"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 10 août 2013

Le décalogue du silence


SILENCE
დუმილი
 σιωπή

tăcere silentium

молчание þögn
沉默 침묵

"Le silence est le véritable ami qui ne vous trahit jamais" , a déclaré Nicolas Iorga. J'aime le silence... et il est souvent nécessaire… Feuilletant plusieurs pages il y a quelques jours, j'ai trouvé dix «commandements» qui ont attiré mon attention. La vérité exprimée par la sagesse...

         Le Seigneur dit: "Je renforcerai les doux, les silencieux, les humbles, qui tremblent à mes paroles." Nous arrivons à la connaissance de soi à travers le silence, le calme et l’attention. Laissant les mots, une nouvelle conscience se fait jour. Le silence éveille la limitation de la prise de conscience d’une vision confuse.

1. Tais-toi, si tu n’as pas quelque chose d'intéressant à dire!

2. Tais-toi quand tu parles trop!

3. Tais-toi quand vient ton tour de parler!

4. Tais-toi quand tu es provoqué!

5. Tais-toi quand tu es nerveux et irritable!

6. Tais-toi quand tu entres dans l'église, parce que Dieu peut te parler!

7. Tais-toi quand tu quittes l'église, pour que le Saint-Esprit puisse être en mesure d'imprimer ses bonnes exhortations à l'esprit lorsque que tu les entends!

8. Tais-toi quand tu es tenté de parler!

9. Tais-toi quand tu es tenté de critiquer!

10. Tais-toi pour avoir le temps de réfléchir avant de parler!

« Si l'âme n'a pas de mur de silence, elle reste à découvert sous les flèches de l'Ennemi » (Saint Grégoire le Grand). 

Et comme le thème de l'article est le silence, trop de mots n’auraient pas de sens...


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Saint Jean ( Maximovitch) entouré des enfants de son orphelinat à Changhaï (1934)


vendredi 9 août 2013

Un Miracle de Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire





Lorsque les fidèles se sont réunis au monastère de Saint Germain d’Alaska [Californie/USA], pour le vingt-deuxième anniversaire du repos en Christ de Père Séraphim, parmi eux il y avait une orthodoxe convertie américaine, Celia Yentzen, qui avait récem-ment connu une guérison miraculeuse par l’intercession du Père Séraphim. Celia était venue avec son mari David, également converti. Le 4 Septembre 2004, deux jours après le rassemblement d'anniversaire, Celia a envoyé au monastère le récit suivant de sa guérison, qui avait eu lieu moins de deux mois plus tôt:

Le but de cette lettre est de témoigner d'une guérison miraculeuse que j'ai reçue lors de la visite au monastère Saint-Germain d’Alaska en Juillet 2004.

Au cours de l'été 1996, quand j'eus vingt-quatre ans, j'ai souffert d'une blessure au dos par traumatisme cumulatif venant de la pratique du sport, dont je n'avais jamais complètement récupéré. Je n'ai jamais été capable de courir à nouveau, et j’avais de la douleur et de la raideur lorsque je marchais ou restais assise pendant plus de vingt à trente minutes. Plus tard cette année-là, les rayons X ont confirmé certains changements dégénératifs bénins qui commençaient à se produire dans ma colonne vertébrale inférieure, en dépit de ma jeunesse. Mon père a une discopathie dégénérative de la colonne lombaire. Après de nombreuses années sans soulagement de mes douleurs, cette discopathie dégénérative était aussi mon destin présumé, bien qu'à un stade précoce, car il n'y avait pas de véritable moyen pour confirmer ce diagnostic. 

Au cours des huit dernières années, j'ai essayé de nombreux types de traitements, des "tens" [traitement de la douleur par stimulation électrique] à la physiothérapie, en passant par les médicaments sur ordonnance, les onguents et divers programmes d’exercices.
Aucune de ces tentatives n’a fonctionné pour moi. J’allais dormir chaque nuit dans la douleur.

Depuis huit ans, ma douleur n'avait jamais cédé, je m'étais habituée à vivre avec elle tous les jours. J'ai dû abandonner la course que j'aimais tant, mais j'ai toujours été reconnaissante d'être en bonne santé et capable de marcher sans trop de gêne, malgré la présence de la douleur.

En Juillet 2004, mon mari David et moi avons fait un pèlerinage au monastère Saint-Germain d'Alaska à Platina, en Californie. Tandis que nous étions là, nous sommes allés prier sur la tombe du Père Séraphim Rose. À un certain moment au cours de nos prières silencieuses, David a mis ses mains sur mon dos et a continué à prier. Je ne sais pas ce pourquoi il priait, mais connaissant David, je devinais qu'il pouvait être en train de prier pour mon dos. (J'ai toujours été embarrassée de constater à quel point je laissais mes maux de dos s'immiscer dans la vie de David et dans la mienne, et j’avais toujours espéré que je me sentirais mieux dans les tâches quotidiennes sans qu’il sache que j'éprouvais de la douleur.) Pensant que David pouvait être en train de prier pour le soulagement de ma douleur, j'ai dit une très petite prière: "Père Séraphim, je sais que mon mari m'aime beaucoup et prie pour ma guérison, mais vraiment, je ne mérite pas d'avoir une telle demande exaucée. Je suis beaucoup, beaucoup trop égoïste. "
David m'a dit plus tard: «Ce que j'ai demandé au Père Séraphim par son intercession, ce n’était pas nécessairement une guérison totale, mais que tu aies au moins une réduction de ta douleur chronique, afin que tu puisses mieux gérer la vie quotidienne. "
Le lendemain matin, le 8/21 juillet, alors que nous nous préparions à quitter le monastère, j'ai remarqué qu’il m’était exceptionnellement facile de porter mon sac depuis le haut de la maison d'hôtes. 

Dans les jours qui ont suivi, j'ai commencé à remarquer que je me réveillais constamment chaque matin sans aucune trace de douleur, et que la douleur ne se développait pas pendant la journée, quelles que soient les tâches pénibles de la journée. 

Depuis que je suis devenue orthodoxe, je n'avais jamais été capable de faire une métanie [enclin jusques au sol] sans plier les genoux et tendre mon dos en poussant ma main sur ma jambe. Quelques jours après avoir quitté le monastère, en disant nos prières du matin, en faisant une série de métanies, j'ai touché le sol avec mes genoux tendus en toute simplicité et sans douleur pour la première fois! En état de choc en réalisant ce que je venais de faire, j'ai immédiatement regardé mon mari avec une surprise totale! David était fou de joie. Nous savions alors que les prières de David avaient en effet été exaucées. Nous avons chanté des prières d'action de grâces au Père Séraphim pour son intercession, et nous avons chanté un acathiste pour rendre grâces à Dieu.

Un jour, quelques semaines plus tard, en réponse à la joie je commençais à sentir à cette nouvelle vie, j'ai décidé d'aller courir, comme j'avais tant aimé le faire avant d’être blessée. J'ai fait 4,5 km et j’ai sprinté pendant huit cents mètres! Je ne ressentais aucune douleur et je me suis réveillée le lendemain sans aucune douleur. Je n'ai pas connu une telle liberté de mouvement depuis tant d'années!

Alors même que j'écris ces lignes, je n’ai encore aucune douleur, j’ai couru 1,5 km il y a quelques jours. Au cours des six semaines après que j'ai quitté le monastère, j'ai été sans douleur, sauf pendant un très bref instant, après avoir porté un sac à dos de près de 15 kilos de provisions pendant 1,5 km! Mais comme David me l’a rappelé, il n'a pas demandé à une guérison totale, mais seulement que je reçoive un soulagement afin de pouvoir vivre une vie quotidienne normale sans entrave, et c'est exactement ce que j'ai reçu!

Gloire à Dieu en toutes choses, et grâces sans fin soient rendues au bienheureux Père Séraphim pour sa miraculeuse intercession!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
THE ORTHODOX WORD
September-October 2004
Volume 4
St Herman of Alaska Brotherhood
Platina/ California
USA


Père Paul Adelheim ( + 5 août 2013 ) Mémoire éternelle

Père Paul Adelheim ( + 5 août 2013 ) Mémoire éternelle

Serge Tchapnine 

Y aurait-il un cadre administratif, idéologique ou canonique susceptible de contenir toute une vie ? Autant imaginer qu’il serait possible d’administrer la vie d’un prêtre, d’un laïc, d’un chrétien, tout simplement ? De la gérer ? Ce disant je suis conscient des réticences que je risque de susciter : serait-ce un alibi à la liberté de pécher, à agir à sa guise, à ne pas obéir… 

Non, c’est bien d’autre chose qu’il s’agit là : de la liberté en Christ. Notion tout à fait admissible tant que nous restons dans « l’abstrait » car, quels que soient les points de vue, ne présentant aucun danger. Mais il suffit de nommer ceux qui vivent dans une « telle » liberté les achoppements et les inconforts se font jour promptement. Mais vivre dans la liberté est chose rare : dans la plupart des cas cela reste tout simplement inaperçu. Or, le Seigneur fait (ou laisse faire) des choses immenses, importantes, terrifiantes pour que nous n’oublions pas les justes avec lesquels nous voisinons… 

Seigneur, fais reposer avec les saints le père Paul qui t’a tant aimé ! Accorde nous les forces et le courage de le garder dans nos mémoires tel qu’il a été : ceci sans omissions, sans enjolivures et avec tous ses actes et ses paroles dans la « non-conformité ». 

Comment ne pas ajouter que ce sont ces deuils qui nous rappellent que la mort n’existe pas. Il n’y a que la vie en Christ ! 

PRAVMIR Traduction "PO" 

Serge Tchapnine rédacteur en chef de « La revue du patriarcat de Moscou » Журнал Московской Патриархии», professeur à l’université orthodoxe Saint Tikhon 

Source:

jeudi 8 août 2013

Histoire à méditer



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Un petit garçon avait trouvé un cocon de papillon. Il l'emporta avec lui et le regarda tous les jours, peut-être qu'il saisirait le moment où le papillon sortirait à la lumière du jour.
Et voici que ce jour tant attendu fit son apparition. Notre petit garçon regarda pendant des heures  comment le papillon tentait d'émerger à travers un petit trou.
Après un certain temps, le papillon ne progressa pas du tout. Il semblait avoir fait tout ce que qui était possible pour sortir, mais cela ne suffisait pas. Le petit garçon fut pris de pitié, et il décida de venir en aide [au papillon]. Il prit des ciseaux et coupa la partie restante du cocon. Le papillon réussit à sortir facilement.
Mais son corps était gonflé, et les ailes étaient petites et flétries. Le garçon continua à regarder le papillon nouveau-né en s'attendant à tout moment à ce qu'il prenne la fuite. Malheureusement cela n'arriva pas. Le papillon fut contraint de passer ses journées restantes, en glissant ici et là, avec un corps gonflé et des ailes flétries. Il ne fut jamais capable de voler.
Le petit garçon, dans sa bonté et sa miséricorde, n'a pas compris que l'épreuve de passer par le petit trou du cocon était vital. C'était le moyen que le fluide du corps avait d'arriver dans les ailes pour qu'elles soient prêtes à voler dès qu'elles seraient en mesure de se libérer du cocon.

Comme le papillon, nous avons souvent besoin de lutter dans la vie pour gagner la liberté et pouvoir prendre notre envol. Peu importe combien cela est dur, il semble que parfois, pour ne pas être submergé, il faut se focaliser sur quelque chose de positif, pour trouver une raison de se battre et de ne pas abandonner.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



mercredi 7 août 2013

Le Saint Staretz Tavrion de Riga (1898-1978) (7 et fin)


Staretz Tavrion avec les moniales de son couvent à Riga

Dormition du staretz

A Noël 1977-1978 le staretz commença à avaler avec difficulté. Au début, cette maladie sembla répondre au traitement, mais elle devait le conduire à sa tombe. Pendant sept mois, de Noël au 13 août, chaque jour, il ne mangeait et ne buvait rien du tout, si ce n'est une moitié d’oeuf ou bien du jus. A Pâques, le staretz cessa d’officier tous les jours à l'église. Il sortit à l'Ascension, le samedi avant la Pentecôte, quand les défunts sont commémorés, et à la Pentecôte. Lors de la Journée de l'Esprit Saint, il se coucha et ne se releva pas.

À 5h30 le dimanche 13 août 1978, le staretz appela un prêtre, afin qu'il puisse recevoir la Sainte Communion, être oint et avoir la lecture des prières pour le départ de l'âme. 

A  6h 40, pendant les prières, il reposa en paix. Après de longues souffrances et tourments, «sa passion», l'archimandrite Tavrion mourut d'un cancer de l'œsophage. Le staretz avait appelé ces douleurs difficiles qui le tourmentaient comme le cancer, «les plaies du Christ». Son repos le dimanche fut la dernière parole de sa prédication. Le staretz avait toujours appelé les gens à se préparer soigneusement à reconnaître et à respecter le Jour du Seigneur – le Dimanche - comme une Pâques vivante. Car, comme il le disait, si nous vivons cette journée comme un jour dans le Royaume à venir, et que nous recevons toujours la Communion, nous nous préparerons à la mort de la meilleure façon possible.

Après plusieurs jours de pluie désagréables, le jour des funérailles, le 16 août, parut clair et ensoleillé. 

C'était trois jours avant la fête de la Transfiguration, fête patronale du couvent, et de nombreux fidèles en deuil affirmèrent qu'ils avaient vu le soleil danser. Pendant les funérailles, célébrées par un évêque et vingt-deux prêtres, l'Évangile du jour fut lu. Les paroles étaient celles de l'Evangile de saint Jean que le staretz avait l’habitude de répéter très souvent à tous: «Celui qui mange Ma chair et qui boit Mon sang a la vie éternelle et Je le ressusciterai au dernier jour».

Son service commémoratif le quarantième jour fut aussi symbolique et joyeux. C'était la fête de la Nativité de la Mère de Dieu - la fête patronale du monastère de la Nativité de la Mère de Dieu à Glinsk. Là,  l'enfant Tikhon [nom de baptême du staretz] était entré, par son grand amour pour Dieu, de nombreuses années auparavant, quelques septante ans avant que sa vie,  l'une des vies les plus remarquables du XXe siècle tourmenté ait été vécue.

Saint Père Tavrion, prie Dieu pour nous!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



mardi 6 août 2013

Père Pavel (Adelgeim) assassiné à Pskov

Pavel Adelgeim

MOSCOU, 5 Août (RIA Novosti) - Les enquêteurs ont ouvert une enquête criminelle sur l'agression mortelle d'un prêtre chrétien orthodoxe célèbre après que son corps ait été découvert dans la ville russe du nord-ouest de Pskov lundi, a rapporté la commission d'enquête.
Le corps du prêtre Pavel Adelgeim, 75 ans, a été retrouvé dans sa maison de Pskov, ont dit les enquêteurs, ajoutant qu'un meurtrier présumé avait été arrêté.
Selon les enquêteurs, le suspect, qui serait de Moscou, connaissait personnellement le prêtre. [...]
Lev Shlosberg, un législateur de la région de Pskov, a déclaré sur la chaîne de télévision Dojd que le prêtre avait été tué par un malade mental qui avait séjourné chez lui pendant trois jours. Shlosberg a déclaré que le tueur est né en 1987.
Le meurtrier présumé avait été "accueilli par le Père Pavel et son épouse Vera à leur domicile à la demande d'une femme de Moscou qu'ils connaissaient," a dit l'officiel. "Il s'agit d'une personne souffrant de troubles mentaux, et peut-être que ses connaissances espéraient que la parole du Père Pavel permettrait de guérir sa maladie."
Shlosberg déclaré que le suspect avait poignardé le prêtre dans l'estomac, puis s'était lui-même poignardé deux fois.
Un porte-parole du Patriarche Kirill, qui dirige l'Eglise orthodoxe russe, a déclaré que le Patriarche pleurait la mort du prêtre et priait pour son âme.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Père Pavel, critique de la corruption dans la société et l'Eglise a connu la prison soviétique pour sa foi, y perdant une jambe et y contractant de nombreuses maladies.

Mémoire éternelle!


Le Saint Staretz Tavrion de Riga (1898-1978) (6)



Enseignements

L'essence de l'enseignement du staretz portait sur la croix. Très souvent, il aimait à répéter que la place du vrai chrétien est sur le Golgotha, qu'il doit supporter comme  le couronnement de sa vie : mourir sur la croix. « Car si nous mourons avec le Christ, nous ressusciterons avec le Christ. » «Tout le monde doit faire son devoir», disait-il, « Ce sera la croix salvatrice du Christ. Si vous êtes pasteur, paissez votre troupeau avec ferveur, donnant votre vie pour vos brebis. Si vous êtes moine, un ange terrestre, un homme céleste, un moine ne devrait savoir que deux mots... «Pardonne» et «Bénis». « Si vous avez une famille, prenez soin d'elle. La famille est le fondement de la vie: vous êtes une petite église, un pilier de la fondation de l'Église.» Et comme le staretz s’élevait contre toute violation de cette loi! Les prêtres qui changeaient leurs affectations pour avoir plus d'argent,  il les appelait les changeurs. Et en ce qui concerne les évêques, il disait ce qui suit: «Vous avez entendu le sermon de saint Jean Chrysostome. Comment magnifiquement, comment il est écrit d’une manière didactique! Quel genre d'évêques il y avait autrefois!»

Le staretz parlait souvent de la vie de famille: «Certaines personnes disent: « Nous ne pouvons pas avoir des enfants, notre appartement est petit.» Et quel genre de conditions avaient-ils avant? Dans la salle il y avait un grand lit, le père et la mère y dormaient, et les enfants étaient à leurs pieds. Et la nuit, un ange venait réveiller le père et dire: 'Lève-toi, prends ta femme et tes enfants et prie Dieu ». Le staretz ne bénissait jamais les divorces, et les femmes qui se mariaient une seconde fois alors que leurs maris étaient encore en vie, il les appelait «Hérodiade sans foi ni loi.» «Que fit Hérodiade pour que Jean-Baptiste s'élève contre elle? Elle se maria, sans respecter la loi. Et comme elle avait déjà commencé à vivre selon sa propre volonté, elle a eu cette idée, «Donne-moi la tête de Jean le Baptiste sur un plateau! C'est là que la volonté propre conduit. »

Il y avait beaucoup de familles où l'épouse ou les enfants abandonnés étaient presque anormaux, ou étaient physiquement malades, et le staretz les aidait spirituellement et matériellement à tenir debout. Combien de familles, il y avait qui pouvaient à peine supporter leur douleur, avec les enfants malades, et malingres. Le staretz enseignait que ces enfants malades devaient être considérés comme la source du salut de toute la famille. «Rien n'arrive par hasard dans la vie. Dieu fait tout pour notre salut.»

Il y eut de nombreux cas de clairvoyance et le staretz appelait souvent les gens par leur nom en les voyant pour la première fois.  [Un jour, dit une femme qui était allée le voir, j'ai exprimé mon inquiétude auprès du staretz à propos de mon fils aîné qui était attiré par l'art moderne. Il répliqua. «Tout va bien. Il aura un maître qui lui enseignera à la fois l'art et la vie.» Ceci a été accompli, mon fils a étudié l'iconographie avec Père Cyprien, au monastère de la Sainte Trinité à Jordanville (USA).] 

[Autre témoignage: Un jour, je suis allé lui rendre visite avec mes cinq filles, et le staretz est venu à notre rencontre avec une moniale. «Regarde Matouchka, il nous montra du doigt, voilà un petit monastère! » A cette époque-là, aucune d'entre nous ne pensait au monachisme, mais à présent nous sommes toutes dans un monastère. Quand pour la première fois, mes filles furent dans le chœur pour chanter, le Père Tavrion donna sa pleine approbation, disant: «Chantez mes enfants, et vous ne dépendrez de personne dans la vie.» Ceci s'accomplit aussi, quand, étant venues à l'étranger, nous n'avons eu personne pour nous faire vivre.»]

Le staretz avait toujours l’habitude de tracer le signe de la croix sur le front, quand il voulait faire qu’une personne comprenne. Certaines de ses paroles étaient: «La grâce est en train de nous saisir et nous nous y opposons. » «Le cycle annuel des lectures évangéliques est disposé de sorte que tous ceux qui écoutent attentivement les lectures évangéliques entendent précisément ce dont ils ont besoin à ce moment-là». « Aime un homme, même lorsqu'il chute. » 

Le staretz appréciait beaucoup certains auteurs. De Soljenitsyne, il déclara: «C'est un prophète, il est notre Pouchkine. Il aimait aussi Dostoïevski et il disait de lui: «Chez Dostoïevski, il est écrit que si quelqu’un dans son enfance, a reçu seulement une pieuse bonne impression, alors peu importe combien sombre et sale sa vie pourrait être dans l'avenir, cette impression ne lui permettra pas de périr complètement. »



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et 
THE ORTHODOX WORD
N°96 
Janvier-Février 
1981

lundi 5 août 2013

Exposition orthodoxe en Belgique



L’association «Patrimoine Russe» et le Monastère De la Mère de Dieu à Diksmuide présentent l’exposition de photos du Père Sabbaty
« À VALAAM »
Du 15 au 29 août 2013

Zaal Ten Berkele à Pervijze 

ouverte de 14h à 17h30


Le Saint Staretz Tavrion de Riga (1898-1978) (5)






Résistance

Sans jamais ouvertement s’opposer aux autorités soviétiques, le Père Tavrion ne leur cédait en rien. Par exemple, en 1977, pour le soixantième anniversaire de la révolution, on avait ordonné à toutes les églises de célébrer des offices d'intercession pour le bien-être des autorités. Ces offices furent célébrés et des sermons prêchés dans toutes les églises. Le staretz marqua l'événement avec le plus bref des sermons: «Donc, vous voyez combien il est bon, très tôt le matin, que nous glorifiions Dieu à la Divine Liturgie. Mais que font-ils maintenant dans les villes? Ils crient « Gloire ! Mais gloire à qui? » Bien sûr, il ne célébra pas d’offices d'intercession.
Pourquoi le gouvernement toléra-t-il l'existence d'un tel monastère? Il y avait plusieurs raisons:
Tout d'abord, il y avait l'extraordinaire capacité du père Tavrion de parler aux représentants du gouvernement. Un jour, le staretz fut soudainement convoqué à Moscou. Tout le monde était bouleversé et pleurait. Ils pensaient qu'ils ne le reverraient jamais plus. Il fut interdit à quiconque de voyager avec lui. Cependant, une moniale, qui jusque-là avait fortement détesté le staretz et avait même porté plainte contre lui auprès de l’higoumène, était maintenant plus bouleversée que quiconque et secrètement elle partit dans le même train que le père Tavrion.
L'accusation contre le père Tavrion était complètement ridicule. Apparemment, certains pèlerins s’étaient plaints que le staretz avait pris de l'argent de leur part pour des commémorations et ne leur avait pas donné un reçu. L'idée du KGB était que le staretz se troublerait, serait incapable de répondre et qu’il serait alors arrêté. Cependant, comme s'il s'attendait à leur plan, il fit semblant d'être un fonctionnaire soviétique exemplaire: «Bien sûr. J'ai apporté exprès tous les livres de comptes avec moi, s'il vous plaît, vérifiez. » Et ils dûrent le laisser partir.
La deuxième chose qui a préservé le couvent était l'argent. Trois diocèses (Lettonie. Lituanie et Estonie) étaient soutenus financièrement par d'immenses sommes venant de toute la Russie. Les moniales ont raconté que des camions entiers de farine de sarrasin, etc étaient envoyés au monastère voisin de Piukhtitsa en Estonie. Tous les chauffeurs de taxi connaissent le couvent et conduisaient joyeusement «au petit staretz qui donne beaucoup.»
En général, le staretz réussissait à obtenir tout ce dont avait besoin le Couvent des autorités avides d'argent. Par exemple, en Union soviétique, il était interdit de construire des églises ou autres bâtiments dans les monastères et les couvents. Le staretz, selon ses propres termes, «avait l’habitude d’attendre des occasions favorables». Il invitait les fonctionnaires et, tout en leur donnant quelque chose à manger, disait qu'il avait besoin de construire un établissement de bains. Les Lettons, qui étaient très propres et soignés, donnaient l'autorisation pour un établissement de bains et la construction commençait. Inaperçu, un deuxième étage était ajouté à la petite maison de bains, où les pèlerins pouvaient passer la nuit. De la même manière un réfectoire et une cuisine gigantesque furent construits sur le bûcher.
La troisième raison pour laquelle la vie du couvent était paisible était l’exceptionnellement bonne attitude de l'évêque diocésain envers le staretz. Le staretz n’enseignait jamais aux gens la haine des communistes, mais la haine de l'esprit communiste, l'esprit de l'Antéchrist. Ainsi, quand les gens venaient au couvent des paroisses modernistes, il les réprimandait beaucoup plus qu’il ne le faisait pour les communistes, dont les mères et les épouses venaient souvent en visite.
Un jour les deux artistes qui faisaient de l’art abstrait sont venus. Le staretz ne leur dit rien pour eux personnellement, mais dans son sermon du soir (il donnait le sermon deux fois à la Liturgie, une fois après l'Evangile, une fois à la fin du service, puis deux fois dans la soirée), il déclara: «Nous devons garder les règles de l'Église sur la manière de recevoir la Communion, comment jeûner et ainsi de suite. Mais si vous ne voulez pas les garder, alors que dois-je, moi  prophète, vous dire? Et en regardant directement les artistes, il a presque crié. «Hors de l'église. L'un d'eux est parti le lendemain, l'autre resta un peu plus longtemps, mais il respecta toutes les règles du couvent. Lorsque, dans ses dernières années, le staretz reçut des lettres de ces modernistes, il  grogna presque: «Brûlez les lettres, brûlez-les! Ayez pitié de moi, je suis malade, je n'ai pas le temps. » Mais en même temps, pour les lettres de gens simples, croyants ou qui voulaient croire, il avait à la fois la force et le temps de répondre.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après