Tirana ( Albanie) le 8 mars 2019
Le Saint Synode de l'Eglise orthodoxe albanaise n'a pas reconnu l'Eglise schismatique ukrainienne, qualifiant ses ordinations sans Grâce et appelant plutôt à une Synaxe des primats des Eglises orthodoxes, étant donné que Constantinople n'a pas réussi à réaliser l'unité en Ukraine.
Le Saint-Synode de l'Église albanaise a adopté sa décision le 4 janvier et l'a exprimée dans une lettre envoyée au Patriarche Bartholomée le 14 janvier. La lettre a été publiée aujourd'hui sur le site de l'Eglise albanaise.
En particulier, les évêques albanais ont exprimé leur inquiétude quant à la reconnaissance par le Patriarche de Constantinople "des ordinations rétroactives, célébrées par Philarète (Denisenko) excommunié et anathème, dont les ordinations sont nulles et privées de la Grâce et de l'action de l'Esprit Saint".
En 2015, Sa Béatitude Anastase, archevêque de Tirana et de toute l'Albanie, a parlé de Denisenko et de son "patriarcat de Kiev" schismatique, affirmant que leurs actions sont alimentées par un égocentrisme qui n'a rien à voir avec le Christ. Il a également dit que Denisenko est un homme avec une étrange vision du monde et un mauvais exemple pour les fidèles orthodoxes.
Le Synode albanais a également mis en doute la canonicité de l'ordination d''Epiphane chef de l'"église orthodoxe en Ukraine" nouvellement créée.
"Nous luttons pour comprendre comment, selon l'économie, reconnaître ces consécrations comme ayant la G râce de l'Esprit Saint, car toutes ces consécrations [des schismatiques] étaient un blasphème contre l'Esprit Saint. Le choix du nouveau primat est le résultat de la persévérance de Philarète", peut-on lire dans la déclaration.
Le Synode albanais a également souligné en quoi la situation ukrainienne diffère de toutes les autocéphalies précédentes : La plénitude ecclésiastique des autres Églises autocéphales - Serbie, Roumanie, Bulgarie, Géorgie, Pologne, Albanie, Pays tchèques et Slovaquie - était unie dans le désir d'autocéphalie. En même temps, les évêques albanais notent que les millions de fidèles de l'Église orthodoxe ukrainienne (qui compte plus de 12.000 paroisses), dirigée par Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine, ont refusé de participer à l'octroi du tomos d'autocéphalie, ayant suspendu la communion eucharistique avec le Patriarcat de Constantinople.
De plus, les craintes que l'Église albanaise et le primat, l'archevêque Anastase, avaient communiquées plus tôt au patriarche. Bartholomée ont prouvé leur véracité, écrivent-ils. L'archevêque Anastase a écrit à Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie en octobre et novembre, exprimant sa crainte que les actions de Constantinople ne soient comme une promenade dans un champ de mines, ce qu'il avait aussi personnellement exprimé au patriarche Bartholomée.
"Au lieu de la réconciliation et de l'unité des fidèles orthodoxes en Ukraine, le danger d'une division dans l'ensemble du monde orthodoxe est apparu devant nous", ont souligné les hiérarques albanais, appelant à la convocation d'une synaxe des primats dans un avenir proche pour discuter ensemble de la question ukrainienne, préserver l'unité et éviter un schisme.
Les Synodes, les primats et/ou les hiérarques de chaque Église locale ont appelé le patriarche Bartholomée de convoquer un conseil panorthodoxe sur la question ukrainienne, mais il a explicitement refusé de le faire.
Les évêques ont également fait référence aux espoirs de Constantinople que la tourmente et la division ne dureront qu'un certain temps, les autres Églises autocéphales reconnaissant finalement les schismatiques ukrainiens. Cependant, quiconque connaît l'histoire des schismes de l'Église et le phénomène du fanatisme religieux sait que ces espoirs ne sont pas fondés.
En même temps, l'Église albanaise a réitéré sa préoccupation et sa critique de la décision de l'Église russe de ne pas participer au Concile de Crète en 2016 et d'interrompre la communion eucharistique avec le Patriarcat de Constantinople en octobre dernier. Comme l'a écrit l'archevêque Anastase au Patriarche Cyrille, l'Eucharistie doit rester en dehors et surtout au-dessus de tout conflit.
Le Saint Synode chypriote s'est également prononcé contre la pratique de rompre la communion, tout en notant que le Patriarcat de Constantinople lui-même a rompu la communion plusieurs fois ces dernières années.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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