Texte en Français:
PÈRE YAKINTHOS
HIGOUMENE ET STARETS
COMME ON SE SOUVIENT DE
LUI À PUTNA
10 SEPTEMBRE 1924 - 23
JUIN 1998
2014 - 90 ANS DEPUIS SA
NAISSANCE
UN FILM PAR
LE MONASTERE DE PUTNA
À L'INITIATIVE
DE CERTAINS DE SES FILS ET
FILLES SPIRITUELLES
AVEC LA BÉNÉDICTION DE
SON ÉMINENCE PIMEN
ARCHEVÊQUE DE SUCEAVA ET
RĂDĂUŢI
Voix du père Yakinthos
Enregistrement audio d'une
visite guidée de l'église et du musée du monastère de Putna
Nous ne devrions jamais
oublier qu'un jour, peut-être plus tôt que prévu, nous allons nous déplacer – et
non pas mourir. Le Christ ne trompe pas et Il ne peut pas être trompé. Ceux qui
ont fait de bonnes œuvres vont à la vie éternelle et ceux qui ont fait de
mauvaises actions vont vers la punition. Tout est relatif dans ce monde: la vie
dans la lutte contre la maladie et la mort, la vérité dans la lutte contre
l'erreur et le mensonge, la lumière dans la lutte contre les ténèbres et
finalement le bien dans la lutte contre le mal. Tous sont mélangés. Pourquoi?
Dieu a-t-il fait l'homme seulement pour le laisser combattre entre le bien et
le mal? Oui, c'est le moment où nous pouvons gagner notre éternité heureuse ou
malheureuse selon la façon dont nous l'aurons créée pour nous-mêmes, selon la
manière dont nous l'aurons faite selon nos actes. Car la justice divine ne
manque jamais, la justice divine demeure souveraine.
Pendant plus de cinq
siècles, le monastère de Putna, fondation bien-aimée de saint Etienne le Grand,
a maintenu en vie la lumière du souvenir, la lumière éternelle sur l'autel de
cette "Jérusalem du peuple roumain". Les Roumains grandissent en
apprenant à connaître saint Etienne
le Grand et Putna. Prince
victorieux dans les guerres, fondateur des lieux de culte, père de son peuple
et de son pays, protecteur de la foi orthodoxe dans toute l'Europe, le saint et
brave Etienne le Grand choisit un lieu au milieu des bois de Bucovine, où il
continuerait à garder au long des siècles, le peuple qu'il aimait plus que lui.
La foi, la culture et l'histoire s'unissent à Putna, inspirant l'amour de Dieu
à tous ceux qui visitent l'endroit.
A la plénitude du temps
historique et spirituel, le monastère de Putna, par ses habitants, a toujours eu
la sagesse d'honorer ses prédécesseurs, ses fondateurs et tous ceux qui ont
ajouté une pierre à la muraille d'or de ce lieu saint historique. Parmi eux,
l’archimandrite Yakinthos - higoumène de Putna et starets de toute la Bucovine au
20ème siècle.
«Le Père Yakinthos était
un homme qui avait reçu de nombreux dons de Dieu (...).
Son labeur s'est
transformé en repos auprès des justes, des saints vénérables qui ont fait de la
vie éternelle, du bonheur dans la Sainte Trinité, l'aspiration de leur vie
entière (...) ».
Son Éminence Daniel,
Métropolite de Moldavie et Bucovine, actuel Patriarche de Roumanie
Le père Yakinthos, dont le
nom laïc était Ioan, naquit le 10 septembre 1924 dans le village de Mănăstirea
du comté d'Iaşi. Il avait quatre frères: Ştefan, Leon, Elena et Alexandru, qui
devint plus tard le hiéromoine Alexie. Ses parents Aneta et Anton l'envoyèrent
à l'école de son village natal dans les années précédant la Seconde Guerre
mondiale. Il accomplit son service militaire dans l'aviation. Il fut diplômé de
l'école de chantres d'Eglise de Roman, et entra au séminaire monastique de
Neamţ. Le père Yakinthos peignait dans sa jeunesse, mais Dieu l'appela à l'art
d'embellir les âmes des gens par les vertus. Dans un monde ravagé par la guerre
et l'athéisme, le père Yakinthos aperçut la lumière du Christ qui le guiderait
vers la vie monastique.
Archimandrite Arsenios
Papacioc
(1914-2011)
J'étais à Sihăstria quand
deux jeunes gens sont venus et nous avons eu une très longue discussion
argumentée sur la beauté monastique, - enfin, j'ai eu avec qui parler. L'un
d'eux était Yakinthos. Ils restèrent pendant deux ou trois jours et nous avons
parlé tout le temps. Les années ont passé, il est allé au séminaire et j'étais
son père [spirituel] tout ce temps, je l'ai trouvé étonnamment compétent. Quand
je lui ai rendu visite ici, il était malade, le pauvre. Et la dernière chose
que je sus à son sujet, venait du colonel Melinte, qui dirigeait l'hôpital
militaire de Constanţa. Et comme je l'avais découvert, quelqu'un d'ici m'a
envoyé une photo de lui sur le fauteuil où il mourut.
Le 23 juin 1998, le père
Yakinthos reposa dans le Seigneur assis dans le fauteuil de la confession, la
tête penchée vers son cœur, indiquant qu'il priait, et avec sa main droite
tendue, purifiant sincèrement les péchés des gens dans l'éternité. Maintenant,
il repose dans la Lumière du Christ. Il priait sans relâche. C’était un modèle
d'amour et de vie responsable, montrant une dévotion profonde pour l'histoire
du peuple roumain. Il incarnait un haut niveau de conscience nationale et une
vie spirituelle distinguée.
Archimandrite Yakinthos
Unciuleac
Interviewé en juillet 1996
par Mircea Motrici
Reporter, Radio România
Actualităţi
(24.03.1953 - 16.05.2007)
Une merveilleuse nuit
d'été au monastère Putna avec le père archimandrite Yakinthos
J'ai la satisfaction
spirituelle, d’avoir depuis près de quarante ans, œuvré spirituellement, à élever
la conscience de notre peuple avec les paroles que je prononce au tombeau
d'Étienne le Grand. J'ai aussi travaillé dans la construction, parce qu'en
1956, lorsque je suis venu ici, les murs de Putna étaient toujours marqués par des
balles et de nombreuses dégradations. Grâce à certaines personnes qui ont
compris ce que Putna signifiait, nous, humbles moines, avons réussi à
contribuer à la restauration de Putna comme nous le pouvions. Lorsque l'État ne
pouvait plus offrir de soutien financier, le métropolite pouvait le faire et
nous avons continué les travaux de partage des dépenses entre nous - autant que
nous le pouvions - et le métropolite.
Le père Yakinthos n'a pas
laissé beaucoup de paroles écrites, mais il a laissé beaucoup de souvenirs à
ceux qui l'ont connu comme guide de musée, comme starets ou comme higoumène de
Putna. Quand le fardeau de sa croix devint trop lourd, il demanda conseil à
d'autres pères de l'Église, comme tout autre humble moine l’aurait fait.
Son Eminence Justinien
Chira, Archevêque de Maramureş et Sătmar
J'ai des liens anciens avec
Putna, des liens importants. Dans les moments les plus difficiles, le père
Yakinthos est venu me voir. J'étais très jeune et spirituellement inexpérimenté
à l'époque, alors que le père vivait une vie monastique. Il est venu à moi
affligé, profondément attristé et très effrayé. Le père Yakinthos m'a dit: «Toutes
les autorités me harcèlent et je risque de perdre ma liberté. Je suis venu ici
pour m'éloigner de tout, pour cesser d'être une cible. J'ai pensé que je
devrais venir à vous, à Rohia. " Je l'ai écouté et je lui ai dit:
"Père Yakinthos, bienvenue! Je me réjouis de tout mon cœur. " Nous
avons mangé ensemble et nous nous sommes promenés dans la forêt. «Père
Yakinthos, maintenant laissez-moi vous répondre», ai-je dit. «Vous m'avez parlé
de toutes vos épreuves, elles me sont familières: quand je vais me reposer le
soir, je ne sais si je me réveillerai dans le même lit, mais tout le pays est
dans la même situation. Voici mon conseil, ma bonne requête - et commandement
spirituel pour vous, si vous voulez: revenez d'où vous venez, revenez à Putna.
Si vous devez mourir, alors mourez à Putna. Ne le laissez pas, revenez là et
souffrez, soyez silencieux et souffrez et ne dites pas un mot. J'ai appris ce
secret et cette vertu de silence et d'obéissance; J'ai obéi en silence. Je ne
pars pas d'ici, on peut me tirer devant le monastère, mais je ne le quitte pas
tant que je suis vivant. Je n'ai pas pénétré dans le monastère après avoir
laissé ma mère veuve pleurer et m’appeler dans tout le village pour fuir le
danger maintenant. Je n'ai pas peur de vos armes, je n'ai peur de rien. Il n'y
a qu'un seul ennemi dont j'ai peur et c’est moi-même. J'ai peur d’enfreindre la
loi de Dieu et j'ai peur de Dieu, d’irriter le Bon Dieu. Ce sont les deux
choses que je crains. Et c'est votre réponse, père Yakinthos. Allez en paix, ne
vous inquiétez pas. Dieu veille, la Providence est liée à cela. Dieu ne vous a
pas abandonné, tous ceux-là s'en iront, mais nous avons besoin de patience.
»Puisque je ne pouvais qu'être d'accord avec lui, vous vous rendez compte quelle
grave erreur j'aurais pu faire.
Le Père Yakinthos est
revenu au monastère de Putna et a continué à servir l'Église de Christ encore
plus diligemment. Il a été guide de musée pendant 20 ans et higoumène pendant
15 ans... aussi starets... une vie dédiée à l'Église.
La voix du Père Yakinthos
à la Divine Liturgie
Enregistrement audio des
archives du monastère de Putna
Le Père Yakinthos fut un
guide missionnaire et un témoin du Christ dans des temps très difficiles,
lorsque le régime communiste athée mettait l'accent sur la doctrine
matérialiste-scientifique, niant l'existence de Dieu. Avec la sagesse, le père
entremêlait la veine historique avec la sainte Écriture.
Je pense à quelques beaux
textes. On se réfère à la triste histoire et aux tribulations dont notre peuple
a vécu. Et il a été écrit depuis longtemps dans le livre d'or: «Pièce de ciel
cher à nos cœurs, jardin chanté par les poètes, terre sainte accueillant le
repos du plus glorieux prince de notre nation roumaine. Ineffablement tendre
est le ruissellement de tes sources et beaucoup est dit par la voix de tes
bois. Tu es en effet l'un des plus beaux pays de la Terre, mais cela fait mal
de prononcer ton nom... Et en marchant sur tes charmantes routes, nos yeux ne
peuvent voir ta beauté qu’à travers un rideau de larmes.
Le Père Yakinthos forma [les
êtres] par sa prière et il aimait les âmes qui s'étaient confiées à lui pour la
direction spirituelle.
Voyez, mes enfants, le
Christ Sauveur est invisiblement présent ici. Voyez, personne ne vous oblige à
venir à cette vie. C'est de votre propre volonté que vous cherchez à vous
promettre à la grande et angélique vie.
Il a enseigné à ses
enfants spirituels à aimer Dieu, l'Église et les monastères et leurs pères
spirituels.
Notre frère, le moine Théophile,
est tonsuré au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et maintenant et pour
l'éternité. Amen.
Il leur a appris à garder
leur foi orthodoxe droite, au prix de leur vie. A rester constant dans leur
patience jusqu'à la fin.
Dans cette vie que nous avons entrepris, les saints
Pères de l'Eglise nous disent de respecter trois choses: avoir toujours Dieu
devant nos yeux, tout faire et vivre en effet en nous basant sur la Sainte
Écriture et les saints Pères, et éviter d'être inconsistant (ce qui signifie vouloir le bien
aujourd'hui et céder au mal demain). Ne pas céder au mal. Je crois qu'il n'est
pas nécessaire de dire plus que ce qui a été lu, dit et promis par vos
fraternités ici. Nous supplions le Dieu Bon et la Mère de Dieu, patronne de ce
saint monastère, de vous garder et de vous donner la sagesse et la crainte de
Dieu en vos cœurs, ce qui est le commencement de la sagesse, afin que, ayant
accompli les vœux entrepris à présent, nous puissions dire avec l’apôtre Paul:
««J'ai combattu le bon combat, J'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi;
désormais, il y aura pour moi une couronne de justice que le Seigneur, le juste
Juge, me donnera en ce jour-là...»
Que Dieu nous aide. Amen.
Le Père
Yakinthos aimait le monachisme, le vivait pleinement et le protégeait de toutes
ses forces, avec toute sa vertu contre ceux qui cherchaient à le diffamer.
Notre
Sauveur Jésus-Christ, après avoir lavé les pieds de Ses disciples, leur a
demandé: Avez-vous compris ce que je viens de faire? Je ne suis pas venu pour être
servi, mais pour servir et donner ma vie comme rançon pour beaucoup. Donc, que
chacun serve, servons la société, mais servons d'abord notre famille, que les
parents s'occupent de leurs enfants en premier lieu; Servons notre pays et
donnons à César ce qui est à César; Mais n'oublions jamais ce qu'un chrétien
véritable n'oublie jamais: donner à Dieu ce qui est à Dieu. Si nous ne faisons
pas cela et si nous donnons à un seul maître et irritons l'autre, les choses ne
fonctionneront pas bien.
Pendant
des décennies, la voix du père Yakinthos résonna fermement et sans faille dans
les oreilles des pèlerins, émouvant leurs cœurs. Le Père Yakinthos leur parla
du bien et du mal, du Ciel et de l'enfer, de Dieu et du salut de nos âmes. Il
n'oublia jamais les Roumains vivant au-delà des frontières du pays. Le Père
Yakinthos aimait la Bessarabie et la Bucovine septentrionale, qu'il voyait
comme des blessures ouvertes sur le corps de notre pays, comme une source de
martyre promettant que les frères seraient ensemble à nouveau.
Je ne
pourrais pas satisfaire tout le monde, il y a des gens qui ne comprennent pas
le but de leur vie, qui n'ont aucun sens patriotique et ne réalisent pas ce que
nous avons réussi à faire dans nos temps plutôt difficiles.
Pour tous
ceux qui l'ont connu vivant, le père Yakinthos est resté «le père beau et radieux ». Le père Yakinthos entra dans
la vie monastique et fut tonsuré au monastère de Sihăstria du comté de Neamţ en
1953. C'est Sebastian Rusan, métropolite de Moldavie à l'époque, qui l'ordonna
comme diacre. En 1955, il resta brièvement au monastère de Slatina. Le 21 mai
1956, il fut envoyé renforcer la communauté du Monastère de Putna avec d'autres
moines de Sihăstria et Slatina, tous dirigés par le père Cleopa Ilie. Ayant de l'amour
pour tout le monde, travaillant avec sa patience bien notoire, le père
Yakinthos devint un véritable starets, digne d'être nommé parmi les grands
starets roumains de la seconde moitié du 20ème siècle. Dans son itinéraire de
vie avec Dieu, le père Yakinthos fut spirituellement lié avec les plus grands
starets de la Roumanie de l'époque: les pères Cleopa Ilie, Paisie Olaru, Daniil
Sandu Tudor, Ioanichie Bălan, Chesarie Albeaţă, Teodor Pavlo, Varsanufie et
Simion Zaharia, Dosoftei Murariu, Arsenie Papacioc et d'autres encore. Les
temps étaient durs, seule la prière et l’humble méditation pouvaient aider. Ces
pères et beaucoup d'autres comme eux soutinrent par leurs prières les élites du
peuple roumain qui mouraient en prison et dans des camps de travaux forcés,
sous le joug du régime communiste athée.
Avec
sagesse et patience, le père Yakinthos traversé l’océan de cette vie. La plus
grande joie qu'il ait jamais eue dans cette vie passagère fut la canonisation
du digne Prince Etienne le Grand, dont il servit le souvenir à temps et à
contretemps à Putna.
Diffusion
en direct le 2 juillet 1992 par Mircea Motrici, journaliste, Radio România
Actualităţi
2 juillet
1992, 09h09. Chers auditeurs, Putna est en fête en cette merveilleuse journée
et on confirme l'atterrissage de l'hélicoptère apportant l'épée de
Saint-Etienne le Grand, qui a été un symbole de victoire et d'unité pour notre
nation. L'épée d'Etienne le Grand est transportée vers le monastère de Putna. Elle
est accompagnée d'une délégation turque et de représentants du Bureau des
affaires étrangères de notre pays.
Séquence
vidéo TVR (principale chaîne publique roumaine)
Le Moyen
Age moldave se reflète ici à Putna. Ce bastion de la foi de nos ancêtres a duré
cinq siècles et demi. Les gens sont toujours venus ici pour recevoir des
énergies créatives, des réponses à leurs questions, la paix et la lumière - des
dons qu'ils ont emmenés avec eux en des endroits plus proches ou plus éloignés
de Putna, fondation bien-aimée du saint et brave Prince Etienne le Grand.
Le 2
juillet 1992
Cérémonie
de canonisation du saint Prince Étienne le Grand
Bien-aimés
fidèles, nous sommes réunis aujourd'hui au Saint Monastère de Putna, sur la
tombe de saint Etienne le Grand, avec une synaxe d'évêques membres du Saint
Synode des deux rives du Prut, avec des évêques et des prêtres de Bucovine, et
des fidèles de partout; Nous nous sommes réunis pour honorer un jour unique
dans la vie de notre nation, en célébrant la mémoire, la valeur et les actions
d'Étienne le Grand, qui a été inscrit par le Saint Synode dans le calendrier de
notre Eglise orthodoxe. Tout d'abord, nous nous sommes rassemblés avec foi en
Dieu et avec beaucoup de dévouement, pour nous agenouiller et incliner la tête
devant le tombeau de celui qui a conquis l'ennemi, qui a protégé la chrétienté
et toute l'Europe, Étienne le Grand.
Chaque
fois que nous faisons cela, nous nous sentons régénérés par l'exemple de nos
ancêtres en termes de conscience nationale. Chaque fois que je fais une visite
guidée à un groupe d'intellectuels, je me réjouis de voir des larmes dans leurs
yeux. Nous disons souvent: Qu'est-ce que nous apportons maintenant comme un
hommage de culte et de gratitude sur l'autel de notre conscience nationale?
Nous apportons une larme, un cierge et une fleur. Eminescu était aussi un grand
homme. Etienne a utilisé une épée, tandis qu'Eminescu a eu une autre épée, sa
plume. La nation roumaine a toujours eu de grandes personnalités, -mais, ô
Dieu pardonne-moi - ils n'ont pas
le courage de prendre le leadership et de prendre position.
Lorsque
les chrétiens oublient l'obéissance au sein de l'Église, ils se divisent, ils
se séparent de la foi droite [l’Orthodoxie] et vont vers les sectes. Quand
l'obéissance manque comme vertu dans la société, elle est remplacée par le
chaos et le désordre.
Et en
parlant de la foi, c'est la seule explication pour que notre peuple ait gardé
son identité nationale en dépit de tant de guerres et de difficultés. Parlant
de la foi, l'historien roumain Nicolae Iorga dit que par notre foi nous sommes
contemporains de nos ancêtres les plus dignes qui ont vécu avant nous sur cette
terre, et nous avons beaucoup à apprendre de leur expérience. C'est par notre
foi que nous parlons avec les ancêtres dans leur langue et c'est aussi par la
foi que nous sommes frères en adoptant les mêmes solutions pleines d'espoir aux
problèmes les plus difficiles de la vie, qui est pour la plupart un triste
mystère. Et il y a la clé d'or pour résoudre ce mystère parfois triste: la foi
en Dieu, la relation de l'homme avec la bonté absolue. Un jour on a demandé à
quelqu’un: «Vous croyez en Dieu? Mais vous êtes un intellectuel! Et vous croyez
toujours en Dieu? Ce sont des histoires de vieillards ". Il a répondu:
«Non seulement je crois, mais je sens aussi que Dieu m'aide. Ce serait stupide de
dire que je ne crois pas ". Nous savons que Dieu nous aide dans des
épreuves difficiles, quand personne d'autre ne peut plus rien faire, qu'Il est
le seul à dire: «Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde», et
Dieu est le seul à dire: «Invoque-moi au jour de la détresse: je te
délivrerai». C'est Lui Qui peut nous aider quelquefois, quand les gens ne
peuvent ou ne veulent pas aider, alors c'est seulement Dieu Qui nous aide
alors. Cette croyance a été bien éprouvée par nos ancêtres et ils ont prouvé
combien Dieu les a aidés. Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent,
faites-le à eux aussi, car c'est la loi et la justice. C'est dans la Bible,
bien sûr, nous le savons.
Le
monastère de Putna a un protecteur dans les cieux, la très Sainte Mère de Dieu
et toujours Vierge Marie, qui a reçu de nombreuses prières et de nombreuses
larmes au cours des siècles.
Putna a
toujours été «la Jérusalem du peuple roumain», où l'amour de notre prochain est
aussi naturel que respirer. Aujourd'hui, le monastère de Putna continue
l'héritage du Prince Etienne le Grand, qui est l'amour puissant de notre peuple
et de notre pays, de Dieu et de l'Église.
Le 7
décembre 1992, le père Melkizedec Velnic a été nommé higoumène du monastère de
Putna, enlevant cette lourde croix des épaules du père Yakinthos.
Très
vénérable Père higoumène, vénérables pères et bien-aimés fidèles, le jour est
venu pour mes épaules d'être soulagé d'une lourde croix. Je me rappelle être
venu à Putna le 21 mai 1956, avec le père Cleopa, avec d'autres 13 moines du
monastère de Sihăstria et huit du monastère de Slatina. Quand nous sommes
arrivés à Putna, que je ne connaissais pas auparavant, je fus attristé de voir
le village s'étendant jusqu'aux portes du monastère. Je me dis: «Je me demande
quel genre de vie monastique je pourrai avoir ici». Mais il m'a été confirmé
que les bonnes personnes sont partout et nous avons collaboré avec elles, nous nous
sommes rejoints dans la fraternité et avons fait de bonnes actions. Cela a duré
jusqu'en 1977, quand Son Eminence Gerasimos de Putna a été appelé à une mission
supérieure, en tant qu'évêque d'Arad. Depuis, ma croix est devenue plus lourde.
L’higouménat est l'obédience la plus difficile. Et l'higouménat de Putna est
différent de tout autre. Putna a besoin de responsabilité, il faut de la capacité.
C'est pourquoi aujourd'hui j’élève ma pensée et mon cœur vers Seigneur pour Le
remercier de m'avoir aidé à porter cette croix comme je le pouvais. Je n’ai
peut-être pas toujours atteint les normes élevées pour un tel appel, mais j'ai
essayé, à la fois comme guide pendant 20 ans et comme higoumène et starets de remplir
ma mission, tout comme le père higoumène l’a dit. Comme nous devions nous
rencontrer et discuter de certaines choses, je fus heureux de voir le père Melkizedec
agenouillé devant le Saint Sanctuaire... cela prouve qu'il est conscient de la
lourde croix qu'il prend sur lui-même. Et c'est pourquoi j'espère que nous
pourrons le faire avancer et, avec toute la force qui me reste, je vais aider
cette communauté monastique à continuer sa marche sur la bonne voie, sur des
chemins encore meilleurs que jusqu'à présent. J'espère que Putna pourra
continuer à remplir sa mission spirituelle, administrative et culturelle. Putna
est «le temple de notre conscience nationale», c'est «la Mecque des Roumains»
et une académie des beaux-arts et elle doit rester ainsi. C'est pourquoi je
suis satisfait des paroles que le père higoumène vient de dire. J'ai été bon
tout le temps. Mais dernièrement, je suis arrivé à la conclusion que la bonté
ne suffit pas; L'autorité est aussi nécessaire, ainsi que la dignité et
l'obéissance, comme le père higoumène vient de le dire. Et s'il le faut, père higoumène,
s'il vous plaît venez me voir chaque fois que vous avez besoin de conseils et
je vous aiderai autant que je le pourrai, afin que nous puissions dire comme
saint apôtre Paul: «J'ai combattu le bon combat, J'ai achevé ma course, j'ai
gardé la foi; désormais, il y aura pour moi une couronne de justice que le
Seigneur, juge juste, me donnera en ce jour-là...»(2 Timothée 4,7-8)
Nombreux
sont les fruits de l'obéissance chrétienne, qui inclut aussi l'obéissance
monastique. L'obéissance donne naissance à l'humilité, à la douceur, à la
patience, à la vie sans tracas, à l'espoir de salut, à la prière en larmes, au mépris
de la mort, à la joie spirituelle et à la paix du cœur. Quels autres dons plus
grands devrions-nous souhaiter dans nos vies que ceux-ci? Et qui donc est
spirituellement plus riche que celui qui aime obéir au Christ et à l'Église, à son
père et à son confesseur? Le moyen le plus facile et le plus sûr du salut est
de vivre sa vie dans l'obéissance, ce qui signifie faire tout sur les conseils
[du père spirituel] et avec la bénédiction, après la prière et la demande. Et
le salut le plus difficile est pour celui qui vit seul, sans église, sans
pères, sans confesseur, sans livres saints, sans prière et sans joie
spirituelle dans le cœur. La vie de cette personne sera l'enfer sur la terre.
Lorsque
l'obéissance a été oubliée dans le Ciel, les anges sont devenus des démons, et
les gens sur Terre, sont tombés dans l'esclavage de la mort. S'il n'y a pas
d'obéissance dans la famille, les enfants deviennent méchants et les parents pleurent
de douleur.
Il y a un
dicton: «Les paroles sonnent, les actions tonnent!», Et je crois que c’est seulement
par nos actions nous pouvons être décrits comme dignes descendants de nos
ancêtres: ne soyons plus si égoïstes, ne nous attardons pas trop dans le
passage. Nous pensons que bientôt nous entrerons dans l'éternité et nous serons
dans le même lieu que nos ancêtres, ou même dans un meilleur endroit qu'eux,
selon nos actions. Nous n'entrons pas dans ce monde quand nous le voulons et
nous ne le quittons pas selon notre volonté!
Au-delà
de l'horizon de ce monde, le père Yakinthos nous a laissé quelques enregistrements
de son activité de guide touristique et d'higoumène. Ces paroles confirment sa
vie spirituelle, sa profonde humilité et la délicatesse raffinée de son âme.
S’il n'y
a pas d'obéissance dans le monastère, la communauté monastique sera divisée et
déserte. Et là où règne la véritable obéissance - non par crainte de la loi et
du châtiment, mais par amour chrétien - le Ciel descendra sur la terre avec la
paix, l'harmonie et la vie heureuse où Dieu le Sauveur Lui-même habite, Celui Qui
s'est humilié par l’obéissance au point d’accepter la mort sur la Croix. Que
Dieu nous donne le don de la véritable obéissance, parce que celui qui aime
tout le monde et qui vit dans l'obéissance ne peut pas aller en enfer.
Le Père
Yakinthos repose maintenant dans la lumière du Christ. A ses funérailles, le 26
juin 1998, il y eut une procession spirituelle faite d'archiprêtres, de 41
prêtres, d’amis, de connaissances, de disciples, de fils et de filles
spirituels de monastères moldaves, de Transylvanie, de Valachie et de la Sainte
Montagne de l’Athos. Tous les présents chantaient avec des larmes aux yeux: «Mémoire
éternelle !» et «Christ est ressuscité !»
Son
Eminence Daniel
Métropolite
de Moldavie et Bucovine
Patriarche
actuel de Roumanie
Pour les
moines de ce monastère et pour tous ses nombreux disciples - moines et moniales,
laïcs de tous âges, de tous ministères et professions et de tous niveaux
spirituels, le père Yakinthos reste une icône rayonnante bénie par Dieu. Il a
enseigné chacun d'entre nous et nous tous ensemble...
«Heureux
l'homme que tu choisis, afin qu'il demeure dans tes parvis» (Ps 64).
...
l'icône du moine patient et de l’ascète, très patient, énormément patient.
Patient dans l’épreuve et patient dans la souffrance et la maladie. Son long
ascétisme, ses nombreux labeurs et sa longue patience ont passé le seuil de
l'autre royaume, le Royaume de la vie éternelle. Le moine est appelé à sentir,
même en ce monde, la douceur du Royaume de Dieu. Le Père Yakinthos fut
missionnaire en restant dans le monastère. Il fut missionnaire par la façon
dont il a reçu des gens au monastère. Tout son travail spirituel comme guide
reflète ce travail missionnaire constant qui a créé un mouvement constant de
personnes vers Dieu et l'Église, au lieu d'un mouvement seulement de l'Église
vers les gens. Il fut un guide de monastère, un missionnaire et un témoin dans
des temps très difficiles. Il fut un témoin de la foi orthodoxe, la foi en Dieu
d'abord, pendant un régime athée où toutes les institutions sauf l'Église disaient
qu'il n'y a pas de Dieu.
Une
veilleuse est gardée allumée par les moines jour et nuit depuis le dernier
arrêt terrestre du père Yakinthos, ancien higoumène et confesseur du monastère
de Putna. L'amour de ceux qui le connaissaient alors qu'il était vivant, ne
s'arrêta pas à sa tombe, après que la dernière poignée de terre l'eut
recouvert. Le véritable amour spirituel va au-delà de l'horizon de ce monde, et
les âmes communiquent par la prière avec ceux qui se sont déplacés vers les
cohortes des justes.
Dans la
joie de la résurrection, ici repose notre père, higoumène et starets l’archimandrite
Yakinthos Unciuleac. 1924-1998
Chanteurs
de chants de Noël de Câmpulung Moldovenesc
"Quelqu'un
a demandé un jour au père Yakinthos pourquoi Dieu permet aux honnêtes gens
justes d'avoir une vie pleine de souffrance. Le Père Yakinthos répondit: 'La
souffrance est pour les élus!' "
Pour le
90e anniversaire de la naissance du père Yakinthos, ce film est un hommage
reconnaissant de ses enfants spirituels et une exhortation à l'imiter, adressée
aux moines que le Bon Dieu appellera pour servir dans ce lieu saint.
Narrateur:
Père Bogdan Ţifrea
© Film du
Saint Monastère de Putna, Suceava, Roumanie, 2014.
Version française C.L.-G.