Enseignements
L'essence
de l'enseignement du staretz portait sur la croix. Très souvent, il aimait à
répéter que la place du vrai chrétien est sur le Golgotha, qu'il doit supporter
comme le couronnement de sa
vie : mourir sur la croix. « Car si nous mourons avec le Christ, nous
ressusciterons avec le Christ. » «Tout le monde doit faire son devoir», disait-il, « Ce sera la croix salvatrice du Christ. Si vous êtes pasteur, paissez votre
troupeau avec ferveur, donnant votre vie pour vos brebis. Si vous êtes moine, un ange terrestre, un homme céleste, un moine ne devrait savoir que deux
mots... «Pardonne» et «Bénis». « Si vous avez une famille, prenez soin d'elle. La
famille est le fondement de la vie: vous êtes une petite église, un pilier de
la fondation de l'Église.» Et comme le staretz s’élevait contre toute violation
de cette loi! Les prêtres qui changeaient leurs affectations pour avoir plus d'argent,
il les appelait les changeurs. Et en ce qui concerne les
évêques, il disait ce qui suit: «Vous avez entendu le sermon de saint Jean
Chrysostome. Comment magnifiquement, comment il est écrit d’une manière
didactique! Quel genre d'évêques il y avait autrefois!»
Le staretz
parlait souvent de la vie de famille: «Certaines personnes disent: « Nous ne
pouvons pas avoir des enfants, notre appartement est petit.» Et quel genre de
conditions avaient-ils avant? Dans la salle il y avait un grand lit, le père et
la mère y dormaient, et les enfants étaient à leurs pieds. Et la nuit, un ange
venait réveiller le père et dire: 'Lève-toi, prends ta femme et tes enfants et
prie Dieu ». Le staretz ne bénissait jamais les divorces, et les femmes qui se mariaient
une seconde fois alors que leurs maris étaient encore en vie, il les appelait
«Hérodiade sans foi ni loi.» «Que fit Hérodiade pour que Jean-Baptiste s'élève
contre elle? Elle se maria, sans respecter la loi. Et comme elle avait déjà
commencé à vivre selon sa propre volonté, elle a eu cette idée, «Donne-moi la
tête de Jean le Baptiste sur un plateau! C'est là que la volonté propre
conduit. »
Il y
avait beaucoup de familles où l'épouse ou les enfants abandonnés étaient presque
anormaux, ou étaient physiquement malades, et le staretz les aidait spirituellement
et matériellement à tenir debout. Combien de familles, il y avait qui pouvaient
à peine supporter leur douleur, avec les enfants malades, et malingres. Le
staretz enseignait que ces enfants malades devaient être considérés comme la
source du salut de toute la famille. «Rien n'arrive par hasard dans la vie.
Dieu fait tout pour notre salut.»
Il y
eut de nombreux cas de clairvoyance et le staretz appelait souvent les gens par
leur nom en les voyant pour la première fois. [Un jour, dit une femme qui était allée le voir, j'ai exprimé mon inquiétude auprès du staretz à propos de mon fils aîné qui était attiré par l'art moderne. Il répliqua. «Tout va bien. Il aura un maître qui lui enseignera à la fois l'art et la vie.» Ceci a été accompli, mon fils a étudié l'iconographie avec Père Cyprien, au monastère de la Sainte Trinité à Jordanville (USA).]
[Autre témoignage: Un jour, je suis allé lui rendre visite avec mes cinq filles, et le staretz est venu à notre rencontre avec une moniale. «Regarde Matouchka, il nous montra du doigt, voilà un petit monastère! » A cette époque-là, aucune d'entre nous ne pensait au monachisme, mais à présent nous sommes toutes dans un monastère. Quand pour la première fois, mes filles furent dans le chœur pour chanter, le Père Tavrion donna sa pleine approbation, disant: «Chantez mes enfants, et vous ne dépendrez de personne dans la vie.» Ceci s'accomplit aussi, quand, étant venues à l'étranger, nous n'avons eu personne pour nous faire vivre.»]
Le staretz avait toujours l’habitude
de tracer le signe de la croix sur le front, quand il voulait faire qu’une
personne comprenne. Certaines de ses paroles étaient: «La grâce est en train de
nous saisir et nous nous y opposons. » «Le cycle annuel des lectures
évangéliques est disposé de sorte que tous ceux qui écoutent attentivement les
lectures évangéliques entendent précisément ce dont ils ont besoin à ce
moment-là». « Aime un homme, même lorsqu'il chute. »
Le staretz appréciait beaucoup
certains auteurs. De Soljenitsyne, il déclara: «C'est un prophète, il est notre
Pouchkine. Il aimait aussi Dostoïevski et il disait de lui: «Chez Dostoïevski, il
est écrit que si quelqu’un dans son enfance, a reçu seulement une pieuse bonne
impression, alors peu importe combien sombre et sale sa vie pourrait être dans
l'avenir, cette impression ne lui permettra pas de périr complètement. »
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et
THE ORTHODOX WORD
N°96
Janvier-Février
1981
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