.

Drapeau du bataillon Azov au centre à côté d'une croix gammée et d'un drapeau de l'OTAN. Photo : Scott.net.
Certains chefs de bataillon Azov tentent de nier que ce symbole est lié au nazisme. Leur déni, cependant, est à peu près aussi transparent qu'un "suprémaciste blanc" qui prétend que la croix gammée tatouée sur sa tête concerne l'hindouisme et non le nazisme [9].

Il a été rapporté que l'ange du loup était utilisé par des organisations sataniques ; de plus, la majorité des membres du bataillon Azov sont connus pour être des néo-païens, qui ont érigé une idole païenne de Péroun à Mariupol, en plus d'être néo-nazi [10]. Cela inclut leur chef Andriy Biletsky.

L'ange du loup dans un détail sur la peinture murale avec des fusils d'assaut Kalachnikov en dessous. Photo : Dimpenews.com.
Fusils d'assaut
À gauche et à droite de l'image, on peut aussi voir plus clairement dans la version ci-dessous plusieurs fusils de type Kalachnikov, peints à la mode révolutionnaire à la communiste, dans de petits diamants d'or.

Drapeaux nazis
A l'arrière-plan de la peinture murale, sur le côté gauche, on peut clairement voir des drapeaux noirs et rouges (comparables au sang et à la terre) appartenant à l'Organisation des nationalistes ukrainiens / Armée insurgée ukrainienne. Ce n'est pas moins un symbole nazi qu'une croix gammée.

Le dirigeant nazi ukrainien Stepan Bandera, allié à Hitler, et ses partisans ont commis des génocides contre les Polonais, les Juifs, les Russes, les Ukrainiens et pratiquement tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux.

L'origine de ces groupes et leur haine nécessiteraient des recherches propres ; cependant, il suffit de dire que des graines de haine ethnique ont été plantées dans l'ouest de l'Ukraine par l'Empire austro-hongrois et qu'elles sont revenues après le coup d'État de Maidan en 2014 pour terroriser l'Ukraine et ses pays voisins.

Dans un terrible amalgame de la terreur de l'ancienne Union, avec des idéologies issues directement de l'Allemagne nazie, Bandera et les nombreux syndicats de son organisation souhaitaient créer une Ukraine "ethniquement pure", où seuls les Ukrainiens qu'ils estimaient dignes resteraient en vie.

L'organisation de Bandera a été fondée à Vienne en 1929 - ironiquement, l'ancienne capitale de l'ancien empire austro-hongrois qui persécutait les chrétiens orthodoxes de la Serbie à la Roumanie et à l’Ukraine. Dans l'un de leurs tracts de propagande, leur bras militaire ne mentionnait pas seulement la "terreur", mais essentiellement le lavage de cerveau comme l'une de leurs méthodes [11].

Une simple recherche sur le Web pour "marche néo-nazie en Ukraine" fournira de nombreux exemples de défilés radicaux dans les rues avec ce drapeau noir et rouge, ainsi que des croix gammées, et des portraits de Bandera.

L'une des meilleures vidéos, cependant, pour établir la corrélation entre le radicalisme armé, ces drapeaux, cette murale, et les Uniates est cette vidéo, dans laquelle un "prêtre" uniate conduit un service commémoratif avec ces drapeaux noirs et rouges vus en arrière-plan.
Un microcosme de l'ethnophylétisme peut être vu ici. Vers la fin, le prêtre dit le salut traditionnel des Carpates "Slava Isusu Khristu" (Gloire à Jésus-Christ), mais a reçu une réponse anémique de quelques uns seulement qui savaient répondre correctement "Slava Na Viki" (Gloire à jamais).

Mais dès qu'il a essayé des slogans nationalistes et nazis, comme "Slava Ukraini-Heroyam Slava" (Gloire à Ukraine-Gloire aux héros), il a eu une réponse très forte et fière. Il termina trois fois avec le slogan "Slava Natsii-Smert Voroham" (Gloire à la Nation - Mort aux Ennemis) et le peuple commença à chanter comme s'il était possédé, "Mort aux Ennemis" quand leurs tirs retentirent sur la montagne.

Ce slogan de "mort aux ennemis" peut également être entendu haut et fort lors de la marche nationaliste de Philarète, à peine voilée en procession croisée, comme on peutle voir dans cette vidéo sous-titrée en anglais par l'Union des journalistes orthodoxes. Comme le montrent ces vidéos, ceux qui assistent à ces groupes sont beaucoup plus préoccupés par le nationalisme que par la religion, et la religion est incluse simplement pour "sanctifier" leur nationalisme.
Pax Ucrainca ? Maidan et les ruines de l'aéroport de Donetsk.

Veuillez porter votre attention vers la structure en haut à droite de cette version prototype de la même fresque murale ; les ruines apparentes de l'aéroport de Donetsk, autrefois beau et très moderne, peuvent être vues, avec un drapeau ukrainien, ainsi que le drapeau nazi noir et rouge au-dessus, tandis que le Maidan est montré sur le côté gauche avec les mêmes drapeaux.
Photo : www.kremenets.org.ua.
Regardez ci-dessous cette photo de l'aéroport de Donetsk, ravagé par la guerre, avec un drapeau ukrainien à peine visible au sommet, prise le 12 octobre 2014. Philarète "bénit" cette peinture murale à la même date, seulement quatre ans plus tard. La structure de la fresque est clairement la tour de contrôle de l'aéroport.

L'aéroport de Donetsk après la terrible bataille qui s'y est déroulée entre l'"opération antiterroriste" ukrainienne et les forces de la "République populaire de Donetsk". Photo : ru-an.info
Cette ruine est un microcosme de la guerre que le coup d'Etat de Maidan a libéré sur l'Ukraine, et Philarète glorifie tout cela - ils appellent le coup d'Etat une "révolution de dignité", et ils appellent la guerre "paix". Ce n'est pas la paix pour les Ukrainiens, c'est la mort. Le peuple ukrainien craignant Dieu mérite mieux que cela. Hañba (honte) !
C'est ce coup d'État qui a déclenché une guerre fratricide, qui a tué 10 000 personnes rien que selon les chiffres officiels de l'ONU [12].

Ce coup d'Etat soutenu par l'Occident a permis à la faction politique actuelle de prendre violemment le pouvoir à Kiev.

Il s'agit notamment d'un président, Petro Poroshenko, qui a expliqué dans cette vidéo que, "ils" vont "gagner" cette guerre, par le fait que "leurs" enfants sont à l'école, et que les enfants de Donbass seront dans des abris anti-aériens.

Est-ce que c'est une effusion de sang, un fratricide, quelque chose à célébrer ? C'est certainement ce que croit le faux patriarche Philarète, comme il l'a lui-même expliqué :
"Nous ne devons pas penser que la population du Donbass est innocente dans ces souffrances. Elle est coupable ! Et elle doit expier sa culpabilité par le tourment et le sang."
Il convient de noter ici que Philarète est un hypocrite ; il est lui-même né à Donbass, la région soi-disant "pro-russe" de l'Ukraine orientale, tandis que le métropolite Onuphre de Kiev, le chef de l'Église orthodoxe ukrainienne (Patriarcat de Moscou) est né en Ukraine occidentale, la région supposée "pro-Ukrainienne".

Cela expose le conflit pour ce qu'il est - ce n'est pas les Russes contre les Ukrainiens. Ce n'est pas une Église ukrainienne contre une Église russe, c'est l'Orthodoxie contre le satanisme. Ce sont les Ukrainiens orthodoxes (les membres de l'église canonique) qui sont persécutés par des fascistes adorant le Diable.

C'est une question de lumière contre l'obscurité, le serpent contre l'aigle, la Sainte Rus' contre le nazisme, et Dieu contre le Diable dans le cœur des hommes, comme dirait Dostoïevski.

L'Église canonique prêche l'amour et l'unité, et comme l'a expliqué le métropolite Onuphre lui-même. Il ne s'agit pas de construire un monde russe ou ukrainien, mais le monde de Dieu, et il essaie d'unir tous les Ukrainiens en une seule famille dans le Christ. [13] A cette fin, aucun symbole politique n'a été vu à la procession en croix de l'église canonique, et tout événement ou organisation mené par Philarète comporte toujours plus de drapeaux que d'icônes. Et maintenant, même ses icônes contiennent des drapeaux.

"Sainte" Victoria Nuland de la Maidan ?

Il est intéressant de noter, en bas à gauche de la peinture murale, qu'une femme tient un petit plateau, ce qui n'est pas confirmé, mais cela pourrait très bien symboliser Victoria Nuland, l'envoyée américaine qui a assisté à Maidan, et qui a distribué des biscuits aux révolutionnaires. Nuland est pertinente parce qu'elle a eu beaucoup de mal à expliquer (ou plutôt à nier) la présence des néo-nazis en Ukraine, et au Maidan.

Les membres du Congrès américain de Californie, Dana Rohrabacher, ont insisté pour que les choses soient claires :
"J'ai vu ces photos et j'ai aussi vu beaucoup de gens lancer des bombes incendiaires sur des groupes de policiers. Il y avait des gens qui tiraient dans les rangs de la police... La question est : y avait-il des groupes néo-nazis impliqués ?"
Nuland a été forcée d'admettre : "Il y avait beaucoup de couleurs de l'Ukraine, y compris des couleurs très laides."
Des enfants et des prêtres ont été bombardés dans les rues, des églises et des monastères brûlés et saisis... Des couleurs laides en effet.

Saint Georges en tant qu'"insurgé ukrainien" ?
En plus du néonazisme répugnant, nous avons vu les couleurs laides de l'ethnophylétisme affichées fièrement dans cette murale satanique. Cette icône est une insulte au saint nom de saint Georges le Tropéophore. Le Saint, dont le meurtre du Dragon est un symbole de Dieu victorieux sur le Diable, a été approprié comme un symbole sacrilège du mouvement néo-nazi, de haine ethnique.

Plus précisément, sur leur site Web, le « patriarcat » de Kiev à Ternopil dit :
"Georges le Victorieux est le saint patron des combattants pour l'indépendance de l'Ukraine. [14]"

Je n'étais pas au courant que ce patronage ait jamais été mentionné dans la synaxaire ou dans la tradition de la Sainte Église orthodoxe. Ce qui est mentionné, et expressément condamné, c'est l'ethnophylétisme, c'est-à-dire quand le nationalisme et la haine ethnique envahissent le monde ecclésiastique, comme par exemple, en peignant une "icône" qui représente des symboles nazis, un aéroport bombardé, une révolution politique, des fusils d'assaut, puis en s'appropriant Saint Georges comme saint patron de cette cause.
Cela nous amène à la dernière et grave offense de ce monument au Diable - la profanation de l'aigle bicéphale.

L'aigle bicéphale
Nous arrivons enfin à l'éléphant dans le magasin de porcelaine, ou plutôt à l'aigle, dans cette pièce. Le saint George piétine l'aigle à deux têtes. Dans ce contexte, il est clair que cet aigle représente la Russie, mais ne représente-t-il que la Russie ?

L'aigle à deux têtes était d'abord un symbole de l'Empire romain oriental (byzantin), avant son adoption par la Russie, et cet aigle continue d'être utilisé par les Grecs, les Serbes (également au Monténégro, chez d'autres peuples yougoslaves, etc.), les Roumains et d'innombrables autres cultures et peuples dont même des Allemands et Austro-hongrois.

On dit parfois que les deux chefs [têtes] représentent l'Église et l'État, certains disent qu'ils représentent le pouvoir sur l'Orient et l'Occident. L'aigle a également été utilisé dans de nombreuses décorations d'église, et en termes laïques, on pourrait l'appeler une mascotte pan-orthodoxe. Mais pour les monarchistes, c'est un symbole sacré de l'empereur et des rois oints par Dieu.

Dans le cas de la peinture murale de Philarète, elle n'est certainement là que pour des raisons nationalistes, et cela crée un dilemme pour lui. L'aigle à deux têtes est aussi un symbole cher au Patriarcat œcuménique lui-même.

Le patriarche oecuménique Bartholomée avec l'aigle à deux têtes et les drapeaux grecs. Photo : www.amna.gr

Il est représenté sur un drapeau précieux pour l'Église de Grèce ; ce drapeau a une signification aussi profonde pour les Grecs et les Serbes que pour les Russes - et la peinture murale de Philarète le profane. Que penseront les nouveaux maîtres de Philarète de cela ? Nous n'avons pas besoin de spéculer - un site Web grec a déjà exprimé son indignation, notant bon nombre des détails dont nous avons déjà discuté. Voici quelques extraits traduits du grec […] :

"L'aigle bicéphale tué par la fausse image de saint Georges est le symbole le plus reconnaissable du christianisme orthodoxe aujourd'hui (à côté de la Croix). L'aigle tient une croix et une sphère, symbolisant la synergie pacifique entre l'Église et l'État. Ce drapeau a été historiquement utilisé par les[Empires byzantin et russe]. Aujourd'hui, c'est le drapeau officiel du Patriarcat œcuménique... de l'Église orthodoxe grecque et du mont Athos. Dans un accès public de mépris pour la foi orthodoxe, et de mépris contre les nombreux pays qui utilisent l'aigle dans leurs drapeaux, Philarète "bénit" cette image... un jour après que Bartholomé eut levé l'anathème contre lui. " [15]

Le site Web a également noté la présence des symboles néonazis.
La haine de Philarète et de son église nationaliste est très forte et a aveuglé leur logique au point de commander une peinture murale blasphématoire, insultant tous les orthodoxes qui chérissent ce symbole depuis des millénaires, y compris le Patriarcat œcuménique, à un moment où ils ont désespérément besoin de soutien pour leurs activités non canoniques. Tant qu'ils peuvent piétiner la Russie, ils se moquent se savoir si ceci piétine aussi le Mont Athos, la Grèce, la Serbie, la Roumanie, etc.

Une peinture murale soviétique ?

L'inspiration pour le meurtre de cet aigle très estimé pourrait peut-être être l'affiche de propagande de 1917 de B. Shippih, qui dépeignait l'aigle à deux têtes comme un monstre contre lequel le peuple ukrainien s'est élevé.
 Photo : Wikipédia.
Ironiquement, la photo montre le Hetman cosaque Bogdan Khmelnitsky, qui a réuni l'Ukraine et la Russie en 1654, et dont la statue, chère au peuple russe et aux nationalistes ukrainiens, a été érigée à l'origine comme un cadeau avec la bénédiction du tsar russe. Telle est l'ironie de la question nationale ukrainienne.

La peinture murale, cependant, a beaucoup en commun avec une autre époque de l'histoire russe, à laquelle le nationalisme ukrainien doit aussi beaucoup, bien qu'il ne l'admettra jamais, c'est-à-dire l'ère soviétique.

La peinture murale a en fait beaucoup en commun avec l'imagerie soviétique qui glorifie la victoire du peuple moderne sur la religion - car l'aigle était à la fois un symbole du monarque, et devcelui qui l'a oint - Dieu, et donc l'Église.

La destruction de l'aigle à deux têtes figurait dans de nombreuses images et propagandes soviétiques. Prenons par exemple cette vidéo communiste, qui montre l'aigle comme un monstre monarchiste frappé par la foudre d'une rébellion populaire, semblable dans son contexte à cette peinture murale et à l'affiche de propagande nationaliste ukrainienne de la même époque que la révolution bolchévique, montrée ci-dessus.

Il est très ironique de voir à quel point les ultra-nationalistes ukrainiens doivent beaucoup à l'Union soviétique qu'ils détestent tant.

Et il faut se demander pourquoi ils détestent tant les bolcheviks. Il est compréhensible que les chrétiens orthodoxes s'opposent à eux, mais ce sont les communistes qui ont réalisé ce que des siècles d'uniatisme et d'occupation austro-hongroise n'ont pas réussi à faire.

Les communistes ont été les premiers à dominer complètement toute l'Ukraine moderne, puis pour la première fois, intentionnellement ou accidentellement, ils ont achevé le projet austro-hongrois en divisant totalement le peuple ukrainien des Russes selon des lignes nationalistes.

La première formation durable d'un Etat appelé "Ukraine" a été mise en place par les communistes. Donc, si c'était quelqu'un, ce sont les communistes qui ont créé l'État ukrainien moderne. Les formations historiques de l'"Ukraine" ont peu de choses en commun avec les frontières actuelles, qui sont entièrement le résultat de la formation par l'Union soviétique de la RSS ukrainienne.

Ni la "Rus de Kiev", ni le Commonwealth polono-lituanien, ni l'Hetmanat cosaque, ni l'Empire russe, ni l'Empire austro-hongrois, ni les États ukrainiens de courte durée du début des années 1920 ne contenaient toutes les terres des terres ukrainiennes modernes qui ne furent unies pleinement que par les communistes.


La métropole de Kiev en 1686 n'a pas grand-chose à voir avec l'État ukrainien moderne. Elle ne comprenait que les terres indiquées en vert, dont certaines font maintenant partie de la Pologne, de la Biélorussie et de la Russie. Photo : Union des journalistes orthodoxes.
L'Empire russe est venu plus près, mais n'a jamais gouverné toute la Galice, qui était sous occupation austro-hongroise et n'a été unie à l'Ukraine qu'après la seconde guerre mondiale par Staline lui-même. Voici une petite carte de l'évolution historique des territoires ukrainiens, un sujet qui mérite d'être étudié.

Carte par The Duran.com.
   
Pour être clair, cela ne nie pas l'existence des Ukrainiens tout au long de cette histoire. Cependant, ils ne furent historiquement, même par ceux qui voulaient l'indépendance (politique) du tsar de Moscou comme Philip Orlykm [16], jamais considérés comme une nation vraiment étrangère et différente, mais plutôt comme une nation égale et faisant partie de la nation de la Rus - ce qu'on appelle la "Sainte Rus". Le héros cosaque Bogdan Khmelnitsky avait également cette conviction. [17]

Patriarche d'Alexandrie Théodoros sur la Sainte Rus' et l'Aigle à deux têtes
La Sainte Rus' ou Sainte Russie n'a rien à voir avec le nationalisme. C'est un ancien concept spirituel orthodoxe. C'était même un terme utilisé par les saints grecs, comme saint Maxime l'Hagiorite [18] pour décrire les anciennes terres de l'ancienne Russie de Kiev, qui n'appelaient même pas Byzance "Sainte", mais Rus' a reçu ce titre. Ce terme est encore utilisé aujourd'hui. Cette année encore, le Patriarche d'Alexandrie, lors de sa visite à Moscou [19], en concélébration avec le Patriarche Kirill (en présence du Président Poutine) a utilisé ce terme.

Plus étonnant encore, après que le patriarche Théodore d'Alexandrie eut dit (en grec) que "Rus' a toujours été, est et sera la Sainte Russie", il a immédiatement remarqué la belle présence de l'aigle à deux têtes de Byzance au Kremlin à Moscou.

Comme c'était presque prophétique ! C'est comme si la Providence avait ordonné que Sa Béatitude en parle sur le Baptême de Rus', pour rappeler la vérité de la Sainte Russie et son héritage de l'Empire byzantin. C'était vraiment merveilleux qu'il ait parlé de "Sainte Rus", et une phrase plus tard, il l'a reliée à l'aigle bicéphale. Rappelons-nous que la "Sainte Rus", que les bolcheviks ont tenté de détruire, n'est pas une forme particulière du nationalisme russe. Cela signifie que l'Orthodoxie définit les peuples des Rus, en dépassant le nationalisme.

Las Sainte Rus' est l'héritage spirituel des peuples russe, ukrainien et biélorusse, inscrit dans les paroles sacrées et les prophéties de Saint Laurent de Tchernigov.

"La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie - ensemble, nous sommes la Sainte Rus'"
La vision orthodoxe de ces peuples, si vous creusez profondément, révèle que leur unité est sacrée, bénie par Dieu et indivisible. C'est pourquoi cette fresque profane l'aigle bicéphale - car au fond, ses créateurs méprisent la Sainte Rus' et ses saints, de Vladimir le Grand à Laurent de Tchernigov - qui a reposé dans les années 1950 et a averti des événements futurs en Ukraine, qui se déroulent actuellement.

C'est la véritable raison pour laquelle ils ont commandé cette peinture murale. Nous devons nous rendre compte que non seulement elle glorifie le nazisme, mais qu'elle est blasphématoire et une insulte à tous les peuples orthodoxes, de Constantin le Grand à nos jours.
Il ne s'agit pas d'une "icône", mais d'une peinture murale satanique et démoniaque, inspirée par le même serpent trompeur que saint Georges piétine si justement. Ils l'ont commandée au nazisme, à l'ethnophylétisme et à l'ultra-nationalisme, qui les ont totalement aveuglés.

De plus, il ne s'agit pas seulement d'un événement isolé par un groupe marginal ; il représente l'esprit entier des schismatiques, comme leur chef, Philarète lui-même l'a béni. Dans cette même église, d'ailleurs, d'après un site web grec, il y a une peinture de Philarète lui-même parmi quelques saints (et aussi des schismatiques) ; le site web notait à quel point tout cela était arrogant. [20]

Photo : dimpenews.com.
   C'est le message de Philarète et de ses serviteurs au monde entier. Leurs "icônes" ne parlent pas de Dieu, mais du nazisme, où ils représentent la guerre et les effusions de sang qu'ils aiment tant. Si l'Orthodoxie et Dieu Lui-même ne sont pas d'accord avec leurs vues, ils feront leur propre secte, et adoreront leurs propres idoles.
C'est pourquoi ils profanent l'Orthodoxie dans cette peinture murale ; c'est pourquoi ils profanent l'aigle à deux têtes de Byzance et de la Sainte Rus'- parce que l'Orthodoxie a toujours affirmé la vérité - les Ukrainiens ne sont pas seulement nos amis - ils sont notre famille ! Ensemble, nous sommes la Sainte Rus'- ce que Dieu a rassemblé, que personne ne le sépare !
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTES
1 Saint-Georges tuant le dragon est aussi le symbole de la ville de Moscou. Remplacer le dragon par l'aigle bicéphale dans la peinture murale d'une église est un coup pervers porté à Moscou impliquant que cette dernière n'a pas sa place dans le christianisme et encore moins dans l'Orthodoxie.
2 Le pouvoir derrière le trône pour ainsi dire, se référant historiquement, au cardinal Richelieu qui détenait un grand pouvoir sur la France. Les expressions subtiles du visage et les déclarations de Zorya sont souvent un indice pour interpréter ce qui se passe au sein du Patriarcat de Kiev.
3 https://dimpenews.com/2018/10/22/βαρθολομαίε-είσαι-ναζιστησ-σ΄εκκλησ/
4 https://www.adl.org/education/references/hate-symbols/wolfsangel
5 https://luxtimes.lu/archives/11247-city-exhibition-on-ukraine-features-nazi-symbols
6https://www.ohchr.org/Documents/Countries/UA/Ukraine_13th_HRMMU_Report_3March2016.pdf
7 https://www.ohchr.org/Documents/Countries/UA/Ukraine_14th_HRMMU_Report.pdf
8 https://www.osce.org/pc/233896?download=true
9 La croix gammée était à l'origine un ancien symbole hindou ; des formes similaires de l'ange-loup étaient utilisées par les peuples germaniques historiques. Cependant, il est indéniable dans le contexte moderne que ces symboles ont des connotations néo-nazies claires.
10https://web.archive.org/web20171204203550/http://ukraina.ru/exclusive/20170529/1018722291.html
11 "Nous devons changer la psychologie de notre société et la psychologie des ennemis, et influencer l'opinion mondiale. La terreur sera non seulement un moyen d'autodéfense, mais aussi un moyen d'agitation[révolutionnaire] qui atteindra tout le monde : notre propre peuple comme les étrangers, qu'ils le désirent ou non....". Voir ici pour plus d'informations. Source : Tadeusz Piotrowski, Genocide and Rescue in Wolyn (Jefferson, N.C. : McFarland and Company, 2000), p. 11-12.
12 https://www.ohchr.org/Documents/Countries/UA/UAReport18th_FR.pdf
13 https://youtu.be/ZzrfB8IV7eU
14 Source originale en ukrainien : "Юрія Переможця-покровителя борців за за незалежність незалежність України."
15 https://dimpenews.com/2018/10/22/βαρθολομαίε-είσαι-ναζιστησ-σ΄εκκλησ/
16 Philippe Orlyk a écrit une constitution cosaque de 1710 dans laquelle il mentionne le mot Ukraine ainsi que "Petite Russie". Il n'a jamais parlé d'une "nation ukrainienne", mais seulement de l'Ukraine en tant que territoire géographique, qu'il considérait comme synonyme de la Petite terre russe. Le peuple, son peuple, les ancêtres des Ukrainiens modernes, il les appelait la "Petite nation russe". Source en ukrainien : https://spzh.news/ua/zashhita-very/45567-svyata-rus-vs-prosvichena-vropa
17 https://holmogor.livejournal.com/6973066.html
18 https://spzh.news/ru/zashhita-very/45538-svyataya-rus-vs-prosveshchennaya-evropa
19 On peut entendre le Patriarche d'Alexandrie dire en grec, et traduire en russe, que "Rus' a toujours été et sera toujours la Sainte Rus" https://youtu.be/syCilzSvfvk?t=9371
20 https://dimpenews.com/2018/10/22/βαρθολομαίε-είσαι-ναζιστησ-σ΄εκκλησ/