Offices
Le staretz
accordait une grande importance à la décoration extérieure de l'église, aux
chants et aux offices. Toute l’année des fleurs fraîches ornaient l'église et
l'autel. Deux grands vases avec des lys blancs étaient disposés autour de
l'icône de la Mère de Dieu entourée de chérubim. Et ces lys blancs, réunis avec
les ailes blanches des anges, laissaient une impression indélébile.
Le staretz
était un archimandrite avec trois croix, et il avait le droit de servir la Liturgie
avec les portes royales ouvertes. Il faisait usage de ce privilège chaque
jour.
Au cours de la Liturgie, Père Tavrion changait trois fois de vêtements.
Il commençait à officier dans un vêtement d'une couleur appropriée pour la
journée (jaune, bleu, vert, etc), quand à l'Eucharistie il la célébrait toujours
en habits rouges, et il donnait la Communion en vêtements blancs comme à
Pâques. Il faisait tout cela pour que les différentes personnes qui se tenaient
devant lui, et qui ne comprenaient presque rien, soient respectueuses et aiment
de la beauté des services religieux.
A
Noël, l'église était ornée d'une manière particulièrement solennelle. Deux
petits sapins ornés de fils d'argent étaient placés de chaque côté de l'autel
et la grande icône à l'arrière de l'autel était remplacée par une icône tout
aussi importante de la Nativité du Christ. Cette icône avait été peinte par le staretz
qui peignait très bien. La Mère de Dieu et [saint] Joseph étaient représentés
en vêtements monastiques noirs sur l'icône. Sur la gauche, derrière le chœur,
il y avait une petite icône de la Nativité, et de chaque côté de celle-ci
étaient des figures en carton des bergers et des mages, également peintes par
le staretz.
Les offices de Noël avaient lieu à minuit et après la Liturgie tout
le monde allait rompre le jeûne. La nourriture était alors composée de pommes
de terre, de hareng, d’un morceau de fromage, de beurre et d’un œuf. C’était
une fête luxueuse, parce que la veille de Noël personne n'avait mangé ou bu quoi
que ce soit.
A la
Dormition il y avait toujours une procession autour des deux églises du couvent,
avec le suaire de la Mère de Dieu. Quand le suaire retournait à l'église, il était
tenu en hauteur à la porte, et tout le monde passait en dessous. La même chose était
faite à Pâques.
A la Pentecôte, les tapis étaient sortis de l'église et des
tapis de hautes herbes étaient mis à la place. En lieu et place de passage au
centre de l'église, un chemin de fleurs allait de l'entrée jusques aux portes
saintes. Ils faisaient également un coussin d'herbe sur laquelle le staretz se
mettait à genoux quand il lisait les prières des Vêpres de la Pentecôte.
Malgré
tous les efforts de Père Tavrion, le chant au couvent était terrible. Il y
avait deux chœurs. Sur la droite étaient les moniales et sur la gauche les moniales
secrètes qui avaient suivi le staretz
depuis Yaroslavl, avec tous les pèlerins qui voulaient chanter.
Le problème avec le
chœur de gauche, c'est qu'il n'y avait pas de chef de chœur et les chanteurs de
la chorale allaient et venaient, et beaucoup de choses sont chantées
différemment dans différents lieux. Par conséquent, le staretz devait lui-même
souvent se tenir vers le chœur.
Sur le chœur de droite il y avait un chef de
chœur, mais les chanteurs ne l'écoutaient pas beaucoup et ils chantaient
tristement, comme le staretz l'a dit, «comme s’ils nous entraînaient dans la
tombe».
Les
petites particularités des services du staretz étaient particulièrement belles.
Celles-ci faisaient la différence avec les services de tout autre prêtre. Par
exemple: «Saint Dieu» était chanté par la première chorale à droite, puis Père
Tavrion faisait face au peuple et s'exclamait: «Que toute l'Eglise chante», et
il dirigeait le chant. Le troisième «Saint Dieu» était chanté par la chorale. L'autre
occasion où il disait: « Que toute l'église chante », c'était avant le«
Notre Père ».
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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