"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 16 mars 2019

Père Konstantin Kobelev: LE DIMANCHE DU PARDON : LES SEPT ÉTAPES DU PARDON



Est-il possible de pardonner à tout le monde pour tout en une seule journée, et que faire si cela ne fonctionne pas ? Le Père Konstantin Kobelev, recteur de l'Église de la Protection de la Mère de Dieu dans la prison de Butyrka à Moscou, discute des étapes du processus d'offre du pardon.

Première étape : Ne te fais pas d'ennemis.

La conduite la plus correcte avec les ennemis est de ne pas avoir d'ennemis du tout. La première étape pour parvenir à la paix avec ceux qui vous offensent est d'éviter les situations où les gens deviennent des délinquants. L'inimitié entre les gens est le plus souvent causée par le péché. Par conséquent, nous devons être attentifs à nous-mêmes, analyser notre comportement, et ne pas tomber dans l'émotivité. Si vous ressentez une augmentation de la tension dans vos relations avec quelqu'un, dans ces moments, essayez d'être plus calme, restez silencieux, soyez patient et, si possible, essayez simplement de faire une pause dans votre communication avec cette personne.

Deuxième étape : En cas de conflit, ne le laissez pas devenir personnel.

Mais peut-être n'avez-vous pas eu la force de résister à la première étape, et un conflit éclate. Il faut noter que même le Seigneur Jésus-Christ Lui-même avait des conflits avec les gens. Il est parfois impossible de vivre sur terre sans conflit, en préservant ses opinions, ses croyances et son âme. Parfois, il y a vraiment des situations où nous devons défendre ouvertement la vérité, sans craindre d'affronter le mal.

Mais il est nécessaire de séparer la personne de ses actions et de résister non pas à la personne, mais à ses mauvaises actions. Condamnez le péché, mais pas le pécheur. Le péché lui-même n'a pas besoin d'être justifié ; il est même dangereux : si nous cessons de condamner le péché, nous pourrions perdre la compréhension de la frontière entre vérité et mensonge.

Ne pas condamner une personne ne signifie pas lui permettre faiblement de continuer à faire des choses inconvenantes.

La non-condamnation n'a rien à voir avec l'apaisement. De plus, dans le cas où quelqu'un persiste dans son péché, la communication avec lui devrait être rompue.

Troisième étape : Remettre le délinquant à Dieu

Alors le conflit s'épuise et une fracture apparaît dans vos relations avec la personne - une offense. Nous avons un ardent désir de vengeance, ouvertement ou secrètement. A ce stade, il est plus correct de ne pas chercher de telles opportunités, de ne pas plaider "pour la justice" - mais de remettre entièrement votre délinquant entre les mains de Dieu. S'il est digne d'être puni, que Dieu le punisse.

La punition du Seigneur n'est pas tant une punition pour le péché qu'un avertissement. Il n'est pas étonnant que le mot "punition"[en russe] vienne du mot "instruction"[1].

Puisque nous sommes nous-mêmes impuissants à réprimander notre contrevenant, nous pourrions bien demander à Dieu de l'instruire (pas seulement avec la douleur et le tourment en représailles !), et le Seigneur Lui-même décidera de ce qui est meilleur, plus bénéfique et plus intelligible pour lui.

Quatrième étape : Partez en paix

Il y a une idée fausse très répandue : Si les relations n'ont pas été rétablies après un conflit, cela signifie que les gens ne se sont pas pardonnés. Mais ce n'est pas tout à fait vrai.

Un homme ne peut pas changer et devenir quelqu'un d'autre du jour au lendemain. Mais nous ne sommes pas obligés de continuer la relation avec quelqu'un qui nous offense jusqu'à la fin. Nous ne devons pas retenir le mal et l'offense en nous, mais il n'est pas nécessaire, et même nuisible, de poursuivre une amitié ou d'autres relations proches avec cette personne.

Par exemple, si un mari trompe continuellement son épouse, alors elle, ayant intérieurement pardonné le tricheur, est autorisée à quitter un tel mari pour se sauver de la destruction.

Nous ne pouvons tolérer le péché, et lorsqu'il s'aggrave de plus en plus, il pourrait conduire à une véritable tragédie. Par exemple, si une femme pardonne sans fin les agressions de son mari et reste avec lui et qu'il ne commence pas à changer son comportement, alors cela pourrait se terminer avec l'époux en prison et l'épouse dans la tombe.

Il n'est donc pas nécessaire de se lier d'amitié avec quelqu'un qui nous offense continuellement. Pardonnez et partez.

Parfois, il y a des situations dans la paroisse où certains paroissiens ne s'entendent pas, bien que tous deux soient des gens merveilleux, mais il y a une sorte de malentendu... Alors que faire ? Ce n'est pas toujours facile d'être ami avec tout le monde. Ce serait idéal, mais les gens ne sont pas à la hauteur de l'idéal.

Dans de tels cas, les prêtres conseillent : N'essayez pas de forcer une relation - demandez pardon l'un à l'autre et gardez ensuite une distance l'un vis-à-vis de l'autre. Peu importe qui a raison et qui est à blâmer. Il vaut mieux éviter le péché à l'avance que de s'imposer l'un à l'autre et d'être tenté.

Mais comment ressentir ce pardon intérieur ? Essayez de remettre mentalement le délinquant entre les mains de Dieu. Mais il ne s'agit nullement de l'attente malveillante de la souffrance humaine. Même quand nous sentons que tout à l'intérieur bouillonne et nous fait mal, même quand nous ne sommes pas en état de pardonner personnellement, nous devrions demander le pardon de Dieu pour celui qui nous a offensés. C'est la chose la meilleure et la plus élevée sur le chemin du pardon - quand nous voulons sincèrement que le Seigneur soit miséricordieux envers ceux qui nous ont offensés.

Par conséquent, le dimanche du pardon, nous disons : "Dieu te pardonnera." Cela signifie que dans la vie éternelle, dans le Royaume des Cieux, nous souhaitons que cet homme soit pardonné par Dieu.

Cinquième étape : Si votre colère ne passe pas, oubliez votre ennemi.

Parfois, le temps passe et nous ne pouvons tout simplement pas oublier notre douleur et pardonner à notre agresseur. Notre inimitié est devenue chronique. A ce stade, il est tout à fait correct d'essayer d'oublier sincèrement votre ennemi - arrêtez de penser à lui.

Imaginez que vous roulez en voiture sur une route rectiligne et lisse, et que vous décidez soudainement de faire demi-tour brusquement. Si vous passez soudain en marche arrière à pleine vitesse, non seulement vous n'allez pas faire marche arrière, mais vous allez détruire votre voiture. Il faut d'abord freiner, s'arrêter, puis faire marche arrière et aller dans la direction opposée.

C'est ce qu'il faut faire freiner et arrêter - et c'est le chemin qui mène de la colère et de la haine au pardon et à la paix. Nous devons absolument nous calmer et même passer par un certain stade d'indifférence à l'égard de notre agresseur.

La capacité de pardonner n'est pas seulement donnée - nous devons la développer en nous-mêmes.

Et la capacité de regarder cette personne d'une manière plus large que d'habitude n'est pas la moindre des choses. Après tout, quand on classe quelqu'un comme un ennemi, on n'en voit qu'un côté, ce qui nous irrite et nous offense. On pourrait même assimiler la personne, avec toute sa diversité, à une seule de ses actions. Mais les gens sont plus compliqués que ça !

Nous devons comprendre que le mal qu'un homme fait n'est pas le reflet de toute son essence.

Et la compétence la plus importante est la capacité de voir quelque chose de bon en chacun. Après tout, c'est ainsi que Dieu nous pardonne - derrière notre multitude de péchés, il voit en chacun un bon commencement.

Sixième étape : Priez pour nos ennemis

L'étape suivante de délivrance du péché d'inimitié est la prière. Bien entendu, il devrait également être présent à toutes les étapes précédentes. Dans un premier temps, nous prions Dieu, Lui demandant de nous protéger du mal. Et pendant le conflit, il serait bon de ne pas répondre d'une manière irascible à l'autre personne, mais avec la prière dans le cœur.

Cependant, dans les étapes précédentes, la prière est un moyen, mais à ce stade, elle devient le but. C'est précisément la prière pour les personnes qui est le plus grand bien, la manière la plus importante dont nous pouvons manifester l'amour.

En fait, il est difficile de pardonner sincèrement. Nous devons le reconnaître en nous-mêmes et cesser de tourmenter et d'abuser de nos âmes, en exigeant d'elles ce qui est insupportable.

Mais une prière pour quelqu'un, où nous lui souhaitons la paix malgré notre "je ne veux pas, je ne peux pas pardonner", est à notre portée.

N'allez pas partout à la recherche de vos anciens ennemis afin de vous "tester" pour savoir si vous avez pardonné ou non. Premièrement, cela peut enflammer une vieille rancune, et deuxièmement, cela peut mener à un péché encore pire : l'orgueil. Regarde-moi, je pardonne à tout le monde!

Pour nous protéger de cela, le Seigneur ne pouvait pas nous donner un doux sentiment de pardon. Mais nous devons faire ce que nous pouvons : ne pas désirer le mal et souhaiter sincèrement le pardon de Dieu à notre ennemi. C'est suffisant pour dire mentalement : "Dieu te pardonnera."

Septième étape : Détourne-toi du mal et fais le bien

Cela peut paraître surprenant, mais un ennemi a encore plus besoin de nos bonnes actions qu'un ami. Bien sûr, nous devons aider nos amis, nous devons les soutenir... mais nos amis nous aiment. Si nous prêtons à ceux dont nous attendons quelque chose en retour, quelle gratitude y a-t-il là-dedans ?

Faire du bien à nos ennemis a une grande importance tant pour notre propre âme que pour nos relations avec notre agresseur. Un tel comportement de notre part pourrait l'inciter à se réconcilier avec nous et à nous pardonner. Après tout, l'inimitié est une épée à double tranchant, et de l'autre côté, il y a la même personne, la même offense qui doit être guérie.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTE:[1] "Punition"-"наказание (nakazanie)" vient de "наказ (nakaz)", qui signifie "instruction, ordre, mandat".

vendredi 15 mars 2019

Devenir sérieux pendant 40 jours: Introduction au Grand Canon de saint André de Crête.

Frederica Mathewes-Green

Frederica Mathewes-Green, critique cinématographique fréquente de la National Review Online, est l'auteure de nombreux livres sur une variété de sujets. Également chroniqueuse pour Beliefnet.com, son dernier livre arrive juste à temps pour la période chrétienne du Carême. Il s'intitule Les premiers fruits de la prière : Un voyage de quarante jours à travers le Canon de saint André. Frederica a discuté du livre avec Kathryn Jean Lopez, rédactrice en chef de la National Review Online.
***

Kathryn Jean Lopez : Qu'est-ce que le "Grand Canon de Saint-André" et qu'a-t-il de si grand ?

Frederica Mathewes-Green : Ce poème complexe (en fait un hymne chanté) a été écrit au début des années 700, et il reprend l'adjectif "Grand" pour deux raisons : il est extra-long (environ 250 vers), et il est majestueux. Le Grand Canon a été écrit par saint André de Crète, un évêque qui fut d'abord moine à Jérusalem. Mon nouveau livre, First Fruits of Prayer, divise le Grand Canon en 40 lectures ; ainsi les lecteurs peuvent l'explorer comme une retraite spirituelle, pendant le Carême ou à tout moment.

Tout le Canon est une sorte de "Marche à travers la Bible". Saint André commence par Adam et Ève et va jusqu'au bout, s'exhortant en impliquant les histoires et les personnages de la Bible. Parce qu'il est très dense, je fournis chaque jour un commentaire sur la page face au texte du Canon, qui donne les références bibliques, explique des idées peu familières, et suggère des questions pour la réflexion.

La lecture du Canon nous aide à voir comment les chrétiens de Terre Sainte, il y a 1.300 ans, comprenaient les Écritures. C'est une façon de voyager dans le temps, et en fait de les rejoindre dans ces dévotions chrétiennes anciennes.

Kathryn Jean Lopez : Pour qui le Canon a-t-il été écrit ?

Frederica Mathewes-Green : Certains pensent que saint André l'a écrit pour lui-même, pour son usage personnel. Tout au long de sa vie, il se remet en question personnellement, comparant sa vie et son comportement à ceux des héros et des méchants de la Bible. C'est assez intime. Quand le canon est devenu connu, il s'est répandu dans les églises du Moyen-Orient, de l'Europe de l'Est et de l'Asie.

Le Canon est encore célébré chaque année pendant le Carême en tant que service d'adoration par la plupart des Églises orthodoxes orientales. Pendant la première semaine du Carême (6, 7, 8, 9 mars), un quart de l'hymne est célébrénchaque soir. Dans la cinquième semaine (6 ou 7 avril), on chante tout le Canon dans son intégralité - environ quatre heures de chant !

Kathryn Jean Lopez : Qui était saint André ?

Frederica Mathewes-Green : Né à Damas vers 660, il entra au monastère de Saint Sabbas, en dehors de Jérusalem, à l'âge de 15 ans. Son intelligence et sa sainteté étaient évidentes, et il devint bientôt secrétaire du Patriarche de Jérusalem. Il fut représentant au VIe Concile œcuménique, puis responsable des ministères auprès des pauvres, des personnes âgées et des orphelins à Constantinople, et à la fin de sa vie, il fut évêque de Crète.

Mais ce pour quoi il fut le plus connu était le fait d'avoir inventé une nouvelle forme d'hymne, un canon. Il est composé de 9 sections, ou "Cantiques". Chaque cantique commence par faire référence à l'un des chants de la Bible - par exemple, le chant de Moïse quand les Hébreux ont traversé la mer Rouge (Exode 15:1-18), ou le Cantique de la Vierge Marie quand l'ange annonce la conception de Jésus (Luc 1:46-55). Chaque cantique commence par un verset basé sur le cantique biblique, puis s'envole, presque comme un riff de jazz, développant le thème général du canon.

Kathryn Jean Lopez : Qu'est-ce que Sainte Marie d'Egypte a à voir avec André et son canon ?

Frederica Mathewes-Green : Sainte Marie a vécu environ 200 ans avant saint André, mourant peut-être en 522. Son histoire était très populaire à Jérusalem, et c'est probablement saint André qui l'a présentée à la Grande Eglise. La nuit où tout le canon est chanté, son histoire est lue à haute voix comme une sorte de dispositif d'encadrement de l'office.

L'histoire de sainte Marie d'Egypte commence, en fait, avec un moine qui passe le Carême à jeun dans le désert au-delà du Jourdain. Pendant 20 jours, il n'a vu ni homme ni bête. Puis il aperçoit une figure humaine qui le fuit. Il s'avère que c'est une femme très âgée, aux cheveux blancs, complètement nue. Elle s'enveloppe dans le manteau du moine et lui raconte son histoire. C'est surprenant. C'est dans le livre.

Kathryn Jean Lopez : A qui s'adresse votre livre ?

Frederica Mathewes-Green : First Fruits of Prayer s'adresse à tous ceux qui veulent être enthousiasmés et stimulés spirituellement. C'est une chose difficile. Il me semble qu'une très grande partie du christianisme contemporain est molle et sentimentale. Elle présente la foi comme un produit de consommation, et elle veut désespérément plaire. Mais revenez 1.000 ou 1.500 ans en arrière, à une œuvre comme le Grand Canon, et vous ne comprenez pas du tout cela. Il y a là un sentiment de crainte et de mystère - un sentiment de sérieux - que vous ne trouverez pas dans ce que l'on appelle un "chœur de louanges".

Le Grand Canon est exigeant, sans aucun doute. Mais peut-être que ce à quoi nous avons affaire - la vie, la mort, le mal, le pardon, la compassion de Dieu, notre joie et notre gratitude - est sérieux aussi.

Kathryn Jean Lopez : Y a-t-il des aspects du Canon qui sont propres aux orthodoxes orientaux ?

Frederica Mathewes-Green : Il y a des endroits où la compréhension théologique est différente de ce qu'elle a été historiquement dans le christianisme occidental. Par exemple, le péché n'est pas vu comme de mauvaises actions qui mettent Dieu en colère, et qui exigent un paiement (le sang du Christ) afin d'être pardonné. Au lieu de cela, saint André parle du péché comme de quelque chose qui surgit du plus profond de lui-même, d'un esprit obscurci et confus. C'est comme une blessure auto-infligée. Il parle de Dieu comme d'un Dieu tout-compatissant, se précipitant vers nous avec un amour guérisseur, comme le Bon Samaritain ou le père du Fils prodigue.

Il n'y a donc aucun sens que la justice ou l'honneur de Dieu doivent être satisfaits par la souffrance du Christ avant que nous puissions être pardonnés. La souffrance du Christ, au contraire, représente les "cicatrices de bataille" de Son combat pour nous libérer de la Mort et du Malin.

Les concepts sont plus extrêmes des deux côtés. Le péché n'est pas seulement la violation des lois extérieures ; c'est un poison qui infiltre tout notre être et tout notre esprit. Le salut n'est pas seulement une "fiction juridique" qui impute la justice que nous n'avons pas vraiment ; c'est la vie "en Christ", la saturation dans la présence lumineuse de Dieu.

Frederica Mathewes-Green : Est-ce le genre d'écriture spirituelle qui fait des convertis, ou faut-il déjà prier intensément pour s'y mettre ?

Mathewes-Green : Je pense qu'il fut un temps où ce genre d'écriture faisait des convertis - quand des défis difficiles à relever passaient à travers les défenses, et menaient des larmes soudaines à la joie. Récemment, nous avons été dans une culture où "le copain Jésus" était surtout dans le domaine de la réassurance émotionnelle. Je vois cependant un nouvel intérêt pour la spiritualité "adulte", qui s'attaque honnêtement à la solitude inexprimée, au désespoir et à la peur, juste sous la surface du sourire. C'est particulièrement vrai pour les personnes plus jeunes que les baby-boomers. J'espère que le Grand Canon surprendra certains lecteurs en les confrontant à un aspect du christianisme qu'ils ne voient pas souvent de nos jours, qui est à la fois dur et curatif.

Frederica Mathewes-Green : Peut-on "lire" un livre comme celui-ci ?

Mathewes-Green : Ce serait assez dense à lire en une seule lecture assise, assez épuisante sur le plan émotionnel. En outre, saint André est si exhaustif dans sa sélection des Écritures que de nombreuses références ne seront pas familières. C'est l'une des raisons pour lesquelles je fais chaque jour un commentaire verset par verset sur la page face au texte du Canon. Les chrétiens orthodoxes font l'expérience de tout le Canon en une seule fois lorsqu'il est offert le soir de la cinquième semaine du Carême. Mais je pense que c'est en fait plus absorbable quand vous chantez et priez, à haute voix, en compagnie d'autres personnes, que quand vous êtes assis en train de lire un livre.

Kathryn Jean Lopez: Donc "Forty Days", vous avez vraiment écrit ça pour le Carême ?

Frederica Mathewes-Green : Oui, c'est ce que j'avais en tête. Je n'ai pas pensé au parallèle avec le livre de Rick Warren, Forty Days of Purpose, jusqu'à ce qu'un critique le mentionne. Mais j'espérais aussi que les gens pourraient l'utiliser à tout moment pour s'attaquer à une discipline spirituelle sérieuse ; il n'est pas nécessaire que ce soit le Carême.

Kathryn Jean Lopez: Pour les gens qui ne sont pas intéressés par le Carême, c'est peut-être le moment où certains de leurs amis ne boivent pas... quelque chose comme ça. Est-ce que vous "abandonnez" des choses pendant le Carême ? Comment voyez-vous les 40 jours ? Comment avez-vous tendance à le décrire aux non-initiés ?

Frederica Mathewes-Green : Pour les orthodoxes orientaux, tous les exercices spirituels sont conçus pour élever notre perception de la réalité de base : Le péché est beaucoup plus grave que nous le pensons, et le pardon de Dieu est beaucoup plus grand que nous le pensons. Laissés à nous-mêmes, nous nous promenons avec des impressions de Playskool* sur ce qui est en jeu. Le but de toutes les disciplines spirituelles est donc de cultiver le charmolypi - pour employer un terme grec [χαρμολύπη] inventé par saint Jean Climaque, higoumène du monastère du VIe siècle sur le mont Sinaï. Charmolypi signifie le genre de pénitence qui se transforme en gratitude joyeuse, en "chagrin de joie", en repentance couverte d'or.

Les orthodoxes n'ont pas l'habitude de choisir individuellement les choses à abandonner [lors du Grand Carême]. Au lieu de cela, nous participons tous à un jeûne commun à base de viande, de produits laitiers, d'œufs et de poisson ; essentiellement, un régime végétalien. Cela rappelle le jeûne de Daniel de la nourriture riche de la cour de Nabuchodonosor. C'est une discipline exigeante, qui peut être adaptée pour des raisons de santé ou des raisons spirituelles.

Le jeûne n'est pas une auto-punition ou un paiement pour le péché. C'est un exercice comme l'haltérophilie, conçu pour renforcer le muscle de la volonté. Si vous pouvez résister à une tranche de pizza, vous pouvez résister à l'envie de crier sur quelqu'un dans la circulation.

Kathryn Jean Lopez : Qu'est-ce qui vous stimulé pour écrire ce livre ?

Frederica Mathewes-Green : Chaque année, j'allais à l'office du Grand Canon, et c'est toute une expérience : l'église sombre éclairée aux cierges, la fumée de l'encens qui jaillissait au-dessus de nos têtes, la lumière dorée qui brillait sur les icônes, et les chantres qui chantaient les versets sur les anciennes mélodies byzantines. 
Après chaque verset, tout le monde répond : "Aie pitié de moi, ô Dieu," et s'incline pour toucher le sol. C'est sérieux, et intemporel, et d'une beauté poignante, et qui enflamme l'humilité et le désir ardent d'être guéri de tout le poison que l'on contient. En tous points, cela contraste avec l'image que les chrétiens (souvent à juste titre) ont dans la culture d'aujourd'hui. Je voulais le mettre à la disposition d'un plus grand nombre de personnes.

Le Grand Canon fait partie de la tradition orthodoxe orientale, mais en réalité, il fait partie de la tradition de chaque chrétien ; nous remontons tous à Jérusalem au Ier siècle. Le Canon a plus de sens quand on l'expérimente dans son contexte, dans le cadre du flux continu de la prière orthodoxe, de la Liturgie, du jeûne et des sacrements. Mais je voulais offrir ce goût d'introduction dans l'espoir qu'il laissera certains lecteurs avides d'en savoir plus.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Note:


Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) mentionne dans son rapport des atteintes aux droits de l’Église orthodoxe d’Ukraine




Le HCDH a documenté des incidents qui pourraient être perçus comme des actes d’intimidation contre les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou. Pendant la période sous revue, le SBU, dans plusieurs régions d’Ukraine a ouvert quatre enquêtes criminelles pour incitation à l’inimitié et la haine religieuses ; l’un de ces cas comporte une accusation supplémentaire de haute trahison, sans que des notifications de soupçons aient été émises. 

Le SBU a mené des perquisitions dans les locaux de l’Église orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou et sur les lieux de résidence de membres de son clergé, soumettant certains d’entre eux à un interrogatoire. Le 20 décembre 2018, le parlement ukrainien a lancé un processus de changement de nom obligatoire d’organisations religieuses qui sont afflilées à des centre religieux en Fédération de Russie. Le HCDH est préoccupé par le fait que ce processus cible en premier lieu les communautés de l’Église orthodoxe d’Ukraine et peut être discriminatoire. Le HCDH est également préocuppé par le fait que le Parlement a justifié des restrictions à l’accès de telles organisations aux locaux des Forces armées ukrainiennes sur la base de considérations de sécurité nationale, ce qui contredit l’article 18 (3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Suite à l’établissement de la nouvelle Église, un certain nombre de communautés religieuses ont décidé de la réjoindre. 

Le HCDH a reçu des rapports selon lesquels, dans quelques cas, les transferts n’ont pas été volontaires et ont été entrepris par les autorités étatiques ou locales, ou même par des représentants de groupes d’extrême-droite, qui n’étaient pas membres de ces communautés religieuses. En outre, le 17 janvier 2019, le Parlement ukrainien a adopté des amendements établissant une procédure pour le changement volontaire de dénomination par les communautés religieuses.Le HCDH a documenté des incidents qui pourraient être perçus comme des actes d’intimidation contre les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou. Pendant la période sous revue, le SBU, dans plusieurs régions d’Ukraine a ouvert quatre enquêtes criminelles pour incitation à l’inimitié et la haine religieuses ; l’un de ces cas comporte une accusation supplémentaire de haute trahison, sans que des notifications de soupçons aient été émises. 

Le SBU a mené des perquisitions dans les locaux de l’Église orthodoxe d’Ukraine du Patriarcat de Moscou et sur les lieux de résidence de membres de son clergé, soumettant certains d’entre eux à un interrogatoire. Le 20 décembre 2018, le parlement ukrainien a lancé un processus de changement de nom obligatoire d’organisations religieuses qui sont afflilées à des centre religieux en Fédération de Russie. Le HCDH est préoccupé par le fait que ce processus cible en premier lieu les communautés de l’Église orthodoxe d’Ukraine et peut être discriminatoire. 

Le HCDH est également préocuppé par le fait que le Parlement a justifié des restrictions à l’accès de telles organisations aux locaux des forces armées ukrainiennes sur la base de considérations de sécurité nationale, ce qui contredit l’article 18 (3) du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Suite à l’établissement de la nouvelle Église, un certain nombre de communautés religieuses ont décidé de la réjoindre. Le HCDH a reçu des rapports selon lesquels, dans quelques cas, les transferts n’ont pas été volontaires et ont été entrepris par les autorités étatiques ou locales, ou même par des représentants de groupes d’extrême-droite, qui n’étaient pas membres de ces communautés religieuses. En outre, le 17 janvier 2019, le Parlement ukrainien a adopté des amendements établissant une procédure pour le changement volontaire de dénomination par les communautés religieuses.
*

Sur le blog de Maxime


BARTHÉLÉMY le diviseur

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) mentionne dans son rapport des atteintes aux droits de l’Église orthodoxe d’Ukraine (orthodoxie.com)



Comme prévu malheureusement.
mais…







« Qui jette une pierre en l'air la jette sur sa tête,
et un coup perfide partage les blessures.
Qui fait le mal, le mal roulera sur lui,
sans même qu'il sache d'où cela lui arrive.
Le sarcasme et l'outrage sont le fait de l'orgueilleux,
mais le châtiment, comme un lion, le guette.
Ils seront pris au piège ceux que réjouit la chute des hommes pieux,
et la douleur les consumera avant leur mort ».

Ecclésiastique 27, 25-29

Librairie du Monastère de la Transfiguration

Librairie du Monastère de la Transfiguration
14 mars 2019
Mon Père, madame, monsieur

Nous venons de mettre en ligne un nouvel ouvrage de textes liturgiques.
 

L'Apôtre - Lecture des Epîtres

Les textes des Epîtres et des Actes des Apôtres

 
Ouvrages parus récemment
L'Evangile selon saint Matthieu
illustré par des icônes et des fresques
Fabiola
Le Christ est toutSanguis martyrum
 

Monastère de la Transfiguration.
24120 Terrasson- Lavilledieu

Sur Parlons d'Orthodoxie: Le président Porochenko s’est engagé auprès du patriarche Bartholomée de lui transmettre des biens immobiliers en échange du Tomos

Autrefois Judas n'avait reçu que 30 deniers pour trahir notre Seigneur! C.L.-G.
*
Le président Porochenko s’est engagé auprès du patriarche  Bartholomée de lui transmettre des biens immobiliers en échange du Tomos


C’est ce qu’annonce la publication Oukrainskie Novosti qui a obtenu une copie de cet accord de l’administration présidentielle ukrainienne . 


Dans un accord secret de coopération entre l’Ukraine et Constantinople il est précisé que le président Piotr Porochenko donne au patriarche Bartholomée le droit de jouir de plusieurs bâtiments, locaux et autres biens. Cela serait indispensable pour le bon fonctionnement des métochions du patriarcat œcuménique en Ukraine. 

Cet accord a été signé le 3 novembre 2018 entre le président ukrainien et le patriarche Bartholomé lors d’une visite officielle de Porochenko en Turquie. La teneur de cet accord est restée jusqu’à présent confidentielle.

L’ONU vient de publier un rapport consacré à la situation en Ukraine à la veille des élections présidentielles. Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les droits humains dit dans son rapport : "Force nous est de constater qu’un climat d’intimidation règne en Ukraine. Cela est un obstacle au déroulement d’un libre débat. L’obtention de l’autocéphalie par l’Eglise d’Ukraine a renforcé les divisons existant entre diverses communautés religieuses. Des dizaines de membres du clergé, appartenant essentiellement à la juridiction du métropolite Onuphre (P.M.) sont l’objet de menaces et d’intimidations. Elles émanent de l’ultra droite ainsi que des services de sécurité". 

Traduction PO В обмен на томос Порошенко обязался передать Варфоломею "здания, помещения и другую собственность" в Украине, – секретное соглашение 
........................ 


jeudi 14 mars 2019

Père Lawrence Farley: Fais-moi de la place la-haut sur ce nuage!

Tara Condell

Notre société séculière semble croire que si un au-delà existe, il est uniformément agréable, et qu'à l'exception peut-être des assassins de masse, des nazis, des pédophiles et de quelques autres qui commettent des actes monstrueux, tous vont au Ciel après leur mort. 

Le terme technique et théologique de cette vision heureuse de l'au-delà est "universalisme", mais il est douteux que la plupart des gens y consacrent assez de réflexion pour la qualifier de vision théologique. Elle semble être présente dans notre culture comme une simple hypothèse, une hypothèse non réfléchie sur des présupposés. 

Bien sûr que tout le monde va au paradis quand il meurt. Où d'autre pourraient-ils aller ? 

La croyance en un enfer a complètement disparu de notre culture, probablement à peu près en même temps que notre sens du péché. L'enfer n'existe pas plus que le Diable n'existe. Les fondamentalistes croient naturellement en ces superstitions primitives et barbares, vestiges de l'âge des ténèbres, outils que le clergé maléfique utilisait pour maintenir les gens dans son emprise. Mais plus personne n'y croit. Donc, il n'y a pas d'enfer, bien sûr que tout le monde va au paradis!

Un rapport minoritaire suggère la réincarnation comme un destin post-mortem, mais l'idée est trop exotique pour la plupart, et laisse trop de questions sans réponse : est-ce que nous revenons en tant que personnes dans la prochaine vie ? Comme animaux ? Comme des moustiques ? Attention alors, ne les écrase pas. Il y a moins de réconfort dans la notion de réincarnation ; son utilité sociale est donc généralement limitée au plaisir d'imaginer ce que nous étions dans une vie antérieure, et non pas où nous pourrions finir dans la suivante. Toutes choses égales par ailleurs, il est donc plus facile de rester dans l'Occident culturel que de migrer vers l'Est culturel, et de croire que tout le monde va au Ciel.

Nous voyons ces hypothèses heureuses entrer en jeu chaque fois qu'une célébrité meurt. Les médias sociaux sont alors instantanément remplis de pensées de la célébrité décédée se promenant dans le Ciel. 

On retrouve même cette hypothèse dans certaines chansons populaires : "S'il y a un paradis du rock and roll, vous savez qu'ils ont un sacré groupe de rock, qui comprendrait des rockers aussi populaires que Janis Joplin et Jimi Hendrix, quelle que soit leur foi (ou non) de leur vivant. 

En ce qui concerne les vœux de béatitude éternelle, bien sûr, de telles idées sont inoffensives, voire louables. Qui ne voudrait pas qu'ils soient sauvés ? Et comme nous ne pouvons pas être sûrs qu'ils ne seront pas sauvés, nous pouvons, si nous le voulons, les inclure dans nos prières (comme je le fais régulièrement pour Marilyn Monroe). Mais dans notre culture, la notion de leur bonheur post-mortem n'est pas seulement un souhait, c'est une hypothèse. L'idée que la célébrité décédée ou l'être cher n'est peut-être pas au Paradis n'est jamais venue à l'esprit de quiconque.

Et parfois, l'hypothèse que tout le monde va au Ciel quand il meurt peut avoir des conséquences tragiques. Prenons par exemple le suicide récent d'une jeune diététicienne new-yorkaise, Tara Condell (photo ci-dessus).   Cette chère jeune femme s'est suicidée à l'âge de 27 ans. Comme elle l'a dit dans sa lettre de suicide, la seule raison pour laquelle elle s'est suicidée, c'est parce que "je me sentais souvent détachée dans une pièce pleine de mes gens préférés ; je ne ressentais absolument rien pendant ce qui aurait dû être les moments les plus heureux et les plus noirs de ma vie... J'ai accepté que l'espoir ne soit qu'une déception tardive, et je suis simplement fatiguée de la mode de me sentir fatiguée."

Cela me semble une raison étrangement insuffisante pour l'auto-immolation. Elle sentait qu'elle n'était pas heureuse et supposait qu'à sa mort, elle trouverait le bonheur qu'elle ne pouvait trouver dans la vie. C'est ainsi que sa lettre de suicide se terminait par ces mots : " Il est temps pour moi d'être heureuse... Je rentre à la maison, Papa. Faites de la place sur ce nuage et montez le son de la Motown."

C'est-à-dire que Mademoiselle Condell a supposé qu'à sa mort, elle se retrouverait au ciel sur un nuage avec son père, capable d'écouter la musique Motown qu'ils aimaient tous deux. Peut-être que la douleur que son suicide causerait à sa mère et à ses amis a trouvé une réponse adéquate dans les derniers mots de sa note, "Je suis désolée, maman". On peut douter que sa mère ait trouvé cette réponse adéquate. De toute façon, d'un point de vue chrétien, la responsabilité ultime de Tara n'était pas due à sa mère, mais à Dieu, Qui lui a donné la vie par l'intermédiaire physique de sa mère et de son père.

La tragédie que représente le suicide de Tara met en relief l'hypothèse non prouvée que toutes les morts finissent dans la félicité céleste pour les défunts qui trouvent leur place sur un nuage avec ceux qui sont partis avant eux. À tout le moins, cet espoir n'a pas encore été prouvé. 

Les Ecritures de l'Ancien Testament n'offrent pas un tel espoir (voir l'aperçu du matériel de l'Ancien Testament dans mon livre Unquenchable Fire ou le livre Shades of Sheol). Le Nouveau Testament ne soutient pas non plus l'idée que quiconque meurt d'une manière ou d'une autre atteint immédiatement la félicité éternelle. La parabole de Lazare et de l'homme riche de Luc 16 suggère plutôt que l'état après la mort correspond aux choix que l'on a faits durant cette vie. 

Rien dans la Bible n'offre l'assurance que chacun trouve la félicité en fermant les yeux sur la mort, qu'il ait ou non vécu une vie de foi obéissante. L'espoir que "tous les chiens vont au ciel" vient de Disney et de leurs amis, pas de la Bible.

Le suicide défie toujours l'analyse facile. On ne peut pas affirmer que quiconque s'enlève la vie est damné. Mais on ne peut pas non plus affirmer que tous ceux qui se suicident seront sauvés et trouveront la félicité sur un nuage céleste avec accès à leur musique préférée. Le vénérable "canon contre l'immolation de soi", cité par Hamlet*, rend une telle ligne de conduite au moins douteuse et dangereuse. Une approche plus raisonnable serait de reconnaître la vie comme un don d'une valeur incalculable et de résister à la tentation du suicide.

Tous les chiens ne vont pas au paradis. Ceux qui choisissent de défier ce vénérable canon et de mettre fin à leur vie ne sont pas toujours damnés. Le destin éternel des hommes est entre les mains de Dieu seul, et deviner le sort éternel de ceux qui s'enlèvent la vie ne sert à rien. Mais l'ampleur du don de la vie que Dieu nous a donné devrait au moins nous faire rester la main suicidaire. L'absence de sentiments dans les moments les plus heureux ou les plus sombres de la vie n'est pas une raison pour s'enlever la vie. C'est plutôt une raison pour chercher le Seigneur qui a donné le don de la vie en premier lieu. Sa place sur les nuages n'est pas automatique. Elle est le résultat de la foi en Dieu et du sang du Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
No Other Foundation

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Priez pour Tara!

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Mont Athos: Les fantassins de l'hellénisme

Monastère russe de Saint Pantéléimon 
sur la Sainte Montagne de l'Athos

Dans une déclaration attribuée à un représentant* des higoumènes des monastères du Mont Athos participant il y a quelques jours, à une réunion du conseil directeur de la Montagne Sainte qui a été publiée sur le site web d'information de l'Eglise grecque Romfea, il est dit que "l'hellénisme et le Patriarcat œcuménique ont la primauté en Orthodoxie" que, comme moines athonites ils vont "rester du côté du Patriarcat œcuménique...] et ils ne toléreront pas son humiliation", que "ce qui est important, c'est de maintenir l'unité des Saints Monastères et d'envoyer dans toutes les directions un message clair que personne ne sera autorisé à "instrumentaliser" le Mont Athos. Parce que le Mont Athos concerne tout le monde, qu'il veut "préserver la paix et l'unité de l'Église". 

Cependant, en tant qu'Athonites, nous n'acceptons pas que l'hellénisme et le Patriarcat œcuménique soient humiliés par qui que ce soit ", que " la Sainte Communauté ait la sagesse et l'expérience pour que le Mont Athos ne soit pas transformé en outil et levier de pression à des fins autres que l'intérêt général " et que " dans toutes les luttes nationales, les moines ont été les premiers pour protéger le Mont Athos et non pour le mettre au premier rang. Des frères ont été martyrs pour protéger le Jardin de la Vierge Marie ! Alors, allons-nous faire le contraire aujourd'hui ?" 

Étant donné que personne n'a désavoué ces paroles que beaucoup de gens partagent et diffusent sur les médias sociaux en raison de leur surprise face à leur contenu - y compris le chef de la nouvelle église ukrainienne et les éminents métropolites du Patriarcat œcuménique - nous devons examiner calmement le contenu de ces paroles qui peuvent être résumés comme suit :

°La Sainte Montagne se tient aux côtés du Patriarche œcuménique, qu'il ait raison ou tort, qu'il soit fidèle à l'esprit de l'orthodoxie ou qu'il s'en écarte, qu'il soit oppresseur ou opprimé, et elle déclare ainsi sa foi dans l'infaillibilité du Patriarche de Constantinople.

°La Sainte Montagne estime que la nationalité hellénique est supérieure aux autres nationalités qui existent dans le monde orthodoxe et que la position du Patriarcat œcuménique est une position privilégiée pour les membres de cette seule nationalité.

°La Sainte Montagne estime que toute divergence d'opinion avec le Patriarcat œcuménique ou tout rejet des décisions unilatérales qu'il prend est une sorte d'humiliation pour le Patriarche œcuménique et pour la nationalité qu'il représente.

°La Montagne Sainte ne considère pas la crise que traverse actuellement l'Orthodoxie comme une crise ecclésiastique, mais plutôt comme un conflit nationaliste et elle déclare qu'elle la combattra sur cette base afin de protéger la Sainte Montagne.

°La Sainte Montagne croit qu'il y a ceux qui veulent la piéger et l'instrumentaliser afin de réaliser un agenda extérieur non spécifié et elle ne le permettra pas.

°La Sainte Montagne croit qu'une bataille est en cours contre le Patriarche œcuménique et l'hellénisme, mais elle ne précise pas qui est impliqué, la nature de la bataille, ses raisons ou les buts qui la soutiennent. (NdT: Il semble pourtant que  l'Ecriture dit  clairement : Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Galates 3:28)

°La Sainte Montagne donne actuellement la priorité à l'unité de ses monastères. Elle souhaite préserver la paix et l'unité de l'Eglise orthodoxe et faire en sorte que la Sainte Montagne reste le point de référence pour tous les orthodoxes, sans expliquer comment elle peut harmoniser la réalisation de l'unité avec sa position nationaliste et raciste.

Compte tenu de ce qui précède, il est devenu clair que la Sainte Montagne - jusqu'à la condamnation de ce qui a été dit - considère le monde orthodoxe comme deux mondes : hellénique et non hellénique ; et que toute critique, objection ou remise en question des décisions prises par le monde hellénique équivaut à une bataille ou une humiliation. Elle croit en la supériorité du monde hellénique sur l'autre monde et considère que la croyance juste est partout où il y a de l'hellénisme, qui a sur le mont Athos ses braves fantassins.

Ces paroles racistes, qui s'inscrivent dans l'ethnophylétisme que l'Église a condamné, sont un triste reflet de l'effondrement des montagnes et doivent donc être bien lues et comprises à Antioche, afin que ses enfants sachent qu'ils n'ont pas de destination fixe autre que le Mont de la Transfiguration, à la lumière du Christ duquel ils peuvent distinguer les feux qui se dispersent dans les montagnes et les vallées.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
NOTES ON ARAB ORTHODOXY
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* Espérons que cet olibrius ne représente pas toute le communauté de la Sainte Montagne de l'Athos, et que ses paroles ineptes  et racistes ne sont que l'écho de son esprit malade. (N.d.T.)

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Texte original en arabe ci-dessous

ورد في التصريح المنسوب إلى أحد ممثلي رؤساء الأديرة الآثوسية المشاركة في اجتماع مجلس حاكمية الجبل المقدس منذ أيام، والذي نشره الموقع الأخباري الكنسي اليوناني رومفيا أن: «الهلينية والبطريركيّة المسكونيّة لهم الأولويّة في الأرثوذكسيّة». وأننا كرهبان آثوسيين: «سنبقى إلى جانب البطريرك المسكوني ولن نقبل المذلّة من أحد»، «وأن ما يهم الآن هو الحفاظ على وحدة الأديار، وإرسال رسالة واضحة في جميع الاتجاهات أنه لن يُسمح بتحويل الجبل المقدس إلى أداة. فالجبل المقدس هو للجميع. ونحن نريد أن يُحفظ السلام وتُحفظ وحدة الكنائس. ولكن نحن كآثوسيين لن نسمح بأن يهين أحد الهلينية والبطريرك المسكوني». «والمجلس المقدس يملك الحكمة والخبرة للعمل حتى لا يغدو الجبل أداةً وعامل ضغط لأهدافٍ غريبة»، «ففي كل المعارك القوميّة كان الرهبان في الخط الأمامي لحماية الجبل المقدس. وليس ليضعوه في الأمام. لقد استشهد رهبانٌ لحماية بستان العذراء. هل سنقوم اليوم بعكس ذلك».
في وقت لم يصدر عن أحد أي نفي لهذا الكلام الذي راح يتناقله الكثيرون ويعبرون على وسائل التواصل الاجتماعي عن إعجابهم بمضمونه، ومن بين هؤلاء رأس الكنيسة الأوكرانية المستحدثة ومطارنة مرموقين في البطريركية المسكونية، لا بد من التوقف بهدوء عند ما تضمنه هذا الكلام من مواقف، والتي يمكن تلخيصها وفقًا لما يلي:
 يقف الجبل المقدس، مع البطريرك المسكوني، سواءً كان محقًا أو مخطئًا، أمينًا للفكر الأرثوذكسي أو منحرفًا عنه، ظالـمًا كان أم مظلومًا، وبالتالي يعلن إيمانه بعصمة بطريرك القسطنطينية؛
 يعتبر الجبل المقدس، أن القومية الهلينية، تتفوق على القوميات الأخرى الموجودة في العالم الأرثوذكسي، وأن موقع البطريرك المسكوني في الكنيسة الأرثوذكسية هو موقع مخصص لأبناء هذه القومية وحدهم؛
 يعتبر الجبل المقدس، أن كل اختلاف في وجهات النظر مع البطريرك المسكوني، أو كل رفض للقرارات الفردية التي يتخذها، هو من باب الإهانة والمذلة للبطريرك المسكوني وللقومية التي يمثل؛
 لا يعتبر الجبل المقدس الأزمة التي تمر بها الأرثوذكسية في أيامنا الحالية أزمة كنسية بل معركة قومية، ويؤكد إنه سيخوضها على هذا الأساس من أجل حماية الجبل؛
 يعتبر الجبل المقدس أن ثمة من يريد أن يورطه ويجعله أداة لتحقيق أهداف غريبة لا يحددها ويؤكد أنه لن يسمح بذلك؛
 يعتبر الجبل المقدس أنه ثمة معركة موجهة ضد البطريرك المسكوني والهلينية ولكنه لا يحدد لا المعتدين، ولا ماهية هذه المعركة ولا أسبابها ولا الأهداف المرجوة منها؛
 يعتبر الجبل المقدس أن الأولية في الوقت الحاضر هي وحدة أدياره، وأنه يرغب بأن يتم المحافظة على سلام ووحدة الكنيسة الأرثوذكسية وبأن يبقى الجبل للمقدس قبلة لجميع الأرثوذكس، من دون أن يشرح كيف يمكن التوفيق بين تحقيق الوحدة والتموضع القومي والعرقي.
يتبين بحسب ما تقدم، أن الجبل المقدس، وحتى صدور إدانة لما قيل، يعتبر العالم الأرثوذكسي عالمان: واحد هليني والآخر غير هليني. وأن كل انتقاد أو اعتراض أو مساءلة للقرارات التي يتخذها العالم الهليني هو بمثابة معركة أو مذلة. وهو يُؤْمِن بتفوق العالم الهليني على العالم الآخر ويعتبر أن استقامة الرأي تكون حيثما تكون الهلينية التي لها في جبل آثوس جنودها البواسل.
إن هذا الكلام العنصري والذي يندرج ضمن بدعة العرقية التي أدانتها الكنيسة، لمحزن في وصفه لتهاوي الجبال. ولذلك لا بد أن يُقرأ هذا الكلام ويُفهم جيدًا في أنطاكية، وأن يعرف أبناؤها أن لا وجهة ثابتة لهم غير جبل التجلي، التي بنور مسيحه يميزون الأنوار المنثورة في الجبال والوديان.

mercredi 13 mars 2019

Sur l'excellent blog La Lorgnette de Tsargrad: La Bienheureuse Natalia de Vyritsa.



Lorsqu’on entend ou lit le nom du bourg de Vyritsa, on pense évidemment à Saint Seraphim, qui y vécut et mena son podvig de nombreuses années. Ce qu’on sait moins, c’est que Saint Seraphim avait annoncé qu’il y aurait toujours des “startsy”, hommes et femmes, à Vyritsa. L’une d’entre elles y vit encore actuellement; le Seigneur nous a accordé la grâce de la rencontrer un soir d’octobre 2018. Mais celle dont il va être question ci-dessous naquit en 1890 et décéda le 16 janvier 1976. Il s’agit de la Bienheureuse Natalia de Vyritsa. L’invention officielle de ses reliques incorrompues eut lieu le 4 octobre 2012. Elles reposent, en compagnie de celles d’autres saints hommes et femmes, tout à côté de la chapelle où sont vénérées les reliques de Saint Seraphim et de celle qui fut son épouse dans le monde, Matouchka Seraphima. Le texte ci-dessous n’a pas pour objet de proposer une biographie de la Bienheureuse Natalia. Cela fera l’objet d’une traduction et d’une publication ultérieure. Il s’agit plutôt de présenter cette sainte folle-en-Christ à travers une série de courts récits. En voici la première partie.

Alors qu’il vivait encore, Batiouchka Seraphim de Vyritsa bénit ma demande de pouvoir construire une maison à Vyritsa. Et tout se passa à merveille. La maison construite, je me rendis sur la tombe du Starets. A partir de 1949, j’ai commencé à aller à la Laure des Grottes, auprès du Starets Siméon, qui devint mon père spirituel. Avec la bénédiction du Starets, je fis la connaissance, à la Laure, de Matouchka Natalia. Cela se produisit juste après mon exclusion du parti. Un jour, le Père Siméon me demanda :
– Tu connais Mère Natalia ?
– Non.
– Hâte-toi d’aller à sa rencontre. Elle va bientôt arriver.
– A quoi la reconnaîtrai-je ?
– Mais il te suffit de prier : «Seigneur, aide-moi à voir Mère Natalia», et vous vous rencontrerez, elle entend tout.