27 février / 12 mars
2ème dimanche du Grand Carême
Synaxe de tous les saints de la Laure des Grottes de Kiev ; Saint Procope le décapolite, confesseur
(VIIIème s.) ; saint Gélase le comédien (297) ; saint Thalalée, ascète en
Syrie (460) ; saint Tite, prêtre des Grottes de Kiev (1190) ; saint Tite,
ancien guerrier, des Grottes de Kiev (XIVème s.) ; saints néomartyrs de
Russie : hiéromartyrs Serge (Ouvitsky), prêtre (1932), Pierre (Ouspensky),
prêtre, martyr Michel (Markov) (1938).
Liturgie
de saint Basile le Grand
Lectures: Hébr. I, 10- II, 3 ;
Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-16
L’ENSEIGNEMENT DE ST
GRÉGOIRE PALAMAS[1]
l’époque de St Grégoire Palamas, un
moine originaire de Calabre, Barlaam (1290-1348), s’était acquis une brillante
renommée dans les milieux intellectuels de la capitale, grâce à son habilité
pour les spéculations abstraites. Il aimait particulièrement commenter les écrits
mystiques de saint Denys l’Aréopagite, mais il en donnait une interprétation
purement philosophique, ne faisant de la connaissance de Dieu que l’objet de
froids raisonnements et non le fruit d’une expérience vécue. Ayant fait la
connaissance de quelques moines simples à Thessalonique, ce délicat humaniste
avait été scandalisé par leurs méthodes de prière et par la place qu’ils
laissaient à l’élément sensible dans la vie spirituelle. Il prit cette occasion
pour calomnier les moines et les accuser d’hérésie messalienne auprès du Synode
permanent de Constantinople (1337). Les hésychastes firent alors appel à St
Grégoire qui rédigea plusieurs traités, dans lesquels il répondait aux
accusations de Barlaam en situant la spiritualité monastique dans une vaste synthèse
théologique. Il y montrait que l’ascèse et la prière sont l’aboutissement de
tout le mystère de la Rédemption et qu’elles sont le moyen offert à chacun pour
faire éclore la grâce déposée en lui au baptême. Il défendait aussi le
bien-fondé des méthodes utilisées par les hésychastes pour fixer l’intelligence
dans le cœur, car, depuis l’Incarnation, c’est dans nos corps sanctifiés par
les sacrements et greffés par l’Eucharistie au Corps du Christ que nous devons
rechercher la grâce de l’Esprit. Cette grâce est la gloire de Dieu elle-même
qui, jaillissant du corps du Christ le jour de la Transfiguration, a frappé les
disciples de stupeur (cf. Mt XVII) et qui, lorsqu’elle resplendit
dans notre cœur purifié de ses passions, nous unit vraiment à Dieu, nous illumine,
nous déifie et nous donne un gage de la gloire qui brillera aussi sur le corps
des saints après la Résurrection générale. En affirmant ainsi la pleine réalité
de la déification, Grégoire ne niait pourtant pas que Dieu soit absolument
transcendant et inconnaissable dans Son essence. À la suite des saints Pères,
mais de manière plus nette, il distingue en Dieu l’essence imparticipable et les énergies
éternelles, créatrices et providentielles, par lesquelles le Seigneur fait
participer les êtres créés à Son Être, à Sa vie et à Sa lumière, sans toutefois
n’introduire aucune division dans l’unité de la Nature divine. Pour saint
Grégoire, Dieu n’est donc pas le concept des philosophes, mais il est Amour,
Personne vivante et feu dévorant,
comme l’enseigne l’Écriture, et Il fait tout pour nous déifier. D’abord
reconnues par les autorités de l’Athos en 1340, les réfutations du saint furent
ensuite adoptées par l’Église, qui condamna Barlaam — et avec lui
l’humanisme philosophique qui devait bientôt animer la Renaissance
européenne — au cours de deux conciles réunis à Sainte-Sophie, en 1341.
Tropaire
du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное
Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ
вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть
претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
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Fidèles,
chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge
pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix,
de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse
Résurrection !
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Tropaire
de St Grégoire Palamas, ton 8
Правосла́вiя
свѣти́льниче, Цépкве утвержде́нie и yчи́телю, мона́ховъ добро́то, богосло́вовъ побо́рниче
непpeбори́мый, Григо́рiе чудотво́рче, Фeccaлонíтская похвалó,
проповѣ́-дниче благода́ти, моли́cя вы́ну спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
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Flambeau
de l’Orthodoxie, soutien et docteur de l’Église, modèle des moines, défenseur
invincible des théologiens, ô Grégoire thaumaturge,
fierté de Thessalonique, prédicateur de la Grâce, intercède toujours pour le
salut de nos âmes.
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Kondakion de St Grégoire Palamas, ton 8
Прему́дрости свящéнный и Боже́ственный opга́нъ,
богосло́вія свѣ́тлую coглácно трyбу́, воспѣва́емъ тя́ Григо́рiе
Богоглаго́льниче ; но я́ко у́мъ умý пе́рвому предстоя́й, къ Нему́ у́мъ на́шъ
О́тче наста́ви, да зове́мъ : ра́дуйся проповѣ́дниче благода́ти.
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Instrument sacré et divin de la Sagesse,
porte-voix lumineux de la théologie, nous te chantons d’une seule voix,
Grégoire aux paroles divines ; mais toi qui es intelligence devant la
Première Intelligence, conduis vers Elle notre intelligence, pour que nous te
clamions : réjouis-toi, ô père, prédicateur de la Grâce.
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Kondakion du triode, ton 4
Ны́нѣ вpéмя
дѣ́лательное яви́ся, при двépexъ cýдъ, воста́немъ у́бо постя́щеся,
пpинесе́мъ сле́зы умиле́нія, ми́лостынями, зову́ще : coгрѣши́хомъ па́че
песка́ морска́го, но осла́би содѣ́телю всѣ́xъ, я́ко да пріи́мемъ нетлѣ́ныя
вѣнцы.
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Maintenant
est venu le temps de nous mettre à l’œuvre, le jugement est proche ;
hâtons-nous donc de jeûner, apportons les pleurs de componction avec des
œuvres de miséricorde et disons : nos péchés sont plus nombreux que les
grains de sable de la mer, mais Toi, le Créateur de toutes choses,
pardonne-nous, afin que nous recevions les couronnes incorruptibles.
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Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́
páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и
человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя
пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ
сы́й Бо́гъ нáшъ; Ложесна́ бо
Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О
Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
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En Toi
se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le
genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale,
c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui
qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône
plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en
Toi. Gloire à Toi.
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HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LE
JEÛNE
C'est aujourd'hui un jour de fête
et d'allégresse, et notre assemblée est plus nombreuse qu'à l'ordinaire. A quoi
faut-il l'attribuer? Au jeûne. C'est le fruit de sa présence, ou
plutôt de son approche. Le jeûne nous rassemble dans la maison de notre père;
le jeûne réveille notre zèle, et nous ramène dans les bras de notre mère. Mais
si l'attente seule nous inspire une telle ardeur, combien plus sa présence même
nous rendra-t-elle vigilants et attentifs ! Une ville que doit visiter un
gouverneur sévère sort de son engourdissement, et déploie toute son activité.
Mais que cette comparaison du jeûne avec un gouverneur sévère ne vous effraye
pas; ce n'est pas pour vous qu'il est redoutable, c'est pour les démons. Qu'un
homme soit agité de l'esprit impur, montrez-lui seulement la figure du jeûne;
enchaîné par la crainte, il deviendra calme et aussi immobile qu'un
terme, surtout s'il voit associée au jeûne sa sœur
et sa compagne, je veux dire la prière. Cette espèce de démon, dit
Jésus-Christ, ne se chasse que par le jeûne et la prière. (Matth.
XVII, 20) Puisque le jeûne chasse les ennemis de notre salut, et qu'il est
redoutable à nos adversaires les plus terribles, nous devons, loin de le
craindre, le chérir et l'embrasser avec joie. C'est l'ivresse, c'est
l'intempérance, et non le jeûne, qu'il faut redouter. L'intempérance nous
charge de fers, elle nous livre à la tyrannie de nos passions comme à un maître
dur et cruel, au lieu que le jeûne, brisant nos liens, nous affranchit du joug
insupportable d'une odieuse servitude, et nous rend la liberté que nous avions
perdue. Si donc il combat nos ennemis, s'il nous fait passer de l'esclavage à
la liberté, où trouver une preuve plus forte de son amour pour l'espèce humaine
? La plus forte preuve d'amitié que l'on puisse donner à quelqu'un, n'est-ce
pas d'aimer ce qu'il aime et de haïr ce qu'il hait? Voulez-vous apprendre
comment le jeûne est le plus bel ornement de l'homme, et sa plus forte défense,
pensez à l'ordre bienheureux et admirable des solitaires. Ils ont fui le
tumulte de ce monde pour se réfugier sur le sommet des montagnes, et se formant
des cabanes dans la solitude, comme dans un port tranquille, ils ont pris le
jeûne pour leur associé et pour leur compagnon. Le jeûne en a fait des anges;
il les élève au faîte d'une philosophie sublime, et non seulement eux, mais
tous ceux encore qui dans les villes suivent fidèlement ses leçons. Moïse et
Elie, qui s'élèvent comme des tours sublimes parmi les prophètes de l'Ancien
Testament, ces hommes si illustres et si grands, avaient beaucoup de crédit
auprès de Dieu; cependant toutes les fois qu'ils voulaient s’en approcher et
converser avec Lui, autant qu'il est possible à un simple mortel, ils avaient
recours au jeûne, qui les conduisait comme par la main auprès de la Divinité.
Aussi lorsque Dieu eut créé l'homme, il le mit aussitôt entre les mains du
jeûne, comme entre les mains d'une mère tendre et d'un excellent maître. Ces
paroles : Tu peux manger de tous les fruits des arbres de ce jardin,
mais ne touche pas au fruit de l'arbre de la science du bien et du mal (Gen.
II, 16, 17), sont une espèce de précepte du jeûne. Or, si le jeûne était
nécessaire dans le paradis terrestre, à plus forte raison l'est-il dans le
monde. Si le remède était utile avant la blessure, à plus forte raison l'est-il
après; si nous avions besoin d'armes lorsque les passions ne nous avaient pas
encore déclaré la guerre, à plus forte raison le jeûne nous est-il nécessaire,
maintenant que les passions et les démons se liguent pour nous combattre. Si
Adam avait écouté la première parole de Dieu, il n'eût pas entendu cette
seconde : Tu es terre et tu retourneras en terre. (Gen. III, 19.)
C'est parce qu'il a désobéi qu'il a trouvé la mort, les ronces, les épines, le
travail, une vie agitée par les inquiétudes, une vie plus triste que la mort
même.
VIE
DE SAINT GÉLASE
LE COMÉDIEN
Natif
du village de Mariamne, près de Damas, Gélase tenait le second rang dans une
troupe de comédiens à Héliopolis (Phénicie), au temps de la Grande Persécution
(vers 303). Lors d’une représentation, au cours de laquelle ils parodiaient le
rite du saint baptême, il fut choisi pour jouer le rôle du néophyte et fut jeté
par ses compagnons dans une cuve d’eau tiède, accompagné des éclats de rire
bruyants des spectateurs. Mais, par un effet de la grâce divine, Gélase remonta
des eaux véritablement changé par la bonne
transformation et, dès qu’on le revêtit d’une tunique blanche, il
proclama : « Je suis chrétien ! Pendant que j’étais plongé dans
le bain, j’ai vu une gloire dont l’éclat m’a rempli d’épouvante. Et c’est comme
chrétien que je suis maintenant prêt à mourir. » Se rendant compte qu’il
ne s’agissait plus d’une bouffonnerie, les spectateurs, d’abord interloqués, se
précipitèrent en fureur sur le néophyte, ils le traînèrent par sa robe blanche
en dehors du théâtre et le lapidèrent. Les chrétiens ramenèrent le corps du
glorieux martyr dans sa patrie, où l’on édifia par la suite une église sur son
tombeau.
Tiré du
Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras