Apparemment, il a signalé ceci au médecin en chef, parce que pendant les heures de visite le jour suivant, ce dernier, après m'avoir examiné, s'attarda à mon chevet et dit:
"Il semble que vous aviez des hallucinations pendant la léthargie. Alors soyez prudent et essayez de vous libérer de cela, sinon...»
"Je peux devenir fou?" demandè-je.
"Non, c'est aller trop loin, mais cela peut devenir une manie obsessionnelle."
"Peut-il vraiment y avoir des hallucinations pendant la léthargie?"
"Pourquoi demandez-vous? Vous le savez maintenant mieux que moi"
"Un seul cas, même s'il me concerne, n'est pas une preuve suffisante pour moi. Je voudrais connaître les observations générales concernant cette condition."
"Et que devons-nous faire avec votre cas? Eh bien, c'est un fait avéré?"
«Oui, mais si tous les cas, sont placés sous une seule rubrique, la porte ne sera pas alors fermée à l'investigation de phénomènes divers, de divers symptômes de maladies, et à travers des attitudes semblables, un préjugé indésirable prendra racine dans les diagnostics médicaux?"
"Mais ici rien de tel n'est possible. Que vous étiez en léthargie c'est au-delà de tout doute. En conséquence, alors, nous devons accepter ce qui s'est passé avec vous comme possible dans cet état."
"Et dites-moi docteur, la cause de l'apparition de la léthargie est-elle dans une maladie comme la pneumonie?"
"C'est-à-dire que la médecine ne peut pas indiquer quelle base est nécessaire pour cela, car elle se produit dans toutes les maladies, et il y a même des cas où une personne, étant apparemment en parfaite santé, est tombée dans un sommeil léthargique, sans précurrence de tout type de maladie."
"Et un œdème des poumons peut-il arriver pendant la léthargie, c'est-à-dire au moment où le cœur est inactif et, par conséquent, quand il y a une augmentation progressive de l'œdème qui ne rencontre aucun obstacle?"
"Depuis que c'est arrivé avec vous, il s'ensuit que c'est possible, bien que, croyez-moi, votre oedème soit passé quand vous êtes revenu à vous."
"Au bout de plusieurs minutes?"
"Eh bien, alors en plusieurs minutes... et même si cela était, un tel fonctionnement du coeur et des poumons qui a eu lieu au moment de votre réveil pourrait non seulement disperser tout type d'oedème dans un court laps de temps, mais même, semble-t-il, briser la glace de la Volga."
"Et des poumons comprimés atteints d'œdème pourraient-ils fonctionner de telle manière dans mon cas?"
"Il s'ensuit qu'ils le pourraient."
"Par conséquent, il n'y a rien de surprenant ou de frappant dans ce qui a eu lieu avec moi?"
"Non, pourquoi? C'est est, en tout cas, un phénomène qui est rarement observé."
"Rarement, ou dans de telles conditions, dans ces circonstances...jamais?"
"Hum. Comment cela jamais, quand il s'est produit dans votre cas?"
"En conséquence un oedème peut passer de lui-même, même lorsque tous les organes d'un individu sont inactifs, et un cœur compressé avec un œdème et des poumons sous œdème, peuvent, s'il survient en eux, fonctionner pour l'amour de la gloire... Il semblerait qu'il n'y ait aucune raison de mourir d'œdème des poumons. Mais dites-moi, docteur, peut-on se remettre d'une léthargie qui est survenue au cours d'un oedème pulmonaire, c'est-à-dire, peut-on échapper à une de ces deux conditions défavorables? "
Un sourire ironique apparut sur le visage du médecin.
"Maintenant, vous voyez: je vous ai averti en vain, en ce qui concerne l'apparition d'une manie obsessionnelle," a-t-il rétorqué. "Vous vous efforcez continuellement de ranger que ce qui s'est produit chez vous dans une autre catégorie, mais pas sous la léthargie, et vous posez des questions dans le but de ..."
"Quand à être convaincu," pensais-je, "qui d'entre nous est un maniaque: moi qui désire à travers les conclusions de la science, mettre à l'épreuve la base de la classification que vous avez faite concernant mon état, ou vous, qui, contrairement à toute possibilité, placez tout sous la seule classification que vous avez dans votre science. "
Mais j'ai déclaré ce qui suit:
"Je pose des questions dans le but de vous montrer que tout homme qui voit de la neige tomber, contrairement à toutes les indications du calendrier et des arbres en fleurs, n'est pas forcément capable d'affirmer dans tous les cas que c'est l'hiver. Car je me rappelle personnellement comment un jour, la neige est tombée lorsque le calendrier indiquait qu'on était au douzième jour du mois de mai, et que les arbres dans le verger de mon père étaient en fleurs.
Cette réponse qui fut la mienne, convainquit apparemment le médecin que son avertissement arrivait trop tard, que j'étais déjà tombé dans une manie obsessionnelle, et il n'opposa rien à cela, et je cessai de lui poser d'autres questions…
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Life
Vol. 26, No. 4
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.