Dimanche dernier, nous avons pensé à saint Jean Baptiste. Ce dimanche, le calendrier des saints nous donne saint Zacharie et sainte Elisabeth, ses parents.
*
Zacharie était un prêtre du Temple de Jérusalem. C'était le deuxième temple. Le temple de Salomon avait été détruit et le second temple avait été construit après la captivité babylonienne. Cependant, le temple reconstruit était beaucoup plus modeste que le prédécédant, mais il avait été agrandi de façon ostentatoire à l'époque du roi Hérode, c'est pourquoi on l'appelle parfois le temple d'Hérode. Zacharie et Élisabeth étaient tous deux de la descendance d'Aaron, mais ils étaient sans enfants et d'un âge avancé. Les fonctions sacerdotales dans le temple alternaient entre chacune des lignées familiales qui descendaient de ceux qui avaient été nommés par le roi David (1 Chronique 24:1-19). C'est ainsi que c'est au tour de Zacharie d'offrir de l'encens, lorsque l'ange lui apparaît pour lui annoncer qu'Elisabeth donnera naissance à un fils qui s'appellera Jean. Elisabeth et la Génitrice de Dieu étaient cousines. Toute cette histoire se trouve dans le premier chapitre de l'Évangile de saint Luc et nous pourrions supposer que la lecture de l'Évangile à la Liturgie serait une partie, ou la totalité, du récit de Luc, mais ce n'est pas le cas. Le passage pour les Saints à la Liturgie est Matthieu 23:29-39 dans lequel le Seigneur donne un avertissement très sévère. Il s'adressait directement aux Pharisiens à ce moment-là, mais ses paroles s'appliquent à nous tous. Il y a là une sorte de leçon d'histoire. Les prophètes d'autrefois étaient méprisés, voire maltraités et tués par leurs contemporains qui rejetaient leur message. Pourtant, le Seigneur rappelle à ses auditeurs qu'ils ornent les tombes des prophètes et prétendent qu'ils se seraient comportés différemment. Non seulement le Christ les traite d'hypocrites et de vipères, mais il prédit que, dans leur extrême malice, ils lui feront encore pire. Ce faisant, il mentionne le meurtre de Zacharie. Vient ensuite une référence à la destruction de Jérusalem. Le Christ utilise l'exemple d'une poule qui montre de l'affection pour ses poussins, et rappelle aux Pharisiens leur rejet de l'amour offert par Dieu. Comprenez l'utilisation du mot désormais pour faire référence à l'après-crucifixion. Ils L'ont vu plusieurs fois avant, mais pas après la crucifixion.
Le calendrier des saints contient une liste de commémorations à la date d'aujourd'hui, dont celle du saint hiérarque Athanase de Brest-Litovsk. Il naquit dans la province de Minsk, vers 1597, dans une famille pieuse nommée Philippovich. Il parlait couramment quatre langues, le polonais, le latin, le grec et le dialecte slave local. Il travailla comme enseignant avant d'accepter la tonsure monastique en 1627 des mains de l'higumène Joseph du monastère du Saint-Esprit à Vilnius. Il fut ordonné prêtre en 1632 et fut responsable du monastère de Dubovsk, près de Pinsk. Lorsque cette propriété fut saisie par les Jésuites en 1636, le père Athanase et les moines s'installèrent au monastère de Kupiatits.
Il y avait une icône honorée de Notre-Dame de Kupiaticka et le Père Athanase s'engagea à reconstruire son église. Puis en 1640, les moines du monastère de St Siméon à Brest l'élurent comme higoumène, où il a poursuivi sa politique d'opposition à l'Union de Brest. Il fit même appel au roi Wladyslaw IV, mais en vain, face à l'hostilité des jésuites et des gréco-catholiques (uniates). Il fut emprisonné à trois reprises et finalement libéré sur ordre du roi à condition que le métropolite Pierre de Kiev le prenne sa responsabilité.
Le père Athanasefut donc envoyé à Kiev et y resta jusqu'en décembre 1647, date à laquelle le métropolite Pierre mourut. Il retourna à Brest en 1648. Lors du soulèvement de Bohdan Khmelnytsky, le Père Athanase fut arrêté mais il n'y avait pas de preuves pour soutenir l'accusation de participation à des désordres civils. Il y eut donc un revirement de situation et il fut accusé de profaner l'Union de Brest. À la question sur l'Union, posée par l'évêque latin André Gebicki de Lutsk, le père Athanase répondit "Elle est maudite". Les jésuites n'ayant pas réussi à convaincre le père Athanase de renoncer à l'Orthodoxie et d'accepter l'Union, il fut emmené dans la forêt et fusillé en ce jour de 1648. Il fut enterré sans cérémonie. Pendant huit mois, son corps resta dans le sol jusqu'à ce qu'un garçon indique l'endroit aux moines du monastère de Simeonov. Cependant, le terrain appartenait aux Jésuites et la tombe dût être ouverte secrètement la nuit. Les précieuses reliques du saint furent réinhumées dans l'église du monastère de St Siméon le Stylite. Malheureusement, le 8 novembre 1815, un grave incendie détruisit l'église, mais quelques reliques purent être sauvées des cendres. En 1893, les reliques furent transportées dans la nouvelle église St Athanase de Brest à Grodno.
+
La lecture de l'Évangile d'aujourd'hui est Matthieu 22, 1 - 14 et fait suite à l'Évangile de dimanche dernier. Tous deux traitent de la désobéissance des Juifs. La semaine dernière, l'allusion symbolique concernait la mort du Christ, mais cette parabole utilise la joie nuptiale pour symboliser la résurrection. Cette fois, les transgresseurs sont dépeints de manière plus grave. On avait demandé quelque chose aux vignerons, mais ils n'ont pas voulu s'exécuter. Ici, les invités se voient offrir quelque chose mais rejettent cette générosité avec violence.
Dieu est comparé à un roi humain et l'époux est le Christ. Les serviteurs qui ont été envoyés en premier symbolisent Moïse et ses compagnons, mais le peuple a été désobéissant. Rappelez-vous le veau d'or. Ainsi, après avoir provoqué Dieu, ils ont passé quarante ans dans le désert. D'autres ont été envoyés, les prophètes, dont Isaïe et Jérémie, mais ils ont été traités avec mépris. Les hôtes moins violents étaient dédaigneux, préférant poursuivre le plaisir ou la cupidité. Le "champ personnel" de chacun est le corps, ce qui renvoie aux plaisirs physiques. De même, la "marchandise" signifie la recherche de l'argent par le commerce. Ainsi, ceux qui ignorent l'invitation du Christ à la fête le font par les plaisirs égoïstes de la chair ou par l'avarice du profit.
Le symbolisme des paraboles n'est pas toujours immédiatement évident. Nous trouvons des références aux bœufs et aux veaux gras. Théophylacte est inhabituellement détaillé dans son explication. Il nous dit que les bêtes représentent l'Ancien et le Nouveau Testament. Les bœufs symbolisent l'Ancien Testament car il contenait des sacrifices d'animaux. Il précise que le grec sitista désigne des veaux engraissés au grain. Ils représentent donc le Nouveau Testament parce que nous offrons à l'autel des pains qui peuvent être appelés sitista (littéralement "formés de blé").
L'instruction d'appeler ceux qui sont appelés peut sembler superflue. S'ils sont déjà invités, pourquoi faut-il les inviter à nouveau ? De par notre existence même, nous sommes appelés à faire ce qui est juste, mais nous avons néanmoins reçu des enseignants, c'est-à-dire les prophètes, les apôtres et les évangélistes, pour nous appeler spécifiquement à faire ce qui est bien. Une fois encore, la référence à la destruction de la ville est un rappel de la punition pour la désobéissance.
Ceux qui ont été appelés n'ont pas écouté les paroles de Moïse et des prophètes. Enfin, le roi envoie d'autres serviteurs, mais à un autre groupe de personnes. Il envoie les apôtres appeler les païens, c'est-à-dire ceux qui cheminaient sur d'autres voies, celles du paganisme, de l'idolâtrie, de l'erreur et de l'illusion.
Les apôtres ont donc appelé tout le monde, de tous les milieux, de tous les chemins du monde. Quant aux noces de la parabole, tout le monde peut y entrer, mais à certaines conditions. Nous devons nous revêtir d'un vêtement nuptial. Ce vêtement, c'est la vie chrétienne vertueuse, faite de compassion, d'amour et de sollicitude pour tous ceux que nous rencontrons quotidiennement.
Celui qui portait des vêtements souillés représente tous ceux dont le christianisme est nominal et qui ne font preuve d'aucune des vertus. En effet, beaucoup, [c'est-à-dire l'ensemble de l'humanité], sont appelés par Dieu mais peu sont choisis en raison de la volonté et de la détermination de beaucoup à suivre leur propre voie. Cet avertissement a été donné aux Juifs qui avaient l'habitude de ne pas tenir compte du message, qu'il provienne des prophètes ou du Christ lui-même. Cependant, il s'applique à tous ceux qui ignorent ou rejettent la Vérité.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Joy of All Who Sorrow Church in Mettingham.
ENGLAND