"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 13 janvier 2018

Sur Parlons d'Orthodoxie: « Nous nous heurtons à bien des difficultés » déclare Métropolite de Tallinn et de toute l’Estonie, Cornélius



Le primat estonien compare la situation en Estonie à celle de l’Ukraine. 

Au début de la Nouvelle année, les autorités d’Estonie ont donné un signal clair aux croyants : ils seront désormais classés selon le critère « ami vs ennemi ». Le gouvernement vient d’attribuer des subventions substantielles, à l’échelle locale, à l’Église évangélique luthérienne et à l’Église orthodoxe apostolique estonienne, créée par le patriarcat de Constantinople. 

Par contre la très nombreuse communauté du patriarcat de Moscou n’a, comme d’habitude, rien reçu. Tel est le contenu d’une dépêche spéciale de RIA Novosti. 

À ses « amis » le Tallin officiel a accordé ces fonds « à titre de dotations non soumises à remboursement pour dédommagement aux Églises des pertes subies durant la guerre et l’occupation. » 

On comprend, selon cette logique, qu’il était impossible d’inclure parmi les bénéficiaires une organisation religieuse qui comporte dans son intitulé le nom de la capitale de « l’état agresseur », surtout si l’on oublie que cette église était elle-même victime de répressions de la part du pouvoir soviétique tant honni des autorités estoniennes. 


Comme le précisent les médias locaux, ces subventions ont été accordées à la demande des organisations religieuses bénéficiaires et seront consacrées à la restauration de bâtiments existants ou à l’achat de nouveaux bâtiments. L’Église orthodoxe d’Estonie – patriarcat de Moscou – a indiqué à RIA Novosti ne pas avoir sollicité de telles subventions auprès des autorités locales. 

« Nous ne sommes pas demandeur de telles subventions », assure le primat de l’Église d’Estonie. 

Selon lui, l’Église orthodoxe d’Estonie – patriarcat de Moscou – ne reçoit aucune dotation du gouvernement estonien. C’est parfois le Conseil des Église d’Estonie et certaines municipalités qui apportent une aide financière, comme, par exemple, pour la restauration de l’église en bois de la Vierge-de-Kazan de Tallin, l’une des plus anciennes d’Europe. 

Fin novembre, au cours concile épiscopal, le patriarche Cyrille a stigmatisé la situation complexe en Estonie. Bien que, selon lui, les gouvernants de ce pays « s’efforcent d’entretenir des relations constructives avec l’Église », de nombreux problèmes restent non résolus, comme, par exemple, celui du schisme qui s’est, produit au début du XXe siècle. 

En 1920, le patriarche Tikhon a offert à l’Église d’Estonie une grande autonomie. Et pourtant, deux ans plus tard, le clergé du pays, rompant tout lien avec la Russie soviétique, a demandé au patriarche de Constantinople d’accorder à leur Église l’autocéphalie, c’est-à-dire une indépendance totale. Ce désir ne s’est pas concrétisé. Alors a été créée l’Église orthodoxe apostolique estonienne qui est autonome. 

Quand l’Estonie est entrée dans l’URSS, le clergé estonien a été intégré au patriarcat de Moscou. Mais en 1993, le patriarche Alexis II a rendu son autonomie à l’Église d’Estonie, ce qui de facto l’a rendue administrativement et financièrement indépendante de Moscou. Mais les autorités locales s’entêtent à ne reconnaître comme légale que l’Église orthodoxe apostolique estonienne, bien qu’elle n’aie pratiquement pas de fidèles. 

« J’ai été témoin de la visite du patriarche Bartholomée de Constantinople en Estonie. Le troisième jour de son séjour, il a demandé au primat de l’Église orthodoxe apostolique estonienne : „Qu’est-ce que ces deux autocars qui me suivent partout ? Et pouvez-vous me montrer de vrais fidèles ?” », se souvient Lioudmila, une fidèle l’Église orthodoxe estonienne. 

La création de cette Église artificielle a entraîné une détérioration des relations entre Moscou et Constantinople. La reconnaissance officielle de l’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou – n’est intervenue qu’en 2002, ce qui d’ailleurs, n’a pas vraiment changé grand-chose. 

« L’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou – se heurte à bien des difficultés : de nombreuses églises dans lesquelles nous célébrons la divine liturgie appartiennent à l’État estonien, nous n’en sommes que locataires, et ça ne change pas », regrette le primat de l’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou. 

Les paroissiens se plaignent de l’hystérie russophobe des autorités et des médias qui entrave considérablement leur vie quotidienne. 

« Le vieil adage selon lequel tous les membres du clergé sont des agents du FSB, est dans la vie courante solidement entretenu par les tenants des églises concurrentes de l’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou – auprès des fidèles. Et, bien sûr, sert à de nombreux politiciens pour augmenter leur popularité. Les personnages officiels n’en parlent jamais, mais les semi-officiels, comme le recteur d’un établissement d’enseignement supérieur ou un vice-ministre de troisième rang, y vont de bon cœur », affirme Nicolas, habitant de Tallin et fidèle de l’Église orthodoxe estonienne. 

C’est, toujours selon lui, la raison pour laquelle il n’y a aucune relation entre l’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou – et l’Église orthodoxe apostolique estonienne ; ce qui est une situation unique dans les pays baltes, il n’y a de problème semblable ni en Lituanie, ni en Lettonie. 

Le Métropolite de Talinn et de toute l’Estonie, Cornélius compare la situation avec celle de l’Ukraine : dans les cas le scénario est identique, deux organisations religieuses s’affrontent avec le soutien silencieux des autorités. Et, bien sûr, c’est la faute des « agents du Kremlin » en soutane. À en juger par le fait que les autorités ignorent les problèmes que rencontrent les 150 000 fidèles de l’Église orthodoxe estonienne – patriarcat de Moscou – au regard des 20 000 de l’Église orthodoxe apostolique estonienne, on comprend que le problème du transfert des églises, y compris par la force « pour le moins », peut devenir réel. 


Source : Russkaja narodnaja linija Traduction pour "PO" 

Voir aussi https://www.egliserusse.eu/blogdiscussion/L-Archipretre-Igor-Prekoup-A-propos-des-problemes-de-l-orthodoxie-en-Estonie_a3172.html

vendredi 12 janvier 2018

Sur le blog saint Materne: Père Placide (Deseille), l'Occident, la Liturgie et l'amour (RIP 07.01.2018)

 une croix au monastère de père Placide, en 2007...

Décès de l’archimandrite Placide Deseille:
https://orthodoxie.com/deces-de-larchimandrite-placide-deseille/


Requiem aeternam dona ei, Domine, et lux perpetua luceat ei. Requiescat in pace. Amen

Certes, avec sa naissance au Ciel, spirituellement on y gagne, si on veut, mais quelle "locomotive" l'Église perd avec sa disparition, alors que tant de "freins" et de "mauvais aiguillages" y sont aux commandes un peu partout, et tant de brebis égarées dans la nature. Kyrie eleison.







Père Placide et la Liturgie de l'Occident d'avant la chute
Le père Placide Deseille en fait une lecture très intéressante dans sa passionnante autobiographie spirituelle "Étapes d'un pèlerinage" (Monastère St-Antoine-le-Grand - Monastère de Solan, en ligne sur http://www.pagesorthodoxes.net/foi-orthodoxe/temoignage-placide-deseille.htm#_ftnref20)

LA LITURGIE QUE L’OCCIDENT PRATIQUAIT A L’EPOQUE OU IL N’AVAIT PAS ROMPU LA COMMUNION AVEC L’ORIENT.

"J’aimais beaucoup la liturgie latine," écrit le père Placide lorsqu'il parle des son premier contact avec l'Orthodoxie dans les années 1950. Et il continue: "La connaissance de la liturgie orthodoxe, que je venais de découvrir avec émerveillement à Saint-Serge, me faisait prendre une vive conscience des richesses analogues, quoique plus cachées, que recelait la liturgie latine traditionnelle, et m’incitait à en vivre avec plus d’intensité. La liturgie de la Trappe était d’ailleurs, sauf quelques additions tardives facilement décelables et qui n’avaient pas déteint sur l’ensemble, identique à la liturgie que l’Occident pratiquait à l’époque où il n’avait pas rompu la communion avec l’Orient. A la différence de la liturgie byzantine, elle se composait presque exclusivement de textes bibliques, ce qui pouvait au premier abord donner une impression de sécheresse. Mais ces textes étaient admirablement choisis, le déroulement de l’année liturgique était parfaitement harmonieux, et les rites, malgré leur sobriété, étaient chargés d’une grande richesse de sens. Si on se donnait la peine, en dehors des offices, au cours de ces heures de lectio divina si caractéristiques de l’ancienne spiritualité monastique d’Occident, d’acquérir une connaissance « par le cœur » de la Bible et des interprétations que les Pères en avaient données, la célébration de l’Office divin acquérait, avec la grâce de Dieu, une saveur et une plénitude admirables."

DU CONCILE VATICAN II AUX RITES ORIENTAUX.

Le père Placide accueillit "avec beaucoup de joie". Il espérait "une revivification des structures et des institutions de l’Eglise romaine par un retour à l’esprit et à la doctrine des Pères". Mais il s'aperçut que "c’était un processus inverse qui, sur bien des points, se dessinait ... Jusque-là, une assez grande part des institutions anciennes, et surtout la liturgie traditionnelle de l’Occident, avaient pu subsister malgré diverses altérations, parce que le catholicisme, régi par un pouvoir central fort et universellement respecté, les avait maintenues par voie d’autorité. Mais, dans une très large mesure, les fidèles, et plus encore les clercs, en avaient perdu le sens profond. Avec le Concile, la pression de l’autorité s’affaiblit ; il était logique que ce dont le sens était perdu finisse par s’effondrer, et que l’on soit amené à reconstruire sur de nouvelles bases, conformes à ce qu’était devenu depuis plusieurs siècles, ou devenait maintenant, l’esprit du Catholicisme romain."

Déçu par l'évolution post-conciliaire, le père Placide se tourne vers les Pères, l’Eglise ancienne, et "cette Orthodoxie que j’aimais, sans pressentir encore qu’elle pût être purement et simplement l’Eglise du Christ dans toute sa plénitude" et s'intéresse aux rites orientaux: " L’uniatisme avait été conçu par Rome comme un moyen d’amener les Orthodoxes à la foi et à l’unité romaines, sans les obliger à renoncer à leurs usages. Le développement de l’œcuménisme dans le monde catholique tendait à rendre cette perspective caduque. Mais ne pouvait-on pas espérer que la présence et le témoignage des catholiques de rite oriental contribuerait à ramener l’ensemble de l’Eglise romaine à la plénitude de la Tradition ? Les interventions lucides et courageuses de certains hiérarques melkites au Concile donnaient quelque consistance à cette espérance."

TRADITION BYZANTINE ET PROBLEME DE L'UNIATISME

Le père Placide ne s'intéresse pas au côté "oriental" de la tradition byzantine mais à sa fidélité aux Pères: "Je ne me suis jamais senti « oriental », ni attiré à le devenir. Mais la pratique de la liturgie byzantine me semblait être le moyen le mieux adapté, en l’état actuel des choses, pour entrer dans la plénitude de la tradition patristique d’une façon qui ne soit pas scolaire et intellectuelle, mais vitale et concrète. La liturgie byzantine m’est toujours apparue beaucoup moins comme une liturgie orientale, que comme la seule tradition liturgique existante dont on puisse dire : « Elle n’a rien fait d’autre que d’incorporer intimement dans la vie liturgique la grande théologie élaborée par les Pères et les conciles jusqu’au IXème siècle. En elle se chante l’action de grâces de l’Eglise triomphant des hérésies, la grande doxologie de la théologie trinitaire et christologique de saint Athanase, des Cappadociens, de saint Jean Chrysostome, de saint Cyrille d’Alexandrie, de saint Maxime. En elle transparaît la spiritualité des grands courants monastiques depuis les Pères du Désert, Evagre, Cassien, les moines du Sinaï, jusqu’à ceux du Studion, et, plus tard, de l’Athos... En elle, enfin, le monde entier, transfiguré par la présence de la gloire divine, se dévoile dans une dimension proprement eschatologique.» (In M.-J. LE GUILLOU, L’esprit de l’Orthodoxie grecque et russe, Paris 1961, pp. 47-48. Citation du père Placide)

Toutefois le père Placide constate alors "à quel point les Eglises uniates étaient coupées de leurs racines et de leur propre tradition, et n’occupaient dans l’Eglise catholique romaine qu’une position très marginale. Même lorsque les Uniates reproduisaient aussi exactement que possible les formes extérieures de la liturgie et du monachisme orthodoxes, l’esprit qui animait leurs réalisations était très différent." Et aussi que "le risque était grand, dès lors, de ne suivre, sous le couvert de l’appartenance « orientale », que des conceptions subjectives qui ne seraient ni catholiques, ni orthodoxes, et laisseraient le champ libre aux fantaisies individuelles, aux abus et aux illusions."

VERS L'ORTHODOXIE

Faisant ainsi le constat que l'uniatisme était une voie sans issue le père Placide constate aussi que l’évolution postconciliaire de l’Eglise romaine se poursuit, "la mutation la plus symptomatique étant sans doute celle de la liturgie" et il cite "l’un des hommes qui ont été le plus mêlés à ces réformes, le Père Joseph Gelineau: « [Après Vatican II,] c’est une autre liturgie de la messe. Il faut le dire sans ambages : le rite romain tel que nous l’avons connu n’existe plus. Il est détruit.» (In. J. GELINEAU, Demain la Liturgie, Paris 1976, p. 10. Citation p. Placide.) Et "très progressivement" il parvient à la conviction "que l’Eglise orthodoxe est l’Eglise du Christ en sa plénitude," malgré son expérience à la Trappe, où il avait encore connu la tradition latine dans une de ses expressions les plus pures, bien sauvegardée jusqu’à une date très récente," et sa perception de "tout ce qu’il y avait de christianisme authentique, – je serais porté à dire maintenant : de réels éléments d’orthodoxie – chez les catholiques romains."

(*)L'Archimandrite Placide (Deseille), né en 1926, entre l’abbaye cistercienne de Bellefontaine en 1942 à l'âge de seize ans. À la recherche des sources authentiques du christianisme et du monachisme, il fonde en 1966 avec des amis moines un monastère de rite byzantin à Aubazine en Corrèze. En 1977 les moines décident de devenir orthodoxes. Ils sont reçus dans l’Église orthodoxe le 19 juin 1977 et en février 1978, ils deviennent moines du monastère de Simonos Petra au Mont Athos. Rentré en France peu après, père Placide fonde le monastère Saint-Antoine-le-Grand, à Saint-Laurent-en-Royans (Drôme) dans le Vercors, et en devient l'higoumène. Il a enseigné la patristique à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. Fondateur de la collection « Spiritualité orientale » aux éditions de l'abbaye de Bellefontaine, il est l'auteur et le traducteur de plusieurs ouvrages sur la spiritualité et le monachisme orthodoxes (liste sur http://monasteresaintantoine.fr/ )






https://editions-syrtes.com/produit/de-l-orient-a-l-occident-placide/




Père Placide et l'amour qui transfigure la "loi"
Ainsi était Père Placide ! « La charité accomplit la loi »
« Le second évènement qui accéléra l’accomplissement de mon destin fut l’arrivée d’un gâteau ! Ma chère mère, ayant obtenu ma nouvelle adresse, m’envoya par la poste une de ces merveilles faite de chocolat noir, de beurre, de sucre, de cannelle, d’œufs, de farine et d'amandes effilées que les anglo-saxon nomment un brownie. La rigueur de notre vie rendit l’arrivée de cette « gâterie » semblable à celle d’un ange dans la fournaise de Babylone. Je fus si touché par cette marque de délicatesse que je voulus en faire profiter mes frères. Ce matin là, les pères Placide et Séraphin étant sortis, les novices se retrouvèrent donc à table, livrés à eux-mêmes. La coutume athonite voulait que le plus ancien dans la vie monastique, quelque soit son âge ou son statut ecclésial, remplaçât le hiéronda. Or, le plus ancien de la communauté était le terrible Ephrem, un jeune homme sec et nerveux, qui avait pour habitude de triturer du bout des doigts une barbichette ridicule qui poussait chichement sur son faciès imberbe. Ephrem savait tout, avait tout lu, tout vu, tout dit. Breton d’origine, il envoyait par milliers les hérétiques en enfer et projetait, dans les années à venir, la conversion du pays Bigouden à l’Orthodoxie byzantine. Durant les offices, il s’indignait en poussant des petits cris lorsqu’un malheureux novice avait le malheur de confondre, dans l’extraordinaire labyrinthe de la liturgie byzantine, un tropaire pour un autre, à moins que cela ne fût un apolytikion ou un kondakion, ces courtes hymnes d'une strophe parfois intercalées entre les versets d'un psaume et répétées comme un leitmotiv.
A la fin du repas, je m’adressai à mes frères, leur expliquant que, ma mère m’ayant envoyé un bon gâteau, je tenais absolument à le partager avec eux. Quelle erreur n’avais-je pas commise ! Ephrem se leva d’un bond et s’écria :
- Où est ce gâteau ?
- Dans le placard, répondis-je, surpris par le ton sec du jeune moine qui, déjà, avait ouvert le placard et auscultait le précieux dessert.
- Je parie qu’il y a là-dedans tout ce qui est interdit de manger pendant le carême ! Il n’est pas question d’y toucher, ordonna-t-il en quittant le réfectoire.
Les novices, en l’absence du hiéronda, ne pouvaient qu’obtempérer. Je remontai dans ma cellule et m’allongeai sur mon lit. En des circonstances différentes, ceci aurait dû paraître puéril, voire même comique. Mais l’extrême dénuement et la solitude transformèrent cette humiliation en blessure. Je devais sans doute pleurer bien fort – les cloisons qui nous séparaient n’étaient pas très épaisses – car j’entendis qu’on murmurait quelque chose à mon propos.
Le lendemain, les pères ayant regagnés le monastère, on déjeuna comme si de rien n’était. Ephrem faisait la lecture d’un ton emphatique, en traînant la dernière syllabe des mots comme dans les vieux films des années 30. Placide frappa sur une clochette pour signifier la fin du repas. Comme Ephrem s’inclinait pour recevoir la bénédiction, Placide lui dit tout à coup, d’une manière qui déconcerta toute l’assemblée :
- Il n’y a pas de dessert aujourd’hui ?
- Mais, hiéronda, c’est carême et…
- Je ne sais pas ce que vous en pensez, interrompit le père Placide, mais moi je crève de faim !
Tout le monde se regardait, ahuris. Le grand ascète Placide réclamait un dessert pendant le carême !
- Il y a bien un gâteau que la maman d’Alain a envoyé, risqua timidement Pascal, mais…
- Mais il contient tous ce que l’Eglise interdit en ce jour, trancha Ephrem !
- Et bien amenez-moi ce gâteau, ordonna Placide.
Ephrem dû apporter le gâteau au hiéronda et le découper.
- Servez donc une bonne part à Alain, s’il vous plait, dit Placide.
Tous les visages s’étaient illuminés, sauf celui d’Ephrem qui me servait, car on venait enfin de comprendre le fin mot de l’histoire. Placide était en train de donner une leçon de charité, à la manière des Pères du désert. Je me mis à pleurer, mais de joie cette fois-ci.
- Merci hiéronda, dis-je en portant à ma bouche la pâtisserie interdite.
- La charité ! dit le père Placide, la charité accomplit la loi !
Le Hiéronda avait, par ce geste si simple, explicité la nature même du christianisme (...) Que dit rabbi Yeshoua ben Youssef ? Que tous les commandements se résument dans l’amour, que Dieu lui-même est cet amour. Voilà ce que le père Placide avait démontré en mangeant un gâteau prohibé par la loi comme jadis Jésus en guérissant un malade le jour du Shabbat. »
(Extrait de "La presqu'île interdite", Albin Michel. Par Alain Durel)





http://monasteresaintantoine.fr/librairie/index.php?id_product=45&controller=product




Importance du témoignage orthodoxe en Occident
[…] la présence de l'Orthodoxie en Occident est une nécessité vitale, avant tout parce que l'Église orthodoxe est l'Église véritable du Christ. Comme nous l'enseigne toute la Tradition, l'Église est la véritable arche du salut pour toute l'humanité, le moyen établi par Dieu pour que les hommes obtiennent le Salut et la vie éternelle. A ce titre, il faut qu'elle soit présente partout et rayonne sur le monde. Les fruits que portera cette présence dépendront ensuite de la libre réponse des hommes.

D'autre part, l’Occident est douloureusement partagé, depuis le XVI" siècle, entre le catholicisme romain et les confessions issues de la Réforme protestante. De bons historiens pensent que celle-ci n'aurait jamais eu lieu, si la grande rupture avec l'Orthodoxie ne s'était pas produite au XI° siècle. Les Réformateurs ont voulu réagir contre des abus et des déviations qui étaient en grande partie propres au Christianisme occidental, et qui s'étaient développés à la faveur de la séparation du reste du monde chrétien. Mais ces Réformateurs vivaient dans un univers déjà coupé de la tradition ancienne et étaient eux-mêmes imprégnés d'augustinisme ; c'est pourquoi ils n'ont pas pu retrouver la plénitude du christianisme originel. Dans un tel contexte, la présence de l'Église orthodoxe, bien loin d'être un facteur de nouvelles divisions, peut être un puissant ferment pour la recomposition de l'unité spirituelle de l'Europe. Unité qui ne peut se fonder […] que sur la foi que tous les chrétiens ont professée ensemble pendant un millénaire.

Enfin, l'occident est soumis depuis longtemps déjà à un processus de déchristianisation qui mine les fondements même de sa civilisation, et qui risque de le conduire, dans les décennies à venir, à un déclin irrémédiable. Ceci est particulièrement sensible en France, où ce processus est une conséquence indirecte de la Réforme du XVI° siècle, et aussi de la réaction trop cléricale et autoritaire du catholicisme de la Contre-Réforme. Il est étroitement lie à certains aspects de la Révolution française et aux conditions dans lesquelles sont nés aussi bien le libéralisme économique que le marxisme. Devant le risque d'l'asphyxie spirituelle qui les menacent, beaucoup d'Occidentaux en viennent à chercher un peu d'oxygène dans les sectes plus ou moins marginales qui se multiplient, ou dans les sagesses extrême-orientales. Mais, même parmi ceux-ci, il est des hommes qui redécouvrent finalement dans l'Église orthodoxe une source spirituelle toujours jaillissante, demeurée largement étrangère à la plupart des conflits qui ont préparé l'éclatement de l'univers occidental, et qui porte la promesse de la Vie pour notre monde.

Archimandrite Placide Deseille
in L'ÉGLISE ORTHODOXE ET L'OCCIDENT






L'archimandrite Basile (Pasquiet), ancien moine grec-melkite-catholique devenu lui aussi chrétien-orthodoxe, nous témoigne ceci de notre bien-aimé père Placide :
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Seigneur Jésus Christ fils de Dieu souviens toi dans ton royaume de ton serviteur l'archimandrite Placide.
La première fois que j'ai entendu parler du père Placide Deseilles fut dans son monastère d'origine, l'abbaye de Bellefontaine dans le Maine-et-Loire à une vingtaine de kilomètres de Tiffauges mon village natal en Vendée, c'était en 1975. J'étais en pleine recherche spirituelle, et je m'étais amouraché d'une camarade de classe, nos relations etaient tout à fait innocentes et finalement ma vie allaient changer lorsque je sus que son oncle était le père Abbé de l'abbaye de Bellefontaine. Alors dans mon coeur est né la vive envie d'aller au monastère, et un beau matin, un samedi, je me mis en route pour Bellefontaine. Je pensais faire de l'auto-stop, mais sans succès, si bien que j'y suis allé à pieds. Je suis arrivé vers midi et j'ai eu la chance d'avoir une bref entrevue avec le père hôtelier qui justement me parla d'un de leur père qui vivait en ermite selon la tradition monastique orientale, c'était bien sûr père Placide. La cloche sonna et le père hôtelier s'excusant brusquement me laissa seul sans directive (bien sûr c'était l'heure de sexte et du repas, mais je n'étais pas encore initié), ne sachant que faire au bout d'un moment je pris la décision de prendre le chemin du retour et de nouveau à pieds j'ai parcouru les 20 km jusqu'à Tiffauges, mais ce fus d'un pas léger. Peut-être ce jour là était né ma vocation monastique. En juillet 1976 je suis parti de mon Tiffauges natal pour le Sud de la France où j'ai rencontré Cantauque qui devint le lieu de mon engagement chrétien, je lisais avec beaucoup d'intérêt les ouvrages du père Placide, entre autres, "l'Évangile au désert", "La fournaise de Babylone" et le livre qui ne me quittera plus : "L'ÉCHELLE SAINTE" de Jean Climaque. J'étais devenu un amoureux du rite byzantin et de la spiritualité orientale, puis la nouvelle éclata : Père Placide est devenu orthodoxe ! Je m'en réjouis et au fond de mon coeur est né la certitude que j'allais moi aussi un jour devenir orthodoxe. Des soeurs de la communauté de la Théophanie nous quittèrent pour rejoindre le père Placide ce fut le début de la communauté monastique qui deviendra ensuite le monastère de Solan. En 1989 je fis un stage de calligraphie à Saint Antoine l'abbaye et je me suis rendu jusqu'au monastère de St Antoine, il n'y avait pas encore l'église byzantine, mais père Seraphim était là. Avant de partir pour la Russie j'ai eu la chance de pouvoir rencontrer le père Placide à Solan, puis j'ai fait un bout de chemin avec lui dans sa voiture dans la vallée du Rhône, ensuite j'ai continué mon chemin en auto - stop comme j'en avais l'habitude. Le 20 août 2018 de passage en France avec des amis russes, Анна et Pavel, nous avons pu rencontrer le père Placide après la divine liturgie pendant une trentaine de minutes. L'entretien fut très intéressant, le père s'intéressa beaucoup à la Russie et était très attentif. Après avoir reçu sa bénédiction nous partîmes léger et cette rencontre reste toujours vivante en nous.
Hier nous avons appris son départ vers la maison du Père et sa naissance au ciel où avec tous les Saints le Seigneur lui accorde le repos.
Une douloureuse joie nous étreint.


SOLIDARITE KOSOVO

Cette année encore, nous avons passé Noël dans les enclaves du Kosovo !


Chers amis, 

Il y a quelques jours, nos volontaires sont rentrés chez eux après le 14e convoi de Noël de notre association, qui porte à 43 le nombre total de nos convois humanitaires. Un convoi qui a encore été un beau succès : nous avons distribué plus de 10 tonnes de matériel, vêtements et jouets, et 72 poêles à bois !

Pendant une semaine, nos neuf volontaires ont parcouru le Kosovo en tous sens, sur des routes et des chemins à l'état variable, pour rencontrer un maximum de nos amis persécutés. Une semaine fatigante, aussi bien physiquement que moralement : certaines rencontres sont éprouvantes, ainsi de cette famille isolée dans les montagnes de Novo Brdo et vivant dans des conditions inimaginables de pauvreté et de dénuement ; éprouvante également la tension qui règne, particulièrement à l'Ouest du Kosovo, en Métochie, d'où les Serbes ont été presqu'intégralement chassés et où un accrochage n'est jamais à exclure.

Ainsi avons-nous traversé la ville de Djakovica, où quelques jours après notre départ des fidèles serbes ont été empêchés d'aller assister à la messe de Noël dans leur église, laquelle a été encerclée par une foule hostile pendant plusieurs heures. Un pope en soutane n'est jamais entièrement en sécurité dans cette ville, et ceux qui l'accompagnent non plus.

Mais globalement nos volontaires retiendront surtout de ce séjour les moments de joie qu'ils ont vécus : joie des enfants recevant leur cadeau, joie des parents voyant leurs enfants heureux, joie de ces gens nous traitant comme des hôtes de marque, trop heureux d'accueillir chez eux des jeunes Français, joie aussi des moments de camaraderies vécus entre volontaires et avec nos accompagnateurs serbes.

Joie enfin et surtout d'avoir été vos ambassadeurs auprès de nos amis, à vous tous qui permettez à l'association de continuer à faire son travail année après année et qui avez cette année encore fait preuve d'une immense générosité pour la préparation de ce convoi. Chaque volontaire le sait bien : il n'est dans les enclaves que le porte-parole de milliers de Français comme vous qui n'oublient pas les chrétiens du Kosovo et l'amitié franco-serbe.

Pour cela, toute l'équipe de Solidarité Kosovo vous remercie encore une fois : sans vous, nous ne serions rien. Merci infiniment.

Les volontaires de Solidarité Kosovo pour ce 14e convoi de Noël devant la magnifique église du monastère de Gracanica, où se trouve le bureau humanitaire de l'association. 

Nous vous ferons parvenir prochainement :

1. Un compte-rendu vidéo de ce convoi qui sera partagé sur Youtube et sur Facebook. 

2. Le récit du convoi par un des volontaires qui vous partagera ses impressions les plus marquantes.

Par ailleurs, nous avons mis en ligne un album photos sur notre page Facebook. Vous pouvez y accéder – que vous soyez inscrit ou non sur le réseau social – en cliquant sur les images ci-dessous, qui en sont extraites, ou sur ce lien.



Une petite fille heureuse du manteau qu'un volontaire vient de lui donner. 

Pour les enfants, nos volontaires sont aussi un sujet d'étonnement ; certains restent très timides tout le temps de notre passage.

Pour les enfants, nos volontaires sont aussi un sujet d'étonnement ; certains restent très timides tout le temps de notre passage.



Ces sourires et ces regards resteront gravés dans les mémoires de nos volontaires.

Encore merci pour votre générosité, au nom de tous les volontaires !

L'équipe de Solidarité Kosovo

PS : les personnes souhaitant nous aider peuvent contribuer au développement de nos activités en nous faisant un don. Par chèque à l’ordre de « Solidarité Kosovo », BP 1777, 38220 Vizille ou par Internet en cliquant sur paypal :



Solidarité Kosovo étant reconnu d’intérêt général, chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66% du montant du don. A titre d'exemple, un don de 100 € vous permet de déduire 66 € sur la somme de vos impôts à payer. Ainsi votre don ne vous coûte en réalité que 34 €.
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mercredi 10 janvier 2018

Hypodiacre Georges Dubuis, mémoire éternelle!

Hypodiacre Georges Dubuis entre Mgr Michel et Père Martin
lors de la fête de Sainte Barbara à Vevey

L'hypodiacre Georges Dubuis de la paroisse de Vevey (ERHF/PM Suisse) est paisiblement né au Ciel, le Jeudi 4 janvier 2018 (cc). 

Il naquit le 4 août 1943 à Rossinière (Canton de Vaud)et  reposa en Christ le 4 janvier 2018 à Lausanne.

Il devint orthodoxe en juin 1988 lors de la fête de la Pentecôte. Il fut reçu par Mgr Ambroise; étaient présents le protodiacre Michel Vernaz,  Claude Lopez-Ginisty son parrain, Marc-Henri Cavin, Dominique Lopez, Martine Vernaz, et de nombreux autres fidèles de la paroisse.

En 2002, le 4/17 décembre, l’évêque Ambroise ([Cantacuzène], †2009) tonsura Georges Dubuis lecteur.

En 2003, le 6/19 janvier, l’évêque Ambroise ordonna le lecteur Georges à l'hypodiaconat.

Durant toutes les années qu’il passa au service de l’Eglise, l’hypodiacre Georges qui fut en quelque sorte l'économe de la paroisse, s’occupant de l'achat des cierges, de l’huile, du vin  pour la Divine Liturgie, ce fut aussi lui qui confectionna les prosphores pour la Divine Liturgie pendant de longues années.

Tous les paroissiens garderont le souvenir ému d'un être totalement dévoué à la paroisse Sainte Barbara de Vevey, qui se dépensait sans compter pour organiser les offices et veiller à ce que tout soit prêt et en ordre, vêtements et ornements liturgiques, lampades... 

Il avait admirablement aidé en son temps feu Mgr Ambroise [Cantacuzène] handicapé par sa maladie. L'hypodiacre Georges était un homme doué d'un solide sens de l'humour, mais ce qui le caractérisait surtout, c'était son humilité, sa bienveillance et sa grande compassion. 

Les funérailles auront lieu mercredi 10 janvier 2018 à 14:30 à l'église Sainte Barbara de Vevey, et l'ensevelissement au cimetière Saint Martin.

Mémoire éternelle!

Sur le blog de Maxime (https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.ch/)


Les écrits de Geronda Placide n'ont pas fini de nourrir les âmes et d'éclairer les intelligences. Voici, un texte, extrait de la conclusion d'un de ses articles, qui expose de façon condensée mais particulièrement claire la situation contemporaine dans laquelle nous nous trouvons. Il est suivi de statistiques partielles non dénuées d'intérêt issues du blog devenir-orthodoxe.blogspot.fr *

Importance du témoignage orthodoxe en Occident 

[…] la présence de l'Orthodoxie en Occident est une nécessité vitale, avant tout parce que l'Église orthodoxe est l'Église véritable du Christ. Comme nous l'enseigne toute la Tradition, l'Église est la véritable arche du salut pour toute l'humanité, le moyen établi par Dieu pour que les hommes obtiennent le Salut et la vie éternelle. A ce titre, il faut qu'elle soit présente partout et rayonne sur le monde. Les fruits que portera cette présence dépendront ensuite de la libre réponse des hommes. 

D'autre part, l’Occident est douloureusement partagé, depuis le XVI" siècle, entre le catholicisme romain et les confessions issues de la Réforme protestante. De bons historiens pensent que celle-ci n'aurait jamais eu lieu, si la grande rupture avec l'Orthodoxie ne s'était pas produite au XI° siècle. Les Réformateurs ont voulu réagir contre des abus et des déviations qui étaient en grande partie propres au Christianisme occidental, et qui s'étaient développés à la faveur de la séparation du reste du monde chrétien. Mais ces Réformateurs vivaient dans un univers déjà coupé de la tradition ancienne et étaient eux-mêmes imprégnés d'augustinisme ; c'est pourquoi ils n'ont pas pu retrouver la plénitude du christianisme originel. Dans un tel contexte, la présence de l'Église orthodoxe, bien loin d'être un facteur de nouvelles divisions, peut être un puissant ferment pour la recomposition de l'unité spirituelle de l'Europe. Unité qui ne peut se fonder […] que sur la foi que tous les chrétiens ont pro- fessée ensemble pendant un millénaire. 

Enfin, l'occident est soumis depuis longtemps déjà à un processus de déchristianisation qui mine les fondements même de sa civilisation, et qui risque de le conduire, dans les décennies à venir, à un déclin irrémédiable. Ceci est particulièrement sensible en France, où ce processus est une conséquence indirecte de la Réforme du XVI° siècle, et aussi de la réaction trop cléricale et autoritaire du catholicisme de la Contre-Réforme. Il est étroitement lie à certains aspects de la Révolution française et aux conditions dans lesquelles sont nés aussi bien le libéralisme économique que le marxisme. Devant le risque d'l'asphyxie spirituelle qui les menacent, beaucoup d'Occidentaux en viennent à chercher un peu d'oxygène dans les sectes plus ou moins marginales qui se multiplient, ou dans les sagesses extrême-orientales. Mais, même parmi ceux-ci, il est des hommes qui redécouvrent finalement dans l'Église orthodoxe une source spirituelle toujours jaillissante, demeurée largement étrangère à la plupart des conflits qui ont préparé l'éclatement de l'univers occidental, et qui porte la promesse de la Vie pour notre monde. 

Archimandrite Placide Deseille 


* Voici quelques statistiques, dans la copie d'écran ci-dessous, qui concernent la rubrique du blog intituléeComment devenir orthodoxe et qui montrent qu'une certaine quantité de personnes sont attirées par l'Orthodoxie dans le monde francophone…et cherchent à le devenir

mardi 9 janvier 2018

Message de Noël du Patriarche


Eminents évêques, vénérables pères, moines et moniales aimant Dieu, chers frères et sœurs !
De tout mon cœur je vous félicite à l'occasion de la grande fête de la Nativité du Christ, de la fête de l'incarnation, grâce au Saint Esprit et de la Très Pure vierge Marie , de notre Sauveur Jésus-Christ. Nous vous exhortons tous à, de concert avec l'Eglise, glorifier le Créateur en s'exclamant «Toute la terre chante le Seigneur» (Irmos 1, canon de la nativité du Christ).
Dans son immense bonté à l'égard du monde créé , Dieu envoie sur terre Son Fils, né de l'Immaculé conception, le Messie tant attendu, afin qu'Il nous apporte le Salut . « Le Fils , Unique - Engendré, qui est dans le sein du Père » (Jn. 1,18), devient le Fils de l'homme et vient dans notre monde pour, par Son sang, nous délivrer du péché, pour que l'homme ne craigne plus l'aiguillon de la mort.
Nous savons que les Rois mages venus adorer le Christ Lui ont apporté des dons. Quel est le don que serions à même d'apporter à notre Divin Maître ? C'est le don qu'Il sollicite Lui-Même : « Mon fils, prête-moi attention, que tes yeux se complaisent dans ma voie » (Pr 23, 26). Que signifie donner son cœur ? Le cœur est le symbole de la vie. Si le cœur cesse de battre, l'homme meurt. Donner son cœur à Dieu signifie Lui consacrer sa vie. Cette consécration n'implique pas le renoncement à tout ce qui est nôtre. Nous ne sommes appelés qu'à supprimer de notre cœur tout ce qui y fait obstacle à la présence de Dieu. Lorsque toutes nos pensées ne portent que sur notre propre « moi », lorsqu'il ne reste pas de place dans notre cœur pour le prochain, le Seigneur ne saurait y être présent. La présence du prochain dans nos cœurs est avant tout fonction de notre aptitude à compatir à la douleur d'autrui et à répondre à cette douleur par une miséricorde opérante.
Le Seigneur nous demande d'observer Sa démarche. Observer la démarche de Dieu signifie reconnaître la présence de Dieu dans nos vie, dans l'histoire de l'humanité. Cela signifie voir les manifestations de l'amour Divin mais aussi de Sa juste colère.
L'année qui vient de s'écouler a été marquée par notre commémoration des évènements tragiques qui ont marqué le XX siècle et des persécutions de la foi de cette période. Nous nous sommes souvenus des exploits des Nouveaux martyrs et confesseurs qui ont dignement témoigné de leur fidélité au Christ. Même à cette époque terrible qu'a vécue le pays , le Seigneur nous a manifesté sa miséricorde : après une interruption de deux siècles le patriarcat a été rétabli en Russie. En ces temps de terribles épreuves l'Eglise a trouvé en la personne du Saint patriarche Tikhon élu pour être son primat, un pasteur sage et courageux. Grâce à ses ardentes prières adressées au Créateur notre Eglise et notre peuple ont pu franchir cette cruelle époque.
Nous nous trouvons actuellement dans une période très particulière : les malheurs sont toujours présents dans notre monde, chaque jour « vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres » (Mt 24,6). Mais l'amour que porte Dieu au genre humain est immense ! Le monde continue à exister malgré et contre les forces du mal. L'amour humain et les valeurs de la famille existent malgré les immenses efforts visant à les détruire définitivement, à les vilipender et à les altérer. La foi en Dieu est présente dans les cœurs de la majorité des hommes. Malgré les récentes décennies de persécution et tout ce qui a été entrepris de nos jours pour La discréditer , l'Eglise est et reste le lieu de notre rencontre avec le Christ.
Nous croyons qu'après avoir traversé ces épreuves les peuples de la Rus historique maintiendront et donneront un souffle nouveau à leur cohésion spirituelle, entreront dans une ère de prospérité et de bien-être social.
La Nativité du Christ est l'évènement phare de l'histoire de l'humanité. Les hommes ont toujours été à la recherche de Dieu. Mais c'est dans l'incarnation de son Fils que le Créateur, Dieu un en Trois Personnes s'est manifesté au genre humain. Il vient dans ce monde peccamineux afin de rendre les hommes dignes de la bienveillance du Père Céleste et de créer les fondements de la paix en nous disant « Je vous laisse la paix ; c'est Ma paix que je vous donne » (Jn 17, 27).
Que cette année soit pour notre peuple, pour les peuples de la Rus historique et tous les peuples du monde une année de paix et de bien-être ! Que le Divin Enfant né à Bethléem nous aide dans l'espérance qui triomphe de la peur et, grâce à la foi, à percevoir l'amour Divin qui transfigure la vie humaine !
Amen !
+ Cyrille, Patriarche de Moscou et de toute la Russie,
Moscou, Noël 2017/2018

lundi 8 janvier 2018

Sur le blog de Maxime

Père Placide Deseille est décédé, Mémoire éternelle.



Père Placide qui a été mon père spirituel pendant toute ma vie d'orthodoxe parisien, qui m'a ensuite toujours encouragé dans ma modeste contribution sur Internet à faire connaître notre foi (malgré l'indifférence, le mépris ou la malveillance des "frères") et qui se réjouissait que nous continuions avec mon cher confrère blogger  et ami, Claude Lopez-Ginisty, notre travail de défense de l'Orthodoxie sur Internet, restera irremplaçable pour la naissance et le développement de l'Orthodoxie francophone. Sans aucun doute d'autres que moi, avec compétence, écriront et parleront davantage de son incontournable rôle dans l'histoire de l'Orthodoxie et de sa lumineuse présence, je me contenterai donc en hommage de citer le passage de l'interview que m'a proposée de faire l'excellent Tudor Petcu sur mon entrée dans l'Orthodoxie :


   
« 1.) Pour commencer ce dialogue, s'il vous plaît de bien vouloir parler sur vos expériences spirituelles et préciser comment vous avez découvert l'Orthodoxie.
[…] J’ai éprouvé le besoin de rechercher un Père spirituel sûr et une tradition solide et fiable pour continuer mon chemin. Je ne savais pas où chercher, alors je suis revenu en arrière et j’ai contacté le lama tibétain qui m’avait initié à la méditation, je l’ai informé de ma conversion, je lui envoyé mes anciens objets de culte et je lui ai demandé, à lui qui avait organisé des rencontres interreligieuses, s’il ne pouvait pas me conseiller quelqu’un. Il m’a envoyé trois adresses : je n’ai jamais pu joindre les deux premières personnes de la liste, la troisième a répondu aussitôt en revanche à mon coup de téléphone. La voix était avenante, d’une personne cultivée, douce et accueillante. Je pouvais aller au monastère quand je voulais, et même y séjourner une période pour y faire une retraite, j’étais le bienvenu. Quand je suis arrivé à destination, devant le portail, j’ai deviné que j’étais arrivé dans un monastère orthodoxe, ce que m’a confirmé le chauffeur de taxi. Une belle aventure s’annonçait : j’en étais heureux, nullement inquiet. J’avais lu quelques articles dans des revues et l’Orthodoxie ne m’était pas inconnue, j’étais curieux d’en apprendre davantage. Le moine qui m’avait répondu au téléphone était Père Placide Deseille, higoumène du monastère orthodoxe de St Antoine le Grand dans le Vercors.

2.) Quelle a été la raison principale pour laquelle vous avez choisi la conversion à l'Orthodoxie?

Je suis donc resté une semaine chez Geronda Placide. Son nom ne m’était pas inconnu ; je me suis alors souvenu de l’avoir lu dans la liste des conférenciers ayant participé à un colloque inter-religieux organisé par Lama Denis supérieur de Karma Ling, la communauté bouddhiste tibétaine installée à l’ancienne Grande Chartreuse de Saint Hugon où j’avais été initié à la méditation... Voilà pourquoi il était dans les adresses que m’avait données Lama Denis à ma demande : il le connaissait bien sûr.

J’ai été reçu avec la même amabilité et la même douceur que je l’avais été au téléphone. J’ai bien sûr raconté, non sans une certaine crainte, mon itinéraire spirituel au Révérend Père Archimandrite et j’ai trouvé auprès de lui une immédiate, profonde et chaleureuse compréhension. Sa sérénité comme son humour, sa fermeté doctrinale comme son absence de jugement, sa préoccupation de vivre et de faire vivre la Tradition comme sa connaissance du monde contemporain, sa filiation athonite comme son intimité profonde et ancienne avec le monachisme d’orient et d’occident, sa simplicité comme son évidente érudition, la beauté frappante à mes yeux de ses mains d’intellectuel, comme l’étonnante simplicité avec laquelle je l’ai vu préparer la cuisine des moines, ceint de son tablier, devant son fourneau, tout contribuait à faire naître en moi le désir qu’il devienne le Père spirituel que je recherchais.
Chaque fois que le Père pouvait me recevoir en entretien, il répondait à toutes mes questions sans hésitation, avec simplicité et précision et tout cela me fut précieux pour compléter et éclaircir ce que je lisais avec grand intérêt dans la bibliothèque du monastère dans laquelle je me plongeais avec avidité.  […]  »
Maxime Martinez, le minime 


  • Lire l'interview de Felicia Dumas qui parle de l'importance de Père Placide par Tudor Petcu parue sur le Blog de Claude .
  • En écrivant "Placide Deseille" dans la fenêtre Recherche de ce Blog vous pourrez voir tous les articles consacrés à Geronda Placide par orthodoxe-ordinaire

Père Placide: Mémoire éternelle!

Père Placide est né au Ciel le dimanche 7 janvier 2018.
Mémoire éternelle!

Πατήρ Πλακίδας Deseille Η πορεία μου προς την Ορθοδοξία

dimanche 7 janvier 2018

Père Placide sur wikipedia



https://fr.wikipedia.org/wiki/Placide_Deseille

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

25 décembre / 7 janvier
NATIVITÉ DU CHRIST

Lectures : Galates IV, 4-7 ; Matthieu II, 1-12

GLOIRE AU FILS UNIQUE, AU CIEL ET SUR LA TERRE![1]
L
e Seigneur Jésus est né non à Rome et au palais impérial afin d’être le maître du monde par la force et les armes, mais au milieu de bergers, marquant de cette manière la caractéristique principale de Son service pacifique dans le monde. De même que le berger caresse et veille sur ses brebis, de même Il caresse et veille sur Ses fidèles. De même que le berger prend davantage soin d’une brebis malade ou égarée, de même Il prend davantage soin des pécheurs que des justes, plus des hommes que des anges… De même que les bergers gardent leur troupeau pendant la nuit quand tout le monde dort avec insouciance, de même Lui, le Berger parfait, passe d’innombrables nuits pleines d’effroi et de tentations, en veillant sur le troupeau humain et priant pour lui, plein d’humble obéissance à l’égard de Son Père céleste. Chaque événement dans Sa vie est un véritable Évangile. Il en est ainsi dès qu’Il naît et alors qu’Il est incapable de dire un mot : la manière dont s’est déroulée Sa nativité, le lieu où elle a eu lieu et l’environnement où elle s’est produite, ont fourni tout un Évangile à l’humanité. Il ne pouvait pas naître dans un palais de roi, car Sa mission n’était pas de devenir un monarque terrestre ni de régner sur la terre. Son Royaume n’est pas de ce monde, sombre comme le nuage et éphémère comme le songe. Il ne pouvait pas naître comme fils d’un empereur terrestre, car Sa méthode ne pouvait pas être l’épée et le feu, le décret et la force, mais la guérison délicate des malades et le lent retour sur le chemin du salut. Les événements survenus au cours de Sa vie ne représentent pas une contradiction avec Son enseignement, mais le contraire : ils confirment Ses paroles. Sa vie et Ses discours constituent Son enseignement, Son Évangile salvateur. Tout ce qui s’est produit lors de Sa venue en ce monde est tellement imprégné de sagesse que le langage des hommes est incapable de l’exprimer. Aussi devons-nous nous incliner, pleins d’humilité et d’obéissance, devant Sa grande sagesse divine, qui non seulement satisfait notre esprit d’homme mais emplit notre cœur de joie, et c’est pleins de joie que nous reprenons le chant angélique : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre, bienveillance parmi les hommes ! Gloire au Fils Unique, au ciel et sur la terre, sur le trône des chérubins au ciel et sur la paille de Bethléem sur la terre, avec le Père et le Saint-Esprit, Trinité une et indivise, maintenant et toujours, à travers tous les temps et toute l’éternité. Amen.

LITURGIE DE LA NATIVITÉ

1er antiphone,  ton 2 (Psaume 110, 1,3 et 9)
Исповѣ́мся Тебѣ́ Го́споди, всѣ́мъ се́рдцемъ мои́мъ, повѣ́мъ вся́ чудеcá Tвоя́. Моли́твами Богоро́дицы, Спа́ce, cпаcи́ нacъ
Je Te confesserai de tout mon cœur Seigneur, je raconterai toutes Tes merveilles. Par les prières de la Mère de Dieu, Sauveur, sauve-nous

Въ coвѣ́тѣ пра́выхъ и со́нмѣ, ве́лія дѣ́ла Го́сподня. Моли́твами Богоро́дицы, Спа́ce, cпаcи́ нacъ
Dans le conseil des hommes droits et dans l’assemblée, grandes sont les œuvres du Seigneur. Par les prières de la Mère de Dieu, Sauveur, sauve-nous.

Изы́скана во вcѣ́хъ во́ляхъ Eго́. Моли́твами Богоро́дицы, Спа́ce, cпаcи́ нacъ
Elles sont recherchées pour faire toutes Ses volontés. Par les prières de la Mère de Dieu, Sauveur, sauve-nous

Исповѣ́данie и великолѣ́пie дѣ́лo Eго́, и пра́вдa Eго́ пребыва́етъ въ вѣ́къ вѣ́кa.

Confession et magnificence : voilà Son œuvre, et Sa justice demeure dans les siècles des siècles.
Слава…. Моли́твами...
Gloire au Père... et maintenant... Par les prières de la Mère de Dieu...

2è antiphone,  ton 2 (Psaume 111, 1 et 3)
Блаже́нъ му́жъ боя́йся Го́спода, въ за́повѣдexъ Eго́ вocxóщетъ зѣло́. Спаси́ ны́ Сы́не Бо́жій, poжде́йся отъ Дѣ́вы, пою́щыя Ти : aллилýia.
Bienheureux l’homme qui craint le Seigneur, il se fixera inébranlablement dans Ses commandements. Sauve-nous, Fils de Dieu, né de la Vierge, nous qui Te chantons, Alleluia.

Си́льно нa земли́ бу́детъ сѣ́мя Eго́, póдъ пра́выхъ благocлови́тся. Спаси́ ны́ Сы́не Бо́жій, poжде́йся отъ Дѣ́вы, пою́щыя Ти : aллилýia.
Puissante sur terre sera Sa semence; la descendance de ceux qui sont droits sera bénie. Sauve-nous, Fils de Dieu, né de la Vierge, nous qui Te chantons, Alleluia.

Си́льно нa земли́ бу́детъ сѣ́мя Eго́, póдъ пра́выхъ благocлови́тся. Спаси́ ны́ Сы́не Бо́жій, poжде́йся отъ Дѣ́вы, пою́щыя Ти : aллилýia.

Puissante sur terre sera Sa semence; la descendance de ceux qui sont droits sera bénie. Sauve-nous, Fils de Dieu, né de la Vierge, nous qui Te chantons, Alleluia.


Cла́ва и бога́тство въ дому́ Eго́, и пра́вда Eго́ пребыва́етъ въ вѣ́къ вѣ́кa. Спаси́ ны́ Сы́не Бо́жій, poжде́йся отъ Дѣ́вы, пою́щыя Ти : aллилýia.
Gloire et richesse seront dans Sa maison et Sa justice demeurera dans les siècles des siècles.  Sauve-nous, Fils de Dieu, né de la Vierge, nous qui Te chantons, Alleluia.

Boзсія́ во тьмѣ́ cвѣ́тъ пра́вымъ, ми́лостивъ и ще́дръ и пра́веденъ. Спаси́ ны́ Сы́не Бо́жій, poжде́йся отъ Дѣ́вы, пою́щыя Ти : aллилýia.

Il s’est levé dans les ténèbres une lumière pour ceux qui sont droits ; Il est miséricordieux, compatissant et juste. Sauve-nous, Fils de Dieu, né de la Vierge, nous qui Te chantons, Alleluia.

3è antiphone,  ton 4 (Psaume 109, 1,2 et 3)
Peче́ Го́сподь Го́сподеви моему́ : сѣди́ одecню Мене́.
Рождество Tвое...
Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à Ma droite.
Ta nativité, Christ notre Dieu... (voir tropaire, ci-dessous)

До́ндеже положý вpaги́ Твоя́, подно́жіе но́гъ Твои́хъ.
Рождество Tвое...
Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds.
Ta nativité, Christ notre Dieu...

Же́злъ си́лы по́слетъ Ти́ Го́сподь oтъ Сíoна, и господствуй пocpeдѣ́, вpaго́въ Твои́хъ.
Рождество Tвое...
Le Seigneur t’enverra de Sion un sceptre de puissance, et, et sois le maître au milieu de tes ennemis.
Ta nativité, Christ notre Dieu...

Съ тобо́ю нача́ло въ де́нь cи́лы Твоeя́ во свѣ́тлостѣxъ святы́хъ Твои́хъ.
Рождество Tвое...
Avec toi fut le commencement, au jour de ta puissance dans la splendeur des saints.
Ta nativité, Christ notre Dieu...
Chant d’entrée
Lors de l’entrée dans le Sanctuaire avec le saint Évangile, après l’ecphonèse  « Sagesse, debout ! », le diacre déclame le verset  suivant :
Изъ чре́ва пре́жде денни́цы poди́xъ Тя́, кля́тся Го́сподь и не раска́ется : Tы іере́й во вѣ́къ по чи́ну Мeлхiceде́ковy.
De mon sein je T’ai engendré avant l’étoile du matin. Le Seigneur l’a juré et Il ne s’en repentira pas : Tu es prêtre pour les siècles selon l’ordre de Melchisédech.
L’étoile du matin est la première annonciatrice de la lumière du jour, considérée comme la première création Divine. Le prophète voulait dire par cela que le Fils de Dieu est né (non créé) de Dieu le Père avant cette première création, c’est-à-dire avant tous les siècles. Quant à Melchisédech, étant roi et prêtre, il est la préfiguration du Christ. Il est « le roi de Salem » (roi de la paix), et apporte « du pain et du vin », étant « le prêtre du Dieu Très-Haut » (Genèse, XIV,18-20). Par Sa nativité selon la chair, le Seigneur Jésus Christ est prêtre, c’est-à-dire qu’Il intercède auprès de Dieu le Père pour les péchés des hommes (cf. Hébr. VII, 17-28), et ce éternellement, et non pas de façon éphémère, comme les prêtres mortels. Le Christ ne fut pas prêtre selon l’ordre d’Aaron, qui offrait des sacrifices sanglants, mais selon celui de Melchisédech, qui offre « le pain et le vin » (la préfiguration de l’Eucharistie).

Tropaire de la Nativité, ton 4 :
Рождество́ Твое́ Христе́ Бо́же на́шъ, возсiя́ мрови свѣтъ ра́зума: въ не́мъ бо звѣзда́мъ служа́щiи, звѣздо́ю уча́хуся, Тебѣ́ кла́нятися Со́лнцу пра́вды, и Тебе́ вѣ́дѣти съ высоты́ Восто́ка: Го́споди сла́ва Тебѣ́.
Ta Nativité, Christ notre Dieu, a fait luire dans le monde la lumière de la connaissance ; en elle, en effet, les adorateurs des astres ont appris d’une étoile à T’adorer, Soleil de justice, et à reconnaître en Toi l’Orient descendu du ciel, Seigneur gloire à Toi !
Kondakion, ton 3
Дѣ́ва дне́сь Пресу́щественнаго ражда́етъ, и земля́ верте́пъ Непристу́пному прино́ситъ: а́нгели съ па́стырьми славосло́вятъ, волсви́ же со звѣздо́ю путеше́ствуютъ: на́съ бо ра́ди роди́ся Oтроча́ мла́до, Превѣ́чный Бо́гъ.
La Vierge, en ce jour, met au monde Celui qui surpasse toute essence créée et la terre offre une grotte à l’Inaccessible ; les anges chantent Sa gloire avec les pasteurs, et les mages cheminent avec l’étoile ; car pour nous est né petit enfant, le Dieu d’avant les siècles.
Au lieu du trisagion :
Eли́цы во Xpиста́ крести́теся, во Xpиста́ облеко́стеся ; Аллилу́iя.
Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia !
Dans les temps anciens, on procédait aux baptêmes lors des plus grandes fêtes. Toutefois, le chant ci-dessus ne constitue pas seulement un vestige archaïque. En effet, lors de ces grandes fêtes, les fidèles ressentent plus fortement leur proximité du Christ et, par le carême et  la Sainte Communion, ils renouvellent en eux la grâce du Baptême. En outre, ce chant correspond plus à la joie de la fête que le trisaghion, qui se termine par les paroles « aie pitié de nous ».
Au lieu de « Il est digne en vérité... » : ton 1.
Велича́й душе́ моя́, честнѣ́йшую и сла́внѣйшую го́рнихъ во́инствъ, Дѣ́ву пречи́стую Богоро́дицу. Люби́ти у́бо на́мъ, я́ко безбѣ́дное стра́хомъ удо́бѣе молча́нiе, любо́вiю же Дѣ́во пѣ́сни тка́ти спротяже́нно сложе́нныя, неудо́бно е́сть: но и Ма́ти си́лу, ели́ко е́сть произволе́нiе, да́ждь.
Magnifie, mon âme, Celle qui est plus vénérable et plus glorieuse que les armées d’en haut, la Très-pure Vierge, la Mère de Dieu. Il serait plus aisé, parce que sans péril, de garder un silence craintif, ô Vierge, mais Te composer par amour des hymnes constitués avec soin est œuvre difficile. Toutefois, Tu es aussi notre Mère; donne-nous l’inspiration à la mesure de notre dessein. 



[1] Extrait de l’homélie de St Nicolas Vélimirovitch sur la Nativité (tiré de « Homélies sur les évangiles des dimanches et jours de fête », L’Âge d’Homme 2016.